De très bonnes nouvelles à vous communiquer aujourd'hui, accompagnées comme à leur habitude, des séparations auxquelles la vie nous demande de faire face !
Tout d'abord, notre maîtresse de couture professionnelle a donné le jour à un garçon, le 21 mai dernier, un peu en avance sur l'horaire prévu ! Né par césarienne à Biratnagar, bébé et maman se portent bien. Je n'ai pas entendu parler du papa, qui doit être fier comme Artaban... UN GARCON ! L'honneur est sauf ! Et la charge de l'âme des parents est ainsi transmise à la génération suivante : dans la religion indoue, le fils aîné est celui qui a le devoir de veiller sur ses parents et d'assumer les besoins de leurs vieux jours, mais aussi celui d'allumer le bûcher lors de leur décès.
Les 119 opérations, dont trois pour raison autre que cataracte et pour donner suite à notre camp de santé ophtalmique, se sont déroulées les 21, 22 et 28 mai, permettant à toutes ces personnes de recouvrir un peu de leur acuité visuelle. Cent dix-huit autres personnes ont reçu des lunettes, dont 22 enfants. Nous sommes très heureux de l'excellent résultat général obtenu lors de ce camp et une fois encore, en sommes redevables à la Fondation suisse Vision 4 All ! Un tout grand merci au Professeur Mermoud et à son équipe pour leur soutien indéfectible !
Dans le courant de ce dernier mois, nos diverses tractations avec quelques paysans du coin nous ont permis de vendre – pour le première fois depuis que nous avons effectué nos plantations – notre future récolte de mangues ! Bon... nous ne gagnerons pas notre vie avec les NR 50'000.- (environ CHF 490.-), mais c'est un début, et c'est encourageant ! Cette année, la grêle a épargné la floraison des arbres et nous espérons que les manguiers qui poussent autour du Centre de santé et de nos écoles donneront eux aussi une belle récolte, qui sera destinée au programme de nutrition.
C'est le 25 mai que la nouvelle du décès de notre cher Roberto Rollier nous est parvenue. Mari et compagnon de vie de Fiorella Grill, ancienne Présidente de l'Association Namasté Mara Mosca, Roberto était un homme plein de gentillesse et de dévouement, un vrai seigneur qui partageait son vin avec allégresse, et quel vin ! Une petite « puja » nous a réuni autour du temple de Ganesh, à qui nous avons demandé de prendre soin de son âme. Toutes nos condoléances vont à Fiorella.
J'assiste quelques fois, au travers de mes fenêtres, à de drôles d'expériences ! C'est l'histoire d'une excavatrice et d'un tracteur : la première, dans un petit vallon au nord de mon appartement, transvase de la terre dans la remorque du second... Oui, mais, lui aussi est dans le vallon... Evidemment, une fois chargée, la remorque ne peut plus être tractée par le tracteur !! Il faut bien une demi-heure à l'excavatrice afin d'aider le tracteur à se sortir de son pétrin ! Et quelques dizaines de villageois pour donner leurs avis ! C'est un exemple de la logique à laquelle je suis confrontée depuis des années maintenant, et qui me permet de vraiment prendre conscience à quel point nos mentalités sont différentes, ainsi que nos points de vue ! Il est vrai qu'ici, au Népal, le temps ne compte pas, ce n'est pas encore de l'argent... Il faut que je m'en souvienne, le temps de la retraite pourrait en être encore plus profitable et plus souvent !
Benju, notre Directrice Montessori, revient à l'école le 31 mai, après un mois de formation. Elle me semble mitigée quand aux nouvelles techniques et enseignements reçus ! Nous passons la matinée à discuter, elle me racontant sa nouvelle expérience, me montrant ses acquisitions, ses travaux préparatoires pour ses enfants et ses collègues, enthousiaste sur certains points, étonnée sur d'autre (on peut aussi faire comme çà... !) et pleine de nouvelles idées. Le meeting prévu le lendemain avec toute l'équipe de la Ganesha Keti Keta Phulbari School est axé sur la formation des autres institutrices, diverses informations générales transmises à Benju, afin qu'elle soit au courant des événements qui se sont déroulés pendant son absence et la fixation de rendez-vous pour les parents de chacun des groupes de nos enfants, la fin du premier trimestre approchant déjà à grands pas ! La distribution des salaires est également de mise en cette fin de moi de mai. Après mes explications, toutes semblent satisfaites de leurs nouveaux gains, les prochaines formations en faisant partie cette année, sous forme de « bonus » !
Pour suivre les travaux effectués sur la toiture de la maison de notre nouveau paysan (qui surveille notre plantation d'arbres fruitiers), je me rends dans nos champs. Je suis abasourdie de découvrir, enfermé dans la maison et miaulant à s'en rompre les cordes vocales, un minuscule petit chaton tout tremblant et probablement affamé ! C'est Minnie... petite chatte que j'adopte immédiatement, car voilà bien longtemps que je voulais d'une telle compagnie. Au grand dam des villageois et sous les rires de certains de nos employés, car les chats, au Népal, ne sont pas bien « considérés », au contraire des chiens. En effet, la légende veut que les chiens soient une réincarnation possible de l'homme (ou une réincarnation juste avant celle en être humain, je ne sais plus vraiment dans quel sens cela se joue !). Les chiens sont donc tolérés partout, même si personne n'en prend soin et que – pour la plupart – ils sont à moitié sauvages. En revanche, il semble, d'après ce que j'ai pu entendre raconter, que les chats sont l'incarnation de mauvais esprits... M'en fous... Ma Minnie va meubler mes journées... et surtout mes nuits ! Elle dort allongée de tout son long (qui est bien court, elle n'a que 2 mois !) sur ma poitrine, dans mon cou ou collée contre mon ventre, en ronronnant de tout son soûl ! Elle qui miaulait à longueur de journée le premier jour, a pris l'habitude de se rappeler à notre (Hareram et moi) bon souvenir lorsqu'il faut la descendre dans le préau de l'école pour qu'elle puisse faire ses besoins. La caisse installée à la cuisine n'a pas ses faveurs. Il faut que j'essaie d'y mettre de la terre et non du sable... Petite Minnie adorable... Je lui cours après à longueur de journée, car elle est si petite qu'elle disparait un peu partout, entre les caisses de rangement sous les sofas, dans les recoins les plus improbables, derrières le panier à linge de la salle de bains, etc.
Le 6 juin au matin, nous découvrons que des voleurs se sont introduits, en cassant la barrière, dans l'enceinte de l'école Montessori et sont repartis nuitamment avec toutes les belles grosses mangues – pas encore mûres par ailleurs – que l'un de nos arbres nous promettait ! C'est étonnant la rage que je peux ressentir lorsque je découvre de tels agissements ! Dans ces moments-là, je pourrais battre les responsables, les marquer au fer rouge à l'ancienne, les brûler vifs sur la place publique !! Je suis en train de lire « En ce sang Versé » de A. Japp... c'est peut-être ce qui me donne ces idées de revanche ! Non mais... ! Je n'arrive pas à comprendre cette mentalité de voleurs et de destruction de ce qui appartient à autrui. J'en reste à chaque nouvel assaut complètement furieuse et baba... Pourquoi ? Qu'est-ce qui pousse ces villageois, qui bénéficient d'écoles et d'un centre de santé pratiquement gratuits, de s'approprier les biens d'autrui ? Bon, en conséquence, j'ai engagé un surveillant, qui vient à 19h le soir et reste jusqu'à 6h du matin sur place. Il a la charge de faire des rondes, non seulement pour surveiller les manguiers de l'école Montessori, mais aussi ceux de l'école gouvernementale. Un lit a été installé, un GROS bâton lui a été fourni, ainsi qu'une torche. La récolte de nos fruits est prévue pour agrémenter notre programme de nutrition, mais il faut encore attendre une bonne dizaine de jours avant que les mangues soient prêtes à être dégustées !
Le 7 juin, nous nous envolions, Benju et moi, pour Kathmandu où, le lendemain, elle recevait son diplôme d'institutrice Montessori Senior. Nous avons eu le temps de discuter de l'avenir de l'école, de visiter l'exposition de Manish (objets, tableaux ou sculptures assez incompréhensibles, toujours intéressantes ses expositions... ), puis de manger avec Bina Gurung, la première mentore de Benju. Nous repartions déjà le samedi matin pour Banrait Tole, mais la journée de « graduation » fut joyeuse, animée, émotionnante et pour ma part, je fus heureuse de rencontrer la fondatrice du Nepal Montessori training centre.
De retour à la maison, je retrouvais Minnie et la chaleur, puisque la température culminait hier à 41° ! Nous sommes aux portes de l'Enfer... avons cru un instant cette nuit dernière que la pluie allait nous rafraîchir, mais fausse alerte, seul le vent et les éclairs nous ont réveillées ! Encore trois semaines de travail (enfin peu, car impossible de vraiment se concentrer, le cerveau est en train de bouillir !) et je retrouverai la Suisse et probablement des températures plus fraîches, même si je vous souhaite un beau printemps et un début d'été en fanfare !
News de Banrait Tole - édition n°82
Avant mon départ en Suisse le 23 avril dernier, j'ai assisté à la cérémonie du rasage des cheveux d'Aman, le fils de Hareram. Cette cérémonie est réalisée pour chaque garçon. Dans certaines castes, elle est tenue lorsque les enfants atteignent 4 ans, dans d'autres alors qu'ils ont 7 ans. J'ai demandé à plusieurs reprises à quoi correspond cette cérémonie, sans recevoir jamais une réponse explicative ! Il y a tout d'abord une « puja », célébration religieuse, au terme de laquelle un repas est servi aux membres de la famille invités, ainsi qu'aux voisins directs et aux prêtres. Le lendemain a lieu une grande invitation pour le repas offert aux amis, aux collègues, aux connaissances diverses et qui réunit quelques centaines de personnes !
Arrivée à Kathmandu, je rencontre M. Anil Gorkaly de la Fondation Eye Care Netherlands, que j'ai rencontré il y a quelques années déjà. Nous convenons que l'infrastructure nécessaire pour le camp ophtalmique que nous désirons organiser en 2019 au Mustang serait assurée par la Fondation et l'Hôpital Himalayan Eye. Rencontre très prometteuse donc et j'aime l'idée que l'union de plusieurs associations permet un travail sur place plus en profondeur et au profit de plus de personnes nécessiteuses.
Dès mon arrivée en Suisse a commencé la danse des anniversaires ! Tout d'abord le mien, fêté en famille, puis celui de quatre de mes petits-enfants ! Un vrai plaisir, que je n'avais plus vécu depuis mon installation au Népal. Entre chacune des fêtes, j'ai eu le plaisir de rencontrer mes anciens collègues, à Genève, alors que je présentais notre action auprès de la Fondation Jylag. La préparation des documents pour notre Assemblée Générale annuelle m'a longuement occupée, ainsi que l'écriture des rapports concernant nos camps de santé 2017. La période de l'Ascension fut calme, une visite à ma tante me permettant, pendant les 8 heures de train entre Vufflens-la-Ville et St-Gall, de lire le dernier pavé de J. Dicker! Ce jeune écrivain s'améliore vraiment !
Le retour au Népal a été long, très long... une attente de plus de 9 heures à Doha n'est pas une sinécure ! Crevée, c'est la première fois qu'arrivant à l'hôtel, je me mis directement au lit pour une sieste !
Le lendemain matin, je prenais l'avion pour Biratnagar, et après le shopping dans le nouveau Bhat Bhateni, je rejoignis mon « chez moi » !
Le vendredi 18 et le samedi 19 mai, le camp ophtalmique était organisé comme chaque année au printemps. Les élèves furent contrôlés le vendredi et la foule des 380 villageois le samedi.
Le 21 mai 2018, une assemblée du comité de gestion de l'école gouvernement a réussi un coup d'état! La Head Mistress, accusée de corruption, a été remplacée par l'un de nos canards... M. Krishna Yadav!
Or, et après un téléphone au District Education Officer, j'ai appris qu'un instituteur qui n'a pas le titre de "gouvernment teacher" ne peut pas devenir un Head Master! Il est donc élu illégalement... Me réjouis de voir ce que le gouvernement va faire, s'il va entériner cette décision ou nous envoyer un nouveau Head master!!
Pour ma part, de ce que j'ai pu comprendre, la doyenne devrait être accusée de vol, car il semble que de l'argent a disparu du compte bancaire sans que ce pourquoi cet argent avait été versé par le gouvernement ne se retrouve au niveau de l'école (ordinateurs, bibliothèque, bourses scolaires, etc.). Bon, le résultat est le même me direz-vous.
C'est aussi hier, dans ce véritable méli-mélo de revendication de la population, que des élèves de la classe 10 de cette nouvelle année scolaire ont cassé une porte menant au bureau des instituteurs... ! Sous prétexte que l'automne dernier, les anciens élèves de la classe 10 qui ont terminé leur examens ce printemps n'ont pas pu aller en voyage!! Je dois reconnaître, avec les événements qui se sont déroulés depuis 8 ans, que ces Madeshi (pour la plupart des anciens maoïstes - dans le cas de ces étudiants, des enfants de) sont de vrais sauvages.
Mais à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien...
En effet, à l'école Montessori, les choses se déroulent pour le mieux. Benju suit sa senior formation à Kathmandu, au Nepal Montessori training centre. Nilu, notre institutrice junior, gère très bien son groupe de dix fillettes, au sein duquel l'une d'entre elles a des difficultés à parler et semble continuellement avoir faim ! Les autres institutrices et nos deux Aryas se débrouillent bien, les enfants sont très contents et la vie se poursuit tranquillement. Deux de nos anciens élèves ont reçu des bourses scolaires dans leurs nouvelles écoles. Toutes nous en sommes très fières, la renommée de notre école ayant maintenant atteint Biratnagar !
News de Banrait Tole - édition n°81
Il y a quelques semaines, je vous ai envoyé des photos de notre distribution d'habits ! J'étais tellement heureuse de pouvoir vous les faire parvenir, que je vous ai transmis ces photos sans prendre la peine de les mettre en cci... Lorsque j'ai remarqué mon erreur, le clic était déjà du passé et l'email envoyé ! Pour une fois, Internet était connecté ! Je vous transmets à toutes et tous mes plus sincères excuses.
Les nouvelles de notre école Montessori sont toujours aussi motivantes ! La cérémonie de graduation des 10 premiers petits élèves qui ont fréquenté notre Ganesha Keti Keta Phulbari Montessori School pendant trois ans s'est déroulée le vendredi 6 avril dernier, et ces petits oiseaux devenus grands, nous ont quittés. Cet événement a évidemment pris cette année des proportions plus sentimentales et fut un moment d'intense émotion. Les diplômes des étudiantes de notre cours de couture professionnel ont également été distribués ce même jour !
Notre nouveau groupe de huit petites filles a commencé lundi dernier. Nous étions toutes, institutrices, aryas et moi, prêtes à les accueillir et nous avons passé une chouette journée, entre pleurs, beaucoup et rires un peu, jeux et chants !
L'année népalaise a débuté avec le nouvel-an népalais, le 1er jour de « baisack », soit le 14 avril de notre calendrier. Nous entrons dans l'année 2075... ce qui ne nous rajeunit pas !
A l'école gouvernementale, ce sont les meetings qui se suivent ! Après 5 mois d'absence, Darmanath Yadav (l'un des canards dont je pensais que nous étions enfin débarrassés) est revenu – on ne sait pourquoi – à l'école ! Les ancien et nouveau Head masters essaient de rabibocher les comptes, et d'effacer toutes les arnaques qui ont été montées pendant des années. Evidemment, d'autres arnaques sont en cours, par exemple le fait que l'absence de 5 mois de M. Yadav comme instituteur ne pose aucun problème au représentant officiel de la Municipalité au sein du comité de gestion de l'école !! Les élèves viennent tous les jours, mais comme les instituteurs doivent corriger les examens qui ont eu lieu avant le nouvel-an népalais, ils sont renvoyés au bout de 2 heures d'attente dans leurs foyers.
Au centre de santé, la vie se déroule comme d'habitude, si ce n'est que j'ai appris que Priyanka, notre infirmière, attend un bébé ! La fille de Bhutti, (notre « technicienne de surface ») qui a été mariée à la mi-mars, est revenue me dire bonjour avec son tout jeune mari ! Ils avaient l'air de teenagers, empruntés, mais tout mignons tous les deux ! Cette visite m'a fait grand plaisir. Le fait de voir que le mari n'est pas beaucoup plus âgé qu'elle est rassurant. Bon, me direz-vous, je n'ai, en effet, pas vu la belle-mère...
Les nettoyages de printemps sont derrière nous, les orages ont débuté avec une vigueur inquiétante, arrachant un trop grand nombre de mangos de nos arbres ! La mousson approche à grands pas, et la température continue de grimper pour culminer déjà à des 34-36°! Les arbres se remettent au vert et j'espère que mes prochaines vacances en Suisse me permettront de... me rafraîchir un peu, sans nul doute !
News de Banrait Tole - édition n°80
Voilà un mois et demi que mes news s'accumulent, mais vacances obligent, je ne reprends le flambeau qu'aujourd'hui ! Les aventures, elles ne se sont point calmées... en voici quelques-unes.
Tout d'abord, les nouvelles de notre école Montessori, que j'ai grand plaisir à partager avec vous : depuis le début 2018, une séance nous réunit toutes les vendredis après-midi, lorsque les enfants sont repartis pour le week-end chez leurs parents. Nous discutons de la fin de l'année, le dernier trimestre arrivant à terme le 6 avril prochain. En effet, l'année scolaire népalaise débute avec le nouvel-an népalais, le 1er jour de « baisack », soit le 14 avril de notre calendrier. Ce dernier jour d'école verra se dérouler la cérémonie de graduation des 10 premiers petits élèves qui auront fréquenté notre Ganesha Keti Keta Phulbari Montessori School pendant trois ans. Cet événement va prendre cette année de grandes proportions et sera très probablement un moment d'intense émotion pour nous toutes et tous, parents y compris ! Répétitions des chants, écriture des scénettes et apprentissage des textes, danses, tout est pensé par les enfants qui sont les maîtres d'œuvre de leur fête, soutenus par leurs institutrices.
Mais le travail d'étude ne reste pas en rade, loin de là... ! Nous avons instauré pour les deux premières classes des élèves les plus âgés, une journée « choix » d'activités : ce sont les enfants qui décident ce qu'ils veulent faire : jeux à l'intérieur, à l'extérieur, promenade, chants, lecture d'une histoire, discussion, visite du chantier de construction d'une maison en chanvre... Ils n'ont oublié que le moment de leur snack !
Pour les institutrices, ce dernier trimestre est très chargé : aux activités habituelles viennent se greffer le « graduation day », la préparation administrative de l'année scolaire future, l'établissement des vacances (les périodes de vacances et de congés fériés sont établies avec les institutrices), les admissions nouvelles pour l'an prochain. Cette année, il semblerait bien que nous ayons une « girls' class » ! Huit petites filles sont déjà pré -inscrites ! Cela nous changerait de l'an dernier, puisque sur les 19 enfants reçus, 15 sont des garçons !
Nous avons appris il y a quelques jours, que Punam va rester une année encore au sein de notre école ! Nous en sommes ravies, car cela va nous permettre d'envoyer tout d'abord Benju, puis Sita et les autres en formation à Kathmandu. En effet, nos institutrices n'ont re4u qu'une formation de base Montessori et il nous a semblé important qu'elles affinent leurs connaissances. Elles vont donc, dans les prochains 18 mois, suivre chacune son tour un mois de perfectionnement au Nepal Montessori Training Centre, afin d'y acquérir le « senior diploma in Montessori method of education ». Il s'agit d'un mois de formation, abordant les thèmes de la littérature enfantine, du développement de l'enfant, des mathématiques, des connaissances et de la compréhension du monde, ainsi que de la façon d'établir un curriculum d'études. Nous pensons qu'après cette formation, notre école sera à même de proposer des stages à des jeunes femmes de notre région. Déjà, plusieurs écoles nous demandent de former l'une ou l'autre de leurs institutrices.
A l'école gouvernementale, les journées continuent sur le rythme des congés à tout bout de champ, des instituteurs qui s'activent au bureau et des élèves qui sont laissés à eux-mêmes dans les classes. Les informations ne circulent que difficilement, et parce que M. Yadav, le président de l'Association Ganesha Nepal est à nouveau le président du Comité de l'école ! Un retournement de situation bienvenu !
L'INGO US AID a apporté beaucoup de matériel scolaire spécialement destiné aux écoles gouvernementales népalaises. Notre école en bénéficie, sous contrôle... enfin c'est ce que j'ai cru comprendre. Des conditions strictes semblent s'appliquer pour les classes nursery à la classe 3. Un bon début... pourvu que cela dure et que les représentants de cette organisation passent régulièrement constater des progrès réalisés.
Au Centre de santé, la vie continue sur un rythme tranquille ! Nous avons pu recommander 100 sanitary bags, tant le bouche à oreille fait des émules ! C'est une grande victoire pour toutes les femmes de la région, qui peuvent désormais compter sur une protection hygiénique mensuelle.
D'autre part, notre camp ophtalmique est fixé, les vendredi 18 et samedi 19 mai prochains. Nos autres camps de santé seront organisés cet automne, lorsque les grandes chaleurs seront passées ! Il fait en effet très chaud la journée, les températures grimpants actuellement au-dessus de 30°, atteignant parfois déjà plus de 34° ! Le vent chaud a fait son apparition et les premiers orages ne tarderont pas. Pourvu qu'ils soient moins destructeurs que l'an dernier, car cette année, nos manguiers sont encore plus prometteurs que l'an dernier !
De nombreux « petits » événements se sont déroulés avant mon départ à Kathmandu afin d'y renouveler mon visa : tout d'abord, Cédric, membre de notre association suisse, est arrivé afin de participer au mariage de l'une de nos anciennes stagiaires. Malheureusement, le papa de cette dernière est décédé 3 jours avant la date du mariage, celui-ci étant reporté de facto après le départ de Cédric. Mais comme c'était le mois des mariages... il a tout de même pu suivre celui de la fille de M. Yadav (cité plus haut). Ce mariage a vu une famille se déchirer une fois la cérémonie terminée. En effet, il est d'usage que le fils / frère aîné de la famille, en l'occurrence l'oncle de la mariée, soit le personnage central des arrangements : choix du marié, paiement de la dot, organisation du mariage, déroulement du mariage, etc. Or dans ce cas précis, cet oncle a déclaré ne pas avoir l'argent nécessaire à la dot, ni ne vouloir se mêler de son organisation. Les frères de la mariée se sont donc démenés afin que la cérémonie se déroule sous les meilleurs auspices. Etonnamment, l'oncle est arrivé le jour du mariage... pour se montrer comme en étant le responsable et voler la vedette au papa... un mauvais jeu de mots me ferait dire « du papa marri » !
Les fils du dit papa ne l'ont pas accepté et la famille s'est déchirée : ils ont quitté la maison paternelle, l'un pour l'Australie où il vit depuis 10 ans et l'autre, fils aîné, pour le village voisin où maintenant il loue une chambre pour sa famille et lui-même ! Très triste situation, alors que tout semblait bleu sous le ciel de Banrait Tole !
Cette saison des mariages est aussi celle des accidents : les gens se déplacent d'un village à l'autre pour assister au mariage de la cousine ou de l'oncle du beau-frère de la sœur de la maman... Les conducteurs sont souvent fatigués, ayant attendu toute la nuit (oui, les mariages ont lieu la nuit au Népal), et les familles sont décimées... plusieurs de nos connaissances se sont retrouvées dans cette situation, heureusement sans trop de mal, mais confirmant cette plaie !
Un autre problème que soulève ces mariages est celui des jeunes filles forcées – encore – à être mariées. Ce fut le cas la semaine dernière dans le village voisin, l'une des filles de la femme de ménage du Centre de santé a été mariée à un Indien du Bihar. A peine âgée de 16 ans, petite chose fluette et apeurée, voilà une bouche de moins à nourrir. Emmenée dans sa nouvelle famille, nous ne pouvons qu'espérer qu'elle y soit accueillie au moins gentiment, même si elle devra y assumer tous les travaux domestiques que sa belle-mère lui imposera, sans y être battue, voire pire.
A la rubrique « accidents », le père de notre jeune Jiblal, enfant avec un handicap à la suite d'une méningite, a été happé par un bus, alors qu'il noyait son chagrin (lequel ?) dans l'alcool. Le scalp à moitié arraché, la commotion cérébrale qui lui était attachée ne lui a pas remis les idées à l'endroit ! Heureusement, enfin, c'est un point de vue, les séquelles ne le changeront pas de son état habituel... celui de pauvre hère mal loti et geignant. Un travail sur nos champs lui avait été proposé, afin qu'il gagne quelques sous pour entretenir sa famille, mais il l'a refusé... plus facile de le boire que de le gagner.
Cette année, j'ai eu la grande chance de pouvoir récolter 6 très belles noix de coco ! Une gageure, si l'on sait que les cocotiers ont été plantés il y a 12 ans et que des centaines de noix de coco qu'ils nous ont déjà donné, c'est la première fois que j'ai pu en « sauver » quelques- unes, destinées au programme de nutrition. Mises à finir de murir sur ma terrasse pendant quelques jours... à mon retour de Biratnagar, après être allée y accueillir Cédric... je n'ai retrouvé que du vide ! Les 6 noix de coco ont été volées ! Par le saint – esprit, évidemment, personne n'ayant rien vu, ni entendu... ! Il faut que je me fasse à l'idée que je n'ai pas seulement des canards dans mon environnement immédiat, mais aussi une bande de voleurs ! Je m'en étais doutée lorsqu'un samedi matin, entendant des bruits de branches que l'on coupait, je trouvais deux villageois en train de scier des branches de nos arbres pour leurs cérémonies religieuses ! L'excuse ? ce sont des arbres sacrés dont on a besoin lors de puja (bénédictions diverses... !).
Dès le 21 février, me voilà à courir à Kathmandu afin de renouveler mon visa. A peine ai-je sauté de l'avion qui n'avait que 3 heures de retard, que je me retrouve à devoir remplir le formulaire de demande pour l'obtention du rapport de police. Heureusement, je tombe sur un inspecteur que je connais et qui m'affirme vouloir m'aider. Je peux revenir le 27 février dès 10h. Comme Cédric va rentrer en Suisse et que notre étal d'épices, de thés et de papeteries est quelque peu dépourvu, je me rends à Tahiti showk (oui, oui, c'est à Kathmandu, en plein centre de Thamel !) et d'y achète la commande que Betty m'a transmise. J'en profite pour y passer une grande commande de thé reçue de Suisse. Le lendemain matin, séance au Teaching Hospital pour le rapport complet de santé que je dois également fournir à l'Immigration ! Quelques heures après, je me rends au Nepal Montessori Training Centre, afin de discuter de la formation future de nos institutrices. J'y retrouve Anju Dahal, et après discussion, il s'avère que nous pourrons envoyer nos employées suivre le cours débouchant sur le diplôme « senior » Montessori. Sur le chemin du retour à l'hôtel, je passe au Dwarika's pour y payer mon billet d'avion et y réaliser mes emplettes de papeteries. Entre – temps, j'ai trouvé des drapeaux népalais de tailles différentes... youpie !
Le 23 février au matin, accompagnée de Santa, co-responsable de l'Association Local Women Handicraft (association qui nous fournit en sanitary bags), je me rends à l'aéroport, afin d'y dédouaner les 5 cartons d'habits que j'ai fait envoyer de Suisse. En effet, je ne peux plus tout amener de Suisse simplement lors de mes voyages, et il me fallait « débarrasser » ma chambre de cette quantité d'habits que de nombreuses personnes nous avaient gentiment donnés pour nos élèves ! Douane... plus de 4 heures de... je ne sais pas très bien quoi en fait ! Courses après des papiers ? Après des tampons ? Après une agente qui elle-même court après un autre agent pour remplir les papiers après lesquels nous courrons ? Après les autorisations ? Ou bien les signatures qui nous autorisent... oui, mais à quoi ? A remplir les papiers ? Bon, là, il faut que j'aille aux toilettes. Oh, surprise... c'est absolument « dégeu» ! C'est comme cela qu'on dit ? Et rebelotte, re – course, re-papiers, ah tient, les cartons sont dehors du lieu sécurisé, on va pouvoir les emmener. Non ? il faut encore d'autres papiers, d'autres signatures, une inspection des cartons, la banque ! Ah ben oui, faut passer à la banque ! Bizarre, je n'y paie rien... Enfin les cartons sont chargés, je suis emmenée, avec Santa, hors du bâtiment et là, l'agente et son confrère me montrent des factures à payer ! C'est ce qu'on appelle, sous le coude, la corruption, puisque je vais verser NR 4'000.- (environ SFr. 40.-) à ces deux personnes, argent qu'elles se partagent et empochent ! Mais zut ! j'en ai plus que marre... je ramasse mes factures, file vers notre voiture et ne veux plus entendre parler de dédouaner quoique ce soit !!
Le lendemain, petite visite à Buddhanath avec Cédric qui repart le soir pour la Suisse. Je retrouve mon amie Astrid à la Dolce Vita pour y déguster une bonne (vraiment très bonne) pizza et discuter le bout de gras... en fait nous ressassons nos misères, mais nous savons toutes les deux que nous n'échangerions nos places avec personne ! Nous aimons NOTRE Népal, aussi mal foutu qu'il soit ! Finalement, nos aventures, nous les aimons plus que nous ne voulons bien l'avouer !
La suite des courses a lieu le lendemain... changer le bracelet de ma montre, mon téléphone pour un autre appareil supportant la 4G. « Cela va prendre 15 minutes » me dit la vendeuse, qui s'occupe de formater mon nouveau Samsung. C'est une estimation népalaise, puisque deux heures et demie après... j'y suis toujours, au magasin ! Chez Bhat Bhateni (la Migros locale), j'achète les petits cadeaux que nous offrirons aux élèves qui quitteront Montessori en avril : une boîte de crayons de couleurs, des crayons gris, une gomme, un taille-crayon, des petits blocs notes, un tube de colle... Ce petit matériel sera remisé dans une trousse IKEA, et nous y ajouterons deux cahiers pour leurs exercices ! Je repasse ensuite à Tahiti pour y collecter ma commande de thés, après avoir déposé mon imprimante qui n'imprime plus, dans le but qu'elle soit réparée ! Fascotte me dit le propriétaire de Canon, elle est seulement encrassée de poussière ! Bonne nouvelle !
Le lundi 26 février, dès potron minet, je suis à l'Ambassade Suisse. Chaque année, je dois obtenir une lettre de notre représentation diplomatique, certifiant que mon pays d'origine ne voit aucun inconvénient à ce que je m'installe au Népal. Bêtement, la Suisse, enfin ses représentants officiels, ne peuvent pas établir un tel courrier, car ma décision de m'installer au Népal est une décision privée ! Notre représentant établit donc un courrier expliquant qu'il ne peut écrire le courrier demandé, mais souhaite que l'Immigration m'octroie le visa demandé. Je paie l'équivalent de SFr. 42.-, j'embarque mon courrier après avoir batoillé un peu avec M. Flückiger que je connais maintenant de longue date et je m'en vais à l'Alliance Française de Kathmandu. Là, j'ai fait traduire le certificat de revenus que m'envoie, après demande réitérée chaque année auprès de l'institution suisse, la CIEPP. Je dois justifier recevoir suffisamment d'argent de Suisse pour vivre en qualité de retraitée au Népal. Et je dois en dépenser encore plus... !
Etant dans le quartier de Jawalakhel, je me rends à l'ECEC, Early Childhood Education Centre, où ont été formées nos institutrices Montessori. En effet, elles devraient pouvoir suivre la deuxième étape de leur formation, mais depuis deux ans, aucun cours n'a été organisé dans ce sens. Cet institut requière pour chaque formation un nombre de 15 participants au moins, et malheureusement, jusqu'à ce jour, ils n'ont pas réussi à les réunir. Nous opterons donc pour la formation chez NMTC, et leur diplôme.
A deux heures tapantes, je suis au rendez-vous que la doctoresse du Teaching Hospital m'avait fixé afin que je puisse y recevoir le rapport médical attestant que je suis en bonne santé. Voilà qui est fait !
Le 27 février à 9h30, je suis dans la file des personnes qui attendent l'ouverture des bureaux de la police. Je dois obtenir ce dernier papier pour ensuite courir au bureau de l'Immigration.
Comme tout bon Népalais, je remonte la file jusqu'à la première personne, une dame, à qui je souris et qui me laisse sa place. Enfin, qui me met devant elle. Une demi-heure après, me voilà avec tous mes documents en mains, dans mon taxi, direction Kalikastan. Là aussi, je remonte la file et suis en 14ème position. Après la 13ème personne, l'enregistreur se lève... ah non ! je me mets devant lui et lui demande d'enregistrer ma demande ! Il y a des jours où je sais sourire de manière convaincante semble-t-il ! La procédure va prendre tout de même 4 heures, car là aussi, il faut passer d'un bureau à un autre, d'une signature à une autre, d'un versement à la banque à l'attente du directeur général... Mais j'ai le temps de traverser toute la ville jusqu'à la Nabil Bank de Maharajgunj et y déposer une copie de mon tout nouveau et tout frais visa... dans le but de ne pas voir ma carte ATM ou mon compte être bloqués !
Ce même soir, arrivée d'Isabelle, membre de notre Association et de Yves, l'un de ses amis, avec qui je vais partir en expédition à Bardiya, l'une des réserves naturelles du Sud Népal. Le but ? Y voir un tigre... Absolument.
Le 28 février me voit rendre visite à mon ami KP, qui a reçu un carton de la Société Ravensburger. En effet, mon amie Michèle a proposé à son époux, propriétaire de dite société, de nous envoyer pour la seconde fois un gros carton remplit de jeux, livres et puzzles ! Une manne fantastique, que nos enfants apprécient jour après jour et qu'ils découvrent régulièrement, au fur et à mesure que nous leur présentons des nouveautés ! Après mon récit téléphonique des 4h passées au bureau des douanes, KP a déjà fait renvoyer le carton à mon adresse privée ! Heureuse initiative s'il en est !
Je passe par Thamel pour y acheter mes prochains billets d'avion Yéti Airlines. J'ai des miles à utiliser et cela me permet d'obtenir un aller-retour Biratnagar-Kathmandu-Biratnagar pour 10 fois moins cher qu'habituellement !
Je décide de rentrer à l'hôtel à pied, mes amis sont partis ce matin pour visiter Kathmandu, en flânant... et par des petites rues que je ne connais pas. Thamel y est propice. Quelle surprise ! Je vois au loin Sandy, une dame qui, hier comme moi, a passé sa journée au bureau de l'Immigration ! Nous tombons dans les bras l'une de l'autre et décidons d'aller prendre un café au bistrot du coin ! Etonnante surprise, puisqu'elle a – elle et j'en suis jalouse – obtenu un visa de « non touriste » pour 5 ans, pour le prix de $ 360.-, alors que j'ai dû payer $ 1'200.- pour un visa résidentiel d'un an seulement !
Elle m'explique que la personne qui l'accompagnait est le District Education Officer de... Bardiya ! Il est très actif et souhaite révolutionner l'éducation au niveau gouvernementale dans son district. Il a engagé Sandy pour l'y aider (elle est psychologue scolaire et a travaillé déjà 3 ans à Bhaktapur dans une école privée, spécifiquement sur les curriculum). Je lui raconte mon expérience, et elle me met immédiatement en relation avec M. Gyanmani Nepal. Me rendant à Bardiya en fin de semaine, nous convenons de nous y rencontrer samedi prochain, à 16h à mon hôtel !
Le 1er mars et jour férié, c'est Holi, le jour des couleurs, la fête du printemps ! Mes amis décident de partir à Changu Narayan et Bhaktapur pour la journée. Moi, je reste à l'hôtel, je ne suis pas fan de ce festival et après la course de ces huit derniers jours, j'apprécie un peu de repos !
Notre dernier jour à Kathmandu nous verra nous rendre à Patan, où Isabelle est sidérée par les dégâts encore visibles du tremblement de terre qui a eu lieu il y a 3 ans. Comme pour Bhaktapur, c'est un crève-cœur que de voir ces temples, pour certains en re - construction, ces maisons en ruines et ces gens souriants malgré tout ! Après une courte visite à l'atelier de Manish, un bon repas Chez Caroline, nous partons pour Pashupatinath que nous traversons à pied. Nous avons rendez-vous avec une amie, qui, nous ayant oubliés, est partie à Nagarkot ! Bon, tant pis, nous poursuivons notre route pour Buddhanath. Il est temps de rentrer à l'hôtel, de payer notre dû car nous partons très tôt demain matin, de terminer nos bagages. L'aventure est sous l'oreiller !
Départ aux aurores pour l'aéroport domestique. Heureusement, nous ne subissons pas trop de retard, l'avion nous transportant pouvant, le temps étant au beau relatif, partir à temps. Sur le chemin nous emmenant à la réserve de Bardiya, nous nous arrêtons pour contempler des crocodiles, énormes, des gavials qui ont l'air en bonne compagnie avec les précédents, des poissons énormes eux aussi, une grosse tortue d'eau (tout à l'air démesuré avec ces animaux !), un magnifique rollier dont le camaïeu des bleus et turquoises nous ravit, des langours... déjà tout un air non seulement de vacances, mais de jungle !
Arrivés à l'hôtel, je reçois la clef de la chambre éléphant ! Joli signe du destin...
Nous allons visiter le village Tharu, qui n'a pratiquement plus rien de typique, trop de constructions en brique remplaçant les maisons de pisé. On n'arrête pas le progrès... !
A 16h, je rencontre comme convenu M. Gyanmani Nepal. Je suis absolument subjuguée par ses idées, sa façon de vouloir changer l'enseignement et son désir de collaborer ! Eh bien oui, je viendrai en mai pour discuter avec lui, Sandy, ses instituteurs motivés et voir de quelle manière l'aider dans sa tâche !
Le dimanche 4 mars, nous voilà avec Mukti et Bim, guide et assistant guide, sur les traces du tigre. Un safari pedibus cum jambis de 12 heures, qui nous amènera à voir pour la première fois un tigre – magnifique, énorme – dans la nature et dans son élément. Nous verrons également des rhinocéros prenant leur bain, des oiseaux innombrables, des singes, des loutres, un crocodile. Une journée à l'affût, à marcher, à courir (eh oui, pour voir le tigre, il a fallu prendre ses jambes à son cou, car il n'est apparu qu'à Bim tout d'abord, Bim qui se trouvant à quelques centaines de mètres de l'endroit où nous étions cachés !), à attendre, à se taire (enfin, ceux qui pouvaient !). Crevés, mais heureux de cette première journée !
Avec notre guide, nous décidons de partir le lendemain avec la jeep, qui nous permettra de couvrir une plus grande distance et de laisser à l'hôtel une dame qui nous a été imposée ce premier jour et qui a failli – en me poussant pour photographier les loutres – me faire déruper !
Cette seconde journée nous avons pu voir de très nombreux oiseaux de toutes sortes (je vous passe les noms dont je ne me souviens de toute façon pas !), des singes, de très nombreuses termitières, certaines magnifiques, d'autres à moitié détruites, des arbres squattés par d'autres arbres « saddhu » (arbres inutiles, qui grandissent en entourant les autres !), des daims et des biches en très grande quantité. Et un tigre, fuyant à notre arrivée : juste son saut dans la forêt... deux secondes... Mais IL est là... ! Nous reviendrons donc demain !
Dernière journée en jungle. Nous partons de bonne heure, car il me semble que nous voyons plus d'animaux avant les grosses chaleurs – il fait déjà plus de 30° ici ! Nous voyageons en voiture à nouveau et rencontrons les troupeaux de daims et de biches aux endroits où ils paissaient tranquillement hier soir ! Les aigles nous font des coucous ce matin, les oies sauvages se prélassent au soleil, les langours nous avertissent que le tigre n'est pas loin... Nous voilà nez à nez avec un rhinocéros. Et, enfin, nous pouvons observer LE tigre. Une bête magnifique, bien en chair, il semble que le gibier soit foison dans la région ! Il traverse la rivière, nous regardant d'un air détaché... ces touristes... ! Il nous laisse le photographier, ne se presse aucunement, un spectacle comme beaucoup en rêvent et qui nous enchante.
Nous courrons dans un autre coin, notre assistant guide a vu un éléphant ! Nous le retrouvons, l'éléphant, en train de se rassasier de branchages et d'herbes, au bord d'un cours d'eau... Une bête majestueuse, qui se fiche de nous comme de l'an quarante et déjeune bien tranquillement... à bonne distance tout de même !
La surprise du jour va être de pouvoir observer le tigre au même endroit que nous l'avions vu avant-hier. Est-ce le même spécimen? cela se pourrait bien, chacun de ces mastodontes ayant son propre territoire. A nouveau un spectacle excitant, qui nous tient en haleine, le cœur battant ! Et lorsque l'objectif surprend sa tête tournée vers nous, c'est le délire ! Merci les tigres que nous avons vus, et surtout un tout grand MERCI à nos guides, qui se sont donné une peine folle pour remplir leur contrat : rencontrer une bête aussi dangereuse que féérique !
Il nous faut repartir déjà, pour une première halte sur la route du Sud, à Lumbini, ville natale de Buddha. Nous retrouvons le bruit, la chaleur, la poussière, les pèlerins... les temples érigés en l'honneur d'un homme qui – comme un autre – a désiré que son sacerdoce soit réalisé au milieu de la pauvreté et des pauvres et que les croyants dénaturent en le couvrant d'or.
Le lendemain, suite du trajet et arrêt à Janakpur pour la visite vespérale du Janaki temple, dédié au mariage de Ram et de Sita ! Autres croyances, mais même dévotion. Puis c'est un moment de plaisir que de nous rendre au Janakpur Women' Development Centre... où je retrouve les dames de mon cours de peinture Mithila ! Moment de plaisir partagé !
Mais déjà, il faut prendre la route pour rentrer à la maison, les vacances touchent à leur fin. La voiture nous lâche en cours de route ! Bien heureusement, le mécanicien appelé en renfort nous sort d'une mauvaise passe ! C'est le Népal et une courroie de transmission est aussi cassable en Suisse ! Evidemment, celle-ci était depuis longtemps aux soins palliatifs !
A mon arrivée à Banrait Tole (ou Gorpar), je m'empresse d'aller voir la construction de la maison de notre futur paysan sur le terrain nouvellement planté d'arbres fruitiers. Révolutionnaire, cette maison est construite en bambou pour la structure et en mélange de chanvre, terre glaise et chaux pour les murs ! Garanti anti-moustiques et contrôlant naturellement la température intérieure, ce nouveau mélange de matériaux est propice à la construction de maisons sous ces latitudes. Nous nous réjouissons de voir le tout fini !
Isabelle et Yves vont passer encore quelques jours chez moi, se reposant, visionnant les photos souvenirs, visitant les villages environnants et la Koshi Tappu Reserve, fameuse pour ses oiseaux. Raccompagnés à Biratnagar pour prendre l'avion qui devait les ramener à Kathmandu, ils devront y attendre plusieurs heures, l'accident de la Bengladesh Airlines à Kathmandu ayant longuement entravé le trafic aérien à l'aéroport international. Mais comme dans les contes, tout est bien qui finit bien pour eux.
Après nos achats habituels à Biratnagar, Hareram et moi reprenons la route pour la maison. En chemin, un terrible accident nous retient plus d'une heure à l'approche d'un village musulman. Notre chauffeur s'arrête à bonne distance, car il semble que les habitants de ce village sont très vite échauffés (d'où la précision religieuse qui a son importance). Un jeune garçon a été fauché par un camion et gît, la tête écrasée, sur le macadam... Les voitures s'accumulent sur les bords de la route, la police et l'armée ne laissant passer personne. Et tout le monde descend de voiture, de bus, de camion, pour aller voir... ! et même prendre des photos de l'événement ! Choquant... et pourtant si habituel ici ! Maintenant que les mobiles sont dans toutes les mains, les selfies les plus terribles sont emmagasinés !
News de Banrait Tole - édition n°79
Les vacances de Noël et Nouvel-An 2017 – 2018 se sont déroulées sous de beaux auspices neigeux et familiaux. Mais aussi sous des cieux propices à notre recherche de fonds, puisque nous avons eu une très « grosse » surprise à la suite de notre présentation de nos activités au Lions Club Lausanne Bourg et de celle à l'école Mont-Olivet de Vich.
Le retour au Népal, à la mi-janvier, s'est parfaitement, mais froidement déroulé ! Même si les conditions atmosphériques sont encore au froid nocturne et au brouillard matinal, nous avons déjà de belles journées ensoleillées et l'espoir que tout s'améliore rapidement !
A peine arrivée à Banrait Tole – Gorpar, j'attaquais le contrôle des comptes annuels du Centre de santé, la rédaction des rapports de nos camps de santé et celle du rapport annuel. Nous y passâmes, avec Anita, plusieurs jours et je n'ai terminé que hier après-midi, ce dernier rapport apportant son lot de surprises et de malheurs.
Les invitations se suivent, les festivals s'enchaînent... et pour la première fois au Népal, samedi il y a dix jours, j'ai bénéficié d'une très grasse matinée... bienvenue et réparatrice après les nuits au cours desquelles les incantations à divers dieux nous tiennent éveillés ou en semi – sommeil et ont pour conséquence de nous abrutir en journée ! Saraswoti puja est terminé, aujourd'hui l'école gouvernementale est fermée pour cause de « fête » des martyrs et les jours de congé se suivent, nos instituteurs semblent les apprécier réellement !
Après les comptes du Centre de santé, j'enchaînais avec ceux de l'Association Ganesha Nepal, dont M. Khadga ne s'était pas soucié pendant mon absence, et actuellement remis à jour. Les pensions sont toutes versées sur les comptes personnels de nos employés, et je vais pouvoir attaquer les réparations du mur de soutien de notre école Montessori et du Centre de santé. La nouvelle plantation va débuter d'ici deux à trois semaines, afin que les arbres puissent quelque peu s'enraciner avant que la mousson arrive.
Les meetings avec les institutrices Montessori sont fixés tous les vendredis après-midi. L'organisation du dernier trimestre de l'année scolaire en cours, de la grande fête de fin d'année de nos « pitchounes », qui est d'une importance primordiale puisque nous nous séparerons de notre premier groupe d'élèves, ainsi que la préparation de l'an prochain sont nos préoccupations actuelles.
Après la distribution d'une centaine de couvertures à des familles pauvres de nos villages, par une organisation de Kathmandu inconnue dans la région, cette semaine se déroulera sans nul doute au rythme des surprises habituelles dans notre petit coin perdu !
Meilleurs voeux
Belle, bonne et heureuse année à toutes et tous ! Que 2018 se déroule dans la joie et la sérénité et que toutes et tous vous trouviez les clés de votre bonheur !
Édition n°78
Voici déjà le 31 décembre... une nouvelle année prend fin, année en demi teintes, ayant apporté son lot de plaisirs, de pleurs, de joies et de colères, d'amitié et de décisions.
Politique : A la mi-septembre et au début décembre, des élections nous ont tenus en haleine, d'une part pour élire les maires des districts du Sud Népal et d'autre part les représentants au Parlement. Dans notre région, les maoïstes ont été défaits et c'est le parti du Congrès qui a été porté aux commandes. Cela nous a valu des dizaines de jours de « congé », dont nos instituteurs et institutrices ont largement bénéficié, à l'exception de nos employées gérant l'école Montessori, qui nous ont – tout au long de l'année – prouvé leur motivation à enseigner aux plus petits et qui y prennent tant de plaisir.
Mousson : Les travaux de réparation du mur de soutien et de la route menant au Centre de santé et à l'école Montessori, emporté partiellement lors de la mousson désastreuse de l'été, n'ont pas encore pu être entrepris, la terre sablonneuse n'est pas encore suffisamment sèche et dès que nous creusons, l'eau apparait et nous empêche d'aller plus avant dans notre reconstruction. Ces travaux seront entrepris en février, voire en mars, avant les premières pluies de 2018 et protégeront ainsi nos bâtiments d'une nouvelle érosion.
Bourses : L'automne est aussi la saison de la distribution des bourses scolaires ! Dipesh Yadav et Debraj Khadga ont tous deux terminé leurs études, le premier en qualité d'ingénieur et le second en qualité d'aide en radiologie. Ils sont à la recherche de leur premier emploi. Nous poursuivons notre soutien à Anand Majhi, qui étudie en 4ème et dernière année afin de devenir ingénieur civil. Bandana Chaudhary, après avoir réussi ses classes 11 et 12, a commencé ses études d'infirmière. Nikita Chaudhary, dont la bourse scolaire est financée par l'Association des Femmes Universitaires de Lausanne, a commencé la classe 11. Elle désire, après la fin de la classe 12, commencer des études d'infirmière. C'est avec plaisir que nous avons fait la connaissance de toute sa famille, y compris du petit chat... ! Mais c'est sur Saura Jha que tous nos espoirs se concentrent. Il a été accepté à l'université, en médecine et nous lui souhaitons plein succès ! C'est un bosseur et son papa est derrière lui !
Pensions : A la suite de la demande de nos employés en début d'année, de rapatrier l'argent de leurs pensions des banques suisses, nous avons pu effectuer le transfert des fonds et leur répartition sur chacun des comptes personnels ouverts. A l'avenir, les montants mensuels des pensions seront versés mensuellement et individuellement sur chacun des comptes personnels !
Montessori : Notre institutrice, Punam Yadav, est promise au mariage et nous quittera en avril prochain. Nous avons donc engagé une nouvelle jeune femme, Nilu Chauhan, qui parfait sa formation à Kathmandu et qui secondera, dès janvier, Benju, la directrice de l'école, jusqu'à la fin de l'année scolaire en cours.
Nos ennuis de véhicule, notre city van électrique s'est trouvé être partiellement détruit à cause des routes qui, pendant et après la mousson, sont dans un état catastrophique. Nous avons acheté et préparé un nouveau rickshaw. Le conducteur du city van, Binod, ayant refusé de conduire ce nouveau rickshaw, nous avons engagé M. Kabindra Yadav, paysan habitant Banrait Tole. Papa de trois enfants, son fils, est né en début d'année sans anus. Les médecins lui ont créé une poche sur le flanc droit. Il est nécessaire que l'enfant pèse plus de 10 kg avant que les chirurgiens puissent reconstituer son anus et lui permettre ainsi de vivre une vie plus conforme à la normale.
Animaux : Cette année, nous avons eu la visite d'une horde de buffles sauvages, échappés de la Koshi Tappu Reserve. Les lucioles furent de la partie, illuminant nos manguiers et nos cocotiers nuit après nuit et jouant à la fée clochette dans ma chambre ! Les colonies de perroquets verts et d'hirondelles se sont partagé nos arbres, cédant parfois la place à de merveilleux oiseaux aux couleurs fantastiques, jaune, brun et noir, bleu royal... Les marabouts sont toujours au rendez-vous, ainsi que les éléphants qui, malheureusement, ont tué une femme âgée devant sa maison à Kanchanpur, sur le chemin des champs de blé qu'ils affectionnent et servent – en novembre – de nourriture bienvenue.
Rencontres : J'ai eu la chance de rencontrer des femmes toujours exceptionnelles ! Une jeune médecin ORL, la Dresse Milan Maharjan, qui a fondé l'association Ear Care Nepal. Elle a écrit un manuel d'éducation concernant les soins à apporter aux oreilles. Ce manuel a été donné à nos instituteurs et leur a servi de base pour transmettre les informations qu'il contient aux élèves de nos classes, lors des cours sur la santé, dispensés dans notre école.
Saheen Sheikh est une jeune femme qui gère l'association Local Women Handicraft, offrant du travail à des femmes démunies. Cette association nous fournit les « sanitary bags » que nous avons distribué aux élèves féminines de notre école lors de notre camp gynécologique. En effet, il est reconnu que les protections hygiéniques sont quasiment inexistantes (trop chères pour les habitantes de nos villages) et que nos élèves sont absentes 4 à 5 jours pas mois lorsqu'elles ont leurs menstruations.
Le nouveau maire de notre région, M. Satya Narayan Sah, est venu se présenter à l'école et affirmer à quel point il soutient notre Association. Après avoir été traînée en justice, notre Association népalaise se tient sur ses gardes et nos membres espèrent voir de vraies relations de confiance s'instaurer dans les prochains mois.
Camps : Comme d'habitude, nos camps de santé se sont déroulés cet automne. Après le camp dentaire, c'est celui des enfants « différents » qui a vu de nombreux adultes nous rendre visite ! Mais il nous a paru difficile de renvoyer ces participants sans les réconforter. Le camp orthophonique s'est déroulé en deux phases et les personnes devant être opérées le seront dans le courant du premier trimestre de 2018. Le camp gynécologique également s'est déroulé en plusieurs étapes, les femmes opérées l'ayant été ultérieurement au camp.
Le programme de nutrition se poursuit jusqu'à la fin de l'année scolaire et nous sommes d'ores et déjà satisfaits des bons résultats obtenus.
Participations : C'est avec grand plaisir que j'ai pu assister à la grande fête organisée à Salambutar à l'occasion du 20ème anniversaire de la création du Shushma Koirala Memorial Hospital. Concert de musique classique revisitée ou concert de Ani Choying Drolma, visite de nombreuses expositions de peintures de styles divers, la vie culturelle de cet automne s'est également ponctuée de films, grâce à Netflix !
Activités : En Suisse, au cours des divers voyages qui m'ont ramenée au pays, j'ai eu le plaisir, avec les fidèles des fidèles, Betty, Monique, Madeleine, Claire, Isabelle, Fiorella, Eunice, de participer à la vente de Vufflens-la-Ville et à la Fête multiculturelle de Gland. Auparavant, nous avions rencontré les élèves de l'école Mont-Olivet de Vich et la Présidente de l'Association des Femmes Universitaires, qui soutiennent l'une de nos boursières. Diverses séances et notre assemblée générale ont permis de mettre en place quelques pièces de notre future politique sur place au Népal. Betty a organisé, à son habitude, la vente de Noël et en sa qualité de responsable des relations publiques, a mené à bien divers contacts avec l'école de Jouxtens-Mézery aussi bien qu'avec le CRA ou la société Marcel Blanc qui nous offre du matériel médical. Toutes deux, nous présenterons l'Association aux membres du Lion Club de Lausanne au tout début janvier et d'autres rencontres sont d'ores et déjà programmées, dont nous vous tiendrons au courant et auxquelles nous espérons votre participation.
Souvenirs : Une pensée triste et émue pour mon amie bien-aimée Urmila, qui a pu, au terme de 7 ans de maladie, rejoindre Ganesh. Le décès du jeune frère de M. Khadga nous a également attristés à la mi-décembre.
Projets 2018 : Ils se concentrent en particulier sur les contacts à prendre avec des associations qui pourraient nous aider dans nos actions sur place. Mais ils sont aussi privés, puisque j'espère voyager avec deux de mes petits-enfants à l'occasion de leurs 10 ans et que notre arrière-grand-maman fêtera ses 90 ans !
Pour commencer 2018, je vous souhaite de reconduire le côté ensoleillé de 2017, et que ses ombres soient oubliées ! Une excellente santé, une profession enrichissante sans oublier de belles rentrées financières, une famille composée de tous ceux que vous aimez et des amis que vous vous choisissez, le coup de foudre pour les célibataires, des voyages magiques... en un mot : tout ce que vous désirez !
Édition n°77
De retour du Mustang « chez moi » au Sud le 9 juin, il ne restait plus que quelques jours avant que Mireille et moi ne rentrions en Suisse.
Je devais mettre les bouchées doubles, de nombreux rapports étaient attendus par divers de nos sponsors et il fallait distribuer les tâches à venir à chacun. Ce ne fut guère facile, car à nouveau une période de 8 jours de grève était annonce. Une longue absence difficile s'annonçait, peut-être comme d'habitude, mais nous ne savions pas que la mousson allait se déchaîner !
En Suisse, quatre événements eurent lieu : tout d'abord, ce fut le déroulement de l'Assemblée générale annuelle de notre Association (AGS). Un moment des plus agréables, partagés avec des amis de longue date plus que des membres de l'AGS, et bien que nous devions constater que cette année, un déficit de plus de SFr. 97'000.- creusait nos comptes !
Au début août, et suite à notre AG, les membres du Comité de l'AGS se réunissaient pour discuter de l'avenir de notre travail sur place. Il en ressort que je peux me mettre (un peu) en retrait et déléguer plus de tâches aux employés locaux de l'Association Ganesha Népal.
Le dernier samedi d'août et le premier dimanche de septembre, les fidèles des fidèles membres étaient sur pied de guerre pour nos deux ventes estivales, la première se déroulant dans les rues à nouveau très ensoleillées de Vufflens-la-Ville et la seconde, dans les locaux de l'administration communale de Gland. Nous étions invitées à participer à la Fête multiculturelle organisée chaque année par la Municipalité de Gland. Encore un moment de partage !
Puis, après les nombreuses rencontres avec les ami/es, les jeux avec les petits-enfants (certains deviennent bien grands !), la vision du film « White Sun » que je vous recommande, la participation (seulement sur les bancs, rassurez-vous !) au First Montreux Ladies Tennis Challenge, les rendez-vous médicaux, le shopping, les nettoyages, les bons repas et les grillades, la visite à la génération précédente, la préparation des bagages... me voilà prête à embarquer avec près de 60 kilos et un casque à moto, pour le Népal ! Septante – six jours bien remplis, passés sous le soleil, les belles et froides températures et quelques pluies, probablement nécessaire !
Me voici donc revenue depuis dix jours au Népal, dont trois passés à Kathmandu afin d'y passer quelques moments agréables avec une petite dizaine d'amis, ainsi que de me rendre à la banque pour y faire débloquer ma carte ATM, ainsi que mon compte, puis rencontrer M. Bista pour discuter des camps de santé à organiser au Mustang, M. Rama, de l'Alliance Française, qui a traduit plusieurs documents du népalais en français, en particulier un fascicule concernant les soins des oreilles, fascicule que nous recevrons de la Ear Care Nepal Association et qui nous permettra de mieux expliquer à nos élèves et aux villageois les soins à se prodiguer afin de conserver une bonne ouïe. Il ne me fallait pas oublier de passer voir Prabin au Dwarika et lui régler mes billets d'avion nationaux, puis au Pure Spices Center afin d'y rapporter des sachets de poivre du Tibet, poivre mal séché qui avait pourri, et les échanger. Lundi matin 11 septembre, à la première heure, envol pour Biratnagar, où je retrouvais Hariram et Umesh, notre taximan. Après les inévitables achats au Népal Bazar, rendez-vous avec le Dr KC, qui se déclare prêt à organiser toute la partie médicale du camp ophtalmique que nous organiserons au Mustang, en parallèle au camp dentaire qui sera lui, organisé par Interplast Germany, l'association allemande qui soutient depuis des années le Shushma Koirala Memorial Hospital de Salambutar / Sankhu.
De retour à la maison, les institutrices de Montessori viennent me souhaiter la bienvenue et nous faisons le point sur les différents problèmes que la mousson a déclenché cette année. Tout d'abord, la fermeture de l'école pendant plus d'une semaine, due aux destructions des deux chemins d'accès tant à l'école qu'au Centre de santé, mais aussi aux maladies des institutrices et des enfants. Cette année, la mousson a été terrible, dont une période de 9 jours de pluies torrentielles ininterrompues qui ont provoqué des effondrements de maisons (celles en branchages et terre battue n'ont pas résisté bien longtemps), de ponts, de routes et surtout, l'envahissement des terrains cultivables et plantés de riz – c'est la saison - par le sable charrié par les torrents de boue.
Le résultat est que les enfants véhiculé par le rickshaw ne peuvent plus accéder à l'école et doivent emprunter le même détour que les villageois, qui ont grande peine à accéder au Centre de santé, le détour est de plus de trois kilomètres, à exécuter, à pieds !
Lentement, les eaux sont absorbées, les grosses pluies étant sans doute terminées, mais elle ruisselle encore. Il faudrait deux à trois mois d'attente, afin de pouvoir entreprendre quelques travaux que ce soit !
Le plus gros de nos soucis est la route menant depuis l'entrée de l'école (délimitée par l'arche entrevue sur la photo N° 3).Toute la barrière a été désolidarisée du mur en pierres et béton construit afin de protéger notre terrain des crues de la mousson ! Les 5 derniers mètres de la barrière et du mur se sont également effondrés sous les assauts du torrent, et la terre surtout a été lessivée et emportée sur les terrains agricoles. De gros trous se sont formés sous la route et le parking, dont deux colonnes ne tiennent plus que par un fil !!
Après seulement deux ans d'existence de l'école et des dégâts réellement inattendus, aux arbres tout d'abord et à la suite de la tempête de grêle du printemps qui a saccagé la récolte de mangues, je ressens beaucoup de frustration et de colère contre les éléments qui, cette année, se déchaînent au Sud, après avoir ravagés le Nord du pays. Si nous avons été de tout cœur avec les Népalais qui ont subi les tremblements de terre de 2015, nous nous demandons quelle sera l'aide internationale qui nous parviendra, car les réparations – et non seulement pour nos dégâts, mais pour l'ensemble des paysans qui voient leurs récolte de riz anéanties et la pauvreté, voire la famine poindre – seront lourdes financièrement.
Il fallait déjà trouver les finances pour poursuivre notre action au Centre de santé pour 2018. Voilà que de nouveaux moyens sont à trouver pour réparer le chemin... Si nous pourrons utiliser les terres envahies de sable pour combler les trous, il faudra de grosses pierres, du ciment, des hommes salariés, des moyens que notre Association ne peut débloquer. J'ai l'impression de parcourir le chemin de St-Jacques de Compostelle ! Quel karma... ! ! !
Et il ne faut pas oublier les autres dégâts ! Ceux provoqués aux peintures extérieures des bâtiments que nous venions de terminer, après en avoir terminé avec les réparations des bâtiments, suite aux tremblements de terre. La peinture « Enamail » employée a cloqué à cause de l'humidité ambiante (il fait encore entre 32 et 36° avec un taux d'humidité approchant les 98%), tentant villageois et étudiants, qui ont commencé à la gratter, arrachant de grandes plaques de peinture !
Et ceux qui ont dévastés nos nouvelles plantations d'arbres... Il n'en reste que 5% environ... ! Mais nous les replanterons, et cela va commencer dès la semaine prochaine, alors que j'irai les commander à la jardinerie de Rupni et que nous les planterons dès qu'ils seront disponibles. En espérant que la jardinerie n'a pas trop souffert ?!
Sur le métier, remets cent fois l'ouvrage... Ouais, mais à un certain moment... RAZ-LE-BOL !
Ces travaux de peinture seront entrepris ultérieurement, non pas remis aux calandres grecques, mais... ultérieurement ! Le plus urgent est de pouvoir sécuriser les chemins.
Depuis mon retour, l'école gouvernementale est fermée en prévision des élections qui se dérouleront demain. Montessori et le Centre de santé, pour la même raison, mais également à cause du festival Jitiya respecté par nombre de castes dans la région sont également fermés. Aujourd'hui, car c'est le premier jour de Dashain, journée consacrée à la bénédiction des machines et des véhicules, avec ou sans moteur, afin de leur souhaiter un bon fonctionnement pour l'année qui vient ! Les écoles ouvriront leurs portes dès mardi, mais l'école gouvernementale fermera mercredi car c'est Loshar... Dès le 27 septembre et jusqu'au 8 octobre, ce seront les vacances de Dashain. Pas de quoi se fatiguer vraiment, mais beaucoup d'attente, car toutes ces journées fériées ne sont évidemment pas propices à ordonner quelque matériel que ce soit.
Cette nuit, la fée Clochette (une luciole) m'a rendu visite et j'ai attendu avec grand espoir la venue de Peter Pan... C'était féérique et j'ai adoré ce moment de grâce ! Garder une âme d'enfant, c'est peut-être la solution !
Profitez-bien de votre week-end du Jeûne, dont je ne me souviens plus de la signification, mais de l'odeur des gâteaux aux pruneaux !
Un voyage au Mustang - édition n°76
Ce dimanche matin 14 mai, tout est réglé comme du papier à musique : nos dames sont à la réception, le taxi est à l'heure, nous arrivons à trouver deux trolleys à bagages à l'aéroport domestique, il n'y a pas de queue, très peu de voyageurs... mais nous sommes quelque peu en avance. M. Bista m'avait informée que notre vol partait à 10h, nous attendons donc patiemment. Je raconte à nos co-voyageuses, que les permis d'entrée au Mustang et celui établit en faveur du soutien à l'Association pour la conservation de la nature autour de l'Annapurna comportent une quantité d'erreurs incroyables ! Non seulement les photos de Mireille et moi ont été interchangées, mais Christa est de nationalité allemande et non Suissesse comme indiqué sur son permis, alors que Sybille, allemande également, se retrouve Hollandaise !
Bon, en continuant à contrôler les papiers, je m'aperçois que notre avion pour Pokhara n'est pas prévu à 10h, mais à 14h30 ! Nous voilà à devoir attendre plus de 5 heures, dans cet aéroport où rien n'est prévu pour une si longue attente! Et comme c'est jour d'élection... eh bien ! Nous ne pouvons pas quitter le bâtiment ! Le gentil réceptionniste chez Yéti Airways nous fait entrer dans le « salon » d'attente pour l'embarquement, alors que les formalités ne sont pas encore réglées, mais où nous pouvons au moins nous désaltérer et manger sur le pouce. Tout est bien qui finit bien puisque l'avion va partir avec une demi-heure d'avance, et finalement, nous avons tout de même en fin de journée, le temps de flâner au bord du lac Fewa de Pokhara (ville touristique située à 820m), de déguster un apéritif, puis de manger du poisson frais grillé, un régal !
Lundi matin, alors que le guide Tashi nous avait informées le soir avant que nous mettrions environ 6h pour rejoindre Jomson en jeep, nous décidions de partir à 8h de Pokhara. Sans penser une minute que les 6h sont des heures népalaises... puisque nous rejoignions Jomson à 18h45 ! La seule route de Pokhara à Jomson est une vraie catastrophe, pierreuse au possible et même en 4x4, on avance au pas de l'oie ! Les bureaux de contrôle pour l'entrée au Mustang étant fermés à notre arrivée tardive, nous continuions notre route jusqu'à Kagebeni, empruntant pour la première fois le lit de la Kali Gandaki. Arrivées à Kagebeni, notre logement nous attendait pour deux nuits. Fatiguées, nous prenions un excellent et simple repas, vite fait et sans vraiment nous décrasser (l'eau chaude étant aux abonnés absents), ce fut dodo !
Mardi 16 mai, départ pour Muktinath à 9h après un excellent petit déjeuner. Une petite heure de route, bien meilleure la route, et nous arrivions déjà à 3'800 mètres ! Si l'air y est frais et plus pur tant qu'un camion ou une jeep ne passe pas à côté de la voiture et nous poudroie de poussière, il y est aussi déjà plus rare et nous le ressentons rapidement ! Une belle journée ensoleillée, mais je ne monte pas au temple fameux de Muktinath à encore quelques centaines de mètres plus haut... L'acclimatation à l'altitude n'est pas encore faite. J'attends mes collègues et nos guides au soleil, observant les touristes qui montent et descendent de ce lieu de pèlerinage pour beaucoup, bouddhistes ou indouistes. Après le lunch, nous descendons à pied jusqu'au très vieux petit village de Jharkot que nous visitons, en particulier son herboristerie qui fascine Christa. Je profite que le médecin (amchi = médecin pratiquant la médecine tibétaine) soit là, afin de mesure ma tension : un peu trop haute... Il parle de l'altitude, de beaucoup boire sauf du café et d'éviter l'alcool ! Me voilà avertie ! Depuis ce petit village et après nous être restaurées à l'Hôtel No Name (sans nom...), les pieds ne nous portant plus, et les ampoules déjà installées, nous empruntons un bus local pour rentrer jusqu'à Kagebeni, dérangeant ainsi un groupe de touristes chinois qui ont de la peine à enlever leurs sacs des sièges que nous désirons occuper. Il semblerait qu'ils soient déjà en territoire conquis, impression peut-être moins superficielle qu'elle n'y parait. Nous rejoignions notre guest house, qui nous accueille avec de l'eau chaude ! Un grand bienfait après 48h de voyage poussiéreux !
Mais pas d'Internet... la connexion est « out of order » !
Mercredi 17 mai, une petite pensée au lever pour ma sœur aînée qui quitte allégrement sa soixante-sixième année. Après le petit déjeuner, excellent comme tous les repas que nous avons pris jusqu'à présent, nous allons visiter le village de Kagbeni et passons au poste de contrôle de nos permis... une simple formalité et départ pour Chhusang. En chemin, nous nous arrêtons au village de Tangbe, très ancien village des plus rustiques, tout comme celui de Tetang. Le premier est bien agréable, l'entrelas des ruelles débouchant dans des courettes ou sont gardées les cabris nés ces dernières semaines, les chèvres se ravitaillant dans les champs. Village à peu près désert, tous les habitants étant eux aussi aux champs, ces derniers magnifiquement verts, l'eau n'étant pas absente de ces régions ! A Tetang, nous exerçons nos talents, bien maigres en ce qui me concerne, de grimpeurs et trekkeuses, tout simplement en allant visiter le monastère. Antédiluvien s'il en est, il est dans un triste état, les statues ne sont pratiquement plus visibles et nous avons interdiction de les photographier, mais nous aurons certainement l'occasion d'en voir d'autres... Rien de particulier dans ce monastère pratiquement abandonné si ce n'est que les familles du village doivent, à tour de rôle, veiller sur lui... Ce qui me chagrine le plus, ce sont ces livres, véritables trésors à sauver ! Certains sont recensés et emballés dans des tissus les protégeant quelque peu, d'autres, une bonne moitié, sont livrés à la poussière du temps... et aux souris ! Il semble qu'il y ait pléthore de l'une et des autres !
Ce jour, nous nous installons à Chhusang (ouTsuksang, nous constaterons que les villages visités sont souvent écrits de plusieurs manières !), dans une « tea house », elle aussi des plus rustiques ! Ce qui est le plus étonnant jusqu'à présent, est que vers midi, un vent terrible se lève ! Assez froid, transperçant tout, soulevant des tourbillons de poussière, couchant les épis d'avoine, et s'infiltrant par les – souvent gros – interstices des fenêtres ! Heureusement, il se calme en soirée et dans la nuit ! En cette fin d'après-midi, nous grimpons ferme jusqu'à un très vieux monastère, creusé autrefois dans une falaise ! Les peintures murales et les statues que nous admirons, après l'ascension d'une échelle creusée dans un tronc d'arbres, sont magnifiques ! Les photos sont interdites... elles ne vous seront donc montrées qu'en catimini !
Jeudi 18 mai, nous partons pour Geling. Au poste où nous devons payer la jeep empruntée ce jour pour notre voyage (nous en changeons tous les jours, les conducteurs n'étant autorisés à conduire que d'un village à l'autre, car ils doivent connaître la route sur le bout des doigts, tant elle est dangereuse), on nous impose un passager qui pue littéralement de ne s'être pas lavé depuis des lustres et qui ne s'est pas retenu sur l'alcool ! Malgré de véhéments pourparlers, discussions et refus de le transporter, nous devons malheureusement l'accepter, car notre jeep est un transport local et non un véhicule privé ! Il est nécessaire de laisser la fenêtre ouverte et nous respirons une poussière du diable sur ces routes pierreuses ! Nous nous arrêtons à Samar (3660 mètres !) pour admirer la vue magnifique que nous avons sur les falaises rouges dont nous approcherons de plus près demain et afin de nous aérer un peu. Nous aurions souhaité nous débarrasser de notre encombrant et puantissime passager, mais rien à faire, personne ne veut le véhiculer ! Arrivées à Geling, nous passons toutes sous la douche, eau froide de service et faisons quelque petite lessive ! Le village, situé à 3'570 mètres, est à nouveau typiquement rustique, l'auberge agréable ! Nous regrettons que les touristes ne soient pas acceptés dans la cuisine, car c'est le seul endroit où il fait chaud ! Excepté au soleil qui nous tient encore compagnie lorsque nous grimpons visiter le monastère du village. Vieux, mais bien entretenu, il semble que des cérémonies (puja) s'y déroulent très régulièrement. La bibliothèque d'anciens livres est magnifiquement bien tenue, le chat noir qui pourchasse les souris, tout jeune et ronronnant, et le moine fort prêt à nous raconter toute l'histoire du temple ainsi que nous décrire en détails toutes les peintures qui décorent les murs. Nous en sommes heureusement étonnées et ravies, car de telles peintures seront retrouvées dans pratiquement tous les monastères que nous visiterons. Nous terminons notre promenade de fin d'après-midi par la visite de l'école gouvernementale, au sein de laquelle l'un des bâtiments est destiné à une école Montessori. Dommage, il est trop tard, l'école est fermée et les institutrices, formées à Kathmandu, sont déjà rentrées chez elles.
Etonnant Mustang ! Les montagnes se suivent à perte de vue, plus ou moins hautes, plus ou moins pierreuses ou constituées d'un agglomérat de pierres et de terre qui s'érode un peu plus probablement à chaque mousson. Nous pouvons admirer, depuis tous les villages où nous séjournons, quelques sommets enneigés, tels le Nilgiri qui culmine à 6940 mètres ; d'autres entrent dans un printemps fortement attendu et ne gardent de leur blanc manteau que quelques trainées de crème!
Les villageois sont accueillants, souriants, prêts à la discussion, quelque peu restreinte évidemment vu nos notions de népalais et surtout du fait que beaucoup d'entre eux parlent leurs dialectes, voire tibétain. Visages burinés des hommes qui jouent aux cartes, enfants morveux aux joues rouges, femmes aux travaux de toutes sortes, mêlés aux chèvres, aux vaches et aux chevaux, moyens de transport fort usité dans la région, car ils portent et le ravitaillement et les bagages des trekkeurs, et les trekkeurs quelques fois.
Partout, la nourriture est à recommander... entre momos, pâtes, pommes-de- terre à toutes les sauces, œufs et légumes, ainsi que de formidables strudels aux pommes, fruits de la vallée, nous sommes gâtées !
Vendredi matin 19 mai : jour particulier, puisque nous allons fêter les 60 ans de Sybille ! Christa et Mireille ont déjà décoré la salle à manger pendant que je retiens Sybille dans notre chambre ; notre guide, Wangyal, a demandé qu'un gâteau soit préparé en cuisine et nous prenons donc un très joyeux petit déjeuner, avant le départ pour Gami, à 3490 mètres. En chemin, nous nous rendons jusqu'à Dhakmar, pour admirer les fameuses falaises rouges, dont la légende explique la couleur par la bataille sanglante entre Padmasambhava, nommé le Guru Rinpoché ou maître précieux, et un démon, le premier, libérant ainsi la vallée, a tué le second, répandant son sang et ses intestins contre les falaises ! Croyances encore très vivantes dans tout le Mustang... Nous prenons le temps de faire un saut au très vieux monastère du village.
De Gami, le 20 mai, nous partons visiter encore un très vieux monastère, celui de Lo-Gekhar, ainsi que le l'ancien palais royal, en ruines, avant que de passer la nuit à Tsarang où nous souhaiterions pouvoir admirer les très vieux livres qui garnissaient la bibliothèque du monastère.
Malheureusement, beaucoup ont « disparu », nous n'obtiendrons aucune réponse quant à l'endroit où ils se trouvent actuellement. Ce monastère encore fréquenté par de jeunes moines, alors que beaucoup d'autres sont à l'abandon pratiquement, était celui géré par le frère du dernier roi du Mustang il y a encore une bonne quinzaine d'années, avant son décès. Dans cette fratrie, le frère aîné n'a régné que peu d'années, avant de mourir et d'être remplacé sur le trône par son frère puiné, le dernier roi du Mustang. Celui-ci a été déposé par le gouvernement Népalais, mais avait conservé nombre de ses pouvoirs locaux. Après le décès de son seul et unique fils, mort très jeune, ce dernier roi régnant a adopté son neveu, Jigmé S. P. Bista, actuel héritier du titre et qui sera probablement « intronisé » après la période de deuil, le vieux roi étant décédé à Kathmandu le 16 décembre 2016. Il ne régnera pas au sens propre du terme, mais il est l'héritier des traditions et à ce titre, reconnu comme le chef de la famille royale du Mustang. En visitant le monastère, nous voyons un moulin à prières (ou mani) qui a en partie brûlé, et à l'intérieur nous découvrons des dizaines de couches de papier très fin, sur lequel sont écrits des mantras, en particulier la phrase magique om mani padme om. Nous en monnayons quelques pages avec l'un des moines... nous en convoitons bien plus qu'il ne nous autorise à en emporter !
Ce 21 mai, nous arrivons enfin à Lo-Mantang, capitale du Mustang, où nous allons rester finalement 10 jours, tout d'abord afin de participer au plus fameux et célèbre festival : le Tiji (tenpa chirim), la grande fête pour chasser les démons, qui va s'étendre sur trois jours, à la pleine lune du troisième mois de l'année tibétaine (normalement en mai). Dans le monastère de Chode Gonpa, nous admirons les rénovations entreprises sous la direction de Luigi Fieri, célèbre restaurateur d'art et découvreur de grottes splendides, dont nous avons le plaisir de faire la connaissance.
Mon appareil de photos étant HS, me voilà à la recherche d'un magasin où il me serait possible d'en acheter un autre de remplacement ! Impossible... mais le propriétaire d'un petit étal de matériel électrique me propose le sien ! Me voilà sauvée et obligée de faire également appel à mon téléphone mobile, que je n'ai jamais vraiment utilisé pour autre chose que pour téléphoner ! Le festival se déroule sur la grande place, la place de la paix, devant le palais royal. Il s'agit de la commémoration de la lutte entre Padmasambhava et les démons et les vaincre à nouveau. Le Dorje Shunu ou grand lama, se retire dans une grotte pendant les trois mois qui précèdent la fête, afin de se recueillir et s'armer de force, car au cours des danses qu'il pratiquera pendant les trois jours, danses enseignées par Padmasambhava et qui se transmettent de générations en générations, il devra, avec les moines l'entourant, combattre à nouveau les démons !
Après que le festival soit terminé, nous partons ce 25 mai à cheval, visiter le village de Tsoshyar (ou Chhoser à plus de 4000 mètres) ainsi que le monastère de Nymphu. Expérience magnifique que la découverte de ce Mustang du Nord et de ses montagnes, plus mitigée quant à la balade à cheval... même si ces montures sont habituées aux chemins pierreux, nous le sommes moins lorsqu'ils glissent et nous causent de grosses frayeurs !
Le lendemain, je fais l'impasse sur la visite de la grotte du léopard des neiges (Snow leopard cave), car – et bien malheureusement pour moi – j'ai le vertige ! Et les chemins que nous devrions emprunter sont si abruptes que je dois être assistée ou fermer les yeux ! Alors je laisse mes collègues s'y rendre et propose mes services à Jigmé Jr ainsi qu'au très jeune et inexpérimenté team de notre hôtel. Nous allons passer la journée à préparer les tables des convives, à régler la carte des menus, à prévoir une multitude de documents qui devront être imprimés, à nous exercer à servir la clientèle du restaurant et à discuter avec eux, à se retrouver pour se présenter (cela n'avait pas encore été fait et le jeune manager Jigmé ne connaissait pas les prénoms de ses employés) !
Le 27 mai, nous repartons à cheval pour visiter les villages de Namgyal où se trouve le Gelup Monastry of victory et de Thinggar où nous découvrons le palais royal d'été... en ruines et qu'il est interdit de visiter depuis les tremblements de terre de 2015. Les structures sont trop atteintes et dangereuses...
Ayant eu peur sur mon cheval à plusieurs reprises, je renonce le lendemain à la visite du pays des nomades et à la rencontre avec les yaks, rencontre qui aura lieu tout de même le 29 mai, au retour de la visite (en jeep cette fois !) du monastère de Samdrup Ling, en ruines lui aussi. Après une âpre discussion avec notre guide, nous nous fixons un nouvel itinéraire pour le retour jusqu'à Pokhara. Tout d'abord, nous convenons d'un jour de repos à Lo-Mantang, nous permettant d'une part de passer une fois encore dans la ville et d'y saluer les personnes que nous y connaissons maintenant, et de pouvoir, pour le troisième jour, travailler avec le staff de l'hôtel. De Lo-Mantang, nous allons partir pour les villages de Dhi où nous nous arrêtons pour le lunch. Christa y découvre son « shangri-là » ! Puis nous allons jusqu'à Yara, d'où nous visiterons la grotte de Luri, à nouveau si haut perchée et accessible par un chemin si escarpé que j'en ai encore des frayeurs ! Mais l'intérieur de toutes ces grottes est réellement fantastique ! Entre dessins sur les murs, stupa, statues, kata et autres thankas, nous y découvrons des merveilles, tentatrices pour beaucoup, malheureusement !
De Yara, nous repassons à Dhi pour à nouveau y déguster un excellent lunch et poursuivons notre route en direction de Tangge. C'est jour de recherche de saligram, car nous traversons la Kali Gandaki en direction de Tsarang ! Ces pierres rondes et noires renferment des fossiles d'animaux qui vivaient sur ces terres et dans la mer, lorsque celle-ci, il y a des millions d'années, recouvrait le Mustang ! La chasse fut fructueuses, puisque nous en ramenons toutes les quatre quelques exemplaires !
A Tsarang, nous visitons le palais royal, lui aussi pratiquement en ruine. Le tout jeune moine qui nous accompagne nous interdit les photos et nous commençons à le chahuter ! Il veut que payions l'entrée, mais il n'a pas de tickets... nous lui répondons que « pas de photos, pas de tickets, pas d'argent » ! Le pauvre est très chagriné, car alors, il devrait payer nos entrées de son argent... qu'il n'a pas ! La plaisanterie lui rapportera quelques petits sous, puisque nous lui règlerons notre dû et lui remettrons une « bonne-main » pour sa peine !
De Tsarang, nous redescendons le 3 juin en direction de Muktinath, car Christa souhaitait pouvoir refaire des photos de cet endroit, photos qui – une fois transférées sur mon ordinateur qui devait les égarer – avaient été effacées par on ne sait quel démon ! Nous y passons la nuit et pour le dessert du souper, je commandais des « apple fritters », ou beignets aux pommes. On m'apporte un jus de pommes filtré... En fait, la jeune femme qui avait pris la commande ne savait pas que ces beignets figuraient sur la carte et le cuisinier n'a pas compris ce que j'avais commandé ! Après avoir bien expliqué et bien ri, une belle assiette de beignets nous est apportée et nous nous régalons toutes ! Nous avons constaté que des milliers de pommiers sont plantés dans toute la vallée et que ce fruit pourrait facilement être l'emblème du Mustang ! Il est préparé à toutes les sauces, vraiment, aussi bien séché que cuisiné, voire transformé en alcool ou en cidre. Le voyage fut long et après une douche bienvenue, nous retrouvons nos lits avec bonheur !
En début de matinée, nous visitons les temples de Muktinath : il semble que l'eau qui coule dans l'un de ces temples soit miraculeuse : les pèlerins se douchent ou emmènent des bouteilles qu'ils remplissent de cette eau. Dans le monastère suivant, l'eau « brûle »... c'est-à- dire qu'une flamme (minuscule et très bien cachée !) semble sortir de l'eau...
En partant de Muktinath, nous visitons le lac Dumba et le temple – monatère qui le surplombe, avant de rejoindre Jomson où nous passons la nuit.
Etonnant Mustang ! Les montagnes se suivent à perte de vue, plus ou moins hautes, plus ou moins pierreuses ou constituées d'un agglomérat de pierres et de terre qui s'érode un peu plus probablement à chaque mousson. Nous pouvons admirer, depuis tous les villages où nous séjournons, quelques sommets enneigés, tels le Nilgiri qui culmine à 6940 mètres ; d'autres entrent dans un printemps fortement attendu et ne gardent de leur blanc manteau que quelques trainées de crème!
Le temps est couvert, la mousson s'annonce dans ce Mustang « du bas » et nous rejoignons notre dernière escale, Thasang où nous logeons dans un fabuleux hôtel situé sur une colline... mais où obtenir un repas autre que des spaghettis ou des noodles (eh oui, nous sommes en très basse saison semble-t- il) est la croix et la bannière, et surtout très cher !!
La visite de la grotte Guru Sambuck (du 8 ème siècle) est prévue le lendemain, mais Sybille et moi y renonçons au vu de la difficulté, à nouveau, du sentier à peine plus large qu'un pied... Nous visitons le village tout en pente et flegmons à l'hôtel, à l'abri de la pluie et du froid.
Le 7 juin, après un périple de 25 jours, nous rejoignons Pokhara, nous nous installons à l'hôtel Kailash et retournons déguster du poisson frais au bord du lac Fewa ! Dernière soirée en compagnie de Wangyal, qui après notre porteur bien-aimé, nous quittera à l'aéroport de Pokhara le lendemain matin. De longues aventures, découvertes, rencontres... il restera pour toutes l'envie d'y retourner et déjà un projet de camp dentaire à organiser germe dans nos esprits. Nous avons vu beaucoup de misères et si nous pouvions organiser, dans ce Haut-Mustang qui nous a ravies, des camps sanitaires, nous serions vraiment heureuses d'y retourner et d'offrir aide et soutien à une population courageuse au possible, affrontant avec un sourire éclatant ces éléments naturels tels que le froid, le vent terrible, une nature hostile demandant des efforts à chaque instant!
Les rêves parfois deviennent réalité...
Si vous désirez en savoir plus sur le Mustang, je vous recommande de lire Michel Peissel, « Mustang, Royaume tibétain interdit », relatant ses trois mois de voyage au Mustang en 1964, alors que cette région était encore interdite d'accès aux étrangers. En le relisant, j'ai eu l'impression qu'en 25 jours, j'avais parfaitement suivi ses traces, un demi – siècle après, mais avoir rencontré bien des endroits et des gens qui semblaient immuables... s'ils étaient encore debout !
Encore les news de Gorpar - édition n°75
Le chaud printemps, la grosse fatigue, un peu de surmenage, voilà qui est suffisant afin d'organiser une « excursion » pour mon anniversaire ! Umesh et son taxi sont réquisitionnés, Kudan et son épouse filent en moto alors que MM. Khadga et Muneshwar nous rejoindrons sur place. Destination : la Koshi Tappu Reserve ! Nous y arrivons relativement tard dans l'après-midi, ayant décidé de manger le soir sur place. Nous pouvons apprécier l'endroit en nous promenant à dos d'éléphants, mais faisons l'impasse sur la canyoning, il est trop tard et les bateliers sont couchés ! Un bon repas nous attend, entre poissons grillés, pommes frites, dhal-bhat- tarkari, carottes et concombres débités, coca pour les uns, bière, sprite et vodka pour les autres...
Un moment d'amitié partagée qui fait du bien, avant de reprendre le cours de nos activités quotidiennes, parmi lesquelles le retour de nos petits Montessoriens « différents » et le grand plaisir de voir qu'ils ont tous deux progressé pendant leur mois d'entrainement intensif à Dhapakhel. Nous savons également maintenant quels sont les exercices que nous pouvons pratiquer quotidiennement avec eux afin d'améliorer leur vie. Jiblal revient avec un sourire encore plus éclatant, et Simran semble se sentir plus sûre sur ses jambes.
Le dernier meeting avec les institutrices de notre école Montessori a montré que nous nous faisons toutes du souci pour Aarashi, une petite fille qui a dû, à la naissance, passer 5 jours en soins intensifs. Elle est extrêmement sensible, pleure souvent lorsqu'elle doit écrire ou travailler à un nouvel exercice (elle débute la seconde année scolaire chez nous), est très lente et oublie facilement d'un jour à l'autre ce qu'elle a appris. Nous avons pensé utile d'informer ses parents qu'elle va suivre le même programme que les autres élèves, et que nous ferons un point avec eux régulièrement sur ses progrès ou ses retards. Elle a, par contre, toujours envie de chanter et de danser, matières dans lesquelles elle excelle et entraîne ses petits compagnons !
Chaque jour amenant son lot de surprises, en ouvrant ma porte d'entrée ce 1 er mai, je vois, coincé entre le mur et le porte - chaussures, un hibou tout apeuré. Je lui demande s'il est blessé, ce que je peux faire pour lui, m'accroupissant afin de l'effrayer le moins possible, mais il s'envole bientôt, attaqué par un corbeau ! Je le retrouve perché sur l'un de mes volets, tout tremblant, l'invite à entrer chez moi pour le protéger contre ce corbeau terriblement agressif, qui l'attaque continuellement. J'essaie bien de défendre ce Tyto capensis (une race rare et en voie de disparition), mais rien n'y fait, il s'envole tout à coup, suivi et attaqué par le corbeau ! Je lui souhaite de survivre, sans grand espoir, malheureusement... !
Les 1 er et 2 mai derniers, nous avons mené à bien notre camp ophtalmique 2017. Ce lundi, jour férié, pendant lequel l'école était fermée, était destiné à contrôler la vue des 243 adultes (126 dames et 117 messieurs) qui se sont présentés. Le lendemain, quatre cent quarante-sept enfants, (244 filles et 203 garçons) parmi lesquels nos quarante petits Montessoriens, ont vu leur yeux être contrôlés.
Le 7 mai, et bien que ce soit un dimanche, car seul le samedi est jour de congé au Népal, Anita (responsable administrative du Centre de santé), Punam (fille du paysan nous ayant donné le terrain sur lequel de Centre est construit) et moi, nous nous rendons à la banque afin d'ouvrir le nouveau compte. En effet, certains sponsors veulent que mon nom figure sur les papiers bancaires, pour raison de sécurité quant à l'utilisation de l'argent envoyé. Avant que de pouvoir ouvrir un compte, il nous a fallu organiser une séance de comité. En effet, la banque nous demandait entre autre, la copie de la décision du Comité de gestion du Centre de changer de banque, et amasser nombre de documents divers afin de prouver que le Centre existe bel et bien. Notre compte antérieur était déposé à la Nepal Bank Ltd (banque gouvernementale), et avons ainsi transféré le compte à l'Everest Bank Ltd (banque privée qui accepte qu'un étranger y loge son compte, ce que je me suis empressée de faire, en même temps, pour mon compte privé !).
Une mauvaise nouvelle relative à la santé de Benju, maîtresse principale de Montessori, nous parvenait en début de semaine suivante. Elle doit veiller à sa voix, souffrant d'un problème aux cordes vocales. Elle a donc dû arrêter d'enseigner immédiatement et pour deux semaines. Il était impérieusement nécessaire de nous organiser, car je ne pouvais la remplacer, partant en fin de semaine pour le long voyage – tant attendu – au Mustang ! Nous décidions de donner congé aux enfants le mercredi (un festival religieux tombe à pic !) et nous travaillions toutes à préparer les travaux des enfants pour les jours qui viennent. Crayons, ciseaux, feutres de couleurs, plastifieuse... chauffent toute la journée, ainsi que la photocopieuse ! Tout se passe bien pour le reste de la semaine... et j'embarque, avec Mireille, samedi matin 13 mai tôt pour Kathmandu. L'aventure MUSTANG peut commencer.
Nous passons l'après-midi à Kathmandu à attendre des nouvelles concernant le bus ou le taxi qui nous emmènera demain matin à l'aéroport, car le gouvernement a pratiquement instauré le couvre-feu : le 14 mai est jour d'élections et tous les véhicules à moteur sont interdits ! Les électeurs devront se déplacer à pied et qui veut se déplacer à moteur doit tout d'abord demander une autorisation spéciale. Evidemment, tous les touristes qui doivent prendre un avion ce dimanche sont quelque peu inquiets et harcèlent les réceptions d'hôtels pour s'entendre dire tout et son contraire ! J'avais pris les devants en envoyant un message à notre hôtel, le Shanker, demandant qu'un taxi nous soit réservé. Je connais assez le Népal pour savoir que pour une telle élection, celle des maires de toutes les communes et la première depuis 19 ans !, une grève totale serait décrétée !
Après un excellent souper au Kitchen Garden près de Buddhanath, avec Christa et Sybille qui seront du voyage au Mustang, nous passons chercher leurs bagages afin de les avoir dans notre hôtel. De leur guest house, elles viendront à pied le lendemain matin au Shanker et nous partirons ainsi toutes ensemble en bus... Bon, de retour au Shanker, on nous informa que le bus viendrait nous chercher à 7h. du matin. J'avertissais donc nos deux compagnes de route. Puis, et vu que j'avais réservé un taxi, la réception m'informa à nouveau qu'il viendrait lui nous chercher à 8h. Bon, je rappelle alors Christa pour l'avertir qu'elles peuvent dormir une heure de plus ! L'aventure MUSTANG peut commencer !
Les news de Gorpar - édition n°74
Depuis mes nouvelles précédentes, j'ai perdu un temps fou à collecter toutes mes adresses Email et à envoyer des messages un peu partout dans le monde, afin de rassurer famille et amis : tout va bien, je ne suis pas aux Philipines (vous le sauriez !) et mes finances se portent bien, donc ce ne fut qu'une tentative pour vous arnaquer!
Mais quel stress, après que mon adresse Email ait été piratée, que de savoir qu'il est possible d'entrer ainsi dans votre vie privée et ennuyer vos connaissances! Bien entendu je savais que le piratage existait, mais comme beaucoup d'entre nous, je pensais n'en pas valoir la peine... ! Grosse erreur, avec un côté positif, vous avez été très, si nombreux de par le monde à vous inquiéter de savoir de quoi j'avais besoin ! Encore une fois un tout grand merci !
Bon, les événements ont repris leur cours, ainsi que les bonnes et les mauvaises surprises !
Tout d'abord, ce fut le départ de nos deux enfants avec handicap pour un mois de formation, traitement, vie nouvelle avec leurs mamans à Dhapakhel, au sein de l'organisation Cerebral Palsy Nepal. De Priyanka, notre infirmière qui les suit sur place et les accompagne, j'ai reçu et reçois des nouvelles négatives : tout le monde est malade, elle la première, les mamans veulent rentrer, la nourriture... il n'y en a pas... ! Et celles que je reçois d'Astrid, Présidente de la Fondation A. Jacobs qui finance le projet Phulbari que suivent ces deux enfants, me rassurent : personne n'est malade, les mamans sont heureuses, les enfants souriants. Seule Priyanka est mécontente et raconte à toutes et tous qu'elle n'a aucun intérêt à suivre ces enfants handicapés et qu'elle est forcée de les accompagner... ! Je rêve...
La dernière semaine de mars a vu une affluence au niveau des inscriptions pour la nouvelle année au sein de notre école Montessori. Pas moins de 19 nouveaux enfants ont été acceptés. Ils sont répartis en deux groupes, les plus vieux (ceux qui sont nés en 2013) qui seront coachés par Kabita et les plus jeunes, ceux qui sont nés en 2014 et dont Punam s'occupera. Cette dernière doit encore faire un très sérieux effort d'apprentissage de l'anglais, puisque cette langue est enseignée et qu'elle ne la parle pas encore. Après la destruction de nos jardins par l'orage de grêle du 20 mars, j'ai couru les garden centres avec Kudan, notre concierge, afin de trouver de nouvelles plantes et fleurs qui garnissent nos parterres ! Ceux- ci ont retrouvé « figure florale », enfin à peu près, car un nouvel orage – sans grêle cependant – a de nouveau fait pas mal de dégâts. Achats à Biratnagar pour que la réserve de nourriture soit pleine avant l'arrivée de nos amis Suisses et Allemands, meeting divers, puis enfin, le 7 avril, nous avons vu se dérouler la cérémonie de remise des certificats de nos petits Montessoriens ! Un travail gigantesque avait été réalisé par nos institutrices et grâce aux enfants, nous avons pu vivre un peu de leur quotidien : chants, danses, petites scénettes et yeux brillants des parents et des enfants, tout fiers de leurs certificats leur permettant d'accéder à la classe supérieure !
Une visite, le lendemain matin, des villages environnants avec nos amis et par plus de 35° à l'ombre (il y en avait bien peu !) nous a tous mis sur les genoux ! Insolation, diarrhée, vomissements, maux de tête, nous fûmes tous à devoir passer un jour au lit, au thé noir ou à l'Imodium afin de pouvoir nous remettre ! Dès le 10 avril, et pour une semaine, les écoles étaient fermées pour cause de vacances de Nouvel-An népalais. En effet, le 14 avril est, chaque année, le premier jour de la nouvelle année et nous sommes maintenant en 2074 (je commence à me faire vieille... 123 ans !).
J'attaquais immédiatement les travaux de fin d'année, à savoir les rapports sur le programme de nutrition, les derniers développements à l'école Montessori, les comptes finaux annuels 2016-2017 et pour les réparations entreprises depuis début 2016, la préparation des salaires pour la nouvelle année, du budget pour l'AG qui va se tenir à fin juin en Suisse, etc. de quoi m'occuper du matin au soir ! Vacances, retraite, je ne sais plus vraiment ce que cela veut dire !
Une nouvelle attaque de notre groupe des canards a lieu dès le 12 avril. M. Khadga reçoit en effet une injonction de la Justice comme quoi l'Association Ganesha Népal doit cesser immédiatement toute activité sur le territoire de l'école gouvernementale... ! MM. Khadga, Yadav et moi nous nous rendons à Rajbiraj le 16 avril afin d'y rencontrer notre avocat. J'ai préparé un dossier « photos » béton de nos réalisations (bâtiments et plantations), ainsi que de toutes les lettres et courriels échangés avec les différents Head master ou District Education Officers concernant notre implication sur le sol gouvernemental... Anita, responsable du Centre de santé, m'a fourni les copies des courriers envoyés à l'attention des Head Masters lors de la préparation de nos camps de santé, afin qu'ils soient au courant des dates au cours desquelles les enfants seront examinés, classe après classe. Le jugement, rendu le 18 avril, renvoie tous les instituteurs à leur travail... et nous confirme que nous pouvons aller de l'avant quant à nos activités de soutien de l'école. Oui, mais bon, on va sérieusement y réfléchir en Suisse, car c'est la troisième fois qu'une attaque est lancée soit contre M. Khadga directement, soit contre l'Association et franchement, cela suffit ! Nous en avons assez de perdre notre temps et notre énergie à devoir justifier une action qui est reconnue comme valable par le Gouvernement et soutenue par des centaines de villageois. Seuls les trois canards, influençant maintenant la Head Mistress, ne veulent pas de notre Association ! C'est un comble...
Si nos 40 petits élèves ont repris le chemin de l'école Montessori le lundi 17 avril, nous ne voyons arriver les élèves de l'école gouvernementale qu'aujourd'hui! Les instituteurs étaient en vacances, les travaux des examens n'ont donc pas été corrigés à temps... et comme nous n'avions aucun résultat, les classes ne pouvaient donc pas être constituées !
Mireille, institutrice de couture qui poursuit son volontariat, est revenue d'Inde avec son fils qui nous rend visite quelques jours. Elle va booster les nouvelles élèves couturières et dans un mois, nous partons toutes deux rejoindre Christa et Sybille (deux fans du Népal), afin de nous rendre toutes les quatre au Mustang. Entre-temps, Cédric, qui déjà en automne dernier avait passé quelques semaines à sensibiliser les villageois sur la nécessité de nettoyer leurs villages, revient aujourd'hui pour deux semaines. Un printemps « chaud » dans tous les sens du terme, avec, à la clef un magnifique « pétage de plombs »... surmenage, quand tu nous tiens ! Heureusement, plus de peur que de mal, si ce n'est une GROSSE fatigue !
Les news de Gorpar - édition n°73
Mes news précédentes à peine envoyées, et travaillant au Janakpur Women Development Centre (JWDC), avec les femmes artistes peintres tout en peinant personnellement sur l'art Mithila... j'apprends que les forces Madheshi remettent les grèves au goût du jour. Si le samedi 4 mars était jour de congé au Centre, voilà que le début de semaine suivante va être complètement perturbé, les différents districts du Sud (Sunsari, Saptari, Siraha, Janakpur et les suivants) décident d'enchaîner les jours pendant lesquelles de nouvelles manifestations vont tuer plus de 7 personnes et empêcher toute vie normale de se dérouler. Il me faut « feinter » afin de pouvoir rentrer à la maison, car je ne souhaite pas rester à Janakpur, enfermée dans mon hôtel ! Alors, les connaissances sont mises à contribution, et me trouvent un taxi qui m'emmène de Janakpur à Lahan, le jeudi 9 mars, alors que le district de Saptari est en grève. Qu'à cela ne tienne : MM. Khadga et Muneshwar m'attendent près du Saptarishi Hospital (l'hôpital de notre gynécologue) et c'est en moto que nous parcourons les 50 derniers kilomètres. Retrouver mon « chez moi » après trois semaines d'absence, de tensions pour obtenir mon visa et de plaisirs partagés avec ces dames peintres est un vrai bonheur. Les quelques jours passés au JWDC ne m'ont pas vraiment fait avancer dans ma connaissance du Népalais, bien que ces femmes soient des pipelettes... elles ne restent pas une minute sans parler, généralement toutes ensemble, et pour se faire entendre, le ton monte et elles finissent par hurler – pratiquement, et souvent de rire ! Ma frustration et ma jalousie ne se sont pas calmées... je les envie encore de pratiquer tous les jours le dessin et la peinture, la poterie, le travail des tissus et confection d'objets divers ou la sérigraphie sur tissus ! Bon, c'est promis, j'y retourne... En arrivant à la maison, je m'aperçois d'une part que je n'ai plus accès au Wifi. La société NTC (Nepal TeleCom), a déménagé la tour de Kanchanpur à Biratnagar. Sans avertir ses clients, et sans donner la moindre information concernant les nouvelles conditions de réception des ondes... A ce jour, après 15 téléphones aux divers responsables... toujours rien ! Le directeur de Rajbiraj refuse de m'envoyer quelqu'un pour régler le problème... Entre-temps, vous avez appris comme moi que mon adresse Email a été piratée ! Certains/nes d'entre vous ont par ailleurs reçu un ou des messages, prétendument de ma part et demandant que de l'argent soit envoyé sur un compte bidon ! Evidemment, c'était une arnaque et je suis navrée pour les éventuels soucis que cela a pu créer. Par contre, je remercie de tout cœur toutes celles et ceux qui m'ont téléphoné ou envoyé un SMS, pour prendre de mes nouvelles et me demander de quelle aide j'avais besoin ! C'est du monde entier que des messages me sont parvenus, créant une chaîne de solidarité qui m'a beaucoup émue ! Alors un tout grand MERCI !
La fête de Holi, fête des couleurs, s'est déroulée sur deux jours, avec – bien entendu – un troisième jour de congé pour nos pauvres instituteurs et institutrices gouvernementaux afin qu'ils puissent se reposer... !
Les travaux de construction de la barrière entourant nos terrains agricoles se poursuivaient de bon train. L'équipe de Rabi travaille en harmonie et c'est un plaisir de les voir s'accorder, l'un coupant les fils de fer pour attacher le treillis, livré par camion, l'autre tirant sur ce même treillis pour le tendre, le troisième terminant les attaches avec son voisin, chacun d'un côté de la barrière. Un vrai travail d'équipe, avec le jeune futur marié aux casseroles, afin de préparer le lunch qu'ils partagent !
Le 17 mars, nous avions convoqué les parents de nos enfants Montessori, afin de leur demander s'ils souhaitaient poursuivre leur croisade auprès du District Education Office et défendre la proposition élaborée depuis 4 mois. Chose faite le dimanche 19 mars, avec une décision du District Education Officer d'étudier la proposition, d'en parler avec la Head Mistress et... de voir, car actuellement, c'est l'époque des examens SLC et on ne fait pas deux choses en même temps !
Samedi dernier, Mireille, MM. Khadga et Yadav et moi, prenions la route de Rajbiraj, afin d'y acheter le second van pour l'école Montessori. En effet, avec prochainement 35 enfants dont une bonne vingtaine à véhiculer, nous devions nous fournir en moyen de transport, le rickshaw ne suffisant plus. Celui-ci sera envoyé le matin et l'après-midi chercher et ramener les enfants de la région de Mainakaderi et le van électrique ira lui dans l'autre direction, jusqu'à Simra et retour. Le prix de ce véhicule ? SFr. 3'675.- et un entretien (batteries, réparations diverses, pneu, etc.), y compris le salaire du chauffeur, d'environ SFr. 2'270.-. Le chauffeur sera également engagé afin de veiller sur le terrain sur lequel vont être plantés nos arbres fruitiers.
Hier, j'avais eu envie de changer un peu de régime et préparé une « poule au pot » ! Enfin, un poulet, mais le résultat est le même et nous nous sommes régalés d'un bouillon et de légumes pour une fois nos frits ! Assis à la table, nous voyions l'horizon se noircir, au point qu'en vitesse nous fermions nos fenêtres... Grand bien nous en prit, puisque quelques minutes après le ciel nous tombait sur la tête ! Croyez-moi, ce ne fut pas qu'une expression ! 20 minutes de grêle ! Pendant vingt minutes, la grêle a saccagé tous nos magnifiques manguiers, qui – pour la première année – promettaient une récolte à qualifier de récolte du siècle ! Les parterres de fleurs, les légumes plantés par nos enfants, les arbres... tout est dépouillé, les feuilles, les fleurs, les fruits, les légumes, quelques vitres... tout est haché menu ! Une vraie catastrophe, un crève-cœur... et des rires d'enfants qui n'avaient jamais vu pareil déferlement de « neige » et qui s'en sont donné à cœur joie afin de créer des bonhommes de neige ! Merci, Dame Nature... mais nous recommencerons l'an prochain, et même avant l'an prochain ! Na ! Bon, fait un peu froid, aujourd'hui, la pluie n'ayant cessé que dans la nuit.
Les news de Janakpur, qui auraient dû vous être apportées par Cupidon ! - édition n°72
En effet, c'est en ce jour de fête de l'amitié et de l'amour que je désirais vous envoyer, à toutes et à tous mes très cordiales pensées et un tout gros bisou ! Mais voilà... j'ai probablement été distraite par un événement « urgent » et mes voeux sont restés dans le carquois de ce petit ange volage !
Je reprends où j'en étais précédemment restée dans mes news N° 71, à mi – décembre 2016, jouant ainsi à saute-mouton pour entrer de plain-pied en 2017.
Les premiers jours de mes « vacances » de fin d'année en Suisse furent tout d'abord consacrés à une journée « spa » dont j'avais furieusement besoin! Plaisir à l'état pur et... bien mérité !
Elles furent ensuite et avant Noël, fructueuses, puisqu'avec Betty, je me suis tout d'abord rendue à Genève, où nous avons rencontré la représentante de l'Association « Friends International ». Installée au Cambodge, cette association gérée depuis la Suisse ressemble fortement à la nôtre. Par contre, leurs moyens leur ont permis d'ouvrir des ateliers (couture, peinture, travail du cuir et sur pneus, papier, etc.) et j'étais intéressée par leur production variée. Betty et moi nous nous sommes décidées à acquérir quelques babioles que nous avons présentées en séance de comité, au début janvier.
Quelques jours de voyage prévu avec ma petite-fille nous ont permis à toutes deux de découvrir la Finlande, les rennes, les chiens de traîneaux et le royaume du Père Noël... Même pas froid, étonnamment et très peu de neige ! Nous rentrions avec l'année nouvelle, et toujours en compagnie de Betty, notre PR attitrée, les rencontres se poursuivaient. La première se déroula en compagnie du futur président du Lions Club de Lausanne, qui nous invitât afin de présenter notre Association lors d'une séance... en janvier 2018. Je rencontrais ensuite Jonathan, le nouveau gestionnaire de notre site Internet, remanié et que je vous conseille de visiter (http://www.associationganesha.org).
Le jour de l'épiphanie, Betty et moi étions à nouveau sur la route, nous rendant à la Municipalité de Gland où nous attendait Mme Weber. Cette dernière nous proposait de participer à la fête multiculturelle que cette ville organise depuis 7 ans. Avec notre stand, nous nous y sentirons certainement bien, et aurons l'occasion ainsi d'atteindre de nouveaux chalands et d'échanger avec des représentants d'autres parties du monde ! La fête se déroulera le dimanche 3 septembre et nous espérons vous y voir nombreuses et nombreux ! Les stands de nourriture typique sont – parait-il – alléchants et très diversifiés.
Entre le plaisir d'être avec mes petits-enfants, de rencontrer des amies, de flâner chez Payot (qui me coûte cher... car j'emmène toujours une quirielle de livres avec moi au Népal!), de déguster de bons petits plats bien de chez nous, mais aussi de courir de droite et de gauche afin d'acheter cenovis, fromages, saucisses, antipuces (pour le voyage au Mustang... ), bicarbonate de soude, produits de beauté, bouillons (de poule, de bœuf, de légumes... ), papier pour flip chart, lecteur DVD externe pour pouvoir visionner quelques films, décorations pour les certificats des enfants Montessori, stylos extra fins pour les dessins Mithila, graines pour la salade, chocolats (en cette saison, j'en importe au moins 10kg !),... et voilà que déjà je m'envole avec Mireille, couturière chevronnée et qui viens passer 6 mois au Népal afin de booster nos apprenties couturières !
Un voyage long, mais bien agréable puisqu'effectué en business class, une offre alléchante que toutes deux nous avons accepté afin de nous laisser choyer encore un peu ! A ce sujet, je rappelle que j'assume tous mes frais de déplacement, aussi bien en « economy » qu'en business, depuis 22 ans, ainsi que tous mes autres frais privés bien entendu !
Dès notre arrivée à Kathmandu, nous nous mettions à la recherche des divers objets et matériaux dont nous avions encore besoin sur place à Gorpar, et courrions d'un endroit à l'autre afin de régler les suspends : récupérer les nouveaux toners pour l'imprimante et la photocopieuse, déléguer à Dolma l'achat de la carte SIM népalaise pour Mireille, rencontrer M. Bista afin de régler notre dû pour le voyage prévu au Mustang en mai prochain, discuter avec M. Regmi de la traduction en népalais du texte décidé par les parents des écoliers Montessori, passer chercher chez KP le sac que j'y avais déposé en décembre et contenant déjà quelques achats d'épices pour la cuisine à Gorpar, acheter du pain au Dokaïma Restaurant de Patan et rencontrer Manish tout en rendant visite à sa maman, ne pas oublier de nous arrêter au Dwarika afin de régler nos billets d'avion pour Biratnagar, et terminer par la banque, où il me fallait retirer l'argent envoyé de Suisse pour le déposer sur notre compte à la Nepal Bank de Kanchanpur. Grâce à l'efficacité de Hari, notre chauffeur de taxi, nous finissions notre course d'obstacles dans la journée et pouvions, le lendemain matin jeudi 19 janvier, nous envoler pour Biratnagar où nous attendaient Hariram, mon « homme à tout faire à la maison » et Umesh, chauffeur attitré. Nous ne coupions pas aux achats de denrées alimentaires au Népal Bazar et de légumes et fruits au marché, premières impressions olfactives et visuelles de cette grande ville industrieuse, moche à mourir du Sud Népal ! Moche car les routes, comme dans tout le Népal, sont défoncées depuis plus de deux ans afin d'être élargies, mais les travaux suivent au rythme népalais et vont probablement durer encore dix ans ! En attendant, on ne respire que poussière et nous n'entendons que concert de klaxons !
C'est avec plaisir que je retrouvais mes pénates, et que Mireille s'installait dans le petit appartement à l'étage de l'école Montessori.
Une première rencontre avec les maîtresses de couture eu lieu le dimanche matin 22janvier. Mireille leur expliqua son travail futur et leur donna quelques pistes. A mon grand étonnement, Nira, notre maîtresse principale, acquiesçait à chacune des propositions faites, alors que dans son cours, elle n'en proposait – à ce jour – aucune !
Depuis que les couturières étaient installées dans le bâtiment Montessori, nous cherchions où installer une armoire afin que chaque maîtresse puisse y garder son matériel. Nous décidions d'en fabriquer une à trois pans, ainsi que de poser aux murs des listes de bois, afin de pouvoir y accrocher images, travaux réalisés, objets confectionnés, etc. La salle de couture a ainsi pris tout une autre allure, elle est maintenant bien « vivante » ! Un tout grand merci à Mireille qui la transforma en un tour de mains !
Les événements marquants de ces premières semaines furent les nombreux jours de congé octroyés aux élèves de l'école gouvernementale, comme d'habitude dirais-je ! Congé pour la journée des « martyrs », un jour, congé pour le décès de la maman d'une institutrice, un jour, congé pour Saraswoti puja, une semaine – enfin, dans ce cas, ce ne fut pas réellement congé, mais pas de cours et préparation de la fête – congé afin de se reposer de la semaine de préparation de Saraswoti puja..., congé pour ceci, congé pour cela encore... ! Alors que notre équipe de maîtresses dirigeant l'école Montessori est au travail de 9h le matin à 17h le soir ! Elles sont vraiment fantastiques, toutes les sept, car motivées par leur enseignement et par les résultats obtenus par les enfants !
Cette année, nous avons pu vivre un épisode tout aussi époustouflant que les éléphants dans mon jardin ! Ce furent 5 buffles sauvages, échappés de la Koshi Tappu Reserve qui se trouvèrent à courir d'un champ à l'autre, chassés par les paysans et une meute d'enfants! Nous pûmes les observer à loisir, alors qu'ils contournaient nos bâtiments, gambadant d'un village à l'autre, affolés par le raffut que leur présence provoquait !
Au début février, nous envoyions Kabita et Poonam à Kathmandu, afin qu'elles puissent suivre la seconde partie de la formation Montessori commencée au début janvier. Elles reviendront toutes les deux le 12 mars, Kabita afin de prendre en charge la nouvelle première année de formation des élèves (déjà notre 3 ème session...). Poonam retournera à Kathmandu à mi-avril, afin d'y suivre la formation « Rato Bangla » qu'elle a choisie. Cette formation sur une année, de style Montessori, s'adresse aux institutrices des premières années primaires. Elle reprendra ensuite son poste au sein de l'école gouvernementale.
A la mi-février, Mireille et moi profitâmes de nous rendre à Lahan afin d'y acheter des tissus pour confectionner des sacs, et du petit matériel tel qu'aiguilles, épingles, fermetures éclairs, etc. En effet, à la suite du camp pour personnes avec handicaps, notre employée Gita devait subir dans cette ville, au Saptarishi Hospital, quelques examens médicaux, dont des rayons X. Malheureusement pour elle, si son pied est « structurellement » en ordre, des nerfs et tendons sont abîmés. Ayant peur d'une opération, elle a décidé de continuer à vivre sans toucher à ce pied avec lequel elle vit depuis plus de 45 ans ! Entre- temps, nous avons reçu et livré la chaise roulante promise à la famille d'un jeune homme de 17 ans, avec handicap moteur – cérébral ! Sa parenté ne pouvait plus, vu son poids, le transporter aisément et cette chaise que ses parents doivent conduire, les soulagera grandement. Nous découvrions, le jour de la livraison, que la maman était gravement brûlée, son sari ayant pris feu lors de la confection d'un repas. Encore et toujours le même problème de sécurité ! J'envoyais nos infirmières la soigner et traiter ses brûlures afin que celles-ci ne s'infectent pas.
Au niveau du Centre de santé, nous avons convoqué tous les enfants et adultes qui devaient se soumettre à un nouveau contrôle et / ou un nettoyage de leurs oreilles, et ce à la suite du camp organisé à fin novembre 2016. Les personnes devant subir une opération ont été convoquées le 22 février à Lahan également, un médecin venu de Kathmandu étant enfin disponible. Elles sont opérées, avec succès, et sont actuellement en bonne santé, ayant retrouvé leurs foyers !
En ce début d'année, nous avons été souvent invitées à participer à des « puja » (cérémonies religieuses organisées en l'honneur de tout et de rien). Parmi toutes, l'une s'est déroulée au village de Mainakaderi, dans la famille de notre chef canard ! Invitation reçue, nous nous y sommes rendues. Il s'agissait d'une neuvaine organisée en faveur de la bonne santé et de la longévité des parents de Dharmanath. Neuf jours et nuits de prières, chants et musique crachés par des hauts - parleurs arrosant tous les villages environnants. Puis, dans un autre village, celui de Gorpar, ce furent 24h de chants en l'honneur de Ram, Hariram, Ram, Ram, psalmodiés également par haut – parleur. Le mois des mariages (car il y a au Népal des mois consacrés aux mariages et des mois pendant lesquels les mariages sont interdits, ou du moins non recommandés, non « auspicious » car non bénis des dieux), ajoutait encore des nuits perturbées par la musique disséquée par haut – parleur. Des nuits froides pendant lesquelles nous pouvions fermer les volets et s'isoler quelque peu de ces nuisances auditives. Une dernière puja fut dédiée aux grands-parents de nos voisins, décédés tous les deux. La tradition veut qu'un an après le décès des deux parties, les enfants et petits-enfants se rendent en Inde, au bord du Gange et y procèdent à des ablutions spécifiques. Après ce pèlerinage, il est d'usage d'offrir un repas à tous les membres de la famille, parenté éloignée, voisins et amis !
Parmi les nombreuses visites reçues, la plus significative fut celle d'une délégation de membres de l'Office d'Agriculture. Grâce à l'Office des Eaux et forêts, un puits va être construit cette année. Ce puits est destiné à toute la région agricole située entre les 11 villages que nous desservons avec notre Centre de santé. Il s'agit de pouvoir puiser l'eau à plus de 150 mètres de profondeur et pouvoir arroser plus de six cent mille mètres carrés de terres. L'Office d'Agriculture nous proposait donc – enfin – de planter environ 3'000 arbres sur notre terrain vierge. Arbres fruitiers produisant des mangues, des litchies, des pommes, des noix de coco, des bananes, etc. C'est pourquoi nous décidions de clôturer le terrain, afin d'empêcher les tentatives futures de maraudage... !
Nous prîmes donc à nouveau la route de Biratnagar, afin d'y régler une partie des frais dû pour la confection de la barrière de treillis qui entourera notre terrain, chercher des cotons pour confectionner les sangles des sacs préparés pour la vente en Suisse (eh oui, des nouveautés « faites maison » !), passer à la banque pour y retirer encore une partie des fonds envoyés de Suisse (autant pour déposer que pour retirer des fonds, il ne faut pas dépasser certaines limites au Népal, sous peine de se faire confisquer les fonds !!), y obtenir un relevé de compte prouvant que j'ai assez d'argent pour vivre un an au Népal (je dois justifier que mon compte est pourvu d'au moins $ 20'000.-, à dépenser dans l'année !), et faire le plein de légumes et fruits, pour le moins ceux que nous ne trouvons pas au marché de Simra! Le 19 février en fin d'après-midi, nous embarquions dans un bus de nuit, Mireille et moi, pour débuter notre périple jusqu'à Kathmandu. Comme chaque année, il me fallait renouveler mon visa. Nous y arrivions après 14 heures d'un trajet cahoteux et poussiéreux, à croire que TOUTES les routes du Népal sont en travaux !
A peine arrivées à l'hôtel ou nous nous débarrassions de nos bagages, nous filions au poste de police central. Après avoir rempli le formulaire adhoc, je le déposais entre les mains d'un policier qui me convoqua « après une semaine » pour récupérer le rapport confirmant que je ne suis ni un assassin, ni une voleuse, ni une dealer de drogue... enfin que j'ai patte blanche pour l'obtention du fameux sésame... Nous partions alors à l'Ambassade de l'Inde, Mireille souhaitant obtenir un visa pour une visite à une amie, au mois d'avril prochain. La demande se fera par Internet... en espérant que la personne responsable de dite demande n'oublie pas de l'effectuer !
Le lendemain matin, départ pour le Teaching Hospital, où je dois passer une visite « complète ». Là aussi, un rapport doit être établi sur ma santé, prouvant que j'ai encore bon pied bon œil ! Nous sommes environ 25 personnes à attendre notre tour... et nous passons les 25 le même examen, avant de passer à un autre ! Si bien que 4 heures après, nous sommes toujours à l'hôpital. Mais j'écourte car je refuse les rayons X et l'échographie, examens que je n'entreprends qu'en Suisse et si nécessité oblige ! La journée ne fait que commencer, puisque nous passons tout d'abord au centre Apple afin d'y acheter un câble pour les appareils de Mireille, chez Canon afin d'y acheter – encore – des toners pour nos différentes machines qui chauffent !, des épices dont nous faisons consommation, de la mercerie et des tissus.
Toujours accompagnée de Mireille, notre troisième jour se déroule tout d'abord à l'Ambassade de Suisse à Jawalakhel, où je dois obtenir une lettre confirmant que la Suisse n'a pas d'objection à ce que je m'installe au Népal. Puis nous rendons visite à l'Early Childhood Education Center, où Kabita et Poonam suivent leur formation et où, si les dates seront changées, Benju participera au second volet de la formation Montessori. En effet, ce centre de formation a planifié ce cours à cheval sur la fin de l'année scolaire et le début de la suivante, soit pendant les périodes les plus chargées de l'année, alors qu'il faut préparer les certificats, la cérémonie de fin d'année, les inscriptions pour la prochaine année, etc. ! A se demander si les managers de l'ECEC ont bien réfléchi à qui s'adresse ce cours !
Nous reprenons la route jusqu'à l'Alliance française, à laquelle j'ai confié la traduction du document prouvant qu'en Suisse, ma pension est suffisante pour que je transfère $20'000.- afin de vivre au Népal ! Chose faite, nous nous arrêtons et visitons quelques magasins sur Kupondole, dans lesquels nous effectuons divers achats pour nos ventes suisses : boîtes à trésor magnifiques, cartes de vœux nouvelles, papiers lokta pour confection de cadeaux, drapeaux de prières, marchandises que vous retrouverez sur notre stand, lors de nos ventes ! Nous visitons l'exposition des tissus mexicains à la galerie Siddhartha, au sein du Baber Mahal, où nous nous restaurons également. La journée se poursuit par la rencontre avec Manish et sa maman, dont la santé se péjore encore. Manish a préparé le carton de matériel restant du Art camp qui s'est déroulé en novembre 2016 et je vais emporter ce matériel pour le donner à nos élèves : boîtes de peinture, pinceaux, ciseaux, gommes, crayons et taille crayons, craies grasses, blocs de papier, sacs feront le bonheur de nos petits !
A 18h, nous avons rendez-vous au restaurant Dokaïma à Patan toujours, avec Kabita et Poonam. Elles sont au milieu de leur formation et enthousiastes de tout ce qu'elles apprennent ! Surchargées aussi par le travail qu'elles doivent fournir tous les jours, restant souvent éveillées jusque tard dans la nuit pour produire le matériel qu'elles devront présenter le lendemain en classe ! Nous décidons de visiter Changhu Narayan et Bhaktapur, toutes les quatre, le samedi suivant. Un moment de détente bienvenu pour toutes ! Jeudi 23 février, nous partons pour Chhauni et un rendez-vous avec la productrice des boîtes à bijoux que vous aviez pu découvrir l'an dernier. Elle se déclare fort intéressée par toutes les activités que propose Mireille et désire organiser un séminaire avec d'autres entrepreneuses. Ce sera pour une prochaine année, la responsable du club BPW de Kathmandu avec laquelle nous aurions dû discuter n'étant pas disponible pendant notre séjour. Nous partons alors visiter Swayambunath, second haut lieu religieux de Kathmandu après Pashupatinath. La journée va se terminer par l'achat de costumes népalais pour nos garçons et fillettes, qui vont en avoir besoin pour la cérémonie de fin d'année. Nos institutrices répètent des chants et des danses nationaux. Nos enfants se produiront devant leurs parents et nos invités suisses et népalais, lors de la cérémonie officielle de remise des certificats. Ce même jour, le 7 avril prochain, nous exposerons tous les travaux réalisés par nos couturières pendant le dernier trimestre de leur formation ! Une façon de promouvoir leur travail et surtout les activités que Mireille aura mises en place et dirigées de main de maître !
Shivaratri, la nuit de Shiva, donne lieu à une très grande ferveur religieuse, des milliers d'hindous se rassemblant à Pashupatinath afin d'y vénérer le dieu suprême. Ce matin du vendredi 24 février, nous nous rendons tout d'abord au Teaching Hospital, afin d'y chercher le rapport médical attestant de ma bonne santé ! C'est fait ! Puis j'emmène Mireille visiter Budhanath, dont la stupa est reconstruite, plus belle qu'avant ! Après nous être restaurées et avoir rencontré brièvement Astrid, de retour au Népal pour une dizaine de jours, nous partons à pied visiter ce fameux Pashupatinath. Nous ne pouvons pas nous rendre au temple, n'étant pas de religion hindoue, mais nous pouvons visiter le site et assistons à de nombreuses crémations. Moment éprouvant s'il en est pour Mireille. Toujours à pied, nous partons – après l'arrivée en fanfare du Premier Ministre, accompagné des forces de police – en direction du Dwarika, où nous avons décidé de participer au BBC (barbecue) organisé tous les vendredis soirs. En dehors d'un excellent repas bien arrosé, nous avons le plaisir de faire la connaissance d'une Allemande, Ursula von Euch, qui a fondé une école à quelques kilomètres de Biratnagar, école que je me réjouis de connaître lors de mon prochain passage dans cette ville !
Comme promis, nous passons notre samedi à déambuler dans la petite ville de Changhu Narayan et la belle ville de Bhaktapur, malheureusement défigurées par les tremblements de terre de 2015. C'est dans cette dernière ville que vous mangerez un excellent sikarni... du yoghourt nature, mais épicé et mélangé à des noix, noisettes et raisins secs ! Un délice... Brève rencontre avec notre peintre Tanka Lama et retour dans nos foyers !
Dimanche 26 février, 10h du matin : nous sommes devant les portes du poste de police où je dois obtenir le rapport de bonne vie et mœurs. 11h, midi, 13h, 14h... le bureau de l'Immigration va fermer et je ne pourrais pas obtenir mon visa aujourd'hui ! 15h05, la lettre est enfin tamponnée, signée, entre mes mains... Nous filons à l'Immigration, à l'autre côté de Kathmandu ! 15h30, nous y arrivons, grimpons les deux étages et essoufflées, dérangeons les 5 personnes encore assises dans le bureau à ne rien faire... mais vraiment à ne rien faire ! Il va me falloir attendre 16h50 afin que l'une des personnes (les autres sont parties car les bureaux ferment à 16h30), veuille bien s'occuper de mon dossier. Il faut dire que j'ai refusé de quitter l'endroit à trois reprises... Ben quoi, ce n'est pas de ma faute si l'électricité ne fonctionne pas et si le générateur est en panne !!!
17h30, le visa est dans mon passeport... avec une rature qui, je l'espère, ne portera pas à conséquence lorsque je me retrouverai à la douane!
Mireille, qui m'a soutenue tout au long de cette course aux papiers, va pouvoir s'octroyer un jour de visite et découvertes des environs de Kathmandu sans moi ! Je suis lasse et j'ai quelques Emails en retard, à mettre à jour avant notre départ pour Janakpur, enfin !
Est-ce que vous serez étonnées si je vous écris que nous nous embarquons sur Yeti Airlines avec plus de 90 kilos de bagages ? Et dont le surpoids de 50 kilos nous est gracieusement octroyé par cette compagnie Et m'y voilà, travaillant au Janakpur Women Development Centre, au milieu d'une trentaine de femmes artistes et peinant sur l'art Mithila... ! Cet art « naïf », très ancien puisqu'il existait déjà au sein du royaume Mithila, établi entre le Nord de l'Inde (les états du Bihar et de l'Uttar Pradesh, à la frontière népalaise) et le Sud du Népal, le Teraï. Si tout se passe bien, je vais y rester encore une semaine, à exercer, heum... mes talents de dessinatrice et coloriste... Je suis fort jalouse des artistes peintres, en particulier, qui ont un geste si sûr et connaissent leurs sujets par cœur ! Peintures à l'origine décorant les maisons ou les temples, ce n'est que récemment que les femmes se sont mises à peindre sur papier lokta, ce papier népalais produit dans les montagnes.
Cependant, je me réjouis de retrouver mon chez moi et le calme ! Je n'en peux plus de ces chants religieux, de ce bruit des routes, klaxons des voitures et de la pollution due aux routes ouvertes ! Le calme, les oiseaux, même les bêtises de nos écoliers me manquent !
J'allais oublier ! Jean-Pierre, notre volontaire septuagénaire, connaissant tout et pouvant tout, nous a quittés d'une heure à l'autre, moins d'une semaine après notre retour de Suisse, suite à une prise de bec concernant de fausses accusations proférées sur Hariram et ma demande qu'il veuille bien couper sa barbe ! J'avoue que nous ne nous en portons pas plus mal, son mal-être était pénible et le rendait particulièrement agressif !
Les news de par le monde - édition n°71
Merci ! Un tout grand merci à vous toutes et tous de nous avoir encore aidés et soutenus durant cette année 2016 ! Voilà qu'elle est maintenant terminée, sur des notes de joie et de plaisir que je souhaite vous faire partager, sans, auparavant, manquer de vous souhaiter une magnifique année 2017 ! Quelle soit remplie de petits bonheurs quotidiens. En particulier, j'espère que cette année 2017 vous conservera en excellente santé, afin d'affronter les aléas de ce monde dans lequel nous sommes parties prenantes !
Je vous ai laissé alors que je partais, le 24 novembre dernier, pour le Janakpur Women Development Centre, où je rencontrais une trentaine de femmes qui « parlent » au travers de l'art Mithila ! Cet art est un art naïf tel que nous l'entendons chez nous, mais primordial dans le Sud Népal ainsi que dans le Nord de l'Inde ! Il est l'apanage des femmes, qui décorent prioritairement leurs maisons, mais aussi exercent leurs talents tant en dessins, peintures, sculptures, que tissage ou autres. En mars 2017, j'ai décidé de suivre pendant une quinzaine de jours leurs enseignements, en particulier dans le domaine du dessin et de la peinture.
En Suisse, le dernier week-end de novembre a vu se dérouler notre habituelle vente de Noël. Vous avez été nombreuses et nombreux à vous rendre chez Betty, qui trouve ici nos remerciements les plus enthousiastes, ainsi que nos amis Fiorella, Roberto et Tulo Monique, fidèles parmi les fidèles ! Grâce à vous, cette manifestation fut un succès, bravo et un tout grand merci, une fois encore, de votre fidélité !
Au Népal, les 28 et 29 novembre, nous terminions le mois par l'organisation de notre 3ème camp orthophonique, qui a remporté un grand succès, à nouveau ! Le premier jour, ce furent 356 enfants de nos écoles (210 filles et 146 garçons) qui ont pu recevoir des soins. Quarante et un enfants ont subi un test P.T.A. (test auditif spécial déterminant l'acuité auditive des personnes testées). Certains d'entre eux ont reçus des médicaments, en particulier des gouttes à appliquer dans leurs oreilles, afin de conjurer une infection latente. Cette moitié d'élèves présents à l'école un jour de semaine montre malheureusement combien ils ne font pas grand cas de leur scolarité, et combien les parents ne prennent pas en considération l'éducation de leurs enfants. L'explication se trouve peut-être dans le fait que nous vivions alors la saison de la récolte du riz et que tous les bras étaient bien évidemment nécessaires aux travaux des champs ! La journée s'est terminée par l'examen des oreilles de nos institutrices, instituteurs, du personnel du Centre de santé et de tous nos autres employés. Le lendemain, 52 villageois et 74 villageoises attendaient patiemment de pouvoir se soumettre aux contrôles et nettoyages de leurs oreilles. Septante-six tests P.T.A. ont été nécessaires sur ces 126 personnes. Quelques enfants, amenés par leurs parents et venus souvent de très loin, furent encore examinés. A la suite de ce camp de détection et de contrôles :
Une fillette et un garçon, pratiquement sourds tous deux, devront être appareillés spécialement par un Sonotone importé d'Allemagne. Le prix d'un appareil est de NR 35'000.-, soit environ SFr. 335.-.
18 étudiants et adultes vont eux devoir être appareillés d'un « sonotone » habituel, à NR 8'500.- la pièce.
23 opérations seront encore programmées, mais aucun médecin n'était disponible en novembre. Nos patients seront contactés ultérieurement, dans le courant du premier trimestre 2017.
Le mercredi 30 novembre après - midi, Benju avait organisé une séance d'information, dédiée à tout le staff de l'école Montessori, suite au séminaire que nous avions eu le plaisir de suivre à Kathmandu. Une réunion préparée avec grand soin, a permis à chacune, institutrices, Aryas, femme de ménage, de mieux comprendre les tenants et aboutissants du « leadership » en temps incertains ! Nous avons pu échanger et mieux comprendre les soucis, ainsi que les désirs de chacune. J'ai personnellement été très impressionnée par les diverses réactions de Mandika, notre femmes de ménage, qui observe ce qui se passe à l'école et applique la méthode Montessori à la maison, auprès de ses deux enfants ! C'est une énorme victoire pour notre enseignement et une attitude des plus réjouissantes pour nous !
Les dix premiers jours de décembre furent occupés à tout d'abord à rencontrer un couple de français, à Janakpur. Depuis plus de 20 ans, en France, ils ont développé une nouvelle manière de construire des maisons et bâtiments, en utilisant une structure confectionnée soit en briques, en piliers lourds ou en bambous, et remplissent les espaces ainsi créés par les déchets traités du chanvre. Des champs de chanvre sont en effet autorisés au Népal, pour la production de divers objets. Le Gouvernement a la main mise sur ces plantations et interdit bien évidemment la production de drogue, sauf pour la consommation des sadhus, lors du festival dédié à Shiva... Le responsable de la construction de nos bâtiments, Rabi, a été fort intéressé par la méthode, qui promet une stabilité des bâtiments pour au moins 200 ans !! Sur le chemin du retour, nous nous arrêtions chez le Dr Subhas Sha, qui s'offrait à venir examiner les enfants avec handicaps, dans le cadre du camp que nous souhaitions organiser en 2016. Nous avons fixé la journée au 12 décembre, nous permettant ainsi de mettre sur pied l'annonce de ce camp.
Mais auparavant, nous rencontrions le 7 décembre les parents de nos enfants Montessori qui désirent défendre le projet de reprise du management de l'école primaire gouvernementale, afin de pouvoir offrir aux écoliers une meilleure scolarité de base. Tous les parents inscrits au groupe d'étude étaient présents, et nous avons pu définir les détails de ce projet, qui est actuellement à la traduction en népalais et sera présenté en janvier au District Education Office. Les parents désirent pouvoir gérer cette école primaire selon les méthodes et la philosophie Montessori, et en faire une école modèle dans le district de Saptari, offrant une bien meilleure qualité d'enseignement que ce n'est le cas actuellement.
En parallèle, et à la suite de la discussion que Krishna, instituteur d'anglais et moi avons eue le 14 novembre, j'ai proposé à notre Head Mistress que nous organisions un séminaire avec les instituteurs de l'école gouvernementale, sur le thème : « team building ». Cette matinée de travail se déroula le samedi 10 décembre. A part Darmanath, notre canard en chef, tous les autres instituteurs et institutrices étaient présents et ce fut un grand moment d'échanges, de discussions, de prise de conscience de nos différences. Les instituteurs souhaitent que cette sorte de séminaires se poursuive, et que nous essayions de travailler en des termes plus amicaux et plus positifs. J'ai personnellement beaucoup apprécié ce premier échange et en organiserai d'autres, sur les thèmes demandés, tels que « comment gérer l'école », « apprendre de nouvelles méthodes d'enseignement », « créer une atmosphère positive afin de mieux collaborer », etc. Voilà LE challenge 2017 posé !
Le 12 décembre, seules 5 familles vinrent nous présenter ou nous parler de leurs enfants handicapés, alors que nous attendions une trentaine de cas. La raison en est l'organisation, il y a 2 ans, de notre premier camp, qui n'a malheureusement débouché sur aucun résultat concret pour les enfants et les familles. La jeune femme engagée à l'époque en qualité de « home visitor » a été renvoyée assez rapidement, car elle ne travaillait pas dans le sens demandé, à savoir visiter et conseiller régulièrement les familles au sein desquelles se trouve un enfant avec handicap. Parmi les employées de notre Centre de santé, nous n'avions aucune personne capable de reprendre le flambeau au pied levé. Ce n'est que cet été que nous avons pu envoyer Priyanka au Centre Cerebral Palsy de Dhapakhel et qu'elle a pu suivre une première formation dans le domaine du handicap infantile. Parmi les 5 enfants examinés par le Dr Sha, figuraient nos deux écoliers Montessori. Pour Saman, la fillette de 5 ans qui était refusée dans toutes les écoles de notre région, il n'y a pas d'autre traitement à envisager que son inclusion aussi normale que possible au sein de notre école Montessori. Elle a déjà fait d'énormes progrès, utilisant sa main gauche et s'aidant de la droite. Les autres enfants l'ont acceptée sans problème et font attention à ne pas la bousculer... trop ! Elle ne tient en effet pas très bien en équilibre, du fait de la défaillance de sa jambe gauche. Pour Djiblal, nous rencontrons des problèmes avec sa famille, ses parents estimant que cela ne sert à rien de l'éduquer, qu'il est de toute façon « inutile » et que personne n'a le temps de s'occuper de lui ! Nous insistons cependant tous les jours afin qu'il vienne à l'école, Punam allant le chercher en venant travailler. Il a également fait de gros progrès : il ne bave plus, mange maintenant avec les autres – qui, au début, ne voulaient pas s'assoir à ses côtés – et beaucoup plus proprement, il a pris l'habitude des WC ce qui n'était pas gagné au début !, il arrive à tenir un crayon, à terminer un puzzle, à écrire les premières lettres en anglais et népalais... Toutes nous sommes très fières d'avoir intégré ces deux enfants. Les autres écoliers se développent parfaitement, les parents, quelque peu dubitatifs l'an dernier (ils voulaient que leurs enfants apportent des leçons à travailler à la maison !) sont aujourd'hui rassurés... et nous soutiennent dans nos activités.
Après des achats d'épices et de thés (11,6 kilos ramenés à votre intention !), d'un bonnet d'hiver pour mes vacances en Finlande (un super bonnet en 100% cashmere !), des visites à quelques amis et l'inscription de nos institutrices à leurs prochaines formations, j'embarquais le 16 décembre sur Qatar, afin de rentrer au pays et d'y passer les fêtes de Noël et de la nouvelle année.
Une fois encore, à toutes et à tous, une excellente Année 2017 et au plaisir de vous rencontrer lors de nos prochaines manifestations !
P.-s. : Eh oui! Les toilettes ont été réparées!!
Les news de Gorpar - édition n°70
Le 4 novembre dernier, nous partions, Benju et moi à Kathmandu. Nous allions participer à la Conférence de l'ECEC (Early Childhood Education Centre) sur le thème : « De la théorie à la pratique » ! Nous arrivions à Biratnagar à l'heure, en fin de journée, mais voilà... le Président indien étant de visite au Népal, toute la région de Kathmandu était sous couvre-feu ! S'étant déplacé à Pokhara et revenant sur Kathmandu par avion, sa protection nécessita l'arrêt complet du trafic aérien national et international pendant plusieurs heures ! Personnellement, nous arrivions à Kathmandu avec 1h30 de retard sur l'horaire prévu... La conférence se déroulant à Patan, nous avions décidé de loger au Newa Chen, petit guest house charmant et que nous connaissons depuis de nombreuses années. Un plaisir de retrouver Mme et M. Shrestha, toujours aussi fringants l'un et l'autre.
J'ai attendu, il n'est pas venu, retenu sur la route de Manakamana par un accident, car en cette période de Dashain, les routes étaient encombrées au maximum !
Le lendemain matin, nous retrouvions environ 500 personnes au St-Xavier Collège (mis à disposition de l'ECEC pour les deux jours de la conférence). Parmi tous ces participants, nous rencontrions Julia, les « petites » nonnes d'Astrid, la femme de Suresh, ainsi que nous faisions la connaissance des quatre femmes déléguées du Bhutan, pays où se développe grandement l'ECD (Early Childhood Development). De nombreux ateliers, nous avons pu, chacune, en suivre 4 pendant ces deux jours, et des conférences plénières étaient présentés, que nous avons suivis avec grand plaisir. Pour ma part ceux en anglais, mais les conférences en népalais furent plus ardues, je l'avoue ! Benju a semblé être très intéressée par tout l'apprentissage qu'elle a emmagasiné, et de nombreuses références inconnues furent discutées en soirée. Conférenciers intéressants s'il en est, au point que – découvrant que deux Singapouriennes donnaient un séminaire sur le « Leadership » - nous décidions de prolonger notre séjour de deux jours et assister au dit séminaire. Qui semble avoir porté ses fruits, puisque à la demande de Benju, nous allons réunir notre staff Montessori et le 30 novembre après-midi, leur expliquer diverses méthodes de discussion constructives, de modèles mentaux, etc.
Le 14 novembre (bon anniversaire mon fils chéri !), et à la demande de Krishna Yadav, notre instituteur d'anglais en secondaire, je le rencontrai pour parler de notre école ! Toujours les même arguments : nous avons besoin de l'AGS, nous ferons comme tu dis, nous ne suivrons pas les règles du gouvernement, etc. etc... Je l'informais qu'après avoir discuté avec le DEO, d'une part nous n'assumerions plus que l'essentiel pour l'école gouvernementale et d'autre part, nous ne discuterions plus qu'au niveau du DEO, puisqu'il est impossible de communiquer avec la Head Mistress. En effet, cette dernière ne m'informe de rien et je découvre de nouveaux instituteurs qu'on ne me présente pas (c'est bien d'en avoir plus, mais je trouverais poli de savoir qui ils sont !), qu'elle crée un comité de gestion de l'école sans convoquer les parents, que des cours sont organisés avec la Croix Rouge sans que les employées du HCC soient averties, etc., etc. Par contre, si je plante un clou dans mon appartement, elle exige auparavant un courrier de ma part ! Je ne sais quelle mouche l'a piquée, d'autant plus que Krishna me dit qu'elle ne les informe pas plus (aucun instituteur ne savait que nous avions organisé le voyage de la classe 10, qui maintenant que la période pour le réaliser est passée, a dû être annulé pour cette année !).
Du 17 au 19 novembre, je me trouvais à l'école de Thumpakhar-8, dans le District de Sindhupalchowk. Toute cette région a été dévastée l'an dernier par les tremblements de terre. Il ne reste pas une seule maison sur pied (le village comptait 120 habitations) et 150 personnes sont décédées. Avec mon ami peintre et son team de choc, nous avions organisé un camp pour les écoliers (environ 150 enfants). Apportant un matériel considérable de peinture, papier, crayons, craies, ciseaux, sacs, taille-crayons, gommes, colle, instruments de musique, etc., nous avons pu offrir à ces enfants et à leurs instituteurs, trois jours de créativité dans le cadre du Get Well Soon Art Healing Workshop développé par Manish Lal Shrestha. Guérir au travers de l'art ou art-thérapie... un succès retentissant depuis plus d'une année que ce programme a été mis sur pied et qui se poursuivra encore, jusqu'à ce que plus de 10'000 enfants aient pu en bénéficier (nous en sommes à la moitié !).
Le 21 novembre étaient réunies les membres du comité de gestion du Centre de santé ainsi que les swamsebikas, afin que ces dames soient informées de la réalisation de notre troisième camp « ouïe », qui se déroulera les 28 novembre (enfants) et 29 novembre (adultes) prochains. Nous avons spécialement convoqués toutes les personnes qui ont reçu un appareil Sonotone ainsi que celles qui ont été opérées. Un contrôle sera ainsi effectué, et nous espérons que les résultats seront encourageants pour les prochaines années.
L'après-midi, Benju et moi préparions le meeting prévu le 22 novembre avec les parents de nos petits Montessoriens. Nous voulions leur présenter Jean-Pierre, notre volontaire et Kabita, notre nouvelle institutrice en formation, qui reprendra la classe N° 3 dès la mi-avril. De nombreux autres points seront évoqués : tout d'abord, les progrès réalisés par nos deux enfants avec handicap. Simran, dont le côté droit est paralysé, trouve de mieux en mieux son équilibre, apprend à écrire de la main gauche, se chausse seule, joue et communique maintenant avec ses camarades, comme toute petite fille sait le faire ! Les autres enfants font très attention à ne pas la bousculer et l'aide si nécessaire. Jiblal, qui a souffert d'une méningite, se sociabilise jour après jour. Il mange maintenant sans baver, tient ses deux mains sur ses genoux (au lieu de se tenir la fesse droite), il ne fait plus pipi aux culottes, mais a appris à utiliser les toilettes, il commence à travailler avec les crayons de couleurs, trace des traits dans tous les sens, et MIRACLE... commence à émettre des sons autres que des cris ! C'est une énorme victoire et surtout un très grand encouragement pour les institutrices. Les parents les ont félicitées et ont compris que c'est seulement dans une telle école que l'on peut prendre soin d'un enfant différent.
Benju a répété que les enfants doivent venir tous les jours à l'école, même s'il y a une « puja » dans la famille ou au village. Souvent, ces manifestations se poursuivent en après-midi et soirée, si bien que nos écoliers ne manquent pas grand-chose ! Elle insiste également sur la propreté des enfants, des ongles et des vêtements, demandant que les mamans évitent d'huiler leurs cheveux, huile qui se dépose sur tous les papiers qu'ils touchent... !
Les institutrices confirment qu'elles soignent les petits maux des enfants, leurs toux en particulier, et qu'ils sont toujours auparavant référés au Centre de santé. Par contre, nous ne leur donnons jamais d'antibiotiques, seul un médecin étant apte à le faire. Et de nombreuses « maladies » peuvent être soignées plus naturellement. Krit est un spécialiste du « trop manger » et il a souvent mal au ventre. Il veut aller au Centre de santé se faire soigner... Nous lui recommandons d'aller tout d'abord aux toilettes... ce qui le soigne généralement immédiatement !
Nous informons les parents présents que notre camp de santé orthophonique se déroulera le 28 novembre et que chaque enfant sera ausculté. S'il y a un problème, les parents trouveront une remarque dans le cahier journalier et seront convoqués pour des examens plus approfondis à l'hôpital de Lahan. Laissant la parole aux parents, ces derniers demandent qu'un deuxième rickshaw soit acheté et qu'un second chauffeur soit engagé. Question à discuter, car les frais sont relativement élevés et la participation financière des parents est très maigre.
Leur principale demande concerne leur souci de la 4ème année pour leurs enfants ! Que va-t-il se passer ? Où les envoyer ? Car il n'y a aucune école dans tout Saptari District qui permette que leurs enfants poursuivent leur développement tel que c'est le cas actuellement. Je leur propose de s'adresser au Gouvernement, afin que celui-ci octroie la gestion de l'école primaire à l'Association Ganesha Nepal et que nous puissions ainsi « manager » les 5 premières années qui suivent Montessori, selon le système ECD implémenté à Kathmandu. Décidés à réagir face à l'incompétence de la plupart des instituteurs de la SRSS, ils décident de discuter d'un projet à soumettre au DEO. Nous avons rendez-vous le 7 décembre avec une dizaine de parents, Kabita et moi, afin de mettre sur pied ce projet. Demain, départ pour le Janakpur Women Development Centre, et rencontre avec ces femmes qui parlent au travers de l'art Mithila !
Bon week-end et belle prochaine semaine à vous toutes et tous.
P.-s. : Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !!
Les news de Gorpar - édition n°69
Me voilà en ce 7 octobre de retour au Népal où je retrouve Cédric, Sybille et Rukmani! J'attends Cédric à l'hôtel afin de dîner avec lui. C'est un jeune policier volontaire suisse désireux de découvrir le Népal et qui s'est offert de venir parler d'écologie dans les villages environnants, ainsi que gérer les sports à l'école ! Pour se faire, nous avions « dévalisé » Athleticum en Suisse et emporté un gros sac de ballons de football, de volley, de balles diverses, de raquettes de tennis de table, de beach volley et de badminton, de Brazilian shuttle, de cordes à sauter, de boomerang, de filets, volants et balles spéciaux...
J'ai attendu, il n'est pas venu, retenu sur la route de Manakamana par un accident, car en cette période de Dashain, les routes étaient encombrées au maximum !
Mais ce 8 octobre au matin, je passe le chercher chez KP à Rato Pul, où il logeait dès son arrivée et d'où il a pu découvrir la vallée de Kathmandu et ses trésors. Nous retrouvons la Drse Sybille Keller et son assistante Rukmani à l'aéroport domestique. Nous nous envolons pour Biratnagar où nous attendent Umesh Dji et son taxi, ainsi que notre fidèle Hareram et sa liste de courses. Anita, la responsable du Centre de santé, emmène Sybille et Rukmani de manière à ce qu'elles puissent toutes les trois installer le matériel dentaire commandé et livré pendant mon absence. Cédric, Hareram et moi, nous nous chargeons des courses pour la semaine qui vient, car nous partagerons les petits déjeuners et le souper. Les lunches seront, comme d'habitude, préparés par Hareram et ses acolytes, pour toutes les personnes travaillant pendant le déroulement du camp dentaire qui débute déjà le 9 octobre. Pour votre information, vous en trouverez le rapport en annexe.
Le 9 octobre arrive le second volontaire, Jean-Pierre, qui va travailler pendant 6 mois, principalement pour l'école Montessori, et aider les institutrices à préparer leurs cours, du matériel, et parler anglais aux enfants.
La première journée « sport » commence le 10 octobre, et pendant tout le séjour de Cédric, soit jusqu'au 26 octobre, les écoliers vont s'en donner à cœur joie, en particulier pendant les vacances de Dashain, puis une fois les cours terminés ou lors de la longue récréation.
Sybille et Rukmani nous quittant le 14 octobre déjà, nous passons la soirée précédente au restaurant Tappu Village, à quelques kilomètres de Banrait Tole. Joyeuse équipe, atmosphère sympathique, repas agréable, quoiqu'un peu épicé, mais comment faire autrement ?
Après avoir déposé Sybille et Rukmani à l'aéroport, Hareram et moi retournons faire quelques emplettes de légumes et fruits à Biratnagar avant de rentrer, le marché de Simra étant peu achalandé en la matière. Le lendemain, samedi 15 octobre, premier jour « tranquille » pour nous, nous avons décidé de visiter la Koshi Tappu Reserve, ou une quinzaine d'éléphants sauvages a élu domicile ! Jean-Pierre est malade, il ne nous accompagnera pas, mais M. Khadga emmène trois de ses enfants, Anu, Josiane et Bibeck. Nous verrons de nombreux oiseaux et papillons, mais pas traces des éléphants sauvages ! Un super repas, une « croisière » sur la Koshi, la visite de villages et retour chez nous après une belle journée ensoleillée. Dès le lendemain, Cédric s'emploie à passer dans les classes et à parler d'écologie. Il a, pour se faire, créé un petit document expliquant la nécessité de récolter les déchets, plastiques, papiers, piles, etc., et indiquant sous forme de pyramide, le nombre d'années qu'il faut à ce matériel pour se désagréger sur et dans la terre. Sochiendra va lui être d'une aide précieuse, ainsi que Krishna, notre instituteur d'anglais. Cédric va suivre à plusieurs reprises les cours dispensés par nos instituteurs et pouvoir échanger avec eux.
Après les cours, l'équipe « écolo » (instituteurs, étudiants, Cédric) se rend dans l'un des villages environnants et le nettoie ! Ce n'est pas une mince affaire, il faut creuser des trous, récolter tous les déchets, qui parfois jonchent les sols depuis des lustres, nettoyer les cours intérieures des maisons. Les enfants sont très motivés, les adultes se cantonnant quant à eux à nettoyer juste devant leur porte. Le chemin commun n'appartenant à personne, inutile de se fatiguer...
Mercredi 19 octobre, je rencontre Subbhas Sha, le mari de notre gynécologue, qui m'a nommée conseillère spéciale pour la construction de son école à Lahan. Son projet avance lentement. Je lui remets le second plan que j'ai concocté, mais n'en suis pas encore trop satisfaite. Il me faut y réfléchir encore.
Ce même soir, branle-bas de combat : deux groupes d'éléphants sont annoncés et vus dans les villages de Rupnagar et de Gorpar! Nous sortons dans le préau de l'école, en faisons le tour, armés de bâtons et lampes, fausse alerte, nos pachydermes ne nous rendront pas visite.
Dans la semaine, notre Head Mistress nous avait invités à manger du pigeon chez elle. Elle nous envoie son fils et son voisin, en moto, afin de nous véhiculer jusqu'à Kanchanpur, M. Khadga officiant également. Cédric, Jean-Pierre, M. Khadga et moi avons bien dû nous partager un pigeon entre tous... mais il y avait également du poisson !
Le second samedi de congé, le 22 octobre, nous avions décidé de nous rendre à Janakpur. Sur le chemin, nous nous arrêtons chez Subbhas Sha et visitons le terrain sur lequel se construit (bien lentement), le parc de loisirs de son père. Rien n'a vraiment changé depuis mon départ du Népal en août dernier ! Le bâtiment de l'école n'est pas encore définitivement sur plans...
Le Janaki temple, le bâtiment dans lequel se déroule le mariage de Ram et Sita, les pieds sculptés de je ne sais plus qui, mais qui sont toujours à la même place, est impressionnant pour le premier. Les poupées articulées pour les seconds sont terriblement kitsch... Mais je découvre le musée de l'art Mithila, ainsi que le Janaki Women Mithila Art Center : une petite merveille et comme j'espère pouvoir y passer quelques jours, apprendre cet art et m'en rassasier !
C'est déjà l'heure du départ de Cédric. Nous passons l'après-midi du 26 octobre à Kathmandu, à courir les magasins, d'une part pour trouver encore quelques souvenirs à ramener en Suisse pour lui et le matériel nécessaire à notre prochaine vente de Noël. Les couteaux, les épices, les bijoux, les thés, les courriers, tout va trouver place dans la grande valise que Cédric referme sur des vacances productives et – je l'espère – intéressantes ! On se dit à l'année prochaine au Népal et à tout bientôt en Suisse !
Je reste encore un jour à Kathmandu afin d'y terminer le shopping pour Banrait Tole, passer à l'ECEC pour y inscrire Kabita (formation Montessori oblige), à la Rato Bangla Foundation, qui organise une année de formation pour les instituteurs de primaire, formation qui pourrait convenir à Punam. Je rencontre Lokendra Katri, le responsable de l'orphelinat Child Bright Future que nous avons aidé l'an dernier. Je lui remets le petit solde de l'argent restant des fonds reçus, qu'il utilisera afin de confectionner un habit d'intérieur pour les 36 enfants vivant actuellement au sein de cette institution.
Ce samedi 29 octobre marque le premier jour du festival des lumières, Tihar ou Dipawali. Je suis de retour à Gorpar, les écoles sont en congé pour une bonne semaine. J'attaque pour ma part les comptes, mes rapports et mes news ! Vous voilà bombardés !
Ce 1 er novembre, c'est « baï tikka » ! Nous aurions dû nous rendre chez le président M. Yadav. Il est de tradition de procéder à la bénédiction des frères, ce que je me dois de pratiquer pour M. Yadav, M. Khadga, Hareram, Kudan... Un petit dérangement intestinal m'obligeant à rester près de mes toilettes, ce sont ces Messieurs qui se déplacent et nous procédons sur ma terrasse à cette cérémonie. De Jean- Pierre, aucune nouvelle, il semble qu'il soit à Simra, où il se rend tous les matins, pour enseigner l'anglais à quelques élèves.
Tous les matins, au lever, en ouvrant mes volets, je suis émerveillée de voir la chaîne himalayenne si proche, si belle, si enneigée ! Cette saison, après la mousson, est la plus belle dans ma région, les champs verts ou changeants de couleur à mesure que le riz est mûr, le ciel bleu, le soleil rayonnant...
Aujourd'hui, 4 novembre, je pars avec Benju à Kathmandu. Nous allons participer, ce week-end, à la Conférence de l'ECEC sur le thème : « De la théorie à la pratique » !
Bon week-end et belle prochaine semaine à vous toutes et tous.
P.-s. : Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !!
Les news de Gorpar - édition n°68
En vous quittant, le 28 juillet dernier, je ne pensais pas que trois mois s'écouleraient dans le silence, mais pas sans histoires à vous raconter !
Me re – voilà donc, après avoir recouvré la santé et quelques moyens afin de vous conter mes aventures ! Enfin, les principales, car il y en a eu beaucoup, puisque je ne suis restée au Népal que 5 semaines cet été, avant de repartir pour la Suisse... mais commençons par le début !
Premier 1 er Août à l'Ambassade Suisse ! Décorations de drapeaux de tous les cantons, lampions, fromages (mais pas de fondue ni raclette), vins, repas semi – népalais, ambiance totalement népalaise à l'exception de notre hymne national... du « beau monde » semble-t- il, mais je ne connaissais que notre Urs Flückiger, consul, déjà rencontré il y a 5 ans !
Dès le lendemain matin, retour à la maison car nous devons engager une nouvelle future institutrice Montessori, Sanjana ayant renoncé finalement au poste. Le vendredi 5 août, à 15h, nous attendons les candidates... il n'y en aura aucune ! Après une longue discussion avec Benju et Sita, je propose que Kabita et Punam soient approchées afin de leur demander si elles seraient intéressées à quitter l'école gouvernementale et à se former pour reprendre le poste que Sanjana laisse libre. Kabita est enthousiaste, Punam, à son habitude, réservée, hésitante, ne donne pas de réponse claire. Je désire former quatre institutrices, car ces dames sont jeunes et je vois venir le moment où les bébés seront prioritaires ! Engager alors une personne sans formation ne serait pas une bonne idée pour les enfants. Mieux vaut avoir le temps et le prendre maintenant. Nos petits seront habitués à toutes nos employées et ne subiront pas le choc d'une absence ou d'un remplacement de dernière minute. Nous décidons cependant, au vu des hésitations de Punam, de lancer une nouvelle recherche à mon retour, au début octobre, pour la 4 ème institutrice.
Pendant toute la seconde semaine du mois d'août, nous attaquons les travaux de rénovation des classes (fissures des murs et des plafonds), puis nous peignons les murs. Je me déplace à Itahari pour y acheter les 200 litres de peinture Enamail BLANC... ben surprise... la peinture est d'un violet tendre! Tant pis, pas le temps ni l'envie de retourner à Itahari pour l'instant. Et puis, cette couleur finalement est tranquillisante, cela calmera nos étudiants ! Nous poursuivons également les travaux de peinture des portes dans les WC de la Casa Torino, afin d'uniformiser l'apparence des bâtiments. Le représentant népalais de l'Association suisse Maili, Ganesh Gurung, vient passer le week-end chez moi, afin que je puisse lui expliquer quelques-uns des mystères du management d'une association. Je ne dirais pas qu'il fut un « apprenti » studieux, car j'apprenais que c'est son neveu qui se charge du travail de bureau !
La troisième semaine d'août est consacrée au nettoyage des écoles primaires et secondaires, les travaux de rénovation intérieure étant achevés. Mon équipe féminine va œuvrer du matin au soir, car il y a fort à faire après que les portes, fenêtres et volets ont été décapés et repeints. Une petite vachette s'égare dans notre préau et me suit partout où je me rends... Elle est adorable, mais tout de même, je la rends à sa vraie maman, ne désirant pas l'emmener dans mon appartement au 1 er étage ! Pour nos petits Montessoriens, le 15 août est synonyme de rentrée des classes. Ils sont tout mignons et contents de retrouver les jeux et activités dont ils ont maintenant pris l'habitude. Nous accueillons un second enfant avec handicap. Ce petit garçon, normal à la naissance, a malheureusement été victime d'une méningite et s'il s'est remis physiquement, il ne parle plus. Ses parents en ont fait un gardien du bœuf familial. C'est un petit « singe », dont personne ne s'occupe. Mais il a des yeux intelligents, un sourire à faire craquer n'importe qui... et nous allons tenter de l'aider et de lui enseigner ce que nous pourrons ! Nous l'enverrons également à Dhapakel si l'occasion se présente pour lui de suivre l'entraînement consacré aux enfants muets.
Le vendredi 19 août, j'ai invité tous nos ouvriers et leurs familles pour le repas d'adieu traditionnel. Il y a plus de 30 enfants et bien une quarantaine d'adultes, y compris le DEO (District Education Officer) ad interim et ses quatre acolytes. Je lui demande dans quelle mesure il peut aider notre école à devenir vraiment la meilleure école du district, et de déplacer nos trois canards. Il me répond que ce n'est pas possible, car alors il aurait l'Association des instituteurs sur le dos... Je lui explique que notre Association considère l'école gouvernementale comme son bébé. Un bébé qui a grandi, qui a maintenant 20 ans. Un adulte quoi ! Eh bien, lorsqu'un adulte décide de vivre sa vie, sa mère doit le laisser faire... nous allons donc lâcher du lest, nous occuper dorénavant de ne plus donner aux enfants que les cahiers dont ils ont besoin et du matériel nécessaire pour leurs études, nous poursuivrons le programme de nutrition pour tous ceux qui en ont besoin (pratiquement 50% des écoliers), nous remettrons en ordre les bâtiments et les maintiendrons. Mais nous n'allons plus nous occuper de l'enseignement ou des relations avec les instituteurs qui ne sont pas du ressort de notre Association. Dans ce sens, nous réquisitionnons Kabita et Punam pour d'autres emplois. Libre au DEO d'engager d'autres enseignantes... du même cru que ceux venant se reposer au bureau... !
Du 23 août au 5 octobre, me voici de retour en Suisse. Avec mes fidèles membres du Comité, nous organisons le marché de Vufflens-la- Ville qui se déroule déjà le samedi 27 août. Je récupère le matériel envoyé de Kathmandu, des feutrines en particulier, mais aussi les bijoux, thés et épices. La journée elle-même se déroule tranquillement. Les chalands viennent le matin, mais quelle chaleur ! Nous plions bagages dès 16h, car il n'y a plus personne dans les rues, tout le monde est probablement à la piscine ou au frais, au bord du lac ou en montagne, profitant encore de ce magnifique temps.
Dès le 29 août, c'est l'organisation du souper de soutien qui occupe nos esprits. Pendant les trois semaines suivantes, j'alterne entre préparation de nos manifestations, gardiennage et ou anniversaire de mes petits-enfants ou nièce, mise à jour des comptes de l'AGS, rencontres avec des amis, invitations diverses, visites chez le médecin, achats pour le Népal (je vous le disais précédemment, je fais dans l'import – export !), déplacements aux Grisons pour assister à un enterrement, visite à Kempten en Allemagne chez notre fidèle dentiste qui revient au Népal cet automne pour le camp dentaire annuel. Le parcours du combattant.
Malheureusement, le 20 septembre, nous devons annuler le souper de soutien, faute d'inscriptions. Dommage...
Le 22 septembre arrive enfin ma petite-fille Sophia ! Une petite merveille, adorable, la plus belle du monde (heum !), qui va se révéler toute tranquille et facile, ne piornant pas, voilà qui est bien agréable ! La grand-maman se porte bien, merci.
J'assiste à des réunions du BPW (Business & Professional Women) et prépare dans la dernière semaine de septembre les trois jours du Congrès européen BPW 2016, congrès qui se déroule à Zürich. Mon amie Giselle Rufer, créatrice de la montre Delance, m'y accompagne et nous allons partager un stand afin de récolter des fonds pour l'Association.
Trois jours passionnants, mais également exténuants ! L'occasion de présenter en séance plénière notre Association, et plus précisément et longuement lors d'un workshop d'une heure trente.
Le début de la semaine de mon départ se déroule sur des chapeaux de roue ! Le lundi, j'ai rendez-vous à l'Administration Cantonale des Impôts. Dernier round, dernière discussion, dernière chance d'obtenir la reconnaissance de notre Association comme Association à but d'utilité publique. Et donc pour vous, d'obtenir un justificatif lors de vos dons, vous permettant de les déduire de vos impôts ! Le 13 octobre, l'ACI nous remet le sésame tant attendu... Une bonne chose de faite !
Toujours ce même lundi, je rencontre notre informaticien, qui me présente son remplaçant ! Bienvenue à Jonathan, qui désormais va s'occuper d'actualiser notre site Internet. N'hésitez pas à le re - visiter et nous dire ce que vous en pensez. Je termine la journée par une visite à la BCV, pour un projet personnel. En rentrant, je découvre un courrier de la Fondation Vaudoise pour la Mammographie... Branle-bas de combat, il me faut d'urgence repasser cet examen, une ombre au tableau inquiète le médecin ! Ben moi qui pensais pouvoir préparer mes bagages tranquillement et passer encore une journée avec mes petites- filles, me voici à courir le radiologue ! Finalement, rien d'inquiétant, si ce n'est qu'un examen complémentaire est fixé en décembre, afin d'être sûr et certain qu'il n'y a aucune suspicion de quoique ce soit !
Me voilà en ce 7 octobre de retour au Népal où je retrouve Cédric, Sybille et Rukmani! Mais ce sera pour le prochain épisode de mes news ! Je vous écris tout bientôt, pour vous raconter de nouvelles aventures. Bonne semaine à vous toutes et tous.
P.-s. : Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !!
Les news de Gorpar - édition n°67
Dès le 22 juin dernier, j'étais « en voyage », sur le chemin du retour en Suisse et m'arrêtais à Kathmandu afin de collecter les nouveaux bijoux que nous vendrons lors de nos différentes manifestations, ainsi que les épices, thés, bol chantant et drapeaux bouddhistes spécialement commandés (eh oui, je me transforme aussi en transporteur au cas où les commandes me parviennent à temps !).
A mon arrivée en Suisse, j'étais attendue à Genève Aéroport par mon Amie Astrid. Je passais la douane un peu angoissée, pour la première fois, je ramenais quelques mangues ayant poussé sur nos arbres ! Astrid et son amie me ramenaient saine et sauve dans mes pénates suisses, mais épuisée. Après que me fut soutirée l'addition d'un calcul rénal au début janvier, je ne cessais en effet de me sentir de plus en plus fatiguée de jour en jour au Népal, prolongeant outrageusement mes siestes de l'après-midi.
Dès le lendemain cependant, la course reprenait : achats pour le Népal, je me spécialise dans l'import-export !, préparation de notre Assemblée générale annuelle et contrôle des comptes chez notre trésorière, en attente avancée d'un très heureux évènement ! Le week-end réduit dans le tiroir aux souvenirs, j'attaquais la semaine du 27 juin par une visite chez le médecin, qui me fit passer quelques examens dans les 10 jours qui suivirent, pour déterminer les causes de mes continuelles douleurs de ce satané rein, producteur de pierres même pas semi-précieuses. Il détecta finalement une anémie cause de cette fatigue! Moi qui vit dans un pays dont l'eau est des plus ferrugineuse... je manque de fer et suis raplapla... Je me rendis ensuite chez Sunrise afin de régler le problème survenu avec ma carte SIM (ça y est, elle fonctionne à nouveau, vous pouvez m'appeler !), j'enchaînais avec une visite à l'Hôtel Mövenpick, je voulais être certaine que notre réservation du mercredi roulait, notre Assemblée générale 2016 s'y déroulant. Un rendez-vous dans une fiduciaire m'emmenait ensuite jusqu'à cette magnifique petite ville de Morges. De retour à Lausanne, Payot me tendait les bras, je ne sus résister et regagnais mes pénates grâce au « taxi familial » (ma fille aînée jouant le rôle de chauffer à la perfection) !
Le lendemain de notre AG, j'étais à Cossonay pour mon contrôle dentaire annuel et rencontrais ensuite M. G., institutrice de couture (est-ce que l'on parle aujourd'hui des travaux de fées à l'aiguille, comme l'on parle des technicien/nes de surface ?) qui va m'accompagner au début janvier 2017 pour 5 mois au Népal et enseigner quelques techniques différentes à nos apprenties... fées ! En début d'après-midi, les représentants de l'Association Maili (association qui assure le financement du Centre de santé Mara Mosca pour les années 2016 et 2017) ont eu l'occasion de faire la connaissance de Fiorella, ex - présidente de l'Association italienne Namasté Mara Mosca (cette dernière ayant clôt ses activités de sponsoring à la fin décembre 2015) et de Roberto, trésorier de cette même association et néanmoins son époux.
Pour terminer en beauté cette première semaine de vacances (c'est comme pour la retraite, je ne sais pas très bien ce que signifie ce mot !), j'accompagnais mes deux aînés aux Grisons. Installation de la maison de... vacances. J'étais terrassée rien qu'en voyant mes deux « grands » s'activer à monter des lits super -posés pour les enfants, débarquer les meubles amenés en camionnette et essayer de les faire entrer dans la maison, transporter ceux entreposés l'an dernier au garage, débarrasser les vieilleries encombrant le salon et l'une des chambres, les amener à la décharge, discuter avec quelques entreprises des travaux de rénovation et d'entretien nécessaires à cette maison plus que bi - centenaire, alors que je m'occupais de mettre la vaisselle dans la machine et peser sur un bouton, pour m'avachir ensuite sur une chaise ! Sur le chemin du retour, je m'arrêtais pour une courte visite à ma tante, remisée dans un home à St-Gall en attendant Godot. Pour terminer ce périple chez mon fils où je passais les deux jours et demi suivants à garder mes petits-enfants, plaisir pur ! Le mercredi midi je déjeunais en compagnie de 4 représentantes de l'Association des Femmes Universitaires. Plaisir de retrouvailles et de discussions animées.
Complément d'examens médicaux, shopping pour le Népal, entrecoupé d'une glace Mövenpick aux sources, car j'avais oublié un chandail lors de notre AG, rendez-vous avec ma banquière, re – shopping pour assurer les repas de la dernière semaine de mon séjour, semaine au cours de laquelle j'ai eu à nouveau le plus grand des plaisirs de partager les jeux de mes (5) petits-enfants !
Et déjà, vendredi 15 juillet, en soirée, départ de Genève pour Kathmandu, en business sur un A747... une pure merveille, j'y serais bien restée une semaine... ! N'ayant qu'une heure pour mon transfert à Doha, je ne traînais pas et depuis le terminal d'arrivée, empruntais une petite voiture ouverte qui, dix minutes plus tard me déposait au check des bagages. Comme si, dans l'avion, j'avais pu acheter des armes, des couteaux, des explosifs ou je ne sais quoi ! Je n'ai jamais compris ce contrôle dans l'espace transit...
Mais j'arrivais à temps pour l'embarquement (20 minutes d'avance !) ce qui ne fut pas le cas de l'un de mes trois bagages (j'emportais près de 52 kilos de jeux, habits pour enfants et autres fromages et saucisses qui m'ont particulièrement manquées en début d'année !). J'ai tout de même récupéré la pièce manquante le soir, heureusement, car je m'envolais dès le lendemain matin pour Biratnagar, me rapprochant de 400 kilomètres de mon chez moi népalais, que j'atteignais dans l'après-midi, en taxi et sous la pluie, après que Hareram m'ait entraînée au marché pour l'achat de fruits frais et légumes.
A notre arrivée à l'école, quelques 7 étudiants de la classe 10 de cette année jouaient au volley – ball. Sur un terrain détrempé. J'apprenais qu'ils avaient décidé, permission de la Head Mistress accordée, de vivre à l'école pour y « étudier » !! Non mais, le comble ! Pendant les périodes d'enseignement, les instituteurs se vautrent au bureau, et pendant les vacances, il faudrait accepter cette bande de sauvages (ce sont les élèves qui ont détruits les interrupteurs électriques, arraché la tuyauterie des toilettes et cassé ma vitre !? ça va pas la tête ?? Je les renvoyais illico presto chez eux, après argumentaire présenté à la doyenne, tout en les autorisant – s'ils désiraient étudier – à venir à l'école de 8h à 12h. Zut, flûte, crotte ce sont aussi les vacances pour les instituteurs « normaux » et le personnel de nettoyage et d'entretien de l'école. Treize jours après mon retour, je n'ai vu personne... venir étudier !
J'apprenais que le Gouvernement a décidé une grève de distribution du sable (nécessaire à la construction et à la rénovation de nos bâtiments) de TROIS MOIS ! Vous pouvez me croire, ce n'est pas zut, flûte, crotte que j'ai exprimé haut et fort ! Voilà tous nos plans d'été fichus par terre, à moins que le propriétaire du tracteur et livreur de sable ne reçoive une autorisation officielle de l'Office de Développement du District (quel développement ? j'ai loupé une strophe, là !). Oui, mais voilà, deux jours après, le 20 juillet, l'employé chauffeur du tracteur devait malheureusement tuer un enfant sur la route ! Chauffeur sans permis de conduire bien entendu ai-je envie de dire. Si bien que pour ne pas se voir doublement puni, le propriétaire livreur s'est dénoncé à sa place et le voilà pour 35 jours en prison. Les assurances verseront un demi – million aux parents (environ SFr. 5'000.-) et l'affaire sera enterrée. Ne restera plus que la peine invisible au cœur d'une mère.
Entre-temps, j'ai rencontré Kabita, notre institutrice d'anglais, dont l'anglais est à peine meilleur que mon népalais (non, j'exagère un peu, voire beaucoup !). Elle a enfin accepté de se rendre à Kathmandu pour une formation intensive qu'elle suivra au British Council durant 9 semaines. Par contre, Sanjana, notre troisième institutrice Montessori qui devait également se rendre à Kathmandu afin d'y suivre la formation nécessaire et demandée afin de prendre la responsabilité, l'an prochain de notre 3ème volée, a renoncé au poste ! Branle-bas de combat, il nous faut trouver une nouvelle personne avant mon re – départ en Suisse et la former avant la fin de l'année ! Déjà les annonces paraissent, et nous avons fixé au 5 août le premier meeting avec les candidates. Il me restera ensuite un peu de temps afin de finaliser l'engagement et l'inscription de cette nouvelle recrue pour sa formation au Early Childhood Education Center d'Ekantakuna près de Patan.
Une bien malheureuse surprise nous attendait, le jeudi 21 juillet... les employées du Centre de santé et moi découvrions en effet un fœtus mâle de 5 mois, flottant dans les eaux recouvrant notre champ de manguiers ! Misère humaine...
Dans l'après-midi, je recevais notre gynécologue et son époux, ce dernier venant « m'engager » en qualité de conseillère pour son projet de construction d'une école à Lahan ! Merci Ganesh, et de la proposition, et de la journée (première et dernière) ensoleillée ! Je me rendis sur place le samedi, accompagnée de MM. Yadav et Khadga. Un immense terrain, jouxtant un parc d'attractions en construction par le beau-père de Ranjita, servira à l'établissement scolaire qui disposera de suffisamment de place pour des terrains de jeux et les enfants des 15 classes prévues pourront s'ébattre à souhait !
Je passais les journées de dimanche à mardi à répondre à quelques questions de l'un de nos sponsors principaux et établir des documents de demandes de fonds corrigées. Celles que j'avais produites au printemps me donnèrent honte, tant elles contenaient d'erreurs ! Je notais à ce moment-là combien mes maux de tête et ma fatigue avaient influencé mon jugement et mes facultés ! Merci à celle de la médecine de réparer petit à petit mon disque interne !
Ce début de semaine, j'ai eu le plaisir de voir Priyanka, notre infirmière, revenue de 6 semaines de formation à Dhapakel, au Centre de l'Association Cerebral Palsy Nepal. Cette formation complémentaire lui a permis d'acquérir quelques moyens de repérage et différenciation des handicaps, ainsi que des méthodes de soins adaptés à dits handicaps. Elle sera capable de conseiller parents et familles quant aux aides physiques nécessaires ou les orienter vers des solutions d'aide. Nous essaierons de pourvoir à ces aides dans la mesure des moyens financiers que nous pourrons collecter à leur profit.
Hier soir, c'est Dilip, l'aîné des enfants de notre défunte institutrice Mina qui est venu chercher la bourse scolaire de son frère Dipesh. Ce dernier a réussi ses examens, est en possession de son SLC et débute la classe 11 à Kathmandu, auprès de Dilip et de son oncle maternel. Sa santé s'améliore (il avait subi une opération à la suite de la découverte d'une tumeur, identique à celle dont sa mère est décédée). Dilip est heureux, il a ouvert son magasin sur Internet « highfashionnepal.com » ! Je n'ai pas réussi à me connecter.
Ce jour, nous posons des treillis sur la porte grillagée qui ferme la montée d'escaliers menant du rez-de-chaussée à l'étage de l'école secondaire, ainsi que devant la montée d'escaliers au deuxième. Tous les matins, les plates-formes des escaliers sont jonchées des défections des oiseaux et autres chauves-souris qui pullulent dans nos arbres. A cette saison, et au vu de la prolifération des grenouilles, sauterelles et autres scarabées ou hannetons, repas de choix de nos ailés, nous retrouvons quotidiennement des restes d'orgies monstrueusement peu ragoutants ! Ces treillis vont ainsi empêcher les oiseaux de se mettre à table ! Ils se trouveront une autre terrasse...
Dès demain, je serai à Kathmandu, accompagnant Kabita dans un premier temps et désirant participer, puisque l'occasion se présente, à la fête du 1er Août organisée par notre Ambassade. Mon retour à Gorpar est prévu mardi matin, agapes terminées et reprise du travail. Je suis pensionnée... pas chômeuse ! Il ne faudrait pas l'oublier !
Je vous retrouve tout bientôt, sans nul doute avec de nouvelles aventures. Belle suite d'été et bonne fin de semaine à vous toutes et tous. Avec mes amitiés.
P.-s. : Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !!
Les news de Gorpar - édition n°66
Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !!
Déjà, les bagages à préparer ont une odeur de retour au pays ! Eh oui, ce prochain vendredi, je vous apporte le soleil et l'été, promis, juré, craché !! Quoiqu'ici aussi, la pluie est de rigueur, mais avec une chaleur frisant les 32 – 33°, et donc les séances de sauna se poursuivent ! Un petit refroidissement, une toux sèche et quelques maux de tête et me voilà quelque peu out depuis une semaine. Chassant les moustiques agressifs et dormant au chœur des grenouilles... les siestes sont les bienvenues !
Après la cérémonie familiale chez feue notre institutrice Mina, qui nous a vu retrouver toute la famille en de meilleures conditions que l'an dernier, nous avons pu enfin, avec ses trois enfants, nous rendre à la banque et retirer son nom des personnes ayant accès à la signature. Un nouveau compte a dû être ouvert, l'argent qui restait sur l'ancien est maintenant transféré, en partie sur le compte des enfants de Mina car concernant la pension que nous lui avons rétrocédée et le solde sur notre nouveau compte.
Vendredi 11 juin, nous avons pu envoyer Priyanka Mandal, notre infirmière, à Kathmandu, plus précisément à Dhapakel, afin qu'elle y suive 6 semaines de formation. Spécialisé pour les enfants avec handicaps, la Cerebral Palsy Nepal Association y entraine également les home visitors. Priyanka va ainsi se familiariser avec les techniques et moyens à recommander à des parents souvent dépassés.
Ce même jour, j'apprenais que l'un de nos anciens étudiants, frère de Sanghita, jeune étudiante que nous avions sponsorisée, s'est noyé. Il était à Dorapani, un lieu reconnu afin d'y passer du bon temps ou y déguster un pic – nic, il a sauté d'un mur dans une eau particulièrement saumâtre. Ses pieds se sont enfoncés dans la vase et il n'a pu se dégager, ses amis ne le retrouvant qu'une heure plus tard. Un jeune de dix-neuf ans, reçu au concours d'entrée de l'armée, qui devait devenir le soutien de ses parents... Famille dévastée s'il en est.
Le samedi, je me rendis à Itahari, afin d'y acquérir les petites armoires à chaussures en bambou que nous plaçons devant les salles de classe le matin. Les enfants y déposent leurs cahiers et livres avant la réunion du matin au cours de laquelle ils pratiquent quelques exercices physiques et chantent l'hymne national ! Puis, ils déposent leurs souliers, prennent leurs livres et entrent en classe. Nouveau bâtiment, nouvelle discipline. Etonnant qu'en moins de huit jours, ils s'y conforment parfaitement ! Comme quoi, nous pouvons leur inculquer une petite base d'ordre et de respect sans aucun effort ! Bon, il faudra encore attendre une dizaine d'années avant que toutes les classes aient acquis le réflexe...
Dans chaque classe, nous avons également placé une armoire fermée à clef, dans laquelle l'instituteur responsable de la classe peut entreposer son matériel (globe terrestre, carte géographique, livres, craies, brosse pour tableau, etc.). Les enfants des classes nursery à la classe 4 sont maintenant et depuis une dizaine de jours de retour dans leurs classes respectives. Dans ce bâtiment primaire, seules restent les portes et fenêtres à décaper puis repeindre, les dénominations des classes sur les portes d'entrée à inscrire, et le nom de l'école sur le mur externe à peindre. Ces travaux seront exécutés pour les premiers pendant les vacances scolaires car le bruit et la poussière qui en découlent les retardent de trois semaines et pour les autres, ils seront exécutés dès que possible.
Le mercredi 15 juin, Thierry, représentant l'Association suisse Maili (www.maili.ch) arrivait avec Ganesh, fondateur de l'Association népalaise Village support. Toutes deux agissent en faveur des reconstructions, en particulier dans le village de Lappu. Cette année, Maili soutient également la reconstruction du poste de santé de Dadagaon, dont mon amie Christa Drigalla est l'initiatrice. En plus, Maili a également pourvu aux frais de management de notre Centre de santé Mara Mosca, à la suite de la démission de l'Association Namasté Mara Mosca.
Le lendemain, c'était jour de préparation du compost ! Nous avons besoin de fertiliser nos terrains, et avons donc engagé Sudarshan Chaudhary, spécialiste, afin de nous montrer comment nous y prendre ! C'est un peu l'histoire d'un mille-feuille... Tout d'abord, à 6h du matin, quelques dames sont arrivées afin de couper l'herbe du préau que nous avions laissé pousser. Elle devait être fraîchement coupée. Puis, vers les 10h, arriva le tracteur de bouse... matériel de première nécessité ! Nous avions conservé les coupes de nos arbres et disposions ainsi et de branches et de feuilles sèches. Sudarshan nous amena encore une poudre blanche sensée activer la fermentation du tout.
On prépare tout d'abord un emplacement de 1,5 m de large sur 5 m de long, en retournant la terre pour l'amollir. Sur ce petit terreplein, sont placé de grosses branches qui serviront de support et de treillis d'aération, sur lesquelles viennent s'enchevêtrer de plus petites branches, et un premier lit de feuilles sèches. Garni d'une couverture d'herbes fraîches, sur laquelle on jette un drap de bouses de vaches ! Et on recommence, avec des feuilles, des herbes fraîches et de la bouse. Sur laquelle par ailleurs est épandue la poudre blanche. Ce « sandwich » atteint la hauteur de 1,6 m. Il est régulièrement recouvert d'une feuille de plastique, afin d'éviter que la pluie ne le détrempe.
Vendredi, à 6h.30, l'ingénieur nous donnait les dernières explications concernant les réparations à entreprendre pour le Centre de santé. Les travaux débuteront à mon retour de vacances, dès le 18 juillet. Il ne sera pas nécessaire de fermer le centre, les travaux intérieurs de réparation de la canalisation d'eau ayant sauté pouvant se faire sur un week-end. Les travaux extérieurs (tabliers de l'étage et du rez-de-chaussée pouvant se faire sans déranger l'activité médicale. La construction de la cabane dans laquelle sera entreposé le générateur se fera également à l'extérieur du Centre, et donc sans influence sur le déroulement du quotidien.
Nous attendons toujours et encore le charpentier afin de terminer les fenêtres de l'école primaire qui ont dû être réparées, et la pose des grilles remplacées. Doit également être livré l'escalier adjoint à l'école secondaire. Nous l'espérons pendant les vacances scolaires, afin de bénéficier de tranquillité et ne pas encourir d'accident avec nos élèves !
Les différents autres travaux de correction des fissures se feront dans le courant de l'automne. C'est la marche népalaise à laquelle il faut s'adapter... les mariages, les décès, prenant le pas sur le travail !
J'apprenais hier que nos 40 élèves de la classe 10 qui s'étaient présentés au SLC ont passé leurs examens sauf 4. Aucun étudiant en 1ère division (64% de réussite et vous y êtes), une petite moitié en 2ème division (45% de réussite) et l'autre moitié en 3ème division (32% et vous avez réussi !!). Pas de quoi – en fait – se prendre la tête en qualité d'instituteur ! Il semble qu'il n'y ait que moi qui soie choquée de ces résultats ! Si le gouvernement est content et se satisfait de 32% de connaissances afin d'octroyer à un élève son SLC, pourquoi nous, Association Ganesha Suisse, travaillons – nous à vouloir donner une « bonne » éducation à ces enfants ? Peut-être est-il temps, après 20 ans de bons et loyaux services, de laisser voguer cette galère entre les mains de celle qui en assume pour l'instant la direction !
Je vous retrouverai dès la mi-juillet, sans nul doute avec de nouvelles informations positives. A vous toutes et tous qui me suivez, je vous souhaite un été qui arrive enfin !
Les news de Gorpar - édition n°65
Eh oui, les toilettes sont toujours dans le même état !! Et bien qu'à mon avis personne ne s'en soucie plus que tant, ils seront rénovés cet été, pendant les vacances scolaires !
L'époque des mariages a refait surface, certains jours de certains mois sont définis comme favorables, et voilà l'effervescence qui reprend ! Invitations à droite et à gauche... Celle qui nous a amené à Udaipur était particulière. La cinquième sœur de notre instituteur, Laxmi Kant était offerte à un jeune policier de Bharah, Saptari District. Nous devions partir en voiture de l'école, mais comme il avait plu toute la nuit et une grande partie de la matinée dans la région, notre taximan décommanda notre réservation !
Je n'étais du coup pas très chaude pour partir en moto, la route semblant vraiment pour le moins dangereuse. Mais « tout le monde » s'y rendant, nous partîmes tout de même à trois motos, direction l'aventure. Bien entendu, je demandais un casque... que l'on dégotta entre les chiffons et les toiles d'araignées et que très chevaleresquement M. Khadga échangea avec le sien.
Après une heure de cahots, glissades et pierres évitées, nous voilà prêts à nous inscrire au Paris-Dakar ! Enfin, si nos cocxys et nos cervicales veulent bien se remettre en place ! Mais nous sommes à mi-chemin, à Fathepour, et pouvons louer un 4x4 qui nous amène à bon port ! Nous traversons cette région stigmatisée par les pluies de ces derniers jours : quelques arbres dansent sur leurs racines, la terre qui les recouvrait étant érodée, d'autres sont tordus par les vents, les collines sont découpées de rigoles, présentant des mains de sorcières aux doigts décharnés agrippant le sol dans l'espoir de survivre à la prochaine mousson ! Maisons de bambou aux murs brisés, toits de chaume dont la paille s'est envolée... l'été va être mouillé pour la plupart des villageois disséminés tout au long de la route !
Une heure de trajet encore et nous sommes rendus, reçus parmi tous les villageois et familiers présents, au milieu des canards et des poules rassemblant leurs poussins, des chiens s'aboyant et se disputant les restes de victuailles abandonnés par les convives ! Nous sommes placés sur une estrade, où vont nous rejoindre les mariés, il est de coutume qu'ils s'exposent, en particulier la mariée, qui tient la tête baissée, ne dit mot, dans cette attitude de soumission exigée en pareille occasion ! Laxmi Kant nous demande de nous déplacer et nous installe dans la partie « coin à manger » installé devant une charmante cahute fraîchement construite en bambou. On nous apporte du riz et de la chèvre cuite en ragoût ; les légumes sont oubliés... le sel est distribué mais pas de yoghourt, pas de papad non plus, pas de salade... un repas bien édulcoré, nous sommes probablement dans les derniers arrivés, la fête va se terminer à la nuit tombante ! Nous payons notre écot, comme il se doit... et nous repartons, un canard en poche, oui, mais un vrai, qui passe à la casserole dès le lendemain ! Un peu trop jeune et donc sans beaucoup de chair autour des os ! Succulent tout de même, à la mode Hariram !
Vous ai-je parlé des éclosions de grenouilles ? Elles remplacent avantageusement les haut-parleurs diffusant les rengaines religieuses qui se sont faites moins présentes ces derniers temps. Et des eucalyptus, qui au printemps « pèlent » ? Etonnant, on retrouve le matin, après les coups de vent qui ont lieu maintenant toutes les nuits dès 3h, de longs morceaux d'écorce tombés des branches et du tronc de ces arbres. Ils font peau neuve... J'ai découvert de nouveaux oiseaux, ressemblant à des cailles et parcourant aux aurores les champs entourant l'école !
Petits moments charmants et romantiques, dans un monde de brutes... !
Les news de Gorpar - édition n°64
Les toilettes sont toujours dans le même état !!
Mon mobile a retrouvé toutes ses fonctionnalités... mais m'a perdu quelques-uns de mes numéros enregistrés ! Internet ? Par NTC (Nepal TeleCom, compagnie nationale), toujours pas de connexion !
Comme promis dans mes dernières nouvelles, je reprends la plume, afin de vous raconter la journée « élection du comité de l'école » qui s'est déroulée mercredi 1er juin !
Tout a commencé il y a bien un mois et demi, lorsqu'il a été décidé de créer un nouveau comité de gestion de l'école (CGE). Il fallait commencer par recenser tous les élèves, que les parents présentent leurs certificats de naissance et donc leurs « citizenship ». Il s'agissait, le jour J, de réunir le plus de parents possible, afin que ceux-ci puissent élire les membres du CGE. Tout d'abord fixé au vendredi 27 mai à 11h, le meeting a été repoussé au mercredi 1er juin. Du coup, les élèves étaient en congé depuis la récréation !
Enfin, toute la paperasserie terminée, les conseils du DEO reçus, arrive le 1er juin et la convocation pour 10h, début du meeting... Oui, mais nous sommes au Népal, si bien que le délégué du DEO qui aurait dû gérer le meeting (vous me voyez venir), n'arrive finalement qu'à midi ! Le registre officiel qui justifiera du meeting et des décisions prises circule parmi les centaines de villageois déjà présents et patientant : chacun doit enregistrer son nom et signer le registre, prouvant ainsi sa présence évidemment et son habilité à élire les membres du comité.
Me méfiant des « trucs » mis en place par nos canards, je refuse d'être la présidente du meeting, arguant que je souhaite poser ma candidature au sein du CGE en qualité de représentante de notre Association Ganesha Suisse. Je ne peux donc présider ce meeting ! Le représentant du DEO prend la peine de dire à M. Yadav, ancien président du CGE, qu'il n'aura pas la parole avant la fin du meeting ! Mme Head Mistress informe l'assemblée que seuls les parents d'enfants inscrits dans notre école peuvent élire et/ou être élus membres du CGE. Ceci dit, quelques 3-4 villageois souhaitent la parole, ainsi que moi-même. J'expose les raisons qui font que je souhaite la participation de l'AGS au CGE :
Manque d'instituteurs pour certains sujets qui doivent être enseignés selon le curriculum imposé par le Gouvernement pour chaque degré d'enseignement
Instituteurs mal formés, peu performants et devant suivre des cours complémentaires
Instituteurs non motivés, souvent absents, planqués au bureau et n'enseignant que rarement (avachis sur leur chaise dans la classe ou pianotant sur leurs mobiles)
Manque de matériel fourni par le Gouvernement (certains livres, après 7 semaines de cours, ne sont pas encore disponibles)
Disparition d'argent reçu pour l'achat de computers par l'ancien Head Master (c'était la période pendant laquelle il devait marier sa fille... ! je ne sais si vous voyez le rapport ? Pour moi, il est plus qu'évident !)
Disparition d'argent reçu pour les bourses scolaires (argent donné par le Gouvernement pour les familles les plus pauvres, afin de leur permettre d'acheter l'uniforme des enfants). Là aussi, pas de traces...
Congés donnés aux étudiants pour un oui ou pour un non, sur le modèle des congés octroyés aux instituteurs
Manque de respect et de discipline dans l'école (les faits survenus en fin d'année dernière le prouvent)
Et finalement, le support financier que notre AGS apporte à l'école, année après année, depuis 20 ans.
Le Head Master envoyé par le DEO prend la parole et informe l'assistance que je (donc l'AGS, sponsor principal et unique) ne peux faire partie du CGE, ne possédant pas la nationalité népalaise. Contradiction avec les revendications politiques des partis de la région, qui demandent à ce qu'un Indou originaire d'Inde puisse devenir Premier Ministre du Népal ! Je ne relève pas... et laisse les villageois s'enflammer ! Nombre d'entre eux prennent la parole afin d'affirmer qu'ils n'éliront personne d'autre et que leur volonté est que je sois membre du CGE. Ils évoquent la présence de l'AGS depuis 20 ans, avec toutes les réalisations concrètes, alors que les instituteurs du team canard (en retrait dans leur coin, avec quelques irréductibles anti AGS que nous connaissons tous) n'ont rien prouvé à ce jour. Le Head Master délégué du DEO s'éclipse, rejoignant le club des canards, ne dirige pas les débats et ne fait que répéter que je ne peux être élue. Je demande à ce que les autres personnes qui devront composer le comité se présentent. Une liste est établie, avec deux messieurs, dix dames, liste qui doit être complétée par la Head Mistress de notre école et d'un instituteur, en l'occurrence M. Muneshwar.
Les discussions, arguments, palabres, se poursuivent pendant plus de quatre heures, au terme desquelles je demande au délégué du DEO de finaliser le meeting. Une demi-heure après, il disparaît à nouveau, sans prendre la peine d'écrire dans le registre officiel les décisions prises par l'assemblée ! Tout le monde pense que les personnes annoncées sont élues, suite à une information donnée par la Head Mistress. Les villageois se précipitent vers moi au son de hourra et me passent des mala (guirlandes de fleurs) autour du cou, « signant » par là leur volonté de me voir faire partie du CGE. La Head Mistress, qui elle aussi aurait le pouvoir d'écrire les décisions prises dans le registre officiel, s'y refuse ! Je ne comprends pas pourquoi puisqu'elle vient de m'affirmer que je suis élue et même présidente du CGE.
Tant pis, je remercie l'assemblée de son soutien et plus du tiers des personnes présentes vient signer le papier (j'apprendrai plus tard qu'il est tout à fait illégal...) sur lequel figurent les noms des (non-)élus. Les autres villageois sont déjà repartis, le meeting se terminant après plus de cinq heures d'attente que les prétendus responsables du meeting effectuent leur travail... et une distribution de thé et biscuits qui a mis de côté nombre de dames, fâchées tout rouge !!
A toutes les dames motivées à soutenir l'AGS et un travail en faveur des enfants, je propose que nous nous retrouvions le vendredi 3 juin à 11h pour un premier « comité ». J'ai compris que ce meeting n'a été qu'une grande farce et que personne – finalement – n'est élu de manière réglementaire. Il est cependant important à mes yeux de respecter leur engagement, tout autant que de leur faire comprendre que légalement, rien n'est fait et que nous ne pouvons agir qu'au regard des lois, l'AGS en particulier.
Vendredi 3 juin, elles sont là, toutes et grâce à Sita (institutrice Montessori) qui traduit, je leur explique que ni le représentant du DEO ni la Head Mistress n'ayant écrit les décisions prises pendant le meeting dans le registre officiel, personne n'est élu ! Elles ne comprennent pas ! Elles m'ont mis un mala autour du cou, c'est la preuve que tous les villageois présents voulaient m'élire ! Je leur explique que c'est vrai, et que de cœur nous sommes élues, mais pas légalement. Pour ma part, n'étant pas en possession de la nationalité népalaise, je dois me conformer aux règles édictées. Elles veulent alors me donner la nationalité ! Comment fait-on Didi ? Nous allons faire le nécessaire, dis-nous comment faire !
Leur colère d'apprendre que rien n'est décidé et leur engagement à soutenir notre AGS sont particulièrement touchants et émotionnants ! Elles veulent aller à Rajbiraj, et sont prêtes, si je ne suis pas élue, à fermer toutes les classes et empêcher les instituteurs qui ont fomenté cette comédie, d'enseigner ! « Que vont-ils faire alors ? » disent-elles en riant !
Je rebondis en leur disant que j'ai rendez-vous lundi matin avec le DEO à Rajbiraj. Elles veulent venir elles aussi. Je leur explique que nous irons alors présenter ce qui s'est déroulé pendant le meeting et lui demander conseil, car nous voulons agir légalement. Ensuite, selon ses conseils, nous pourrons agir, et probablement re-convoquer un meeting qui devra être géré par le DEO en personne.
Dans tous les cas, ce comité non élu est un soutien auquel je tiens à donner toute son importance et je leur ai promis que nous allions nous rencontrer régulièrement et qu'elles pourront s'exprimer sur leurs vœux concernant les enfants, l'école, le matériel et les problèmes qu'elles rencontrent, alors qu'elles sont elles-mêmes peu éduquées, n'ayant pour la plupart appris qu'à écrire leur noms.
Lundi 6 juin : à 9h30, le bus qui nous conduira à Rajbiraj est là. Sept dames et trois messieurs (MM. Yadav et Khadga, ainsi que l'un des deux messieurs « élus », sont nos accompagnants), nous nous mettons en route. A Mauwli, nous nous arrêtons afin de réserver le restaurant où nous mangerons sur le chemin du retour. Sans avoir pu le joindre, nous arrivons avec une petite demi-heure de retard au rendez-vous fixé par le DEO... pour apprendre qu'il est à Kathmandu ! Pourtant, son message SMS, encore enregistré, est clair ! « U r welcome » ! Même en syntaxe SMS, c'est tout à fait compréhensible...
Bon, je lui écris un nouveau SMS lui disant que je suis à Rajbiraj, et lui demande que faire !? Il me répond de prendre contact avec son assistant, M. Shanker Luisel, ce que je fais. Il est en training... et comme il en est le responsable, on ne va pas le voir de sitôt ! A nouveau, nous donnons les explications aux participantes de notre meeting manqué et rebroussons chemin.
Comme prévu, nous nous arrêtons au Tharu Village Resort, afin d'y déguster un bon dhal-bhat-tarkari-masu (repas traditionnel népalais, mais avec viande) et rentrons dans nos foyers ! Déçues, frustrées, je promets au groupe d'écrire au DEO ce qui s'est passé et lui demander un nouveau rendez-vous !
De tels événements sont encore pour moi incompréhensibles, même après vingt ans de pratique du Népal ! Arriver à un meeting avec deux heures de retard, manipuler un meeting qui réunit plus de 350 personnes, confirmer un rendez-vous, avec qui que ce soit par ailleurs, et ne pas informer l'autre partie de son départ à Kathmandu, ou, comme je viens de l'apprendre ce matin, annoncer le décès de la mère de l'une de nos institutrices, alors qu'elle n'a été que transportée à l'hôpital, sont des incidents qui me dépassent !
A chaque aléa, j'essaie de me dire que je ne comprends toujours pas la mentalité népalaise, que je suis trop stricte (Betty vous le confirmera !), que je porte des œillères, que je suis assise sur mes convictions qui ne sont que les miennes, que je ne suis pas tolérée ici par quelques-uns de nos canards fort actifs en politique locale, oui... mais même s'ils sont népalais et vivent dans un pays en voie de développement, les enfants qui nous sont confiés méritent tout de même mieux que ce désastre et c'est dans ce sens que l'AGS soutient les efforts de quelques – uns des instituteurs engagés!
Prochain épisode ? Je ne sais pas très bien quand... mais je vous tiens au courant, comme de bien entendu !
Les news de Gorpar - édition n°62
Les toilettes sont toujours dans le même état !!
Mais Internet fonctionne de mieux en mieux ! N'est-ce pas merveilleux ?
Très régulièrement, alors que la température grimpe gentiment sur nos thermomètres, des orages sont de la partie. Nous avons absolument besoin d'eau, l'hiver ayant été particulièrement sec, et c'est un plaisir de voir que dès « l'arrosage » céleste terminé, nos plantes et fleurs éclosent en de chatoyantes couleurs. L'arc-en-ciel est pratiquement à nos pieds. Evidemment, on y retrouve aussi des mangues, lourdes de promesses, mais immangeables en l'état. Bhutti, la femme de ménage du Centre de santé se charge de les transformer en « pickles » !
Il y a toujours une contre - partie, bien évidemment, et celle-ci est double ! L'école gouvernementale est souvent soit fermée, soit pour le moins les classes sont retardées, les instituteurs étant en retard. Ils attendent patiemment que l'orage soit passé ! Et surtout, nombre de maisons de la région en perdent leur toit, voire les murs s'effondrent. Cet aspect - là des orages démentiels qui s'abattent lors de la mousson sur les pays qui en « bénéficient » est le plus terrible. La reconstruction est rapide, bien sûr, mais les habitants des baraques touchées vivent dans l'humidité et souvent se développent alors des maladies telles que diarrhées, pneumonie et autres hépatites.
Après toute la première série des mariages qui m'a vue aller de Théliya à Mainakaderi, de Banrait Tole à Biratnagar ou de Barmajhiya à Rajbiraj, en moto, passagère de M. Khadga, avec ou sans casque (achat prévu en Suisse cet été, afin de l'avoir sous la main et sur la tête en cas de déplacements !), je me suis octroyée une « grasse matinée » le 7 mai dernier. L'école était fermée pour cause de fêtes des mères le 6 mai, ce que je ne savais évidemment pas, j'avais donc travaillé toute la journée à l'ordinateur et fatiguée des nuits de musique (mariages obligent) qui empêchent toute la région de dormir, je me suis levée courageusement à 9h30 !
Le dernier mariage auquel j'ai assisté a été fortement arrosé ! La belle-sœur de l'une de nos institutrices se mariait à Kanchanpur. Après une journée très chaude, nous partions, M. Khadga et moi, afin d'arriver pour le repas du soir sur place. Déjà, des dizaines d'invités étaient attablés, devant leur dhal-bhat-tarkari habituel. Nous nous dirigions vers les jardins potagers, situés à l'arrière de la maison, pour y saluer le père de notre institutrice, lorsque je découvris quelques pigeons mis à rôtir... ! J'adore le pigeon, même s'il n'y a pas grand-chose à manger, mais cela nous change quelque peu du sempiternel poulet ou de la vieille chèvre, même si celle-ci est cuite en ragout, l'une de mes dernières (et fameuses) expériences culinaires ! M. Khadga, à la fin du repas, me presse de reparti, un vent terrible annonçant un nouveau déluge... Ben oui, dit déluge devait nous rattraper en route, à mi-chemin, le vent nous balayant proprement dit de dessus la moto ! Nous nous arrêtions devant la maison de notre institutrice de couture, Sunita, qui – en nous voyant – a commencé à danser de joie sur place ! J'étais confuse de la déranger pendant la préparation de son repas, mais sa fille et elles étaient particulièrement heureuses et le temps que l'orage se termine, j'ai fait quelques emplettes ! En effet, Sunita possède un petit magasin fourre-tout où j'ai trouvé quelques saris et kurta-surwals (pantalons et chemises) à offrir à mes différentes employées. La plupart d'entre-elles en effet viennent du village de Banrait Tole, et sont vraiment très pauvres. Mais elles travaillent bien, aussi bien si ce n'est mieux que les hommes, quelque peu paresseux de nature, eux ! Si les siestes sont compréhensibles sous les chaleurs qui nous accablent, elles ne sont souvent que l'apanage de ces messieurs. A l'exception du team de reconstruction, qui – cette année – travaille d'arrache-pied !
Savez-vous qu'il y a des jours où je me sens « illuminée » !!
Je ne sais quelle idée m'a prise de m'installer au bureau des instituteurs, afin d'y travailler tous les matins. Résultat : plus un seul instituteur n'y rêve, n'y dort ou n'y fiche rien ! Ils sont tous en classe ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ?? Une nouvelle ère débute... plus de cris pendant les cours, plus d'élèves dispersés dans le préau de l'école, plus de tension (enfin moins, car il reste les irréductibles canards, qui prétendent devoir se « reposer » entre deux heures de cours, heures qui ne sont en fait que 40 minutes, après que M. Krishna n'ait corrigé le planning et enlevé 5 minutes à chaque heure d'enseignement !).
Jeudi, vendredi et samedi derniers, nous étions, M. Khadga, Hariram et moi, de passage à Kathmandu. Hariram nous accompagnait, car je lui avais promis de l'emmener rendre visite à Urmila, dont il avait fait connaissance il y a 10 ans, lors de l'inauguration de l'école secondaire, et qu'il avait revue à diverses occasions. Jeudi après-midi, nous avions rendez-vous avec le fameux « deputy » au Social Welfare Council, qui n'était pas là. Nous nous adressions alors à sa consœur, qui, analysant notre dossier, y trouva mille choses à redire, rien n'étant complet, ou suffisamment détaillé, ou encore ne correspondant pas aux formats demandés, etc. etc., le summum de l'idiotie étant atteint lorsqu'elle nous demanda de détailler les activités de notre femme de ménage et d'énumérer les produits et matériels utilisés !!!... Vous ne rêvez pas et je crois que la température est montée de quelques degrés dans son bureau, tant je fulminais ! Mais je me suis retenue de tous commentaires, explosant une fois à l'extérieur... !
Le problème rencontré est que les guides lines sont écrites en népalais, ainsi que quelques documents à remplir, certains autres étant en anglais. Je laisse donc à M. Khadga la responsabilité de me dire ce que nous devons faire. Comme c'est la première fois que nous déclarons notre école, l'expérience nous manque et nous n'avons aucun modèle. Même au niveau du district, où nous sommes allés pour y obtenir leur consentement, les employés présents n'avaient jamais rempli le formulaire exigé ! Et M. Khadga allant au plus simple, voilà pour la seconde fois un dossier incomplet et du travail pour deux semaines en vue, malgré les conseils de Suresh, un ami rompu aux méandres des lois népalaises, mais qui n'a pas hésité à ajouter que bien souvent, il faut graisser une patte ou l'autre afin que les dossiers avancent !
Hariram nous accompagnant, il m'a semblé plus utile de jouer aux touristes que de passer le reste de la journée à l'hôtel. Nous avons donc rendu visite à Urmila à Patan. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtions chez Shanti Sewa, la léproserie où les petits sacs qui serviront d'emballage à nos bijoux ont été cousus. Ils sont mignons ! J'avais encore rendez-vous à Budhanath avec les membres de l'Association hollandaise Zorg voor Nepal, qui va prendre en charge la reconstruction du centre de santé de Dadagaon, village totalement rayé de la carte l'an dernier après les deux tremblements de terre. Nous avons terminé la soirée autour d'une bonne pizza, avant de nous reposer, la capitale étant particulièrement fatigante. Samedi, nous visitions Budhanilkhanta, Swayambhunath, Pashupatinath, une tournée de tous les grands lieux religieux de la capitale.
Avant de nous rendre à Koteshwar, y prendre le bus qui nous ramenait à Gorpar, nous étions invités pour le lunch chez Bishu Dji, l'un de nos anciens taxi drivers, reconverti en chauffeur privé. Les douze heures et trente minutes de bus furent une vraie torture, le « deluxe » bus n'en ayant que le nom ! Fenêtres ne fermant pas (et la nuit, il ne fait pas chaud les fenêtres ouvertes à tout vent) et faisant un bruit d'enfer, musique à plein tube et à nous rendre sourds, arrêts restaurant ou pipi réguliers, enfants en pleurs, poussins piaillant, réveillant tout le monde... Promis, juré, c'est la dernière fois que je prends les transports en bus pour un si long déplacement ! D'autant que le chauffeur, pressé sans doute de se retrouver chez lui, ne s'est pas arrêté à notre arrêt... nous obligeant à louer les services de notre Umesh ! A cinq heures du matin, inutile de dire que nous le réveillions...
Mais nous étions hier d'attaque, à nos postes de travail malgré la fatigue.
Encore quelques six petites semaines avant mon retour au pays et bien entendu, quelques aventures que je partagerai avec vous !
Bonne fin de long week-end, profitez-en bien car c'est le dernier avant longtemps !
Mes dernières news se terminaient par « Toujours pas d'Internet, mais il semblerait... l'espoir fait vivre... que ce sera pour ce matin ! Alors, des nouvelles au prochain numéro de mes news ! ». Oui, vous avez bien deviné, ce ne fut pas pour le lundi matin, ni par ailleurs pour le mardi, journée que nous avons passé à téléphoner à l'entreprise Nepal Tele Com (NTC), qui devait envoyer ses sbires installer enfin ce maudit Internet... dont j'ai un quotidien besoin ! Les deux jeunes gens incompétents se sont présentés vers midi, ce mercredi 20 avril. Ils devaient constater que le câble fourni par leur ingénieur... n'était pas de la bonne couleur ! Donc, rien ne fonctionnait... Départ à Rajbiraj (distant d'une heure de moto tout de même !). Comme sur le moment je n'ai reçu aucun renseignement, personne ne m'ayant informée du pourquoi ces deux jeunes s'en allaient sans que rien ne fonctionne, et en emmenant tout le bazar avec eux, je demandais, en l'accrochant alors qu'il se glissait subrepticement hors de chez moi, à l'un des jeunes qu'il me ramène tout simplement l'argent dépensé pour cette installation pour le moins désolante (vous vous doutez bien que ce n'est pas l'expression que j'ai utilisée... !!).
Dans l'après-midi, M. Khadga et moi avions décidé de nous rendre à Kanchanpur afin de réserver la société de catering qui préparera le repas destiné aux invités qui participeront, lundi 25 avril, à mon anniversaire. A 17h, j'apprends que nos deux comparses Internet sont en route afin de venir re – essayer de re – connecter les appareils !
M. Khadga et moi partons, et j'informe Hariram qu'à 18h au plus tard, s'ils ne sont pas arrivés, il peut rentrer chez lui.
Le temps que M. Khadga et moi passions commande à l'entreprise de catering, que nous allions apporter l'invitation à M. Sharma, l'un de mes amis (en nous trompant de route...) pour apprendre qu'il est depuis un mois à l'hôpital à Kathmandu, de demander la préparation de 8kilos de « pera », biscuits spéciaux de la région, connus et appréciés jusqu'à Kathmandu, d'acheter une centaine d'assiettes en papier et de gobelets en plastique, puis encore de commander les boissons, nous voici, à 19h, de retour chez moi. « Ils » sont encore tous là : M. Yadav, frère de notre Président et ancien directeur de NTC à la retraite (venu, ces derniers jours, contrôler la mise en route du système ! Il doit être content de constater qu'après plus de 5 semaines, son système fonctionne enfin!), les deux employés de NTC et Hariram... Quelques explications complémentaires relatives au mot de passe et la façon d'en changer, ainsi que quelques autres détails... puis départ de tout ce petit monde, sourire aux lèvres.
Je me prépare deux sandwiches, prends ma douche, me réjouis de me connecter à Internet, depuis mon lit sous ma moustiquaire, j'ai quelques adresses à « fouiller » sur le Mithila Art. J'ai en effet décidé, puisque la semaine prochaine je fête mes 65 ans (mais non, on ne le dirait pas... !) de m'offrir une dizaine de jours de vacances que je passerai à apprendre cet art. J'ai déjà commencé à m'exercer, c'est un retour au dessin et à la peinture... un vieux rêve !
Je clique sur l'icône Internet. Apparait le «tableau » des connexions possible, je clique sur « Josiane », le nouveau réseau. Je patiente... recherche du réseau... Le message « Nous n'avons pas pu nous connecter à ce réseau » apparait. Je recommence... encore une fois, encore trois fois, encore et encore. Bon, peut-être que cela ne marche pas depuis mon lit. Je me lève, vais jusqu'à mon bureau. Je tente l'expérience, rien. Dire que j'étais furax est bien en deçà de l'état dans lequel je me trouve ! J'appelle le jeune installateur, lui passe une « engueulée » maison, puis M. Yadav, qui dit vouloir immédiatement venir chez moi ! Je le lui déconseille, lui disant que je vais me coucher et qu'il peut venir le lendemain matin, et me débarrasser de toute cette installation !
Le lendemain, M. Yadav de chez NTC (ancien directeur...) revient vers les 17h. Essaie, téléphone, recommence... rien ne fonctionne ! Il repart lui aussi subrepticement...
Finalement, samedi 23 avril, 17.30, arrive Rupesh, frère de l'une de nos institutrices, et jeune homme que je connais depuis 20 ans, puisqu'il est le fils de feu notre ancien prêtre. Il est informaticien. Et après quelques essais, la clôture du compte Internet sur le laptop de M. Khadga... TOUT FONCTIONNE ! Eh oui, j'avais bien lu qu'un seul appareil pouvait être connecté et qu'il fallait utiliser le mot de passe originel ! Je suis totalement gourde en informatique, mais pas au point de ne pas savoir lire tout de même !
Enfin, tout fonctionne... de temps à autre ! Je suis furieuse, car cette installation n'est pas fiable. Trop souvent un message « Limité », c'est – à – dire pas d'accès Internet s'affiche et je dois utiliser mon ancienne clef Ncell. Fini de m'énerver, je vais demander à M. Yadav de venir rechercher toute cette installation, de me rembourser, et je continuerai avec ma clef USB Ncell, leur concurrent... ! Suis pas sûre qu'il sera content!
Je dois avouer que nous constatons tous le même problème avec les téléphones mobiles. Il n'est pas rare que les communications ne puissent être établies, voire qu'elles soient inaudibles.
Finalement, je vais me renseigner en Suisse... peut-être qu'avec Swisscom, Internet Népal fonctionnera??!!
Vous devez probablement vous demander pourquoi je vous parle si peu de l'école et de la vie à l'école. Il faut distinguer notre Ganesha Ketit Keta Phulbari School (GKKPS) et l'école gouvernementale. Pour la GKKPS, les enfants ont terminé leur première année d'instruction le vendredi 8 avril. Les institutrices, aryas et autres membres du personnel furent en vacances pour 9 jours, et donc toutes fêteront le Nouvel-An en famille. Puis, le lundi 18 avril, voici que nos 9 nouveaux élèves se présentent avec leurs parents... Les élèves de la première volée sont là, eux aussi, et s'égaillent dans la classe, se ruant qui sur un puzzle, qui sur un livre, qui sur les jeux lego (merci mes petites-filles de me les avoir donnés!ou autres. Une joyeuse ambiance s'installe, oui mais, les parents s'en vont et les hurlements commencent ! Le désespoir de ces petits bout-de-chou est poignant ! Pourtant, ils seront stoïques et resteront jusqu'à 15h. C'est trop long pour un premier jour, j'en discute avec Benju et nous convenons que l'an prochain, les enfants resteront à mi-temps pour une semaine. Le lendemain, re - belotte... Pour ceux qui viennent en rickshaw, ils ont quitté leur parent au pont de Mainakaderi et nous ne voyons plus que les traces des larmes sur leurs joues... Ceux que les parents accompagnent depuis les villages les plus proches sont à nouveau désespérés ! Il faut pratiquement les arracher à leurs mamans, qui ne sont pas beaucoup plus vaillantes ! L'un des petits, Dipesh, me colle comme si sa vie en dépendait ! Il s'agrippe littéralement, à mon cou, à mes habits... je ne peux le quitter qu'en lui expliquant que je vais aux toilettes ! Je retourne quelques heures plus tard, pour re – jouer la même scène, mais il pleurait trop et je l'entendais depuis chez moi ! Enfin, après le repas, je re – re – tourne pour rester avec eux (quatre dorment, fatigués de leur journée) et leur souhaiter un bon retour dans leurs foyers. Il va en être de même pour toute la semaine, voire une dizaine de jours, jusqu'à ce qu'ayant apprivoisé les lieux, ils les adoptent et se sentent enfin « chez eux » !
L'un des enfants, fils de Suntoliya, la jeune dame qui s'occupe de laver mes habits et autres lessives, nous fait pipi trois fois par jour dans les culottes... il se promène donc tous les après-midi cul à l'air... ce qui n'indispose personne sauf moi, qui n'ai pas l'habitude de voir des enfants à demi nu dans une classe ! Comme il n'a pas de WC dans sa maison, il veut absolument aller se soulager dehors... et c'est à chaque fois trop tard, car il ne dit rien !
Mandip, lui, est l'un de ceux qui s'accroche à sa maman, mais semble être très fatigué après deux à trois heures de hurlements. Il n'est pas rare qu'il s'endorme à table et passe l'après-midi à récupérer !
Les enfants de la première année sont étonnés, un peu perturbés bien sûr, de tous ces cris... mais ils sont aussi très disposés à aider ces nouveaux camarades, qu'ils entourent et à qui ils montrent les usages de la maison !
Enfin, après un début un peu chaotique, nous accueillons une petite fille qui présente un handicap. Née « comme çà », c'est-à-dire que tout son côté droit (bras et jambe) est sans force. Elle marche en claudiquant, mais ne peut pratiquement pas utiliser son bras... nous lui apprendrons à écrire de la main gauche, voilà qui est dit ! Et puis, elle a toute sa tête, nous regarde de ses grands yeux, arrive à sourire avec ses cousine et cousin qui fréquentent eux aussi l'école. Nous avons décidé de lui offrir une bourse scolaire, afin qu'elle puisse acquérir une solide formation qui comblera son déficit physique. Nous sommes très heureux de pouvoir intégrer cette fillette, même si – au sein de sa famille – sa différence ne semble pas lui porter préjudice. Tant mieux !
L'école gouvernementale, c'est un roman véritable... Une fois les examens terminés, tout le monde, y compris les instituteurs évidemment, se retrouve en vacances ! Trois semaines... alors que normalement, il y a du travail, comme corriger les épreuves, préparer les classes, peindre les bancs et tables commandés en janvier et livrés depuis un mois... Le dimanche 17 avril (les écoles gouvernementales sont ouvertes du dimanche au vendredi) les instituteurs arrivent, sauf évidemment nos trois canards. Les enfants sont renvoyés chez eux, car les résultats ne seront publiés que mercredi... ben oui, il faut bien les préparer et vu que rien n'est en ordre, les enfants en pâtissent ! Mercredi matin, les élèves se présentent, reçoivent leurs notes et rangs et... sont renvoyés jusqu'au dimanche suivant, car il faut bien maintenant préparer les classes. Comme si personne ne s'était rendu compte que l'école primaire est impraticable pour encore quelques semaines et qu'il faut doter le parking de « murs » de bambou ! Il m'arrive d'être sage ! Je décide de ne pas me mêler de quoique ce soit. Finalement, « qu'ils » se débrouillent tous, autant qu'ils sont !
Samedi 23 avril, voilà qu'arrive Mahendra, le peon attaché à la Head Mistress. Il sort les bancs et tables du bureau où ils sont entreposés et commence à les préparer pour les peindre. Ayant entendu la Doyenne dire que ce samedi les classes seraient aménagées, j'ai demandé à Kudan de « disparaître » pour la journée ! En effet, il a assez de travail avec le nettoyage des classes, et le ramassage des feuilles mortes. Mahendra ne l'aide jamais si bien que si Mahendra a enfin quelque chose dont il doit prendre soin, il va s'en occuper seul et sans aide ! De toutes façons, le samedi étant jour de congé, Kudan et son épouse sont ravis de partir à Rajbiraj dès l'aube !
Dimanche matin, 5h.30, réveil en sursaut ! Les enfants vont arriver, il faut me lever, je dois ouvrir les portes grillagées qui mènent à l'étage du bâtiment secondaire! L'horaire d'été est instauré pour les prochains mois, à savoir de 06h à 12h30, école ! Enfin... peut-être, car les élèves sont aujourd'hui renvoyés dans leurs foyers pour cause... de souvenir du tremblement de terre qui a eu lieu l'an dernier à pareille date ! Les classes ne sont toujours pas installées, le parking n'est pas prêt à recevoir les élèves, la Doyenne ne s'étant pas occupée de préparer les parois de bambou dont nous avions parlé ! Nous en avons encore pour 3 à 4 semaines avant de pouvoir utiliser l'école primaire, car même si les travaux avancent bien, les dégâts constatés étaient beaucoup plus importants que visibles et nous avons décidé que la rénovation devait assurer le maintien en bonnes conditions du bâtiment pour les 25 prochaines années ! N'oublions pas qu'il avait déjà 17 ans, sans que nous ne l'ayons entretenu véritablement, à part quelques coups de peinture.
Bon, ben, nous attendons les enfants demain matin, à 6h. Les instituteurs ? Ah eux ne viendront que vers les 6h30, voire pas du tout, comme Krisha aujourd'hui !
25 avril, jour de mon anniversaire, les enfants arrivent à 6h10 et sont libérés à 8h30... Les livres ont été distribués, une partie du moins, ceux qui nous avaient été livrés. Pour les élèves qui n'ont pas reçu de livres, c'est l'attente et la loterie: il n'est pas certain que nous soyons livrés une seconde fois! Cette journée va se passer en préparation de la « party » organisée et à laquelle plus de soixante personnes vont prendre part en fin d'après-midi, oh, juste pour manger ! Repas de fête... pour certains, en particulier le team du catering, qui va repartir avec des kilos de riz cuit et crû, des litres de soupe (dhal) et de légumes, de sauce « achar » (une spécialité de la région très épicée), et un baquet de viande cuite, le tout non distribué et qui a manqué dans certaines assiettes, ce que j'apprends le lendemain !
J'ai remarqué qu'au Népal les gens invités ne se gênent pas de remplir leurs poches... en voulant ranger les bancs d'école que nous avions utilisé pour assoir nos invités, je vois un châle et demande à Punam qui m'aidait, de le mettre de côté. Surprise, sous le châle se trouvent 5 pera, ces biscuits tant appréciés! Le châle appartient à la Head Mistress...
Le lendemain, je me rends à l'inauguration de la Gorokul school bâtie par Kashi Nath Joshi, le landlord qui, il y a 20 ans, m'a emmenée pour la première fois à Gorpar. L'école n'est pas terminée, certains bâtiments ne sont encore qu'une structure de bambou. Il faut avouer que toute l'école sera construite en bambou. Ce projet m'intéresse, car j'avais déjà entendu parler de ces écoles « bambou », malheureusement, après 5 ans de vie, elles tombent généralement en poussière, car comme souvent dans ce pays, aucune rénovation n'est entreprise. Je m'éclipse vite avant mon discours. Personne ne m'a informée que je devrais parler et je n'ai aucune envie de le faire, en particulier car les buts religieux d'une telle école ne me conviennent pas.
La semaine se poursuit mercredi après-midi avec le comité du Centre de santé. Trois membres sont absents et nous attendons une bonne demi-heure que Punam arrive ! J'informe les présentes que Namasté est remplacé par l'Association Maili quant au financement administratif du Centre. Un long téléphone avec la Fondation Eagle m'a rassurée, elle financera probablement les camps cette année encore et je devrai probablement me rendre en Inde, à Jodhpur (ville magnifique, je me réjouis d'y retourner !) avec notre Drse Ranjita, car la Fondation souhaite lancer un projet au Népal de formation spécialisée des infirmières sage-femme, afin de prévenir les nombreux problèmes d'handicap suite aux accouchements mal dirigés par des infirmières peu ou mal préparées à leurs tâches. Prévenir plutôt que guérir! Yamuna, notre sage-femme, a par ailleurs suivi deux semaines de « rafraîchissement » auprès de la Drse Ranjita, et elle prévoit un mois de training dans un centre de santé de la région, où se déroulent des accouchements quotidiennement. Priyanka, après son mariage qui va se dérouler le 29 avril, se rendra pour six semaines à Dhapakel, au Centre Cerebral Palsy Nepal (centre pour enfants avec handicaps), où elle sera familiarisée avec les différents handicaps des enfants et surtout avec les moyens d'aider l'enfant et sa famille.
Jeudi, M. Khadga et moi partons en moto à Rajbiraj (eh oui, coup de soleil carabiné s'en suit!). Nous devons y obtenir un courrier du DDC (Chef en chef du district...), afin de pouvoir déposer le dossier de notre GKKPS et du HCCMM au Social Welfare Council à Kathmandu. Bon, ben... personne ne sait comment faire, car personne n'a jamais rempli le formulaire adhoc ! Et comme le chef en chef (le Grand stroumpf) est en formation, comme le Petit Prince a dit, nous reviendrons dimanche. Ah non, dimanche c'est congé, c'est le 1er mai ! Eh bien nous reviendrons lundi !
La saison des mariages. Après celui de Priyanka, nous enchaînons ce samedi avec celui du frère de Benju. Jeune homme « différent », ce sont ses grands-parents qui l'ont élevé. Une famille avoisinante a demandé à ce que leur fille « différente » épouse ce jeune homme. En deux temps trois mouvements, tout est organisé ; mariage religieux, invitations, party... et les voilà bienheureux, collés l'un à l'autre !
Le 4 mai prochain, ce sera le mariage de Rubi, cousine de Sochiendra et nièce de MM. Yadav, directeur de NTC et du Président de notre école. Nous devrons nous déplacer à Biratnagar, ce qui ne m'enchante pas du tout, du fait que nous y passerons la nuit... Le lendemain, ce sera au tour de la sœur d'une de nos petites montessoriennes... La tradition, ici est de marier de nuit ! Nous sommes invités dès 14h, mais le mariage a souvent lien entre 22h et 4h le lendemain matin ! Bien sûr, toute la journée, la famille de la mariée de son côté et celle du marié du sien nourrissent 600 à 800 personnes, tous étant invités, officiellement ou non ! Non seulement la parenté – et les familles sont très nombreuses, qui se comptent jusqu'au 15ème rang des oncles, tantes, grands-parents, cousins, petits-cousins, « relatives », etc., mais encore tous les amis et les villageois ! Le marié n'arrive à l'endroit du mariage que vers 22h, 23h, minuit parfois et seulement alors la cérémonie peut se dérouler. Le lendemain matin, le marié emmène sa nouvelle épouse chez lui et re – belotte sur ses « terres » ! Les mères ne sont pas admises et ne participent pas aux réjouissances ! Elles sont cantonnées dans les cuisines ou dans un coin. Pourquoi ? « C'est nos traditions »... Encore une qui met à l'écart les femmes et qui me fait bouillir!
Hier, demain et tout bientôt, anniversaires de trois de mes petits – enfants ! De gros bisous de votre Granny qui vous aime !
Bonne semaine à vous toutes et tous,
Les news de Gorpar - édition n°60
Les toilettes sont toujours dans le même état !!
Ainsi qu'Internet... Depuis le 11 mars, jour de l'achat de l'appareil, les installateurs ne sont pas revenus après quatre essais infructueux ! Pensant que le dit appareil avait un défaut, les deux jeunes hommes présents l'ont emporté à Rajbiraj... où il doit prendre la poussière probablement ! Je ne puis donc même pas le faire installer par quelqu'un d'autre ! J'ai téléphoné hier à leur chef, qui m'a promis de me les envoyer ce matin, ils devraient arriver vers 10h. Si non eh bien tant pis ! Il me faudra aller à Rajbiraj pour rendre les accessoires et demander le remboursement du tout... Entre temps, je reste avec mon ancien système de clef USB qui lui, fonctionne très bien !
Mais voici plutôt quelques événements de ces deux dernières semaines, pour vous montrer la diversité de notre vie !
Si les 1er, 2 et 3 avril nous n'avons pas eu d'électricité, avec tous les ennuis que cela comporte, en particulier la destruction des aliments conservés au frigo ou au congélateur et l'impossibilité de les remplacer par des légumes frais ! Ces coupures d'électricité entraînent de bien fâcheux accidents, on se souvient de notre prêtre, Bashudev, qui en est décédé ! Le 4 avril au matin en effet, l'électricité revenue, une dame du village de Banrait Tole a voulu remplir son seau d'eau au puit, auquel un paysan avait connecté l'électricité afin d'arroser son champ... Ne me demandez pas pourquoi ni comment ils font ce genre de manipulations, toujours est-il qu'elle s'est fait durement électrocuter, et que si le jeune fils de notre ancien rickshaw man ne s'était précipité pour arracher les fils électriques, elle serait bel et bien partie en fumée ! Plus de peur que de mal cependant pour elle, une journée d'hôpital, quelques brûlures aux mains, mais soignables et heureusement sans de trop sérieuses conséquences.
Le 5 avril a eu lieu notre premier « graduation day » pour la première classe Montessori ! Dès 7h du matin nous étions toutes et tous sur pied de guerre afin d'installer la tente dans le jardin, sous laquelle allaient se retrouver les parents, préparer les assiettes de fruits, biscuits et bonbons prévus pour nos hôtes, répéter avec les enfants les chansons qu'ils produiraient, ainsi que les discours des « grands » ! Nous avons remis un « diplôme » à chacun de nos dix explorateurs, car ils sont bien de cette race, nous qui commençons seulement l'aventure Montessori.
Mercredi 6 avril, 7h, Umesh est devant la maison, je pars à Kathmandu avec M. Khadga. Pour une fois, notre avion est à l'heure et nous arrivons à la capitale juste à temps pour nous restaurer d'un plat de momo et de rouleaux de printemps au poulet. Dès que nous avons terminé de nous restaurer, nous partons au Social Welfare Council, distant de quelques centaines de mètres de notre hôtel, le Shanker. Si la température est plus agréable qu'à Gorpar (environ 27°), il n'en va pas de même avec la pollution, le trafic et le bruit ambiant ! M. Khadga porte les documents que nous devons remettre au « deputy director», il m'a assuré quinze fois que tout était en ordre (oui, parce que je lui ai bien demandé quinze fois s'il avait avec lui tous les documents nécessaires à notre demande !!). Premier bureau, les doutes s'installent... la dame qui nous reçoit consulte rapidement le dossier et je comprends qu'il manque un « format » que l'on peut acquérir sur le site du SWC... Bon, elle nous envoie deux étages plus haut chez M. Mallik, qui est en séance et nous fait patienter. Il va interrompre sa séance, pour nous informer qu'en effet, le dossier n'est pas complet et qu'il nous faut une lettre d'acceptation du Chef du District de Saptari, que nous n'obtiendrons qu'à Rajbiraj... !
Inutile de s'énerver, comme d'habitude le travail est fait à moitié et c'est de ma faute si je n'ai pas pris le temps de contrôler sur Internet si nous avions bel et bien tous les documents à présenter. En fait, il s'agit, après avoir enregistré la construction du bâtiment Montessori il y a deux ans, d'enregistrer maintenant les activités qui s'y déroulent. Pour se faire, nous devons compléter un formulaire de 6 pages et décrire en détails le programme Montessori, les cours de couture, le bureau, le petit appartement pour nos visiteurs et éventuels volontaires !
J'emmène M. Khadga voir Durbar square et ce qui reste des temples et palais après les tremblements de terre de l'an dernier. Il en est impressionné et prend la mesure de ce que nous avons ressenti sans grand mal a pu, ici détruire ! Un coca plus tard, nous rentrons à l'hôtel pour nous y reposer, ce soir nous recevons le Major B. et sa famille. J'avais rencontré le Major dans l'avion, début mars en rentrant chez moi, alors que le Premier Ministre Oli se rendait à Biratnagar. Le Major B. est son (l'un de ses) garde du corps et nous avions discuté tout le long du vol. Il me dit avoir pu raconter, lors du vol retour sur Kathmandu, à M. Oli ce que je fais au Népal. Il se propose même de demander à M. Oli d'intervenir auprès du District Education Officer (qui ne trouve pas le temps de nous recevoir, la Head Mistress, M. Yadav, président du Comité de l'école et moi-même) pour une discussion concernant nos instituteurs actuels... et ceux manquants pour la nouvelle année qui débute cette semaine !
Le lendemain, après un très copieux petit déjeuner, M. Khadga et moi passons notre jeudi matin à remplir le formulaire du SWC, à établir un budget sur 5 ans, ainsi que la liste du matériel et du mobilier faisant partie du bâtiment Montessori. Puis, nous partons à Patan pour y visiter Durbar square, que M. Khadga connaissait et dont là aussi, il prend la mesure des destructions. Par la même occasion, nous rendons ensuite visite à mon amie Urmila dont la santé se maintient sans grands changements, et son fils Manish. Urmila est dans un « bon » jour, elle nous accueille avec de grands sourires et semble heureuse de voir M. Khadga. Nous rencontrons deux jeunes amis de Manish, l'un peintre, avec qui il avait suivi ses études en Inde, et l'autre enseignant à Jhapa, au Sud Népal, à quelques lieues de chez moi. Le peintre s'est reconverti et travaille maintenant à Bollywood ! Manish et moi y sommes invités, à visiter Mumbai et les studios bollywoodiens... ! Pourquoi pas ? Lors d'un retour au Népal, s'arrêter à Mumbai en chemin. Ce n'est qu'un petit détour à l'aune de notre planète !
Nous visitons encore une exposition concernant l'action du World Food Program. Des photos nous montrent les territoires du Nord dévastés après les tremblements de terre de l'an dernier et les énormes difficultés encourues pour atteindre les populations les plus reculées et les plus coupées du reste du pays. Le transport à dos d'hommes de tôles ondulées, de sacs de ravitaillement, et du nécessaire à la survie sont impressionnants, autant que les quelques 450 camions conduits pratiquement en file indienne sur des routes de montagne pour la plupart détruites. Que de risques pris pour sauver des vies tourmentées ! Nous en restons abasourdis et pour le moins « remués » !
Des actions grandioses d'organismes internationaux, mais aussi cela me rappelle d'innombrables actions de petites associations, nationales ou non, qui ont paré au plus urgent souvent et qui perdurent dans leur soutien, le Gouvernement n'étant pas capable de prendre la relève. Ce matin, je viens d'apprendre que le gouvernement japonais demande au gouvernement népalais les comptes relatifs aux millions envoyés à la suite des tremblements ! Réjouissant... espérons que tous les gouvernements vont faire de même et que la corruption à très grande échelle sera mise à jour !
La journée se termine par une excellente pizza, au Fire & Ice à Thamel, un retour à l'hôtel à pied pour la digestion et une nuit de sommeil bienvenue.
Ce vendredi matin, nous rencontrons notre dentiste préférée, Sybille Keller, qui elle a terminé ses 10 jours de camps dans le « far Ouest » népalais et s'en retourne ce soir en Allemagne. Elle reviendra cet automne chez nous à Gorpar. Après un toujours très copieux petit déjeuner, nous partons chez M. Jigmé Bista, l'organisateur de notre voyage au Mustang l'an prochain. Il nous informe que les trois jours du festival Teeji se dérouleront probablement en mai et non pas en juin, comme précisé précédemment. Nous reprenons les détails du voyage et en précisons les moyens de transport : voiture, jeep, tracteur, cheval et pedibus cum jambis ! Va falloir se préparer pour éviter les ampoules !!
M. Khadga repartant demain 9 avril au village, nous l'emmenons à l'école dont Gokul, un très ancien ami, est le doyen. Ils vont passer l'après-midi et la nuit chez ce dernier à Sankhu. Je poursuis pour ma part ma journée avec Sybille, nous rendons visite à Murari Sharma, l'oncle de David et manager d'hôtel de son état, afin de lui remettre quelques photos. Il nous fait visiter l'hôtel Vaishali, en plein Thamel et dont il est le nouveau manager, après avoir quitté et le Malla et le Tibet International ! Difficile de suivre son périple hôtelier ! Nous repartons pour un massage des pieds au Zen Spa ! Moment bien agréable, le massage d'étendant jusqu'aux genoux! Sur lesquels Sybille se trouve probablement, après son camp ! J'accompagne pour terminer Sybille à son hôtel, le Pilgrim's Guest House et nous nous séparons sur un très prochain au revoir, en Suisse cette fois !
Toujours après un copieux petit déjeuner, je pars ce matin avec Dan Bahadur, taxi man précieux, pour Sankhu. En chemin, je m'arrête tout d'abord à Koteshwar, chez un éditeur auprès duquel nous avons trouvé, après un an de recherches, les livres destinés à nos futures couturières ! J'en achète 25 exemplaires, que M. Khadga emmènera ce soir avec lui. A Dachhi, je visite la maison pour enfants avec handicaps que mon amie Marie-Josée construit. Les barrières de la rampe sont posées, la cuisine aussi – enfin à peu près. Mais rien d'autre n'a vraiment changé depuis le début de l'année. Le temps semble suspendu... !
Je file ensuite jusqu'au Shushma Koirala Memorial Hospital, pour y déposer la demande d'organisation du camp dentaire de cet automne. Sybille est pleinement d'accord, ce qui devrait en activer la réalisation. Puis je me rends chez Gokul, où nous déjeunons tous ensemble d'un dhal bhat tarkari pour eux et de fruits pour moi. Moment de détente, réunion des « vieilles » amies qui rendent visite à la maman de Gokul (elles viennent s'enquérir de qui est là !), puis départ pour amener M. Khadga à la station de bus à Gaushala. Nous l'y abandonnons, je rentre fatiguée à l'hôtel, j'apprends qu'il fait 33° à Kathmandu ! Pénible...
Je suis étendue sur mon lit, regardant à la TV une émission sur les grands animaux d'Afrique, lorsque mon lit se met à bouger... quelques secondes, je me suis levée d'un bond et me tiens au mur ! Nouvelle secousse, encore une. Epicentre à Patan, 4,8 sur l'échelle de Richter. Et des cris entendus par la fenêtre, des hurlements de peur... Pour ma part, je me renseigne auprès de la réception ce qui est prévu dans ce cas... ben... on attend que cela passe et ensuite on se réunit dans les jardins ! Oui, enfin, si le bâtiment ne tombe pas en ruines, voyez-vous, je vais plutôt rester dans ma chambre et dormir !!
Le lendemain matin, je me rends à Sado Batho, afin d'y acheter des plateaux pour nos activités Montessori. Une manifestation d'étudiants nous bloque la route... jusqu'à ce que je demande à Dan Bahadur de reculer et d'emprunter d'autres routes. Nous ne passerons pas par le centre-ville, mais ferons le détour par Ring road, Koteshwar et frisons Patan ! En revenant, nous nous arrêtons à Shanti Sewa, la maison – léproserie ouverte il y a des décennies par Marianne, une amie allemande. J'ai envie de voir où en sont les petits sacs que je fais confectionner afin d'y placer les bijoux en cours de réalisation. Eh bien ! Grand bien m'a pris, puisque les tissus apportés sont consciencieusement remisé dans une armoire... Je demande à ce que l'ordre passé auprès de Marianne en février soit bien exécuté pour la fin mai... ce que le responsable m'assure en s'excusant mille fois ! Pas de mal pour l'instant, mais j'insiste... je dois les emmener en Suisse lors de mon séjour !
J'enchaîne avec une visite à la Nabil Bank. L'argent reçu pour les rénovations des bâtiments y a été déposé sur mon compte. Je dois le récupérer, afin de le déposer sur celui de la Nepal Bank à Kanchanpur. Bon, le 4ème versement n'est pas encore crédité. Cela m'ennuie, car je rentre chez moi demain matin par le premier vol, ce qui va m'obliger à me rendre à Itahari afin de récupérer le solde du montant indisponible ce jour.
Pourquoi effectuer les versements sur mon compte personnel me direz-vous !? Eh bien, c'est très simple ! Enfin, c'est le Népal ! Le compte de l'école, ouvert à la Nepal Bank, est bloqué depuis le 25 mai 2015, à la suite du décès de notre institutrice Mina. Trois personnes avaient la signature sur ce compte et devaient signer conjointement les chèques. Or, depuis le décès de Mina, nous devons produire un document signé par ces trois fils, qui doivent certifier renoncer à l'argent sur le compte. Mais voilà, le certificat de décès de Mina n'est pas encore disponible, du fait des mois de blocage des activités de l'an dernier d'une part et d'autre part du fait que le fils aîné est maintenant domicilié à Kathmandu ! Nous avons donc dû trouver cette alternative, afin de pouvoir disposer les fonds nécessaires à faire tourner nos activités.
Je me rends ensuite chez Yak & Yéti Enterprises, afin d'y voir les exemplaires des bijoux en préparation. Sur les 13 motifs, trois ne conviennent pas, l'artisan n'a pas tout à fait compris ce que je souhaite. Il est vrai que c'est plus facile de dessiner sur papier que d'exécuter le dessin avec de l'argent. Bon, il reste tout de même une dizaine de différents modèles que vous pourrez admirer et acquérir lors de nos ventes.
Je repasse à l'hôtel pour me changer et y attendre le Major B., chez qui je dîne ce soir ! Présentation à la famille de son épouse, ses beaux-parents, son beau-frère qui se marie le jour de l'an et qui m'invite à participer à cette cérémonie qui va durer une bonne semaine ! Je dois décliner, je rentre après-demain chez moi.
Mon dernier jour à Kathmandu se passe tout d'abord au Zen Spa... chez le coiffeur ! C'est un coiffeur pour hommes qui me coupe les cheveux, la coiffeuse du Spa ne s'y risquant pas... C'est court, mais c'est bien, si ce n'est que je me fais arracher la tête lors du massage qui termine l'expérience !! Je reste à Thamel pour y acheter une dizaine de petits tapis ronds, constitués de boules de feutre, identiques à ceux que nous possédons déjà pour Montessori... Nouvelle classe oblige, il nous en faut quelques pièces supplémentaires pour les nouveaux écoliers qui commenceront chez nous le 18 avril prochain !
Je rencontre ensuite Astrid au restaurant le Denchenling, où nous refaisons le monde et partageons nos dernières « aventures ». Du nan à l'ail et un sikarni nous rassasient. Julia, bras droit népalais d'Astrid nous rejoint et nous repartons chacune de notre côté, Astrid emmenant quelques lettres rédigées pour quelques destinataires en Suisse. Je me rends une fois encore à la Nabil Bank. Le 4ème versement n'est pas arrivé (ou n'a pas été encore crédité... !), tant pis, j'emmène le disponible et me rendrai à Itahari, j'y ai de toutes façons régulièrement des achats à y faire.
De retour à l'hôtel, je prépare mes bagages. Venue avec un sac au trois quarts plein, je repars de Kathmandu avec trois sacs « bourrés » !! Comme d'habitude, le lendemain matin à l'aéroport, je vais mendier quelques kilos supplémentaires gratuits... et j'ai la surprise que tous me soient accordés, car à nouveau un membre du Gouvernement fait le voyage et sans bagages. Pour une fois qu'ils sont utiles à quelque chose ces dignitaires... !!
Hareram et Umesh m'attendent à Biratnagar. Nous prenons la route immédiatement, je ne me sens pas le courage d'aller faire du shopping. Mais nous nous arrêtons en chemin, à Duhabi et y achetons du pain et des fruits. A Kanchanpur, je remets l'argent transporté à M. Khadga, qui va le déposer sur mon compte privé (même cirque que plus haut). Mais imaginez un directeur de banque qui refuse que nous déposions tout l'argent amené de Kathmandu !! Il n'en accepte que la moitié, et encore, faut-il déclarer sa provenance... M. Khadga lui affirme avoir vendu du terrain... ce qui met fin aux palabres. Ah le Népal... s'il n'existait pas, il faudrait l'inventer !
A mon arrivée chez moi, je constate que les travaux de rénovation de l'école primaire avancent bien. Mais nous aurons besoin d'un mois supplémentaire afin de les mener à bien. Alors l'idée germe d'installer les classes qui ne trouveront pas refuge dans le bâtiment secondaire sous l'auvent du parking ! En construisant de simples parois de bambou pour les installer tout autour, le tour sera joué ! Cette idée, que je trouve vraiment géniale, est due à la Head Mistress, à qui je demande de fournir les parois...
En ce jour du 13 avril, nous fêtons le Nouvel-An népalais. Cérémonie de l'eau plus raisonnable ces dernières années ! En effet, il est d'usage de « bénir » les personnes rencontrées en leur versant un peu d'eau sur la tête. Il y a quelques années, nous avions complètement dérapé... en s'arrosant mutuellement avec des seaux d'eau ! Mais c'était absolument génial... au temps béni de l'amitié... Autres temps, autres mœurs dirons – nous ! Restent les visites inattendues, et le traditionnel repas chez notre Président. La température a de nouveau grimpé jusqu'au 35°, je suis fourbue... allez, zou, au lit et lecture. Pour qu'à 19h46, mon lit se mette à tanguer et grincer... il n'aime pas du tout les tremblements de terre ! Celui-ci, fortement ressenti à nouveau, a son épicentre du côté du Bengladesh ! En avez-vous entendu parler ? Probablement pas, il y en a tant depuis quelques longs mois que la communauté internationale en est saturée ! Ici, nous en sommes à chaque fois « secoués » et inquiets, leur intensité et leur répétitivité nous angoissant à l'approche du 25 avril.
Ce matin 14 avril, ce sera la reprise en main de Kudan... car comme d'habitude, en mon absence, il ne travaille pas ou prou ! Dommage, car il va de nouveau avoir des journées lourdes à devoir ramasser les feuilles. Et c'est un travail usant, moi qui l'ai pratiqué pendant une quinzaine de jours, matins et soirs, à s'en casser les reins ! Il faut aussi lui rappeler d'arroser les fleurs et les plants des arbres coupés près de l'école primaire, replantés... et oubliés ! Hareram, M. Khadga et moi l'y aidons finalement... Ce travail est vraiment pénible, répété tous les jours pendant plus de trois mois, le temps que nos arbres perdent leurs oripeaux et revêtent leurs habits de lumière pour la nouvelle année ! Mais bon dieu, qui a eu l'idée de planter plus de 130 arbres ??
Enfin une bonne nouvelle m'est annoncée : notre instituteur M. Muneshwar a réussi ses examens et obtenu son Master en économie ! Un tout grand bravo à lui !
Vendredi et samedi, 24h de prières ont été organisées en l'honneur du dieu Ram et de son épouse Sita. Notre Président du comité de l'école, initiateur du projet, y inclus des prières pour la santé de notre amie. Une initiative émouvante et fort bienvenue ! Je suis juste quelque peu déçue, car M. Yadav m'avait informée qu'il n'y aurait pas de haut -parleurs... et j'en découvre quatre, installés dans les arbres. Evidemment, il n'est pas possible de demander à ce que la musique soit raisonnablement forte et donc impossible de dormir, les « Ram, Hariram, Hare Krishna Ram Ram » hurlés me rendent chèvre ! Hariram, mon Hariram, et M. Khadga dorment chez moi. Samedi matin, pour éviter une journée de hurlements, nous partons, Hariram et moi, à Itahari pour des achats. Il nous faut des tuyaux d'arrosage, changer un robinet de ma salle de bains qui, après 10 ans de bons et loyaux services rend l'âme et coule de tous côtés, quelques denrées non périssables, le frigo ne fonctionnant pas vraiment du fait que le voltage électrique est tout à fait insuffisant, des fusibles, des sous – vêtements pour Hariram, ceux qu'il porte ne sont plus que trous autour desquels résistent encore quelques fils ! Et la nouvelle garde – robe de sa fille qui entre en deuxième année Montessori.
Hier, c'était premier jour d'école gouvernementale. La Head Mistress brille par son absence, les élèves sont là pour dix minutes, tous les résultats des examens de fin d'année ne sont pas encore disponibles. Il manque ceux de... je vous le donne en mille ! Eh oui, nos deux canards n'ont pas eu le temps, depuis trois semaines qu'ils ne sont pas venu à l'école, de faire leur boulot ! Alors les résultats seront publiés mardi et l'école débutera mercredi... On se fout éperdument des élèves dans cette école, et quelques fois je me demande s'il ne vaudrait pas mieux arrêter de soutenir des je-m'en-foutistes-gouvernementaux !
Toujours pas d'Internet, mais il semblerait... l'espoir fait vivre... que ce sera pour ce matin ! Alors, des nouvelles au prochain numéro de mes news !
Bonne semaine et surtout Bonne et Heureuse Année à vous toutes et tous.
Les news de Gorpar - édition n°59
Les toilettes sont toujours dans le même état !!
Internet... Oui, mais encore faudrait-il connecter l'appareil, ce qui après quatre déplacements de Rajbiraj jusque chez moi... n'est pas encore réussi ! Depuis le 11 mars, je suis comme Charles, j'attends ! Mais je me demande qui l'est vraiment... Des heures de présence, d'essais infructueux, de tentatives avortées... me voilà toujours avec mon ancien système de clef USB. Heureusement, j'ai pu racheter dernièrement des cartes prépayées, afin de recharger dite clef et peux ainsi vous envoyer mes news !
Les grandes nouvelles de ces derniers jours sont d'une part l'avance des travaux de rénovation de l'école primaire.
Sol en l'état actuel. Le matériau utilisé pour le sol lors de la construction n'était pas approprié.
La couche de ciment est enlevée et sera remplacée par un revêtement adéquat.
Notre seul souci a été, une fois le revêtement des murs enlevé, de voir que les fissures étaient beaucoup plus importantes que prévu. Notre ingénieur nous a recommandé de construire 6 piliers à l'intérieur de la classe 5, la plus touchée... pour l'instant. Je suis inquiète de trouver la même fissure dans la classe nursery... Par contre, l'équipe engagée est au boulot, quotidiennement, et le travail avance régulièrement. Nous avons même déjà pu sur - élever un peu le foyer (où nous brûlons nos déchets) situé entre l'école primaire et la Casa Torino, créer un deuxième foyer à l'entrée Nord – Est de l'école (près de la porte bleue), construit un socle pour le puit d'eau que la Head Mistress a fait creuser à côté de l'école secondaire et entrepris la rénovation du cagibis (store room) de Kudan et de ses toilettes - douches...
Les élèves de la classe de couture ont terminé leurs examens ce matin. Théorie et pratique... bon, la pratique s'améliore d'année en année et j'en suis heureuse. Il reste quelques détails à peaufiner, vivement que notre institutrice suisse arrive ! La remise des certificats et des machines aura lieu demain après-midi. Rendez-vous est pris à Kanchanpur, ces demoiselles souhaitant choisir leur future machine.
Pour les élèves de la classe 10, les examens SLC ont débuté jeudi dernier. La « farewell party » s'est déroulée le samedi précédent, bien tristement cette année. Rien n'avait été vraiment prévu. Nous devions nous retrouver à 10h, mais personne n'était présent. Enfin, vers les deux heures de l'après-midi, les discours d'encouragement des instituteurs ont débuté, le tikka a été dessiné sur le front des élèves, un petit cornet de bujhiya, pomme et une brique de jus de mango distribuée à chacun/e... et au revoir ! Des au revoir sans larmes, au contraire de l'an dernier, alors que quelques jeunes filles étaient pratiquement au bord de l'évanouissement ! Les autres élèves sont en vacances jusqu'au 18 avril, délai nous permettant de travailler au renouveau de l'école primaire !
Après Holi, le festival des couleurs, Hareram, mon aide-de-camp, a été malade, le changement de saison se faisant sentir. Fatigue, mal de ventre, fièvre... il faut dire qu'après trois mois de sécheresse, nous subissons depuis le dimanche de Pâques de très gros orages, voire des tempêtes. Il m'arrive de ne pas courir assez vite d'une fenêtre à l'autre, afin de les fermer avant que le sol ne soit inondé ! Et les éclairs, suivi du roulement du tonnerre me fait encore et toujours penser au combat entre Zeus et Jupiter !
Depuis quelques semaines, nous avons, dû au manque d'eau, constaté que nos arbres recèlent d'innombrables nids de fourmis rouges... encore aujourd'hui, j'en ai vu plus d'une dizaine sur le même arbre ! Malheureusement, ils provoquent des dégâts, en asséchant les branches... et sur nos manguiers ne restent plus que de maigrichons supports tout fanés !
Après une virée à Biratnagar le 30 mars, afin d'y acheter un WC de remplacement, des poignées de porte que j'avais demandé depuis des lustres, et divers matériels qui nous seront utiles pour les réparations, nous avons, hier, installé le système « involter ». Ce système est composé de deux batteries et d'une station centrale. Celle – ci, lorsque nous avons de l'électricité, se charge et lorsque l'électricité s'en va, y supplée ! Oui, bon, mais encore faut-il de l'électricité... ce qui fait défaut depuis... hier justement ! Mon générateur étant devenu inutile chez moi, il sera transféré à l'école Montessori qui bénéficiera ainsi d'un apport pour les activités de musique en particulier !
Mes travaux administratifs se poursuivent, je refais les budgets, les salaires, les documents pour l'AG, etc. pour la troisième fois... La «to-do-list » s'allonge !
Mercredi matin prochain, M. Khadga et moi nous nous envolons pour Kathmandu, afin d'y renouveler les autorisations nécessaires pour notre école Montessori. Je vous retrouverai d'ici à la mi – avril, pour vous raconter nos aventures... si aventures il y a !
Bon week-end et bonne semaine à vous toutes et tous,
Les news de Gorpar - édition n°58
Dans mon dernier message, j'ai omis de vous parler des cours de népalais que j'ai commencés le 22 février. Tous les matins, de 7h à 8h, un professeur se présente à mon hôtel pour m'enseigner le b a ba de la grammaire népalaise. Dès la deuxième leçon, les choses se compliquent, car si tous les verbes – à l'infinitif – se terminent par –nu, leur conjugaison est aussi compliquée qu'en français, y ajoutant des pronoms qui diffèrent selon les verbes transitifs ou non... ! Et la conjugaison s'orne à l'imparfait de nouvelles formules, à tous les temps. Si en plus on introduit une négation... cela change à nouveau ! Un exemple ?
Aller – jaanu (prononcez : djaaanou, très long « a »)
Je vais - Mo jaanchhu (prononcez : djaa(n)tschou, le « n » peu accentué !)
Je ne vais pas - Mo jaandina
J'allais - Mo gaé
Je n'allais pas - Mo gaïna
Comme en allemand, le verbe conjugué se trouve en fin de phrase. Mais mon plus grand souci est ma mémoire... il me faut enregistrer le vocabulaire et ça, ce n'est pas piqué des vers ! Il me faudrait bien adjoindre un disque externe à mon cerveau, bien que je sois persuadée de ne pas en utiliser le plein potentiel !
Je suis heureuse d'avoir pu passer quelques jours à Kathmandu après avoir obtenu mon visa ! Ainsi, j'ai suivi la cérémonie des Oscars à la TV, j'ai pu effectuer tous mes achats, aussi bien pour l'école Montessori pour laquelle je devais échanger du matériel défectueux, que pour nos ventes en Suisse. J'ai constaté que les bracelets en argent que je fais préparer ont été remodelés selon mes indications, mais à 80% seulement. Lors de ma prochaine venue à Kathmandu, j'espère qu'ils seront concordants avec mes indications et que je pourrais les faire produire en grande quantité. Les petits sacs dans lesquels ils trouveront refuge sont également en préparation.
Je place ici un tout grand MERCI à l'intention de Marie-Josée et de Lucie, qui – l'une depuis le Népal et l'autre en Suisse - se sont chargées de ramener à bon port, les boîtes à bijoux, les épices, les notes books et les divers petits matériels qui vous seront présentés lors de nos diverses manifestations rappelées à votre agenda ci-dessous !
Il me faut revenir aux suites du voyage de la classe 10. Vous vous souvenez que débuta une rixe entre les étudiants qui ne comprenaient pas la décision des instituteurs et des chauffeurs du bus de ne pas se rendre à Janakpur (manque de fuel pour rentrer au bercail). Au cours de cette bagarre, l'un des étudiants perdit son mobile. Après avoir poussé les élèves de la classe 9 à détruire tous les interrupteurs dans les classes et corridors du bâtiment secondaire, et malgré – ou à cause – de ma déclaration à la police, qui retrouva les 3 principaux acteurs de ce vandalisme, les destructions, se sont poursuivies, tout d'abord dans les WC des garçons. Toutes les canalisations reliant les urinoirs aux écoulements ont été arrachées, et de nombreux carrelages cassés !! Se tirer une balle dans les deux pieds n'aurait pas eu de meilleur résultat... depuis 3 semaines, plus un seul élève / instituteur mâle ne peut se soulager dans les toilettes !! Et cette situation va se prolonger, jusqu'à ce que les parents acceptent de régler les dégâts !
Le point sur le « i » a été atteint le 7 mars, à 18h56, lorsque j'entends un bruit énorme de verre cassé dans ma cuisine, alors que j'étais attablée à manger tranquillement et déguster un livre de Maxime Chattam. Je me retourne pour vérifier ce qui a éclaté : le couvercle de la cuisinière est entier, celui en verre de la casserole aussi... lorsque j'aperçois une pierre et le verre de la fenêtre cassé, derrière le treillis nous protégeant des moustiques ! Le point de non-retour est atteint. J'appelle M. Khadga, la police et le branle-bas de combat débute ! Une vingtaine de villageois va défiler dans la maison, alors que les policiers ont déjà leur petite idée de qui est derrière cet événement ! Moi aussi par ailleurs, mais n'ayant vu personne, je me garde bien de donner un nom... Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous au poste de police pour la déclaration. Je demande qu'une enquête soit ouverte, que les fautifs soient trouvé et qu'ils assument leurs actes.
En quittant le poste de police de Simra, j'ai quelques doutes...
Mais nous connaissons le nom de 5 étudiants mêlés à cette affaire, il suffit peut-être de les interroger pour trouver qui est le meneur, bien qu'aucun doute ne puisse subsister : Sanjay Yadav a perdu son mobile et en veut à la terre entière.
Le lendemain, je reçois un téléphone de notre Doyenne : tout le monde est au poste de police, il faut que je m'y rende. Bon, j'avais prévu autre chose, mais allons-y. M. Yadav, Président, me rejoins et nous nous mettons en route. Il fait chaud, les trois kilomètres sont longs à parcourir, et j'ai bien peur de devoir passer une bonne partie de la journée à suivre une répétition de la comédie jouée à ce jour. En effet, tout le monde est déjà là, les élèves de la classe 10, quelques parents, des villageois, des curieux, certains de nos instituteurs.
Les élèves déclarent qu'ils sont innocents, qu'ils ne savent rien, et que tout est de la faute de la Doyenne qui n'a pas voulu aller à Janakpur. Je vous passe les heures de discussion entre tous ces messieurs (tiens, il n'y a que la Doyenne et moi de présentes !), les policiers vaquant à d'autres tâches ! Oh, ils viennent bien écouter quelques minutes les débats, mais s'en retournent à leur téléphone mobile... ils ont certainement d'autres chats plus importants à fouetter. Heureusement, Rupesh est là en congé, il me traduit quelques événements de la discussion.
A la fin de l'après-midi, les conclusions des policiers sont que l'on doit excuser ces enfants ! Mais que si quelque chose se reproduit, ils seront sévèrement punis !! Je refuse de signer le p.-v., demandant à ce que ces enfants soient reconnus coupables de détériorations, expulsés de l'école et que les parents soient déclarés responsables du paiement des réparations. En conséquence de quoi, un nouveau meeting est fixé au samedi 12 mars, avec les parents. Le 11 mars au soir, j'apprends que le meeting est renvoyé au dimanche 13 mars à 7h.
Nous voilà au dimanche 13 mars, 7h. Je dois être la seule présente... jusqu'à ce que très tranquillement, les premiers villageois arrivent. Certains se joindront à la quarantaine de présents jusqu'à 9h45... c'est l'heure népalaise ! La discussion va durer jusqu'à 13h45... pour aboutir aux excuses des 5 garçons incriminés.
Moi, j'ai juste deux questions : qu'en est-il des punitions ? Les excuses bidon des élèves sont-elles suffisantes (bidon, car il suffisait de voir leurs sourires pour comprendre combien ils se fichent de nous)? Et qui va régler les dépréciations ? Je me réjouis de voir combien de temps les WC des garçons vont rester dans l'état où ils sont... ! Il n'est pas question que notre Association en supporte les frais.
Une bonne nouvelle : vendredi dernier, je suis allée à Rajbiraj, au Nepal Telecom Office, pour y acquérir un appareil afin de recevoir Internet par WiFi. Deux heures et trente minutes pour qu'ils m'établissent la facture... à trois personnes ! Plus trois heures samedi soir, afin de trouver la bonne direction pour recevoir les impulsions de la tour NTC de Kanchanpur. Ils reviennent aujourd'hui... pour finaliser la mise en marche des appareils. WiFi, sans fil... qui en fait mesurent 12 mètres de long et trois câbles supplémentaires... Je constate que la technique et moi, cela fait vraiment trois !
En Suisse, les anniversaires de mes Chéri/es se poursuivent ! Et les bonnes nouvelles aussi, je serai en septembre, granny pour la 6ème fois !
Ce n'est pas beau, la vie ?
Une pensée toute particulière pour Betty, la flamme brille pour toi aux pieds de Ganesh !
Bonne semaine à vous toutes et tous,
Les news de Kathmandu - édition n°57
Depuis 8 jours à Kathmandu, j'ai renoué avec la peur des tremblements de terre... dans la nuit du 21 au 22 février, je fus en effet désagréablement réveillée par une nouvelle secousse de 5,5 sur Richter, dont l'épicentre se trouvait à Gorka. Et cela continue, pratiquement tous les jours, de petites secousses que nous ne remarquons plus, à des secousses plus importantes, voire angoissantes nous surprennent inopinément.
Pourtant, je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant... les encore nombreuses secousses qui se perpétuent après les grands tremblements de terre de l'an dernier ou ce qui se déroule à Banrait Tole, et ce bien que de nombreux événements ensoleillent les journées, comme la visite à l'auditeur de comptes de la GAN ou les miens personnels, puis le lunch pris chez la fille de M. Khadga, toute jeune heureuse maman d'un petit garçon ! Ou encore la fête anniversaire donnée pour les deux ans du fils d'Hareram !
La première semaine de février a vu d'une part le temps se gâter à nouveau. Mais ce fut surtout la démission avec effet immédiat de notre chauffeur de rickshaw qui nous a particulièrement ennuyés ! Nous mentant, il argumenta qu'il était malade et que ce travail était trop dur pour lui. J'abonde dans son sens d'une certaine manière, mais en fait, il parcourait dès le lendemain la région à vélo, afin de trouver une nouvelle épouse ! En voyant notre Kudan heureux avec sa nouvelle femme, l'idée lui est tout à coup venue que lui aussi pourrait trouver sa moitié ! Nous avons dû trouver une solution et celle-ci consiste à ce que Hareram, Nutan et moi, à tour de rôle, nous amenons les enfants à l'école et les accompagnons à la maison en fin de journée ! Bon exercice qu'une heure de marche quotidienne !
Les élèves de la classe 10 sont partis en voyage le 6 février, destination Kathmandu. Le voyage s'est bien déroulé, les étudiants ont pu visiter quelques-uns des temples célèbres de leur capitale et des environs. Sur le chemin du retour, ils décidèrent tout à coup de visiter Janakpur. Le problème fut que ce détour n'était pas prévu et que – au vu du rationnement de l'essence – les instituteurs et les chauffeurs du bus refusèrent. Débuta alors une rixe entre les étudiants qui ne comprenaient pas la situation et les chauffeurs. Au cours de cette bagarre, l'un des étudiants perdit son mobile. Au retour, les enfants remontés ont agressé la Head Mistress, l'obligeant à rembourser le téléphone perdu.
Mais ce n'est pas tout... pour se venger du mobile perdu et non remboursé, les élèves de la classe 10 ont poussé ceux de la classe 9 à les soutenir... et à détruire tous les interrupteurs dans les classes et corridors du bâtiment secondaire ! Ma réaction a été à la hauteur de ma fureur, vous pouvez me croire ! La police est intervenue, les policiers ont retrouvé les 3 principaux acteurs de ces destructions, qui ne sont pas les seules par ailleurs, puisque des vitres sont cassées, tant à l'école qu'au HCC. Les conséquences pour les élèves sont les suivantes : évidemment, le voyage de la classe 10 est supprimé l'an prochain. J'ai appelé un électricien, lui demandant d'enlever les interrupteurs, de protéger les fils électriques, de dépendre les ventilateurs... et nous allons cimenter les boîtes électriques, peindre les murs et nous n'aurons plus de soucis. Si les étudiants suent sang et eau dans les classes, par 40° cet été, nous leur rappellerons leurs actes de malveillance !
Les étudiants furent évidemment soutenus par nos deux instituteurs Krishna et Darmanath, qui se rendirent encore complices d'une histoire d'attouchement sexuel mis en scène par l'une des élèves pendant le voyage. Cette dernière accusa notre jeune instituteur Niraj de l'avoir caressée dans le bus de retour ! Oui, mais dans le bus, elle était assise entre la Head Mistress et l'institutrice Biwa Rani Singh... qui toutes deux n'ont rien remarqué !! Par contre, Krishna et Darmanath en savent beaucoup plus que tous les acteurs de cette triste histoire, alors qu'ils n'étaient pas du voyage eux-mêmes... histoire reconnue ce jour comme étant inexistante par la jeune fille en question. Mais le mal vis-à-vis de Niraj est fait. Il a été tenu 2 semaines à l'écart de l'enseignement, les élèves l'ayant mis à la porte !!
Le groupe des instituteurs payés par notre Association ainsi que ceux qui ne supportent pas nos canards, ainsi que la Head Mistress et moi-même ne savons pas/plus quoi faire afin que cette situation, provoquée par Krisha et Darmanath, cesse. Dès mon retour sur place, ces deux énergumènes devront s'excuser publiquement, et je me déplacerai à Rajbiraj avec notre Head Mistress afin de rencontrer le chef de l'office d'éducation du district et lui demander de nous débarrasser de ces mauvais esprits.
Le 8 février dernier, les frontières avec l'Inde ont été entre-ouvertes... et la situation s'améliore peu à peu. Les files devant les pompes à essence ne marquent plus que 3 à 5 heures d'attente. Les bonbonnes de gaz sont encore difficilement achetables sur le marché normal. Et au marché noir, leur prix atteint des sommets !
Dès le 11 février, Benju et les employées, ainsi que les élèves Montessori, préparèrent la cérémonie de Saraswoti Puja, la déesse de l'éducation, de la musique, qui est célébrée dans toutes les écoles hindoues. Nous avons vécu une belle journée, les papas présents ayant entonné une longue chanson en l'honneur de la déesse et un repas spécial, confectionné avec tous les ingrédients nécessaires afin de plaire à la déesse nous a particulièrement rempli l'estomac!
Le jeudi 18 février, avec nos petits, nous organisions le premier pique – nique de l'histoire de la Ganesha Keti Keta Phulbari School ». Au vu des événements qui se déroulaient à l'école gouvernementale et l'ambiance sous tension, j'avais demandé à pouvoir repousser cette sortie à mon retour de Kathmandu, mais les parents ayant averti les enfants, nous décidions de ne pas les décevoir ! En deux temps deux mouvements, les sandwiches au thon, à la confiture et au Nutella étaient prêts. Les fruits coupés, les œufs cuits, du bujhiya resté de la cérémonie de puja et des légumes cuits purent être dégustés par nous tous, tables et chaises installées dans le jardin, sous les grands parapluies qui nous servirent de parasols... ! Les enfants ont apprécié au-delà de toute attente et nous, les adultes, furent presque en vacances !
Depuis quelques jours, Benju et moi recevons également les parents de nos enfants les uns après les autres, la fin de l'année étant proche. Nous avons le plaisir d'annoncer que le développement de chacun est formidable, qu'ils font d'énormes progrès, et nous recevons également un feed-back de ce que les enfants rapportent à la maison. L'un des garçons, Krit, qui était particulièrement agressif en début d'année, s'est calmé, même s'il reste l'un des « hyper – actifs » de la première classe. Il aide maintenant son grand-papa au jardin et sa maman à la maison ! Une petite fille, qui pleurait beaucoup à son arrivée et ne mangeait pas seule, rit maintenant, vient me donner la main et aime lorsque je la ramène, avec son amie, à la maison car nous dansons, chantons, courrons, sautons en chemin et observons les oiseaux. Elle enseigne à lire à sa maman, mais a dit à sa grand-mère qu'elle est trop vieille et qu'elle ne comprend rien ! Les parents sont heureux et rassurés en voyant les cahiers et les classeurs de leurs enfants, car ils étaient inquiets de ne pas voir leurs bambins revenir à la maison avec des devoirs... !
Sita Adhikari, notre nouvelle institutrice, qui a terminé sa formation à l'Early Children Education Centre de Kathmandu se trouve actuellement chez Bina Gurung pour un mois de formation pratique. Elle va revenir chez nous autour du 20 mars, prête à prendre en main la nouvelle grappe de nos petits, en avril prochain ! Bina m'en a fait une impressionnante description, dont il ressort que Sita est une jeune femme très intelligente, comprenant rapidement les instructions, douce avec les enfants et agréable comme collègue ! Nous voilà avec deux maîtresses de valeur, la troisième, Sanjana, n'étant pas en reste, mais actuellement et jusqu'en novembre en arrêt maternité afin de s'occuper tranquillement de sa fillette.
Priyanka Mandal, notre infirmière du Centre de santé nous a annoncé ses fiançailles avec un jeune docteur en formation à Dehli. Le 17 février, avec Monsieur Yadav notre Président, je me rendis à Rajbiraj, ne comprenant rien au fait que ni la fiancée ni le fiancé ne prendraient part à cette cérémonie. A mon arrivée dans la famille du fiancé, je me rendis compte qu'il s'agissait du premier contact entre les deux familles, afin de décider des « modalités » du mariage, à savoir à combien le fiancé était estimé et combien la famille de la fiancée pouvait payer ! Cette même présentation de la marchandise avait eu lieu lorsque j'étais allée à Itahari rencontrer la future épouse de Sochiendra. Mais ce jour-là, au moins la promise était présente !
Depuis une semaine, je suis à Kathmandu, où j'ai couru tous les jours après les différents papiers qu'il me fallait présenter, vendredi dernier en début d'après-midi. Couru est pas tout à fait vrai, puisque j'ai souvent attendu des heures, comme au Teaching Hospital où je suis restée 5h30 afin d'y passer une partie des examens nécessaires à l'établissement du rapport qui accompagna mon dossier. Par contre, au Police Headquarters, ils furent plus efficaces... environ trois heures, sur trois jours car il fallait demander à Interpol si je ne suis pas une dangereuse trafiquante de drogue ou une meurtrière en série... bien que pour ce dernier point, je me ferai bien quelques canards au pot !!
Hier, avec Marie-Josée, nous sommes allées voir une exposition centrée sur l'art Mitila, au Baber Mahal Revisited, où non seulement un café nous attendait, mais où nous avons évidemment pu nous consacrer à quelque shopping ! Puis nous sommes allées à l'Alliance Française, qui organisait une « crêpes – party » ! Une belle journée détente, avant de reprendre le collier ce jour. Me voilà devant la TV à écouter les nouvelles BBC, CNN ou Aljazeera, tout en préparant les documents destinés à la convocation de notre prochaine assemblée générale et à mes news... que vous attendez certainement avec impatience !
N'hésitez pas à nous rejoindre au sein de notre Association, c'est avec grand plaisir que nous vous y accueillerons ! Il vous suffit de vous inscrire, au moyen du bulletin ci-joint ! Participez à notre action, ici, au Népal ! Ensemble, nous avons encore beaucoup à faire...
Pour vous, c'est journée votations... Avez-vous suivi ces derniers jours, les primaires aux USA ? Il y a de quoi être particulièrement effrayée à suivre la campagne d'un certain canard... !! Quel monde vivrons-nous si le dieu qu'il invoque l'appelle à la tête de la Maison Blanche ? Une troisième guerre mondiale ?
Bonne fin de week-end à vous toutes et tous,
Les news de Gorpar - édition n°56
A la demande générale, me voici installée sur ma terrasse afin de vous faire partager un nouvel épisode de mes news. Avant que de pouvoir vous les écrire, il m'a fallu décongeler !
A la demande générale, me voici installée sur ma terrasse afin de vous faire partager un nouvel épisode de mes news. Avant que de pouvoir vous les écrire, il m'a fallu décongeler !
Après avoir eu le temps de rencontrer Astrid et Nicole à Kathmandu, et de recevoir quelques nouvelles concernant les écoles que nos associations désirent reconstruire dans la région de Kavré (les plans sont établis, il reste le budget à recevoir, afin que je puisse vous donner de plus amples détails), je m'envolais le 18 janvier pour Biratnagar. Un petit quart d'heure de retard au départ de l'avion – je vole avec Yéti Airlines, dont le moto est « Fly on time »... ce qui, entre nous, est rarement le cas ! Arrivée à Biratnagar, Mr. Khadga et Umesh Dji le taximan que certains d'entre vous connaissent, m'attendaient sous un soleil écrasant. Je ne me doutais pas que je n'allais par le revoir de 10 jours. Tout a commencé par une première journée très maussade et un lendemain très pluvieux, de ces pluies qui dégringolent des cieux en colère ! Et la lente congélation de commencer, les températures étant en chute libre ! Malgré une paire de chaussettes, un legging sous un training, un pull en coton à col roulé sous un autre pull à col roulé en laine, lui-même enfoui sous une jaquette de laine (grosse laine, la jaquette !), un châle sur la tête et entourant mes épaules, calfeutrée sous une couverture et tenant une bouillotte dans les mains... J'avais encore FROID ! La température est descendue à 11° dans l'appartement. Même les innombrables tasses de thé et les plaques de chocolat ingurgitées ne m'ont pas réchauffée ! Bien entendu, l'électricité a fait défaut à plusieurs reprises et inutile d'imaginer allumer le four pour se chauffer un peu... le manque de gaz faisant cruellement défaut, il n'est utilisé que pour notre alimentation !
Après avoir eu le temps de rencontrer Astrid et Nicole à Kathmandu, et de recevoir quelques nouvelles concernant les écoles que nos associations désirent reconstruire dans la région de Kavré (les plans sont établis, il reste le budget à recevoir, afin que je puisse vous donner de plus amples détails), je m'envolais le 18 janvier pour Biratnagar. Un petit quart d'heure de retard au départ de l'avion – je vole avec Yéti Airlines, dont le moto est « Fly on time »... ce qui, entre nous, est rarement le cas ! Arrivée à Biratnagar, Mr. Khadga et Umesh Dji le taximan que certains d'entre vous connaissent, m'attendaient sous un soleil écrasant. Je ne me doutais pas que je n'allais par le revoir de 10 jours. Tout a commencé par une première journée très maussade et un lendemain très pluvieux, de ces pluies qui dégringolent des cieux en colère ! Et la lente congélation de commencer, les températures étant en chute libre ! Malgré une paire de chaussettes, un legging sous un training, un pull en coton à col roulé sous un autre pull à col roulé en laine, lui-même enfoui sous une jaquette de laine (grosse laine, la jaquette !), un châle sur la tête et entourant mes épaules, calfeutrée sous une couverture et tenant une bouillotte dans les mains... J'avais encore FROID ! La température est descendue à 11° dans l'appartement. Même les innombrables tasses de thé et les plaques de chocolat ingurgitées ne m'ont pas réchauffée ! Bien entendu, l'électricité a fait défaut à plusieurs reprises et inutile d'imaginer allumer le four pour se chauffer un peu... le manque de gaz faisant cruellement défaut, il n'est utilisé que pour notre alimentation !
Un timide soleil a pointé le bout de ses rayons dès le 26 janvier, permettant l'espoir de jours meilleurs et surtout d'une bonne douche à la clef, car 8 jours de toilette du chat à l'eau froide commençaient joliment à me gercer les mains ! Et pas que les mains... Depuis 4 jours, nous voici à nouveau arrosés de ses bienfaits, la lessive séchant de la journée et mes pauvres os se redressant sous ses caresses ! J'ai pu, depuis, enlever mes mitaines pour vous écrire de Gorpar !
Un timide soleil a pointé le bout de ses rayons dès le 26 janvier, permettant l'espoir de jours meilleurs et surtout d'une bonne douche à la clef, car 8 jours de toilette du chat à l'eau froide commençaient joliment à me gercer les mains ! Et pas que les mains... Depuis 4 jours, nous voici à nouveau arrosés de ses bienfaits, la lessive séchant de la journée et mes pauvres os se redressant sous ses caresses ! J'ai pu, depuis, enlever mes mitaines pour vous écrire de Gorpar !
En fait, je n'habite pas du tout dans le village de Gorpar, mais à quelques centaines de mètres, au milieu de nulle part ! Banrait Tole, c'est le nom du village qui abrite l'école, nom découlant de la famille « régnante » des grands propriétaires de terrains du coin, les Yadav Banrait... d'où le pourquoi du nom de Président à Monsieur Hari Narayan Banrait Yadav... président du dit village... Vous me suivez ?
En fait, je n'habite pas du tout dans le village de Gorpar, mais à quelques centaines de mètres, au milieu de nulle part ! Banrait Tole, c'est le nom du village qui abrite l'école, nom découlant de la famille « régnante » des grands propriétaires de terrains du coin, les Yadav Banrait... d'où le pourquoi du nom de Président à Monsieur Hari Narayan Banrait Yadav... président du dit village... Vous me suivez ?
J'ai retrouvé mes compagnons de route, à savoir les dames de l'école Montessori, toujours aussi appliquées sous l'égide de Benju, une recrue dont je ne cesse Betty, David et moi d'avoir eu le bon sens d'engager ! Monsieur Khadga, disponible pour toutes les sorties, mais peu enclin au travail de nos comptabilités, la doyenne de l'école gouvernementale, Madame Chaudhary, qui en fait beaucoup, comme un moulin à vent, les dames du Centre de santé, qui se noient dans des activités inutiles, et surtout, les 647 élèves dans les classes, les instituteurs au bureau... et ne sachant toujours pas comment mélanger les deux !!
J'ai retrouvé mes compagnons de route, à savoir les dames de l'école Montessori, toujours aussi appliquées sous l'égide de Benju, une recrue dont je ne cesse Betty, David et moi d'avoir eu le bon sens d'engager ! Monsieur Khadga, disponible pour toutes les sorties, mais peu enclin au travail de nos comptabilités, la doyenne de l'école gouvernementale, Madame Chaudhary, qui en fait beaucoup, comme un moulin à vent, les dames du Centre de santé, qui se noient dans des activités inutiles, et surtout, les 647 élèves dans les classes, les instituteurs au bureau... et ne sachant toujours pas comment mélanger les deux !!
Notre Kudan nouvellement marié s'est remis à l'ouvrage depuis que je suis de retour, par contre, notre prêtre Parsuram est lui d'une fidélité quotidienne à toute épreuve.
Notre Kudan nouvellement marié s'est remis à l'ouvrage depuis que je suis de retour, par contre, notre prêtre Parsuram est lui d'une fidélité quotidienne à toute épreuve.
La saison des mariages bat son plein, tout comme celle des décès... en cette période de grands froids, enfants, adultes et vieillards attrapent rhumes et toux, débouchant parfois sur de plus graves pneumonies et pour les plus faibles, les emmenant au paradis des pauvres, du moins je le leur souhaite.
La saison des mariages bat son plein, tout comme celle des décès... en cette période de grands froids, enfants, adultes et vieillards attrapent rhumes et toux, débouchant parfois sur de plus graves pneumonies et pour les plus faibles, les emmenant au paradis des pauvres, du moins je le leur souhaite.
Les examens de fin de semestre ont débuté jeudi dernier pour les étudiants de la classe 10, qui préparent activement... leur voyage de fin d'études ! Ils partiront, si tout va bien, samedi dans une semaine pour Kathmandu et ses environs, à la recherche de quelques temples perdus probablement. Ils feront enfin connaissance avec les destructions survenues lors des tremblements de terre d'avril et mai 2015. Si cela pouvait leur mettre une brique dans le cerveau, ce serait toujours ça de gagné ! Non, je ne les accompagnerai pas, devant me rendre à Kathmandu dès le 20 février afin d'y renouveler mon visa.
Les examens de fin de semestre ont débuté jeudi dernier pour les étudiants de la classe 10, qui préparent activement... leur voyage de fin d'études ! Ils partiront, si tout va bien, samedi dans une semaine pour Kathmandu et ses environs, à la recherche de quelques temples perdus probablement. Ils feront enfin connaissance avec les destructions survenues lors des tremblements de terre d'avril et mai 2015. Si cela pouvait leur mettre une brique dans le cerveau, ce serait toujours ça de gagné ! Non, je ne les accompagnerai pas, devant me rendre à Kathmandu dès le 20 février afin d'y renouveler mon visa.
Les rapports concernant les camps de santé organisés l'an dernier sont pratiquement en boîte, celui qui résume les activités du Centre de santé est terminé, enfin, les derniers éléments concernant les 8 premiers mois du programme de nutrition ayant été décortiqués hier, avec une Anita perdue et qui – j'en suis presque persuadée – a dû en avoir des cheveux gris ! Je vous livre ci-après, en presque primeur, quelques-unes de mes constatations :
Les rapports concernant les camps de santé organisés l'an dernier sont pratiquement en boîte, celui qui résume les activités du Centre de santé est terminé, enfin, les derniers éléments concernant les 8 premiers mois du programme de nutrition ayant été décortiqués hier, avec une Anita perdue et qui – j'en suis presque persuadée – a dû en avoir des cheveux gris ! Je vous livre ci-après, en presque primeur, quelques-unes de mes constatations :
A ce jour, après avoir mesuré et pesé à nouveau ces 291 enfants à la fin décembre 2015, nous avons pu faire les constations suivantes :
A ce jour, après avoir mesuré et pesé à nouveau ces 291 enfants à la fin décembre 2015, nous avons pu faire les constations suivantes :
9 enfants ont quitté notre école pour suivre l'enseignement primaire et secondaire dans un autre établissement. On ne peut décemment pas leur en vouloir, au vu de l'enseignement lacunaire dispensé dans notre école gouvernementale !
9 enfants ont quitté notre école pour suivre l'enseignement primaire et secondaire dans un autre établissement. On ne peut décemment pas leur en vouloir, au vu de l'enseignement lacunaire dispensé dans notre école gouvernementale !
12 enfants ne viennent que rarement, voire pas du tout en classe et ne suivent évidemment plus le programme de nutrition. Dommage pour eux, tant au niveau de leur éducation que de leur santé !
12 enfants ne viennent que rarement, voire pas du tout en classe et ne suivent évidemment plus le programme de nutrition. Dommage pour eux, tant au niveau de leur éducation que de leur santé !
1 fillette de classe 3 est décédée, au début janvier 2016, de pneumonie accompagnée de problèmes rénaux.
1 fillette de classe 3 est décédée, au début janvier 2016, de pneumonie accompagnée de problèmes rénaux.
10 filles et 5 garçons ont recouvré un poids normal. Nous les gardons cependant au sein du programme, afin de stabiliser leurs poids. Réjouissant et prometteur ! Nous reconduirons le programme si nous trouvons suffisamment de fonds pour y pourvoir.
10 filles et 5 garçons ont recouvré un poids normal. Nous les gardons cependant au sein du programme, afin de stabiliser leurs poids. Réjouissant et prometteur ! Nous reconduirons le programme si nous trouvons suffisamment de fonds pour y pourvoir.
77 enfants ont passé de la catégorie des sous alimentés à celle des « peu » mal-nourris, soit avec un BMI quelque peu amélioré.
77 enfants ont passé de la catégorie des sous alimentés à celle des « peu » mal-nourris, soit avec un BMI quelque peu amélioré.
43 enfants ont quitté la catégorie des sévèrement mal-nourris pour se retrouver dans l'une des autres catégories.
43 enfants ont quitté la catégorie des sévèrement mal-nourris pour se retrouver dans l'une des autres catégories.
Il n'en reste pas moins que sur nos 626 enfants restants dans nos classes cette année scolaire, 255 étudiants entre 5 et 17 ans sont en situation de mal – nutrition.
Et le blocage des frontières se poursuit, maintenu de main ferme par des politiciens dont la bedaine fait penser qu'eux, ils ne souffrent ni de faim ni de froid...
Il n'en reste pas moins que sur nos 626 enfants restants dans nos classes cette année scolaire, 255 étudiants entre 5 et 17 ans sont en situation de mal – nutrition.
Au plaisir de vous retrouver, bientôt. Il est temps, pour moi, de rôtir une cuisse de poulet et préparer la salade qui va l'accompagner.
Les news de Gorpar - édition n°55
Vous avez pensé que je vous abandonnais ? Que j'étais devenue un peu feignasse ? Que je n'avais plus rien à vous raconter ?
Rassurez-vous... et commençons tout d'abord par les vœux de nouvelle année ! Que ces prochains douze mois (enfin, presque douze), vous apporte la sérénité afin d'affronter calmement les embûches quotidiennes, la santé – maintenue ou recouvrée – et la paix en ce monde de fous ! Quelques touches de joies et de bonheur, pour saupoudrer votre vie et maintenir un sourire quelques fois absent malgré lui !
Mais reprenons par le début... je vous ai quitté le 20 novembre, croyant pouvoir rejoindre mon « chez moi » népalais. Ce ne fut le cas que le 26, après que M. Khadga m'ait avertie que les motos étaient autorisées à rouler et qu'il m'attendrait, avec MM. Yadav et Muneshwar à l'aéroport à Biratnagar. Ce qu'ils firent et nous voilà tous les 4, plus 56 kilos de bagages, embarqués sur trois motos ! Deux heures plus tard, j'étais rendue chez moi... attendue par toutes et tous, notre nouvelle doyenne de l'école gouvernementale ayant veillé à ce qu'une réception soit organisée ! Gentil geste que j'appréciais ! Mais pas le temps de flemmer, il me fallut ranger mes bagages et préparer le camp du lendemain.
En effet, les 27 et 28 novembre furent dédiés au camp de consultation des oreilles de nos élèves et des villageois. Deux journées bien remplies, qui nous amenèrent à constater que 18 personnes ont besoin d'un appareil auditif et une dizaine doivent subir une opération. Les trois médecins et assistants présents restèrent pour la nuit, les routes n'étant pas sûres et le fuel manquant terriblement. Nous partageâmes le souper en faisant, connaissance ! Hareram accepta également de dormir chez moi, afin d'être sur place le samedi matin et de préparer un copieux petit déjeuner.
Dans la nuit, un coup de couteau dans le dos me réveilla ! Celles et ceux qui ont déjà souffert d'un calcul rénal savent de quoi je parle... pire qu'un accouchement ! Et sans la joie d'un petit bout d'chou au bout !
La nuit suivante, les éléphants étaient de retour ! C'est leur saison... ils viennent se nourrir du riz et des cocotiers, mais heureusement, ils ont épargné mon jardin !
Au matin, je retrouvais Benju et Sanjana, mes institutrices Montessori. Une longue discussion nous amena à prendre la décision d'engager une nouvelle institutrice, Sanjana et son bébé, au vu de la situation politique, ne pouvant se rendre à Kathmandu. Actuellement, il faut des heures de transport entre la maison de mon amie et l'école, car les bus – ceux qui ont de l'essence - sont plus que surchargés ! D'autre part, le bébé n'ayant que 7 mois et étant encore nourri au sein, il ne peut rester de 6h du matin à 18h sans sa maman. Enfin, la grand-maman qui les auraient accompagnés est malade du cœur et ne se sentait pas de courir le risque de vivre à Kathmandu deux mois en ayant à voyager au moins 4 à 5h par jour dans ces dits bus !
Le 1er décembre, avec M. Khadga, j'enfourchais à nouveau la moto pour me rendre au Hamro Aspatal (le joli hôpital en français !). Après de multiples examens, j'y reçus la confirmation que je logeais bel et bien une pierre de 9.9mm dans mon rein droit... ! J'empochais quelques quatre différents médicaments et retour chez moi, sans oublier deux kilos de mandarines et du poisson, de quoi améliorer l'ordinaire... et achetés en chemin.
Le samedi 5 décembre, nous avions organisé, à notre habitude, le second camp gynécologique 2015. Plus de 100 dames se retrouvèrent dans notre jardin, attendant patiemment leur tour de consultation. Il ressort de ce camp que 37 personnes ont ou seront opérées pour prolapses. D'autre part, notre doctoresse a découvert deux dames souffrant de cancer de l'utérus. Nous allons bien entendu les suivre, bien que pour une, il semble que ce soit d'ores et déjà relativement tard...
Le mercredi 9 décembre nous recevions 25 jeunes femmes, institutrices formées et diplômées pour la plupart, postulant dans le cadre de notre recherche d'une nouvelles enseignante. En fin de journée, nous gardions trois candidates pour une seconde interview qui se déroula le dimanche 13 décembre. Notre choix se portait définitivement sur une jeune femme ayant déjà enseigné pendant 5 ans dans une école privée et en possession du bac et du diplôme d'enseignement, reconnus tous deux par le gouvernement. Elle parle très bien l'anglais, ce qui était une condition sine qua none. Elle se trouve depuis le 7 janvier à Kathmandu, et suit la formation dispensée par ECEC (Early children education centre), formation Montessori suivie par Benju l'an dernier.
Ayant appris que notre gardien Kudan s'était marié en été, je m'étais renseignée sur la cérémonie et sur qui est sa nouvelle épouse. Les réponses étaient plus que vagues ! Nul n'avait été invité au mariage qui s'était déroulé à une vingtaine de kilomètres de Gorpar. A son retour, il fut renvoyé dix jours dans son village, sa nouvelle femme n'étant pas « convenable » ! Son ex-mari l'ayant délaissée pour une autre, elle se retrouvait seule avec trois enfants... Je proposais donc à notre doyenne – et du fait que Mme Kudan fait désormais partie de notre team – d'organiser une welcome party à l'attention des nouveaux époux ! Sitôt dit, sitôt organisé, et le 11 décembre, nous nous vîmes tous (j'écris bien TOUS, y compris la bande des canards...) réunis autour d'un repas préparé en commun : dhal bhat tarkari et chèvre ! Nous leur avons offerts quelques châles pour l'hiver, une bouillote pour affronter l'hiver et un peu d'argent pour améliorer l'ordinaire ! Beaucoup de plaisir et une chouette journée, qui se termina en plus par un cadeau que me firent tous les instituteurs : un kurta surval vert, couleur de l'espoir !
Mais déjà le 16 décembre me voyait repartir, afin d'une part de passer par l'hôpital joli et confirmer que le calcul rénal était bel et bien encore là, puis de rallier Kathmandu, mon départ pour la Suisse et les vacances de Noël étant prévus de longue date. Si j'arrivais en fin d'après-midi chez KP pour y passer la nuit, la journée du lendemain fut longue... Je rencontrais tout d'abord Dilip, fils de notre défunte Mina, dont la santé de sa grand-maman se péjore. Puis ce fut Madhu, responsable de l'entreprise Musumusu qui pourrait nous fournir des pulls – over magnifiques, en pashmina et compléter ainsi notre offre. Enfin, je rencontrais Bishu, taximan qui, grâce à une connaissance, a obtenu un emploi fixe et s'est organisé afin de trouver son remplaçant Monsieur Dahna Bahadur. Un charmant petit monsieur népalais, qui ne parle pas beaucoup l'anglais, mais avec mon petit nègre, nous arrivons à nous comprendre !
Arrivée le 18 décembre en Suisse, j'y subi quelques examens, participais aux fêtes familiales de Noël, eu le temps d'en passer quelques jours avec une tante âgée à Nouvel-An, rencontrais ami/es et fis la connaissance des responsables de l'association ASAEN, m'inscrivais au 15ème Congrès Européen des BPW qui se déroulera à fin septembre, informais les membres de notre comité du développement des activités au Népal lors de notre séance, puis participais activement endormie à une petite opération qui explosa cette satanée pierre et me permis de reprendre la route du Népal le 12 janvier dernier !
Au Népal, à Kathmandu, où la situation est relativement la même qu'à mon départ en décembre, même si le marché noir battant son plein, la vie est plus facile pour ceux qui ont – encore – les moyens d'acheter du fuel, de l'essence, du bois, du gaz... toutes matières qui ont quintuplé de prix ! Les membres du gouvernement ont la chance que le caractère des Népalais, formé grâce à la religion hindouiste à accepter leur sort dépendant de leur caste, ne soit pas à la révolte dans cette partie du pays. Peut-être auraient – ils dû déjà trouver des solutions, si les habitants de la vallée de Kathmandu et des montagnes leur demandaient des comptes sur leur situation... !
Je pars chez moi à Gorpar lundi 18 janvier et suis heureuse de pouvoir y retrouver ma petite vie tranquille, avant d'avoir à revenir sur Kathmandu pour y renouveler mon visa annuel. Bien entendu, je vous tiendrai au courant des prochains développements et aventures qui ne sauraient manquer...
Les news de Kathmandu - édition n°54
Dernier jour à Kathmandu, je pars CHEZ MOI demain matin ! Très heureuse nouvelle, et bien qu'à mon arrivée à Kathmandu, je n'aie pas trouvé une situation politique améliorée, au contraire.
De nombreux enjeux sont actuellement en discussion entre le gouvernement et les responsables Madeshi et Taru (union de différentes basses castes du Sud Népal). Il faut savoir que le Teraï et sa frontière avec l'Inde, en particulier les états du Bihar et de l'Uttar Pradesh, est relativement perméable, du fait des innombrables mariages entre Népali et Indiens, réunis par la même religion, l'hindouisme. Lors d'un mariage, la nationalité népalaise est automatiquement accordée au marié, qui peut s'établir au Népal comme il le souhaite, ainsi qu'à une épouse indienne. Une femme Népalaise mariée en Inde, part en Inde, dans sa nouvelle famille, mais reste très attachée à sa famille première.
Après les tremblements de terre de ce printemps, le gouvernement en place a décidé qu'il était temps d'instaurer la nouvelle constitution (que nous attendons, soit dit en passant, depuis 9 ans !). Les Madeshi (pour la plupart anciens ou encore maoïstes), qui n'ont absolument pas subi de dommages lors des dits tremblements, et conséquemment n'ont pas à survivre sans toit et sans ressources, sont politiquement très actifs et refusent la nouvelle division du pays en bandes verticales (du Nord au Sud). Ils luttent afin que la zone du Teraï devienne trois districts d'Est en Ouest, sans lien avec le centre et le Nord du Népal. Ainsi, le Sud contrôlerait tous les points d'entrée routiers au Népal et pourrait établir ses propres règles en matière de taxes aux frontières. Inacceptable pour le reste du pays. Il faut savoir encore que l'Inde est le provider de 90 à 95% des importations du Népal, soit directement, soit parce que ces marchandises importées passent par l'Inde.
Le Premier Ministre indien Modi prétend que la frontière à Birgunj, Népal, est bloquée par les Népalais. Ces derniers sont d'origine – ancienne – indienne, et restent très attachés au pays de leurs ancêtres, dont ils parlent encore certains dialectes du Nord. Ils semblent être très largement soutenus financièrement par l'Inde. Mais d'autres postes frontières pourraient laisser passer les marchandises... alors par qui sont-ils fermés ? L'Inde refuse que les camions, d'immenses files de camions arrêtés à la frontière, n'entrent au Népal.
Car ce même M. Modi a demandé au gouvernement népalais de changer 7 points de la nouvelle constitution, 7 points qui seraient très favorables à l'Inde (l'accès à l'eau par exemple, ou la nomination d'un Indien au poste de Premier Ministre du Népal). Malgré l'avertissement de l'Inde de bloquer les frontières si ces 7 points n'étaient pas respectés, le Népal a refusé d'obéir à son « Grand Frère » comme on appelle généralement l'Inde ici...
Le Népal se tourne, depuis quelques semaines, vers la Chine et le Bengladesh, afin de pouvoir être approvisionné en fuel et en gaz. Evidemment, l'intrusion de la Chine, qui a accepté de livrer fuel et gaz dans la semaine qui suivra la signature de l'accord discuté, ne plait pas vraiment au gouvernement indien !
Les récoltes de riz du Sud Népal attendent maintenant d'être achetées par les courtiers, qui brillent par leur absence. Encore quelques semaines de ce régime, et le riz sera bon à être jeté ! Il est regrettable que les leaders politiques du Sud ne comprennent pas qu'ils se tirent une balle dans le pied, alors qu'ils sont déjà handicapés en maintenant et intensifiant leurs grèves et révolte. Même si le Sud est à 85% agricole, les propriétaires terriens ont désertés le Sud depuis longtemps. Dans le district de Saptari où je vis, il reste ceux qui ne peuvent quitter le pays, sont trop pauvres, les vieux et les femmes abandonnées de leurs époux partis travailler dans quelque pays arabe et disparus, des enfants, élevés depuis près de 15 ans dans l'insécurité et la violence, sans avenir et facilement recrutables.
Comme partout dans le monde, le mirage d'une vie meilleure brille dans leurs yeux. Les grèves vont s'intensifier, maintenant que les fêtes de Dashain, Tihar et Chath sont passées... Pour le meilleur ou pour le pire, alors qu'au Nord, la terre tremble encore régulièrement ?
Les news de Suisse - édition n°53
Aujourd'hui, départ pour le Népal !
En effet, après un magnifique voyage au Rajasthan, qui nous a menées, Betty et moi, de découvertes en visites, je viens de passer quelques 13 jours en Suisse, sous un soleil magnifique, qui m'ont amenée en Suisse allemande, à Delémont et en pays de Vaud, d'enfant en enfant et petits-enfants ! Un arrêt ce week – end dernier pour vous offrir le choix de nos articles en vente, dont le bénéfice est consacré à nos activités.
Ce fut l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes, qui me donnent ici celle de détailler quelque peu le fonctionnement de notre Association. En effet, nous serions très heureux d'accueillir des volontaires (instituteur/trice, infirmier/ère, retraité/e actif/ve, etc.) qui souhaiteraient donner de leur temps.
Notre Association vivant du travail totalement bénévole de tous ses membres, y compris les membres du Comité, de dons et des bénéfices de nos actions telles que repas de soutien, vente de Noël, participation à des marchés, expositions de peinture, nous ne sommes pas en mesure d'offrir la prise en charge des frais de quiconque. En effet, tout comme les membres de l'Association qui m'ont déjà rendu visite et viennent régulièrement, ou moi-même, les frais personnels sont entièrement à la charge de chacun/e (billets d'avion internationaux et/ou internes au Népal, déplacements en voiture, nourriture, dépenses personnelles, etc.).
Lors d'un déplacement au Népal, votre découverte de ce pays peut être organisée par nous et votre voyage vous sera facturé aux prix népalais du jour, selon votre budget initial. Votre billet d'avion international devra être réservé directement par vous, le choix de la compagnie aérienne avec laquelle vous souhaitez voyager vous appartenant.
Si vous séjournez chez nous à l'école quelques jours ou quelques semaines, vous trouverez à votre disposition une chambre individuelle si vous êtes seul/e ou chambre double si vous êtes en couple, une salle de bains et une cuisinette. Vous pourrez manger avec et chez moi, mais vous participerez aux frais communs (environ SFr. 12.- à 15.- par jour comprenant le logement et la nourriture – trois repas par jour). Si nous effectuons une excursion pendant votre séjour, nous en partageons les frais équitablement !
Depuis le début de notre projet, nous avons toujours insisté sur le fait que l'argent récolté devait impérativement être dédié à nos actions sur place. Nous avons quelques frais administratifs, en particulier bancaires lorsque les versements doivent transiter par la poste, quelques timbres, bien qu'avec Internet aujourd'hui, ces frais-là sont réduits au maximum. Les achats de matériel (châles, papeteries, épices, thés, sacs, bijoux, etc.) sont payés par l'Association, le bénéfice des ventes et des actions, les dons, les cotisations annuelles, vont à 100% à la réalisation de nos activités sur place.
Si vous êtes intéressé/e à soutenir notre action, devenir membre de notre Association est très facile... vous trouverez ci-joint un bulletin d'inscription que vous pouvez nous retourner par Email après l'avoir complété et scanné. Les statuts sont également joints. Pour l'année 2015-2016, la cotisation annuelle de SFr. 60.- (payable chaque année après l'Assemblée générale qui se tient à fin juin) viendra s'ajouter au versement d'inscription dont vous choisissez le montant vous-même. Ce montant est payable une fois, lors de votre demande d'inscription.
Voilà, vous savez tout sur le fonctionnement financier de notre Association et – bien entendu – je suis à votre disposition si vous désirez d'autres renseignements !
J'espère vous donner d'heureuses nouvelles à mon arrivée à Kathmandu, puis de chez moi en fin de semaine. Cela signifiera que j'ai pu, malgré la situation politique, arriver à bon port !
Escapade au Rajasthan - édition n°52
Mardi 27 octobre, nous faisons aujourd'hui halte à Bundi afin d'y visiter le palais et le fort de Taragarh. Cette petite ville médiévale ne fait pas partie des circuits touristiques habituels et nous habitons dans un haveli qui est en train d'être restauré. Accolé directement à la muraille du fort, nous grimpons sur le toit après avoir couru dans un dédale de ruelles pour visiter le puits Raniji ki Baori... fermé à notre arrivée !
Mercredi 28 octobre, nous remontons en direction de Jaipur, capitale du Rajasthan, appelée la ville rose dont tout le monde connaît le Palais des vents ! Son surnom vient du fait que toutes – pratiquement – les façades des maisons sont peintes en 1876 dans cette couleur, à la demande de Ram Singh II, afin d'accueillir le prince de Galles, futur Edward VII ! Nous commençons notre visite par le City palace, dans lequel le maharaja actuel vit encore avec sa famille. Un pavillon abrite une collection d'habits royaux magnifiques et nous y admirons une tunique dont le poids atteint les 200kg. Le maharajah était un homme d'une stature certaine ! Nous n'oublions pas la visite du bazar et de quelques échoppes pour nos derniers achats (enfin, presque les derniers !).
Jeudi 29 octobre, nous allons à la rencontre du fort d'Amber à dos d'éléphants, visitons le musée d'Anoki où nous pouvons assister à l'exécution de techniques artisanales traditionnelles de l'impression par blocs en bois sur tissus, puis nous nous arrêtons à l'Observatoire de Jantar Mantar.
Vendredi 30 octobre. Nous quittons déjà Jaipur pour Samode, petite ville située dans les collines d'Aravalli. Les visites étant limitées à celle du Palace dans lequel nous allons passer la nuit, Mahendra nous invite à passer dans le village d'origine de sa maman et de rencontrer sa grand-maman. Nous acceptons avec enthousiasme et nous nous retrouvons dans le village de Mau. A l'écart, la maison de famille réunit deux familles, celle de son grand-papa aujourd'hui décédé et de son grand-oncle. Les épouses des deux frères de la maman de Mahendra vivent sous le même toit que leur belle-mère, ainsi que les quatre cousins et cousines. Famille composée de 9 personnes, vivant la porte à côté de leurs cousins, cousines, oncles et tantes, grands-parents...
Nous sommes invitées à partager leur lunch et dégustons des « petits pains » cuits et huilés au beurre de buffle, galettes de millet, dhal et pommes-de-terre au cumin, yoghourt et bière ! Eux, les membres de la famille, mangeront après notre départ, c'est une tradition !
Un grand moment de convivialité et de partage, quelque peu difficile avec le handicap de la langue, mais nous avons tout de même parlé avec le cœur et c'est ce qui importe et restera !
Arrivées à l'hôtel, je ne me sens pas bien... tourista te revoilà ! Je vais passer le reste de la journée sous l'édredon, à grelotter en attendant de pouvoir libérer mon estomac ! Betty assiste à un mariage prévu dans l'enceinte du palais et dîne en compagnie de Mahendra. Je découvrirai, comme vous... sur photos, les merveilles de ce bâtiment rajput fortifié, bâti au pied des rochers!
Samedi 31 octobre, nous voilà en route pour le temple de Galta, appelé aussi le temple des singes, où il semble qu'une source d'eau miraculeuse en serait à l'origine. Les trois étages du temple sont construits dans une faille rocheuse, une très étroite vallée. Il est recommandé de se baigner dans l'eau des trois bassins, afin d'améliorer son karma... oui, mais l'eau est absolument infâme ! Les singes sont bel et bien au rendez-vous ! Agressif pour un mâle qui probablement défend son territoire, irrésistible quand il s'agit des petits !
Nous remontons en voiture pour nous arrêter à Fathepur Sikri, la ville fantôme. Cette ville a été construite sous le règne de l'empereur Akbar le Grand, qui a épousé trois femmes, de religions différentes. Il est pour cela bien aimé encore aujourd'hui et profondément respecté. Cependant, la cour ne resta installée dans cette ville qu'une petite quinzaine d'années, car d'importants problèmes d'approvisionnement en eau firent qu'il déplaça sa capitale tout d'abord à Lahore, puis finalement à Agra, au bord de la rivière Yamuna.
Il est temps de partir pour Agra, la ville qui possède le plus bel édifice au monde, le temple de l'Amour (dixit notre guide Mahendra, qui en a les yeux tout illuminés lorsqu'il en parle !).
Dimanche 1er novembre, c'est en fin d'après-midi, au coucher du soleil, après avoir visité le magnifique fort Rouge où fut enfermé Shah Jahan, et le « petit taj mahal » ou l'Itimad-Ud-Daulah, qui inspira ses plans, que nous découvrons le Taj Mahal. Tout le monde en a entendu parlé, a vu maintes fois sa photo sous toutes ses faces, mais le découvrir en vrai est un spectacle magnifique.
Le petit Taj Mahal nous a permis de rencontrer quelques écureuils peu farouches, venus manger quelques graines dans nos mains !
Lundi 2 novembre réveillées à 4h45, nous partons visiter le Taj Mahal. En effet, hier soir nous n'avons fait que l'apprivoiser ! Nous patientons pratiquement une heure à la porte d'entrée (il y en a trois), avant de courir jusqu'à l'estrade, face à l'édifice, dans le prolongement du canal central, dans lequel se reflètent ce majestueux monument et ses quatre tours, construites légèrement penchées, afin – en cas de séisme – qu'elles ne tombent pas sur le monument central. Deux édifices l'entourent, dont une mosquée encore en activité de nos jours, située à l'ouest.
Ce monument est aussi fabuleux pour l'histoire d'amour qu'il raconte, entre l'empereur Shah Jahan et son épouse Mumtaz Mahal. C'est au décès de celle-ci, à 39 ans et alors qu'elle mettait au monde leur quatorzième enfant, que son époux, après de nombreux mois de veuvage, décida de lui offrir le Taj Mahal pour sépulture et pour montrer au monde leur attachement.
Après notre petit déjeuné, pris à notre retour à l'hôtel, nous embarquons pour Delhi, dernière étape de notre périple, les yeux encore tout charmés de tant de splendeur.
Nous logeons au Claridges, près du Lodi Garden, hôtel se voulant 5*, qui nous laisse patienter 45 minutes, aucune chambre à deux lits n'étant prête, et... sans welcome drink !! Nous y passons l'après-midi à refaire nos bagages et préparer un nouvel envoi pour la Suisse, nous sommes trop chargées et craignons un contrôle à la frontière si nous ramenons 80 kilos de marchandises avec nous ! Eh oui... la vente de Noël nous a occupées en shopping...
Mardi 3 novembre, la matinée est libre pour nos guide et chauffeur, qui sont engagés jusqu'à minuit ce soir car notre vol pour la Suisse n'est prévu qu'à 4h35 demain mercredi matin ! Nous demandons à la réception de l'hôtel d'expédier nos 20 kilos en Suisse, un jeune homme nous assiste royalement et l'affaire est vite liquidée. Un petit déjeuner complet agrémente ce début de journée et nous pouvons reconnecter avec les nouvelles grâce à la TV5 Monde Asie.
Les bagages embarqués, nous partons pour les dernières visites du jour, le temple sikh Gurdwara Bangla Sahib, le plus grand temple sikh de Delhi. Il est construit en marbre blanc, surmonté d'un dôme doré que l'on repère de loin. Un bassin destiné aux ablutions des fidèles prolonge son entrée. Une particularité est à souligner pour ce temple : ses cuisines où, deux fois par jour, matin et soir, des repas pour plus de dix mille personnes sont préparés. Tout y est offert, du travail des centaines de bénévoles aux repas offerts à tous ceux et celles qui le souhaitent, pauvres ou riches, sans discrimination.
Avant le lunch, nous nous arrêtons au mausolée Gandhi, incontournable. Un immense parc l'entoure, dans lequel se trouvent d'autres mausolées de personnages célèbres, dont celui du premier Premier Ministre de l'Inde indépendante... ou est-ce le premier Président de cette même Inde ? Me souviens plus !!
Nous avons le plaisir, aujourd'hui, de partager notre dernier lunch indien avec Mahendra et Yogesh, qui ont tous deux rendu ce voyage des plus agréables et sûrs. Nous avons été entourées de multiples attentions dispensées quotidiennement, avec le sourire, même si de temps à autre, un échange plus vif a pu avoir lieu... On ne se refait pas ! Mais 26 jours de vie partagée, des pneus crevés, des rires, des énervements, des découvertes et des corrections (ton français, Mahendra... ! Peut mieux faire !) vont nous laisser de bien agréables souvenirs et sans nul doute le désir de se revoir, ici, au Népal, en Suisse !
Rendons-nous encore à Gurgaon, pour assister ce soir, au spectacle bollywoodien ! Surprise... le spectacle est annulé, faute de touristes ! Nous déambulons dans un monde factice de boutiques et restaurants, effectuons encore quelques achats grâce au crédit offert et décidons d'aller boire un dernier verre, tous les quatre, avant que nos accompagnateurs nous déposent à l'aéroport. Ils pourront ainsi bénéficier d'une soirée privée sans doute bien venue !
Moment d'amitié, d'ouverture, de découverte et d'explication, de tendresse aussi !
A bientôt, Mahendra, Yogesh... Tous nos vœux vous accompagnent dans vos vies professionnelles et privées !
Escapade au Rajasthan - édition n°51
Mardi après-midi 20 octobre, nous décidons de partir de Mandore pour Jodhpur déjà cet après-midi, afin de profiter de quelques heures de shopping et éviter des allées et venues inutiles puisque seuls quelques huit kilomètres les séparent. Nous réservons une nuit supplémentaire à l'Umaid Bhawan Palace.
Ce palace est divisé en trois parties : la première, dans laquelle le Maharaja actuel et sa famille vivent, la seconde a été transformée en un hôtel de luxe, et la troisième en un musée. Construit sur une colline, il domine la ville bleue et date du début du siècle passé. Les blocs de pierre qui le constituent sont si lourds qu'ils devaient être levés au moyen de grues spéciales lors de la construction, et ils étaient posés les uns sur les autres, alors que des blocs de glace étaient interposés. Lorsque la glace fondait, il était possible aux ouvriers de les tourner de manière à ce qu'ils s'emboitent les uns dans les autres. Aucun besoin de ciment ! Ce palais compte environ 350 chambres, il est le second plus grand palais au monde, après celui de la reine Elisabeth II !
Un service de sécurité incroyable nous accueille : tout d'abord, la voiture passe par un portique et nous devons décliner notre identité (le guide). Ensuite, nous arrivons devant la grille d'entrée. Là, un policier nous arrête et regarde, avec un miroir, le dessous de la voiture. Puis il demande à ce que le capot de notre véhicule soit ouvert. Chose faite, nous pouvons nous diriger vers l'entrée...
Nous y arrivons alors que tambours et trompettes résonnent ! Croix de bois, croix de fer, nous sommes attendues... Un dais a été tendu à notre intention, nous montons les marches alors qu'une jeune femme lance des pétales de roses sous nos pieds. Dans le premier hall, une autre jeune femme nous offre un collier de fleurs, un monsieur nous tend une lavette glacée, trois ou quatre employés nous souhaitent la bienvenue ! Nous avons compté plus de 15 personnes pour nous entourer de multiples prévenances et nous installer dans le 3ème hall, tout à fait grandiose, sous une coupole culminant à 35 mètres ! Là, deux employés nous offrent notre premier verre de champagne... car nous allons carburer à ce délicieux breuvage pratiquement pendant les deux jours de notre séjour ! Nous parcourons quelques couloirs pour arriver à une chambre... que nous demandons à changer. Il n'y a qu'un seul lit – grand – mais tout de même ! Nous partons afin de visiter une boutique où nous trouvons épices et thés que nous ramènerons, puis nous cherchons la boutique Maharana, au sein du marché Sardar, recommandée par notre « Petit Futé » ! Nous en ressortons avec plus d'une quinzaine de kilos de châles et autres superbes tissus que vous pourrez à votre tour découvrir lors de notre vente prochaine !
Nous rentrons à l'hôtel, où finalement un appartement – pratiquement – nous attend ! Nous entrons tout d'abord dans une pièce qui comporte un bar et une table avec 4 chaises ; puis en enfilade, un divan, deux fauteuils, une tv et plus loin encore un bureau. La seconde pièce est garnie de deux lits comportant chacun un pouf à leur pied, de deux tables de nuit, d'une armoire volumineuse dans laquelle se trouvent deux peignoirs en soie, des pantoufles, un coffre ; la tv va nous permettre de suivre quelques actualités. Les deux supports à bagages étant trop étroits, nous installons nos sacs dans le salon ! La salle de bains propose une très belle douche, une baignoire sur pieds, et deux lavabos indépendants. Plus loin encore, les WC et le bidet, séparés par une porte vitrée opaque.
Après une bonne douche, nous revêtons nos atours de princesses et nous nous rendons au restaurant le Pillars. Nous y sommes reçus par une nouvelle ribambelle de serveurs, plus accueillants et souriants les uns que les autres. Le dîner est royal... excellent, totalement à notre goût, sans épices !
Le lendemain matin, mercredi 21 octobre, après un magnifique petit déjeuner au champagne, nous offrant encore une curiosité locale, consistant en un employé portant un drapeau et arpentant la terrasse, afin... de chasser les pigeons !, nous partons visiter cette ancienne capitale des Rathore Rajput, caste des guerriers. Le fort Mehrangarh est tout simplement magnifique. Le Jaswant Thada n'a pratiquement plus de secret pour nous... ! Rentrant au palais, nous nous promenons dans son musée, effectuons quelques achats de bijoux fantaisie, puis nous passons l'après-midi au bord de la piscine. Nous y recevons un panier pique - nique, comportant des boissons fraîches que nous n'aimons pas... qu'à cela ne tienne, on nous sert une coupe de champagne ! Il est accompagné d'un plateau d'amuse-bouche, de fruits frais. Nous commandons un sandwich, une petite faim nous tenaillant !
Pour le dîner, une fois encore nous nous vêtissons royalement et dégustons un repas tout aussi succulent que la veille. Les nouvelles d'Europe nous montrent l'envahissement des pays par les réfugiés... et les frontières qui se ferment.
Jeudi 22 octobre. Au petit déjeuner, nous sommes à nouveau servies comme des reines. Champagne, jus de fruits frais, plateau de viandes froides et fromages divers, omelettes, muesli yoghourt, pain multi – grains, toasts grillés à point, thés, lassi... Nous voilà parées pour la journée, d'autant plus que notre serveur nous propose d'emporter quelques fruits, croissants et brioches !
Nous quittons à regret le palais pour nous rendre à Ranakpur, lieu de pèlerinage jaïn. Nous désirons y visiter le temple Chaumukha, qui repose sur 1'444 colonnes de marbre blanc ciselé, aucune ne ressemblant à une autre ! Malheureusement, un trust interdit aux non hindous d'accéder au sanctuaire, estimant que les touristes, avec leur manie de tout photographier, dérangent les cérémonies. D'autre part, le dieu ne peut être photographié... Mais nous avons une très intéressante discussion avec deux moines jaïns, totalement opposés à cette pratique, estimant que cette interdiction trahit cette religion ouverte à tous. Le temple est magnifique, comme beaucoup d'autres.
En cours de route, nous décidons de pique-niquer avec nos guide et chauffeur ! Nous complétons notre panier par quelques paquets de chips et autres bhujya, coca-cola et jus de fruits, sans oublier de la bière ! Le propriétaire, puis toute la famille du champ dans lequel nous finissons par nous arrêter vient à notre rencontre et nous partageons nos victuailles avec toute la famille ! Un moment magique, simple et convivial. Nous reprenons la route jusqu'à Ranakpur, ou nous logerons au King's Abode.
Cet hôtel où nous allons passer deux jours est intéressant, il est pratiquement neuf, comme beaucoup mal entretenu malheureusement, en particulier au niveau des jardins. Il est relativement froid d'aspect, mais comporte des petites cours intérieures qui devaient, à l'origine, être des placettes où devaient se trouver des jets d'eau ! Partout, nous trouvons des statues de tout et n'importe quoi (chats, éléphants, personnages, coqs, etc.) en fer peint et à vendre! C'est amusant et original. Le jardin est immense, et nous profitons avec plaisir de la piscine, avant un massage relaxant... ! Il semblerait que c'est cela, les vacances !
Vendredi 23 octobre, nous nous rendons à Kumbhalgarh et en visitons la citadelle, située à 1'000 mètres dans les Aravallis (collines environnantes). Elle est protégée par une muraille de 36km de long, seconde au monde par son importance après la muraille de Chine ! Spectaculaire vue sur toute la région, mais nous avons terriblement sué pour y grimper ! Si les bâtiments sont impressionnants, ce fort inhabité ne recèle par contre pas de grands trésors !
Pendant tout le trajet, au bord de la route, nous avons le plaisir de voir des singes, regroupés par famille, et quémandant des gâteries aux touristes ! Ils connaissent le « truc » et nous constatons que les autochtones aussi... nous qui avons oublié nos fruits !
Udaipur nous attend, et nous y sommes les samedi 24 et dimanche 25 octobre. Nous logeons dans un très joli hôtel, le Amet Haveli, au bord du lac Pichola. Dès notre arrivée, nous embarquons pour une petite croisière nous permettant d'admirer à la fois le Lake Palace et le palais de ville. Notre chambre est mignonne, donnant directement sur le lac. Le restaurant est réputé, il sera plein les deux soirs, et comptera pas moins de 3 services par table ! Une mine d'or probablement... nous y mangeons très bien de notre côté, nous qui sommes particulièrement chatouilleuses sur les épices !
Mahendra, notre guide qui a de la famille dans cette ville et va séjourner chez sa tante, vient nous chercher afin que nous assistions à un spectacle de danses rajasthanies au « Bagore Haveli ». Nous en ressortons enchantées : quelques petites scénettes d'un marionnettiste, des danses destinées à célébrer l'un ou l'autre des dieux innombrables, et la célébrité locale, qui danse, elle, avec 10 pots posés en pyramide sur la tête !
Le second jour, nous nous promenons dans le City Palace, lui aussi transformé en palais royal abritant la famille du Maharaja, en hôtel de luxe et en un magnifique musée, le plus complet et le plus beau visité à ce jour. Sur le chemin de l'hôtel, nous achetons encore quelques petites miniatures ! Cet art est absolument fabuleux et demande une dextérité digne des mandalas et thankas de notre Tanka Lama !
Pour admirer le coucher de soleil, Yogesh notre chauffeur nous emmène au Palais des moussons, à Sajjangarh. La vue sur la ville et les lacs d'Udaipur est somptueuse ! Le soleil joue avec les nuages jusqu'au dernier rayon, les aigles planent sur nos têtes et les singes viennent demander quelques douceurs et cacahuètes, voire du chocolat, aux touristes. Le palais est en très piteux état, comme d'autres, donnés par les maharaja au gouvernement indien qui ne les entretient pas.
Lundi 26 octobre, nous reprenons la route de notre périple en direction de Bijaipur. Nous nous arrêtons au fort de Chittorgarh, en ruines, car abandonné depuis plus de 5 siècles et visitons également la Tour de la Victoire.
L'histoire raconte que le fondateur de ce fort, le maharaja Khumba, avait une femme d'une extrême beauté. L'envahisseur moghol (au 15ème siècle), ayant entendu parler de sa beauté, a désiré la rencontrer et l'a fait savoir au maharaja, menaçant ce dernier de représailles. Il était interdit de voir le visage des femmes (tradition qui perdure actuellement, les belles-filles rabattant le pan de leurs saris sur leur visage), si bien que le maharaja refusa. Pour éviter un désastre pour la population, son épouse proposa qu'elle aille se baigner dans un petit lac et que le moghol soit invité à prendre place dans une salle munie de 4 miroirs, dont le jeu permettrait à ce qu'il la voie se baigner, sans qu'elle montre son visage directement. Ce qui fut fait, mais le moghol s'amouracha de cette femme et demanda à l'épouser ! Une guerre était inévitable et le maharaja la perdit. Apprenant la défaite, la maharani et 25'000 femmes décidèrent de ne pas subir les outrages des musulmans. Elles organisèrent un grand feu et se jetèrent à tour de rôle dedans, créant ainsi le plus grand « sati » (sacrifice d'une veuve qui se fait brûler avec son époux décédé), commémoré encore de nos jours. Apprenant que la femme convoitée était morte, l'envahisseur a fait détruire la majorité des statues, temples et autres monuments du fort. Lors de notre visite du palais de la reine, nous avons pu voir le petit carré de pierres où se déroule, chaque année, la commémoration de ce sacrifice, constituant en une cérémonie dédiée au repos de l'âme de toutes les femmes décédées.
A notre arrivée à Bijaipur, tambour et harmonium nous accueillent, colliers de fleurs et verre de sprite pour nous rafraîchir ! Au castle Bijaipur, notre hôtel, un ancien « fort » ou haveli convertit, nous grimpons au troisième étage dans notre chambre, très agréable et sympathique. La belle piscine, malheureusement, est en réparation et nous ne profitons que d'une promenade dans ce village paysan où il est d'habitude de se saluer par un « ram-ram » ! Nous dégustons un poulet frit de derrière les fagots, excellent, avec quelques frites. Nous manquent par contre la glace Butter Scotch dont nous avons largement profité à Udaipur !
Mardi 27 octobre, nous faisons aujourd'hui halte à Bundi afin d'y visiter le fort de Taragarh. Je vous en parlerai dans mes prochaines news, il n'est que 15h ici et nous partirons plus tard, les rayons du soleil étant encore trop chauds. Nous pourrons y admirer son coucher et la vallée !
Les news de Kathmandu - édition n°50
Voici une partie des news écrites ces derniers jours.
Nous quittons Mandore le mardi afin de nous rendre à Jodhpur, et y poursuivre nos achats pour notre vente de Noël !
Après les fantastiques miniatures de Bikaner, les patchworks merveilleux de Jaisalmer, nous tombons sous le charme des « grands châles » Hermès, des nappes rebrodées absolument démentielles, et autres châles en poils d'antilopes cueillis poils après poils sur des arbustes... et d'une finesse inégalée! Les écharpes de soie ne sont pas en reste, vous pourrez gâtez vos proches ce prochain Noël, car nous avons, en plus, obtenu les mêmes prix « retailers » que les grandes marques mondiales (Hermès, Armani, Vuitton... ) du fait que nous travaillons pour une association caritative. Ce fut le « geste » de plusieurs maisons exportatrices, qui habituellement ne livrent que par centaines les modèles dont nous avons pu choisir une ou deux pièces seulement.
Evidemment, vous bénéficierez également de prix qui seront probablement 8 à 10 fois moins élevés qu'en boutiques de luxe ! Par exemple, un grand châle Hermès vendu en boutique de la marque environ SFr. 4'500.-, vous coûtera SFr. 280.- chez nous ! Leurs dimensions ? 210 x 260cm, en poils de yak – d'une douceur semblable à un châle pashmina fin !
Je vous rappelle les dates de notre vente : vendredi 13 novembre dès 17h, samedi 14 et dimanche 15 novembre dès 11h. Retenez bien ces dates, nous vous attendons toutes et tous chez Betty, ch. De Craivavers 18 à Chailly.
A tout bientôt pour la suite de nos aventures de princesses... !
Escapade au Rajasthan - édition n°49
Vendredi 9 octobre, KP m'emmène à l'aéroport de bon matin. La situation actuelle au Népal étant une catastrophe en ce qui concerne l'essence, je ne l'en remercie que plus de son geste. L'avion de Jet Air étant retardé d'une demi-heure, j'ai tout le temps d'enregistrer les 26kg de bagages (mais du diable qu'est-ce que j'emmène, moi qui pensais n'avoir qu'un demi sac plein !!), et me voilà munie de la place 33F.
Je monte à l'embarquement, j'ai le temps de continuer la lecture de mon « Petit Futé » et d'apprendre encore quelques bribes de l'histoire des monuments que Betty et moi allons découvrir.
L'aventure commence dans l'avion, puisque la place 33F... n'existe pas !... Jet Air ayant changé le modèle de l'avion, la numérotation des places n'est plus la même et je me retrouve... sur une aile ! Cette aventure arrive à d'autres passagers, mes voisines sont chinoises n'ont pas l'air satisfaites! Pour moi, tant pis, du moment que je n'ai pas besoin d'aller à pied jusqu'à Delhi...
A l'arrivée à Delhi, le passage à la douane est un supplice. Tous les travailleurs népalais qui débarquent sont (mesure de rétorsion ?) étudiés de haut en bas, de droite à gauche, passent sous un feu de questions, plus de ¾ d'heure d'attente. Bon, un superbe jeune guide, de la caste des guerriers rajpoutes, Mahendra, piétine à la sortie et accompagnés de notre futur chauffeur, nous nous dirigeons vers l'hôtel Jüsta Greater Kailash, un peu beaucoup sale et pas des plus agréables ! Imaginez que lorsque vous entrez dans l'établissement, les odeurs de toilette vous agressent... Ce que je me permets de remarquer... et dans la foulée, voilà le nettoyeur qui arrive.
Un sandwich avalé plus tard, nous partons visiter Chandni Chowk, le quartier commercial d'Old Delhi en cyclopousse. J'ai bien pensé mourir trois fois durant le trajet, tant la circulation est dense et cacophonique ! Nous grimpons dans un immeuble au milieu du marché des épices et sommes pris d'irrépressibles éternuements, tant l'air est saturé de toutes ces vapeurs d'épices ! Nous enchaînons avec le temple sikh Gudwara Bangla Sahib, tout en marbre blanc, le plus grand temple sikh de Delhi.
Samedi matin 10 octobre, le départ de l'hôtel est fixé à 07.00 afin que nous arrivions à temps à l'aéroport pour y accueillir Betty. Chose faite, nous débutons les visites du jour par le temple Lotus, dédié à la foi Baha'ï. Notre chauffeur nous dépose aux pieds du Fort Rouge, dont nous longeons tout d'abord le mur d'enceinte, pour ensuite en visiter les monuments intérieurs, dont un musée très intéressant et bien fourni. Nous sommes étonnées de la façon dont les Indiens (habitants de l'Inde, dont 90% sont Indous de religion...) visitent un musée ! Nous l'avions remarqué lors de notre arrêt dans la maison – musée de Mme Indira Ghandi. Ils ne s'arrêtent devant rien et photographient tout !!
Aujourd'hui, les ruelles de Chandni Chowk nous les parcourons à pied, après nous être rendus à la mosquée Jama Masjid, dont l'entrée dans la cour nous est refusée, la 4ème prière de la journée allant débuter !
Nous rentrons à l'hôtel, où nous allons retrouver la famille de Rabin Bista, jeune népalais que nous connaissons depuis plus de dix-huit ans et qui, depuis trois mois, vit à Delhi pour des raisons professionnelles. Une joyeuse soirée, avant que de rejoindre Morphée !
Dimanche matin 11 octobre nous voit dès 8h déjà en route pour la visite du tombeau d'Humayoun. Un magnifique monument rénové – ce qui de loin n'est pas le cas de tous, malheureusement. Tout comme les égyptiens, il semble que ces rois indous ou musulmans aient fait construire leurs tombeaux de leur vivant.
Nous enchaînons avec le complexe Qutab Minar, dont le minaret culmine à 72 mètres, puis, sur l'insistance de Mahendra quelque peu vexé que je remette en doute le fait que le nouveau temple qu'il nous propose de visiter soit particulièrement intéressant, nous prenons le chemin du temple Akserdham. Aucune photo ne peut être prise, ni en extérieur ni à l'intérieur. Je dois reconnaître que la minutie de chaque détail de cet immense ensemble est suffoquante ! Temple très « jeune », puisque son « initiateur » est décédé en 1965..., temple aux multitudes de statues parfaites, aux règles et aux contrôles de sécurité draconiens. A l'intérieur même de la salle principale du temple, une foison de richesses. Dans un pays aux discriminations si importantes encore dues au système des castes, aux pauvres si nombreux, cet étalage de pierres précieuses et d'or est pour moi tout simplement indécent. Je sors de cette salle rapidement, préférant contempler la frise des éléphants qui entoure le pied de cette partie du complexe !
Après un passage au centre-ville afin de découvrir la porte de l'Inde où nous avons le plaisir de photographier ce militaire, nous repartons en direction du quartier tibétain, dont je souhaite visiter le marché. Mahendra ne le connait pas, et après avoir dégusté un « chowmein » dans un boui-boui, nous longeons une ruelle qui – après-coup – ne me semble pas être vraiment le cœur de cette colonie... tant pis, nous repartons vers Connaught Place (CP pour les initiés !) et nous nous arrêtons en route visiter encore le temple sikh Gurudwara de Majnu Ka Tilla, beaucoup plus simple, plus convivial, accueillant... A CP, je souhaitais rendre visite au propriétaire du magasin TOYS – qui nous avait conseillé en janvier pour divers jeux Montessori. Il vient de partir pour quel qu'affaire et ne repassera pas de la journée. Tant pis, nous allons boire un rafraîchissement bienvenu, puis nous nous frayons un chemin jusqu'à l'hôtel. Demain, c'est départ pour le Rajasthan.
Lundi 12 octobre, nous quittons Delhi pour Mandawa, petite ville dans le Shekawati, département du Nord du Rajasthan. Dès la sortie de la capitale (une trentaine de kilomètres tout de même !), nous retrouvons une atmosphère plus paysanne, plus calme, plus champêtre et très semblable à l'environnement que nous pouvons observer au Sud du Népal. Nous nous arrêtons dans la petite ville de Narnaul pour visiter le marché local, identique aux mauvaises ruelles de Kathmandu, sans grand intérêt si ce ne sont les vives couleurs des saris portés par les femmes et les quelques fruits que nous achetons pour nous sustenter.
Une quinzaine de kilomètres plus loin, nous mangeons en route dans l'un de ces restaurants spécialement conçus pour les touristes. Si les toilettes sont propres, la « Royale » boutique propose une multitude d'articles hors de prix !
L'arrivée à Mandawa est pleine de surprise, en particulier la découverte des havelis, ces maisons de commerçants où s'arrêtaient les caravaniers. Ces immenses maisons familiales sont toutes décorées de peintures murales ancestrales. Mais quel dommage ! Rares sont celles qui ont été entretenue au cours des siècles, et pratiquement aucune rénovation n'est pratiquée !
Des trésors d'architecture, de technique de peinture et archéologiques vont continuer à se détériorer... Pourtant, les propriétaires actuels qui les ont désertées pour les grandes villes afin d'y amasser du fric, n'investissent pas un copeck dans leur héritage !
Le festival de Dashain débute ce soir... nous allons passer la nuit au rythme des chants religieux... enfin je me sens chez moi !
Mardi 13 octobre, nous partons vers Bikaner. Une longue route nous attend, que nous fréquentons en vrais touristes... le chauffeur roule à 80km maximum, alors que la circulation et l'état de la route lui permettrait un petit 100km sans problème, à part quelques endroits aux nids de poule avérés...
Au bord d'un champ de cacahuètes, nous nous arrêtons afin d'arracher un pied de ces tubercules... j'apprends qu'en effet, elles murissent sous terre, à l'instar des pommes-de-terre !
Nous poursuivons la route jusqu'à Deshnoke, où nous visitons le temple de Karni Mata. Ce temple à la particularité d'être dédié... aux rats ! Des centaines de ces petites bêtes – dégoûtantes pour nous évidemment – courent dans tous les sens, bon nombre étant par ailleurs mortes, écrasées souvent par des pieds qui n'ont pu les éviter ! Signe de malheur s'il en est par ailleurs !
Plus amusant, nous poursuivons notre découverte de la faune locale par la visite du Centre National de recherche sur les... dromadaires ! Eh oui, il y a encore un grand nombre de dromadaires au Rajasthan, ancien moyen de transport commercial royal... (la démarche et le port de tête de ces bêtes sont vraiment remarquables).
Arrivées à destination, nous visitons le fort de Junagarh, datant du 16ème siècle, et quelques temples de Jaïnas des environs n'ont plus de secret pour nous, pas plus que le palais de Lalgarh !
Nous logeons dans l'hôtel Laxmi Niwas et pour la première fois nous pouvons nous rafraîchir dans la piscine ! La chambre qui nous est attribuée – et nous n'avons pas réagi, je me demande bien pourquoi ! – donne sur l'entrée de ce magnifique palais converti. Nous y bénéficions du bruit des voitures, de celui du générateur et des conversations échangées sur le parvis ! Pas vraiment reposant... !
Mais nous faisons une halte chez Swami Arts, école de peinture très réputée de Bikaner. Le plus grand miniaturiste de la ville, M. Swami, nous reçoit très gentiment et nous fait découvrir sa technique de peinture. Il faut se munir d'une loupe pour voir et apprécier les détails de certaines de ses miniatures. Nous vous en rapportons quelques-unes...
Mercredi 14 octobre, nous voilà en route pour Jaisalmer. Huit heures de route, que nous allons interrompre par la visite de l'école Radkie Utch Mademic Vedhalya Badi Sid, et plus loin, nous découvrons le fort de Pokran, magnifique et dont le musée recèle quelques trésors...
A notre arrivée au Mandir Palace de Jaisalmer, nous demandons à visiter toutes les chambres, car nous avons eu – jusqu'à présent – l'impression de ne pas être logées aux bons endroits... Ce qui s'avère juste pour Delhi où nous ne retournerons pas dans ce Jüsta Greater Kailash et au Laxmi Niwas Palace, où la chambre – belle par ailleurs – était par trop bruyante. Finalement, nous nous installons dans la première chambre visitée, plongeons dans la piscine, et nous relaxons avec bonheur en prenant l'apéro au bord de la piscine.
Mais voilà... nous ne savions pas que la disco à ciel ouvert nous inonderait d'une musique bruyante et malvenue dans un tel endroit, jusqu'à passé minuit !
Jeudi 15 octobre, nous avons visité le fort Rajwada de Jaisalmer, où nous avons pu commencer notre shopping pour notre vente de Noël, enchaînant avec le palais royal, pauvre en objets représentatifs de la splendeur de ses habitants anciens, mais foisonnant de chauve-souris ! Puis nous nous sommes promenés dans les ruelles, à la rencontre des havelis Patwa, construits au milieu du XIXème pour les 5 fils d'un très riche marchand, dont les façades en pierres taillées sont époustouflantes. Après-midi de travail à l'ordinateur, et soirée passée sur le lac Gadi Sagar, afin d'y vivre le magnifique coucher de soleil offert part dame nature.
La journée s'est poursuivie il y a quelques heures par un dîner en compagnie de notre guide et de notre chauffeur M. Yogesh. Une charmante soirée que j'aimerais bien voir se terminer, mais pour l'instant, la disco à ciel ouvert nous empêche de dormir... Vous en profitez pour recevoir ces news ! Je vais encore être glauque demain... !
A tout bientôt pour la suite de cette découverte...
Les news de Kathmandu - édition n°48
Une rétrospective du mois de septembre en photos. Ce billet n'est pas disponible sur le site web actuellement.
Les news de Kathmandu - édition n°47
Le début de la semaine dernière m'a vu rester tranquillement à la maison, à vous écrire, répondre aux mails reçus, discuter en famille de la situation politique qui ne s'arrange pas, essayer de téléphoner à mes instituteurs sur place, les connexions soit téléphoniques soit par Internet ne sont pas aisées.
Pas d'électricité, pas de connexions... cela vous rappelle quelque chose ?
Je peux ajouter aujourd'hui : pas de fuel, pas de taxi, pas d'avions... !!!
Bon, je reprends depuis mercredi dernier. Je suis allée tout d'abord et pour la quatrième fois, chez Honda, afin de confirmer la commande du générateur pour le Centre de Santé Mara Mosca. Il était déjà choisi depuis belle lurette, mais ce jour-là, je devais en obtenir la facture et en payer le montant. Grosse discussion, car le chèque établit l'était à mon nom personnel, alors que la facture devait l'être au nom de l'Association Namasté Mara Mosca à son adresse italienne... un vrai casse-tête chinois pour le Népal, croyez-moi. En plus, l'adresse de livraison étant le Centre lui-même, dans le village de Barmajhiya-9 à Saptari, c'était presque incompréhensible pour le jeune homme qui était présent au showroom, alors que son boss était absent. Trois adresses, trois intervenants, la gabegie quoi ! Il a fallu deux heures trente pour établir cette facture... Heureusement que j'étais la seule cliente ce jour-là, autrement, les employés auraient été débordés ! Et encore, j'ai téléphoné finalement moi-même à la banque pour que le chèque soit payé et au propriétaire pour obtenir la facture requise. Ou inversement, je ne sais plus...
Bon, première étape... ensuite, je me suis rendue chez Garg, l'entreprise qui nous fournira la chaise portable dont nous avons besoin au Centre de santé pour nos différents camps, dentaires et orthophoniques spécialement. Là, le boss était également absent, mais je passais commande de dite chaise et de ses accessoires (lampe spéciale et plateau de service). Il me fut répondu que la chaise et ses accessoires sont retenus à la frontière. Dans l'un des camions qui ne passent plus entre l'Inde et le Népal, coinçé probablement entre les milliers d'autres qui allongent les 50 kms de la file indienne... Oh le mauvais jeu de mots !
Bon, ben là, je n'ai pas obtenu la facture, seule ma commande est enregistrée, enfin je l'espère. J'irai la confirmer une fois encore avant de partir pour l'Inde, si je peux décoller de l'aéroport de Kathmandu le 9 octobre, car dès demain, il n'y a plus de fuel, de pétrole et d'essence, en particulier pour les avions au départ du Népal. Les compagnies qui envoient des avions doivent, s'ils veulent atterrir, avoir suffisamment de carburant dans leurs soutes pour repartir... !
La faute aux blocages des frontières, d'une part du côté de l'Inde, dont les gouvernants ont été blessés par les gouvernants népalais et d'autre part par les Madeshi, ces Népalais du Sud, qui veulent toujours et encore que leurs droits (ceux de la caste des brahmanes s'entent) soient respectés dans la nouvelle constitution. Ce serait particulièrement louable si les droits de toutes les castes étaient sauvegardés. Je me demande, parfois, si notre démocratie a donné lieu a autant de disputes, de morts, de famine – car elle arrive – de problèmes amenant autant de tensions entre deux parties d'un même pays (le Jura, peut-être?), et deux pays (le Népal et l'Inde, qui est tout de même le principal provider du Népal pour toutes choses nécessaires des aiguilles à tricoter à l'approvisionnement en gaz et en pétrole et tant d'autres matériaux).
La route du Tibet a été largement éboulée lors des tremblements de terre, et si la Chine serait ravie d'approvisionner le Népal et de profiter de la situation, les camions mettraient – même avec une route praticable – au moins 8 à 10 jours pour arriver à Kathmandu ! On se dirige tout droit vers une nouvelle guerre civile, car lorsque suffisamment de Népalais souffriront de la faim et n'auront plus rien à perdre, la révolution fera rage... !
Que font les gouvernements européens, les USA, la Russie ? Nous n'avons pas de nouvelles, le Népal ayant décrété que les chaînes de TV étrangères, particulièrement indiennes, étaient malvenues ! Il reste CNN ou la BBC, mais rien n'est vraiment décrit et ne nous renseigne objectivement. Les chaînes népalaises et on les comprend, sont assez partiales en l'état !! Décrypter, c'est le nouveau challenge lié à l'information !
Ceci dit, je continue mes activités annexes, juste pour ne pas devenir maboule ! Tout d'abord, j'ai assisté vendredi matin à une conférence donnée par l'Association Next Generation Nepal (NGN) qui tente de s'opposer au trafic d'enfants népalais. Souvent, les trafiquants se rendent dans des villages retirés et proposent aux parents sensibilisés par des situations telles que les TdT de ce printemps, à laisser leurs enfants partir pour Kathmandu. Le prétexte est de placer ces enfants dans de bonnes écoles et de leur donner une bonne éducation, afin qu'ils puissent, une fois qu'ils reviendront dans la famille, assurer à ses membres une belle, une meilleure vie grâce à l'éducation qu'ils auront reçue. Parfois, la famille doit même participer aux frais des enfants ainsi envoyé dans des orphelinats à Kathmandu.
Là, la situation est bien différente et de nombreux exemples d'abus ont été prouvés. Telle cette matrone, qui obligeait les filles à se prostituer, voire les garçons, à mendier en rue, à se déclarer orphelins aux touristes rencontrés, alors que leur famille pensaient qu'ils étaient bien traités. Ou à ce sponsor étranger, qui venait régulièrement chercher ses garçons préférés dans un autre orphelinat, les emmenant dans son hôtel ! Avec la bénédiction du gérant de dit orphelinat, bien entendu. Il semble qu'actuellement, le Gouvernement et cette Association NGN avec d'autres, travaillent de concert afin d'éviter ces abus. Il existe plus de 600 orphelinats dans la région de Kathmandu, et plus de 80% des enfants élevés dans ces orphelinats ne sont pas des orphelins ! NGN essaie donc de les sortir de ces maisons, de les réhabiliter et de retrouver leurs familles. Celles-ci, souvent ne peuvent admettre avoir été trompées et refusent de prime abord d'accepter la réalité et de reprendre leurs enfants !
Nous avons encore pu prendre conscience que les jeunes volontaires qui viennent travailler dans les orphelinats, s'ils sont pleins de bonne volonté, ne sont cependant pas formés et font souvent plus de mal que de bien aux enfants, les laissant, après 3 – 4 semaines, « orphelins » d'amour, de tendresse, mais conscients d'une autre vie pleine de richesses, celle des étrangers !
L'après-midi, je suis allée faire quelques achats, afin d'amener à Lubbhu, des jeux éducatifs, des crayons, gommes, couleurs, stylos, cahiers, papier, balles et ballons, puis je me suis rendue à l'orphelinat, afin d'apporter le tout aux enfants. J'y avais ajouté une partie des poupées et leurs habits reçus en Suisse. Sachant que les enfants n'ont pratiquement aucun jeu, sauf un ballon de football et que 4 jours fériés étaient prévus, il m'a semblé opportun de faire ces achats et ce déplacement.
Et ce fut extraordinaire de voir l'excitation des enfants ! Si les cahiers, crayons et gommes pour l'école sont pratiquement passé à l'as, les poupées et les animaux en peluche ont rendus les plus petits (4-9 ans) complètement fous... garçons y compris ! Les jeux seront ouverts ultérieurement, et les livres d'histoires seront lus avant de dormir. Mais les poupées, et celles à coiffer, et les peluches si douces... quels plaisirs pour ces enfants, quels cadeaux ! Nous adultes en riions également, tant les cris de joie de ces bout-de-choux étaient drôles, chaque fois que l'une ou l'autre découvrait qui une poupée, qui un ours, qui une tortue...
J'espère que dans cet orphelinat, les enfants le sont bien, même si je sais pour l'avoir entendu du manager, que 3 ou 4 ont encore un parent vivant (père ou mère), mais que pour diverses raisons, celui-ci ne peut les élever.
Il me faudra y retourner, afin d'apporter quelques couvertures pour l'hiver et des habits chauds. Ce sera fait dès cette fin de semaine pour les premières et pour les autres, le manager doit faire fabriquer les vestes et pantalons chauds pour chacun des enfants, car comme c'est le cas pour chaque orphelinat ou école, les enfants portent un uniforme !
Samedi matin, départ, avec une bonne demi-heure de retard sur l'horaire prévu, pour Kavre. Nous sommes accompagnés de M. Ram Thapaliya, conseiller du Premier Ministre pour les questions relatives aux crises en cas de désastres. Nous logerons ces deux prochains jours dans son hôtel de Palanshowk et il va nous emmener visiter quelques écoles détruites pendant les TdT. Nous représentons plusieurs associations et avons décidé de travailler ensemble à ces reconstructions. M. Ram nous aidera à obtenir toutes les autorisations légales pour reconstruire dites écoles et facilitera également le transit financier vers les autorités des villages concernés, afin d'éviter des évaporations d'argent !!
Après notre arrivée et notre installation dans nos chambres, nous partons en jeep vers le village de Majhigaon (= village de pêcheurs). La route est une vraie catastrophe ! Ce ne sont que ravines, pierres, gouilles, mais pas du style nid de poule, non, ce serait plutôt nid d'éléphants – et j'exagère à peine ! A droite, à gauche tant de maisons magnifiques, mais pleines de fissures énormes, voire à moitié ou totalement détruites. Et les habitants, assis devant des cabanes de tôles ondulées, fournies souvent par l'aide humanitaire, attendant l'aide promise et le bon vouloir du Gouvernement pour pouvoir reconstruire à l'ancienne une maison dans laquelle ils pourront survivre.
A mi-chemin, nous pique niquons, magnifiques sandwiches enrobés de chapatis, pommes et eau minérale.
Nous reprenons la route, toujours aussi scabreuse, pour nous rapprocher de ce village de pêcheurs, situé de l'autre côté de la rivière Koshi. Il nous faut abandonner la jeep pour parcourir les dernières centaines de mètres, très en pente et glissants, qui me « foutent » le vertige, moi qui en suis sujette ! Heureusement, l'un des policiers qui nous accompagnent, me tient par la main. Mais comme je transpire, il est certain que si je dérupe, il ne me retiendra pas... et la falaise est bien haute ! Plus de peur que de mal, arrivés près de la rivière, nous en traversons un bras sans trop nous mouiller les pieds, jusqu'à l'endroit où nous attendent les bateaux dans lesquels nous devrons traverser la rivière elle-même. Car évidemment, le village se trouve sur l'autre rive, en haut sur la colline ! Le bateau est un tronc d'arbre évidé. Le courant de la rivière est fort. Nous nous accroupissons – on ne peut s'asseoir – baskets attachées autour du cou car nous avons dû entrer dans la rivière pour pouvoir nous installer dans l'un des bateaux ! Et en avant toutes ! Le bateau, dirigé par l'un des pêcheurs, est emmené à bon port grâce au vif « pagaillage » du pêcheur et au courant. Débarqués, nous attendons que tout le monde soit là pour nous lancer à l'assaut du chemin qui grimpe pratiquement à pic ! On se sent vraiment l'âme chèvre dans de tels moments ! Vertiges à nouveau, mais mon policier est déjà en haut ! Je ferme un œil et regarde la montagne ! J'arrive à hauteur du village complètement essoufflée, manque de pratique à l'appui. Dieux du ciel, je DETESTE la montagne ! Pourquoi est-ce que je ne suis pas au bord de la mer, les doigts de pieds en éventail ?? Parce que c'est ici, après bien toutes ces aventures, que se trouve cette école détruite et dont la vision répond bien à cette question ! Avant de repartir, nous visitons encore le village... un vrai désastre !
Pour rentrer, même topo : descente scabreuse, traversée de la rivière, remontée vertigineuse et visite d'une seconde école dans la même région. Nous pensons à reconstruire cette école également, afin qu'il n'y ait pas de « jalousie » entre les deux villages. Après plus d'une heure de trajet à fond la caisse sur cette « route » - le chauffeur a reçu des instructions, il ne doit pas rouler de nuit avec un conseiller du Premier Ministre à bord, et il fait nuit – nous arrivons exténués et pour Nicole malade, à l'hôtel. Nous sommes rassérénés par un excellent dîner et partons nous coucher... nuit sans sommeil, j'ai dû attraper froid, je suis enrhumée et commence à tousser.
Dimanche matin, départ pour le village Tamang de Karel Thok. A mi-chemin de notre escapade d'hier, nous bifurquons à droite pour rejoindre ce village. Même désolation, route dévastée, maisons à moitié si ce n'est entièrement détruites, et une école de tôles ondulées... A reconstruire également, ce que nous pensons faire. Situées dans la même région, requérant les mêmes matériaux, nous allons nous y atteler.
Sur le chemin du retour, ayant appris qu'une maison recueille des enfants avec handicaps, Astrid la visite. Je reste auprès de la voiture, non pas par manque d'intérêt, mais parce que je n'en peux plus de descendre ces falaises et les remonter, avec la chaleur qu'il fait !
A nouveau – et pour chacun des repas pris dans cet hôtel – nous mangeons magnifiquement bien ! La cuisinière est au top, les produits sont bios, et l'appétit est là ! Bishu, le taximan attitré d'Astrid nous a rejointes, malgré l'embargo sur l'essence. Il tient à nous emmener à Sindhupalshowk, voir sa maison et rencontrer sa famille. Mais il n'est pas certain de pouvoir repartir à Kathmandu ! Nous nous rendons donc chez lui, ne sachant si nous devrons rentrer à pied ! Maison détruite, vie sous tôles ondulées, sans fenêtre, mais réception grandiose ! Son épouse nous a préparé un encas et toute sa famille est très heureuse de faire enfin la connaissance d'Astrid. Nous ne pouvons pas nous éterniser, la nuit tombe très vite. Malgré les médicaments que Bishu m'a apportés de Kathmandu, je ne me sens pas bien du tout et suis fatiguée de la nuit dernière.
A l'hôtel, notre hôte nous offre la solution pour le transport demain : nous devons nous rendre à Sindhupalshowk, à l'école Bindabasini, Mandan VDC afin d'assister au « art – camp » organisé grâce à Manish et aux sponsorings de la Drse Sybille Keller et de l'Association Audrey Jacobs, présidée par Astrid. Finalement, c'est en camion que nous nous y rendons, sur des routes encore pire que celles de la veille ! Les 303 enfants nous attendent et vont passer deux journées à peindre, dessiner, coller, bricoler, chanter, danser... Leur école n'est pas vraiment détruite, mais en tous cas n'est pas terminée d'être construite ! L'association qui l'a financée doit venir dans moins d'une semaine constater le boulot... Bonne chance ! Par contre, le projet « Get well soon » fondé par notre peintre Manish Lal Shresta, s'adresse aux enfants qui ont subi les TdT, et dans cette région, tous ont vu leurs maisons détruites ou partiellement détruites et tous ont subi un choc. Il poursuivra son travail d'art-thérapie dans les districts les plus éloignés de Kathmandu, mais aussi les plus touchés.
Astrid et moi décidons, au vu de mon état de santé, de rentrer dans nos foyers respectifs ce même jour. Grâce à Prakash, qui possède et le bon numéro de plaque de voiture et de l'essence, nous arrivons à Kathmandu après trois heures et demi de route (alors qu'il en faut environ une heure et demie par temps normal) et ceci du fait des files de voitures, motos et camions arrêtés en bord de route et attendant de pouvoir obtenir de l'essence. Les routes, trop étroites pour laisser la place à un trafic en double ligne est complètement congestionné !
Le Népal s'enfonce de jour en jour dans une crise sociale et économique majeure. Si nous n'entendons pas, ici, parler des réfugiés, vous n'entendez pas, là-bas, parler de ce dérapage... Concernant l'un des pays les plus pauvres au monde, c'est un désastre qui le touche, après les TdT dévastateurs du printemps et de la mousson.
Et pourtant, que de sourires nous ont été distribués, tout au long de ces trois jours !
Merci à vous, mes chers Népalais...
Bonne semaine à vous qui vivez dans la confortable et bienheureuse Suisse...
Les news de Kathmandu - édition n°46
Tous nos projets sont chamboulés... !
En effet, la nouvelle constitution népalaise a été officiellement instaurée hier, à 17h. Elle ne fait pas que des heureux, bien au contraire et en particulier dans le Sud.
Le pays, devenu un état fédératif, compte maintenant 7 « états », administrativement plus indépendants et au sein desquels les citoyens peuvent se rendre dans les différents bureaux pour l'obtention de quelque papier que ce soit. Plus nécessaire de venir jusqu'à Kathmandu, qui centralise cependant encore « à la Suisse » tout un pan de la gestion du pays.
Il semble – car je ne l'ai pas lue ! – que cette constitution fait encore la part belle aux castes les plus favorisées, ainsi qu'aux hommes. Les droits égaux pour tous et toutes, demandés par les Maoïstes, ne sont pas garantis.
Et la révolte gronde au Sud, où les manifestations se durcissent au fil des jours... voilà plus de 35 jours que les grèves, voire le couvre-feu sont déclarés, empêchant toute activité, en particulier commerciale. Les frontières avec l'Inde sont bloquées, des kilomètres de camions et autres bus attendent de pouvoir acheminer leurs marchandises depuis près de deux mois, certaines d'entre elles étant d'ores et déjà pourries. Le port de Calcutta regorge de tout le matériel nécessaire à la poursuite du travail au sein des entreprises, dont les patrons doivent maintenant s'acquitter de taxes énormes, les poussant à la banqueroute ! Les pauvres s'appauvrissent encore, tels ces rickshaws men, qui ne trouvent plus personne à transporter et ne peuvent plus ramener le peu de riz nécessaire à nourrir leur famille, condamnés à brève échéance à... à quoi ? A mourir de faim ? Les ouvriers ne peuvent se rendre sur leurs lieux de travail et eux aussi, qui ont des familles, se retrouvent privés d'un gagne-pain qui leur permettait de vivre. Les écoles sont la plupart du temps fermées, les menaces de faire exploser ou brûler les bâtiments pleuvent. L'approvisionnement de Kathmandu se fait difficilement. Après les tremblements de terre, la mousson, voici qu'arrivent les manques... en particulier de nourriture à prix abordables, tout ayant augmenté, parfois de 200, voire 250% !
Mercredi dernier, Astrid et moi avons pu nous déplacer à Sankhu, après avoir passé quelques minutes chez Gokul, instituteur de la première heure ! Nous étions invitées à participer au festival Teej, spécialement destiné aux femmes, qui pendant trois jours fêtent et honorent leurs maris en chantant, dansant et en jeûnant ! L'épouse de Gokul ayant décidé de rejoindre ses sœurs chez leur mère, nous nous sommes retrouvées bec dans l'eau et en avons profité pour visiter la ville dévastée par les TdT d'avril et mai derniers. Outre la centaine de morts, tout le centre de la ville est soit détruit, soit à détruire, des pans de murs s'écroulant sur notre passage. La mousson n'a pas arrangé les choses. Nous avons enchaîné ensuite avec la visite de Changhu Narayan, de l'autre côté de la vallée. Le site a été très touché, le temple central ne tient que grâce à des poutres. Les autres temples ont disparus, ainsi que le premier étage des bâtiments entourant les temples. L'entrée est démolie, de nombreuses maisons sont détruites.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtions à Bhaktapur, pour constater que là aussi, les destructions sont massives. Ces magnifiques, mais très vieilles maisons, que nous admirions à chacune de nos visites sont pour la plupart par terre. Quelques temples ont disparus, d'autres monuments ne tiennent debout que grâce aux poutres utilisées ici également afin de consolider les bâtiments qui ont été encore fragilisés pendant la mousson.
Jeudi, je me suis rendue à la Tashi Waldorf School. J'assistais le matin aux classes nursery et kinder garten. L'enseignement y est donné selon la philosophie Waldorf. J'étais très intéressée à découvrir cet enseignement et fus, pour le moins, étonnée ! Les enfants arrivent entre 8h30 et 9h. Ils jouent librement pendant une heure et demie. Puis activités (diverses et changeant tous les jours) pendant une demi-heure, après lesquelles un snack est servi. Les jeux libres se poursuivent pendant encore une bonne heure, pour à nouveau activités diverses, pour environ 30 à 45 minutes. Pendant ces périodes de jeux libres, les « institutrices » tricotent ou crochètent ! Les enfants ont le temps de faire pipi dans leurs culottes, voire plus... ! Il est temps de se laver les mains pour le lunch dhal – bhat – tarkari, servi avant la sieste que tous les enfants observent ! La journée se termine par encore des jeux libres...
L'après-midi, je rejoignais Astrid et nous nous rendions à Lubbhu, y visiter la Mary Ward School, ainsi que l'orphelinat où je m'étais rendue après le TdT. La maison n'est plus utilisée que par les plus grands, la douzaine d'enfants de 5 ans ayant peur d'y vivre et les mesures de sécurité étant quelque peu contraignantes pour eux. Ils vivent dans la cour largement restreinte par les 3 baraquements en tôle ondulée qui ont été construits et dans lesquels ils dorment. Un projet est en cours de réalisation avec une association espagnole qui les soutient et les finance. Le responsable m'affirme qu'ils ont actuellement assez à manger, ne manquent pas de médicaments, mais que les fournitures scolaires sont un problème. Comme pour beaucoup d'autres écoles, il semble que ce soit difficile de se fournir en matériel scolaire, dont en particulier les cahiers, crayons, stylos et certains livres.
Samedi dernier, avant de quitter l'hôtel Shanker où je résidais depuis mon arrivée à Kathmandu pour m'installer chez mes amis les Maskey, je retrouvais Astrid et Nicole au marché tenu sur le parking du restaurant Le Sherpa. Une faune d'expatriés semble s'y retrouver, au milieu d'autochtones qui y vendent des produits bien de chez nous (pains, fromages, quiches...) et bien de chez eux (légumes et spécialités) !
Notre déplacement à Sindhupalschwok et Kavré, où nous devions nous rendre ces trois derniers jours, a été annulé, remis à plus tard. Si le gouvernement a déclaré trois jours de festivités pour l'introduction de la nouvelle constitution, trois partis ont eux appelé à la grève. Nous n'avons pris aucun risque, ne sachant pas nous pourrions revenir sur Kathmandu, au cas où des incidents graves seraient déclarés.
Malheureusement, toujours impossible pour moi de rentrer à la maison... le calme me manque, je n'aime pas Kathmandu la trop polluée, la trop peuplée, la trop bruyante... J'espère que dès mercredi il sera possible de circuler à nouveau. Je souhaite confirmer les commandes en suspens depuis dix jours. Notre fournisseur s'est attelé à la teinture des dix couvertures que je lui ai commandées pour notre vente de Noël prochain. Dès qu'elles seront prêtes, je les enverrai en Suisse avec les tous nouveaux produits que j'ai trouvé pour diversifier notre étal et vous offrir le choix de jolis cadeaux de Noël, à des prix très attractifs.
Je vous retrouve tout bientôt et espère avoir le plaisir de vous annoncer que je pars au Sud, retrouver mes amis et ma famille népalaise !
Bonne semaine à vous toutes et tous.
Les news de l'été - édition n°45
Si les 13 jours de deuils officiels ont pris fin le 6 juin, Dilip, l'aîné des enfants de Mina, doit porter le deuil de sa maman pour un an. Une cérémonie aura lieu à ce moment, et la vie reprendra son cours normalement. Dilip est maintenant devenu le responsable de ses frères, même si la famille de son père doit l'assister. Il est temps de s'occuper de sa grand-maman qui elle, souffre d'un cancer à l'utérus. Je l'emmène à Lahan, voir notre Drse Ranjita. Celle-ci nous envoie à Kathmandu, chez l'une de ses amies, gynécologue que je connais.
Hier, j'ai passé ma journée à courser une souris qui avait élu domicile chez moi ! Attrapée, grâce au fait que Hareram l'a affamée, puis lui a présenté des biscuits auxquels elle n'a pas su résister !
Et ce 18 juin, une mauvaise nouvelle s'ajoute aux difficultés rencontrées ces dernières semaines : mon ex – époux est décédé. Il est prévu que je parte à Kathmandu demain. Je règle les dernières questions, laisse les instructions tant à Benju, Hareram qu'à M. Khadga, qui doit s'occuper des finances pendant mon absence, de pratiquement 12 semaines.
A Kathmandu, j'obtiens de Qatar un siège sur un vol le 22 juin déjà et sans frais : cette société offre, à la suite des tremblements de terre, les frais de changements de dates à tous ceux qui, au Népal, ou Népalais, doivent rejoindre leurs familles. Bon, je passe la nuit à Doha, car je dois attendre plus de 10 heures le vol en partance pour Genève. L'hôtel est offert, encore un avantage de Qatar Airways...
Le 25 juin, mes enfants et moi-même partons pour les Grisons. Le temps est magnifique et c'est un plaisir que de retrouver ce coin de pays et le village de Brigels où a lieu l'enterrement de notre mari et papa. Mais il est déjà temps de penser à l'Assemblée générale de l'Association Ganesha, qui se déroule à Lausanne, le 1er juillet. Nous avons le plaisir d'accueillir Mme Fiorella Grill, Présidente de l'Association Namasté Mara Mosca et son mari, Roberto. Fiorella est parmi nous afin d'annoncer que cette association italienne, qui soutient le Centre de santé depuis le début de sa construction en 2004, va, pour des raisons financières, être dissoute à fin décembre 2015. Nous devons donc nous prononcer sur le fait de reprendre la gestion du Centre ou non ! Ce qui est accepté après consultation de tous nos membres, et à mon grand soulagement et plaisir.
Les « vacances », des plus actives, débutent, je pars pour les Grisons afin d'aborder les suites du décès de mon ex-époux. Puis je rends visite à notre dentiste préférée, la Drse Keller, avec laquelle je choisis le matériel dentaire que nous emmènerons au Népal, afin de lui éviter de transporter deux grosses valises. A Kathmandu, nous commanderons une chaise plus adaptée à nos besoins, ainsi que l'unité dentaire permettant d'effectuer les soins (forage, fraisage, etc.).
Le travail d'établir les rapports de nos camps me pèse cependant : je suis fatiguée, sans énergie, et me rends compte – enfin – que j'ai aussi subi les deux tremblements de terre et toutes les secousses qui ont suivi !
Je pars pour une dizaine de jours en Suisse allemande, chez l'une de mes tantes récemment devenue veuve et passe là aussi de superbes journées, le temps étant toujours au beau, intensif ! A mon retour en Suisse romande, il est temps de préparer la vente qui se déroule le 29 août à Vufflens-la-Ville. En compagnie des membres du Comité, nous installons le stand et attendons le chaland, qui ne tarde pas ! Cette première vente d'été est un succès, tant au point de vue du temps – magnifique -, des visites – très nombreuses -, du résultat financier – particulièrement encourageant ! A l'année prochaine !
Les rapports sont bouclés pendant la dernière semaine de mon séjour en Suisse. Il est temps de boucler les bagages. J'ai eu le plaisir de passer d'excellents moments en compagnie de ma famille, de mes petits-enfants et de nombre d'entre vous. Merci à toutes et tous de m'avoir permis de reposer mes pieds sur une terre ferme !
Le retour au Népal est une nouvelle confrontation à la dure réalité des combats civils. La révolution est à nouveau présente, par directement à Kathmandu, mais au Sud, que je ne peux rejoindre pour l'instant. Les partis en présence s'affrontent, morts, blessés, destructions... Le couvre – feu est imposé, impossible de se rendre au village, et je ne sais combien de temps il va falloir attendre. La date du 17 septembre est le délai ultime fixé pour accepter la nouvelle constitution. Ce pourrait être aussi le déclenchement d'une nouvelle guerre civile ! Mais qu'ont fait les Népalais aux dieux pour être ainsi malmenés ? Vous n'en avez pas entendu parler ? Bien sûr, vous êtes en train de compter les réfugiés... quand allons-nous voir arriver nos amis Népalais en Suisse ?
Les premières constatations sont peu encourageantes : une grande partie des débris qui jonchaient les routes sont balayés, mais entassés contre les murs séparant les trottoirs des maisons particulières. Les gens s'activent dans leurs maisons à finir de les débarrasser ou à les colmater. De nombreuses habitations ont simplement vu des poutres être appuyées contre leurs façades pour éviter qu'elles ne tombent. Les tentes installées dans les jardins publics ont disparu, ainsi que leurs habitants... mais où sont-ils ? Tous ceux qui ont perdu leur maison, où sont-ils parqués à l'heure actuelle ? Repartis au Sud pour y vivre de nouveaux problèmes, l'approvisionnement étant difficile ? Les prix ont triplés, en particulier pour la nourriture... Tant d'interrogations et si peu de solutions au vu de la détérioration politique !
Pour moi, les activités s'enchaînent, les journées sont destinées à rencontrer celles et ceux qui nous aideront ou que nous pouvons encore aider : les achats de matériel dentaire sont en cours, ainsi que le générateur pour le Centre de santé. Ceux pour la vente de Noël en Suisse, au cours de laquelle nous espérons que vous nous rendrez visite – je serai sur place – sont déjà empaquetés. J'ai participé à un séminaire au cours duquel nous avons pu dessiner, peindre, colorier, découper... être créatifs, toutes techniques que nous allons transmettre dimanche et lundi prochain à quelques 303 enfants traumatisés par les tremblements de terre et ce, dans les régions de Sindhupalshowk et Kavre, particulièrement touchées.
Demain, 16 septembre, c'est Teej festival, le festival spécialement dédié aux femmes. Avec Astrid, qui ronge également son frein ici tout comme moi... nous partons à Sankhu. Nous sommes invitées chez mes amis, Gokul et son épouse et célébrerons dans cette ville pratiquement détruite à 75%, ce très joli et coloré festival. Si tout va bien, jeudi nous serons à Lubbhu, afin de visiter l'orphelinat aidé en mai et auquel nous souhaiterions offrir quelque aide afin que les enfants puissent passer un hiver au chaud. Il faut tout d'abord que nous puissions constater les besoins, pour être le plus efficace possible. Nous y visiterons également l'école de Mary Ward. Vendredi, ce sera Bhaktapur.
Après le week-end consacré à l'art – thérapie, si les dieux se calment et raisonnent les humains, je vais essayer de partir chez moi. Il est temps que je revoie mes amis du Sud, et regagne mon sweet home ! J'ai besoin de sentir l'atmosphère et de me rassurer, si faire se peut, avant mon voyage en Inde.
Je vous retrouve la semaine prochaine, afin de vous envoyer – je l'espère – de meilleures informations !
Bonne semaine à vous toutes et tous.
Les news de Gorpar - édition n°44
Mercredi 27 mai : Après le départ de la famille de Mina pour un retour bien triste jusqu'à Rupnagar, je suis encore allée hier soir chercher une tente pour Aparna. Cette tente, offerte par un groupe de médecins allemands dont j'ai fait la connaissance il y a seulement quelques jours, et qui sont venus en urgence pour aider la population du Népal, va servir à protéger le petit centre de santé qu'Aparna avait construit à Botheshwar (Sindupalshwock, la région la plus touchée par le TdT) et qui a été bien détruit. Aparna pourra, grâce à ce moyen, assurer pendant la reconstruction de son centre de santé, les premiers soins à donner, non plus seulement dans l'urgence, mais aussi à plus long terme.
Pour terminer, je l'invite à manger au Dwarika. Un peu de calme, de sérénité, et un repas chaud accompagné d'une panachée ne sont pas de refus, après cette journée si forte en émotions.
Ce matin, je pars de bonne heure pour l'aéroport, je vais rejoindre la famille de Mina. La crémation est terminée, déjà, à mon arrivée sur place. Le retour par route fut long, douze heures, et la cérémonie s'est déroulée immédiatement. Les membres de la famille restés à Rupnagar étaient encore sous le choc au petit matin, eux qui n'avaient pas été avertis du décès de Mina que la veille au soir !
Depuis ce jour, les trois enfants vont suivre le deuil strict imposé par leurs rites funéraires. Ils ne peuvent être touchés, ont pris un bain sacré, ont les cheveux rasés, sauf une petite mèche, sur le derrière en haut du crâne. Ils sont vêtus de tissus en coton blanc. Une chambre a été débarrassée de tous les meubles. Une paillasse est installée sur le sol et une couverture la recouvre. Un tronc de bananier a été coupé en quatre, des pieux sont plantés au milieu de ces supports, et des fils relient entre eux les 4 pieux dans leurs extrémités supérieures. Ce « baldaquin » a certainement une signification spéciale, mais personne ne peut m'en donner l'explication.
Ils sont au régime sans sel, sans viande, et ne peuvent manger que des fruits ou des légumes cuits à l'eau. Leur peine fait mal à voir, mais ils sont comme une « couvée » de petits chatons, serrés les uns contre les autres, le plus jeune au milieu, Dilip, l'aîné lui parlant si tendrement...
La belle-mère de Mina, qui lui a rendu la vie si dure après le décès de son fils, comme si Mina était responsable de l'accident qui avait emporté son mari, est effondrée. En très bonne tragédienne, elle « souffre », étendue sur un lit déposé à l'extérieur de la maison. Personne n'est dupe, en particulier pas la maman de Mina, exemple de sérénité et de tristesse retenue.
Jeudi 28 mai : Comme d'habitude, levée à 5h, réveillée depuis 2h30, tant il fait chaud ici au Sud. La différence de température est notable entre ici et Kathmandu... Il faut s'y habituer ! Les enfants de l'école gouvernementale sont en congé, trois jours de deuil ont été décrétés par le Head master. Je discute avec Nira, notre institutrice du cours de couture professionnel. Elle a unilatéralement décidé que son cours se donnerait maintenant de 7h à 10h30 (normalement de 8h à 11h30), car il fait trop chaud ! Le problème est une question de clefs tout d'abord, soit d'ouverture du bâtiment. Et puis... pourquoi ne pas en parler, tant à M. Khadga qu'à moi, par exemple ? Ce serait gentil de nous communiquer ses désirs, de façon à ce que nous nous levions à temps... ! En fait, la raison cachée est qu'elle doit s'occuper de sa fille qui est en classe nursery, jusqu'à 11h. Que tout cela est compliqué, au lieu de l'inscrire chez nous !
Grâce à Sochiendra, je peux rendre visite aux enfants de Mina. Courte visite, leur peine est encore grande et il y a tant de voisins et membres de la famille que je ne m'incruste pas. Un peu choquée de voir le beau-frère de Mina et d'autres hommes jouer aux cartes et à l'argent ! J'apprends encore que les enfants sont veillés, la parenté dormant à tour de rôle et certains étant éveillés la nuit.
De retour chez moi, je constate avec effarement que notre rickshaw – driver met plus de 3,5 heures pour sa tournée ! Il doit se rendre de l'école à Simra, puis de Simra à Mainakaderi, avec retour à l'école. Il s'agit d'une douzaine de kilomètres au plus. Les parents sont mécontents, je ne sais que dire et invite Benju à organiser, lundi prochain, une séance avec les parents dont les enfants sont les bénéficiaires de ce moyen de transport. Il faut adapter l'horaire, afin que les huit petits transportés soient à l'heure à l'école et ne rentrent pas trop tard à la maison !
Vendredi 29 mai : Nous avons décidé de donner congé aux employées et enfants de la Ketti Ketta Phulbari school, en lien avec le décès de Mina. Les parents et amis nous l'ont demandé, et comme ce vendredi tombe sur un jour férié gouvernemental (mais non accordé par l'Association Ganesha Nepal), je pense que c'est une bonne solution ! Nos « dames » peuvent ainsi participer aux différentes pujas familiales qui sont organisées... en je ne sais quel honneur d'ailleurs !
Une nouvelle secousse de 5.2 se fait sentir...
J'informe Dilip au cours de ma visite que je ne serai pas présente demain, car Alex, architecte, vient contrôler nos bâtiments.
Samedi 30 et dimanche 31 mai : De bon matin, je pars avec Hareram, qui a eu congé hier et travaille aujourd'hui, et Umesh, pour Biratnagar où nous avons des achats a effectués et y attendront Alex. Ce jeune architecte – ingénieur, en voyage, s'est trouvé au Népal avec son amie pendant le TdT. Ils ont tous deux décidé de prolonger leur séjour et ont été engagé par l'ONG « Architectes de l'Urgence ». Travaillant d'autre part dans le même bureau que Mario, ingénieur rotarien qui avait assisté à l'inauguration de notre école Montessori, ce dernier nous a mis en contact et Alex a décidé de venir à Gorpar afin de constater les dégâts sur nos bâtiments ! Une chance pour notre Association Ganesha et une manière de me rassurer, avant d'entreprendre les travaux de rénovation qui vont être nécessairement engagés.
Un premier tour d'horizon puis de repérages de l'école primaire et des lieux terminé, en compagnie de Abdhul qui devra conduire les travaux décidés ultérieurement, nous optons ce soir pour la fondue... Alex semble y prendre grand plaisir... et je ne boude pas le mien ! Même Kudan y trempe trois petits morceaux de pain, plus intéressé par le verre de bière finalement... !
Debout des 5h du matin dimanche, Alex fait le tour du bâtiment secondaire avant l'arrivée des enfants. Après un petit déjeuner bien garni, nous passons à la maison de Kudan, au Centre de santé et finalement à l'école Montessori. Alex ne semble pas angoissé par les innombrables fissures constatées. Les bâtiments semblent dans l'ensemble très solides. Evidemment, si l'épicentre, si un TdT de 9 ou plus sur l'échelle de Richter survenait, si... nous ne serions à l'abri que dans le préau au milieu des bâtiments !
Des mesures de sécurité doivent être instaurées pour tous les bâtiments de l'école : tout d'abord car les classes sont surchargées et que leur évacuation serait problématique et sans nulle doute meurtrière, en particulier pour l'étage du bâtiment secondaire. Pourrait-on y adjoindre un escalier supplémentaire ? A voir... J'attends avec impatience le rapport d'Alex et les considérations de Mario. Nous suivrons leurs recommandations dans la mesure de nos moyens financiers et dans la perspective de la sécurité du plus grand nombre d'enfants.
J'accompagne Alex sur le chemin du retour pour Kathmandu jusqu'à Rupnagar et assiste à la lecture d'un livre saint, probablement pendant de notre Bible. Lu en sanscrit, j'ignore combien de personnes présentes peuvent suivre cette cérémonie... d'ailleurs suivie uniquement par des femmes en dehors des trois enfants de Mina. Ces lectures vont se perpétuer jusqu'à la fin du deuil... quelques auditeurs baillant et au bout d'une heure, parlant et vacant à leurs occupations diverses !
Lundi 1er juin : Hareram prend congé cet après-midi, sa nièce se mariant ! Je l'apprends – comme souvent – à la dernière minute et par hasard! C'est le mois des mariages, la fille du Head Master y passera mercredi prochain.
J'apprends par Anita que notre programme de nutrition peut débuter... il concerne 295 enfants cette année ! Me voilà dans la nécessité de rechercher des fonds, alors que je suis épuisée...
Notre meeting réunissant les parents des enfants véhiculés par notre rickshaw est mouvementé. Tous réclament un trajet exécuté plus rapidement... mais avec les chemins existants, ce n'est guère possible ! Il faut également rendre le rickshaw plus confortable pour les enfants ! J'en charge l'un des parents pour qu'il fasse le nécessaire. Bon, tout se termine bien, les parents peuvent consulter le dossier des travaux de leurs enfants et ils sont impressionnés ! Nous avons par contre peu de « retour » de la part des parents, sauf que leurs enfants chantent maintenant à la maison, qu'ils ont demandé des pantoufles, et qu'ils sont très fatigués... au point de beaucoup moins regarder la TV et de dormir très tôt le soir ! Bon présage... !
Tout à coup, sans autre avertissement, un vent tempétueux se déchaîne, une pluie torrentielle nous trempe de la tête aux pieds, les volets claquent, j'en reçois un sur le pouce droit qui ne résiste pas, les portes se ferment à nos nez bruyamment, les arbres sont cassés, nous courrons dans tous les sens, le ciel nous tombe sur la tête... En moins de douze minutes, des maisons de nos villages seront tout simplement balayées, écrasées, envolées... Avant que le soleil ne revienne et nous écrase d'une chaleur humide frisant les 90% d'humidité.
A part quelques crochets tordus (crochets tenant les volets ouverts), des branches cassées, un jeune arbre déraciné et un pouce foulé, je ne déplore ici aucun autre dégât. Un peu d'eau vite pompée et résorbée, mais quelle nouvelle expérience ! J'en ai vu et vécu des orages, mais celui-ci était si intense, si concentré et a déversé une puissance que je n'ai encore jamais rencontrée !
Bon... ben on va rester sans électricité pendant les trois prochains jours ! Le transformateur, lui, est à réparer !
Mercredi 3 juin : Je ne vais pas assister au mariage de la fille du Head Master. Le cœur n'y est pas et je dois me rendre à Rajbiraj. Une annonce doit paraître afin que nous trouvions une seconde institutrice pour l'école Montessori. En effet, le temps de formation est long et il est nécessaire qu'elle se rende à Kathmandu pour y suivre les cours de l'Early Childhood Education Center. Tout cela, y compris le logement, le déplacement, la nourriture, doit être organisé avant cet automne. J'en profite afin de faire imprimer les invitations à notre première vente d'été, qui se déroulera le 29 août prochain lors de la fête au village de Vufflens-la-Ville (retenez la date et venez nous rendre visite entre 10 et 17h).
En fin d'après-midi, distribution d'habits au village de Josiane. Je suis un peu déçue, car les habits disponibles sont surtout des habits d'hiver. Et par les températures qu'il fait actuellement – nous frisons les 38° à l'ombre tous les jours – pulls à longues manches et pantalons noirs ne sont pas distribuables ! Nous contentons, Sochiendra et moi, quelques rares enfants et bébés ! Il faut que je ressorte les T-shirts neufs offerts cet hiver. Ils feront des heureux... !
Jeudi 4 et vendredi 5 juin : Organisé en collaboration avec la Fondation suisse « Vision for All », se déroule notre camp ophtalmique annuel. Le jeudi est consacré aux enfants de l'école et de la région. L'une de nos petites montessoriennes devra se rendre à Lahan, pour un examen plus approfondi. Un autre doit soigner une petite infection. Rien de bien grave. Le vendredi voit défiler les villageois. On n'évite pas les discussions avec ceux qui veulent passer les premiers, dont certains de nos instituteurs... ! Vingt-cinq personnes sont emmenées en fin d'après-midi, pour être opérées le samedi et rentreront chez elles dimanche prochain.
La température est encore en hausse... Même l'eau froide est chaude !
Les enfants de Mina jouent, des sourires sont à nouveau visibles, quel plaisir de les voir se consoler et reprendre vie de jour en jour ! Demain va réunir tous ceux qui de près ou de loin connaissaient Mina et la fin du deuil strict sera déclarée.
Samedi 6 juin : Ce matin, 6h, debout pour la récolte des mangues ! Aujourd'hui, 90 kilos, répartis entre le programme de nutrition – 40kg, MM. Khadga et Yadav – 20kg chacun et 10 kilos pour Parsuram. Sauf en ce qui concerne Parsuram, les quatre-vingts kilos seront achetés au prix du marché, soit NR 100.- le kilo (SFr. 1.-)... enfin quelques petits sous. Dommage, je ne pense pas pouvoir en ramener en Suisse, cela ne doit probablement pas être autorisé... Quoique... !?
Cet après-midi, Sochiendra vient me chercher et nous allons chez Mina. Les enfants sont occupés à recevoir les invités, à les nourrir ! Je suis heureuse de les voir souriants, même si une tristesse lourde se lit dans leurs yeux. Je les invite à me rendre visite, demain dimanche, afin de les sortir de leur famille, mais surtout pour discuter finances et avenir !
Je prie le dieu de l'électricité... sans grand succès ! Alors vive le générateur pour un tout petit peu de fraîcheur sous le ventilateur et une petite incursion sur Internet...
Les news de Kathmandu - édition n°43
Mardi 19 mai : Le spécialiste « rickshaw » nous informe que notre véhicule est prêt et que nous pouvons aller le chercher. M. Khadga et le papa de Benju (conducteur du camion qui nous ramènera le rickshaw) se rendent à Biratnagar, d'où le premier me téléphone qu'il y a encore quelques finitions à apporter et qu'il ne reviendra que très tard ce soir. Je ne verrai donc le rickshaw que demain matin, juste avant mon départ pour Kathmandu.
Comme il pleut à verse ce matin, les enfants ne sont arrivés à l'école qu'après 7h. Les instituteurs... enfin ceux qui sont venus... étaient là vers 8h. Le Head Master, tout occupé par le mariage de sa fille, libère tout le monde à 9h30, il a du travail à la maison et il a besoin de l'aide des instituteurs ! Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer... ce n'est que la stricte vérité !
Par contre, nos petits Montessoriens arrivent une fois la pluie terminée, sous un soleil écrasant. Chaleur et humidité nous assomment tous... Krit est comme toujours très excité ! Debiani nous rejoint après quelques jours de maladie ! Nishu est très amusante : elle est très sérieuse dans tout ce qu'elle fait, mais encore aujourd'hui, elle ne dit pas un mot de toute la journée ! Au début, elle pleurait beaucoup car sa maman lui donnait encore à manger. Elle a donc dû se détacher d'elle et apprendre à se nourrir toute seule, ce qu'elle fait maintenant très bien... mais jamais en compagnie des autres ! Elle attend que tous aient fini et elle mange ! Après un mois tourmenté, ils ont plaisir à chanter et mimer les chansons, ce qui nous met en joie, tant ils sont amusants ! Le coin jeux et le coin repos sont toujours très appréciés, en particulier de Sachshi et de Kishu, deux « copines » toujours prêtes à faire des bêtises... ! Prasan est fils de policier et sa maman donne des cours d'alphabétisation pour adultes dans les villages. Il parle déjà le népalais et apprend... le maiteli !! Ces enfants sont de vraies éponges et l'anglais va moins leur poser problème que le népalais pour moi !
En fin des cours, je libère Hariram qui repart chez lui avec Kanchen, sa fille. Elle rayonne et aime être à l'école, elle souhaiterait même venir le week-end ! Demain, nous partons très tôt pour Biratnagar, et je dois passer chez le Président récupérer mon sac « TdT » (Tremblement de Terre !). Sanjhana, Rubi et M. le Président m'accompagneront, ainsi que Hariram qui doit faire quelques emplettes de fruits et légumes pour nos petits. Sanjhana – qui a accouché par césarienne – va subir un contrôle de routine à l'hôpital. La petite se porte bien, je me réjouis qu'elle grandisse un peu et s'étoffe, car j'ai l'impression de pouvoir la casser tant elle est fine ! Bras et jambes sont comme des allumettes !
Mercredi 20 mai : Le taxi est en retard, qui devait aller chercher Sanjhana et la famille Yadav au village. Cela me met en rogne évidemment. Arrive alors M. Khadga qui me dit que le rickshaw vient d'arriver. Je me rends à Montessori, pour voir que ce véhicule n'a rien à voir avec notre commande ! Le toit est plat au lieu d'être incliné, les pans protecteurs des fenêtres inexistants, une marche pour grimper dans le véhicule a été oubliée... Non, trop c'est trop, je m'en vais et refuse d'accepter cette « chose ». M. Khadga aurait dû refuser, hier, à Biratnagar... comme d'habitude, il n'assume pas ses responsabilités et cela va devoir drastiquement changer. Je ne suis plus en mesure de supporter de devoir continuellement exécuter les tâches à sa place. Pas, plus après 20 ans de collaboration !
Pour une fois, l'avion est à l'heure, j'arrive à Kathmandu avant 11h, ce qui va me laisser le temps de déposer mes bagages chez KP, de partir au Bir hospital afin d'y voir Mina, notre institutrice. Elle est là depuis dix jours, en attente d'être opérée de la tumeur au cerveau qu'elle a développée. Un autre problème s'est greffé sur cette tumeur, elle a de l'eau dans le cerveau. Anormalement... Lorsque je la rencontre, l'opération est prévue pour demain... Bolli... mais au Népal demain n'arrive jamais, si bien qu'elle sera opérée après-demain. Je la quitte afin de me rendre à Patan, au Nidan hospital, pour voir Urmila. A nouveau, cette dernière a subi une dépréciation de sa santé. Les médecins tentent de la faire respirer sans ventilateur, et lors d'un xième branchage, elle a à nouveau été infectée. Ces infections la rendent inconsciente et l'use terriblement. Elle en sort à chaque fois affaiblie. Ses enfants insistent maintenant auprès des médecins, afin qu'elle puisse être transférée dans une chambre individuelle.
Je suis chargée par Hariram de rapporter quelques pièces de rechange pour notre générateur, qui montre des signes de vieillesse... lui aussi ! Bon, elles sont commandées, j'espère les recevoir vendredi, afin de pouvoir les emmener avec moi. Il me faut encore un drapeau népalais pour notre école. L'ancien a subi les assauts du vent et ses déchirures ne sont plus réparables par nos maîtresses de couture. Je trouve également les « chewing gum » à papier comme je les appelle, et dont Benju a besoin. Je cours encore les magasins sanitaires : vraiment, l'usure est contagieuse ! Je dois changer une partie du réservoir d'eau de mes WC... après moultes recherches, je trouve une pièce pas « same same » mais quand même ayant le look de celle à remplacer ! Je peux la rapporter si elle ne convient pas, alors je tente l'affaire !
Sur le chemin de Buddhanath où je vais rencontrer Astrid, je m'arrête encore chez Qatar. En effet, à mon retour en Suisse, le 24 juin prochain, je vais passer plus de 10h à Doha. La compagnie aérienne m'offre donc une chambre ! Je vais pouvoir dormir quelques heures avant d'entreprendre la seconde partie du voyage ! Je laisse Prakash à ses occupations pour la fin de l'après-midi, il me ramènera chez moi après le dîner que je partagerai, après le grand plaisir de vivre un moment d'amitié avec Astrid, avec les « petites » nonnes de son école et leurs collègues. Soirée pleine de rires et d'émotions, de retrouvailles et de découvertes, ces jeunes femmes sont très chaleureuses, malgré les événements passés.
Jeudi 21 mai : Je file au Bir hospital. Mina ne sera pas opérée aujourd'hui. Elle se plaint de maux de tête et ses yeux sont étrangement fixes, les pupilles dilatées. Je la quitte pour me rendre au Nidan hospital de Patan où je rejoins la famille d'Urmila. Son état s'est amélioré, il est envisageable de la transférer, dans un ou deux jours, dans une chambre privée. J'ai l'autorisation de la voir, quelques patients ont été libérés, ils ne sont plus que trois à la station des soins intensifs. Je la trouve calme, mais j'avoue que je ne suis pas rassurée sur son état global ! Nous pouvons cependant « converser » quelque peu, elle écrivant et moi tentant de déchiffrer ce qu'elle exprime. J'imagine la rage qu'elle doit ressentir à ne pouvoir dire ce qu'elle souhaite, elle qui était si active !
Je rejoins Astrid « Chez Caroline » où nous mangeons en compagnie de Julia, Caroline – personnalité que j'ai le plaisir de découvrir – nous rejoignant pour le café. Puis nous allons faire nos achats chez Pasal, Caroline étant particulièrement généreuse, sachant que nous nous occupons d'association et fondation qui œuvrent en faveur des enfants népalais. Vous verrez toutes ces nouveautés lors de notre vente d'été, qui se déroulera le 29 août prochain à Vufflens-la-Ville et en novembre, à l'occasion de notre vente de Noël !
Si le lapin à la moutarde de Meaux était excellent, par contre le foie servi en même temps ne « passe » pas ! Je vais sauter le repas du soir à pieds joints et m'installer près de la salle de bains pour la nuit !
Vendredi 22 mai : Je pars avec KP rejoindre une équipe de médecins allemands et vais suivre leur camp de santé du jour, qui se déroule à Tankot, à quelques kilomètres de Kathmandu. Installé dans le préau de l'école Model, ce camp est organisé conjointement avec Aparna, dont la clinique médicale située à Botheshwar, Sindupalshwack a été détruite lors du premier tremblement de terre. Dans le car qui nous emmènent à Tankot, je fais plus ample connaissance d'Helga, neurochirurgienne, qui me dit avoir pu rencontrer Mina lors de sa visite au Bir hospital ! Etrange coïncidence...
Quelques personnes ayant subi des blessures lors des tremblements consécutifs voient leurs bandages changés, les plaies nettoyées, mais ce sont surtout des personnes qui souffrent soit d'angoisse, soit de maladies déclarées de longue date qui viennent consulter. Aparna a également recruté ses soigneuses et soigneurs et a organisé une journée de soins Reiki, afin justement d'apaiser les angoisses et faire diminuer le stress des habitants.
Je les quitte à la mi-journée, afin de rendre visite à Urmila. J'apprends avec plaisir qu'elle va être transférée dans une chambre individuelle demain dans la journée. Nous pouvons à nouveau dialoguer par l'intermédiaire de quelques mots qu'elle écrit. Puis je pars au Bir hospital. Mina a enfin pu être opérée et je peux la voir quelques minutes. Par contre, interdiction de lui parler... Elle est consciente, a les mains attachées, je ne sais pas pourquoi, et les yeux, plus précisément les pupilles, toujours aussi dilatées. Je promets aux enfants de passer le lendemain, en revenant de ma visite à Bhaktapur.
Je me rends chez Nicole, amie commune, afin de souhaiter un excellent voyage à Astrid qui rentre en Belgique après quelques journées fort bien remplies... et un tremblement de terre vécu pour de vrai !
Samedi 23 mai : En tout début de matinée, j'ai le plaisir de faire la connaissance d'Alex, jeune architecte qui se trouve être engagé par l'Association « Architectes de l'Urgence ». Il visitait le Népal avec son amie lors du tremblement de terre et ils ont décidé de prolonger leur séjour au vu du travail à réaliser sur place ! C'est grâce à Mario, membre du Rotary Club de Lausanne et présent lors de notre inauguration le 11 avril dernier, que ce contact se concrétise. Alex accepte de venir sur place, le week-end prochain, afin d'évaluer les dégâts, en particulier de l'école primaire, et de me conseiller quant aux travaux à entreprendre. C'est un grand soulagement pour moi, car compter sur l'aide de mes canards est inutile... !
Avant d'emmener Aparna à Bhaktapur et Changhu Narayan, afin d'y rencontrer son frère, je m'arrête au Nidan hospital pour prendre congé d'Urmila. Je visite la chambre dans laquelle elle va être transférée cet après-midi... j'espère que le lit qui y est installé va être nettoyé... Shradha, sa fille et Manish sont déjà l'œuvre, désinfectant et produits de nettoyage en mains !
Au moment d'appeler Aparna afin de lui dire que je me mets en route pour aller la chercher, je reçois un appel de Dilip, fils aîné de Mina. Il me demande de venir de toute urgence à l'hôpital... L'état de Mina s'est détérioré. Elle a un gros hématome et le liquide encéphalo – rachidien (d'après ce que j'ai compris), ne peut plus circuler normalement et compresse le cerveau. Elle doit être opérée d'urgence. J'appelle Helge, neuro – chirurgienne dont j'ai fait la connaissance lors du camp de santé organisé hier, afin qu'elle me rejoigne à l'hôpital. Ce qu'elle fait, arrivant même avant que le chirurgien népalais n'ait enfilé ses gants. Les palabres visant à savoir si elle peut assister à l'opération se prolongeant alors qu'il y a survie, elle sort de la salle d'opération, enjoignant le Dr Khadga de faire au plus vite. Trois heures après, un drain a été placé dans le cerveau de Mina afin de le décongestionner, et l'hématome a été complètement éliminé. Le chirurgien nous informe que les 3 à 7 prochains jours sont très critiques, et que des conséquences sont à attendre, car la compression du cerveau a duré longtemps, trop longtemps.
Je rentre chez KP où une nouvelle secousse me fait décoller – littéralement – du lit sur lequel je suis assise et essaie de travailler à mes rapports. Mais j'avoue que le cœur n'y est pas... Lorsque je parle de secousses, il s'agit de vraies secousses, de celles que l'on ressent bien, pas des dizaines de petites répliques auxquelles tous nous nous sommes maintenant habitués... Non, des secousses de 4.5 à 5.2 sur Richter... qui heureusement ne durent que 2 ou 3 secondes, mais sont assez fortes pour nous mettre le cœur en chamade !
Dimanche 24 mai : de bon matin, j'ai rendez-vous avec Trudi, une amie allemande travaillant au Shosha Korla Mémorial Hospital (SKMH) à Sandhu. Je souhaite rendre visite à quelques amis habitant ce village que je connais par ailleurs fort bien, depuis longtemps, et dans les rues duquel je me suis encore promenée il y a moins de six mois, en compagnie de Rabin.
Je demande à Prabin, agent de voyage, de repousser la date de mon billet d'avion pour un départ le 27 mai au lieu de demain. La santé de Mina est pour le moins préoccupante.
Au SKMH, je découvre qu'une très grande tente a été installée afin d'y recevoir les patients. Bien que les bâtiments soient particulièrement solides, ils ont été conçus et construits selon des normes antisismiques très sérieuses, certains malades sont si traumatisés qu'ils ne veulent pas être enfermés dans des chambres. Il y a ici les bras et jambes cassées, les dos meurtris, les blessures de toutes sortes. Et parmi eux, une petite fille de 16 mois, dont le visage est recouvert d'une tumeur qui grandit de jour en jour. Trudi en a expédié des photos à plusieurs reprises en Allemagne, afin d'obtenir des conseils de spécialistes. Il n'y a rien à faire, tumeur inopérable. La petite va mourir étouffée... à moins que... Combien de ces cas n'avons-nous pas, dans cet hôpital, vus, suivis, reconstruits, à qui un visage humain a été rendu ?
Que dire de Sankhu ? Un crève-cœur ! A en pleurer, et les larmes coulent toutes seules. La promenade est écourtée, les rues ne sont plus praticables, tant de maisons ce sont écroulées... Quel que soit le chemin que j'emprunte, je me heurte à des murs de pierres et poutres enchevêtrées. Je pense à ceux que je connaissais, ces dames qui tricotaient sur le palier de leurs portes, le tailleur, et tant d'autres, dont on ne voit plus les maisons. Une tuile qui tombe, une brique jetée, un propriétaire qui récupère un vieux fauteuil, une dame relativement âgée qui déblaie la poussière et les brisures de sa maison, des personnes encore hébétées assises sur le palier de ce qui fut leur maison... et des enfants qui rient, qui jouent, pour qui les souvenirs et les traumatismes se font présents dans leurs rêves.
De retour à Kathmandu, j'ai rendez-vous avec quelques dames du BPW Club pour une prise de contact. Fort agréable rencontre avec une entrepreneuse, une professeure, une retraitée comme moi qui peut consacrer beaucoup de temps à ses activités sociales, une jeune femme qui va passer un an à Manille pour un stage de perfectionnement en management. Pizza, momo et fried spaghettis engloutis, nous convenons de nous retrouver en juin, avant mon départ en Suisse. Anjana Tamrakar est propriétaire d'une entreprise de papier... cela a tout de suite éveillé mon intérêt !
Lundi 25 mai : j'ai décidé de travailler à mes rapports aujourd'hui, et de rendre visite à Mina en fin de journée, avec Helge qui revient ce soir d'un camp à Sindupalshwock. Je m'installe à la salle à manger après mon copieux petit déjeuner. Mon dieu, par quoi commencer ? Tout mon travail de secrétariat a pris tant de retard...
Un premier appel de Gokul m'interrompt ! Il n'était pas chez lui, hier à Sankhu, lors de ma visite et me demande des nouvelles de Gorpar. Je lui explique la situation de Mina, qu'il connaît bien car il y a quelques années, c'est lui qui m'accompagnait au Sud en qualité de traducteur. Nous prenons rendez-vous pour demain, cela lui ferait plaisir de revoir Mina.
Un second appel, de Dilip cette fois, me demandant de venir de toute urgence au Bir hospital. J'appelle Prakash, j'arrête mon ordinateur, le travail sera pour... ultérieurement ! J'arrive auprès de la famille en pleurs. L'état de Mina s'est terriblement péjoré pendant la nuit. Un nouvel électro-encéphalogramme est nécessaire, mais sa tension artérielle est trop basse. Les médecins lui injectent différents médicaments destinés à faire remonter cette tension, afin qu'elle soit transportable dans la salle prévue pour l'examen. Elle est sous ventilateur. En attendant, je demande à voir le chirurgien. C'est son assistant qui vient me voir et me demande quelles sont mes questions. Je lui demande la vérité, seulement. Il m'informe alors que Mina est en mort cérébrale. L'électro-encéphalogramme programmé est destiné à le confirmer, mais les tests d'ores et déjà effectués sont sans appel.
Je me rends vers la famille, pour leur expliquer qu'un EEG est prévu, mais qu'il y a peu de chances pour que Mina puisse reprendre connaissance, les dégâts à son cerveau, dus à sa compression sont irréversibles. Nous attendrons plus de cinq heures après que l'EEG soit effectué afin de pouvoir rencontrer le chirurgien et son assistant. Le premier explique en népalais, avec force dessin et en détail à la famille que le cerveau de Mina est mort et que si elle respire encore, c'est grâce à la machine qui permet d'oxygéner son sang et celui-ci de faire encore battre son cœur. Mais ses fonctions cérébrales sont nulles. Je peux m'entretenir en anglais avec le second, avec qui j'avais pu déjà parler de cette situation ce matin.
Mina est décédée ce lundi 25 mai, probablement déjà très tôt ce matin. Les complications étaient trop importantes, la situation de la tumeur a rendu la première opération risquée et les suites sont souvent difficiles dans une telle configuration. Helge vient nous rejoindre, peut parler avec le médecin, voir les EEG, effectuer quelques petits tests de réaction... Elle souhaite que la famille, après les 24h légales, accepte que le ventilateur soit débranché, afin que Mina repose en paix. J'espère également que ce délai va permettre à son fils, ses frères et belles-sœurs, et toute la famille là réunie, d'accepter ce décès inacceptable. A trente-cinq ans, Mina n'était pas destinée à cette issue fatale. Elle laisse trois garçons, entre 15 et 20 ans, déjà orphelins de père depuis 5 ans.
Je les retrouverai demain matin. Le cadet sera revenu d'Inde et le benjamin reste à Biratnagar, lui qui a été opéré de la même tumeur au cerveau, il y a 6 mois... ! La maman de Mina, souffrant d'un cancer de l'utérus, est arrivée hier de Bradhapur...
Mardi 26 mai : Aparna et moi avons décidé de nous rendre à Bhaktapur puis à Changhu Narayan, afin de rendre visite à son frère et sa cousine. Les appels de Dilip nous font prendre le chemin de l'hôpital où nous retrouvons la famille de Mina en pleurs. En effet, les médecins viennent de leur demande de payer pour un examen de sang – hémoglobine – qui, un taux meilleur que hier, leur fait douter du décès de Mina ! Aparna et moi sommes choquées... Pourquoi ? Pourquoi diable continuer médicaments et analyses, alors qu'elle est décédée maintenant depuis 24h et que nous tentons de leur faire comprendre et admettre qu'une fois le cerveau mort, la personne ne vit plus, même si le cœur bat encore, soutenu par une machine ? Jusqu'à midi, le temps pour le frère cadet d'arriver, Aparna et moi tentons de dissuader Dilip et toute la famille qu'un quelconque espoir est possible. Lentement, cette vérité est acceptée, si elle n'est acceptable. Nous rencontrons encore le chirurgien et son imbécile d'assistant, qui prétend que s'ils arrêtent la machine, il va falloir, pendant le trajet de Kathmandu à Gorpar, administrer de l'oxygène à Mina ! Je demande si vraiment elle est morte et pourquoi il faut encore donner de faux espoirs. Aparna explique qu'à Kathmandu, les personnes sur le point de mourir veulent mourir à Pashupatinath, le lieu saint hindouiste. Il faut donc les maintenir en vie jusqu'au bord de la rivière Bagmati, afin qu'ils puissent encore boire quelques gouttes de son eau. Dilip et son frère ont décidé que la crémation devra se passer au même endroit que celle de leur père, à Rupnagar. Le médecin se déclare d'accord avec nous, les médicaments sont arrêtés et dès qu'ils auront en mains le papier de consentement signé par Dilip afin de débrancher le ventilateur, ils le feront. Dilip et la famille sont prêts, les papiers peuvent être établis. Une heure après la signature du papier, le ventilateur n'est toujours pas arrêté. Nous demandons pourquoi... et une infirmière nous répond que le cœur doit s'arrêter avant de pouvoir débrancher la machine... ! Mais c'est la machine qui maintient les battements du cœur ! Le corps et le cœur de Mina ont 35 ans... combien d'années encore peut-il battre ? allons-nous devoir attendre 40 ans ? Le frère de Mina appelle le chirurgien et lui explique qu'ils ont décidé d'emmener le corps au Sud Népal, qu'il doit donc faire le nécessaire.
Il faut réserver une ambulance, un bus pour la famille... et les médecins de garde tergiversent. Il faut payer les journées aux soins intensifs. Bien, voilà, c'est fait. Ah, il faut encore redescendre les 2 étages pour payer l'intervention... Bien encore, voilà, c'est fait ! Mais il est déjà 17h... Enfin, le ventilateur, après un ultime téléphone avec le médecin chirurgien est débranché. Moins de dix minutes après, Mina peut être officiellement déclarée décédée, son cœur s'est arrêté.
Une infirmière vient alors nous demander d'amener un chariot pour transporter le corps dans l'ambulance ! Mais bon dieu, nous sommes dans un hôpital... !!! Cette fois, comme elle a une tête de moins que moi, je la regarde « de haut » et lui dit d'un ton froid et en anglais, que si elle ne trouve pas un chariot dans tout l'hôpital et dans les deux minutes qui suivent, nous emmènerons Mina dans le lit dans lequel elle repose. Dans le quart de seconde qui suit, miraculeusement, un chariot est amené près du lit... ! Il nous faut attendre encore qu'un médecin veuille bien nous accompagner jusqu'à l'ambulance... dix minutes, vingt minutes, trente-cinq minutes plus tard, j'ouvre la porte du service des soins intensifs et lance à la cantonade que nous emmenons Mina ! Ce que nous faisons, son frère, deux de ses oncles, Aparna et moi. Les autres membres de la famille sont déjà à l'entrée de l'hôpital, attendant le bus qui les transportera. Mina est déposée dans l'ambulance, ses deux fils et un oncle feront le voyage avec elle. Le temps que le bus arrive, ce train mortuaire se met en marche.
Je les rejoints demain matin, sur place, à Rupnagar, où Mina et ses enfants s'étaient installés après le décès de leur mari et papa. Les treize jours de deuil imposés religieusement à la famille commencent. Dilip, fils aîné, portera lui le deuil pendant un an.
Les news de Gorpar - édition n°42
Vendredi 8 mai : les parents de nos petits montessoriens ont souhaité que nous organisions un transport scolaire, certains d'entre eux habitant relativement loin de notre école et la plupart des parents travaillant. Ils ne peuvent se charger de les amener et venir les rechercher deux fois par jours, alors que pour les grands-parents, la distance à couvrir à pied est trop importante. Après de longues discussions avant mon départ urgent pour Kathmandu, nous avions convenu d'acheter un rickshaw spécialement destiné au transport d'enfants. C'est donc en cette chaude journée que M. Khadga, après la fin de ses cours donnés à la SRSS et moi nous nous embarquons dans le taxi d'Umesh, direction Biratnagar. Hariram est de la partie, des provisions de fruits et légumes étant à acheter, car les parents ont également désiré que nous préparions un « snack » pour les enfants ! Nous avons convenu alors que les 13 petits recevraient tous les jours, hormis les boissons eau, lait et jus de fruits, des fruits frais, des légumes crus (carottes, concombres, etc.), et de temps à autres des biscuits nutritifs sans sucre. Ce « snack » fait partie de notre programme de nutrition.
Après nos achats, nous trouvons notre bonheur chez un spécialiste « rickshaw ». Nous commandons le nôtre, qui doit être adapté (en particulier création de fenêtres, pose d'une porte de sécurité). Nous devrons attendre une dizaine de jours avant qu'il ne soit livrable. Cela nous laisse le temps de trouver un camion qui puisse nous l'amener et d'engager un rickshaw – man. Nous trouvons ce dernier en la personne de Deban Sada, qui a déjà exercé cette profession pendant cinq ans, pour le transport de biens. Nous insistons sur la sécurité, point crucial puisque huit enfants seront entassés dans cette carriole ! Nous lui fournirons un téléphone mobile, de façon à ce qu'il puisse nous avertir au cas où, en chemin, un enfant serait par trop turbulent ou en cas de problème sur la route.
Le week-end qui s'annonce va être « tranquille »... j'ai décidé de me reposer, je suis très fatiguée et stressée. La situation à l'école gouvernementale est particulièrement tendue à nouveau en ce début d'année scolaire. Le Head Master n'arrête pas d'inscrire de nouveaux enfants... Voici le tableau du nombre d'étudiants :
Classe
Garçons
Filles
Total
Nursery
23
31
54
Une
27
29
56
Deux
26
25
51
Trois
23
27
50
Quatre
30
27
57
Cinq
26
34
60
Six
40
32
72
Sept
26
34
60
Huit
32
26
58
Neuf
49
24
73
Dix
20
21
41
Total
322
310
632
Imaginez : 73 jeunes « adultes » - en classe 9, ils ont entre 16 et 18 ans, dont 49 adolescents aux hormones florissantes, dans une salle de 32m2... ! A pleurer...
Avec ses acolytes, il refuse de transférer les élèves des classes 4 et 5 dans le bâtiment secondaire, de façon à ce que nous puissions entreprendre les réparations urgentes nécessitées par l'état actuel du bâtiment primaire. Si un nouveau tremblement de terre intervient, les enfants ne sont pas en sécurité. A croire – et je le crois – qu'il se fout particulièrement de la santé des élèves qui nous sont confiés. Et je ne comprends pas les parents, qui ont tout l'air de s'en fiche éperdument eux-aussi. Ce qui ajoute à mon angoisse...
D'un autre côté, et depuis des semaines, je n'obtiens pas d'Anita, responsable administrative du Centre de Santé, les renseignements qu'il me faut afin de pouvoir établir les différents rapports (programme de nutrition 2014-2015, camps gynécologique et dentaire 2015) que me dois d'envoyer à nos sponsors. Voilà maintenant que la grand-maman de son mari décède... 13 jours de cérémonies... Evidemment, elle n'y peut rien, mais me voilà à piétiner, à attendre, à m'impatienter aussi, j'aimerais pouvoir terminer ces rapports avant de repartir à Kathmandu, de façon à les envoyer en Suisse via Internet, les copies des factures étant confiées aux bons soins d'Astrid que je dois rencontrer à la capitale !... Bon, ce n'est pas que je bénéficie de l'électricité, ni d'Internet, régulièrement ! Mais je m'installe maintenant dès la nuit tombée, et une fois l'électricité distribuée, vers 21h, dans mon lit, sous ma moustiquaire, afin d'écrire ! Ce n'est pas des plus pratiques, j'attrape des courbatures, j'ai des fourmis dans les jambes, l'ordinateur chauffe... et j'ai les yeux qui se ferment ! Il fait chaud, très chaud, humide, les premières grosses pluies annonçant la mousson se déversent dans la région.
Bon, demain samedi, journée de repos... du moins, je l'espère !
Dimanche 10 mai : Constatant qu'aucun instituteur ne vient animer les classes 9 et 10, je vais voir les étudiants et leur parle des énormes dégâts survenus dans la vallée de Kathmandu. Je leur parle d'un projet que nous pourrions mettre sur pied, avec leur aide, afin d'aider et soutenir leurs collègues de la « hilly » région. Ils sont d'accord et décident de passer de famille en famille dans leurs villages respectifs, de parler et montrer les photos que j'ai ramenées, et de collecter soit des fonds, soit du riz ou autres denrées. Nous décidons d'élire un « responsable » du projet et deux acolytes. Nous ferons le point le vendredi 15 mai prochain... Je me réjouis de voir ce que va donner ce premier essai de les intéresser à autre chose qu'à l'école.
Lundi 11 mai : La semaine commence bien, je remarque que les enfants Montessori ont fait déjà de gros progrès, en chant particulièrement, mais également en discipline et en moins de pleurs ! C'est amusant de voir que nous avons déjà les meneurs, les suiveurs, les terribles – enfin un, Krit, qui n'arrête pas de me pincer ! Bon, aujourd'hui, je l'ai également pincé, en le regardant dans les yeux et en souriant..., il en a été très étonné ! – les pleureurs à l'arrivée et ceux qui pleurent en partant, les petites poupées, les sournois... ! Tous sont intéressés et nous jouons souvent dehors, enfin lorsque le soleil ne darde pas trop ses rayons, car alors, il fait une « tiaffe » insupportable !
Concernant la SRSS et nos 632 écoliers, eh bien, ils se promènent dans le préau, dessinent sur les murs, cassent les bancs, s'entassent dans des classes trop petites... leurs instituteurs se reposant au Bureau ! Et que cela discute, et que de palabres, et des cris, et des meetings, et des classes inoccupées par les enseignants, et... C'est à s'arracher les cheveux ! Les cours devraient avoir lieu de 7h à 12h30. Les élèves sont souvent libérés à 9h30, après la récréation... ! Ben voyons, il y a du travail administratif à exécuter... Et surtout les journaux à lire ou à jouer aux échecs !
Je suis écœurée...
Mardi 12 mai : La SRSS est silencieuse, les enfants ont été renvoyés à la maison, les cours sont terminés. Je suis avec les petits montessoriens. Ils dessinent, s'amusent, transfèrent de l'eau d'un bocal à un autre, jouent avec de la pâte à modeler... Hariram m'appelle pour le déjeuner. J'arrive à la maison, je me lave les mains... Didi, Didi... une nouvelle grosse secousse nous fait fuir l'appartement ! Je me rue vers Montessori, j'entends déjà un ou deux petits pleurer. J'arrive en riant, en faisant le clown, ils sont tous apeurés, mais en me voyant, ils recommencent à rire... Malgré le cœur qui bat à 200 pulsassions, je cours chercher les balles à l'intérieur, les jeux de plein air... il faut les occuper, ne pas les laisser céder à la panique et rassurer Benju ainsi que les Aryas. Je leur demande d'emmener les enfants dans le préau et de les y laisser, d'appeler les parents pour les rassurer et leur dire que s'ils veulent venir chercher leurs rejetons, ils peuvent le faire. Tout le monde s'occupe, se change les idées, Hariram revient me chercher, le déjeuner est prêt...
Je remonte chez moi, je dis à Hariram que nous prenons nos assiettes et nos verres et que nous mangerons en bas, dans le préau... on ne sait jamais ! Nous installons trois chaises, nous avons invité Kudan à partager une panachée, je m'assieds,... et cela recommence ! La table de ping pong sur laquelle nous sommes installés bouge, je le sens ! Nous sautons tous trois de nos chaises et voyons arriver les employées du HCC et les étudiantes du cours de couture. Apeurées elles aussi. Nos petits étaient encore dehors, et les institutrices n'ont pas relevé ce nouveau tremblement, afin de ne pas les effrayer plus ! J'avais demandé à ce que les tables et chaises soient sorties, pour des jeux et études en extérieur ! Le déjeuner attendra, ces deux fortes secousses nous poussent à demander aux parents de venir rechercher leurs enfants.
Dix-huit jours après le terrible tremblement qui a secoué le Népal, nous ressentons encore une troisième très forte secousse. Nous sommes tous très angoissés, elle va à nouveau provoquer des morts, des personnes âgées pour la plupart et qui partent d'une crise cardiaque. Je libère les employées du HCC, elles s'inquiètent de leurs familles. Je constate, en montant et descendant mes escaliers, que les fissures s'ouvrent et que de nouvelles apparaissent... Lorsque je marche, j'ai maintenant continuellement l'impression de tanguer ! Cette impression crée une tension difficile à supporter, je renvoie aussi Hariram et sa fille Kanchen.
Le ciel est couvert, pendant la nuit, une pluie bienvenue nous rafraichi quelque peu. Le sol gronde, le lit tremble... à moins que ce soit moi qui soit prise de Parkinson... !
Les nouvelles de Kathmandu sont « bonnes » en ce qui concerne mes amis, mais les destructions se poursuivent, les bâtiments branlants s'effondrent, les morts se comptent à nouveau par dizaines, en particulier dans la région de Sindupalshwock, la peur règne, toute la population est en alerte maximale, les gens dorment dehors, dans des espaces ouverts... plus question de rentrer dans les foyers.
Depuis quelques jours déjà, je n'ai pas revu Mina, notre institutrice. J'ai demandé à Sochiendra, à M. Khadga et à M. Yadav de se renseigner... nous ne savons rien de précis, si ce n'est qu'elle se plaignait depuis quelques temps de forts maux de tête et qu'après avoir passé un scanner à Biratnagar, elle a été emmenée à Kathmandu... Nous attendons des nouvelles de son fils aîné qui est à son chevet.
Mercredi 13 mai : les élèves repartent chez eux, le gouvernement a décrété la fermeture des écoles jusqu'au 17 mai prochain. Les petits de Montessori sont là, et nous les entourons au mieux, la vie continue, nous essayons d'être aussi « normaux » que possible... Nous faisons un exercice de sureté, en leur expliquant que nous devons pouvoir rejoindre la cour très vite, mais sans paniquer et sans crier... ! Ils prennent le tout pour un jeu, ce qui n'est pas plus mal.
Cette nuit, la terre a encore grondé, à plusieurs reprises. Ce matin, les fissures sont là... Toujours plus de tout petits débris de murs sont ramassés chaque matin par Hariram. Et j'inspecte tous les jours les bâtiments... inutile de faire venir un ingénieur maintenant, tant que la terre n'est pas stabilisée. Mais Abdhul, notre maître constructeur de Montessori, évoque quelques milliers de francs de réparations pour tous les bâtiments : la rénovation de l'école primaire sera lourde, ainsi que la recherche du problème pour le Centre de santé. Il semble qu'une conduite avait un problème, il y a quelques temps déjà, et là, elle pourrait bien avoir sauté...
Les nouvelles de Mina ne sont pas bonnes : elle a le crâne qui « suinte » ?! J'essaie d'en savoir plus, car je ne comprends pas cette possibilité... J'apprends que sa maman est à l'hôpital à Narayangath, hôpital pour cancéreux, en phase terminale. Son fils ayant été opéré l'automne dernier d'une double tumeur au cerveau, je me demande quel est l'héritage familial au point de vue santé.
Jeudi 14 – Vendredi 15 mai : l'école SRSS est fermée. Le gouvernement en a décidé ainsi, et bien évidemment, tous les instituteurs de secondaire ne sont même pas venus ce matin. A l'exception de Muneshwar, le fidèle ! Le 13 au matin, je demande à ce que les tables et bancs des classes 4 et 5 soient transférés dans le bâtiment secondaire, le Head Master refuse... Qu'il aille au diable cet imbécile...
Samedi 16 mai : depuis mercredi dernier, nous ne disposons plus d'électricité. Le générateur tourne, mais il doit impérativement subir un service. Raju, l'homme providentiel, est introuvable ! Et comme aujourd'hui Hariram a congé, je lis sur ma terrasse, n'ayant pas grand-chose d'autre à faire, la batterie de mon ordinateur est maintenant à plat... Vers les 16h, une petite faim m'amène à la cuisine, où je prépare un plat de frites. Avec une panachée, ce sera mon repas de fin de journée. A nouveau installée sur ma terrasse, je déguste mes frites ! Et voilà qu'une nouvelle secousse m'oblige à me tenir à la barrière de la terrasse ! Dieux, cela ne finira donc jamais... Cette fois, c'est moi qui craque... je suis seule, j'ai peur, j'angoisse, cela tremble trop ! Je téléphone à Sochiendra et demande si je peux rejoindre sa famille et passer la nuit chez eux ! Sans problème... je passe en vitesse sous la douche, jette des vêtements, une taie de duvet et quelques articles sanitaires dans un sac, ramasse mes papiers importants et l'argent que j'ai chez moi et je quitte mon appartement. Kudan a fermé les portes accédant au préau. Je n'ai pas les clefs, je passe donc par Montessori pour rejoindre M. Yadav qui vient à ma rencontre. La tension de ces dernières semaines est trop dure, je craque et me voici à pleurer comme une madeleine ! Je n'arrive pas à reprendre mon calme... Il faut que cette angoisse, cette peur trouve un exutoire. Je suis accueillie les bras ouverts chez les Yadav, une chambre a déjà été préparée pour moi, même si Ruby et la sœur de Pramila sont là ! Je me confonds en excuses, je regrette le dérangement, mais je vois bien qu'ils sont tous navrés de voir mon état !
Nous ne tardons pas à nous coucher, enfin je les laisse à leurs habitudes, j'ai emmené un livre et peux passer quelques instants à la lecture ! Dehors, il a plu pendant près d'une heure, rafraichissant un air chaudement saturé de soleil, nous pourrons mieux dormir. Ce ne sont pas les grenouilles qui vont me tenir réveillée, mais les chiens des alentours. L'un commence à aboyer et le concert débute... Bon je lis... Il est déjà une heure du matin. La petite fille de Sochiendra pousse un cri... elle a faim. Mais elle se calme très vite. Tout le monde se rendors... enfin essaie, car alors se déchaîne un orage d'une rare violence ! Eclairs, tonnerre, pluie diluvienne... le bruit est fracassant, la pluie tambourine avec force sur le toit de tôles ondulées. La porte s'ouvre, laissant entrer enfin un peu d'air frais.
Dimanche 17 mai : il est 4h du matin, je suis devant la maison des Yadav, le bruit de la pluie sur le toit est infernal, inutile de dormir. Au frais, je regarde le déluge... Il n'y a pas d'autres mots... Je passe aux toilettes, je m'habille, il me faut ouvrir la porte grillagée qui monte à l'étage, afin que les élèves puissent entrer dans les classes. Je me mets en route, je déjeunerai chez moi, avec Hariram, qui arrivera vers 7h.
Je peux liquider mes denrées alimentaires qui étaient restées au frigo. Le transformateur a été endommagé, et nous n'avons toujours pas d'électricité !
Après le petit-déjeuner, je me rends à Montessori, ouvrir, comme tous les jours, portes et fenêtres. Une grande flaque d'eau couvre l'un de nos chemins, Hariram et moi la balaierons tout à l'heure. Je suis étonnée, Nira, la maîtresse de couture du groupe professionnel n'est pas là. Et aucun téléphone pour nous avertir de son absence... ! La moindre des politesses, quoi !
Les instituteurs de secondaire sont assis au bureau, mais ils ont enfin accepté que nous déménagions la classe 5 ! Je suis quelque peu soulagée...
Hariram me met en le générateur en marche... qui tombe en panne ! Il lui faut son « servicing » ! Bon, Raju est appelé à la rescousse, qui répond aujourd'hui et viendra à 15h. Super... il ne me reste plus qu'à éponger l'eau dans le préau Montessori... et dormir un peu, je suis crevée de la nuit blanche dernière, ou presque blanche, je ne crois pas avoir dormi une heure d'affilée !
15h, 15h30, 16h, j'appelle M. Khadga. Raju n'est toujours pas aparu et j'ai vraiment besoin de pouvoir travailler à l'ordinateur ! 16h35... enfin... Il faut un service complet à mon générateur, ce qui va prendre une bonne heure. J'ai promis à la famille Yadav de les revoir ce soir, je me douche en vitesse, et M. Yadav apparait au bout du chemin, il vient me chercher ! Je vais passer quelques heures en leur compagnie, mais comme le frère de Samjhana et la sœur de Pramila, et Ruby sont encore là, je vais – après le souper – revenir chez moi et y dormir. Un téléphone de M. Yadav à un employé du bureau de l'électricité lui a permis d'apprendre que ce trésor nous sera rendu... à minuit ! Ben voilà... Je ne sais si c'est vrai, mais en tous cas, je me couche à la lumière de ma lampe de poche !
Lundi 18 mai : Je dois m'être endormie de suite hier soir, malgré la chaleur ambiante... et me réveille à 4h30 ! En effet, l'électricité est là. Je me lève, passe à la salle de bains, le temps de me laver les dents... plus d'électricité... ! Mon ordinateur m'indique que la batterie est « full ». J'attaque mes news... une demi-heure après j'arrête, la batterie est à plat. Tant pis, je prends mon petit déjeuner, je vais ouvrir le bâtiment Montessori, comme tous les matins et je vais attendre qu'Hariram et sa fille Kanchen arrivent, à 9h, pour poursuivre. Je prépare le plat de fruits et légumes pour les petits montessoriens, je range, je tourne en rond, je re – range, je re – tourne en rond...
Hariram arrive, met le générateur en marche... et voici mes news !
Benju est venue me dire que de nombreux parents ont téléphoné, afin d'excuser leurs enfants pour les trois prochains jours : il semble qu'un nouveau tremblement, de magnitude 9 sur Richter, soit attendu ! Rumeurs ? Nous sommes tous si angoissés qu'il est facile de croire que tout peut arriver... Mais si vraiment... n'y aurait-il donc aucun spécialiste capable de nous avertir ? Camper dans le préau serait très facile... pendant quelques heures ou quelques jours, et même sous la pluie battante comme cette nuit encore ! Les parents sont rassurés, ils peuvent garder leurs enfants à la maison, nous ne voulons obliger personne à prendre des risques. Et encore moins nous... !
C'est vrai pourtant... elle tremble encore et encore.
Les news de Gorpar - édition n°41
Lundi 4 mai : J'arrive au Nidan Hospital de Patan où m'attendent les enfants d'Urmila. Elle va mieux (état stationnaire, mais de bon augure). Je peux l'entre – voir 2 minutes, toujours sous permission spéciale, et lui raconte ma journée d'hier, et la rencontre avec les enfants de l'orphelinat. Je vois un grand sourire dans ses yeux, lorsque je lui explique que je pars aujourd'hui avec Manish pour animer un camp de peinture. Je la sais rassurée car sa famille est autour d'elle (en fait dans la cour de l'hôpital...) et heureuse de savoir que Manish va mettre son talent au service d'une journée de joie et de détente pour les enfants. Sur les 21 enfants de l'orphelinat, 13 ont moins de 10 ans... et 10 sont des fillettes. Elles ont été abandonnées à la naissance par leur mère, voire celle-ci est décédée. Les pères sont inconnus ou les ont abandonnées. C'est aussi le cas pour certains des garçons.
Chwang Rahul, 17 ans, le plus âgé, est un dessinateur de premier ordre. Il espère pouvoir, une fois son SLC en poche, entrer dans une école d'art. Manish m'a promis de s'en occuper, de l'aider et de suivre ses progrès.
Mardi 5 mai : Je me rends à Patan, prendre congé de Urmila et sa famille, leur promettant d'être de retour dans 2 semaines. Je quitte Urmila en meilleure santé, les médecins tentent de l'habituer à respirer sans son appareil. Ce n'est pas évident, mais sa force de caractère force le respect. Elle veut vivre et on sent à la fois une patience incroyable afin de récupérer et une rage qui la maintient certainement en vie.
Le reste de la journée se déroule en visites diverses des lieux connus de Kathmandu que je n'avais pas vu préalablement. Malgré le fait que je n'aime plus Kathmandu, trop polluée et trop de trafic, risquant l'accident à chaque coin de rue, c'est un crève-cœur que de voir tous ces bâtiments anciens, voire vieux de plusieurs siècles, détruits, réduits à des tas de briques et de poutres entremêlées. Je m'active à chercher tous les achats divers demandés par Benju, pour Montessori. Je trouve les mêmes boîtes de peinture que j'ai apportées hier à l'orphelinat. Nos petits pourront eux aussi s'exercer à cette activité de détente. Je reviens chez KP chargée comme une mule, épuisée par la chaleur et désolée des images vues. Consacrant – entre deux interruptions d'électricité – mon après-midi à mes news et la confection de mes bagages, je me réjouis de rentrer chez moi, sachant que dans peu de temps, je retrouverai Astrid dans la capitale.
Mercredi 6 mai : après mon petit déjeuner, je pars avec Prakash à l'aéroport. Une heure d'attente, de retard sur l'horaire prévu. Hariram et Umesh sont à l'aéroport. Nous partons acheter les légumes et les fruits dont nous aurons besoin pour la fin de la semaine et après le lunch traditionnel pris au Ratna Hôtel, nous partons vers Gorpar. J'apprends qu'une très forte secousse a eu lieu au Sud du Népal, le lundi 27 avril. C'est elle qui a tué une dizaine de personnes dans les districts de Saptari et de Sunsari, faisant quelques ravages dans les états indiens du Bihar (à moins de 18km de chez nous) et de l'Uttar Pradesh.
En arrivant sur place, j'apprends que nos bâtiments ont subis des dégâts suite à la seconde secousse (le dimanche 26 avril à 11h56, alors que j'atterrissais à Kathmandu) et surtout suite à la troisième secousse du lundi 27 avril. Ni M. Khadga, ni Benju n'ont jugé bon de m'en tenir informée. Ils ne voulaient pas m'inquiéter... J'oscille entre la gentillesse envers moi et la bêtise... J'avoue en avoir MARRE du manque de communication et de la rétention d'informations, alors que je les ai appelés tous les jours ! Cela me met dans une fureur noire, comme cela m'arrive de temps à autres, et je le leur fait bien sentir... Dommage pour eux, mais ras-le-bol, ils savent pertinemment bien qu'ils doivent m'informer des événements importants survenant à l'école... ! Et en plus, je ne suis pas certaine qu'ils comprennent, enregistrent et ne répèteront pas cette omission, par souci de me préserver, en particulier M. Khadga qui sait très bien que je veux savoir ce qui se passe à l'école sur le moment ! Je ne suis pas plus informée de l'état de santé de Mina qui a été emmenée à l'hôpital à Kathmandu, où évidemment j'aurais pu lui rendre visite !! Les nouvelles ne sont pas bonnes, elle a un problème au cerveau. Mais je n'en saurais pas plus. Je demande à Kabita de se renseigner dans les meilleurs délais auprès de sa famille.
Jeudi 7 mai : je visite les bâtiments. Les classes 4 et 5 de l'école primaire sont inutilisables, car les dégâts constatés avant le tremblement de terre ce sont dangereusement accentués. Les autres classes et les WC ont subis des fissures et le sol est maintenant deux fois plus troué qu'au début avril, lorsque nous avions nettoyé l'école en vue de l'inauguration de la classe Montessori. L'urgence des réparations est là, on va les entreprendre dès qu'un ingénieur aura pu les constater et les budgéter. J'apprends que le Head Master continue à enregistrer des inscriptions d'enfants, alors que nous dépassons déjà – pratiquement pour toutes les classes – plus d'une soixantaine d'étudiants ! Dommage, le tremblement de terre ne lui a pas remis le cerveau à l'endroit !
Si le petit temple dédié à Ganesh est intacte, la maison de Kudan et les WC de l'école secondaire accusent quelques fissures. Elles se marquent souvent aux coins des fenêtres, ou encore entre les différentes parties des bâtiments. Là aussi, des réparations sont à prévoir, dans un deuxième temps.
Le bâtiment secondaire a vu la partie centrale, soit les escaliers, se désolidariser des deux autres parties. La barrière de la terrasse du 1er étage est fissurée en de nombreux endroits. Peu de fissures sont constatées dans la partie Est du bâtiment. Par contre, la partie Ouest, dans laquelle se trouve mon appartement, a été plus fortement touchée. Je constate des fissures dans le réduit, à la cuisine, dans le salon et à la salle de bains. Le bâtiment est solide, mais toutes ces fissures seront également à réparer.
Pour notre nouveau bâtiment où loge la classe Montessori et celle des cours de couture, je constate là aussi des fissures partant des coins des fenêtres. Certaines avaient déjà fait l'objet d'une remarque au constructeur, qui avait tout simplement repassé une couche de peinture dessus... Elles sont évidemment réapparues, certaines plus importantes. Dans l'appartement, une très importante fissure longe le mur Est du bureau et se répercute dans la chambre à coucher. Celle – là est plus inquiétante...
Si les réparations du bâtiment primaire sont urgentes, celles des autres bâtiments le sont moins et seront réalisées pendant les vacances d'été, afin de ne pas déranger le cours des classes.
Une bien mauvaise surprise, mais rien de comparable à ce qui est arrivé dans la vallée de Kathmandu. Je me suis promis, en quittant la capitale, de ne pas regarder en arrière. Ce qui est arrivé ne peut être changé et l'avenir ne peut qu'être meilleur que ces quelques jours effroyables.
Je souhaite vivement que les quantités de matériel que j'ai vu entreposées sur le tarmac de l'aéroport international puissent être distribuées dans les meilleurs délais, gratuitement, à celles et ceux à qui dit matériel est destiné ! Et qu'il ne se retrouvera pas au marché noir... enrichissant certains alors que d'autres continueront leur chemin de croix.
A vous toutes et tous qui avez déjà envoyé un don à notre Association, un TOUT GRAND MERCI ! Soyez certain/es que votre participation à la re – construction sur place est grandement appréciée et sera utilisée au mieux de nos compétences. Je serai dès le 20 mai prochain de retour à Kathmandu, afin, avec Astrid, de préparer un projet « long terme » dans ce sens.
Après un tremblement de terre - Les news du Népal - édition n°40
Jeudi 30 avril 2015 : Je pars ce matin faire quelques achats, des fruits, du fromage de yak... puis direction l'hôpital. Urmila est stressée aujourd'hui, elle doit subir une nouvelle trachéotomie. Toute la famille est tendue. Je ne la vois que quelques instants, mais lui promets que reste à l'extérieur avec ses enfants et son mari.
Pendant le lunch, deux membres du BPW – Bussiness and Professional Women - club de Sunakothi me rejoignent. Elles sont très préoccupées par la situation dans la vallée de Kathmandu et veulent mettre sur pied un projet à long terme. Dans l'immédiat, elles vont participer à un meeting réunissant d'autres BPW des différents clubs établis autour de Kathmandu et voir s'il est possible d'acheter du matériel de première urgence et de la nourriture pour l'acheminer à Sindupalshwok, la zone la plus touchée aux alentours de Kathmandu. Si tel est le cas, je leur demande de me tenir informée, j'aimerai beaucoup aller avec elles et me rendre compte par moi-même de ce que nous pouvons faire au niveau reconstruction d'une école.
En rentrant, je peux juste lire un mail de Véronique avant que ma connexion Internet ne soit interrompue. L'association Human'trail finance un orphelinat à Lubhu, 10 km de Patan, qui demande une aide urgente en riz, eau et matelas thermo. L'ami chez qui je vis, KP, m'ayant dit ce matin qu'il voulait « faire quelque chose », je lui demande son aide ! Nous irons dès demain matin acheter quelques centaines de kilos de riz, des bouteilles d'eau et voir si nous trouvons ces matelas... Ensuite, direction Lubhu et l'orphelinat ! Enfin un peu d'action dans ce chaos !
Après un tremblement de terre - Les news du Népal - édition n°39
Mardi 28 avril 2015 : Après que la nuit fut « mouvementée », 4 à 5 secousses nous tenant en haleine, nous nous retrouvons au petit déjeuner. Chacun va vaquer à quelque occupation, Eddy et Gho, son fils, repartent au Japon dans deux jours, ils vont se rendre en ville, Mats part à l'hôpital, la famille de KP va rester à ne rien faire que nous soigner avec des repas magnifiquement concoctés, et moi je vais rejoindre Manish à Patan. Shradha n'arrivera que cet après-midi, son vol a été retardé. Le temps est très couvert, de fortes pluies sont annoncées et le froid fait son apparition lorsque j'arrive au Nidan Hospital. La température a fortement chuté ces deux derniers jours. Rien ne va être épargné aux habitants de la vallée de Kathmandu ! Benju me confirme qu'à Gorpar aussi, le temps est mauvais, mais généralement, s'il pleut un peu, d'une part nous en sommes contents pour les terres arrosées, et la baisse de température est bienvenue, qui reste malgré tout plus élevée qu'ici !
Urmila est réveillée. Son tremblement ne s'est pas calmé. Je lui parle de tout et de rien, elle me fait signe de m'asseoir sur son lit, nous communiquons, les anecdotes que je lui raconte la font « sourire », mais elle est doublement entubée, assistée pour respirer et pour manger. Je la quitte pour aller, avec son neveu, exportateur de thé d'Ilam, chercher Shradha à l'aéroport. Nous y patientons plus d'une heure et demie avant d'apprendre que son avion a atterri, après avoir tourné plus d'une heure au-dessus de Kathmandu, lui permettant d'apercevoir de nombreux glissements de terrain ! Avec la mousson qui approche, les catastrophes ne sont pas finies ! Manish nous appelle, il va falloir encore attendre près de deux heures, tant il y a de monde et de bagages ! Nous voyons nombre de « rescue teams » débarquer, qui avec des cartons à n'en plus finir, qui avec des chiens, qui encore en pantalons blancs impeccables, T-shirts bleu marine encore amidonnés qui sortent à peine de leurs emballages plastiques, casquettes blanches également, équipements décorés d'un emblème que je n'arrive pas à déchiffrer, il doit s'agir de représentants d'un pays asiatique.
Des porteurs sortent régulièrement de la porte d'arrivée, poussant devant eux des chariots chargés de bouteilles d'eau minérale. Je me demande combien de bouteilles ont pu être transportées, et s'il n'aurait pas mieux valu qu'un représentant de la société donatrice, achète ici sur place les bouteilles disponibles dans les grandes surface ou dans les petites échoppes qui ont rouvert depuis deux jours et sont bien achalandées. Même si les prix ont doublé, et que la bouteille d'eau se monnaie à NR 40.-, soit SFr. 0,40, on devrait, avec le prix du transport, certainement pouvoir acheter 50 à 100 fois plus de bouteilles ici, tout en faisant travailler les commerçants. Enfin... nous n'avons pas tous la même logique !
L'attente est longue, le froid s'insinue, il est déjà 18h ; je vois Shradha sortir, juste pour nous dire qu'elle attend ses bagages ! Finalement, après plus de 4h à piétiner, elle débarque avec tous ses bagages. Nous prenons rendez-vous pour demain à l'hôpital, je rentre chez KP, toute la maisonnée m'attendant pour partager le repas du soir. Nous relatons nos journées, et j'apprends que Mats va être évacué demain sur Manchester, il est devenu inutile... Le manque d'équipements médicaux en tous genres se fait sentir. Les nouvelles nous montrent la ville de Gorka ravagée... pratiquement plus aucune maison n'est debout ! D'autres tristes images passent, défilé de cadavres et destruction. Le Gouvernement patauge, qui ne peut s'organiser... Nous apprenons que du matériel de première urgence a été refusé par certains ministres. Ils ont demandé à la Nouvelle – Zélande (par exemple) d'envoyer de l'argent ! Plus facile à mettre en compte, semble-t-il, que des médicaments ou des filtres à eau...
Mercredi 29 avril : cette fin de nuit, un tremblement de magnitude 4 me réveille vers 4h30. Je me tourne dans mon lit, il n'a duré que 2 à 3 secondes. Pas le temps de réagir autrement, et dans la maison où je vis, je ne crains rien... Vœu pieux !
Et ce matin, la famille corbeau, qui loge dans l'arbre de la cour de la maison, commence à reconstruire son nid. Eddy, d'origine et vivant au Japon, nous informe que c'est le signe que tout danger est passé. Le couple avait « averti » les Maskey en piaillant fortement, alertant le chien Johny quelques dix minutes avant le tremblement de terre. KP avait fait taire son chien, lui demandant ce qui se passait... !
Peu avant mon départ pour Patan, Sunita, la maîtresse de maison, revient du marché. Elle me dit avoir tout trouvé, sauf du pain et que nous serons rationnés pour nos petits déjeuners. Cela ne semble pas trop grave au vu de la situation.
J'insiste auprès de KP, qui possède une agence de voyages, afin qu'il me trouve un billet d'avion. J'ai appris par Benju, notre institutrice Montessori dont le frère du cousin de la tante au grand-père du côté de son mari (et qu'elle appelle son frère !) est conducteur de bus, que ceux-ci sont pris d'assaut et qu'aucune réservation ne peut être envisagée. Des milliers de Népalais souhaitent, veulent partir de Kathmandu et se battent pour une place. Les bus sont bondés et je ne tiens pas à voyager dans ces conditions. Je comprends fort bien le désir de ceux qui ont été si gravement touchés et sont choqués, de vouloir retrouver leurs familles. D'autre part, l'une de mes amies arrive de Suisse lundi prochain, je dois lui parler, il était prévu que je vienne à Kathmandu pour la voir à mi – mai. Si nous trouvons un moment, en début de semaine prochaine, je m'éviterais ce second voyage.
Un taxi me prend en charge à Rato Pul (le Pont Rouge). Dans une petite rue adjacente, je vois sur un étal des cornets de pain sandwich ! Aubaine, j'arrête le charmant conducteur, un monsieur déjà assez âgé qui ne me demande que NR 400.- pour aller à Patan, au lieu des NR 1'000.- des jours précédents ! J'achète 10 paquets de pain et les ramène à Sunita qui doit nourrir actuellement 13 personnes...
Shradha et Manish ont dormi dans la voiture, à l'hôpital, leur papa ayant ainsi pu rentrer à la maison et se reposer. Urmila a été particulièrement heureuse de voir sa fille. Nous sommes tous heureux de voir qu'elle se remet très progressivement du traumatisme subi lors du tremblement de terre. En effet, quelques jours auparavant elle avait subi une trachéotomie afin d'être ventilée, mais lorsque le tremblement a débuté, tous les malades ont été sortis au plus vite de la station ICU. En lui enlevant un peu brusquement les tuyaux qui lui permettaient de respirer et de manger, des dégâts ont été provoqués. Son état s'est alors fortement et rapidement détérioré et c'est ainsi que je l'ai rencontrée dimanche dernier.
Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de lui rendre visite aujourd'hui, l'accès à la station étant interdit... Un fou s'est introduit dans la chambre, a volé des médicaments et les a avalés ! Les portes ont été fermées à clef, un garde sécurité posté devant. La santé des malades, dont certains gravement atteints, a primé sur notre désir d'être auprès d'Urmila. Après discussion avec les médecins traitants, ses enfants ont pu la voir. Son état est stationnaire, mais elle devra subir une nouvelle opération dans les plus brefs délais afin de réparer les dégâts subis précédemment. La loi des séries semble-t-il !
Je suis donc partie à pied de l'hôpital pour me rendre à Durbar Square de Patan. Il est difficile de se rendre compte et de rendre compte de l'impression que le spectacle offre... Des temples plusieurs fois centenaires sont rasés. Des tas de briques disloquées, des bouts de bois taillés, malheureusement jetés par des mains qui n'en connaissent pas la valeur, des briques lancées à droite et à gauche dans un nuage de poussière... il faut débarrasser, tenter d'effacer ? Je pense aux maisons effondrées dont personne ne s'occupe et qui pourraient être la priorité... ces temples, tout aussi beaux qu'ils fussent, seront reconstruits dans les 50 prochaines années, mais les gens, ceux qui sont encore sous les décombres, ceux qui sont depuis 4 jours et 4 nuits sous des tentes confectionnées de toile plastique, ceux qui ne sont pas ravitaillés... Je rends visite aux propriétaires de la guest house Newa Chen. Il s'agit d'une très ancienne maison Newar, rénovée il y a des années par l'Unesco. Ils ont fermé, pour quelques temps, une partie du bâtiment ayant subi des dégâts et certaines chambres n'étant plus sûrs pour les touristes, dont la Srivasta. Ils rouvriront en automne, après la mousson, si les experts, qui n'ont pas le temps maintenant de venir constater l'impact du tremblement et conseiller les réparations, auront rendu leur rapport et si les réparations auront pu être effectuées. Mais toute la famille est sauve...
Connectée à Internet depuis mon retour chez KP, je lis les 82 messages Email reçus, assise sur mon lit, qui se remet à bouger. Il est 17h12. Une secousse minime, mais une secousse tout de même. Pour que l'on n'oublie pas de sitôt.
Merci à toutes et tous d'être très présent/es par l'écriture, c'est certainement d'un grand réconfort. Cependant, je vous rassure, je vais très bien, n'ai subi personnellement rien d'autre qu'une grosse frayeur et comme vous pouvez le constater, je fais partie d'une frange de « happy few ». Mes hôtes, chez qui d'autres voyageurs, John et Karl nous ont rejoints après plus de deux jours de marche pour quitter Mélanie Gaon, les transports étant réduits à néant, sont aux petits soins pour nous. Ce soir, dernier repas en commun avec Eddy et son fils qui repartent demain pour le Japon. Nous avons eu droit, après l'apéritif pris sur le toit de la maison et destiné à célébrer la fin officielle du tremblement de terre, à un repas « japonais » constitué de spécialités savoureuses, achetées dans un magasin important de vraies spécialités japonaises, situé à Maharajgunj (fameux quartier de Kathmandu). C'est peut-être aussi comme cela que certains Népalais se remettront du choc subi. Je soupçonne aussi Sunita et KP d'avoir voulu gâter Eddy, leur ami de jeunesse et son fils, afin que ce dernier n'emporte pas que de mauvais souvenirs du Népal !
La ronde des avions se poursuit, il est 23h...
Après un tremblement de terre - Les news du Népal - édition n°38
Samedi 25 avril 2015 : Ayant confirmé à Sochiendra, l'un de nos instituteurs, que j'irai rendre visite à sa femme et rencontrer sa petite fille à Biratnagar, demain dimanche, j'ai demandé hier à Hariram s'il voulait bien intervertir son jour de congé, et être présent ce matin chez moi. M. Khadga et moi avions décidé de terminer les comptes de l'école pour l'année 2014 – 2015 et je ne doutais pas que nous aurions besoin de l'aide du générateur. Or, tant M. Khadga que moi sommes un peu handicapés face à cette machine... Hariram accepta, me demandant de pouvoir venir avec moi, dimanche, jusqu'au village de son épouse, afin d'y acheter quelques kilos de pomme-de-terre. J'acquiesçais, bien évidemment.
Levée comme d'habitude à 6h, je préparais mon petit-déjeuner. Hariram arriverait à 8h, et M. Khadga n'était pas attendu avec 10h, voire plus tard, probablement après avoir pris son premier repas quotidien. Rupesh, fils de notre défunt prêtre, qui vient de terminer ses études en informatique, nous rejoindrait en début d'après-midi afin d'installer les trois ordinateurs de seconde main reçus et les connecter à notre imprimante. Une journée tranquille en perspective!
Je m'installe sur ma terrasse, mon mug de café filtre déposé sur le rebord de la fenêtre, et celui de mes céréales en main. Le calme de ces instants est communicatif, j'aime ces moments au petit jour, juste avant que l'animation de la journée reprenne. Mais je ne tarde pas à m'asseoir à mon bureau, les news trop longtemps abandonnées me sont réclamées et je veux les envoyer ce jour !
Comme prévu, Hariram enclenche le générateur. Je ne comprends pas, toujours pas, que nous bénéficions de l'électricité pratiquement 6 à 7h par nuit, alors qu'en journée nous en sommes si rationnés ! Vous me rétorquez : « ben, travaillez la nuit » ! Ce à quoi j'ajoute : « Dès le coucher du soleil, les moustiques attaquent... même sous la moustiquaire » ! Et cette année, ils sont particulièrement agressifs, si bien que travailler à l'ordinateur en soirée est une vraie torture. D'autant que les autres insectes se font un plaisir de tourbillonner devant votre visage, d'atterrir sur les touches du clavier, et se transformer en traces sanguinolentes !
Vacant à ses travaux domestiques, Hariram est bientôt en quête de savoir que préparer pour le repas tout à l'heure. Au lieu des aubergines frites, je lui demande de simples frites - salade, c'est mon anniversaire tout de même, n'est-il pas ?
M. Khadga nous rejoint et je lui cède l'ordinateur, lui demandant de bien vouloir terminer les comptes du mois de mars et débuter l'année 2015 – 2016. Je vérifierai avec lui ensuite, entre-temps, je procède aux comptes Montessori.
Il est près de midi, mon téléphone sonne, je m'y attendais aujourd'hui et l'ai sous la main ! David... Je comprends mal son nom et le redemande trois fois... David, d'Amérique ! Je sors sur la terrasse pour mieux l'entendre. Enfin des nouvelles ! Et c'est le meilleur jour de l'année pour reprendre contact ! Quel grand plaisir que de l'entendre et de papoter quelques minutes, retrouvant rires et connivence ! Il est à San Francisco, je suis la bienvenue à tout moment, il a une sorte de « part time job », mais veut rejoindre une école dont je ne comprends pas le nom, la communication n'est pas top... et elle s'interrompt abruptement. Je ne m'en inquiète pas, cela arrive souvent au Népal.
Réjouie par cet appel, je sens mes jambes en trembler... enfin, c'est toute la terrasse qui tremble !? Un cri de M. Khadga : « Go out, go out » ! L'adrénaline monte en même temps que l'intensité du tremblement de terre ! Nous prenons nos jambes à nos cous et dévalons les escaliers, nous tenant aux parois qui tanguent ! Nous courrons au milieu du préau, le cœur battant à nos tempes, le souffle coupé, pliés en deux, une sorte de rire s'échappant de nos gorges et illuminant nos visages... nous sommes saufs. Mais la terre tremble encore et encore, plus doucement, mais on le sent bien, de petites secousses vibrent encore.
Il nous faut une bonne demi-heure afin de reprendre notre souffle. Nous la mettons à profit afin de prendre des nouvelles ou d'en donner à nos familles. Mon fils m'appelle, je le rassure et suis heureuse d'entendre que Lausanne se prépare à ses 20km. Nos activités reprennent, M. Khadga à ses comptes, Hariram à ses frites et moi à ma lecture. Nous apprendrons rapidement que l'intensité de cette secousse se mesurera à 7.9 sur l'échelle de Richter.
Go out, go out !
Nous lâchons tout, Hariram arrête le gaz et à nouveau, nous plongeons dans les escaliers ! Une forte réplique, à 6.9 sur Richter, allume des inquiétudes chez chacun de nous, bien que nous nous souriions de concert. Cette fois, nous restons longuement dans le préau, et visitons les bâtiments. L'école primaire, qui était déjà bien décrépie, va devoir être complètement rénovée. Il pourrait être trop dangereux pour des enfants d'y réintégrer les classes 4 et 5. Mais les dégâts ne sont pas dus à ce seul tremblement, ils perduraient depuis quelques temps déjà, le Head Master ayant refusé que nous les réparions l'an dernier ! Le nouveau bâtiment Montessori est intacte, intérieur comme extérieur. Le secondaire, dans lequel j'habite, montre quelques fissures aggravées, en particulier entre les corps du bâtiment, construit aux normes antisismiques. Lors de la planification de la construction, j'avais rencontré un spécialiste à Kathmandu et scrupuleusement suivi ses conseils... J'en suis heureuse aujourd'hui.
Parmi tous les messages qui me parviennent à la suite de mes SMS lancés tous azimuts pour connaître l'état de mes amis, je reçois de Manish Lal Shrestha, notre peintre (les cloches, vous vous en souvenez ?), l'information qu'ils sont saufs, mais que sa maman Urmila, mon amie népalaise de toujours, est aux soins intensifs. Il ajoute que son état étant très sérieux, il ne faudrait pas tarder si je souhaite la revoir.
Rupesh nous rejoint, et la discussion autour du plat des frites, du Gruyère et de notre salade complète n'est qu'échange de nos impressions et de notre tout récent vécu ! Plat de frites accompagné d'une panachée... anniversaire et tremblement de terre faisant de ce jour une occasion rêvée afin de nous réconforter ! Comptes pratiquement terminés, ordinateur connecté, mais il faudrait installer Windows, visite à Montessori pour fermer les fenêtres, la journée s'achève tranquillement, mais avec quelques soucis en tête. Tant pis pour les moustiques, je m'installe à l'ordinateur et recherche quelques informations sur Internet. Les nouvelles qui nous sont parvenues de Kathmandu sont catastrophiques : morts par milliers, destructions massives, en particulier des monuments historiques : les Durbar Square de Kathmandu, Patan, Bhaktapur comptent de nombreux temples détruits. Changu Narayan est pratiquement rasé... Swayambunath a subi de gros dégâts... Certains villages dans la région de l'épicentre n'existent plus... Tout est à l'avenant.
Je suis dans mon lit, lorsque je reprends la liste des messages SMS reçus. Urmila, mon amie... Me revient en tête Somani, décédée sans que j'aie pu la revoir au début de l'an passé, et Bashudev, et les autres, le Professeur, Ama... Si je peux trouver un billet d'avion, je vais me rendre à Kathmandu, la voir une dernière fois, être aux côtés de sa famille en ces moments difficiles. Je m'active à préparer mon sac, sans penser que je me rends dans la capitale où il fait plus froid et donc en oubliant une veste, un châle, des chaussettes... et en plus qu'un tremblement de terre y a sévi. Demain, je serai à Biratnagar pour voir Sochiendra et sa petite famille. Demain, je verrai si je peux partir, peut-être lundi... Demain est un autre jour.
Dimanche 26 avril, 4h : Les oiseaux piaillent, les grenouilles coassent... Pas envie de me lever, trop tôt, la voiture n'est commandée que pour 7h. La journée de hier pourtant me revient en tête et je n'arrive pas à me rendormir. Je déguste mon petit-déjeuner sur la terrasse. Mon monde n'a pas changé. Tout va bien ! Hariram arrive, mange, je lui dis que Suntoliya pourra laver le linge demain, que je pars à Kathmandu voir Urmila. Il en est fortement attristé. Urmila est bien connue dans la région, elle y est venue à deux reprises et cette petite femme dynamique y a laissé un excellent souvenir. Rupesh m'accompagne à Biratnagar, il va m'aider pour le shopping dont la liste alourdi déjà mon sac !
Nous laissons Hariram en route, je n'ai pas pu rencontrer M. Khadga afin de lui expliquer la situation et mon départ pour Kathmandu, mais je l'ai au téléphone, ainsi que Benju. Arrivant à la hauteur de l'aéroport, nous y bifurquons et demandons s'il y a possibilité de se rendre à Kathmandu. Yeti et Buddha Airlines ont supprimé tous leurs vols. Seule la nouvelle compagnie Saurya attend l'avion qui a décollé de Kathmandu. Il y a 4 places libres, je peux bénéficier de l'une d'entre elles, mais l'avion repart à 10h30. Il est 9h, je n'ai pas le temps d'aller à l'hôpital voir Sochiendra, et l'en averti. Il comprend la priorité accordée à Urmila, je vais avoir l'occasion de voir sa femme et sa fille à mon retour.
Je suis assise dans l'avion, et de manière fulgurante, je me demande ce que je fais là... ! Enfin je réalise que Kathmandu a été touchée par un très fort tremblement de terre. Que vais-je trouver là-bas ? Il est trop tard, l'avion roule sur le tarmac. Advienne que pourra ! Je vais voir Urmila et sa famille.
A l'approche de Kathmandu, depuis l'avion, rien ne se laisse voir de la catastrophe : les hauts bâtiments sont sur pied et il est difficile de savoir si cette maison est à moitié détruite ou à moitié construite... Oui, ici au Népal, on habite dans les maisons non terminées... C'est juste à la sortie de l'aéroport que la situation devient étonnante, car des milliers de passagers attendent... Les avions internationaux ont tous été annulés et les passagers se sont installés dans tous les coins et recoins des alentours. Les bords des rues sont envahis de Népalais assis, qui ont dormi à la belle étoile, personne n'est dans sa maison, trop risqué. Les gens marchent au centre des rues, la circulation est des plus fluides, peu de voitures, rares sont les taxis... qui en profitent pour tripler leurs prix ! Je me rends chez KP, notre fournisseur de châles pashmina, afin d'y déposer mes bagages. Je ne peux les prendre à l'hôpital et ne suis pas certaine de pouvoir habiter chez Manish. Je le retrouve, ainsi que son papa. Ils m'avouent vivre là, dans la cour de l'hôpital, dormant depuis quelques jours dans leur voiture.
Urmila est en réanimation. La question, chez nous, aurait été posée à la famille, de savoir s'il faudrait la maintenir dans cet état... Hier, pendant le tremblement de terre, elle a été déconnectée de son respirateur afin d'être emmenée à l'extérieur et sa situation s'est péjorée. Ce matin, son état est des plus sérieux. Mais en parlant avec Manish, je comprends que malgré tout, la parenté n'est pas prête... Manish espère que sa maman va récupérer. Fifty – fifty pourcent... telle est la manière dont il voit la situation. Sa sœur aînée devrait arriver d'Amérique, pour autant que les vols soient rétablis. Je sens l'espoir dans la voix de Manish, même s'il semble conscient que sa maman pourrait souffrir le martyre si elle devait se rétablir. Elle souffre de la maladie « Bulbar motor neuron disease », qui bloque lentement et sûrement, sans rémission, la musculature. Souvent, les malades meurent d'asphyxie, les muscles du thorax ne fonctionnant plus.
Nous sentons régulièrement de petites secousses sous nos pieds. La terre n'est pas encore calmée.
Je reprends le chemin de la maison de KP. Je reviendrai demain, rendez-vous est pris pour 12h à l'aéroport pour y accueillir Shradha. Un SMS m'apprend en début de soirée qu'elle ne pourra arriver que mardi, les vols internationaux ne sont pas rétablis aujourd'hui.
KP est seul, il m'invite à me rendre dans un jardin ouvert, près de chez lui, car une nouvelle grosse secousse est annoncée. Je crois que le traumatisme vécu hier à Kathmandu a tellement déstabilisé ses habitants qu'ils ressentent des secousses et en attendent encore... Des amis de Londres l'auraient averti qu'à 17h, une réplique se ferait sentir. Il est vrai qu'à 13h ce jour, la terre a de nouveau fortement bougé, une secousse mesurées à 6 sur Richter... Dans ce jardin, un garden centre, nous sommes entourés de fleurs et de nombreuses familles voisines s'y retrouvent, installées sur de grands plastics posés sur le sol et sur lesquels sont étendus des matelas, couvertures, oreillers. Tout à côté se trouvent thermos, bouteilles d'eau, sacs remplis de nourriture. Les enfants jouent, crient, rient... la vie continue. On s'interpelle, on discute des derniers événements, le grand-père donne des ordres à droite, la famille s'installe pour la nuit ! Je pars avec KP pour un petit tour du quartier. Tous les habitants valides sont dehors, loin des murs de leurs maisons, même si celles-ci ne présentent aucune fissure, décidés à passer une seconde nuit dehors. Nous nous retrouvons tous à sa maison et il me propose de rester dormir chez lui. J'appelle Aparna chez qui je devais loger. On se verra demain.
Mats, l'apprenti médecin de Manchester qui séjourne chez KP pendant son stage, revient de sa journée à l'hôpital. Nous nous asseyons autour d'un dhal bhat tarkari masu. Il nous tient informés de son travail. Il voit surtout des membres cassés, des blessures à la tête, des traumatismes divers, des essoufflements dus à la respiration de poussière. Il y a un manque flagrant d'installations médicales adéquates, mais également la peur qui empêche tant les patients que le staff médical d'être dans l'hôpital ! Ainsi, les opérations ne peuvent se dérouler, il faudrait urgemment des tentes médicales, des « operation theaters ». Les infections auront le temps de se développer... Les membres du Gouvernement sont dépassés, qui organisent meeting après meeting, mais laissent les cadavres joncher certaines rues. Les forces de police arrivent, constatent... et repartent. Les forces militaires arrivent, constatent... et repartent ! Un ami de KP lui apprend que dans le pâté de maisons où il habite, certaines se sont écroulées sur leurs habitants, qui restent là, enterrés, peut-être vivants encore, mais les dites forces ne sont présentes qu'avec des barres de fer, l'un des membres avec un marteau. Dérisoire...
Après le repas, pas question pour la famille de dormir à l'étage... tous se retrouvent dehors, sous la terrasse pour y passer la seconde nuit.
Il pleut. Les dieux auraient-ils pris la mesure de leur colère ? Pleurent-ils sur ces destins brisés ?
Je lis les mails que nombre d'entre vous m'avez envoyés, bénéficiant de l'électricité et d'une connexion Internet WIFI rétablies toutes les deux. La journée s'achève, chacun étant fatigué de la tension induite par cet événement qu'aucun d'eux n'avait eu à vivre auparavant. S'il n'est pas rare que la terre tremble aux pays des dieux, de telles magnitudes ne s'étaient pas reproduites depuis 82 ans.
Lundi 27 avril, 3h30 : mon lit bouge, trois secondes, le temps de me réveiller et d'avoir déjà rejeté mes couvertures ! Plus rien... je vais au toilette, puis installe l'ordinateur sur mes genoux. Impossible de me connecter à Internet. Tant pis, je commence à écrire le récit de ces derniers jours !
4h17 : mon lit bouge... un peu plus fort... mais pas le temps de jeter l'ordinateur et sortir de dessous les couvertures ! Tout se calme très vite.
5h43 : mes voisins se sont réveillés à plusieurs reprises, mais tout est à nouveau calme dans la maison. Je vais m'habiller et affronter cette nouvelle journée dont les inconnues sont à la fois passionnantes et terriblement impressionnantes.
Après le petit déjeuner, je pars chez Aparna à pied. J'ai décidé de traverser Pashupatinath jusque chez elle. Je constate que quelques murs sont tombés, des façades de maison sont éventrées, et surtout, tous ces gens qui sont dehors, la peur dans leurs yeux. Je m'inquiète pour Prakash, mon taximan qui ne répond pas à mes appels ni à mes SMS. J'espère que rien ne lui est arrivé !
Tout est calme en descendant en direction de Pashupati. Les singes sont là, qui narguent les passants à leur habitude. Deux ou trois maisons sont détruites, les plus anciennes, celles qui furent construites en terre, sans ciment. Un temple n'est plus que briques amassées. En arrivant près du grand temple hindou, sacré et que je ne peux visiter n'étant pas hindoue moi-même, je cède le passage au défilé des familles endeuillées. Sur le petit pont qui saute la Bagmati, que je me tourne à droite ou à gauche, j'entends les lamentations qui montent, au rythme des respirations.
Les ghâts sont nettoyés des restes des incinérés de la nuit. Tiens... même une femme est au travail ! Déjà de nombreux linceuls attendent que leurs occupants rejoignent leur dernière demeure. Lors d'un décès, l'incinération se fait dans les 12 à 24. Voici maintenant que 48h se sont écoulées. Il faut faire vite, il y a urgence. Le crématoire ouvert il y a quelques mois fonctionne lui aussi à plein rendement. Le nombre des morts a dépassé les trois milliers.
Petit tremblement, je m'écarte du pont. Réflexe de Pavlov, nul besoin d'un long apprentissage !
Quelques faîtes de temples ont perdu leurs statues ou ne les retiennent qu'avec peine. Une paroi n'est plus qu'un souvenir. Mais dans l'ensemble, le site qui avait déjà été rasé de nombre de vieux bâtiments bancals il y a quelques années pour laisser la place à de nouvelles constructions, n'est pas trop endommagé, moins en tous cas que ce que je pensais trouver.
Les familles se préparent, le fils, l'époux, un homme en tout cas, sont bénis, lavés, prêts à officier. Une horde de singes descend des petits temples surplombant Pashupatinath, au Nord du site, insensibles à ce ramdam, mais chapardeurs encore !
Les bûchers sont à construire.
Les sonneries stridentes des ambulances ne cessent, d'autres familles arrivent, avec leurs fardeaux.
Je quitte l'endroit, pour rejoindre Aparna, qui est encore sous le choc du tremblement et d'une nuit passée à l'extérieur. Les routes sont jonchées de briques, de larges fissures s'ouvrent, mais la circulation, peu dense, se poursuit. Nous échangeons longuement nos impressions, nos ressentis, et elle me dit vouloir partir à Nagarkot, où son fils se trouve, à l'abri et au bon air. Je la laisse à Chabahil, elle se rend au bureau de l'électricité, car tout le quartier autour de sa maison a retrouvé vie et lumière, sauf sa maison !
A l'hôpital de Patan, je retrouve Manish. Son papa est rentré à la maison, pour se doucher, se changer et se reposer un peu. Ils peuvent tous les deux manger à la cantine de l'hôpital, mais je leur ai apporté quelques fruits et boissons, achetés chez Bhat Bateni, une grande surface qui vient de rouvrir, malgré les dégâts constatés ! Pour une fois que je vois les employé/es travailler... !
Urmila est consciente aujourd'hui. Elle a les yeux ouverts, mais ses jambes subissent un tremblement désordonné ! Nous demandons à l'infirmière ce qui se passe. Sa réponse nous laisse pantois... Savent-ils, ici au Népal, ce qu'est cette maladie qui atteint une personne sur un million ? J'en doute fortement !
L'après-midi voit quelques amis et membres de la famille arriver. Je quitte Manish et son papa, nous nous revoyons demain, je serai à 12h à l'aéroport afin de réceptionner Shradha.
Chez KP, où je vais rester jusqu'à jeudi ou vendredi, enfin dès que je trouverai une place dans un avion, je retrouve la famille, Mats et Eddy ainsi que son fils. Ils étaient hors de la ville, en montagne, et sont revenus car toutes les maisons ont été détruites et la guest house où ils logeaient a été touchée. Ils ont dormi la nuit passée dehors, sous la pluie.
Les bus ne roulent plus. Impossible de repartir par ce moyen, probablement pas avant quelques jours, le Gouvernement a déclaré 30 des 75 districts népalais zones sinistrées. Tout est fermé pour 7 jours. Les nouvelles reçues de Gorpar sont mitigées. Des secousses fortes ont encore été ressenties hier, tout le monde a peur. Montessori rouvrira mercredi si la situation s'est bien stabilisée. Il faut occuper nos petits monstres et surtout ne pas laisser trop de temps s'écouler entre la première semaine et la reprise, afin qu'ils « n'oublient » pas... ! Il me tarde de rentrer, mais je suis contente d'être ici à Kathmandu. Demain matin, je vais faire un saut à Bouddhanath avant d'aller à l'aéroport, et l'après-midi, j'irai avec Shradha visiter le centre de Patan.
21h37, la terre tremble, de nouveau, encore...
Les news de Gorpar - édition n°37
Dès aujourd'hui, j'entre dans la meilleure partie de la vie qui s'ouvre à moi... LA RETRAITE... Oui, bien sûr, voici deux ans que je la pré - goûte jour après jour, un peu comme des vacances prolongées, ou un espace-temps volontairement « acheté » à la carrière professionnelle, afin d'être plus active sur le terrain du projet népalais qui me tient à cœur depuis plus de 20 ans. Un pincement à l'estomac, cependant, me voilà contrainte d'accepter que dans la tête des djeuns je commence à « coûter », à lentement être à leur charge, à ce qu'ils travaillent pour que je puisse jouir de ce dernier tiers temps qui m'est accordé ! Eh bien, je vais en PROFITER aussi pleinement que possible... et croyez-moi, cela commence ce jourd'hui !
Retraite... cela sonne un peu caduc... je suis exténuée ! Enfin, cela va mieux depuis deux à trois jours, il y a eu comme un passage à vide, après l'inauguration de notre école Montessori, la Ganesha Keti Keta Phulbari, le samedi 11 avril dernier. Mais ce matin, debout à 6h après que Sochiendra m'ait réveillée pour me souhaiter un bon anniversaire, et me voilà à rédiger ces news qui – je l'espère – vous trouveront toutes et tous d'attaque pour ce week-end qui débute ! Moi, j'attaque les comptes de fin d'année pour l'AGS...
Mais je reprends où je vous ai quittés, ce samedi 21 mars dernier, un mois déjà ! Ben si le temps file à cette vitesse grand « V » les trente prochaines années, la dernière demeure n'est pas loin... !
Le team d'Abdul a poursuivi son travail de finition autour de l'école, en créant nos chemins d'accès aux entrées de l'école qui furent bordés de briques peintes en blanc, un petit parking qui doit encore recevoir son toit, et le dernier coup de pinceau blanchissant la petite maison calfeutrant la pompe à eau était donné à midi, le jour de l'inauguration... ! Nous avons, en prévision de la mousson prochaine, surélevé le terrain de l'école Montessori d'environ 50 cm. Il a fallu quelques 22 tracteurs de terre, ainsi que trois de très grosses pierres afin de réaliser le muret qui entoure maintenant notre propriété et qui furent mélangés à quatre tracteurs de sable et une vingtaine de sacs de ciment. Notre artiste peintre, qui a déjà décoré trois des quatre façades du bâtiment, terminait le 10 avril d'inscrire le nom de l'école.
Façades
Nous avions, procédé, le 23 mars, à l'enregistrement des 14 premiers enfants venus s'inscrire. Ils ne voulaient plus repartir de l'école, laissant supposer qu'ils seraient heureux d'y revenir... !
Puis, nous attaquions la rénovation de la cuisine et de la salle à manger de Kudan dans la Casa Torino. Ce fut tout d'abord un énorme travail de nettoyage qui nous attendait, Kudan ayant totalement laissé à veau l'eau l'intérieur de sa maison. Nous engagions le peintre qui avait préalablement rénové notre petit temple. Cela prit bien une semaine de rudes travaux, la température heureusement baissant passa-blement, nous avons moins sué sang et eau ! Un gros orage, empêchant les oiseaux de voler « droit » et les contraignant à « ramer » à contre vent, nous arrosa les jardins commençant à jaunir...
En fin de semaine, Myriam me rejoignait. Volontaire pour découvrir la région et nous aider grandement, elle participait, jusqu'après l'inauguration, à la vie de l'école, aux derniers rangements, à toutes les préparations pour le « GRAND » jour, travaillant d'arrache-pied à arracher les mauvaises herbes, balayer les feuilles – la hantise de Kudan – peindre les pieds des arbres, essayer d'enseigner quelques mots d'anglais à nos deux Aryas, mais là, je soupçonne qu'elle ait plus appris de népalais que nos Aryas d'anglais !
Les travaux de Kagendra, charpentier, furent terminés à temps, quoiqu'un peu à la va vite et ont nécessité quelques retouches. Les chambres qui devaient accueillir nos hôtes furent nettoyées, certaines de leurs souris et les neufs lits destinés à nos invités garnis de draps propres, les moustiquaires pendues aux plafonds ou installées sur les piliers entourant certains lits. Pendant que le désherbage et le balayage des feuilles se poursuivait, grâce à l'engagement de paysans du village de Banrait !
Nous organisions également la cérémonie de l'inauguration : nous avons engagé une société de catering, afin de préparer un léger repas pour environ 350 invités. Seule une centaine d'invités devaient participer à l'inauguration proprement dite et à la visite de l'école, mais tous les villageois étaient invités à la grande fête qui se déroula ensuite dans le préau de l'école gouvernementale. L'engagement de deux groupes de danseurs – danseuses, de musiciens plus techniciens que musiciens par ailleurs, et surtout l'établissement du protocole de passage à la tribune des discours fut épique, mais fini par être établi... en particulier en ce qui concerna la première partie de l'inauguration, à savoir les trois discours de M. Khadga, de Benju et de votre servante. A l'arrivée des Suisses, Olivier et Marco me demandèrent de pouvoir prendre la parole, le club Rotary de Lausanne dont ils font partie et qui nous aide financièrement depuis de nombreuses années leur ayant octroyé un chèque de $ 1'500.-. J'ai donc eu le plaisir de passer la parole à Olivier, qui a insisté avec raison sur la nécessité d'un enseignement dès le plus jeune âge.
Une grève générale annoncée comme « méchante » et touchant les touristes fut annoncée pour les 7, 8 et 9 avril, perturbant les plans établis pour nos amis, avant leur venue à Gorpar. Heureusement, il s'avéra que l'annonce était quelque peu « gonflée » et nos amis rotariens, ainsi que Betty et Lucy, n'en ont pas autrement souffert, qui ont pu déambuler plus facilement dans les rues libérées de tout trafic !
Le 10 avril, j'apprenais que l'avion pour Janakpur, qui emportait non seulement nos amis, mais encore la Drse Sybille Keller, dentiste et Rukmani, son assistante, aurait 4 heures de retard... en fait, l'avion de 10h était annulé et tous les passagers reportés sur celui de 14h. Qui partit de Kathmandu à 14h39... Nos voyageurs purent tout de même visiter le Janaki temple, seule attraction de cette ville frontière avec l'Inde. Ce fut avec joie que nous les recevions, en début de soirée, et que nous pouvions partager un bon repas (... enfin j'espère !) et échanger quelques premières impressions.
La matinée du samedi 11 avril débuta par la « puja », consacrée à la bénédiction de notre école. Elle se déroula dans notre petit temps, en remerciement à Ganesh, avant la visite de l'école et du bâtiment. Nous partîmes ensuite pour le village de Banrait et la visite de nos champs. Après un repas pris en commun, nous entamions la partie festive de l'inauguration, accueillant nos invités grâce à l'engagement des élèves de la classe 9, qui nous donnèrent tous un sacré coup de main, qui à réceptionner les invités, les diriger vers l'école, leur servir un verre de thé ou d'eau, nettoyer le terrain après que les plus de 700 personnes présentes se furent restaurées ! Les cuisines chauffèrent à bloc, car nous eûmes à rassasier le double d'invités prévus. Je l'avais dit, mais comme d'habitude... ! (en fait c'est vrai, M. Khadga est toujours d'accord avec moi à posteriori !!).
Puja devant le temple de Ganesh
La visite de la classe Montessori, après une courte cérémonie et le rituel du ruban rouge coupé, fut au goût nos visiteurs, en particulier de ceux qui purent apprécier la qualité de nos installations!
Coin études
Coin dessin et repas
Un bébé mouilleur au sexe masculin fait bien rire ces dames... et ces messieurs !
Nous gagnions ensuite le préau de l'école gouvernementale et les discours dithyrambiques finirent par en lasser plus d'un... ! Mais les chants et les danses taru ou newar nous enchantèrent, jusqu'à la mauvaise note de la dernière danse, copie conforme de cette « bollywoodmania » que je déteste !
Danses taru et newar
Dès le lendemain matin débuta le camp dentaire 2015, qui vit pratiquement trois cents enfants et plus de deux cents villageois être traités par notre Drse de charme !
Ce fut également une journée passée à la Koshi Tappu Reserve, d'où nos fameux éléphants (qui sont encore apparu hier dans le village de Gorpar, détruisant quatre maisons) s'échappent. Olivier, Marco et leurs épouses respectives firent un petit tour à dos d'éléphants pour découvrir cette réserve.
Nous vîmes nombre d'oiseaux et réservions un bateau afin de découvrir les crocodiles et les dauphins du Gange. Bon, ben on reviendra, car en fait nous n'avons vu ni les uns, ni les autres... ! Par contre, le repas pris dans une petite gargote, au bord de la Koshi River, fut succulent. Nous devions encore voir les chouettes, qui probablement dormaient à notre arrivée ! Mais notre guide, que j'avais rencontré en septembre dernier, est charmant, il se mit en quatre pour nous promettre que ces animaux existent... Nous ne lui en voudrons pas, la découverte des peuples de cette réserve est liée au hasard ! L'aventure était cependant au rendez-vous, qui nous a fait naviguer à tort et à travers de la Koshi, les bateliers étant le plus souvent des haleurs que des rameurs !
Nos amis Suisses nous quittèrent le 13 avril déjà, s'envolant pour leurs voyages dans les montagnes et à Kathmandu pour Betty et Lucy. Myriam partait ce même jour en bus pour Pokhara et un petit treck. Je restais alors avec Sybille et Rukmani jusqu'au 18 avril dernier, jour de leur départ également, après une semaine de camp dentaire.
Lundi 20 avril fut le grand jour pour tous, enfants, parents, enseignante et Aryas... Ces enfants qui ne voulaient plus quitter l'école le 23 mars dernier... ne voulaient plus quitter leurs parents ce premier jour d'école ! Nous nous y attendions, bien entendu ! Etonnamment, ce sont surtout les garçons qui pleurent leur maman. Mais à un moment ou un autre de la journée, nos treize mousquetaires pleurent les un/es après les autres... jusqu'à épuisement par ailleurs !
On les sent stoïques à certains moments, seul leur menton tremble...
Mais déjà jeudi et hier, la séance des pleurs du début de matinée s'est faite plus courte, augurant d'une prochaine semaine plus facile ! Enfin, c'est un vœu pieux...
Une discussion avec les parents eut lieu hier, à la fin des cours. Tous les parents désirent que nous engagions un moyen de transport afin d'amener les enfants de leurs maisons respectives et de les retourner en fin de journée dans leurs foyers. Nous sommes convenus d'acheter un rickshaw spécialement conçu pour les écoles... Vous en lirez plus lors de mes prochaines news !
700 personnes à nourrir... avec des réserves pour 350... et certains qui se servent 3 fois ! Cà, c'est le Népal que j'aime !!!
Les news de Gorpar - édition n°36
Excellent week-end à vous toutes et tous ! Nous sommes ici en plein soleil, et c'est la saison du vent chaud, qui nous dessèche, autant que la terre ! Nous vivons depuis plus d'une semaine des épisodes de vent de plus en plus jupitérien... Les arbres se plient, le sable entre partout, non seulement dans les maisons, mais aussi nous encombre les yeux, le nez, les oreilles et crisse sous les dents ! Comme vous le savez, tous nos bœufs sont décornés... depuis le temps, et ce sont les arbres qui perdent leurs feuilles, au tout grand bonheur de Kudan... qui passe ses journées à les ramasser, à droite, à gauche, devant, derrière, et n'a jamais fini ! Il peste contre cette nature que nous avons replantée, et probablement contre moi un peu aussi, qui en redemande, des arbres !
Après ma « chouette aventure » (elle était vraiment mignonette), c'est le charpentier qui aurait dû arriver avec le mobilier commandé ce dimanche 8 mars... ben non, ce sera pour dans une semaine, car il doit s'occuper de son papa malade. Mais il me promet que toute ma commande est terminée et qu'il me livrera le tout le 14 mars dès 9h00. C'est que le temps commence à rétrécir dangereusement avant l'ouverture de l'école, ce prochain 19 avril... et nous avons un travail herculéen à fournir pour l'aménagement et l'installation intérieurs des locaux.
Le lendemain, par contre, je me rends à la prison de Jumka, où j'ai commandé, en novembre dernier, une table et 4 chaises-fauteuils. J'en profite pour acheter du matériel de nettoyage, de la « mousse » que nous cousons sous les tapis afin que les enfants ne se blessent pas, un matelas pour mon lit car je n'en peux plus tellement j'ai mal aux épaules (bon, d'accord... je dois aussi arrêter de porter des charges trop lourdes !), un autre pour le second lit de la chambre à coucher installée à l'étage de l'école. Là, il faut que je vous avoue que j'ai quelque peu peu dormi... mais beaucoup réfléchi ! Eh oui... je sais, je vous laisse pantois, mais c'est la vérité ! Donc, en conséquence de mes réflexions, j'ai décidé d'intervertir la chambre à coucher avec le bureau. Pourquoi me direz-vous ? Eh bien, à cause de la terrasse... car si vous voyiez la superbe magnifique grandiose terrasse dont nous disposons et qui sera le point de ralliement pour nos apéros et autres « cup of tea », vous comprendriez qu'il faut y avoir accès à tout moment. Or, son accès passe maintenant par le bureau, ce qui ne dérangera personne, alors que si quelqu'un vit dans cette chambre, l'accès terrasse serait bloqué. La chambre à coucher est installée dans l'ancien bureau, avec deux lits, deux fauteuils, une table, une bibliothèque. Y manque une petite armoire, qui viendra ultérieurement. Un tapis sur mousse et des rideaux complètent son aménagement. C'est très sympathique !
La saison des mariages se poursuit, c'est pratiquement tous les jours que je reçois des invitations de nos élèves. Des filles. Elles n'ont pas 18 ans, n'ont pas encore passé leur SLC, mais il faut déjà s'en « débarrasser ». Le père a décidé, la mère n'a rien pu ou osé dire, la fille encore moins ! Je me rends à certaines de ces « ventes-achats forcées » car souvent il y a deux ou trois cérémonies par jour, mais je m'y sens toujours tellement en colère contre ce système qui veut que non seulement les filles soient expédiées dans des familles où elles seront traitées en esclaves (ok, pas toujours, mais souvent !), et en plus, leurs parents doivent payer une dot, souvent conséquente, ce qui les met dans des situations financières parfois dramatiques. Et ce, bien que le mariage des filles de moins de 18 ans soit interdit au Népal, tout comme la dot a été déclarée interdite il y a quelques années déjà. Satanées traditions... Les familles des garçons mariés pensent sans nul doute que ceux-ci « le valent bien », mais je ne suis pas certaine que l'Oréal soit passé par là !
Le charpentier arrive ce samedi 14 mars, avec deux heures et demie de retard... et la moitié des meubles... qui sont une horreur ! Si le bois est bon, par contre, le façonnage est une catastrophe ! Aucune des 11 bibliothèques commandées n'est à la bonne dimension, toutes sont bancales, les meubles du bureau ne sont pas complets, rien n'est terminé, les meubles des cuisines ne sont pas commencés...
Ma spécialité étant de trouver des solutions... j'apprends ce même jour que Kagendra, notre ancien charpentier PROFESSIONNEL lui, est de retour de son escapade amoureuse, mais ceci ne nous regarde pas ! Ni une ni deux, il est engagé et reprend au vol le travail non réalisé ! Pour ce qui est livré, le premier charpentier reçoit l'ordre de tout terminer et de disparaître. Il ose en plus se plaindre de perdre du travail... !
En début de semaine, le 16 mars, les élèves de la classe 10 s'en vont, ils quittent l'école pour, dans trois jours, être confrontés aux examens SLC. Hier soir, nous avons mangé ensemble, comme l'an passé, j'ai offert du poulet, des boissons et des pera (biscuits de la région très appréciés). Cet après-midi, farewell party... et pleurs des unes et des autres ! Deux ou trois filles hystériques, quelques garçons en larmes, des discours en maïteli que je ne comprends pas, mais qui se veulent certainement encourageants pour les élèves. Du courage, ils en auront tous bien besoin, au vu de l'enseignement mal reçu... ! Et depuis, cinq de nos instituteurs ont disparus... ! Qui suivent – en dormant – les examens, selon le rapport quotidien que je reçois de mes informateurs !
Jeudi dernier, les ouvriers « du toit » sont arrivés afin d'installer le toit qui protègera l'entrée principale de l'école. J'avais demandé au constructeur de s'en occuper... mais rien n'a été fait. La protection du reste de l'école est une catastrophe elle aussi, les ouvriers venus de KTM n'ont pas installé les plaques de tôle ondulée de manière suffisamment solide ! Bon, notre spécialiste nous demande de vivre la prochaine mousson, et de voir en octobre comment le toit a résisté. Il sera alors temps, si nécessaire, de rectifier le tout.
Kagendra, le nouveau charpentier, me promet de rectifier les montants des portes cassés (déjà du temps du constructeur, mais que celui-ci n'a pas réparés...) et s'organisera afin qu'elles ferment !
J'espère que le sanitaire qui viendra demain pourra, lui, réparer notre système hydraulique... Actuellement, nous ne pouvons pas pomper d'eau afin de remplir nos tanks, nous ne disposons donc pas d'eau dans le bâtiment, et donc pas de WC fonctionnant...
L'électricien a confondu quelques fils, lorsque je pèse sur un bouton c'est à l'autre bout de la salle que j'enclenche le ventilateur ! A l'étage, il semblerait même que certaines lampes ne soient pas alimentées !
Mais à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien ! Le moral est au beau fixe !
Je suis complètement folle dingue de nos petits chemins d'accès à l'école, des... non, je ne vous en dis pas plus, vous découvrirez le tout une fois que le dernier coup de peinture sera donné !
Les news de Gorpar - édition n°35
Un supercagifragilistique anniversaire à ma Toute Grande Chérie...
Et bon week-end à vous toutes et tous ! J'espère que le soleil luit chez vous, comme il nous arrose ici ! Oh pas tous les jours, mais le printemps arrive très sérieusement... Nous avons vécu deux épisodes de pluie tempétueuse, de vent à déraciner nos eucalyptus, emmenant des tornades de poussière (Hareram enrage à devoir nettoyer le tout après accalmie...) !
Si j'ai passé le samedi des amoureux derrière l'écran de mon ordinateur, profitant un maximum et de l'électricité et d'Internet, emmaillotée tout de même dans une couverture tant il faisait froid à Kathmandu, j'ai repris la course dès le dimanche matin. Il me restait encore quelques rideaux, ainsi qu'un un coffre pour les clefs Montessori à trouver, déposer à la poste quelques documents importants à envoyer en recommandé, passer à la Gokem Books Stationnary où Benju voulait que j'achète quelques livres d'images à découper. A Kupondol, je remonte la route en direction de Patan, espérant trouver enfin un kurta-surwal pour l'inauguration... Rien, rien qui me plaise, si ce n'est un magnifique ensemble blanc et brun comme j'aime cette couleur, mais blanc... moi qui suit déjà suffisamment blanche... Non, tant pis, finalement, je me dis qu'entre les 15 saris et les 29 kurta-surwal qui peuplent mon armoire, je vais bien trouver mon bonheur ! Par contre, je trouve des dessus de lit qui feront d'excellents rideaux !!
Je me retrouve à la Galerie 3M, chez Manish, où a lieu un « event »... Bien, bien... Etonnant comme l'art comme nous le connaissons depuis un demi-siècle en Europe commence à poindre en Asie. Semblable, et aussi incompréhensible pour moi qui suis et reste une très grande fanatique du figuratif !
Ce lundi matin, je quitte la maison d'Aparna très tôt, pour me rendre à l'Alliance française. C'est le bureau officiel auprès duquel j'ai dû faire traduire quelques documents cités dans la liste reçue de l'Immigration office. J'y attends le traducteur, puis le document, et entre-temps, je m'inscris à la bibliothèque Internet de l'Alliance ! A voir ce que je vais pouvoir downloader... ! Dès que je suis en possession du justificatif de mes revenus, je pars pour le Teaching Hospital, afin d'y cueillir mon certificat médical... Comme il est d'usage, et malgré le rendez-vous fixé à 10h30, j'attends... Bon, il faut vraiment que je prenne un bouquin, parce que le temps ici n'a pas la même valeur que dans le reste du monde ! Bon, le voilà, ce certificat... Alors direction bureau central de la police et retrouvailles de mon charmant inspecteur Sugar Thapa (mon Thapa en sucre...!).
Après quelques achats de nourriture, je rentre chez Aparna. Nous avons décidé de manger ensemble ce soir, et cuisinons de concert. C'est la nuit de Shiva (Shivaratri), toutes les routes sont encombrées de milliers de pèlerins, venus honorer Shiva et se droguer... puisque pour 24heures, permission est donnée et que la fumette est autorisée en plein jour et pleine nuit. Shiva est le maître des dieux et c'est en reconnaissance de son sacrifice (il a avalé le serpent maudit, source de tous les malheurs – en très abrégé !) que cette nuit lui est consacrée en danses, chants et quelque peu orgiaque !
Rabin m'invite à manger ce mardi soir, nous devons faire de grands détours afin de nous rencontrer et de déguster quelques plats tibétains au Sheshen Guest House Restaurant, à Buddhanath. Dommage, sa femme et son fils ne sont pas de la partie, qui étaient trop fatigués de leur journée de shopping ! A charge de revanche !
Mercredi 18 février, grande journée, je suis stressée : départ pour la Nabil Bank, afin d'y retirer l'argent nécessaire à mon visa, puis direction Immigration office. Je me répète sans cesse dans ma tête « patience, patience, souris, aie l'air détendue, patience... « ! Une heure et demie après... le sticker est collé, me voilà en possession de mon visa renouvelé jusqu'au 2 mars 2016 !
Je n'en peux plus... trop de tension, de stress, je veux rentrer chez moi !
Jeudi, c'est à nouveau férié : democracy day oblige. Aparna et moi sommes invitées chez Aruna Uprety, l'une des femmes les plus influentes – médicalement parlant – du Népal, et que je connais depuis près de vingt ans. Sa famille a emménagé dans un complexe de 127 maisons identiques, en dehors de Kathmandu. Nous y passons une grande partie de la journée, puis je suis raccompagnée seule chez Aparna, cette dernière s'arrêtant dans une communauté d'amis et de collègues pour y terminer l'après-midi.
Le lendemain, je collecte la photocopieuse et les cartouches complémentaires, l'ordinateur de M. Khadga qui a été réparé, mais qui – une fois arrivée sur place à Gorpar – ne fonctionnera pas plus qu'avant. Il faut changer la carte graphique... Bon, ben ce sera alors en Suisse !
En attendant Astrid qui arrive au Népal après un voyage en Inde, je passe la journée du samedi avec Urmila, mon amie de toujours. Elle n'est plus qu'une ombre, squelettique, et ne peut s'empêcher de pleurer en voulant s'exprimer, ce qu'elle ne peut maintenant plus faire depuis 3 ans. Tant de tentatives infructueuses, de médecins charlatans, de médicaments sans résultats... Si elle est fatiguée, elle n'en est pas résignée pour autant. Je lui promets une visite à fin avril – début mai, dès que la situation de Montessori sera stabilisée.
Je passe une si agréable soirée en compagnie d'Astrid, un peu écourtée du fait de mon départ dès le matin (le rendez-vous est fixé à 4h00 à Gaussala) et je ne veux pas rater le bus ! Mes huit bagages et sacs et cartons sont embarqués – j'ai tout de même réservé deux sièges pour moi !
A mon arrivée à Gorpar, cinq ou six faire-part de mariage m'attendent : c'est la saison, vite avant la mousson ! Ils vont se dérouler dans les villages environnants et de nuit... C'est peut-être l'explication de ma fatigue actuelle ! Impossible de dormir, et le jour, nous travaillons !
Bien que faisant partie du BPW et que la Présidente de la Fédération Népalaise le sache, j'apprends incidemment par FB que le 1er South Asia Sub-Regional BPW Meeting se déroule du 22 au 24 février à Kathmandu ! Dommage, j'y aurais bien participé, puisqu'ayant quitté la capitale le 22 au matin, il m'eut été facile de renvoyer d'un, voire deux jours mon retour chez moi ! Il doit s'agir d'un « oubli » de la part d'Ambica Shrestha.
Mercredi 25 février, nous partons, Hareram, sa femme et son fils, ainsi que M. Yadav, pour Biratnagar. Aman a de nouveau une toux persistante – comme ses sœurs d'ailleurs, mais l'attention est focalisée sur ce fils unique ! – et il doit être examiné par un médecin. Bon, c'est l'occasion de passer acheter encore quelques mètres de barrière pour clôturer le HCC et empêcher, je l'espère, l'invasion des chiens errants. Ensuite, M. Yadav et moi passons chez le marchand de peinture, puis au marché des fruits et légumes, et finalement au Nepal Bazar, le supermarché de Biratnagar ! La voiture est pleine, comme d'habitude ! Ce même jour, j'apprends que le mari de Sapana, qui était en prison en Malaisie pour d'obscures raisons de papier et de visa échu, a été relâché. Soulagement général, mais j'attends volontiers de connaître le fin fond de l'histoire... si nous la connaîtrons un jour !
La fin du mois est colorée par la découverte – dans l'un des cocotiers que nos éléphants ont dévastés – d'un serpent « highly poisonous ». Il est tombé à mes pieds alors que Kudan et moi sectionnions les branches sèches. Après l'avoir occis, nous allons de classe en classe afin de le montrer aux élèves et les avertir du danger qu'ils courent à grimper aux arbres, malgré l'interdiction courante !
La semaine se termine comme le mois, ce samedi 28 février, par le relevé des défauts de l'école. Ce document sera envoyé au constructeur. Les 10% à payer resteront impayés jusqu'à ce qu'il veuille bien se déplacer, constater dits défauts et les corriger... Enfin s'il se déplace, car après deux mois d'attente, je fais maintenant venir des spécialistes afin que le bâtiment soit habitable dans les meilleurs délais. La connexion Internet étant revenue, j'envoie une demande d'aide à la BCV. Cet établissement a lancé un projet BCV – Solidarité 2015. Espérons que notre projet Montessori retiendra leur attention et qu'ils pourront suppléer à notre sponsor défaillant.
Avec le début mars arrive la pluie et un retour de fraîcheur inattendue, qui met Hareram à genoux ! Toux et rhume, que je soigne au baume du Tigre, Bojo et NeoCitran plus Algifor 400 Forte ! Remède de cheval, en 3 jours le revoilà sur pied ! Entre – temps, Aparna est arrivée afin de suivre le premier camp gynécologique 2015. Aparna a organisé, à la mi-février, un camp à Fathepur, situé à environ 13 km de chez nous. Avec une équipe de 8 personnes, elle a présenté une vidéo et un document power point traitants de gynécologie et d'hygiène féminine. Plus de 250 personnes étaient présentes, dont une bonne trentaine souffrant de prolapse. Nous avons donc décidé d'unir nos forces et nos moyens, et le 3 mars, la Drse Ranjita est venue dans notre centre de santé afin de contrôler médicalement 34 femmes et décider qui d'entre elles doit subir une opération. Finalement, ce sont 9 personnes qui – dès aujourd'hui samedi 7 mars – sont prises en charge par le Saptarishi Hospital. Les frais relevant de leurs opérations seront couverts par notre Centre de santé Mara Mosca.
Aparna va encore dispenser, avant son départ, son cours à nos étudiantes des classes 6 à 10, puis le mercredi, aux garçons de la classe 10 elle va enseigner une technique de relaxation !
Ce même mercredi, le mobilier commandé chez notre nouveau charpentier arrive... et c'est à s'arracher les cheveux, ou pour le moins les voir blanchir sur place ! J'exige qu'il vienne réparer le tout, mais voilà, c'est Holy, festival des couleurs, alors il ne sera pas de retour avant dimanche ! A voir, j'ai des doutes, car en saison de mariages, il a beaucoup de commandes... Il est temps de lui rappeler que c'est nous qui lui avons fourni les fonds pour son entreprise... !
Ce samedi matin, Kashi Nath Joshi m'avait avertie que 200 personnes devaient envahir notre préau pour un cours de yoga, et ce dès 5h du matin ! Pas vu âme qui vive... ! Mais intriguée, entendant quelques bruits provenant du salon, je me lève et guigne à travers mes rideaux... Rien, mais une petite chouette tout effrayée vole à travers le salon, la chambre à coucher, la cuisine... pauvrette, mais pas où est-elle entrée ? Toutes les fenêtres et portes étaient closes ! Réfugiée dans l'armoire du hall, j'ouvre la porte d'entrée et la chicane avec un bâton. Elle s'envole vers les fenêtres de la cuisine, puis voyant la porte ouverte, elle s'échappe ! Et je vois sur la cuisinière des morceaux de tissus, des feuilles, du « chenit » tombé, probablement avec elle, de la cheminée ! A-t-elle voulu y construire un nid ? Voilà un animal de plus à mon tableau « faune » de chez moi... !
Bon week-end à vous,
Les news de Gorpar - édition n°34
Heureuse St-Valentin à toutes et tous ! J'espère que chez vous il fait bon autour du feu, car ici, à Kathmandu, il fait terriblement froid ! Je vous écris de dessous les couvertures, en grignotant du chocolat Toblerone noir, j'ai besoin de calories... ! Vivement que je puisse repartir chez moi où il fait bien meilleur, tant en ce qui concerne la température extérieure que le bruit et la pollution ! Kathmandu, je te hais... ! Enfin, presque...
Bon, le 25 janvier dernier, nous fêtions Saraswoti puja à l'école. Les élèves de la classe 10 avaient construit le temple pour cette déesse et dès le matin, l'orchestre entamait morceaux de musique et chansons bollywoodiennes à mon grand désespoir ! Et surtout à devenir sourde. Ces très nombreux festivals religieux qui se déroulent tout au long de l'année m'ont toujours interpellée : comment est-il possible, dans un district aussi maoïste que le district de Saptari, que tant de manifestations religieuses puissent avoir lieu, semaine après semaine, village après village ? Tradition ancrée à force de loi semble-t-il !
La semaine suivante a débuté avec le mariage du frère de Mina qui s'est tenu à Janakpur. Frère ou lointain cousin, je ne sais, puisque c'est souvent à plusieurs degrés que les relations familiales se déclinent ici au Népal ! Pensez, je dois bien être la Didi (= grande sœur) de bientôt tout le district !! Ah non, je suis aussi la bahini (= petite sœur) de mon vieil ami Bharat... ! qui désespère de me faire apprendre le népalais !
Ce lundi matin, je fais stopper les travaux de pose du carrelage dans la cuisine du rez-de-chaussée de notre future école ! N'importe quoi... des pièces posées à l'envers du bon sens, les unes dans un sens, les autres à côté dans l'autre, les raccords pour des prunes, les découpages grossiers... Non, trop c'est trop, je demande à notre constructeur d'envoyer l'équipe de spécialistes qu'il m'avait promis de faire venir de Kathmandu. Lui-même arrive le mercredi et nous reprenons de A à Z les imperfections et les corrections à apporter... Du travail sur la planche, d'autant que le délai de livraison du bâtiment est dépassé d'une semaine déjà.
Après mes déplacements en vélo à Simra, afin d'y acheter le ravitaillement en nourriture nécessaire à rassasier les 5 enfants de Hariram pour trois à quatre jours, je prends la direction de Biratnagar où je dois déposer de l'argent sur mon compte à la Nabil Bank et prouver ainsi au Gouvernement que ce dernier est alimenté des 20'000.- dollars demandés pour que je puisse renouveler mon visa ! Mes comptes sont entre les mains de notre fiduciaire (qui audite les comptes de l'Association Ganesha Nepal sur place). Un document officiel, prouvant que je dépense au moins 20'000.- dollars annuellement est également demandé ! Je dois encore prouver que ma pension est suffisante en Suisse, par un rapport de police que je ne suis pas une dangereuse terroriste ou dealer de drogues, par un rapport médical que mes santés physique et morale sont en pleine forme, et –finalement – par un courrier de l'ambassade suisse, que mon pays d'origine n'a pas d'objection à ce que je m'installe au Népal ! J'oubliais... le visa me coûtera encore $1'200.- cette année... !
Peccadilles que tout cela direz-vous, à côté des difficultés que mes voisins rencontrent.
La semaine et le mois de janvier se terminent sur le meeting du Centre de santé. Je relate aux membres du Comité de gestion ma rencontre avec Fiorella et Roberto, le 2 janvier dernier en Suisse et nous passons en revue les prochaines activités dont le Centre aura à s'occuper, en particulier l'organisation des camps de santé 2015.
Dès le début de la semaine du 2 février, pleine lune oblige, je me sens nerveuse, stressée par cette histoire de visa et du travail qui m'attend à ce propos à Kathmandu. J'y serai seule cette année, et sans le soutien de David. Je ne suis donc pas à prendre avec des pincettes et je m'énerve encore plus contre moi de m'énerver contre les autres... Il faut dire que je ne suis pas particulièrement aidée, en particulier en ce qui concerne la construction Montessori. Les finitions n'avancent pas et les défauts apparaissent. Le sol est complètement raté, loupé... irrécupérable probablement. Je me réjouis de voir ce que le constructeur va trouver comme excuse... Il ne doit pas oublier mes 20 ans de carrière dans l'immobilier, ce serait dramatique pour lui... Je ris sous cape en y pensant !
L'exercice bi - hebdomadaire vélocyclopédiste (parce que sur la route de Simra, il n'est pas rare de devoir marcher, tant le chemin est cahoteux !) me fait prendre un peu d'exercice. Le temps est au beau généralement, avec de temps à autres beaucoup de vent. Je prends de l'avance en commandant les bonbonnes de gaz qui serviront aux cuisines de l'école Montessori. Il faut dire qu'il y a régulièrement pénurie de gaz, comme de fuel, et qu'il faut avoir de la réserve !
Le samedi 7 février, je passe ma journée à contrôler et compléter les comptes de l'AGS et les prêts. L'ordinateur de M. Khadga ne fonctionne plus, plus précisément il n'y a plus de display. Je vais l'emmener à Kathmandu afin de le faire réparer, si réparation possible... Sinon, bienvenue aux ordinateurs que Medtronic nous a offerts en janvier dernier.
Dimanche, eh oui, mes week-ends sont travaillés... je pars à Itahari afin d'y acheter les frigos pour l'école. En effet, ces temps, il n'y en a que pour l'école Montessori ! Sur le chemin, après le temple de Khali, je vois deux marabouts. A cet endroit, il n'est pas rare d'en rencontrer... et surprise, quelques centaines de mètres plus loin, c'est un groupe de 7 spécimens qui pêche ! Magnifique, fantastique nouvelle, ILS sont de retour ! Quel plaisir de voir ces horribles oiseaux merveilleux peupler un peu la campagne !
Lundi 9 février, Sochiendra m'apporte une noix de coco, en souvenir de son mariage, il y a juste un an. Un beau souvenir, David était parmi nous...
Mes bagages sont prêts, je pars demain par le bus de nuit pour Kathmandu. J'ai réservé deux places afin d'en avoir pour mes jambes et de ne pas être à côté d'un/e ronfleur... ! Ce sera un voyage difficile, car un groupe de dames ne cesse d'une part de discuter et d'autre part, nous sommes obligés de nous arrêter très souvent. Des grèves parsèment la route et il faut laisser passer les voitures et bus venant à contre sens régulièrement. A chaque arrêt, les lumières sont allumées dans le bus et nous réveillent, avec re – belotte de discussions ! Enfin, nous arrivons à Kathmandu à 7h.30 au lieu de 3-4heures du matin habituellement.
J'enchaine la journée en me rendant au bureau central de la Police à Naxal, où l'inspecteur Sujar Thapa me dit de revenir le lendemain, afin que je puisse porter un document qu'il va établir au service DNA, soit le service style Interpol... Je passe au Teaching Hospital pour y faire établir un certificat médical. Là également, je dois revenir le lendemain pour tout une série de tests... A la banque, Mme Gurung n'est pas là, je repasserai demain, comme le P'tit Prince a dit ! Je m'arrête à Bhat – Bhateni pour un shopping dédié à de la nourriture, il va falloir que je me prépare mes repas. J'emporte des fruits, du muesli, du dahi, des biscuits, du chocolat, des légumes, mais j'oublie le miel pour mes hot lemon with honey ! Zut ! A 17h.30, je suis au Baber Mahal, en compagnie de Nicole et de son ami Gilles, pour un concert de musique de Bénares. Musique très particulière, à laquelle malheureusement je suis totalement imperméable. Les critiques sont pourtant dithyrambiques, je reconnais volontiers être totalement ignare en ce domaine.
Vendredi 13 février... j'en avais quelque peu peur, vu les documents que je dois obtenir ! Mais le document demandé à l'Ambassade était prêt, même une demi-heure avant le rendez-vous fixé. J'ai donc pu arriver à l'heure dite au Teaching Hospital où une anamnèse complète (en anglais, pardon !) a été réalisée, plus d'innombrables examens, y compris cœur, yeux, sang, etc. je vous passe le détail des petits pots ! Mais je peux revenir lundi à 10h.30, mon certificat sera établi !
A la banque, je retrouve Mme Gurung et les papiers spécifiant que mon compte est approvisionné. Puis je cours à Naxal, où le papier promis par mon inspecteur de charme et charmant est rédigé... avec plein de fautes sur mon nom et mon N° de passeport. Il doit et il est corrigé séance tenante. Je pars avec Prakash à Samagoshi, porter ce document à la DNA et demande à pouvoir rapporter à Naxal le papier demandé et faisant foi de ma parfaite moralité (suis pas meurtrière, suis pas dealeuse, suis pas voleuse, suis pas parfaite pour autant... !). Retour à Naxal et j'obtiens là aussi l'assurance que mon rapport sera prêt. Heureusement, car mardi c'est jour férié, Shivaratri oblige !
Ma journée n'est pas finie : je cherche des cartes d'anniversaire à préparer pour mes petits-enfants. J'en trouve, nepali style, à Thamel, où je m'empresse de faire des réserves de yoghurt masala et de goji pour mes petits déjeuners. Ensuite, direction Sundara, à la chinese tower, où je trouve deux lampes de chevet qui agrémenteront la chambre à coucher de... notre école Montessori. Après avoir visité une dizaine d'autres boutiques, bien entendu ! Entre-temps, passant par Kamaladi, je suis allée régler mes dettes auprès de notre fournisseur de châles pashmina. Crevée... je suis littéralement out of order et je rentre chez Aparna, elle-même revenue de trois jours de camp de santé. Nous ne faisons pas de vieux os, extinction des feux à 20h.30. En plus, il fait très froid, les couvertures sont les bienvenues ! Demain, je ne mets pas le nez dehors et je me repose...
Oui, en fait, aujourd'hui je n'ai pas fait grand-chose, si ce n'est écrire et envoyer des Emails. La recherche de fonds pour nos camps m'a occupée ce matin, puis un moment sur FB, et voilà mes news « pondues » toutes fraîches.
La semaine qui s'annonce commence dès demain par la course aux rideaux et autres nécessités pour l'école. Invitée en après-midi par Manish à assister à l'un de ses événements artistiques, je vais me rendre à Patan et rendre visite par la même occasion à mon amie Urmila. Sur le chemin, je visiterai quelques boutiques, j'ai l'envie d'un joli kurta surval pour l'inauguration de notre Montessori. Lundi sera occupé par mes activités en relation avec mon visa. Mardi c'est Shivaratri et cette fois, je veux y participer. Mercredi je me rends à l'immigration office : tenez-moi les pouces... ! Jeudi, democracy day, jour férié, je rendrai visite à Rabin et sa famille. Vendredi, je collecte tous mes achats. Samedi Astrid arrive au Népal et j'espère la rencontrer afin de lui remettre quelques courriers postaux et, bien entendu, passer un agréable moment en sa compagnie !
Si tout va bien, retour chez moi dimanche prochain ! Belle fin de week-end à vous,
Les news de Gorpar - édition n°33
Avant toute chose, je vous souhaite à toutes et tous une BONNE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNEE, qui – je l'espère – a bien commencé et se poursuivra sous les meilleurs auspices !
Il y a un mois maintenant que je vous ai laissé afin de participer en Suisse aux fêtes de fin d'année. Familiales et amicales, mon séjour au pays fut bref, mais intense ! Je repartais pour le Népal le 8 janvier déjà. A Kathmandu, je retrouvais Benju qui terminait sa formation à l'ECEC, puis le lendemain, après avoir passé quelque temps chez notre fournisseur de châles pashmina afin d'acheminer la dernière commande à notre principal commanditaire, nous retrouvions Nutan et Sapana, nos deux aides montessoriennes arrivées par le bus de nuit. Nous visitions Pashupatinath, puis Buddhanath et nous régalions de fameux momos. Toutes quatre, nous nous envolions le 11 janvier pour Delhi, à la recherche de matériel pour notre école et dans l'idée de pouvoir créer un « team spirit » avant son ouverture officielle. Une première déception ressentie avant même notre départ, par Benju et moi, fut l'impossibilité pour nos deux « aryas » de chanter les comptines apprises depuis plusieurs mois ! Puis ce furent déceptions sur déceptions : malgré neuf mois de cours d'anglais, Benju et moi avons eu l'impression que ces dames ne répondent à nos questions que par « yes » et « no » sans en comprendre le sens ! Aucune phrase, aucun mot retenus... La découverte des monuments classiques de Delhi ne leur inspira pas plus d'intérêt ou de motivation que cela, elles ne cessèrent de se plaindre de devoir marcher, et à un rythme soutenu, ce dont elles ne sont pas habituées ! Même la nourriture ne leur convint pas, elles ne retrouvaient pas le dhal bhat tarkari doublement quotidien. Leurs seuls moments de plaisir furent le shopping, qui ne les fatigua point ! Et les soirées que nous avons passées, avec la famille de Sapana dont nous partagions l'appartement. En effet, lorsque nous avions décidé ce petit voyage, la belle-sœur de Sapana nous avait informées qu'elle disposait de deux chambres, mises volontiers à notre disposition, ses enfants jeunes adultes n'étant pas à la maison...
Arrivées sur place, je devais constater que la famille ne disposait que de deux chambres et que ses quatre membres allaient dormir par terre ! Nous avons donc installé un lit de fortune dans lequel ont dormi Benju et Sapana, Nutan occupant le divan et moi l'un des lits mis à notre disposition. Nous laissions ainsi un lit pour les quatre habitants habituels de ces chambres, envoyant le fils dormir chez des amis (ce qui est l'habitude et bien accepté par tous), et le papa restant sur son lieu de travail (moindre mal puisqu'il occupe un poste de all-around man dans un hôtel !).
Evidemment, je prends cette aventure et ma déception à la fois pour une bonne expérience et à mon entière responsabilité ! Je pensais en Européenne et non pas en Népalaise... elles eurent certainement préféré rester quelques jours à Kathmandu afin de découvrir leur pays et non pas une grande ville telle que Delhi, où il faisait particulièrement froid, le temps étant au brouillard et à la pluie, et où le moindre déplacement depuis notre « refuge » à Connaught Place durait près de deux heures... Mais quel métro ! Magnifique, impressionnant... Quoique à chaque fois que nous l'empruntions, nous subissions une fouille digne d'un aéroport, les femmes à gauche, les sacs au milieu et les hommes à droite ! Les monuments, nous ne les avons que vus de loin, car ils étaient en état de siège ! Le « democratic day » devant avoir lieu 15 jours après notre visite, d'innombrables employés, agents de police et autres militaires investissaient les lieux pour leur préparation ! India Gate, le Fort Rouge, nous furent interdits, mais nous pûmes approcher du « Lotus temple » et du mémorial Gandhi... Je ne suis pas certaine que ce dernier apprécierait le luxe, tant au niveau de la place dévolue (des hectares de terrain qui permettraient probablement de loger nombre des pauvres hères errant en ville) que des installations et aménagements entourant le mausolée...
Les distances étant particulièrement énormes et mangeuses de temps, nous avons passé notre dernière journée à l'aéroport... Demandant combien de temps il nous fallait compter entre la maison et l'aéroport, il me fut répondu entre deux et trois heures, selon la circulation. Et pour les vols internationaux, il est de mise d'arriver trois heures à l'avance... Ce n'est pas une plaisanterie ! Eh bien, nous sommes arrivées une heure et demie avant le début de l'enregistrement et avons donc poireauté pratiquement cinq heures avant le départ de l'avion, celui-ci ayant encore subi un retard dû au mauvais temps à Kathmandu !!
Mais le retour à Kathmandu nous permis de retrouver le soleil, bienvenu après cinq jours de froidure ! Après le départ de nos deux Aryas, Benju et moi sommes encore restées quatre jours dans la capitale, afin de collationner tout le matériel (tapis, sièges, cuisinière, gazière, articles de table, balais de toilette et autre maison de poupée...) nécessaire à l'installation intérieure de l'école. Nous prenions encore le temps de rendre visite à Suresh et Bina, Benju ayant besoin de se rassurer sur le début des cours qu'elle donnera à l'école dès la mi-avril prochain. Visite également à Urmila, mon amie de toujours, dont le déclin physique m'émeut au plus haut point. Passage à « l'immigration office » pour être certaine des documents à fournir pour le renouvellement de mon visa résidentiel... Et nous décidions de rentrer à Gorpar par le bus de nuit, le lundi 19 janvier, après avoir chargé tout le matériel acheté et vite avant la grève sévère annoncée pour le lendemain et pour tout le pays. De graves échauffourées semblent avoir eu lieu à Kathmandu et nous sommes évidemment particulièrement heureuses d'avoir quitté la capitale pour notre petit coin de paradis.
Benju et moi y débarquions à Simra à trois heures du matin (le bus de nuit quitte Kathmandu à 16h30 !!), pour rejoindre l'école et mon chez moi. Ici, la vie tourne autour de la puja qui se déroulera le 25 janvier, en l'honneur de la déesse Saraswoti, déesse gardienne des étudiants, du savoir, et de toutes les sciences.
Depuis cinq jours, je me bats avec mon ordinateur, me levant à deux heures du matin lorsque l'électricité enfin nous est accordée et m'arrachant les cheveux lorsqu'à peine une heure après tout s'éteint ! Internet n'est que rarement accessible (voilà une bonne heure que j'essaie de me connecter... !).
Mais croyez-moi, je ne changerai plus de vie... mes perroquets verts, mes marabouts, même les rats attrapés font partie de cette vie choisie !
Bon, si l'électricité et Internet... Non, non, je ne regrette rien !
Belle fin de week-end à vous,
Les news de Gorpar - édition n°32
Les thés, épices, châles, objets divers sont empaquetés, j'ai passé ces deux dernières journées à courir les estaminets, afin de – éventuellement – trouver de nouveaux cadeaux pour nos prochaines ventes et ramener les commandes qui me sont parvenues. Ce soir, je rentre en Suisse, mon vol partira de Kathmandu à 21h, heure locale... Il sera 16h chez vous. Je débarquerai – si tout va bien – mardi vers 14h. C'est en effet le moment le plus désagréable de tous les voyages, ces heures passées dans les aéroports, à attendre ! Bon, à Doha, dans le nouvel aéroport flambant neuf, il y a de quoi perdre la tête en shopping ! Mais retrouver ma famille, mes petits-enfants, quelques amis, tous valent le déplacement, ainsi que les fêtes de fin d'année et le concert viennois du 1er de l'an nouveau! Je me réjouis de rentrer pour quelques jours et de changer d'air, Kathmandu est vraiment trop pollué !
Mais bon, revenons à nos... éléphants, puisque à nouveau, jeudi soir dernier, le 18 décembre, ils nous ont rendu visite ! Cela devient lassant... ils nous font vraiment trop courir ! Allumer les feux, enclencher le générateur (et qui ne fonctionne pas, mais qu'est-ce qu'il a ?...), taper sur la barrière, hurler, remonter, redescendre... enfin vous avez déjà lu l'histoire, qui se répète à chaque venue! Ils étaient hier près de la maison d'Ashok, à quelques centaines de mètres de l'école. Je ne les ai pas vus, mais entendus, ils avaient le souffle lourd...
Depuis le début du mois, le temps est bien différent : le matin, brouillard parfois très intense, puis dès 8h-9h grand soleil. La température chute la nuit, on se retrouve à 12-13° au réveil, pour elle remonte autour des 20° en milieu de journée. Dès 17h, à nouveau le brouillard mêlé de fumées s'installe et la nuit tombe alors très rapidement, 17h30-18h, c'est le noir crépuscule, mais vous connaissez cela, alors que déjà en fin d'après-midi vous êtes dans la nuit. Je me calfeutre chez moi, où il fait encore bien chaud, en pensant à tous ces villageois qui dorment dans des maisons de branchages. Je ne sais pas comment ils survivent. D'ailleurs, certains ne survivent pas, ceux dont nous n'entendons jamais parler, parce qu'au Népal, ben non, il n'y a pas de pétrole !
Après l'envoi de mes news N° 31, la fin de la semaine s'est déroulée tranquillement. Le jeudi 4 décembre, l'un des spécialistes de l'ouïe qui est venu contrôler tous les patients qui avaient subi un P.T.A. test, a convoqué une dizaine de personnes pour le 8 décembre, à Lahan afin d'y rencontrer le médecin qui – seul – est habilité à décider s'il y a lieu d'opérer ou non. L'un des messieurs ne s'est pas présenté, le matin de notre « randonnée », tant pis pour lui... Les opérations auront lieu le 26 décembre, alors que la distribution des appareils auditifs s'est déroulée au Centre de santé, le 14 décembre. Les enfants et les adultes ont reçus leurs machines et semblent très heureux, qui ont applaudis après la séance photos !
Actuellement à Kathmandu, Benju me dit que tout va bien, qu'elle a bien commencé son cours et qu'elle se réjouit de poursuivre sa formation. Elle a retrouvé la plupart de ses collègues rencontrées lors du Step 1. Elle habite chez Aparna et les trajets en bus ne lui posent plus de problème majeur. Elle a loupé, ce printemps, une matière lors de ses examens pour l'obtention de son bac, en année finale... elle tentera au printemps prochain de repasser ce sujet. Nous avons passé la journée de hier ensemble, puis avons dîné avec Sandeep, le fils d'Aparna. Une belle soirée pour fêter ici, un tout petit peu en avance, un Noël qui approche à grands pas.
Mardi 9 décembre, je m'essaie à cuire de la confiture. J'ai en effet acheté des fruits tellement acides, une sorte de grosse groseille, que les manger crûs est impossible. Je jette donc fruits, sucre et eau dans une casserole, et hop, sur le feu... Bon, j'aurais dû couper les fruits, d'accord ! Car après une heure de cuisson, le sucre est devenu du caramel et mes fruits ont brûlés ! Immangeables, évidemment ! Oui, promis, je vais prendre des cours l'été prochain ! Betty, au secours !
Ce même jour voit les examens de la section secondaire prendre fin. Hier, les primaires ont terminés les leurs. Comme par hasard, seuls les instituteurs et institutrices de primaire sont présents pour surveiller les classes, les instituteurs de secondaire sont en congé ! Ainsi que le Head Master, bien entendu... ! Au printemps 2014, nous avions, Sochiendra et moi, photographié le registre des présences de ces messieurs. Grand bien nous a pris, puisque le Gouvernement a décidé de mettre un peu d'ordre dans ses ouailles... Il contrôle les présences, les droits au Relief fund et les licences d'enseignement... Eh bien, il y a trois de nos instituteurs qui vont avoir chaud aux fesses ! Nous avons envoyé copie de dites photos à Dankuta, et attendons maintenant la réaction des enquêteurs. S'il y en a une, peut-être serons nous débarrassés de nos canards. S'il n'y en a pas, nous pourrons considérer que la corruption a fait son œuvre !
Le 11 décembre, alors que les nuées de perroquets verts sont de retour, Kudan organisera, 11 mois après le décès de Somani, une cérémonie du souvenir. Ce matin, 10 décembre, il me demande un jour de congé pour aller se faire couper les cheveux! Non, fut ma réponse. Et en effet, une heure après, il revient du village tondu comme un mouton ! Un jour, alors que le coiffeur en a pour une heure... Il aura congé le lendemain, bien entendu, et c'est Hariram et moi qui nettoyons les classes et sommes de corvée de ramassage des papiers qui jonchent le sol. Invitée à assister à la cérémonie et à manger chez Kudan, j'apprends que l'invitation est renvoyée, car il s'est pris de bec avec son fils au sujet de son éventuel futur mariage ! Bon, ben tant pis... je reste chez moi ! Nous bénéficierons cependant d'une nouvelle invitation, quelques jours plus tard, alors que le calme est revenu dans la famille !
Ces jours sont chargés, car je travaille avec Anita au rapport 2014 du Centre de santé. Ni l'une ni l'autre ne se souvient comment présenter les informations : fromage, pyramides, montagnes... nous y passons la journée ! Mais le rapport est terminé, à ma grande joie ! Nous attaquons les comptes. Les camps gynécologique et orthophonique ne sont pas terminés, puisque dans les deux cas, des opérations sont en cours ou programmées. Les décomptes finaux ne peuvent être établis, je m'en chargerai en janvier, à mon retour.
L'analyse des pesées et mesures des enfants qui suivent le programme de nutrition est révélatrice d'un grand problème, et ce, malgré 7 mois après le début de notre action. 45% des 201 enfants sont en situation de sévère sous nutrition et 36% en moyenne à grave malnutrition ! Notre programme doit être adapté et nous prenons les décisions qui s'imposent. Parmi elles, les 10 enfants de la famille et du voisinage de Hariram vont recevoir tous les matins avant de venir à l'école, le « litho », ainsi qu'un verre de lait sucré au miel. A midi, 5 d'entre eux sont maintenant nourris chez moi. Et pour le soir, je fournis des légumes, des fruits, œufs, du riz, des lentilles, du sucre, de l'huile, que Hariram va acheter dorénavant deux fois par semaine au marché de Simra. Je me régale de voir cette belle tablée... des enfants qui rigolent comme nous le faisions, mes sœurs et moi, autour de la table chez mon grand-père, qui nous disait de sa voix grave, au moins une fois par repas : «Bientôt fini ces comédies ? ». Tous les autres enfants vont recevoir le « litho »à midi, ainsi que des fruits, des œufs et du lait. Nous surveillerons régulièrement leur poids. Dès mon retour, je vais prendre contact avec Olga, une Américaine qui vit régulièrement à Kathmandu, et qui a créé un programme de nutrition spécial. Peut-être pourra-t-elle nous aider ?
Notre prêtre, Parsuram Dji, m'a scotchée ce vendredi 12 décembre en répondant à mon « Have a nice day Parsuram Dji», par un « Have a good day Didi» ! Tous les jours, fidèlement, il vient nous bénir, Hariram et moi, repartant en chantant les louanges de Ram, Hariram, et je ne sais quels autres dieux ! Mais pas le temps de flâner, il me faut aller à la Nepal Bank à Kanchanpur, qui refuse de déposer l'argent envoyé de Suisse sur notre compte... Ben voyons... Evidemment, la Commerzbank AG de Frankfurt, par qui l'argent transite pour le Népal, a « oublié » d'indiquer à quelle banque doit être envoyé le montant concerné ! On aura tout vu... Mes chères banquières se mettent en quatre pour que – finalement – tout rentre dans l'ordre ! Bon, juste une matinée « perdue » à s'énerver... J'en connaîtrai d'autres, j'en suis sûre !
Le samedi 13 décembre, M. Khadga et moi travaillons aux comptes de l'école, et surtout, nous discutons du mariage de Kudan. Il nous est très pénible de le voir errer comme une âme en peine. Son fils aîné ne serait pas contre, mais Jitendra, le petit dernier de la fratrie, lui est tout à fait opposé à l'idée de son re – mariage. Pourtant, il va partir travailler en Malaisie (si tout va bien), et laisser ici femme et enfants sous la garde de son père. Vive les critiques et les ragots ! Nous essayons – autour d'une tasse de thé et d'un paquet de biscuits – d'en savoir plus de la part de Kudan. Il y a toujours cette veuve, avec sa fille... Le beau-père de son fils aîné la connaît... Une ouverture ?
Dans la nuit de dimanche, il a plu... oh, bien peu, bien trop peu... dommage !
Lundi matin 15 décembre, dernier meeting au Centre de santé. La femme de notre ancien prêtre, Shanti Yadav, qui avait donné, en son temps, le terrain sur lequel est construit le HCC n'en démord pas : elle veut avoir la signature sur le compte ! Bon, ben voilà, voilà... On va faire le nécessaire, dès que les papiers seront remplis. Ce ne va pas être une mince affaire... ! Mais nous souhaitons tous respecter ses vœux. C'est donc Kabita Chaudhari qui devient Présidente du comité de gestion.
Cette dernière semaine, je suis très occupée et préoccupée par la construction de notre école Montessori. Les travaux avancent, mais sont continuellement dérangés par les entreprises qui ne font pas attention aux travaux effectués par les autres teams. Comment tout cela va-t-il finir ? Je n'en sais rien ! Personne n'a indiqué les points de sorties électriques pour les lampes murales, je m'y attelle. Pas de précisions non plus pour les interrupteurs... on allume peut-être d'un clin d'œil, ou bien alors, vu que l'électricité n'est pas garantie, les lampes seront automatiquement allumées lorsqu'il y en aura ! La table de la terrasse est trop haute, il faut l'abaisser de 15 cm, les plans de travail dans les cuisines sont trop bas, mais pas encore corrigés, ils doivent eux être rehaussés, donc impossible de poser le carrelage... Mama mia... ! Tout est sale, plein de déchets, un chantier comme on n'en verrait pas en Suisse, mais... nous ne sommes en effet pas en Suisse !
Le 16 décembre commence ma seconde distribution des cahiers aux enfants. Il en vient tous les jours de nouveaux qui n'étaient pas à l'école le jour précédent... Le stock est terminé avant que chacun ait pu être rassasié, alors les frustrés devront revenir mardi prochain... la commande est passée. Les instituteurs de secondaire ont bien tenté, une fois de plus, d'empêcher les étudiants de recevoir ces cahiers, mais ceux-ci ont réagi et ne se sont pas laissé influencer. Ils viennent réclamer leur dû ! J'en suis fort aise !
Dès le lendemain, les abeilles et les guêpes font leur apparition ! Drôle de phénomène tout de même, si l'on excepte le nid que je découvre dans l'un des tiroirs de l'un des pupitres des instituteurs ! Réponse à ma question : « Oui Didi, on a vu, mais Biwa Rani a dit qu'on allait récolter le miel... » ! Oui, ben d'abord, on va surtout récolter des piqûres ! Et si les enfants, aussi peu disciplinés que ceux fréquentant notre école s'amusent autour du pupitre, les employées du Centre de santé ne vont pas chômer !
La semaine s'est encore déroulée entre la découverte d'une monstrueuse souris à l'étage du Centre de santé, alors que je récupérais le lit de voyage pour bébé, la demande de laine de nos institutrices qui se sont remises à tricoter et la visite de Debraj qui m'a donné son ordinateur à faire réparer, et qui me dit sortir de maladie... Il a eu la typhoïde et a dû passer 6 jours à l'hôpital ! Il est maigre, encore plus que d'habitude... ! Pauvre gosse... Malheureusement, il étudie à Biratnagar, c'est un peu loin pour le nourrir depuis chez moi !
Hier enfin, rencontre avec M. Piyakurel, le constructeur, à 7h, juste avant mon départ ! Bon... on a mis les choses à plat et j'espère que dans un mois, je n'aurai pas de mauvaises surprises. A Biratnagar, rencontre avec M. et Mme Yadav qui rentraient de deux mois de séjour à Kathmandu, où Pramila a subi son opération du cœur. Hariram et M. Khadga sont venus m'accompagner, je n'étais en effet pas certaine de pouvoir prendre mon vol, au vu du temps changeant (fortes rafales de vent quelques fois)... et comme une tornade était annonce depuis la Chine, j'avais bien peur de ne pouvoir décoller et devoir partir en bus de nuit !
Mais non, tout va bien... Aujourd'hui, dernière petite visite à mon amie Urmila à Patan, après avoir passé chez KP pour récupérer mes billets d'avion pour l'Inde, en janvier prochain, puis encore un saut à la banque, je n'ai plus de chèques, et à 18h, départ pour l'aéroport. Mon fidèle Prakash m'accompagne... je suis contente de l'avoir rencontré, ce taximan qui est un accompagnateur également et qui me suit pour mon shopping ! Il a travaillé à Doha, à l'aéroport, et parle très bien l'anglais, ce qui est un gros avantage pour moi !
A vous toutes et tous, je vous souhaite un très heureux et paisible Noël. J'espère que vous passerez agréablement le cap de la nouvelle année, remplie de bonnes ondes, de plaisirs et si ennuis il y a, de tous petits petits ennuis... ! Prenez garde à vous... où que vous soyez !
Les news de Gorpar - édition n°31
A la suite de notre fameuse nuit « éléphantesque », relatée dans mes news précédentes, nous avons encore subi une chaude alerte. Le 21 novembre au soir, après la cérémonie de ré – installation de Ganesh dans ses pénates toutes neuves, nous avons organisé un repas, offert aux teams de la construction de notre école, aux employées du HCC, aux instituteurs de l'école et à la famille de Parsuram, notre prêtre. Comme d'habitude, Hariram, Mandira et Bhutti étaient en cuisine, afin de préparer le « dhal – bhat – tarkari – masu » offert aux quelque 40 personnes que nous avions invitées.
Les ouvriers étant musulmans, ils sont arrivés avec leur viande cuite, les poulets furent tués selon leurs coutumes. Nous leur avions amené les poulets vivants, ainsi que donné tous les autres ingrédients. Cette soirée ne se prolongea pas, la nuit tombe maintenant dès 18h et comme personne ne possède de vélos avec lumière, les membres de l'équipe d'Abdhul, le responsable habitant à Bardhaha, se sont dispersés assez rapidement. Les autres ouvriers qui s'occupent des sols de l'école et viennent de Kathmandu, sont repartis dans le bâtiment en construction, dont ils ont transformé le futur bureau en « chambre ».
A peine les plats furent-ils débarrassés, que... branle-bas de combat à nouveau ! La troupe des éléphants était de retour ! A nouveau, il a fallu courir au second étage du bâtiment secondaire, mettre en route le générateur afin d'allumer toutes les lampes de l'école (nos mastodontes ne sont pas friands de lumière), courir au bureau des instituteurs récupérer des vieux livres qui vont nous servir à alimenter les feux que nous allumons (çà aussi, les éléphants n'aiment pas beaucoup), courir sur la terrasse, taper sur la barrière et faire le plus de bruit possible, redescendre au bureau, emporter une nouvelle brassée de livres, alimenter les feux, courir au premier étage sur la terrasse de mon appartement pour faire encore du bruit... Trois heures durant, un manège épuisant, des rires, des cris... on fera la vaisselle demain, et Hariram dort à la maison, il est trop tard et dangereux de renter chez lui.
Ces exercices imposés par mes animaux de prédilection ne sont pas sans conséquence : me voilà malade ! Je vais squatter la salle de bains toute la nuit... à mon grand désespoir, car j'entends Hariram remuer au salon ! Il semble que ce soit la « saison » des éléphants, venus tant de la Koshi Tappu Reserve que de l'Inde du Nord, car ils sentent que le riz est bientôt mûr et viennent se servir. Il faut se rappeler aussi qu'il y a moins de septante ans, toute la région, dont le sol est aujourd'hui quasiment que du sable, n'était alors qu'une immense jungle, royaume d'innombrables animaux sauvages dont il ne reste malheureusement qu'une infime partie.
Je pense beaucoup à vous toutes et tous pendant ce week-end qui suit nos courses effrénées, car en Suisse se déroule notre vente de Noël ! Un tout grand merci à Betty, infatigable « confiturière », et qui a organisé cet événement chez elle. L'an prochain, je serai parmi vous ! Une invitation à présenter les activités de l'Association Ganesha m'ayant été transmise par le club BPW de Delémont, invitation que j'ai acceptée, et qui donc me verra revenir au pays pour participer à ces manifestations.
La dernière semaine de novembre voit le « second mariage » de Sochiendra être repoussé au jeudi 27. Sa maman Pramila, épouse de notre Président, est à Kathmandu où elle se fait opérer du cœur, il faut lui changer la valvule gauche. Les nouvelles sont excellentes, l'opération et ses suites se déroulent bien.
Afin d'éviter que les souris que loge Kudan dans sa chambre ne dévorent tous nos jeux avant le printemps prochain, nous nettoyons et transportons tous les cartons qui étaient encore entreposés chez lui dans notre réduit, celui que le Head Master nous laisse si gentiment à disposition ! Puis nous nettoyons chez Kudan... dont le mariage n'est plus à l'honneur. Peut-être se rend-il compte que – finalement – la vie de célibataire n'est pas si terrible ? Il avait en tête une veuve d'une quarantaine d'années, maman d'une fillette de 6-7 ans, mais je crois qu'il a renoncé. Enfin, je n'en sais rien, à vrai dire ! Il est souvent à Kanchanpur, au marché. Est-ce qu'il y a anguille sous roche ? Il faut dire que ses fils ne sont pas du tout d'accord pour qu'il se remarie, alors que beaucoup d'entre nous pensons que ce serait bien pour lui et cela soulagerait quelque peu Mandira, sa belle-fille.
Dès ce mercredi 26 novembre, commencent 6 jours de musique religieuse ininterrompue, et dans plusieurs villages environnants ! Les haut-parleurs ont été installés, souvent 6 à 8 par temple, érigés pour la circonstance, et c'est une cacophonie de litanies entremêlées, car aucun des villages n'adore le même dieu et tous les prêtres, souvent de prétendus sâdhus venus de l'Inde toute proche et gros comme des porcs prêts à l'abattage, rivalisent de hurlements. Vingt-quatre heures sur 24, six jours et si nuits. Nul ne peut dormir ou se reposer. J'éprouve un réel plaisir à entendre ces « prêtres » se casser la voix, car les nuits sont devenues fraîches ! La raison de cette déraison est tout d'abord le festival du mariage de Ram et Sita, qui voit arriver des centaines de milliers de pèlerins à Janakpur, autour du temple Janaki, et du musée consacré au mariage de ces deux dieux. Celui-ci est cependant célébré partout. Ensuite, les 28 et 29 novembre, c'est gadhi mai... festival dédié à je ne sais qui (une sorte de Khali je crois, en tous cas une déesse assoiffée de sang), au cours duquel plus d'un demi million d'animaux (oiseaux, poulets, canards, chèvres, buffles...) vont être décapités. Une boucherie sans nom, que même Brigitte Bardot à dénoncée auprès des autorités népalaises... dont les membres se fichent royalement semble-t-il, c'est toujours deux jours de congé pris !!
Le jeudi 27 novembre devait donc avoir lieu le « second mariage » de Sochiendra et Sanjhana ! Je devais, vers 17h, me rendre chez lui à Barmajhiya, pour accueillir officiellement Sanjhana. En effet, depuis le mois de février dernier, elle vivait encore chez ses parents à Itahari, où – par ailleurs – elle poursuit ses études. Le second mariage consistait donc à préparer sa venue chez Sochiendra, en l'occurrence chez ses beaux-parents, afin que désormais, elle y vive. Comme les parents de Sochiendra sont à Kathmandu, la cérémonie s'est déroulée chez ses parents à ELLE... J'ai donc attendu, attendu, attendu... et comme chante Jo Dassin, elle n'est jamais venue ! Enfin si, vers les 21h, mais son SMS précisait qu'il n'y aurait plus de « cérémonie » ce soir-là, et que j'étais attendue le lendemain pour le souper ! Je suis contente de revoir Sanjhana, qui est enceinte de deux mois... Arghhhh ! Trop jeune, et elle doit terminer ses études ! Elle est déjà repartie, son école et ses études étant encore primordiales à l'heure actuelle !
Dans l'après-midi, j'avais assisté au mariage de Bimala Sha, dix-neuf ans, l'une de nos anciennes étudiantes, avec un policier de Biratnagar. Ils sont tous deux venus me rendre visite jeudi dernier. Je n'ai pas aimé le visage de Bimala, qui contrastait terriblement avec le grand sourire de son mari... ! Peut-être est-ce normal qu'une jeune fille soit triste de quitter sa famille, puisqu'elle devient – après son mariage – la propriété de la famille de son époux et la servante de sa belle-mère.
Dimanche dernier, enfourchant mon vélo (aïe, ouille...) j'accompagne Hariram chez lui pour y installer l'un des petits lits de voyage que ma fille m'a donné l'an dernier. Il servira à son fils Aman. Draps, couverture, tout est fourni pour que l'hiver soit un peu moins rude pour ce petit garçon, qui, comme le fils de Yamuna grandit tranquillement. L'un est toujours larmoyant (celui d'Hariram) et l'autre, toujours souriant ! Tous les deux sont régulièrement malades, actuellement c'est la toux qui les embête. Ils sont évidemment ou bien trop habillés en journée, car il fait encore 22 à 24°, ou bien trop peu couverts la nuit... Il faut dire que dans les maisons de branchages, même si elles sont enrobées de « mato », le froid s'y installe dès que le soleil disparaît... ! Yamuna dort maintenant quelques fois au Centre de santé, cela lui évite de devoir rentrer chez elle en moto, avec sa sœur et son fils installés sur le porte-bagages !
Lundi après-midi, je renoue avec le marché de Simra... aller-retour en vélo, c'est un bon exercice ! Fruits, légumes, poulet, yoghourt, le frigo est à nouveau plein et nous allons nous régaler ces prochains jours. En rentrant à la maison, une bonne odeur de pain nous accueille...
Mercredi dernier, le mariage de la fille d'Abdhul se déroulait à Bardhaha. M. Khadga m'y emmène en moto. Au contraire des jeunes femmes de religion indoue, celle –ci n'est pas « apprêtée »... elle porte un kurta surwal qui mériterait d'être lavé, elle ne semble pas s'être elle-même lavée depuis quelques jours... ! Je suis très étonnée, et j'en demande la raison. Abdhul explique que les futurs mariés vont d'abord faire connaissance, puis, s'ils se « plaisent », le mariage aura lieu ! Supercherie... ! Arnaque... ! Prise au piège... ! Que va pouvoir faire cette pauvre fille, devant trois à quatre cents personnes, venues pour moitié d'Inde où elle va être expatriée, si son prétendant ne lui plait pas ? Peut-elle décemment dire NON ? Je demande à Abdhul des précisions sur la dote, s'il est en souci pour sa fille, qui sera vraiment très éloignée de sa famille et ne pourra y avoir recours en cas de... problème ! Il semble ne pas s'être posé la question: il a 4 filles, plus qu'une à marier, elle n'a que 13 ans, on attend encore un peu...
Jeudi dernier, après qu'un brouillard à couper au couteau se soit dissipé, l'un des spécialistes de Lahan revient afin de contrôler les oreilles de tous les patients qui avaient subi un test P.T.A. Les traitements ordonnés lors du déroulement du camp ont bien souvent fait leur effet. Les oreilles sont en bien meilleur état. Mais il convoque à Lahan, lundi 8 décembre, une dizaine de personnes, dont trois étudiants, pour que le médecin décide en dernier ressort s'il y a lieu de les opérer ou non. Anita se charge de l'organisation de ce déplacement. Hariram est concerné, qui a un tympan mal en point ! Par contre, après examen de mes oreilles... M. Yadav me dit que tout est parfait... pour mon âge !!! Et que l'impression de moins bien entendre de l'oreille droite est due, simplement, à... dit grand âge !
Avant-hier vendredi, M. Khadga, Hariram et moi, conduits par Umesh, nous nous sommes rendus à la prison de Jumka. M. Khadga y entrait pour la première fois, je le sentais tout émoustillé ! Après avoir décliné nos noms et qualités, nous passons à la fouille au corps, en ordre et qui n'a rien à voir avec les fouilles dans un aéroport ! Nous rencontrons le responsable des ateliers et avons confirmé la commande d'une table et des quatre chaises qui garniront le bureau de notre nouvelle école. Ensuite, saut à Itahari, ville toute proche, pour passer à la banque, le charpentier réclamant « des sous » pour acheter le bois de nos futurs meubles. Hariram a besoin d'une veste pour l'hiver, voilà qui est fait... un peu de réserves également, café, lait en poudre, maïs en grains pour nos salades, pommes grenade et herbes pour le poisson... Nous ne trouverons pas là le robinet qui garnira l'évier de la cuisine de l'école. M. Piyakurel, le constructeur, va devoir en rechercher un à Kathmandu, adaptable à notre choix d'évier ! Mais par contre, je trouve le modèle de frigidaires adéquat, les plaques à gaz pour la kitchenette du premier étage. La cuisinière avec four intégré va devoir venir de Kathmandu, car ici, on ne connaît pas « ça » !
Hier soir, Benju est partie à Kathmandu, afin de suivre les Step 2-4 de la formation entreprise à l'ECEC (Early Childhood Educational Center). Ce séminaire est destiné à renforcer ses connaissances théoriques et pratiques en matière d'enseignement maternel. Je la retrouverai le 21 décembre prochain, avant mon retour en Suisse, pour un souper au Dwarika's. Elle sera logée à Chabahil, à quelque distance de mon hôtel, chez l'une de mes amies pour les cinq semaines que va durer son cours.
Les projets déjà fixés pour ces deux prochaines semaines de l'Avent sont demain, lundi, le déplacement à Lahan avec les patients du camp orthophonique. Mercredi, Anita et moi avons réservé la journée, afin de pouvoir travailler à notre rapport annuel sur le Centre de santé. Je dois encore, très prochainement, finaliser le rapport financier gynécologique et intégrer quelques mots sur les quatorze dames qui seront opérées dans un deuxième temps, la Drse Ranjita étant de retour de Birgunj.
Le 15 décembre, les membres du Comité de gestion du HCCMM sont convoquées pour une dernière séance annuelle, j'espère sous la présidence de Mme Yadav ! Puis, toute la fin de la semaine sera consacrée au contrôle des comptes HCCMM et de l'école, car le dimanche 21 décembre, je pars de Gorpar, pour venir passer les Fêtes en Suisse.
C'est le moment de passer vos commandes : thés, épices, châles ?... n'hésitez pas, je vous les apporte volontiers !
Les news de Gorpar - édition n°30
L'école ?... et bien... comment dire ?... Non, non, pas en vacances ! Mais... A se poser nombre de questions !
Pour commencer, comment se fait-il que depuis les grandes vacances de juillet, Manosh Das, instituteur de secondaire, ne soit pas remplacé ? Pourquoi le Head Master, Biwarani Singh et Darmanath Yadav, lorsqu'ils viennent par hasard enseigner, restent-ils assis au bureau ? Pourquoi, en fin d'après-midi, Krishna Yadav donne-t-il des heures de coaching, alors qu'en journée, il reste assis au bureau en compagnie de ses trois autres acolytes ? Pourquoi le Head Master a-t-il inclus – dans le curriculum scolaire des classes 6, 7 et 8 – l'étude de l'ordinateur, alors que les 5 ordinateurs promis ne sont toujours pas là, que les deux ordinateurs actuels ne fonctionnent pas, et que mon générateur n'est pas apte à alimenter ces machines en courant, lorsque nous manquons d'électricité ?
Ce jeudi 6 novembre, je me rends au Saptarishi Hospital, avec nos premières opérées suite à notre camp gynécologique du printemps. Un contrôle s'impose, certaines ne se déclarant pas satisfaites de leur opération... J'apprends que dans toute la région du Teraï, s'est répandue l'idée que toutes les femmes doivent subir une hystérectomie, afin de ne pas attraper le cancer de l'utérus ! La Doctoresse Ranjita m'informe que dans certains villages, très proches de la frontière indienne, toutes les femmes mariées, de plus de 22- 25 ans, avec au moins un fils, ont été opérées par des gynécologues indiens hommes ! Profitant de leur totale ignorance, répandant de fausses rumeurs, provoquant des peurs inutiles et des mutilations qui le sont tout autant, ces charlatans se remplissent ainsi les poches au détriment de l'équilibre sanitaire de ces femmes.
J'ai pu le constater personnellement lors de ce contrôle : toutes ces femmes (elles étaient 6 à venir pour ce check up), ont parlé de cancer ! L'une d'entre elles, que la Drse Ranjita refusait d'opérer car elle ne souffre d'aucun problème, juste de pertes blanches normales, a pleuré toutes les larmes de son corps, car – disait-elle – elle serait maudite si elle ne pouvait subir cette ablation ! Comme ces femmes sont sous le joug de leurs pères, frères, maris, pour la plupart eux aussi sans éducation, elles sont une fois de plus victimes de l'influence sociale et d'une mentalité empoisonnée par des croyances infernales. Mao disait que la religion est l'opium du peuple. Ici, dans cette région analphabète, c'est encore pire ! Ces mêmes messieurs, à longueur de journée et nuit (imaginez, depuis le début octobre, dans certains villages, c'est 24h sur 24h, je les entends, grâce aux haut-parleurs installés), sans arrêt, jouent le même air de musique sur leurs harmonium et tambours, en récitant le même texte à la gloire de l'un ou l'autre de leurs dieux ! Même mon Hariram en a marre, lui qui ne peut plus dormir, sa maison étant située à quelques mètres seulement des amplificateurs !
Au point que ce matin, ce sont des arias chantés par Maria Callas qui ont inondés l'école !
Le second camp gynécologique s'est déroulé, lui, le jeudi 13 novembre. Il a vu une cinquantaine de femmes défiler et ce sont 16 d'entre-elles que nous allons opérer jusqu'à la mi-décembre. Des prolapses, toujours et encore, mais également des polypes, et autres infections ont été décelés et seront suivis. Une fréquentation moindre qu'au printemps, due en partie aux travaux des champs (la récolte du riz bat son plein), mais également un stress moindre pour la Drse Ranjita, qui a pu prendre du temps pour expliquer plus en détail le pourquoi ou non d'une ablation de la matrice ! En fin de consultation, les jeunes filles des classes 8 à 10 sont venues elles aussi se renseigner. Des idées reçues, telles que les pertes blanches provoquent l'infertilité ( !), ont été démenties par Ranjita... mais que faire contre les à priori transmis de génération en génération ? Oui, nous poursuivrons notre tâche, Ranjita et moi, elle qui semble très impressionnée par les résultats de son propre travail ! Son engagement est fantastique, je suis particulièrement satisfaite d'avoir fait sa connaissance...
J'ajoute, de manière générale, que tous les acteurs (médecins, spécialistes, infirmières, etc.) que je rencontre dans le cadre de la réalisation de nos camps sont tous prêts à revenir travailler avec nous... et pas seulement à cause de la cuisine d'Hariram !
Les activités du Centre de santé se poursuivent. Nous avons dû tout d'abord constater que notre infirmière, Kanchen Rai Singh, ne venait plus travailler depuis le 1er novembre ! Sans autre forme d'explication... sans au revoir ! Bon, dans la ligne finalement de son attitude, mais j'en espérais un peu plus tout de même ! Tant mieux, car nous avons engagé l'une de nos jeunes étudiantes, Priyanka Kumari Mandal. C'était l'une de nos meilleures étudiantes, et il y a 5 ans, nous avons accepté de sponsoriser ses études d'infirmière ! Elle a terminé en septembre et doit passer – en mars prochain – ses examens au Nepal Nursing Council, afin d'obtenir sa licence gouvernementale. Elle est en stage à mi-temps au Centre de santé, non payé jusqu'à la fin décembre, et reprend le poste d'infirmière. C'est une jeune femme sérieuse, responsable, enthousiaste... L'équipe va être entre de bonnes mains !
Le premier camp orthophonique (avec « h » ou sans, vous faites comme vous voulez... les dictionnaires ne sont pas d'accord sur le terme...) s'est déroulé les 9 et 10 novembre. Le dimanche matin, les élèves de notre école défilaient, classe après classe, afin de faire contrôler leurs oreilles. J'ai personnellement été choquée de voir leur l'état : dans le 98% des cas, des bouchons de cire, poussière, voire insectes ont été retirés – quelques fois à grand peine – des deux oreilles de chaque enfant ! Ce premier jour, ce sont 411 enfants qui ont pu recevoir ces soins, nombre d'entre eux devant encore appliquer quelques gouttes dans leurs oreilles, afin de conjurer une infection latente. La journée s'est terminée par l'examen de nos institutrices, instituteurs, personnel du Centre de santé et employés. Un des instituteurs a eu son oreille droite nettoyée d'un impressionnant bouchon. Après quelques gouttes calmantes, il se dit en bien meilleure condition... et entend à nouveau parfaitement de cette oreille ! Le lundi, 75 élèves et enfants de la région ont encore été examinés, et 103 villageois et villageoises étaient très heureux de pouvoir – enfin – subir les contrôles et nettoyage, soins donnés avec diligence, gentillesse et humour par le personnel de l'hôpital de Lahan.
Au total, 76 P.T.A. tests et 17 tympanogrammes ont été réalisés, tests qui devront être réalisés une seconde fois, d'ici six semaines environ, afin de contrôler que les infections et autres ennuis sont soignés.
La suite à donner à ce camp de détection et de contrôles :
2 enfants doivent être opérés pour des interventions mineures
6 élèves doivent subir une opération majeure
8 villageois seront opérés, dans un second temps, pour des interventions mineures et
5 villageois doivent recourir à une opération majeure
D'autre part, 2 enfants et 7 adultes doivent être appareillés. Au vu du manque de financement, nous procéderons dans un premier temps, aux opérations et appareillage des enfants et élèves, afin de leur donner toutes les chances de pouvoir suivre une vie normale, tant que faire se peut.
Au chapitre de nos multiples activités, nous avons entrepris, depuis une bonne quinzaine de jours, quelques travaux tels que la peinture des pieds des arbres (une tradition, après Dashain, car l'époque des pluies est terminée), et depuis une dizaine de jours, nous avons complètement rénové notre petit temple ! Il est resplendissant, et nous allons y célébrer une puja spéciale « retour de Ganesh », car la statue de Ganesh est installée dans mon appartement depuis le 10 novembre. Elle a subi un nettoyage en règle, elle aussi...
Chez moi, ce sont toutes les canalisations cuisine et salle de bains qui ont été revues, et je suis les travaux dans le bâtiment Montessori, pour y découvrir, jour après jour, des erreurs, malgré toutes les informations et détails que je fournis. Cela devient lassant, d'autant plus que deux messieurs de l'équipe du constructeur sont sur place... Bien sûr, ils confirment tout ce que je dis, plans dessinés par mes soins à l'appui... Mais bons dieux de bons dieux pourquoi ne font-ils pas exécuter les plans et doit-on, jour après jour, démolir pour « remolir » ??? Non, mais au secours... ils n'ont pas de shampooing ???
Dès le 10 novembre, le travail de Benju et de nos deux aides a repris ici à l'école. Le cours d'introduction suivi par Benju à Kathmandu a été un succès et nous attendons impatiemment qu'elle soit convoquée, afin de pouvoir suivre le cours Step 2-4. Celui-ci devrait se dérouler en décembre prochain. A l'ECEC se donnent également d'autres formations et nous avons décidé d'envoyer nos deux aides à l'une d'entre elles, spécialement destinée aux « Aryas » (aides). Nous avons également décidé de nous rendre à New Dehli, au début janvier, afin d'y trouver quelques uns des articles Montessori qui nous manquent. Nous serons logées chez la belle-sœur de Sapana qui y possède un hôtel et nous recevra gratuitement. Je me réjouis d'être 5 jours en compagnie de ce « team » qui se construit gentiment.
Le temps fraîchit, l'automne s'installe tranquillement. S'il fait toujours 18 à 20° au petit matin, l'air est crû, le châle est de mise. En fin d'après-midi, je clos les volets de bois, afin de piéger la chaleur emmagasinée (il fait encore soleil tous les jours), et j'ai sorti une couverture pour la nuit. L'édredon va suivre... lorsque le brouillard va faire son apparition ! La trajectoire du soleil dans le ciel s'est rétrécie, je le constate à sa disparition derrière les manguiers, vers 17h30 déjà. Et la nuit tombe alors très vite. Mais à 5h30, le lendemain matin, il fait jour ! Voilà pourquoi je me couche avec les poules et me lève avec le muezzin !
Je ne peux conclure ces news sans un chapitre « faune » ! Pour vous parler tout d'abord de mes chauve-souris, qui venaient régulièrement, passant par les fenêtres ouvertes la nuit, déchiqueter leurs repas – généralement des grenouilles dont je retrouvais une cuisse ou autre intestin le matin sur mon carrelage de la cuisine, voire sur la table, à côté de leurs déjections ! Ces visites ont cessé depuis que je ferme les rideaux, puis les volets ! J'espère qu'elles ont trouvé une autre table accueillante !
Et puis, mon marabout est apparu, avec Madame (ou bien Madame, avec Monsieur !). Vous n'imaginez pas l'émotion que ces horribles merveilleux oiseaux peuvent m'apporter ! Ils sont plus affreux l'un que l'autre, mais si exceptionnels que c'est une merveille de les voir se nourrir, rejetant la tête en arrière pour avaler serpents, grenouilles et autres insectes, ou de les voir voler et planer lentement, avec un bruit d'ailes si reconnaissable !
Enfin, le 16 novembre dernier, j'ai eu la frousse de ma vie, alors que j'entendais, tout autour de l'école, depuis les villages de Simra, jusqu'à Mainakaderi, des hurlements de villageois, enfants et adultes ! Je me suis dit que c'était la révolution et j'avoue que tous ces gens, armés de torches, vociférant m'ont particulièrement fait peur... jusqu'au moment où j'ai – après bien deux heures de tintamarre et à ma grande honte – compris qu'ils se battaient contre une horde de 9 éléphants ! C'est la saison, semble-t-il... Vous savez que les éléphants ont une mémoire... d'éléphants, et ils viennent, chaque année, emmené par leur matriarche, se servir dans les champs de riz, arracher quelques bananiers et manguiers, bousculant sur leur passage des maisons en branchage, voire les écrasant, sans le vouloir, bien entendu... ! La honte de ma vie... car je n'ai pas réagi à temps pour les aider. Du coup LES ELEPHANTS: LE RETOUR!
Vous avez eu votre Halloween... Nous avons vécu, dans la nuit du 18 au 19 novembre, notre Nuit des Eléphants... et de très près!
A 23h05, je suis réveillée par un téléphone de M. Khadga: "Didi, il y a trois éléphants dans le préau de l'école, il faut allumer toutes les lumières"! Bon tant mieux, on a l'électricité... le temps de sauter du lit, d'ouvrir tous les volets, d'allumer toutes les lampes de l'appartement, je sors sur la terrasse, pour voir trois éléphants en train de se servir... les hurlements des ouvriers et de quelques villageois ne font pas grand chose, ces mastodontes sont en train de bouffer mes cocotiers! ! ! Trois de ces beaux arbres, 8 ans d'âge pour les plus vieux, vont y laisser leurs... branches et l'un d'entre eux va être arraché!!
Je suis furax pour mes arbres, mais quelle aventure et quelle joie de voir mes animaux préférés! Je tape tout de même de toutes mes forces sur la barrière entourant mon appartement afin de faire le plus de bruit possible. Je cours rappeler M. Khadga pour lui dire d'ameuter les villageois, il nous faut du renfort! L'un des éléphants essaie de sortir par la porte grillagée, au bout du chemin menant au temple, il est bien élevé... mais elle résiste et finalement, après plus de trois heures de hurlements, de préparation de feux pour les effrayer, de rires, de course pour se protéger lorsqu'ils font volte – face, on ne sait jamais, ils renversent nos palissades et s'en vont du côté de Barmajhiya - 9, le village de notre Président. Nous restons encore sur pied de guerre, buvons un bon café chaud et pour certains une bière bien fraîche, quelques biscuits nous réconfortent... c'est qu'il ne fait point chaud, à deux heures du matin, même si les ouvriers construisant notre école ont allumé un feu autour duquel nous échangeons nos impressions! Ici, pas de cinéma, pas de bistrot... mais une vie bien aventureuse! Nous suivons le chemin des éléphants en entendant les cris des villageois dans les villages alentours, de plus en plus éloignés... Mais rassurés, nous ne le sommes pas encore! Le moindre craquement de branche nous fait sursauter!
Au matin, nous apprenons qu'une horde de 11 éléphants s'est promenée dans les parages, et nous découvrons les dégâts... bon, on va replanter les arbres, celui qui a l'air d'un écorché vif, nous espérons qu'il ne va pas crever. Nous ramassons les branches et les noix de coco tombées à terre, nous irons les offrir à notre Ganesh bien aimé!
Quelle puissance que ces animaux! Je n'ai pu que très mal les photographier, dommage, je n'étais pas assez près. Bon, on peut s'attendre à une prochaine rencontre, ne dit-on pas: "Jamais deux sans trois" ?! ? Oui, vous avez raison... Deux c'est assez, trois c'est trop!
J'ai adoré vivre cette nuit ! Heureusement, dans la Koshi Tappu Reserve, il n'y a pas de tigres...!
Demain, puja, notre Ganesh retrouve ses pénates !
Les news de Gorpar- édition n°29
Eh oui, à peine fini de lire les news N° 28 que voici l'édition suivante... Douze jours de travail, d'un peu de repos au Malla hôtel, de course(s) à pied, en taxi pour trouver un nouveau cours pour Benju et dans de nouveaux centres commerciaux, pour acheter une paire de souliers afin d'avoir les pieds au chaud lors de mon retour en Suisse !
Des news un peu moins longues, car malgré toutes les aventures vécues ici, une certaine routine s'est installée. Oh, pas à Kathmandu, mais ici, en pleine nature, réveillée par les mêmes corbeaux qui sautillent, matin après matin, sur le toit de tôle ondulée au rythme d'un « ré-veil-le-toi » parfois endiablé ! J'ouvre la porte du salon, et suis au milieu des champs de blés qui jaunissent tranquillement, je regarde les oiseaux – de nombreuses espèces nichent dans nos arbres (ben non, je ne l'ai pas encore acheté ce satané livre des volatiles de la région et donc je ne connais pas leurs noms..., mais vous ne perdez rien pour attendre... !) – qui attendent leur pain quotidien. Je les régale, mais de temps en temps seulement, ils trouvent autour de nos bâtiments de quoi se nourrir « naturellement » ! Je contemple nos arbres, les derniers plantés grandissent à vitesse grand V, c'est étonnant ! Les fleurs ont besoin d'être arrosées... il va falloir que je le signale à Kudan. Le ciel est encore partiellement voilé de sa couverture nocturne en coton, le rais de fumée sortie des nombreux feux allumés par les villageois afin de protéger leurs bestiaux des attaques de moustiques se dissous aux rayons du soleil qui font danser quelques quelque poussière chez moi.
Ah oui, les moustiques... je parfais mes attaques, munie d'une bombe de brum – brum... ! Ils sont quelque peu plus agressifs qu'au printemps, mais heureusement, peu nombreux comparé à l'an dernier... Dès le crépuscule, ils sortent quelques fois en paire, mais mon arme fatale est prête ! Combat inégal, je suis piquée, mais eux... sont morts !
Le samedi 25 octobre, dernier jour de Tihar, jour de célébration des frères, je m'étais invitée chez Hariram, car je voulais assister à la première bénédiction d'Aman par ses 4 sœurs et le reste de la famille. Il est d'usage ici que LE fils – généralement l'aîné s'il y en a plusieurs dans la famille – prenne soin de ses parents bien entendu, mais également de sa ou ses sœurs, si la vie leur est particulièrement difficile (sœur non mariée ou veuve et rejetée par sa belle-famille). En fin de matinée, j'enfourche la moto que conduit Kudan (sans permis...) et nous voilà arrivés chez la famille Yadav au complet (grands-parents, leurs fils et femmes, leurs 6 petits-enfants et l'armée des voisins !).
Aman dort... J'admire les peintures toutes fraîches étalées sur les parois de la maison de Hariram, ainsi que par terre.
Aman dort... Je bois le thé offert, grignote quelques biscuits. Kudan mange de même. Hariram nous rejoint, ils discutent, j'essaie de comprendre, mais le maïteli, c'est pas facile !
Aman dort... Oh, il se retourne... Mais il dort...
Les filles viennent piquer quelques bonbons, Phul Maya, la femme de Hariram, boit une tasse de thé avec nous, grand-maman passe me dire bonjour.
Aman dort... Trois heures plus tard, le travail de mes rapports, n'avançant pas à ce rythme, je quitte la famille, laissant Aman dormir. Hariram me rapporte le lendemain, qu'à peine le pont franchi, Aman s'est réveillé ! Ben, évidemment... A l'an prochain, jeune homme !
La veille, les institutrices, Sochiendra et M. Khadga étaient venus me rendre visite et ont tous chanté un refrain typique, attirant Kudan et leur professeur d'anglais et nous avons célébré la déesse Laxmi, reprenant les paroles, frappant le rythme, vidant quelques bouteilles de Sprite et de Coca par la même occasion !
Après avoir terminé mes écritures, quatre journées bien remplies, croyez-moi, entre les rapports, les news, les Emails, l'envoi de l'invitation pour la vente de Noël 2014,... je sors de ma bibliothèque le livre que Jean Piat, acteur et comédien, paru il y a plus d'une vingtaine d'années, acheté à cette époque où j'en étais amoureuse (de Jean Piat, pas encore du livre !), après avoir suivi les aventures des « Rois Maudits » à la télévision, ce livre oublié dans ma bibliothèque de Lausanne et que j'avais tout de même emporté au Népal, « la vieille dame de la librairie ». Wouaff ! J'en suis encore scotchée... Lu en moins de 24h, une écriture qui coule, une aventure double, une expérience et un plaisir uniques, quelques larmes lorsque je le referme et le replace dans le rayons des « livres lus ».
Divers échanges téléphoniques et emails m'ont appris ces derniers jours que la formation théorique de Benju laisse à désirer. Elle n'a pas assimilé les bases de la philosophie Montessori, essentielles afin que nous puissions démarrer notre école. Michèle, amie belge d'Astrid et enseignante de cette méthode, actuellement au Népal afin de suivre les institutrices de la petite école qu'Astrid soutient à Tinchuli, et auprès de laquelle séjourne Benju, a bien heureusement attiré mon attention sur ce manque et j'ai donc contacté plusieurs centres de formation à Kathmandu, afin que Benju puisse rapidement être inscrite à un cours professionnel.
Je m'envole à nouveau pour une semaine à Kathmandu. Avec Benju, accompagnées de notre taximan Prakash, nous allons tout d'abord visiter le Early Childhood Education Centre à Ekantakuna, l'autre bout de la ville, près de Patan ! Puis c'est au tour du Nepal Montessori Training Centre sur Ring Road, et enfin, la Reading Angel Montessori training School, à Dhapasi. Le tout en deux jours, car les centres sont évidemment situés aux quatre coins cardinaux et traverser Kathmandu du Nord au Sud, c'est plus d'une heure et demie de trajet... !
Finalement, c'est au ECEC à Ekantakuna que Benju est inscrite, pour – dans un premier temps – suivre le cours d'Introduction au cours Step 1 à 4. Ce cours débute le dimanche 2 novembre, va perdurer 5 jours à plein temps. Il sera suivi ultérieurement du cours Step 1 à 4, organisé dès que 15 participantes seront inscrites... ! Je loge chez mon amie Aparna, qui accepte de recevoir Benju lorsque celle – ci reviendra suivre le Step 1 – 4. Je suis soulagée, c'est une maison sûre, et Benju bénéficiera d'une chambre individuelle, d'une salle de bains propre et d'Internet.
Les allées et venues entre Tinchuli (école d'Astrid), Buddhanath, Patan m'ont également permis de rencontrer Frank et Katherina, les premiers promoteurs de chulos au Népal. Dans notre région, ils doivent céder le pas à une organisation gouvernementale. Dite organisation va se charger de construire les prochains chulos dans les villages du district de Saptari. J'ai pris contact avec ses représentants, je suis intéressée à connaître leurs conditions... ! et à voir ce qui a déjà été réalisé !
A Patan, j'ai pu assister à la journée « d'expression artistique » sponsorisée par Vibbha Joshi Shrestha, fille d'Urmila et sœur de Manish. Le mari de Vibbha, ingénieur en Amérique, sponsorise un orphelinat et les quarante enfants qui y vivent sont invités à une journée de créativité : peinture, dessin, collage, musique, poème... Tous s'en donnent à cœur joie et ce fut un moment chaleureux, récompensé de chants, de productions artistiques et d'un fantastique gâteau bien crémeux !
Depuis quelques temps, j'en ai un peu marre de mes cheveux longs que je ne sais plus comment coiffer... et qui le sont évidemment toujours de la même manière. Je prends rendez-vous, sur le conseil de mon amie Aparna, chez Minu Chetri, sœur de l'une de ses amies. Grâce à Prakash, nous trouvons l'entrée de l'immeuble et je monte au 3ème étage... un sentiment un peu bizarre, confirmé par l'odeur s'échappant des WC à chaque étage... J'entre dans une chambre, dont le rose des murs est écaillé, sale par endroits, l'armoire de présentation bancale et contenant, éparpillés sur les rayons, quelques objets fanés et passés d'âge, trois chaises dont le cuir est percé, de vieux journaux et un linge sale traînent sur le divan... la « patronne » lave quelque chose derrière un rideau... Je décide que je ne vais pas la laisser couper mes cheveux, finalement, ils sont très bien... !
Je quitte la maison d'Aparna pour me retrouver au Malla hôtel. La saison haute bat son plein, l'accueil est mitigé, j'attends trois quart d'heure pour mon sandwich au poulet, trois heures que ma chambre soit prête, dans laquelle il faut changer une ampoule, replacer les rideaux sur leur rail et déboucher la baignoire !! Hôtel quatre étoiles, qui n'a plus les moyens de changer les nappes du petit-déjeuner, mais dont le jardin est toujours aussi magnifique et la piscine attirante ! Ce vendredi soir, j'ai invité Benju et ses comparses et nous nous retrouvons, sans Michèle qui a quitté la petite école dans l'après-midi, au Kitchen Garden, près de Buddhanath, où nous passons une très agréable soirée, à manger qui des springrolls, pizzas ou autres chowmein.
Ces demoiselles, cinq nonnes provenant de districts différents, sont adorables, modernes, mignonnes, intéressées à progresser dans leurs études, mais aussi en révolte pour certaines. Elles ont été destinées par leurs familles respectives à devenir nonnes, choix qu'elles n'ont pas fait ou pu contester dans leur enfance. Prises en charge dans le couvent d'Ani Choying Drolma, elles sont reconnaissantes infiniment de l'éducation reçue, mais aimeraient maintenant pouvoir choisir un future de femme, se marier, avoir des enfants... Le destin, pour elles choisi par leurs parents « d'aider les autres, d'être au service des autres », n'est pas celui auquel elles rêvent ou qu'elles choisiraient, si la question leur était posée aujourd'hui!
Dimanche, veille de mon retour « chez moi », je passe la journée à Bhaktapur, m'arrêtant sur le chemin afin de visiter l'école de Suresh et Bina. Plus de trois cent trente enfants y bénéficient d'un enseignement Montessori adapté, au sein d'une équipe dédiée au service l'enseignement ! De quoi rêver... des instituteurs qui enseignent !
A Bhaktapur, j'apprends que Tanka Lama est en Chine pour une exposition – vente et que sa fille aînée a enfin pu trouver un emploi dans un nouvel hôpital dédié aux cancéreux. Ashok, à qui j'avais donné rendez-vous, me dit que son école est fermée pour deux jours, un étudiant étant décédé accidentellement. Il n'a ainsi pas pu obtenir les papiers que je lui ai demandé de me fournir. Le délai est renvoyé au mardi 4 novembre... et hier, toujours rien. Bon, la bourse vacille dangereusement, j'espère qu'il en est bien conscient, lui qui n'a, depuis deux ans, fourni aucun des papiers que nous lui demandons !
Cette dernière soirée à Kathmandu, je la passe au Dwarika's, chambre 401, à préparer le voyage 2015 des personnes déjà inscrites à l'inauguration de notre école! Un vrai régal, dans tous les sens du terme. Une oasis de tranquillité, avant le brouhaha de l'aéroport, où, dès 5h du matin, quantité de touristes attendent de pouvoir décoller et survoler les montagnes. Mais le brouillard est la cause d'annulations massives de ces vols, faisant nombres de frustrés. Mon avion va par conséquent avoir deux heures de retard. « Fly on time » prétend la publicité ! Eh bien, malgré tout, c'est une attente bien récompensée : la chaîne des montagnes est EPOUSTOUFLANTE, MAGNIFIQUE, à vous couper le souffle ! Je pars de Kathmandu les yeux émerveillés, emmitouflée dans une jaquette et une veste polaire, et arrive, trente-cinq minutes plus tard à Biratnagar, par 36° ! Le temps de quelques achats de légumes, fruits et diverses denrées culinaires et nous voilà en route pour mon coin de paradis !
Demain arrive le constructeur, tant mieux, car la construction de l'école a pris beaucoup, beaucoup trop de retard. Il va être nécessaire de donner un bon coup de pied dans la fourmilière... !
L'école ?... et bien... comment dire ?... en vacances, évidemment !
Les news de Gorpar - édition n°28
Abandonnés, abandonnés... oui, bon d'accord, je ne vous ai pas écrit depuis... houlà... cinq semaines déjà ! Dieux que le temps passe vite ! Mais j'ai une excuse, le train d'enfer que j'ai emprunté depuis mon retour au Népal.
En fin de mon dernier message, j'avais oublié de vous dire que depuis mon retour, le fils de Yamuna, quatre mois et demi, passe ses journées chez moi ! Ce bébé est extraordinaire, vraiment ! Il sourit, rit, mange et dort toute la journée, gazouillant dès son réveil et nous racontant sa vie...
Bon, je reprends avec les anecdotes, tout d'abord celle de la chauve-souris ! Dans la nuit du 17 au 18 septembre, j'entends un grand fracas... paresseuse à mon habitude, je me dis que demain matin sera bien assez tôt pour constater les dégâts. A mon lever, qu'est-ce que je découvre ? une chauve-souris morte – sur le coup probablement – aux pieds de mon secrétaire (en bois, pas vivant... ! de toutes façons, je fais tout moi-même !!). Elle a dû être désorientée et s'est fracassé la tête contre le mur de la salle de bain.
Ce même jeudi, arrivent MM. Ganga Yadav et son traducteur (M. Yadav est sourd), afin de visiter notre Centre de santé. Tous deux rencontrés à Lahan, voulaient voir nos installations avant l'organisation du premier camp orthophonique ! Les voilà rassurés, qui nous assurent que leurs spécialistes resteront le temps qu'il faut afin d'examiner tous les enfants et villageois qui le désirent ! Le camp est confirmé pour les 9 et 10 novembre prochains. Il est prévu qu'environ 300 enfants et adultes seront examinés. Les cas les plus difficiles seront référés à l'hôpital de Lahan, le Choudhary Eye Hospital, Unité ENT, hôpital avec lequel nous sommes déjà en relation pour nos camps ophtalmiques. Une nouvelle affaire qui roule !
La fin de la semaine voit se dérouler notre quatrième camp ophtalmique. Oh là là... que de progrès ! Le premier jour, les médecins sont « armés » d'une sorte de scanner à main. Ils visent les yeux des enfants, et l'appareil décèle de suite si tout est OK ou s'il y a un défaut. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, 228 enfants sont examinés ! Deux devront porter des lunettes et plusieurs reçoivent des gouttes afin de soigner quelle qu'infection.
Le second jour du camp est dédié aux villageois. Deux cent d'entre eux se présentent et vingt-sept vont être opérées de la cataracte. Une personne doit subir une petite opération d'un abcès et une jeune femme, fille de l'une de nos Swamsebikas, doit subir une opération « majeur », dont – et vous me pardonnerez – je n'ai pas retenu le nom !
Ce camp à peine terminé, les assiettes encore humides, c'est branle-bas de combat ! Arrive le team qui va animer notre premier camp pour « early childhood children with handicap ». Organisé en collaboration avec la Cerebral Palsy Nepal Association de Dhapakhel, soutenue financièrement par la Fondation Audrey Jacobs, le Dr. Rikesh, médecin à la CPN, accompagné de la Drse Birgit Fritzweiller, docteur allemande, du physiothérapeute Manosh (CPN), de deux homes visitors et du chauffeur, arrivent à 22h chez nous. Nous installons les trois messieurs dans les chambres du Centre de santé, alors que Birgit et l'une des homes visitors prennent leurs quartiers chez moi.
Les 21 et 22 septembre, 30 enfants avec handicap – extrêmement sérieux pour la plupart – vont être amenés et examinés. Je remarque que le Dr. Rikesh, spécialiste pourtant, ne touche aucun de ces enfants... ! Laissant le soin à la Drse Birgit de les manipuler dans tous les sens. Elle en sort le soir épuisée, un peu défaite : elle a rarement rencontré de tels handicaps et ne sait quoi trop conseiller aux parents. Nous imaginons ensemble la possibilité d'accueillir ces enfants deux jours par semaine dans notre future école Montessori. Celle-ci sera fermée les samedi et dimanche, mais peut, ces deux jours, ouvrir ses portes à ces enfants terriblement atteints dans leur santé et surtout, jouer un rôle d'aide et d'appui pour leurs parents. Ce sont souvent les grands-parents qui s'en occupent, soit parce que les parents sont partis chercher fortune ailleurs, soit parce qu'ils doivent travailler. Nombre d'entre eux sont très inquiets de l'avenir réservé à ces enfants...
Nous avons bien entendu été confrontés aux handicaps mentaux, physiques, quelques fois contournés comme avec ce petit garçon qui ne peut bouger ses bras (ils ne lui obéissent pas), mais qui peut écrire et composer un N° de téléphone grâce à ses pieds ! Il est grand temps de ne plus en perdre et de l'envoyer à Dhapakhel, afin de pouvoir l'aider à s'exprimer.
Il y a aussi cette petite fille, aux jambes... mon Dieu, comment dire ? Et ce bébé de 2 ans, nourri de gouttes de lait, de trois grains de riz et de médicaments ? Cette jeune fille de 13 ans née avec deux pieds bots ?
Et tant d'autres...
En particulier notre Head Master... dont nous n'avons toujours pas découvert la profondeur de son « ego-maladie ». Epidémie assez répandue dans la région et touchant particulièrement nos instituteurs du degré secondaire !
Imaginez... Achetés en juin avant mon départ, quelques deux mille cahiers destinés à être distribués gratuitement aux enfants (20 ans de la même pratique...), sont entreposés dans la salle de musique. Le 21 septembre, les institutrices primaires viennent me dire que les enfants ont besoin de cahiers. Je leur réponds que je vais demander à M. Khadga d'en acheter et qu'elles pourront les distribuer dès réception. « Non Didi, les cahiers sont dans la salle de musique ! ». Bien, alors distribuez – les ! « Non Didi, le Head Master a interdit que nous les distribuions, ils doivent être achetés par les enfants ! Nous avons dû signer un papier pendant ton absence, selon lequel nous ne les distribuerons plus gratuitement ! ».
Avez-vous déjà expérimenté le fait que votre sang ne fait qu'un tour, avant que vous n'explosiez ? Je demande à Kudan d'ouvrir la porte de la salle de musique. Avec Hariram, ils montent les paquets de cahiers sur ma terrasse, afin que les insectes qui y logent depuis trois mois disparaissent. Nous emmenons ensuite les paquets de cahiers jusqu'au bâtiment de l'école primaire et les institutrices commencent la distribution. Le Head Master arrive vers elles et commencent à les insulter – Vinita et moi également – et nous interdit de donner dits cahiers aux enfants ! Evidemment, j'ouvre tranquillement les paquets et lui rétorque que je me passe de sa permission. Il décide alors d'aller devant le juge ! J'aimerais bien qu'il y aille en fait... il s'y trouverait face à sa stupidité !
La distribution a eu lieu, tous les enfants, de tous les degrés, ont reçu leur dû ! Comme nous étions à la veille du festival Dashain, correspondant à notre Noël, Vinita et moi avons procédé à cette remise sous forme de cadeaux aux enfants ! Nous n'avons pas autorisé les institutrices à toucher les cahiers, de manière à ce qu'elles ne puissent être accusées d'avoir transgressé les lois du Head Master...
Le vingt-cinq septembre, Benju, Sapana, Nutan et moi plantons quelques graines d'herbe spéciale, utilisée lors des puja de Dashain et qui sont, une fois germées, offertes à ceux que l'on béni pour leur souhaiter prospérité et santé tout au long de l'année qui suit. Nous sommes le premier jour de Dashain, appelé Navaratri. Pas de Head Master ou d'instituteurs de secondaire, ils sont eux déjà en vacances, alors que les étudiants sont en classe... !
C'est aussi la journée qui voit la dalle du premier étage de notre Montessori être coulée ! Avec un peu de retard sur le planning prévu, dû en grande partie à la mousson, mais aussi au fait que l'un de nos principaux sponsors ne nous a pas encore aidés financièrement. Enfin, l'équipe des travailleurs est maigre, les travaux des champs occupant nombre de paysans indisponibles pour nous.
Un orage du diable va animer notre nuit du 26 au 27 septembre... A nous demander si nous pourrons partir en excursion ! Celle – ci est prévue avant le départ de Vinita et nous emmenons les institutrices de primaire, ainsi que Sochiendra, visiter la Koshi Tappu Reserve. Nous y verrons un grand nombre d'oiseaux grâce à un guide dédié à son travail, visiterons quelques villages environnants, boirons bière, thés et sprite avec plaisir, ferons un peu de shopping (légumes, fruits, et même tentative d'acheter une chèvre et lui sauver la vie avant le carnage qui va suivre), et rentrerons heureux d'avoir passé une magnifique journée en si belle et amusante compagnie !
Il est temps pour Vinita de repartir en Suisse et pour notre Drse Sybille Keller d'arriver ! Elles vont se croiser à Biratnagar, l'une repartant par l'avion que l'autre a emprunté ! Merci à Vinita de son engagement auprès de nos institutrices et instituteurs qui ont suivi ses cours d'anglais avec passion.
Sybille est accompagnée de Rukmani, son assistante à Kathmandu. Le camp dentaire débute le 29 septembre, par deux jours consacrés aux enfants de l'école. 286 enfants, 827 « sealing – filling » et 5 extractions plus tard, c'est au tour des 102 villageois de venir se faire traiter. Ce sont 95 extractions et 62 plombages qui seront réalisé par notre team de choc pendant les 8 jours que va durer le camp dentaire 2014 !
Pour ma part, je rencontre plusieurs de nos boursiers : Ashok qui poursuit ses études d'ingénieur, Parmanand qui a terminé les siennes et peut revendiquer le titre d'instituteur, Mukesh, notre étudiant avec handicap, qui reçoit sa bourse grâce à la Fondation Audrey Jacobs, et Anand, qui va rejoindre Dipesh pour commencer des études d'ingénieur civil à Butwal.
Le 2 octobre, me voici à nouveau à Biratnagar, afin d'y accueillir Fiorella Grill et son mari Roberto Rollier. Fiorella est la Présidente de l'Association Namasté Mara Mosca en Italie et souhaite être présente pendant le camp dentaire. Tous deux partagent mon « chez moi » et nos aventures, puisque dans l'après-midi, juste avant notre retour de Biratnagar, le Centre est en ébullition ! Une femme est amenée par sa parentèle. Elle a été attaquée par son beau-frère mentalement dérangé, elle souffre de profondes blessures à la tête, sur le haut du corps et aux mains, blessures qui nécessitent son transport urgent dans un hôpital une fois les premiers soins donnés par Sybille et Rukmani. Cette pauvre femme va mourir une semaine plus tard, atteinte d'un cancer incurable.
Le lendemain matin, nous apprenons qu'un cousin de M. Khadga a été tué devant sa maison, alors qu'il cheminait sur la route aux aurores. Le chauffeur du bus ne s'est pas arrêté, mais il va être dénoncé par les passagers, dont quelques uns ont été blessés lors de l'accident. Il est en prison, maigre consolation pour la veuve et les orphelins.
Les journées se déroulent en discussions, planification des nouvelles normes pour le centre, contrôle de propreté et de soin du matériel, meetings avec les employées du Centre de santé afin de les informer sur les nouvelles orientations du HCC et les décisions prises, tant en Italie que sur place. Benju a accepté d'être l'interprète de Fiorella, ce qui lui facilite la communication avec nos infirmières.
En fin d'après-midi, ce 5 octobre, une jeune parturiente se présente au Centre ! Et c'est à nouveau le miracle : après bien des heures de travail, la toute jeune maman donne naissance à un tout petit garçon de 2 kilos tout juste ! Il est tout fripé, a une tête déformée par son voyage natal, il faut le ranimer, mais il est tout choupinet ! Celui-ci, c'est un têtard, il va falloir beaucoup le nourrir pour qu'il devienne crapaud... !
Le 6 octobre marque la fin du camp dentaire. Nous visitons la construction du bâtiment Montessori, pour découvrir encore des défauts, un mur qui n'est pas à la bonne place, des escaliers qui ne servent à rien, une porte que l'on ne pourra pas ouvrir... Du travail de correction pour notre constructeur !
L'inspection du HCC révèle que le nettoyage n'est pas proprement fait, des médicaments sont mal disposés, des instruments gisent dans l'autoclave et ne sont pas stérilisés, la poussière siège en de nombreux endroits, propice aux nids d'araignées et à diverses familles d'insectes dont quelques grenouilles raffolent ! La mise en garde de Fiorella est plus que sérieuse : elle insiste sur l'engagement demandé à chacune, sous peine de devoir congédier le staff actuel et le remplacer par des employées plus efficaces.
Mais il est temps de préparer nos bagages : Fiorella, Roberto et Rukmani repartent pour Kathmandu, alors que Sybille et moi allons passer 8 jours à Darjeeling, au Sikkim à Gangtok et terminerons notre périple à Kalimpong. Nous embarquons dans deux taxis, bagages obligent et nous nous séparons à Inarawa. Eux pour se rendre à Biratnagar et nous nous dirigeons vers Kakarbitta. Nous y retrouvons notre guide et notre chauffeur, car à frontière Népalo-Indienne nous devons abandonner Umesh. Nous passons au bureau de l'immigration népalaise, puis à celui de l'immigration indienne et nous voilà en route pour Darjeeling. Nous avons, en fin d'après-midi, le temps de visiter cette ville, sale, polluée, encombrée de voitures, surpeuplée à cette époque de vacances et de festival indou. Bien entendu, nous ne coupons pas à l'achat de thé, authentique provenance assurée, et nous logeons dans un hôtel très sympathique, un peu moderne, mais dont le propriétaire est aux petits soins et nous apporte une bouilloire pour la nuit ! Tant mieux, car il ne fait pas chaud, nous qui avons quitté 36° ce matin pour nous retrouver à une bonne quinzaine de degrés en ce début de soirée ! Un repas trop épicé à mon goût dans un bui – bui tibétain et au lit !
Levées à 5h30 par notre hôte attentif, nous voilà en pyjama sur la terrasse, à observer le Kangchenjunga dans toute sa splendeur. Le Cervin peut aller se rhabiller... Wouaff !! Epoustouflant !
Après un petit-déjeuner copieux, visitons le zoo du coin et y découvrons tigres, léopards des neiges, pandas rouges et autres bêtes à fourrure, oiseaux divers et insectes que nous tenons à distance. La visite du musée et du centre d'alpinisme construit par Sir Hillary n'est pas particulièrement enthousiasmant, pour moi, qui obligatoirement pense à ces fous qui veulent impérativement être confronté à la montagne. Bon, à chacun son karma, nous en aurons la preuve lors de l'arrivée du cyclone, une dizaine de jours plus tard, et qui fera 29 morts au Népal ! Vite, vite, nous repartons pour nous embarquer sur le « toy train », Darjeeling exclusivité inscrite au patrimoine de l'UNESCO ! Une heure pour parcourir 8km, dans un boucan infernal ! Mais rires et photos se succèdent, on plonge dans la chambre à coucher des uns ou dans la cuisine des autres, on frôle les étals des marchands qui retirent leurs pieds et sommes envahis par les scories qui s'échappent de la chaudière...
Notre chauffeur nous attend à Ghoom et nous repartons visiter en voiture le Ghoom bouddhiste monastère, puis la Happy Valley Tea, plantation et fabrique de thé. Cette dernière escale est totalement nulle car – étant donné le trafic impossible sur les routes menant à Darjeeling – nous arrivons trop tard et la fabrique ne fabrique plus rien pour la journée... ! Yogesh, notre charmant jeune et affriolant guide nous emmène alors au marché : il a deviné notre fringale de shopping ! Et nous nous en donnons à cœur joie ! Diner et re – bouilloire ! Le Kangchenjunga est toujours à la même place !
Jeudi 9 octobre, départ pour le Sikkim. Nous nous arrêtons en route à Lamahatta, chez des amis de Sybille. Il y a 5 ans, elle y avait conduit un camp dentaire et leur apporte quelques dizaines de photos souvenir ! Nous y sommes reçues comme des reines et ne pouvons en repartir qu'après un excellent déjeuner concocté spécialement à notre attention avec les produits – très nombreux – de leur jardin bio ! Il est temps de partir, la pluie va nous accompagner jusqu'à Rangpo, où nous devons nous arrêter pour les formalités, au poste d'immigration : le Sikkim est sous protectorat indou, à la suite du départ des Anglais... enfin c'est tout une histoire ! Quelques heures plus tard, nous arrivons à Gangtok, ville un peu moins sale, un peu moins polluée, un peu moins encombrée et très en pente ! L'hôtel où nous allons loger est très moderne et pue carrément le produit désinfectant. Les chambres sont agréables, les draps propres... mais la salle de bains est fournie d'une grande fenêtre sous plafond, non fermée, mais juste encombrée de plusieurs plaques de verre inclinées et donnant sur le couloir : alors bienvenue aux bruits, de la réception, des clients de l'hôtel, des employés, mais également de tous ceux que les clients – et nous par analogie – faisons dans notre salle de bain ! Vive l'intimité !
Nous commençons nos visites par le fameux monastère Rumtek et son musée, puis l'Institut de Tibétologie, dont les 30'000 volumes n'ont plus de secrets pour nous. Sur le chemin, nous ne pouvons nous passer de faire quelques emplettes et de manger, du poisson grillé pour ma part ! Nous nous rendons à une exposition d'artisanat, après avoir visité une exposition d'orchidées, dont le 90% n'est pas en fleurs... ce n'est pas la saison ! On pourrait peut-être l'oublier, la visite, sur le programme, en automne, non ? Mais nous mangeons sur le Gangtok Mall dans un bon restaurant – pour moi ce sera des momos !
Frustrées par notre visite des orchidées non fleuries, nous demandons à Yogesh de nous emmener au Gangtok Enchey monastère, l'un des plus vieux du Sikkim. Il nous emmène ensuite visiter un parc fleuri – celui-ci – et nous autorise encore une heure de shopping ! Après quoi, en route pour Rangpo, lunch et passage de la frontière, nous voilà en Inde à nouveau. Direction Kalimpong.
Et c'est le nirvana... Une ville propre, enfin autant que nous pouvons en juger, et une arrivée à l'hôtel Himalayan. Un ancien manoir anglais, toujours entre les mains de la famille MacDonald (troisième génération), transformé en hôtel accueillant, avec une âme et une histoire. Nous décidons d'y rester pour la fin de la journée et libérons guide et chauffeur. Sybille va occuper la chambre où a dormi le Dalaï Lama lors de sa dernière visite, et je vais plonger dans le lit qu'à occupé Richard Gere... Nous nous sentons transportée au septième ciel, dégustant un apéro devant un paysage magnifique, emprunt de senteurs diffusées par les plantes et les arbres, après la pluie et au son des chants d'oiseaux pas effrayés pour deux sous. Notre guide ayant annoncé notre venue et notre désir de tranquillité, les autres clients sont entreposés dans les deux bâtiments modernes adjacents, nous laissant bénéficier de ce fabuleux bâtiment à notre guise.
Malheureusement, Yogesh vient nous annoncer le décès de son grand-père maternel. Depuis quelques jours déjà, il semblait inquiet et préoccupé. Il repart immédiatement à Darjeeling et nous présente Arthos (ce n'est pas une plaisanterie), qui va nous accompagner les deux derniers jours de nos vacances. Ce soir, c'est fête, alcool et nourriture sont parfaits, un peu trop pour mon amie, que je quitte pour une nuit de rêve !
Nous allons passer ces deux derniers jours en visites, du monastère de Durpin tout d'abord et qui nous offre une magnifique vue de la ville de Kalimpong et de quelques sommets bhoutanais. Une exposition de fleurs et de plantes grasses se tient à quelques encablures, nous y passons un passionnant moment. Nous flânons encore dans les rues de Kalimpong, mais notre hôtel nous tend les bras et nous y retrouvons quiétude et calme. Une sieste plus loin, promenade dans les jardins, apéro, repas succulent... nous rentrons demain.
Départ à 6h30, car notre avion, à Bhadrapur n'attendra pas. Surprise, les 5 heures de voyage se transforment en une échappée belle, et c'est vers 10h déjà que nous nous retrouvons saines et sauves à la frontière Indo-Népalaise. Re – belotte des visas et tampons, adieux à Arthos et à notre chauffeur, embarquement dans un taxi « népalais » et direction l'aéroport où nous arrivons alors que le ciel est bien gris. Pourvu que nous puissions partir... il nous reste plus de trois heures à patienter. Bon, alors bière et momos nous font passer le temps ! Notre avion part à temps, le cyclone venant d'Inde est sur nos ailes ! Nous débarquons sous la pluie à Kathmandu. Prakash Djim, mon taxi man nous attend et nous conduit à l'Hôtel Malla. Dans la nuit un terrible orage s'abat sur tout le Népal et en montagne, va provoquer plusieurs avalanches et emporter 29 vies. La rançon est payée à Dame Nature...
Dès notre retour à Kathmandu, notre vie de Pieds Nicklés reprend ses droits. Après un bon repas au Dechenling et une belle nuit au Malla, Sybille et moi avons rendez-vous chez Anita, responsable de l'organisation s'occupant des chulos. Nous échangeons les dernières nouvelles et Anita nous invite à participer, le lendemain à Dhulikel, à la remise des diplômes des nouveaux constructeurs de chulos, un séminaire y prenant fin. Nous acceptons, mais auparavant, nous partons pour le Dwarika's, je dois y payer mes billets d'avion et Sybille souhaite faire la connaissance de Prabin, le responsable de l'agence de voyage. Nous repartons visiter le Lions Eye & Dental Club, où Sybille a travaillé et fait connaissance de la famille du jeune népalais qui, vivant en Allemagne, lui tient quelques fois compagnie.
J'accompagne Sybille jusqu'au SKMH – Shushma Koirala Memorial Hospital – afin d'y faire la connaissance des Drs Jaswan et Santosh, actuels responsables N° 1 et 2 de l'hôpital. Le Dr Santosh me confirme que je peux leur envoyer la jeune fille aux pieds bots à n'importe quel moment, ils pratiquent de telles opérations très régulièrement et n'attendent pas d'équipes étrangères pour s'y atteler.
Rentrant à l'hôtel seule, sachant que la journée de demain se passera en compagnie de Sybille, Anita et KP, je m'installe dans ma chambre et ouvre mon ordinateur, clippe ma clef donnant accès à Internet et découvre quelques Emails. Nouvelles du monde, des rencontres à fixer, mais aussi du décès de l'une de nos membres de l'AGS. Triste nouvelle, répercutée dans les nouvelles que j'écoute sur la BBC... Monde de fous...
Ce matin 15 octobre, je déménage à l'hôtel Shanker où doit s'installer Michèle et son team de choc(olats aussi !). Je pars rejoindre Sybille et nous voici embarquées pour Dhulikel. Une jolie cérémonie clôt dix jours d'apprentissage de construction de chulos. Une quinzaine de personnes ont été recrutées et bénéficient maintenant d'un métier et d'un savoir – faire qui va leur changer la vie. De retour à l'hôtel, j'apprends par téléphone que Michèle est en attente – plus de 4heures – que leurs visas pour le Népal leur soient accordés ! Adieu shopping... Michaela devra attendre Pokhara pour les cadeaux prévus !
Nous passons une bien agréable soirée en compagnie de la propriétaire de l'hôtel et de son mari, qui veut absolument me marier à son oncle, veuf récent, mais charmant... Tout à coup, il se rend compte qu'il agit comme son père, en « mariage entremetteur » et nous partons tous d'un grand rire !
Les deux prochains jours vont être plus qu'occupés : je rends visite à Suresh de la Cerebral Palsy Nepal à Dhapakhel, en compagnie d'Astrid. Sybille est là, qui contrôle la denture des enfants et des adultes ! Nous nous disons au revoir, la larme à l'œil, nos aventures ayant pris fin pour l'instant, mais rendez-vous est déjà pris pour le 10 avril 2015 ! Astrid et moi repartons sur Kathmandu pour visiter quelques fournisseurs, nos ventes de Noël approchant. Le restaurant « chez Caroline » nous permet de déguster un excellent repas – frugal en ce qui me concerne, mon estomac ne suit plus – à l'occasion de l'anniversaire d'Astrid, fêté tardivement !
Vendredi, je partage mon petit déjeuner avec Aparna, mon amie de toujours. Arrive Astrid qui devait imprimer le formulaire de prolongation de son visa dans une boutique de Thamel. Au moment de peser sur le bouton... pfuit, plus d'électricité ! Elle s'installe au centre Internet de l'hôtel Shanker où je loge et dès que nous avons trouvé le truc pour imprimer correctement son document, disparaît pour aller au bureau de l'Immigration ! Je me rends pour ma part chez M. Pyiakurel, constructeur, qui arrive avec une heure et demie de retard. Je ne sais pas vous, mais moi, les gens qui arrivent en retard aux rendez-vous, cela m'exaspère, d'autant que mon programme est chargé ! Nous cavalons d'expositions de carrelages en expositions d'articles WC, douche, lavabo.
Sur le chemin du retour à l'hôtel, je suis arrêtée au beau milieu d'une démonstration de divers partis politiques, Congres et autres, un cortège de bien 2 kilomètres ralentissant la circulation. Prakash m'accompagne pour quelques achats, me montrant de nouvelles boutiques, puis me ramène à l'hôtel où j'attends notre Président. Arrivé à Kathmandu pour faire examiner son épouse qui a un problème de santé, ils ont été retardés sur la route par un accident. Le rendez-vous chez le médecin est agendé une nouvelle fois, au lundi 20 octobre. Que faire en attendant ? Nous dinons au Shanker et prenons rendez-vous pour le lendemain. Je passe la journée avec Benju, mais Prakash sera à leur disposition, afin de les emmener découvrir Swayambunath et quelques autres temples fameux de Kathmandu.
Je déménage à Patan en fin de journée, car je désire passer quelques heures en compagnie de mon amie Urmila, dont la santé est bien fragile. Je retrouve Astrid pour un déjeuner en compagnie de Julia au restaurant « chez Caroline ». Heureusement, Astrid me met en garde quant à la formation tronquée de Benju et ses manques en matière de connaissance de la philosophie et de la méthodologie Montessori. Du coup, je me mets à la recherche d'un cours complémentaire, que je vais finalement trouver chez ECEC (Early Childhood Education Centre à Chabahil). Astrid partant pour la Suisse en soirée, c'est un au revoir en Suisse que nous nous disons, et je passe le reste de la journée chez Urmila, en compagnie de sa fille Vibha, de son fils Manish et de son mari. Nous feuilletons quelques albums de photos, remontons à son mariage !
Notre habituelle momos party terminée, je rentre au Newa Chen pour y préparer mes bagages. J'emmène demain à nouveau plus de 48 kilos de bagages... à Gorpar.
Toujours avec Prakash, j'arrive à l'aéroport, ce 20 octobre, et y retrouve, après plus de 10 ans de silence, Aruna Upretty, Dr. Aruna, spécialiste femmes et enfants, en mission dans le Sud Ouest pour l'UNICEF ! Nous échangeons nos numéros de téléphone, nous promettant de nous appeler et nous revoir bientôt. Michèle et son team rentrent de Biratnagar sur Kathmandu après leur visite de plusieurs camps ophtalmiques organisés par IrisAsia, la Fondation de Michèle et malheureusement, nous nous croisons à l'aéroport... Après quelques achats de légumes, fruits et articles ménagers, en route pour Gorpar.
Que je suis contente d'être enfin de retour CHEZ MOI, au calme !
Mais pas pour longtemps ! Dès le lendemain matin, je constate qu'à nouveau une souris a rongé la boîte à pain Tupperware y laissant un gros trou, le manche en bois des couteaux de mon plateau à fromages, mais pire encore, le couvercle de la machine à pain ! Cette fois, ce n'est plus une bataille, c'est la guerre ! Hariram et Kudan sont sommés de la trouver. Tout est à nouveau chamboulé dans la réserve et dans les meubles de la cuisine. Je dois les quitter, car à 9h00, meeting avec les membres du comité du Centre de santé.
A mon retour, victoire ! Elle est bien là, attrapée grâce à un morceau de noix de coco disposé dans une trappe ! Soulagement et contentement... nous avons gagné ! Kudan installe encore un treillis devant la fenêtre de la réserve, on ne sait jamais ! Et moi, j'attaque ma liste d'Emails à écrire ou auxquels je dois encore répondre.
Il me faut retourner à Kathmandu la semaine prochaine afin d'inscrire Benju à l'ECEC, il me reste 5 jours pour écrire mes news, mes rapports et contrôler les comptes. Le HCC ferme ses portes pour une semaine, l'école pour 10 jours, c'est Dipawali, la fête des lumières. Nous décorons la maison de multiples guirlandes et bougies, qui illumineront ce soir le bâtiment de l'école. Samedi se sera « baï tikka », la bénédiction donnée aux frères par les sœurs. Je me suis invitée chez Hariram pour vivre cette cérémonie avec sa famille ! Maintenant qu'un fils leur est né, ce sera amusant de voir les 4 sœurs s'agenouiller devant lui... !
Me voilà au bout de ce long voyage, je vois que vous baillez... ! Reconnaissez tout de même que vous l'avez demandé, attendu même... !
Les news de Gorpar - édition n°27
Deuxième année de mon installation au Népal
Je vous ai quittés le 20 juin dernier, lors de mon retour en Suisse, en même temps que je laissais le soleil au Népal !
Quel été... chaud de rencontres amicales, de déplacements inattendus, de multiples activités tant familiales, amicales que liées aux recherches de fonds, afin de faire vivre notre Association, de barbecues partagés, d'un souper de soutien qui à nouveau a réuni des amis fidèles, de journées « shopping », afin de supprimer les articles demandés par Benju de sa liste des courses indispensables ! (je n'ai pas tout trouvé, malgré les 80 kg de bagages empaquetés !), de lectures, encore et toujours, et de visites médicales, pour apprendre que je suis en pleine forme et que tout va bien ! Je remets donc le couvert pour une année !
Mais quelle pluie et quel froid ! Moi qui laissais derrière moi la saison de la mousson, je l'ai retrouvée, température en moins, chez « nous », avec désagrément ! Et on parle du réchauffement climatique ? Est-ce cela qui vous attend ? Des étés pourris ? D'accord, j'exagère, il y a eu quelques belles heures ensoleillées... !
Après avoir fêté les 8 ans de ma première petite-fille, j'ai atterri le 5 septembre à Kathmandu. Vinita m'y attendait depuis deux jours. Après avoir rencontré le responsable de la construction de notre école Montessori, nous avons toutes les deux visité Swayambunath, puis nous nous sommes régalées d'un excellent lunch « Chez Caroline ». Une visite chez mon amie Urmila m'a impressionnée, tant elle est en mauvaise condition physique. Sa santé s'est fortement dégradée depuis le printemps et ces quelques jours que nous avons passé ensemble chez moi. Elle est devenue encore plus petite, encore plus mince, encore plus fragile...
Le dimanche 7 septembre, nous nous envolons à l'heure pour Biratnagar ! Umesh Dji nous attend à l'aéroport et nous partons faire quelques courses au Nepal Bazar : de la farine pour nos futurs pains, des cahiers pour les institutrices qui suivront les cours d'anglais dispensés par Vinita pendant son séjour. Puis nous traçons la route jusqu'à l'école, où nous attendent les employé-es et où nous sommes fleuries. Pas de cérémonie de bienvenue organisée, alors nous invitons les institutrices présentes et M. Khadga à participer à une tea-party improvisée, au cours de laquelle nous entonnons des chants de bienvenue et d'amitié retrouvée !
Dès le lendemain, bien que l'école soit fermée pour cause de festival (Anand Chatur Dassi, soit naissance de Shiva), Vinita et moi nous nous mettons au travail. Elle donne ses cours, aux institutrices de primaire, aux aides de Benju, à Anita du HCC... A 9h, je suis au Centre de Santé, en discussion avec Anita et Kanchen. Cette dernière a reçu sa lettre de démission en juin et devait quitter le HCC au 31 août dernier. Grâce à Michèle, qui sponsorise son salaire, elle restera finalement jusqu'au 31 décembre prochain, car entre–temps, elle a trouvé un nouvel emploi, à l'hôpital où elle a étudié. Nous sommes bien évidemment heureux pour elle, qui orientera son avenir professionnel différemment qu'au sein de notre petite équipe. Pendant les 4 prochains mois, elle est chargée de collecter toutes les informations nécessaires à l'établissement d'une base de données relatives aux maladies les plus répandues dans la région, ainsi qu'au nombre plus ou moins exact des habitants de la région. D'autre part, deux fois par semaine, elle se rend – en ma compagnie – dans l'un des 11 villages environnants, afin d'établir ce recensement, et de lancer une campagne de « prévention sanitaire », par exemple en martelant combien il est important, afin d'éviter des infections de peau, de se laver régulièrement, et d'apprendre aux enfants à se laver. A terme, j'imagine qu'il nous sera plus aisé de distribuer du savon que des médicaments !
Avec Anita, je planifie les prochains camps de santé. Nous commençons avec le camp ophtalmique, prévu pour les vendredi 19 (journée dédiée à l'examen des enfants) et samedi 20 septembre, journée réservée pour les villageois. Ce camp est sponsorisé par la Fondation Vision for All, dont le Prof. André Mermoud est le Président.
Les 21 et 22 septembre se déroulera le premier camp destiné aux très jeunes enfants souffrant d'un handicap physique ou mental. Quatre médecins, physiothérapeutes et autres spécialistes étrangers sont attendus, afin d'examiner une trentaine d'enfants et conseiller les parents et la famille des soins à leur donner. Ce camp est organisé par l'association Palsy Nepal en collaboration avec la Fondation Audrey Jacobs, présidée par Astrid Beseler.
Dans la foulée, nous informons les Swamsebikas que le camp dentaire se tiendra du 29 septembre au 6 octobre, les deux premiers jours étant réservés au contrôle des enfants de l'école, puis les villageois pourront bénéficier des soins accordés par notre Dr Sybille Keller. Ce camp est sponsorisé par la Fondation Eagle, dirigée en Suisse par Bhavna Diurzinsky.
Apprenant par Anita que le compte bancaire du HCC a été bloqué par le nouveau directeur de la Nepal Bank Ltd, nous nous rendons dès le lendemain sur place. Les « rules and regulations » ont changé... ! Tient donc... voici 9 ans que nous avons ouvert notre compte et tout à coup, les règles changent, sans que nous soyons informés ! Bon, cela prend environ cinq minutes avant qu'il ne déclare le compte à nouveau ouvert ! Mais, et il a raison, nous allons mettre dit compte à jour : chaque signataire doit présenter de nouveaux papiers, deus photos, signer trois documents... bureaucratie oblige, nous nous plions à toutes les demandes de ce monsieur, sachant que quelques uns des employés précédents sont en prison pour corruption ! ! A ce jour, la situation est clarifiée, et nous sommes en accord avec toutes les règles imposées. Ouf... !
Les étudiants viennent me soumettre leur demande pour l'organisation du voyage de la classe 10. Un courrier, signé de leur part à tous, m'informe qu'ils veulent partir pour leur voyage d'études. Je leur montre comment présenter une telle demande, précisant les dates du voyage, les lieux qu'ils souhaitent visiter, le nombre d'étudiants et le nom des instituteurs qui les accompagneront, le budget du déplacement, en tenant compte de tous les postes (location d'un bus, essence, logement, nourriture, entrées lors de visites, etc.). Ce document détaillé doit être soumis au Head Master, seul habilité à y donner la suite qui convient... Ce qu'ils font, avec l'aide de Muneshwar, un des instituteurs acquis à notre cause. Après avoir pu constater que ce document est parfaitement établi, je les envoie chez le Head Master, pour la raison citée ci-dessus.
Dans un geste théâtral, le Head Master empoigne le document, le déchire en petits morceaux et le jette à la poubelle ! Cela doit signifier qu'il n'y aura pas de voyage cette année... ?!?
En fin de semaine dernière, j'apprends que les cahiers que nous avons achetés en juin, avant mon départ, sont entreposés dans la salle de musique. Le Head Master a interdit de les distribuer. Les élèves doivent maintenant les acheter... ! Ils sont au soleil devant ma porte, afin que les insectes qui y ont nichés s'en aillent. Je vais les distribuer moi-même, gratuitement, dès la reprise de l'école. Oui, car vendredi dernier, le 12 septembre, le Head Master a décrété 4 jours de congé. Il est très occupé par ses responsabilités familiales et ne peut pas être partout, le pôvre... ! C'est bien sûr le seul homme au monde qui a un travail et une famille. Asseyons – nous pour le plaindre ! Enfin, si vous préférez vous coucher, libre à vous !
Ce même jour, Vinita, M. Khadga et moi rencontrons le professeur d'anglais qui est venu enseigner cette langue pendant les vacances d'été. Les bénéficiaires souhaitent, après le départ de Vinita, poursuivre ces cours. Nous tombons d'accord afin qu'il vienne deux jours par semaine. Il aura deux groupes : les instituteur/trices de primaire et les aide montessoriennes.
Après une bonne semaine de travail et souffrant d'une mauvaise toux, Vinita part samedi avec Niva et Umesh, le chauffeur, pour Janakpur. Ils visitent tous trois le Janaki temple et le musée dédié au mariage de Ram et Sita. Journée pleine d'aventures rocambolesques, mais qui finalement trouve un heureux dénouement.
J'ai pour ma part attendu toute la journée M. Khadga, afin de vérifier les comptes avec lui... pas vu ! Bon, ben j'ai passé mon temps à reprendre chaque dossier et à essayer de classer tous les documents au mieux, par sujet, chronologiquement ou alphabétiquement ! J'en ai sué des litres, au sens propre du terme !
Dimanche, M. Pyakurel, le constructeur de notre école, arrive de Kathmandu et nous réglons les détails en cours : un planning des travaux est décidé, nous déplaçons les réservoirs à eau de deux mètres au Sud, afin qu'ils soient verticalement placés sur les zones humides du bâtiment (salles de bains, WC et cuisines), nous lui réglons – malgré l'absence du versement de notre principal sponsor – le second terme de notre accord financier et prenons rendez-vous pour le mardi 16 septembre, à Biratnagar où nous procéderons au choix des carrelages.
Le 15 septembre, jour anniversaire de notre arrière-grand-maman familiale, je suis à Lahan, en visite au Eye Choudhary Hospital et avec Anita, nous réglons l'avance de frais demandé pour le prochain camp ophtalmique. Quelques minutes après, je rencontre M. Ganga Ram Yadav, Président de l'Association Siraha pour personnes sourdes. Lui-même a perdu l'ouïe par maladie. Grâce à son association, nous allons pouvoir, au début novembre, organiser notre premier hearing camp ! Nous attendons sa visite de nos installations pour demain. Un nouveau succès de mise en commun des connaissances et de la volonté de se mettre au service des plus démunis ! Youppieeeeeeeeeeee !
Bien entendu, l'organisation du second camp gynécologique débutera la semaine prochaine. Les contacts avec la Drse Ranjita sont en cours. Il reste à fixer une date... Si l'été suisse fut chaud, l'automne népalais le sera encore plus !
J'ai oublié de vous dire ! Depuis mon retour, le fils de Yamuna, trois mois, passe ses journées chez moi ! Un bébé souriant, gazouillant et qui nous raconte déjà sa vie...
Bonne fin de semaine à vous toutes et tous... pardonnez-moi si j'oublie de vous souhaiter un bon anniversaire, je suis quelque peu débordée ! et aujourd'hui, c'est à nouveau préparation du pain ! Peut-être nous lancerons – nous.
Les news de Gorpar - édition n°26
Jour J - 6
Non. Non et non, mais que non de non c'est non. NON. N O N – NON et renon !
Je ne t'embrasserai pas, tu n'es qu'une crouille grenouille et à l'heure qu'il est, mon prince charmant doit être – pour le moins – un bien vieux crapaud tout flétri... ! Alors c'est NON et tu me débarrasses le plancher ! Allez, ouste... !
Depuis hier soir, elle pense pouvoir m'amadouer, s'installer dans mon salon, vivre à mes crochets peut-être ! Eh bien, c'est non... tout aussi jolie qu'elle soit, cette petite grenouille doit retourner chez les siens.
Mais revenons à nos... moutons ! Enfin nos affaires, qui débutent ce lundi 2 juin par l'arrivée de Manosh, tout ventre pointant, sourire aux dents, et qui m'apporte et m'offre l'un de ses infâmes biscuits confectionnés de riz, de poudre jaune et de sucre que j'exècre tant c'est doucereux (un morceau de Gruyère, par pitié... !). Il a réussi les examens afin de devenir instituteur gouver-nemental (combien, le bakchich ??) et fête sa nomination. D'ici aux vacances d'été qui débuteront le 4 juillet, il nous quittera... C'est la danse des canards, la la la la la la la... qui s'en vont la la la la la la la... On ne peut rêver mieux !
Le lendemain, début du travail avec Benju qui est de retour de Kathmandu. Elle est heureuse de se retrouver parmi sa famille, et rapporte mille expériences qu'elle va me raconter ces deux prochaines semaines. Elle commence par sortir tous son matériel d'un grand sac plastic (appelé ici le « zebra ») et me montre, me décrit à quoi cela sert. Son stage de cinq semaines à la Lincoln School, au sein de la classe de Nicole, lui a ouvert de nouveaux horizons. Constituée de neuf enfants étrangers de quatre à cinq ans, pourris, gâtés, elle découvre une facette méconnue d'elle des enfants : leurs caprices, beaucoup étant mal élevés, impolis, agressifs, voire méchants telle cette petite fille, (fille d'un autre professeur de l'école), et qui « régente » toute la classe, s'alliant tel ou tel enfant, repoussant tel autre... cela me rappelle ma petite-fille et cette même réaction de l'une de ses copines de classe... !
L'instituteur d'anglais Krishna étant absent depuis trois jours, le Head Master me fait dire qu'il ne participera pas à notre séance, renvoyée au lendemain. Séance à nouveau renvoyée, car même si j'avais proposé que Benju remplace – avantageusement – Krishna, le Head Master ne se sentira pas obligé de se montrer à notre rendez-vous...
Tant pis, ou tant mieux, je travaille avec M. Khadga et Benju à la rédaction du procès-verbal d'une séance fictive du comité de l'Association Ganesha Népal, séance qui aurait dû se tenir il y a déjà un mois, et dont le but est de protocoler la décision de construire et de gérer notre école Montessori ! Ces « minutes » sont indispensables afin de pouvoir enregistrer officiellement notre école comme école privée, vite avant qu'elle ne soit boulottée par le Gouvernement. Je me méfie... Mais M. Khadga ne comprend pas cette nécessité, si bien que nous nous adressons à David, à qui j'ai fait parvenir les règlements en usage pour l'enregistrement officiel d'une école enfantine. De longues discussions « skype » sont nécessaires, mais les jours passent, et M. Khadga ne veut rien admettre. Nous allons nous fâcher tous deux, et je le menacer d'aller seule voir le Chief District Officer pour le faire finalement réagir.
Dans la nuit du 5 au 6 juin, un orage mémorable se déchaîne. C'est très souvent vers deux heures trente – trois heures que ces orages maintenant réguliers éclatent. En deux temps trois mouvements je suis debout, courant d'une fenêtre à l'autre pour les fermer, mais j'arrive malgré tout trop tard et je me fais « rincer » ! Je constate que la violence des vents jette les trombes d'eau contre les fenêtres... me voilà obligée de les rouvrir et de fermer les volets de bois ! J'en sors trempée de la tête aux pieds, mais il me faut encore éponger... et il fait terriblement chaud toutes fenêtres fermées... je me risque à ouvrir la porte principale, une bouffée d'air frai m'assaillit, la terrasse est sèche, je vais la laisser ouverte !
Vendredi, toujours pas de M. Krishna et donc pas de Head Master. J'apprends que le premier est parti pour deux semaines à Kathmandu. Ben voyons... !
L'un de nos jeunes étudiants vient me rendre visite, Mukesh. Il souhaite bénéficier d'une bourse d'étude. Très handicapé, le côté gauche de son corps est totalement atrophié, il ne peut se diriger vers n'importe quel travail, car la station debout lui est pénible. D'autre part, il est de constitution assez fragile. Je le dirige auprès d'Astrid, et c'est sa fondation « Audrey Jacobs » qui va lui permettre d'acquérir son indépendance professionnelle. Après mûre réflexion, il s'orientera dès l'automne vers un B.Ed. Il suivra une école gouvernementale et devrait, à terme, obtenir un emploi de fonctionnaire.
En après-midi, nous partons, Benju, MM. Khadga et Yadav (notre Président), M. Yadav District Forest Officer (DFO) et moi pour Rautaha, à 150 km, afin de visiter son école. Le départ est fixé à quatorze heures trente, nous devrions être sur place vers les dix-huit heures... oui, mais voilà, M. DFO nous offre en chemin un arrêt pastèque – que nous apprécions tous – il fait soif et chaud, malgré une bonne ventilation dans la voiture ! Nous repartons et quelques vingt-cinq kilomètres plus loin, M. DFO se rend compte qu'il a oublié son sac chez la marchande, sac dans lequel étaient disposés l'un de ses téléphones portables (ici tout le monde en possède au moins un) et un chèque de cent mille roupies, une grosse somme... Mes compagnons de voyage et moi décidons de rester à l'attendre dans un petit bui-bui du bord de la route, où nous allons nous restaurer (il est déjà dix-sept heures trente) et prendre l'apéro ! Grand bien nous fasse, car M. DFO doit se rendre à la police, qui doit enquêter et établir un rapport... Le repas et l'apéritif sont déjà loin lorsque nous apercevons enfin la voiture de retour ! Mais pas de sac. Nous poursuivons notre route et arrivons avec plus de deux heures de retard chez M. DFO. Il nous répartit dans des chambres destinées à ses élèves (heureusement, j'avais emmené une taie de duvet et une d'oreiller...), que sa femme avait oublié d'aérer ! Malgré le ventilateur qui accessoirement fait un bruit d'avion à réaction, nous allons suer sang et eau... mon infection de peau en prend un coup ! Un repas nous a été servi et après une bonne douche froide, au vu des bâillements qui me décrochent la mâchoire, je prends congé. Le lendemain matin dès 5h00, tout le monde est sur le pied de guerre... ! En attendant d'ouvrir son école, M. DFO loue quelques unes de ses chambres et la mienne donnant sur la terrasse, tout le monde s'y retrouve, qui pour regarder par ma fenêtre si je suis toujours bien vivante, qui pour aller aux toilettes, qui pour nettoyer la terrasse, qui... ras-le-bol, je me lève aussi !
Je m'attendais à pouvoir discuter avec l'épouse du DFO, puisque c'est elle qui sera responsable de l'école. Quelle déception ! C'est une jeune femme d'une trentaine d'années, qui est en train de passer ses classes 10 + 2 (a-t-elle son SLC ? je n'en suis pas certaine...) et qui n'a JAmaiS enseigné ! Elle sera l'institutrice de maternelle l'an prochain. Dieux du ciel...
Mais ce n'est pas tout. Je visite « l'école »... il faut descendre en sous-sol, dans des classes en boyaux, sans fenêtres, la seule aération venant d'un corridor qui part depuis l'étable ! Dois-je vous raconter les odeurs ? Il y a trois classes, encombrées de bancs et de tables, dans lesquelles vont se retrouver une vingtaine d'enfants de 4 à 7 ans. Par un second escalier, nous descendons voir le « théâtre », salle non aérée, sans fenêtre, qu'un escalier « casse-gueule » dessert. Là, une estrade en ciment donne sur une salle au sol de terre battue, dans laquelle se serreront les parents des enfants lors de manifestations. Sans aération, il va y avoir des évanouissements, voire plus grave, car il sera impossible à une cinquantaine de personnes de remonter rapidement à l'extérieur...
Je suis catastrophée... Comment peut-on imaginer parquer ainsi des enfants ?
La visite est terminée, je demande à ce que nous partions le plus vite possible, mais M. DFO veut que nous prenions le lunch chez lui... Enfin dans la voiture, au revoir (certainement pas !) et en route pour le poste de police où nous devons à nouveau nous arrêter – plus d'une heure – pour compléter les documents établis la veille.
Je suis heureuse d'arriver saine et sauve chez moi et tout en discutant avec M. DFO autour d'un verre d'eau fraîche, j'apprends qu'un programme d'agro-forestry est en cours actuellement. Je lui demande de me le décrire, et voilà que je découvre la solution pour notre second terrain : planter 3'300 arbres fournis par le DFO, ainsi que les conseils de plantation et d'entretien. Nous devons payer une roupie par arbre, et si ces arbres poussent, après un an nous recevrons du DFO quatre roupies par arbre. Ces arbres sont destinés à être plantés à 4,5 mètres les uns des autres, permettant, après quatre à cinq ans, de planter entre eux des légumes. Après une dizaine, voire quinze ans, ces arbres fourniront du bois. Le marché est actuellement en gros développement, et les calculs prémonitoires sont intéressants ! Je demande donc au DFO de me faire une offre... Un nouvel orage nocturne animera ma nuit !
Ce dimanche, je travaille avec Anita aux comptes du HCC, puis me retrouve sur Skype, M. Khadga à mes côtés. En effet, la seule chose retenue de notre escapade à Rautaha est que nous devons absolument obtenir de la Municipalité la permission d'ouvrir notre école. David tente tant bien que mal, de persuader M. Khadga de la nécessité d'établir les documents nécessaires pour l'enregistrement de l'école. Je suis dans un état de fureur rare, tant M. Khadga semble ne pas comprendre et admettre que nous DEVONS procéder à ces démarches. Puis je me rends compte qu'en fait, il est complètement perdu, ne sachant par où commencer ! Il est pour lui plus facile de penser que cette procédure est inutile, que de s'informer, tant auprès du Chief District Office que de l'Administrative District Office, tous deux concernés par notre future activité !
Bon, on se calme et je lui demande les papiers (protocoles, inscription neutre imprimée depuis Internet, etc.) et prends mon téléphone. J'appelle Umesh Djim le chauffeur et le réserve pour le lendemain, en disant que nous allons à Rajbiraj... retournement de situation, M. Khadga s'empresse de prendre dits documents et de se rendre à la Municipalité !
Dans la nuit, enfin au matin du lundi 9 juin, nait une petite fille au Centre de santé !
C'est lundi de Pentecôte, les discussions se poursuivent par Skype avec David qui – entre temps – a lu les règlements et les statuts de l'Association Ganesha Népal, nous a envoyé un texte de protocole à écrire dans notre registre des protocoles... Ce que ne fait pas M. Khadga, nouveau sujet de dispute !
Je me bats sur un autre plan avec la banque, l'argent de Suisse n'arrive pas. Et puis, j'écoute les jacasseries des grenouilles qui pullulent : j'en trouve tous les matins des restes dans les escaliers qui mènent à mon appartement, ce sont les reliefs des orgies nocturnes de notre chauve-souris !
Wouaff... un éclair strie le ciel, mais alors, «THE» éclair... extraordinaire, zébrant le ciel de haut en bas, longuement, avec intensité, brillance, d'un jaune or lumineux... Jamais vu un tel phénomène, qui reste imprimé quelques secondes sur mes rétines ! Je suis et reste – depuis des années lorsque j'assiste à de tels orages ici – époustouflée par la puissance de la nature et ses déchaînements. Que ne levons-nous pas plus souvent le bout de notre nez pour en admirer les caprices ? L'orage de cette nuit a causé des dommages aux arbres qui bordent le bâtiment secondaire. Ils devront être élagués, en particulier celui situé au plus près de mes quartiers. Ses branches partent dans tous les sens et risquent de se rompre.
Ce mardi, malgré ma proposition que Benju traduise nos propos, le Head Master ne vient pas au rendez-vous convenu.
J'apprends que notre menuisier, Kagendra, que j'essaie d'atteindre depuis quelques jours, car je souhaite lui demander de confectionner – pour la salle de bains – un porte rideau semblable à ceux qui ornent mes autres fenêtres, qu'il a disparu à Biratnagar. Un jour dernier, il est revenu à la maison avec une nouvelle femme... mais la première n'a pas apprécié, la battu, ainsi que ses voisins, il a été interné au poste de police ! Activiste maoïste, il a été relâché et s'est immédiatement évaporé dans la nature avec sa seconde épouse !
Invitée par Punam, notre institutrice, je me rends chez elle pour le dîner, entre dames ! Sa maman est la veuve de notre ancien prêtre, sa tante, veuve du frère aîné, vit également dans la même maison. La chambre que Punam s'est construite est terminée... enfin pratiquement. Je lui demande ce qui lui manque et elle souhaiterait un tapis. Affaire conclue, elle pourra choisir un tapis que je lui offrirai.
Ce jeudi, je me rends avec Anita à Rajbiraj, afin de rendre visite au Health District Officer. Des nouvelles désastreuses me sont parvenues d'Italie : les caisses de l'Association Namasté Mara Mosca sont vides. Il faut licencier. Avant d'arriver à cette extrémité, je souhaite demander au HDO ce qui peut être envisagé pour sauver un poste de travail chez nous. Il me rétorque que le Gouvernement n'a pas d'argent (trop de corruption ?) et qu'aucun poste n'est ouvert ou à repourvoir. Par contre, il offre une collaboration avec le HCC gouvernemental de Barmajhiya, qui pourra – de cas en cas – déléguer l'une de ses staffs nurses en remplacement de la nôtre. Finalement, il me faut annoncer la nouvelle à Kanchen, que cette fois, la décision est définitive. Elle devait s'y attendre, puisque déjà en avril 2013 je lui avais communiqué qu'elle devait se trouver un nouvel emploi dans les meilleurs délais. Eh bien non, elle ne s'y attend pas, demande un nouveau délai, insiste pour que le Centre ferme et qu'elle ne soit pas la seule à être concernée. Si je comprends bien qu'elle va se trouver dans une situation difficile, je lui rappelle toutefois que sa formation lui permet de trouver un nouveau poste, et qu'elle a eu le temps de le chercher. Un courriel de Fiorella me confirme qu'il s'agit bien là d'une décision irrévocable.
Ce vendredi, la séance avec le Head Master a bien lieu, Benju servant de traductrice. M. Khadga est absent, nous réglons quelques malentendus, décidons de travailler de concert, d'organiser une séance avec tous les instituteurs avant mon départ, pour mettre les choses au point. J'apprends le dimanche que le fils du Head Master part travailler en Malaisie, et que ce dernier l'accompagne à Kathmandu. Il ne sera de retour que mercredi... je pars jeudi pour la Suisse ! Le meeting aura lieu en septembre !
Ce soir, vendredi 13 juin, c'est pleine lune ! Prochaine trilogie en 2049, peut-être que je ne la verrai pas, je fêterai alors mes nonante-neuf ans ! On peut rêver... !
Je m'offre une grosse nuit, je paresse jusqu'à 9h30 au lit...
Mukesh revient me voir, je le convoque avec son papa pour lui dire que la fondation Audrey Jacobs financera sa formation. L'argent est arrivé sur notre compte, nous pouvons payer les ouvriers et le matériel de construction de notre future école. Journée bénie des dieux !
Hier, par contre, j'ai dû m'atteler aux calculs des pensions des employées du HCC, le document reçu était incomplet. Je travaille en parallèle avec Benju, me bats – toujours et encore - avec M. Khadga, discute avec Anita du HCC qui a de la peine à s'organiser et l'aide pour ses comptes, suis les travaux de construction qui n'avancent pas... normal, avec quatre ouvriers et six personnes qui les regardent travailler !
Aujourd'hui lundi 16 juin débute la semaine de mon retour en Suisse. Il me reste à informer Kanchen du HCC de la démission définitive confirmée par Fiorella ; apprendre à Mmes Sapana et Nutan quel va être leur programme de l'été et de l'automne (ce sont les deux aides maternelles qui seconderont Benju), rencontrer l'ingénieur en chef qui vient surveiller les travaux, me rendre à la banque pour vérifier d'une part que le chèque de la Fondation P.N. Pant a bel et bien été encaissé et que je peux ouvrir un compte à mon nom, rencontrer le responsable du Centre de santé de Barmajhiya afin de convenir de notre future collaboration.
Dès jeudi, à Kathmandu, ce sera visite au Social Welfare Council, shopping afin de vous ramener des épices et autres marchandises que vous souhaiterez acquérir, visite à Anita Badal, responsable de l'organisation qui s'occupe de la construction des chulo, et à Urmila, mon amie de Patan qui nous tisse les placets qui serviront aux enfants de l'école pour leurs activités, profiter de la piscine de l'Hôtel Malla... peut-être !
Et puis, vendredi soir, me glisser dans mon siège economy de chez Qatar et me laisser piloter jusqu'à Genève, oh, après un court arrêt à Doha !
Le prochain N° de mes news sera plein de suissitude... ! En attendant, bonne semaine à vous toutes et tous et au plaisir de vous revoir, rencontrer, retrouver en Suisse et en Europe !
Dimanche à Gorpar - édition n°25
Hier, 31 mai, est né – enfin – le fils de Yamuna Chaudhary, notre nurse. Nous l'avons attendu avec beaucoup d'impatience, depuis le 18 mai, date à laquelle il était prévu ! M'enfin, un garçon, ce n'est pas nouveau... ils aiment se faire attendre ! Le bébé de 3,5 kg et la maman se portent bien. La maman doit se remettre d'une césarienne et bénéficie maintenant de 8 semaines de congé maternel.
Hier également, nous étions tous invités au mariage du frère de Laxmi Khant, notre instituteur de népalais. Nous avons loué un 4x4, car il semblait que le chemin était un peu défoncé ! Notre chauffeur habituel n'a pas voulu nous emmener dans le village de Rata Pani Toxilla (non, non, ce n'est pas le nom d'une bactérie...). Demandé pour 12h, le chauffeur avance son véhicule à 11h déjà... M. Khadga a pris une heure de marge, au cas où... mais ce chauffeur est sérieux et arrive avec une heure d'avance à l'école. Je suis prête pour ma part, mais Hariram a annoncé son arrivée pour 11h30 et l'institutrice Punam et l'une de nos mamans Nutan sont convoquées à midi ! Les autres participant/es seront embarqué/es en cours de route, tout d'abord Mina et Sunita, puis Kabita et enfin Muneshwar. Nous sommes 10 dans la voiture, en partance pour une aventure – car s'en est une – de deux heures sur une route qui n'en a que le nom et pour couvrir à peine 40km ! Nous traversons de minuscules villages, souvent constitués de quelques maisons seulement, caractérisées par leur rez-de-chaussée ouvert sur les 4 côtés, où se retrouvent en journée toute la maison pour vaquer aux travaux diurnes et qui abrite la nuit tous les animaux de la ferme, buffles, bufflonnes et leurs petits, chèvres et consorts, poules et couvées, canards, pigeons... Ces derniers, pour certains sauvages, nichent également dans les parois sablonneuses et abruptes des collinettes environnantes. Passé deux agglomérations plus importantes, nous débouchons dans le district d'Udaypur et gagnons la jungle. Pas de rencontre avec des éléphants sauvages aujourd'hui... dommage ! Une brève rencontre avec la jeune mariée au regard perdu et malheureux, trois mots au marié dont les yeux brillent et la vie va changer, une panachée et un repas constitué d'un dhal-bhat-tarkari-masu et dahi, nous reprenons la route de Barmajhiya. Les champs traversés sont bien verts, le maïs mûrit au soleil, nous nous arrêtons au bord d'un ruisselet mousseux, le débit n'est pas assez important afin que l'eau soit claire. Lavage de pieds, de mains, de visage... et grimpée jusqu'au petit temple pour quelque prière... En sens inverse du départ, nous déposons nos amis, emportant chacun trois à quatre épis de maïs, donnés par Laxmi Khant. Je vais constater qu'ils ne sont pas mûrs et – merci Monsanto – les grains sont éparpillés sur l'épi, entouré de plus d'une quinzaine de feuilles ! Les chèvres vont se délecter...
Mais revenons à mon retour chez moi le 14 mai, je n'aime décidément plus du tout Kathmandu et sa pollution. Les quatre jours de la fin de semaine vont se passer en grande partie aux nettoyages de printemps. Les vents tempétueux qui se déchainent régulièrement nous amènent de telles couches de sable que tout l'appartement semble teinté de cinquante nuances de gris ! Nous décrochons de très grosses guêpes orange, nos géco s'en donnent à cœur joie et estomacs pleins et des espèces de hannetons nous envahissent. Une luciole va venir éclairer mes rêves, pour s'éteindre au matin – elle avait dû lire l'histoire de la Chèvre de Monsieur Seguin.
Samedi, Anand, notre nouveau boursier, vient nous annoncer son départ pour Kathmandu. Il va se préparer pour les examens d'entrée à l'Engineering College de Lumbini, où étudie déjà un autre de nos boursiers, Dipesh Yadav. Notre journée et le lendemain se passent à préparer les invitations pour la cérémonie de la pose de la première pierre de notre future école Montessori, d'établir la liste des invités, des achats à faire, des responsabilités de chacun.
Dès le lundi 19 mai, le temps change... imperceptiblement, la mousson s'annonce... mais les trois (je les ai comptées...) gouttes qui tombent ne nous mettent que l'eau à la bouche ! La mousson sera un soulagement pour tous, nous avons besoin d'eau, même si elle apportera son lot de désastres. Les premiers morts de chaleur sont enregistrés et ce malheur là n'a pas son pareil.
Mercredi et jeudi, je passe mes journées en achats divers : tout d'abord à Itahari pour les emplettes de marchandises solides (biscuits, sucreries, légumes, fruits, thé, sucre, etc.) et à Kanchanpur pour toutes les boissons (coca, fanta, sprite, eau minérale). A Rajbiraj, M. le Président et moi rendons visite à tous les Districts offices, afin d'inviter personnellement tous les Officers responsables. Certains répondront à notre invitation, tel le DEO et celui des Fôrets. Le vendredi me voit de retour à Kanchanpur avec M. Khadga, pour une visite à la Nepal Bank, où l'on a refusé d'encaisser le chèque que la Fondation P.N. Pant m'avait remis. Je demande à voir le Directeur, un jeune homme d'une trentaine d'années. Qui va s'occuper personnellement de faire le nécessaire... mais cela peut prendre du temps ! Comme quoi, il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints ! En rentrant à la maison, le premier coup de pioche pour la construction est donné. Il nous faut creuser les trous pour les piliers qui soutiendront l'école, et en particulier celui qui – samedi – recevra la première pierre. Petite cérémonie privée, au cours de laquelle j'arrive à me brûler la plante d'un pied sur un bâton d'encens... c'est vraiment le moment de claudiquer ! Les premiers tas de sable sont arrivés, les 25 premiers sacs de ciment sont entassés dans le réduit que nous avait réclamé le Head Master lors du mois de camping à l'école des élèves, les fers sont débarqués, les briques s'élèvent en murs... Enfin la concrétisation d'une idée se réalise. Il faut encore compter 7 à 8 mois avant que nous ne disposions du bâtiment, mais les choses bougent.
Dans la nuit, j'entends un bruit d'avion très proche. Je me lève, sors sur la terrasse, quelque peu inquiète... C'est le bruit d'une tempête de vents ! Incroyable, la force de la nature. Cette dernière a des ressources dont nous ferions bien de nous méfier, nous pauvres brindilles...
Samedi 24 mai, grande journée en puissance ! Astrid, Julia et Suresh vont arriver et participer à la cérémonie prévue à 16h. Une petite demi-heure de retard seulement et les discours s'enchaînent, après que l'hymne national soit entonné, ainsi qu'un chant de bienvenue. Une dance terminera le programme, avant que les trois cents invités ne se rendent sur les lieux de notre future école. La première pierre est posée par le District Education Officer et moi-même (en fait, nous en poserons plus d'une dizaine) en présence du prêtre consacré et de notre Parsuram Dji (paysan et animateur de notre petit temple !). Le dimanche, mes trois amis partis pour une visite, avec la Home visitor en formation, rencontrer des familles d'enfants différents, je m'effondre ! je suis crevée, il fait une chaleur torride... je ne suis bonne à rien qu'à lire, et je lis, plus de 10'000 pages à ce jour, depuis septembre dernier !
Dès le lendemain, départ de mes amis pour Kathmandu, une petite pluie fine nous arrose et va perdurer trois jours. Laxmi Ram, la Home visitor, vient chercher les dossiers de ses enfants différents et va passer au HCC afin de lister le nom des 12 swamsebikas de notre région. Ces dernières vont l'aider à recenser les familles au sein desquelles un enfant aura besoin d'aider. Les températures se font plus accueillantes, la terre boit, nous revivons, un peu !
Ce lundi se déroule la première séance avec le Head Master (HM). Nous établissons une feuille de route et fixons notre prochain rendez-vous au vendredi 30 juin. Première conséquence du meeting avec Kashi Nath, le 5 mai dernier. Pour cette prochaine rencontre, chacun de nous aura listé ses demandes à l'autre partie. Un programme de 6 rendez-vous avant mon départ pour la Suisse est d'ores et déjà fixé.
Mardi matin, avec le mari de Benju, je m'embarque sous une pluie battante pour Jhumka, et plus précisément sa prison ! En effet, mon amie Urmila souhaite trouver des objets artisanaux que le club BPW de Patan pourrait vendre et dont les bénéfices seraient destinés à financer leurs programmes d'aide aux femmes nécessiteuses. Située à une dizaine de kilomètres d'Itahari, la ville de Jhumka renferme dans ses murs une prison pour hommes. Certains d'entre eux, transférés de la prison de Gaigat, travaillent le jonc et en font des tables, chaises, poufs, lits, paniers, etc. Travail de très belle qualité, qui me donne l'idée de me fournir – en partie – chez eux pour meubler notre future école. En particulier, les petits poufs pour enfants sont très colorés, ce qui animerait parfaitement la salle. Une table, 4 chaises – fauteuils feront très bien l'affaire pour la salle à manger du premier étage et du bureau ! De retour à Barmajhiya, je constate qu'aucun ouvrier n'est là, comme hier et comme demain ! Deux-trois enfants attendent patiemment... que les instituteurs de secondaire arrivent ! Il pleut et c'est leur excuse pour leurs retards.
La saison « sauna » débute avec ces pluies et la chaleur ! Je passe également mon brevet de guerre contre les moustiques, avec mention satisfaisant seulement ! Ils sont nombreux... !
Lors de la séance avec le Head Master (HM), séance à laquelle assiste M. Khadga et M. Krishna Yadav, ce dernier en qualité de traducteur, le HM pose la question : « est-ce que ces réunions sont utiles ? ». C'est le second meeting... Je lui réponds que pour ma part, si nous prenons ensemble une décision qui sera ratifiée par les membres de l'AGS, je m'y tiendrais ! Est-ce également son cas ? Ses demandes vont porter sur l'engagement d'instituteurs complémentaires pour le secondaire, sur l'achat de matériels tels que projecteur, portables (computers) pour les instituteurs, ainsi qu'uniformes pour eux, salaires pour les coaching classes. Enfin, leurs demandes portent sur les traitements médicaux pour les élèves et les instituteurs (M. Krishna souffre de problèmes gastriques... !). Pour ces deux derniers points, je leur répondrai mardi qu'il faut s'adresser à l'Association Mara Mosca, responsable du Centre de santé. J'ai déjà contacté sa Présidente, Fiorella Grill, afin d'obtenir les conditions liées à d'éventuelles prises en charge de traitements qui ne pourraient avoir lieu au Centre de santé directement. Pour ma part, j'évoque 17 points de management (liste en annexe à ces news pour votre information). Je ne suis pas certaine que les différences de niveaux de nos demandes aient fait tilt dans l'esprit du HM. Je propose à M. Krishna de traduire en Nepali ces demandes, afin que le HM les comprenne bien, et que nous puissions en discuter lors de notre prochaine rencontre, mardi prochain. Ce qui est accepté.
La semaine se termine ce 31 mai sur la naissance du bébé de Yamuna, à notre grand soulagement ! Tous nos vœux de bonheur à cette charmante jeune femme et à sa famille.
Bonne fin de week-end à vous toutes et tous,
Jeudi à Gorpar - édition n°24
Convoqués à 14h, le dimanche 27 avril, afin de participer à un « meeting-discussion-cérémonie-je-ne-sais-pas-trop-quoi », M. le Président et moi nous rejoignons le gros des villageois, villageoises, enfants, instituteurs et autres invités au village de Gorpar même, à faible distance de notre école. Nous nous y rendons vers 15h30, invité par le principal d'une petite école en cours de construction. Les invités principaux, malgré l'heure de convocation déjà largement dépassée, n'étant pas encore arrivés. Nous patientons... une demi-heure, une heure, une heure et demie... et je décide qu'à 17h, je quitterai les lieux si personne n'est là... Laisser patienter – par la chaleur qu'il fait – plus de 500 personnes en plein soleil... tout çà parce que les 7 messieurs attendus se prennent pour des messies, est totalement inhumain. Encore une fois, « on » m'explique que plus les personnages de ce type se font attendre, plus ils sont considérés comme importants ! Parmi eux se trouve Kashi Nath Joshi, l'ex landlord qui m'avait invitée à visiter la région en 1996 et qui lui – depuis – l'a quittée pour suivre ses fils en Australie. Il revient auréolé de l'idée que se font les villageois qui ne sont pas sortis de la région, qu'il va pouvoir tout apporter, tout payer, rendre leurs vies bien plus confortables sans avoir à lever le petit doigt, car il a certainement de l'argent plein les poches !
Notre Head Master, habitant le village, est partout, se rend important, nous déplace de chaise en chaise, court aux toilettes extérieurs, dont les odeurs nous parviennent par vagues successives au gré des coups de vent, part en cuisine (une salle de classe sans toit), installe un petit autel et quelques bougies flageolantes à cause de la chaleur ambiante, envoie quelques jeunes acheter des boissons (qui ne seront pas servies... ), se rend inutile à diriger à droite et à gauche...
A 17h, je me lève... et la voiture apparait ! En descendent deux illuminés, deux professeurs d'université, un médecin homéopathe, un ami d'enfance de Kashi Nath Joshi et lui-même en personne... Entourés d'une cour de jeunes femmes insignifiantes, mais portant les sacs des uns et des autres... Ils passent à travers les deux rangées formées par les invités qui leur offrent des fleurs et les saluent bien bas, pour certains touchant même leurs pieds en signe de respect.
Restée assise sur ma chaise, je les vois arriver vers l'estrade, en même temps que l'orage... Embrassades de circonstances, « aaaaaaaaaaaaaaaaah, you are Josiane Dji, Kashi Nath told me about you, I didn't knew I will meet you... “ et patati et patata... Formules de politesse, probablement. Mais j'ai droit à des fleurs moi aussi, ainsi qu'à allumer l'une des bougies garnissant le petit autel prévu pour le « yogi ».
Les speeches débutent, et moins de 10 minutes après, la première grosse pluie de la saison nous arrose de pied en cape, et nous force à nous réfugier dans la petite école misérable de Gorpar, lieu de notre rassemblement. La pluie cesse, nous nous retrouvons dehors, rafraichis ! Les speeches continuent, je suis invitée à dire quelques mots et je parle de la peur du changement et des réticences engendrées. M. Pokarel, professeur d'histoire à l'Université de Kathmandu après avoir passé quelques années à enseigner en Amérique, traduit mon discours...
La nuit tombe, et pendant plus d'une demi-heure, le « yogi » de circonstance va embobiner ces pauvres gens illettrés pour la plupart, au travers d'un discours qui – même si je n'y comprends pas grand-chose – a tout du discours hitlérien de base, enflammant les foules ! Je n'en peux plus de cette démagogie, et à 20h, je quitte la scène ! Kashi Nath m'annonce que « demain, il viendra avec toute la compagnie, visiter notre école » ! Ben voilà..., mais c'est bien sûr !
Le lendemain, toute l'équipe arrive, pour certains de ces VIP accompagnés de leurs femmes, visite les lieux et nous nous installons dans la salle des instituteurs. La discussion se déroule en népalais, quelques bribes me sont traduites... et je comprends finalement que Kashi Nath va rester quelques jours sur place et va tenter de « solutionner le problème de notre école et des relations interpersonnelles » ! En fin de discussion, tout le monde monte à mon appartement, un verre d'eau est servi, et nous partons tous visiter un temple dédié à 5 déesses... je n'arrive jamais à me souvenir des noms des déités indoues... Et re – belotte, discours, des uns, des autres, de moi – pas préparée, donc remerciant juste l'assemblée de m'avoir souhaité la bienvenue – et place aux prières, qui durent, durent, perdurent, sous un soleil brûlant, sans boire, sans manger... ah non, on nous apporte une feuille de papier sur laquelle gît... ben, je crois que je vais sauter l'en-cas... !
Kashi Nath m'invite, ainsi que le Président et M. Khadga, à aller visiter le lendemain matin le Kumba Mellah (temple particulier, près de Dankuta) où se déroule, tous les 12 ans, un rassemblement religieux impressionnant. Nous décidons de partir à 6h, afin d'éviter la grosse chaleur. Le taxi nous prend en charge, M. le Président, son épouse et moi, à 5h45 précises et nous allons chez le propriétaire d'un moulin où loge Kashi Nath, afin d'embarquer le médecin, le professeur d'histoire et Kashi Nath. Et nous attendons, une bonne heure, que M. le médecin soit prêt ! Il prend sa douche, mange (c'est un mangeur compulsif), et donc nous « perdons » une heure grâce à lui... Nous prenons en route M. Khadga et nous dirigeons vers ce Kumba Mellah. Arrivés sur place, Kashi Nath me demande si je peux marcher 3 (t r o i s) heures... Je réponds oui, mais pas par les chaleurs qu'il fait ! Car depuis le parking où nous laissons le taxi, nous avons trois heures de marche ! ! ! Que dis-je, de grimpe... car évidemment, le temple a été construit sur une colline (colline népalaise s'entend... qui culmine très rapidement à plus de 3'000 mètres !). Nous allons visiter le parc d'attractions édifié près du parking et dans lequel nous trouvons une multitude de petits temples dédiés chacun à un dieu ou une déesse indoue et auprès desquels les pèlerins et pèlerines se signent, jettent des offrandes et acceptent le tikka distribué par... des enfants... ! Après trois heures de ce traitement, nous partons pour Biratnagar, où nous accompagnons le docteur homéopathe, qui repart à Kathmandu ! puis nous rentrons à la maison, fourbus !
C'est la fête des mères au Népal en ce 29 avril, alors je m'installe devant Skype pour une longue conversation avec David. Le lendemain, j'appelle mon petit-fils qui fête ses 6 ans... déjà ! Mais je passe ma journée à la lecture. Le 1er mai est évidemment congé ici, il pleut, tiens ! Alors re – lecture, j'ai attaqué « le trajet d'une rivière », de Anne Cuénod, et je lis en continu... Passionnant ! Il pleut toujours ce vendredi 2 mai, ainsi que le lendemain et le sur – lendemain. Les températures descendent lentement, pour atteindre les 26°, une petite laine s'impose ! C'est la saison des mariages à nouveau, et ne dit-on pas : « mariage pluvieux – mariage heureux » ? Le mien avait subi un arrosage en bonne et due forme... il faut donc qu'il y ait des exceptions à ce dicton !
J'apprends également que notre Head Master ne veut pas ouvrir une classe nursery cette année. Ce même jour, je reçois les plans définitifs de notre future école Montessori.
Le dimanche, qui est un jour travaillé (hum...), les enfants sont présents, mais aucun instituteur de secondaire en vue ! Les classes primaires sont nanties, sauf pour le népali, car notre institutrice ne vient pas. Elle doit être fatiguée... En soirée, je reçois un appel téléphonique de Kashi Nath : « we decided to come tomorrow between 7.00 and 8.00 am, to discuss with you and the Head Master ». Mr Barat Dji (l'un des professeurs d'université qui accompagnait la troupe joyeuse la semaine dernière) sera présent. Ben merci de m'informer, et que je sois sur place... !
Lundi matin, le meeting débute à 9h30... car tous se sont retrouvés pris dans un orage d'une rare violence ! Les participants au meeting sont trempés ! Se trouvent également dans la salle MM. Krishna, Dharma Nath et Bishwonath. La discussion commence, que j'interromps immédiatement en demandant ce que font là trois des instituteurs. Je demande à ce qu'ils sortent, ou que nous appelions TOUS les instituteurs et institutrices... Ce qui est fait. Le meeting reprend et il est décidé que nous devons faire table rase du passé et bâtir l'avenir. Bien, j'adhère. Le Head Master sort alors les p.-v. de séances datant de 8, 6 et 5 ans... J'interromps à nouveau la séance, en demandant si 8, 6 et 5 ans ne sont pas le passé ? Ah oui, alors les p.-v. sont remisés et nous poursuivons, enfin ils poursuivent la séance, en nepali. Je demande une, deux, trois fois que l'on me traduise ce qui se passe... Rien, je ne suis pas entendue. Je demande alors à Kashi Nath de sortir avec moi et lui explique catégoriquement que soit quelqu'un traduit, soit je monte dans mon appartement, car je ne comprends rien et donc ne peux participer... Nous rentrons dans la salle des instituteurs et Kashi Nath demande à M. Krishna, instituteur d'anglais, de me traduire ce qui est dit ! C'est de bien mauvaise grâce qu'il va le faire, sporadiquement d'ailleurs.
Après une heure et demie de discussions vaines, je demande à prendre la parole et j'évoque les points dont j'aimerai que nous parlions : la philosophie du Head Master, la pédagogie au sein de l'école, le nombre d'enfants inscrits dans les classes (62 en classe 1, 67 en classe 4, 78 en classe 5), et demande des explications quand à ce surnombre, la non – présence des instituteurs, etc. J'informe que l'Association Ganesha Suisse ne va pas pouvoir investir dans de nouveaux salaires (engagement de nouveaux instituteurs, car avec un nombre d'enfants tel dans les classes primaires, aucun enseignement digne de ce nom ne peut se faire), et que le bâtiment primaire, qui est bien endommagé, va faire l'objet d'un ravalement de façades pendant les vacances d'été. Sans aucune décision prise, nous nous séparons tous « bons amis » !
J'attends toujours les réponses à mes questions, mais le Head Master est venu boire le café chez moi deux jours plus tard. J'ai pu l'informer de l'absence de Yamuna, qui devrait accoucher le 18 mai prochain, et lui montrer les plans Montessori... ce qui n'a éveillé en lui aucun intérêt.
Le mardi 6 mai, je partais à 7h avec Anita et 10 dames ayant subi une opération gynécologique, pour Lahan où nous avions rendez-vous afin qu'elles soient contrôlées par la Drse Ranjita. Toutes se portent bien, une a une infection due à un manque d'hygiène qui doit être soignée. La Drse lui explique de long en large comment elle doit s'y prendre... ! Il faut beau aujourd'hui, nous regagnons nos foyers pour l'heure du lunch et je prépare mon sac pour les quelques jours que je vais passer à Kathmandu, afin de signer les documents relatifs à notre nouvelle école.
Le jeudi matin, le Head Master m'informe que Kashi Nath, avec qui je pars à Kathmandu, est chez lui et que je suis invitée pour le lunch (à 8h, le lunch...). J'acquiesce, mais ne mangerai que des fruits, car j'ai pris un petit déjeuner copieux à 6h et n'arrive pas à manger leur dhal-bhat-tarkari de si bon matin ! Nous arrivons sans encombre à Kathmandu, où Kashi Nath me laisse en plan, car quelqu'un est venu le chercher ! Bon, ben merci ! à la prochaine !
Je pars direction Patan et vais loger les quatre prochains jours chez mon amie Urmila. J'y retrouve Benju et nous avons ainsi l'occasion de bavarder et d'échanger sur sa nouvelle formation, à la Lincoln School (école internationale) auprès de Nicole qui y travaille dans la classe des 4 ans (pré – scolaire) depuis bien des années. Elle acquiert ainsi une autre vision de la philosophie Montessori.
Le samedi, jour de congé, est dédié au shopping et à la visite de Bina Gurung, la première formatrice de Benju. Le lendemain, et grâce aux renseignements obtenus, nous nous rendons au magasin Ekta, librairie spécialisée dans tous les livres (népalais – anglais) qui nous intéressent ! Nous rentrons avec un plein carton de collections diverses et sur le chemin, entrons chez la Kumari de Patan. Elle arrive pratiquement en même temps que nous et nous avons l'honneur de pouvoir la rencontrer en personne et recevoir sa bénédiction. Gosse de 7 ans, fille d'une famille newari, cloîtrée dans une chambre aux fenêtres de bois ajouré jusqu'à ses premières menstruations, ne pouvant toucher le sol de ses pieds et donc constamment portée par les membres de sa famille, aérée le temps de cérémonies diverses et convoyée sur un char décoré de mille feux... ! Elle ne va pas à l'école, un instituteur « va venir lui enseigner le népalais et l'anglais, et les rudiments de maths », ne peut parler qu'avec son père et sa mère, mais avec aucun visiteur... Qu'elle est mignonne, dans ses habits de déesse vivante et sous son maquillage de circonstance ! Pauvre gosse...
Lundi 12 mai, je retrouve Astrid à l'aéroport, arrivant de Suisse chargée de 75 kilos de bagages pour son école et son projet pour les enfants différents. Après une journée passée avec l'ingénieur à retoucher les plans de l'école et procéder aux premiers choix (catelles, toilettes, lavabos, éviers de cuisine, sols, etc. tiens cela me rappelle mon ancien métier !), je la retrouve pour un excellent dîner au Dechenling. Nous décidons de passer la journée du lendemain à visiter sa petite école, tenue par des nonnes bouddhistes, puis nous partons à Dhapakhel pour y retrouver Suresh, Lucie et Christine, des connaissances et travailleurs très engagés auprès des enfants IMC ou avec un handicap physique. En rentrant sur Kathmandu, nous visitons la société « Room to read », puis nous nous adonnons à une partie de shopping, avant de rejoindre l'hôtel Malla et d'y retrouver les représentants de l'un de nos sponsors, la Fondation P. N. Pant. La soirée se déroule au New Orléans, en compagnie d'Astrid et de Nicole, cette dernière un peu étourdie par une longue discussion avec une jeune femme dont elle sponsorise les études depuis 9 ans, et qui, à dix mois de passer son SLC, ne veut plus aller à l'école. Situation oh combien douloureuse, lorsque l'on apprend la situation dans laquelle elle vit...
Ce mercredi 14 mai, date anniversaire de ma petite-fille qui fête ses 4 ans, je signe enfin tous les documents relatifs à l'école ! Et je rentre à Gorpar... où l'école est fermée, car c'est l'anniversaire de Bouddha également !
Bonne fin semaine à vous toutes et tous,
Dimanche à Gorpar - édition n°23
Me re – voilà, voilà... après quelques semaines de vacances !
Le 2 avril, avec Betty et les visas en poche, nous nous envolions vers le Bhoutan ! Si – pour moi – il faisait froid à Kathmandu, ce fut l'hiver dans ce magnifique pays ! Au soleil, températures de printemps et habillement de circonstance, mais en montagne, à 3'300m, sous la pluie, la grêle et la neige, emmitouflement de Yéti requis... !
Pendant plus de dix jours, nous avons découverts les Dzong - forteresses de nombreuses villes (Thimphu, la capitale, Punakha, Trongsa, Jakar, Gangtey, Paro) et les innombrables monastères qui, souvent, partagent les lieux avec les administrations des districts. Drapeaux de prière à tous vents et à tous moments, protégeant les dza-dza... ces petites confections pyramidales, de terre décorées de mantras et peintes, renfermant l'âme d'un mort et déposées le long des routes, sur des anfractuosités de la montagne. Je les avais prises pour des champignons !
Quelques musées nous ont fait passer de très agréables moments, parfois même dangereux au vu des escaliers que nous devions emprunter ! La rencontre d'artisans, dans leur boutique ou au milieu d'un temple en rénovation, nous a offert de belles surprises, presque autant que de se trouver nez à nez avec un takin (espèce rare, mi chèvre mi vache, animal qui, avec le dragon, se partage l'emblème du Bhoutan), d'admirer une plantation yack sur une route de montagne ou encore de rencontrer des « silver langurs », des singes régionaux !
Faune et flore magnifiques, les arbres rhododendrons et les magnolias étaient en fleurs, cultures et marchés très semblables à celles et ceux que nous trouvons au Népal, les étals superbement bien achalandés, les paysan/nes en costume national. Ce dernier est une obligation et doit être revêtu pour tous les métiers liés à une fonction officielle. Ce n'est que rarement, dans les villages très éloignés des villes, centres administratifs que nous avons rencontré des autochtones habillés à « l'européenne », et souvent pour effectuer des travaux manuels tels que construction des routes, ou par bravade probablement, tels ces jeunes archers rencontrés à Thimphu et qui faisaient étalage de leurs arcs plus que modernes. Jeunesse dorée probablement. Le tir à l'arc est le sport national et nous avons assisté à une démonstration étonnante : des flèches plantées dans une cible placée à plus de 148m du tireur !
Tout au long du voyage, sur une route en construction et que nous avons parcourue à l'endroit et à l'envers, nous avons pu admirer les sommets en dentelles des collines et montagnes. En effet, ces montagnes sont garnies d'une végétation très dense et les arbres se détachent sur le ciel tel une dentelle de St-Gall.
Par contre, nous avons fait l'impasse sur la visite du « Nid du Dragon », à Paro. L'ascension de la montagne nous est apparue comme une épreuve un peu trop rude, même à cheval ! Nous avons donc passé notre dernier après-midi bhoutanais à lire, écrire quelques cartes, au spa et au repos ! Le tout bienvenu, après des journées de voiture en compagnie d'un chauffeur émérite et d'un guide qui prétendument aurait dû parler français... !
Magnifique voyage, accompagné de nostalgie future : l'élargissement des routes et les constructions d'hôtels vont de pair avec l'arrivée massive de touristes... Que sera le Bhoutan dans dix ans ?
De retour à Kathmandu, Betty et moi enchaînons avec la rencontre de M. Cuénod, de la DDC. En effet, en 2008, nous avions reçu l'accord de M. Clavel de cette même DDC pour le financement d'un bout de route. Dossier remis, nous attendons encore de la Suisse qu'elle finance ce tronçon ! Evidemment, « on ne peut rien faire », il faut que le Gouvernement népalais déclare cette route comme prioritaire et alors, éventuellement... ! Bon, je vais m'atteler à pousser les bœufs !
En fin d'après-midi, nous nous rendons chez Bina Gurung, afin d'y récupérer Benju qui a terminé sa formation. Elle a reçu les félicitations de sa formatrice, et emmène deux grands sacs plastiques de matériel qu'elle a réalisé pendant ces trois derniers mois. Elle nous accompagne le lendemain pour notre « shopping day » et la visite de la Wooden Kids Industry, entreprise qui produit le matériel Montessori dont nous aurons probablement besoin cet automne.
Le 13 avril, la tempête qui fait rage à Biratnagar est cause du renvoi de notre avion au lendemain. Nous arriverons donc à Gorpar l'après-midi du jour de l'an, manquant du même coup la cérémonie bien amusante de l'eau (il est coutume de se souhaiter une belle nouvelle année en jetant quelques gouttes d'eau sur la tête des visiteurs. Nous avions transformé ces quelques gouttes en seaux d'eau dont nous nous aspergions, les températures nous permettant d'être ruisselants et morts de rire !
Du 16 au 18 avril ont eu lieu les examens de la classe professionnelle de couture. Urmila et Betty ont présidé aux examens pratiques, Benju a été mise à contribution pour la traduction et Nira, maîtresse principale, a subi les feux de questions et de remise en question, aucun progrès n'ayant été réalisé depuis 4 ans dans sa formation. Les mêmes défauts de finition sont constatés, le zig zag n'est pas réalisé (la machine ne fonctionne plus depuis 3 mois ! ! Eh bien, il est temps de la faire réparer ! ! !), trop de pièces mal fagotées nous sont présentées, alors que nous souhaitons voir également un patron et des boutonnières parfaites !
Cette année encore, mais pour la dernière fois, les 5 jeunes filles, femmes qui ont suivi ce cours reçoivent leur certificat, ainsi que la machine neuve leur permettant de s'installer et de commencer à gagner leur vie. Elles ont deux ans pour rembourser le 50% du prix du matériel remis (environ SFr. 62.-). Jusqu'à ce jour, chacune des jeunes femmes ayant reçu cette aide au départ d'une profession a remboursé son dû !
La visite de notre plantation d'aouls me laisse un peu sceptique : il manque de l'eau... et des tuyaux pour arroser le tout ! Je ne comprends pas que ce simple matériel nécessaire ne soit pas déjà en place... Patience, patience... Et pour changer de registre, je prépare une pâte à gâteaux selon une recette de ma belle-fille. La pâte... est bizarre... Bon, une fois cuite, elle a bon goût, pour autant que nous ayons de bonnes dents, car elle est dure comme un morceau de bois ! Les pommes sont cuites, merci... ! Urmila attrape un fou rire communicatif, nous sommes toutes pliées en quatre. Le lendemain, nous allons « attraper » Hariram, Kudan et notre Président, en leur offrant un morceau de gâteau... avant de leur révéler la mauvaise blague que nous leur faisons... Re - belotte, les fous rire gagnent tout le monde et ne cesseront pas de la journée ! En effet, demain Urmila, Betty et Benju repartent à Kathmandu et nous célébrons avec un peu d'avance mon anniversaire. Défilé de cadeaux... pour moi et pour mes comparses, et nouveaux fous rire communicatifs d'Urmila !
Ce 22 avril déjà, Umesh Djim, notre chauffeur, vient nous chercher et nous amène à Biratnagar. L'avion est prévu à 10h, il partira à temps et mes amies seront chez elles en fin de matinée. Pour ma part, je fais un détour à Itahari, accompagnée de Sochiendra, et nous nous arrêtons pour le lunch chez Sanjana, son épouse.
Le lendemain, je travaille au rapport gynécologique et aux comptes y afférents, en compagnie d'Anita. Ce rapport est disponible sur demande, si vous souhaitez participer à l'effort financier qu'il demande.
25 avril, jour anniversaire, je reçois des fleurs et des vœux de vous toutes et tous ! Mille merci à chacune et chacun ! Sur l'échelle de la vie, je pose les pieds sur la 64ème marche... et ne regrette pas un instant d'avoir pris ma retraire ! En fin de journée, l'ingénieur qui s'occupe de notre future école est là pour quelques heures de travail : finition des plans, électricité, remise en question du 1er étage, distribution des locaux... Je serai à Kathmandu pour les choix le 17 juin prochain, avant mon retour en Suisse.
Je passe la journée de hier à lire, me reposant des 38° dans l'appartement. Aucune activité scolaire, puisque c'est samedi, jour de congé. M. Khadga et M. Abdul installent les portes grillagées sur le mur qui entoure le terrain de notre future école. Les oiseaux s'en donnent à cœur joie, ce doit être l'époque des amours !
Dès aujourd'hui, les enfants sont à l'école dès 6h, c'est le « sommer shift » ! Ils seront libres dès midi, la chaleur écrasante ne permettant pas qu'ils restent plus longtemps à l'école. J'entends quelques instituteurs arriver tranquillement juste avant 7h... Il ne faut pas trop les fatiguer, la reprise doit se faire tout doucement... !
Cet après-midi, je suis invitée à un meeting, au village de Gorpar, car une nouvelle école devrait y voir le jour, financée par Kashi Nat Joshi ! Le landlord qui, il y a plus 18 ans, m'avait demandé de venir visiter la région, invitation qui devait changer le cours de ma vie ! Je me réjouis de participer à cette réunion et de voir en quel honneur j'y suis invitée !
Bonne semaine à vous toutes et tous,
Lundi à Kathmandu - édition n°22
Pendant nos deux jours de nettoyage de l'école, des diverses réparations nécessaires et du débarrassage des feuilles encombrant le préau de l'école, j'entends Kudan chanter... ! La vie reprend son rythme, même si – de temps à autre – je le vois de ma terrasse assis par terre, le regard dans le vide !
J'ai constaté, ces derniers jours, que la lune est rouge ! Est-ce que quelqu'un peut expliquer ce phénomène ? Je ne l'avais jamais vu auparavant, c'est impressionnant !
Déjà jeudi 20 mars, les examens commencent aujourd'hui en fait, par l'anglais. Depuis une semaine déjà, nous ne voyons plus M. Krishna, l'instituteur concerné et nous ne le reverrons pas avant mon départ, le 31 mars prochain ! Alors qu'il doit enseigner dans les classes 6 à 9... Mais il n'est pas le seul... Laxmi Khant revient au bout de deux semaines. Je lui demande s'il a été malade : « Non, non, j'avais du travail (sous entendu privé !) ». Je lui dis combien il est aisé de travailler dans cette école... les instituteurs font vraiment ce qui leur plait !
Pendant quelques jours, je vais m'atteler à la préparation des salaires 2014 – 2015, au calcul du budget de l'école en y incluant celui de la future maternelle Montessori, et discuter encore et encore avec MM. Khadga et Yadav afin que les travaux aux champs avancent enfin ! Il faut creuser les trous afin d'y loger les parties des aouls mûrs... pour une prochaine récolte.
Vendredi, ce sont les examens de népali qui se déroulent. Hariram nous a tous invités à dîner en l'honneur de son fils. Nous passons une bien agréable soirée avec toute sa famille !
Comme vous le savez, le samedi est jour de congé au Népal. M. Khadga et moi attaquons les comptes de l'Association Ganesha Népal. Après avoir compris sa manière de raisonner, j'arrive vite à recomposer toutes les dépenses, en particulier celles concernant les bourses scolaires que nous délivrons chaque année. Au printemps, Asha, Ranju, Parmanand auront terminé. Nous décidons alors d'octroyer une nouvelle bourse à Anand Majhik, l'un de nos meilleurs éléments.
Dimanche matin, les 12 swamsebikas sont convoquées : j'ai reçu le OK de la Dresse Ranjita et le camp gynécologique va se dérouler le samedi 29 mars prochain ! Nous aurons besoin de toutes les forces vives car le temps pour la préparation du camp est compté. Il faut que ces dames fassent de la publicité dans leurs villages respectifs et surtout envoient toutes les femmes souffrant de prolapse se faire examiner. Les tâches sont réparties, Kanchen s'occupe des médicaments à acheter selon la liste fournie par la Drsse, Kudan, Hariram et moi nous nous occupons des achats pour le lunch, le thé et les biscuits qui seront offerts à toutes les patientes, tout au long de la journée. Anita est responsable des finances. Yamuna et Kabita, membre du comité du Centre, seront à l'accueil et enregistrement des patientes. Nous demanderons une participation de NR 10.- par personne (moins que 10cts !), et tout est inclus pour la journée : examen, médicaments, thé, biscuits et attente... !
Ce lundi matin 24 mars, debout à 5h. Je pars après mon petit-déjeuner avec Sochiendra, visiter le centre des examens SLC où sont convoqués nos élèves. Sur place, l'armée et la gendarmerie, une vingtaine d'hommes, sont déjà à pied d'œuvre. Il faut contrôler tous les arbres, tous les tas de feuilles, soulever toutes les briques, déplacer un tas de sable, se plier en 4 pour vérifier le dessous des bancs et des tables... Déjà plus de 4 gros sacs sont remplis de papiers de « triche », de livres planqués... Mais voici l'heure du contrôle au corps ! Chaque étudiant est fouillé et les papiers tombent, sont découverts sous les pulls, dans les manches, dans les souliers neufs et dans les slippers, les pantalons relevés découvrent des livres attachés aux mollets, coincés sous la ceinture c'est un billet qui tombe... Et pas mieux pour les filles... Deux nouveaux sacs (énormes les sacs) sont remplis.
Biwa Rani Singh, notre institutrice, s'approche de Sochiendra et lui demande de partir avec moi, je ne suis pas la bienvenue ! en effet, j'ai demandé au chef de la police de contrôler également son sac à main particulièrement gros ce jour-là et d'être aux aguets sur deux de nos instituteurs présents ! J'avais en effet appris le jour précédent, que tant Krishna que Manosh, deux de nos instituteurs, avaient été pris en flagrant délit d'aide aux étudiants ! Il faut dire à ce stade que deux mamans venues faire soigner leurs enfants au Centre avaient vendu la mèche : nos instituteurs canards ont demandé à chaque élève NR 3'000.- (environ SFr. 30.-) pour les aider pendant les examens !
Le soir, à la nuit tombée, je reste à nouveau en extase devant nos arbres illuminés par des lucioles. C'est un spectacle féérique... mille petites lumières qui scintillent, voltigent, se posent sur mes mains, entrent dans la maison, repartent ou restent pour la nuit... Merci petites lucioles, car l'électricité, elle s'est à nouveau fait la belle pour les prochaines 36 heures... Le générateur va chauffer !
Mais au matin, une bonne odeur de café se répand dans l'appartement...
De longs appels avec Benju et Bina, pour régler son départ. Sa formation, selon Bina, est terminée. Je désire qu'elle reste cependant encore quelques jours, trois semaines en fait, jusqu'à mon retour du Bhoutan, le 11 avril prochain. Elle va reprendre la théorie et la philosophie Montessori puisque tout le reste est intégré. Ainsi, elle pourra d'une part encore profiter des connaissances de Bina et d'autre part, approfondir les siennes en vue de la formation, même sommaire, qu'elle sera amenée à dispenser aux autres institutrices de l'école, jusqu'à ce que celles-ci se forment également.
Le toit du Centre de santé est mis à rude épreuve par un vent terrible ! Il est temps de le consolider, avant la mousson. Une première pluie nous a rafraichi samedi dernier, mais depuis, ce vent chaud arrache les branches, sème les feuilles et le sable et fait trembler les tôles ondulées ! Les réparations ont lieu mercredi et il était temps : de nombreuses vis ne tenaient plus, même par un fil !
Jeudi et vendredi, grands nettoyages au Centre de santé ! Préparation des lieux d'examen, de la pharmacie, shopping à Rajbiraj et au marché de Simra. Puis, afin de clore les comptes de l'école dimanche, distribution des salaires du mois de mars et présentation des nouveaux salaires 2014-2015 aux employés bénéficiant d'un contrat de notre Association. Pour tous, les 18% demandés en octobre 2013 ont été intégrés au salaire de base. Tous semblent contents... tant mieux !
Une fois encore, M. Khadga est convoqué par la Commission de corruption... Samedi après-midi, il se rendra à Rajbiraj. Je lui demande d'exiger une copie du courrier du Head Master, afin que nous sachions exactement quels sont les griefs invoqués. Comme d'habitude, le club des canards revendique le transfert du titre de propriété de notre terrain au nom de l'école ! Les pauvres... ils sont en plus naïfs !
Nous voilà déjà à ce fameux samedi, pour une journée comme je les aime! Debout à 5h.30, rangement de l'appartement, petit déjeuner et préparation du centre de santé en vue de la journée. Visite en cuisine, temps superbe, on va friser les 33°! Oui je sais, vous êtes jaloux, mais voilà... Un vent tempêtueux va arracher un bout du toit du Centre, que Kudan et M. Khadga s'empressent d'attacher au fil de fer. Le crochet installé n'était juste pas suffisant. Et badaboum... l'échelle est projetée sur la tête d'une patiente ! Branle-bas de combat ! Elle a une belle bosse sur la tête et va rester un peu vaseuse toute la journée... !
Arrivée de la doctoresse à 10h30 (heure népalaise = heure fixée plus une heure et demi) avec sa fillette de trois mois et sa belle-maman, accompagnées de la Nanny et du chauffeur.
Les dames de nos villages environnants étaient déjà à la porte du centre de santé depuis 9h. Travail de titan: 162 patientes examinées entre deux tétées, 27 jeunes filles conseillées et rassurées (tout fonctionne bien, même si elles ont de petits ennuis de jeunes filles!) 15 opérations prévues ces trois - quatre prochaines semaines. Et la moitié des dames présentes reparties furieuses car elles n'ont pas pu être examinées! Tant mieux, cela nous fera des clientes pour le prochain camp, que nous prévoyons en automne au vu du succès de ce premier essai.
Dans les coulisses, un repas pour 30 personnes préparé par Hariram, Punam, Mandira, Mina et Kudan. Butti au four et au moulin, et des messieurs... assis!
Les frais? Environ SFr. 150.- en nourriture, boissons, biscuits et défraiement pour les swamsebikas (aides sanitaires dans les villages). Et par future opération: SFr. 255.- par personne, TOUT COMPRIS!!! (transport, admission à l'hôpital, pré traitement et examens sanguins, opérations, transfusion sanguine si nécessaire, 7 nuitées, médicaments, nourriture,... )! Un tout grand merci à la Fondation Eagle qui nous a permis de lancer ce premier camp et grâce à qui un second se déroulera cet automne.
Lundi, je me retrouve à Kathmandu, rencontre notre dentiste préférée, la Drsse Sybille Keller, qui sera de retour à Gorpar à la fin septembre pour l'annuel camp dentaire ! Aujourd'hui, en attendant Betty, je vous écris, pour vous dire qu'il fait froid à Kathmandu – seulement 24° ! Avec nos 36-38° au Sud, je n'ai plus l'habitude et j'ai les pieds gelés !!!
Demain, départ pour le Bhoutan... si visas il y a !
C'est une autre aventure qui débutera, que je vous raconterai à notre retour, le 12 avril prochain.
En attendant, un tout, tout gros bisou à ma petite-fille qui fête bientôt ses 6 ans et à toutes et tous une belle semaine !
Mercredi à Gorpar - édition n°21
Beaucoup d'événements se sont déroulés depuis le 3 mars dernier ! Tout d'abord, et égoïstement le plus important a été pour moi d'obtenir, le dimanche 9 mars, mon visa résidentiel au Népal. Obtenu de haute lutte et après graissage de pattes. Dès le début de la semaine, David et moi faisions à nouveau le siège du Bureau de l'Immigration, ainsi que le Ministère de l'Intérieur, et attente, et re – Bureau de l'Immigration, et re- attente, et re Ministère de l'Intérieur, je vous passe le détail des allées et venues et des heures d'attente et de patience. Malgré tout, tous les Népalais que j'ai rencontrés étaient sidérés de savoir qu'en 6 jours ouvrables, j'avais pu obtenir mon visa ! Ouais... mais bon, 14 mois s'étaient écoulés avant, sans que j'obtienne le visa de volontaire ! En effet, concernant ce dernier visa, les Maoïstes, dans leur grande sagesse, ont édicté des lois non encore abrogées depuis les votations, lois interdisant aux étrangers de travailler au Népal (cela ne vous rappelle pas l'UDC ?) ! Il faut avoir des « link » très spéciaux pour obtenir un visa de volontaire, travailler pour une grande INGO (International non governmental organisation) et encore ! L'UN a droit à 40 visas par année... !
Bon, j'ai mon visa, je suis l'une des trois personnes à le recevoir cette année (il semble que seuls trois octrois sont autorisés par année... !) et je l'ai de justesse, car l'appointée supposée coller le sticker ad hoc dans mon passeport ne les retrouvait pas ! « Mais qu'est-ce qu'elle a de spécial cette dame ? On ne les octroie plus, ces visas ! Je ne sais pas où ils sont ces stickers, je ne les trouve pas... ! ». Heureusement, la patte du chef est intervenue... et une bonne heure après, le sticker était collé ! Oh, pas encore signé, ni stampfelé, mais collé ! Plus de trois heures d'attente, de monter et descendre dans les étages, visiter les bureaux 101, 104, pour dire bonjour et se faire voir, le 102 pour payer, le 204 pour dire que nous avions payé, le 206 pour nous faire engueuler car nous avions payé avant que la toujours même appointée n'ait eu le temps d'écrire trois mots sur une page du dossier, pour ensuite apporter dit dossier au boss et avoir l'autorisation de coller le fameux sticker évaporé ! Mais finalement, j'ai mon visa... Je suis tranquille pour une année, et les graissés se réjouissent de me revoir l'an prochain ! Le responsable rencontré m'a même téléphoné en personne pour me remercier des chocolats reçus ! Evidemment, je n'allais par lui donner une enveloppe sans chocolat... !
Pendant cette même semaine, je me suis tout de même occupée de Benju et de notre future école Montessori ! Benju se porte mieux, son drain a été retiré et nous espérons tous que ses pierres sont maintenant d'une part toutes éliminées et d'autre part qu'elle n'en produira plus. Sa formation se poursuit, Bina étant d'une aide précieuse et capricieuse semble-t-il ! J'ai pu constater que Benju se donne beaucoup de peine, qu'elle est très appliquée et débrouille, qu'elle aime ce qu'elle fait et apprend beaucoup, grâce aux autres institutrices et aux enfants. J'ai demandé à ce qu'elle effectue ses trois mois de training au vu des absences pour maladie qu'elle a subi, ce qui nous amènera à la mi-mai environ, car des vacances de printemps sont prévues. Actuellement, elle a passé en mode 100% pratique : elle réalise ses propres modèles et peut enseigner sous la direction de Bina. Je suis également allée visiter la Wooden Kids Industry, à SathoBatho, près de Patan. Cette petite entreprise produit tous le matériel dont une école Montessori a besoin. Benju ayant établi une liste du matériel qui nous sera nécessaire, nous aurons l'occasion ainsi de nous fournir chez cet industriel, très sympathique par ailleurs.
Le samedi 8 mars, Benju et moi sommes allées visiter Bouddhanilkhanta, à quelques encablures de Kathmandu, au Nord, lieu saint où se trouve la très fameuse statue de Shiva couché. Nous avons ensuite passé la journée ensemble, à discuter et à faire du shopping pour l'école ! Nous avons également trouvé du poivre du Tibet, du Timut, poivre spécial puisqu'il possède un goût de citron naturel! Epice assez rare, il est vendu en Europe, dans les magasins spécialisés, à €250.- le kilo ! Passez votre commande, Betty et moi vous en ramènerons ce printemps !
Au chapitre des rencontres, et après avoir retrouvé Hein et ses amis, deux médecins oeuvrant au Shushma Koirala Memorial Hospital de Sakhu, au Dwarika pour un repas pris ensemble avant son départ pour l'Europe, je retrouvais Astrid et Ani Choying Drolma au Dechenling à Thamel. Elles étaient accompagnées de Nyahoo, le compositeur d'Ani, de Nicole, chez qui je logeais, de David et de trois autres amies. Soirée très agréable, précédant celle passé en compagnie de Nicole, David, Géraldine et Astrid, ainsi que d'Olga Murray, une américaine « grand âge » (elle approche les quatre-vingt-dix ans !), qui a consacré ces trente dernières années au Népal et à l'organisation qu'elle y a fondée. Ayant remis la présidence de son organisation à un jeune Népalais, elle passe 5 mois par année en Californie où elle « a aussi une vie là-bas », et le reste de l'année au Népal.
Après les quelques jours passé chez Nicole à mon retour de Sakhu, et au départ d'Astrid qui retourne en Suisse, en Belgique, pour mieux repartir au Japon, je m'installe à nouveau chez l'oncle de David pour les derniers jours d'attente ! Le samedi 9 mars, je confirme mon départ pour le lendemain matin, premier vol pour Biratnagar, j'ai hâte d'être à la maison ! Et il y a du boulot en attente ! A ma descente d'avion, je retrouve M. le Président et Hariram, tout sourire tous deux ! Umesh Dji, notre chauffeur, a fini de briquer sa voiture et de changer la roue arrière gauche... Nous partons tous les quatre commander le treillis que nous installerons autour de l'école Montessori et devrait empêcher tant les animaux que les enfants, pour les premiers d'entrer et pour les seconds de sortir du préau de l'école !
Le soir de mon arrivée (lundi 10 mars), je déclare la guerre aux moustiques ! Ils gagnent la première bataille, mais je n'ai pas dit mon dernier « pchittttttttt » ! Il faut dire qu'il fait 26° dans la maison... mais pas d'excuse ! Ils seront exterminés jusqu'au dernier (si j'y arrive !). Dès mardi matin, j'attaque le travail par le Centre de santé : fixer les dates des visites dans les villages, reprendre contact avec la Drse Ranjita pour le camp gynécologique, noter les absences de Yamuna et Anita qui passent leurs examens, vérifier les comptes et constater qu'il faut demander l'envoi d'argent à Fiorella... J'ai prévu d'accompagner Anita et Kanchen pour les visites des villages. Je désire voir qui vient à ses réunions (normalement annoncées aux swamsebikas responsables), et quels sont les points abordés, discutés, débattus, etc. et quel enseignement et information sont donnés aux personnes présentes.
Puis, j'enchaîne avec une réunion des instituteurs de primaire et M. Muneshwar. Le départ de M. Mandal, notre enseignant de musique qui n'enseigne par la musique est confirmé. Il veut se rendre à Bombay, chez un acteur de ses amis (de classe) qui est devenu célèbre et qui l'a invité à partager son appartement. Il a également trouvé un emploi à Biratnagar... Les heures de musique que nous pouvions lui offrir pour la nursery class ne sont pas suffisantes. Nous lui souhaitons bonne chance. Les autres points de discussion concernent les engagements, dès le 1er avril, de Sapana et de Nutan, les mamans aides en nursery class, par l'Association Ganesha Népal (et non plus par l'Association Ganesha Suisse). Elles seront ainsi détachées de la gouverne du Head Master, qui en fait des institutrices d'anglais dans son planning des cours !
Je propose également, afin que les enfants qui suivront la formation Montessori (et l'enseignement de l'anglais développé) puissent continuer à progresser en anglais dès leur arrivée dans l'école actuelle, d'organiser un cours d'anglais avancé pour Kabita et Sochiendra, et un cours pour débutants pour les autres enseignants, ce durant les vacances scolaires d'été. Tous sont d'accord et dès le lendemain, un instituteur de Rajbiraj se déclare d'accord de venir dans notre école, 3 jours par semaine, pour 2 heures d'enseignement à chacun des groupes formés.
Concernant la construction de l'école Montessori, j'informe les participants à ce meeting que je n'ai toujours pas le OK de mon ancien directeur pour sa participation financière, et que le projet est donc en suspens pour l'instant. Malgré tout, j'avais rencontré l'ingénieur M. Khadga à Kathmandu et celui-ci devrait arriver sur place entre le 22 et le 25 mars, afin que nous puissions finaliser le tout (construction, délais et détails, engagement d'un maître de chantier, etc.). J'espère avoir des nouvelles positives d'ici à la fin du mois.
Enfin, j'informe les maîtresses et les mamans aides que le tricot est strictement interdit pendant les classes et en dehors des classes. Elles sont engagées pour travailler avec les enfants et non pour avancer à leurs jaquettes et autres travaux à l'aiguille ! En conséquence, et puisqu'elles ont semble-t-il du temps, je leur demande de préparer les quelques leçons qui restent jusqu'à la fin de l'année scolaire, en ouvrant l'armoire à jeux et en sélectionnant ceux qui les aideront au mieux pour d'une part motiver les enfants à venir en classe et pour d'autre part faire découvrir aux enfants une autre façon d'apprendre... en jouant !
Jeudi, je suis invitée par la Drse Ranjita Jaiswal à participer à une petite fête donnée en l'honneur de sa fille qui a trois mois. Je pensais que ce serait l'occasion de discuter enfin de la mise en place du camp gynécologique ! Anita et Kanchen m'accompagnent, et nous constatons que plus de 2'000 personnes sont invitées à cette party, qui lie l'inauguration de la nouvelle maison de Ranjita et de son mari, et la présentation au peuple de sa petite fille ! Evidemment, pas moyen de convenir des détails du camp ! Je vais donc lui écrire dès le lendemain, et lui demander de fixer la première partie du camp (l'information et le contrôle des dames) rapidement, la seconde partie (les opérations) seront fixées ultérieurement. J'attends ses réponses...
Ce vendredi 14 mars, j'ai proposé – puisque c'est le dernier jour que les étudiants de la classe 10 passent à l'école – d'agrémenter leur dîner de poulet, de pera (biscuits de la région) et de boissons. Ce n'est pas une invitation officielle, ni une party, juste un moment pour leur dire merci d'avoir été studieux. M. Muneshwar vient me voir : le Head Master veut que je lui écrive une lettre et que je lui donne l'argent, il organisera le tout lui- même ! Le meilleur du club des canards... on en fini jamais avec leurs complications et leur négativisme ! Eh bien non, je lui écris, mais pour lui dire que J'amènerai du poulet, des boissons et un dessert et que toute l'équipe des instituteurs – institutrices est invitée. J'adresse mon courrier à Monsieur H. Radjak et non pas à Monsieur Head Master... Il ne doit pas en avoir une, de tête... ! Ayant appris mon intention, les élèves sont tout sourire, aimables, m'apportent des boules de riz jaunes confectionnées dans un temple que certains sont allés visiter ce matin, me saluent... Nous passons en fin d'après-midi un bon moment ensemble, il semble qu'ils peuvent enfin manger à leur faim... 18 kilos de poulet, 25 bouteilles de coca, Sprite et Fanta, 3 kilos de pera plus tard, ils retournent à leurs études. Aucun des instituteurs de secondaire, à l'exception de M. Muneshwar, n'ont assisté au repas... Dommage, car le lendemain, dernier jour du camping à l'école, les élèves des classes 9 et 10 participent à la « farewell party », la cérémonie d'adieu aux étudiants qui vont – tenter – passer leur SLC. Nous sommes réunis sous l'arbre séculaire... j'ai été invitée, grand honneur, à participer à cette cérémonie. Je suis très contente, car c'est la première fois que je peux y assister, les années précédentes je n'étais pas sur place à ce moment-là. Nous attendons. Une demi-heure, une heure, une heure et demie! Raz le bol, je monte chez moi pour me restaurer un peu, j'ai faim et j'emporte mon tricot, des fois que l'attente durerait encore. Mais qu'est-ce qu'on attend ? Que les élèves de la classe 10 reviennent de Kanchanpur où ils sont allé acheter quelques cadeaux qu'ils vont offrir au Head Master !
Deux heures après avoir été réuni, commencent les discours. M. Manosh en maître de cérémonie, demande à trois élèves des deux classes de prononcer quelques mots. Puis il prend la parole (entre chaque discours, il ajoutera ses commentaires), et c'est au tour de M. Darmanath. Tient, il est là aujourd'hui ? Rien de plus important à faire ? Pas de travail privé qui primerait sur le fait d'être présent ? Re - belotte de M. Manosh, puis au tour de M. Khadga qui sera le seul à parler en Népalais et non pas en dialecte maiteli, pouis re-belotte M. Manosh, puis à mon tour, puis re – belotte et enfin discours du Head Master. Celui-ci n'a pas dit trois mots que M. Manosh l'interrompt irrespectueusement, afin que les élèves de la classe 10 puissent lui remettre les cadeaux enfin arrivés ! J'en reste – comme d'ailleurs le Head Master – la bouche ouverte de saisissement ! Car dès que les cadeaux sont remis, la cérémonie est terminée et chacun, chacune s'assied pour enfin pouvoir manger quelque chose ! Sans poulet, sans boisson autre que de l'eau et sans pera aujourd'hui ! Il est près de 16h, les enfants n'ont pas eu de repas depuis ce matin !
La « party » se termine par le jet des couleurs, Holy oblige qui commence demain ! Nous sommes tous plus ou moins barbouillés de rouge, rose, vert... L'ambiance est à la joie après les pleurs de certaines étudiantes qui nous ont joué la scène du IV des grandes eaux... !
Kudan, Hariram et moi commençons les nettoyages des deux classes occupées par les étudiants et transformées en dortoirs. Nous les balayons de fond en combles, tant il y a de détritus partout. Nous allons jusqu'à désinfecter les sols... des nuées de moustiques ayant élu domicile dans les tas d'ordures laissés sur place par les étudiants et leurs surveillants !
Holy, le festival des couleurs, annonçant la fin de l'hiver ! Il fait ici déjà 30° ! On pourrait croire que nous sautons le printemps à pieds joints ! Je me rends chez le Président pour la cérémonie des tikas et le repas de midi, puis je rentre chez moi, heureuse de pouvoir passer sous la douche ! Ces couleurs, pour la plupart artificielle, sont rapidement intolérables et provoquent des allergies dont je suis relativement friande ! En fin d'après-midi, les enfants en troupes arrivent des villages environnants : c'est Holy et cette année je suis armée de boîtes de bonbons !
Mardi, dernier jour des festivités sans enfants à l'école. A nouveau, Kudan, Hariram et moi nettoyons tout le préau et la terrasse de l'école. Il y a quantité de feuilles sèches qui bouchent les écoulements, nous délogeons deux grosses grenouilles, et déversons quantité de litres d'eau dans les canalisations. Les feuilles sèches des palmiers sont coupées, les broussailles flambent. L'école brille... Je suis crevée !
Ce prochain vendredi, les examens pour l'obtention du SLC débutent. A tous nos étudiant/es, je souhaite bonne chance. En espérant qu'ils/elles n'auront pas à trop tricher, ou qu'ils /elles n'ont pas trop graissé les pattes de leurs examinateurs... !
Lundi à Kathmandu - édition n°20
Lundi dernier, j''apprenais que Hein Stahl était de retour au Shushma Koirala Memorial Hospital (SKMH), à Sakhu. Nous avons rendez-vous demain au Dwarika pour déguster un bon repas puisqu'il repart déjà en Allemagne après ce court séjour d'une dizaine de jours. Nous avons cinq ans de nouvelles à échanger... ! Le rendez-vous avec Anita, de l'Association des chulo, m'a permis de voir sa petite princesse ! et de discuter du travail d'Urmila, notre promotrice de chulo. J'attends de plus amples informations, car Christa, ainsi que Franck et Tobias doivent donner leur avis sur la situation actuelle et les mesures à prendre, afin que nous puissions construire des chulos de qualité et qui soient satisfaisants pour les clients utilisateurs.
Mardi matin, je me rends à Patan, chez Manish, notre jeune peintre et Urmila sa maman, pour le lunch. Urmila me présente un jeune homme, Ashik, qui cherche – en qualité de volontaire – un stage en management. Il a suivi un cursus estudiantin et a déjà quelques expériences dans divers domaines tels qu'implémentation de production d'eau potable, développement de cultures bio, recherches sociales, etc. Après lui avoir expliqué notre projet sur place, David et moi attendons sa décision. Il serait disponible dès mon retour du Bhoutan et jusqu'à mon retour en Suisse, à fin juin.
Je retrouve Rabin chez GIZ, à Sanepa. Une cérémonie familiale se déroulant dans la semaine, il m'invite à passer le week-end à Salambutar, chez ses parents. J'accepte avec grand plaisir de revoir Sakhu et le SKMH. Une soirée « chez Caroline » (fameux restaurant français bien connu des expatriés) me fait retrouver Astrid et Nicole, chez qui je vais loger dès dimanche prochain. Ce mercredi est une journée fade, le brouillard et la pluie font leur apparition. Je vais rester à l'hôtel, aucune envie de sortir. Et le diner est décommandé au dernier moment... Soirée télé, avec service en chambre ! De temps à autre, le repos est appréciable et apprécié !
Ce jeudi est jour férié : Shivarathri oblige. Depuis quelques jours, de très nombreux hindouistes se rassemblent autour de Pashupatinath, afin de célébrer Shiva, le dieu des dieux... Jupiter en quelque sorte. David et moi essayons d'accéder à ce lieu sacré... sans succès ! La foule est aussi dense qu'une journée de fête des vendanges à Neuchâtel ! Les files de fidèles d'étendent sur des kilomètres, et après deux bonnes heures de marche, afin de trouver un accès aux lieux saints, sans vouloir même nous rendre près des temples... nous abandonnons la partie. Et nous décidons d'aller au cinéma, voir le film Jhola. L'histoire se déroule principalement dans un village népalais, il y a une centaine d'années, alors qu'existait encore cette terrible tradition de l'inhumation des femmes au décès de leurs maris (souvent plus vieux qu'elles). On a tous le souvenir du « Tour du Monde en 80 jours » de Jules Verne, et de la princesse indoue sauvée in extremis du bûcher ! Un film simple, racontant la vie de tous les jours, vie encore vécue aujourd'hui dans de nombreuses parties du Népal, mais heureusement, tradition abolie en 1920 par le Premier Ministre de l'époque.
Lohsar, le Nouvel-An tibétain, débutera dimanche. Trois jours fériés sont ajoutés au calendrier des fêtes célébrées au Népal ! Avec Astrid et quelques uns de ses amis, nous nous rendons ce vendredi au White Monastry près de Buddhanath, et admirons les danses sacrées tibétaines. Après un lunch, nous allons assister à des danses produites par des moines de l'Upper Mustang. Ces manifestations précèdent les cérémonies qui seront célébrées dès ce week-end. J'ai le plaisir de revoir Lakpa, tout affairée à la préparation des festivités, puis je retrouve Rabin, qui m'emmène à Salambutar. Nous y retrouvons ses parents, sa femme et Turak, son fils de bientôt deux ans. Nuit froide, et un peu de déception lorsque j'apprends que la cérémonie familiale pour laquelle je suis montée exclut les femmes ! Il s'agit de ramener l'âme d'un cousin germain de Rabin, qui a été tué enfant dans un accident, alors qu'il était dans le bus scolaire. Regardant par la fenêtre, il n'a pas aperçu le pilonne qui lui a arraché la tête. Son âme erre depuis ce jour-là, dans l'impossibilité de se réincarner et donc d'accéder au Nirvana. Dix ans après l'accident, il est temps pour la famille d'appeler cette âme et de la fixer dans un lieu où elle sera honorée, année après année, lors de puja (cérémonie de bénédiction). Le samedi matin, il est décidé de suspendre la cérémonie pendant trois jours... ! L'âme est donc « emprisonnée » dans une lampe à huile éteinte, et la cérémonie se poursuivra dès que la lampe sera à nouveau allumée !
Ce samedi, après la visite de Sakhu et des quartiers nouveaux, il pleut, il tonne et après la visite de l'école qui fête le jour des parents, nous allons, Rabin et moi, rendre une petite visite à Hein. Nous nous verrons tous deux plus longuement mardi prochain, avant son départ. Demain dimanche, nous avons prévu, si le temps le permet, de nous rendre au Tea Garden (plantation de thé à une vingtaine de kilomètres de Sakhu), puis de rentrer sur Kathmandu en fin d'après-midi. Après avoir dégusté une pizza chez Fire and Ice. Je retrouve Astrid, Nicole et Géraldine, pour quelques jours.
Lundi matin, téléphone urgent de David, je dois me rendre à l'Immigration office où le responsable veut « voir ma tête » ! Le dossier est complet, le rapport de police déjà dans les mains de David depuis vendredi dernier. Je me présente, parcours trois ou quatre bureaux, reviens au point de départ, suis « vue » à droite et à gauche... « Proceed »... le OK tombe, le courrier pour le Home Ministry doit être rédigé. Nous avons le temps d'aller manger sur Kings Way. Je laisse David retourner au Bureau de l'immigration, prendre en charge les papiers qu'il déposera en fin d'après-midi au Ministère de l'Intérieur. L'étude du dossier et le courrier que ce Ministère doit établir se fera – je l'espère – demain, voire mercredi au plus tard, ce qui m'autorise à penser que jeudi / vendredi, je serai en possession de mon visa de retraitée, si le Bureau de l'immigration agit encore avec célérité ! Je suis impatiente de rentrer à la maison, mais pas sans mon visa...
Demain en fin de matinée, je me rends chez Bina, afin d'y revoir Benju et de prendre de ses nouvelles. Elle doit probablement rentrer en fin de semaine à Gorpar pour le final de ses examens et j'aimerais avoir une discussion avec Bina sur la suite de sa formation. Le soir, Astrid, Nicole, Géraldine, probablement David et moi rencontrons Ani Choying Drolma, nonne tibétaine chanteuse, qui a créé une école pour nonnes grâce aux concerts qu'elle donne tout autour du monde et aux fonds qu'elle récolte ainsi. C'est elle qui m'a gentiment donné le droit d'utiliser une de ses chansons pour l'introduction du DVD sponsorisé par Michèle Claudel, et qui est prêt et que Chris va envoyer en Suisse.
Si l'agenda est libre mercredi pour l'instant, j'ai prévu de rencontrer M. Yogendra Khadga, l'ingénieur qui s'occupera de la construction de notre école Montessori. Tous les fonds ne sont pas encore assurés, j'ai bon espoir qu'ils le soient rapidement, et qu'aucun retard supplémentaire ne viendra contrarier notre planning. Il va sans dire que la construction ne débutera que lorsque le budget sera bouclé, comme pour tous les projets que je réalise. C'est mon côté « taureau » qui ressort ! Les pieds sur terre, voire dans mon jardin !
Lundi à Kathmandu - édition n°19
Avant la réception de la parenté de Sanjana chez notre Président, ce mercredi 12 février, j'ai rendez-vous avec Sudarshan, un jeune paysan de Mauli, qui pratique les cultures bio-dynamiques, selon les principes enseignés par le Prof. Hans van Florenstein. Il y a quelques jours, je lui ai demandé s'il connaissait un jeune couple d'une trentaine d'années, avec enfants, paysans de leur état, et qui serait intéressé à travailler la seconde partie de notre terrain dédiée à la production de légumes. Je lui ai expliqué en détails ce que je veux, insistant sur la jeunesse, le couple, les enfants qui peuvent suivre leurs classes dans notre école, le système d'exploitation et d'irrigation que nous mettons en place, la possibilité de rénover la maison et d'y ajouter une petite étable pour y loger une vache, une chèvre et quelques poules. J'expliquais également qu'il était nécessaire que ce jeune couple s'installe sur le terrain, car il y a de nombreux vols dans la région si les terrains ne sont pas surveillés !
Il arrive avec trois compères. Je lui demande qui est l'homme du couple... il me répond qu'ils sont tous les 4 intéressés à cultiver notre terrain, qu'ils font partie d'une coopérative et cherchent des terrains... ! Je suis furieuse et lui montre que son petit manège ne fonctionne pas, et que mes conditions sont les seules qui seront discutées et que sa coopérative n'est pas du tout de mon goût ! Ses intentions ne sont pas du tout les miennes et je vois au travers de ses manigances... Il prétend avoir mal compris mes explications... Eh bien, tant pis pour lui ! Nous allons passer une annonce et chercher encore.
L'après-midi se déroule chez le Président, réception de la parenté mâle de Sanjana oblige, qui amène les meubles compris dans la « dot ». Les parents de Sochiendra n'ont demandé aucun argent, mais il est de tradition que la mariée amène son trousseau : le lit nuptial, une armoire, un salon composé de deux fauteuils et d'un canapé, d'une table de salle à manger et 6 chaises. De quoi meubler la maison du Président.
Le lendemain, arrivée des enfants de la classe 10 qui apportent tout leur matériel pour leur emménagement dans l'école. Ils pour un mois... les garçons uniquement, mais tous doivent apporter 25 kg de riz, 10 kg de pommes-de-terre, 6kg de dhal, des légumes, et paient NR 2'000.-. J'apprends que les instituteurs qui vont passer la nuit en surveillance seront chacun payés NR 500.- par nuit !! Mais pour un voyage de 5 jours à la découverte de leur pays, il n'était pas possible de réunir plus de NR 200.- par étudiants ! Cela va changer... croyez-moi !
Vendredi de St-Valentin, il pleut, malheureusement ! Les institutrices de primaire viennent me souhaiter une belle journée et m'apportent des fleurs ! Je suis émue de leur geste et les remercie en les invitant à partager café, thé et biscuits !
Puis, avec Sochiendra, nous réalisons la première partie de notre plan de réponse à l'attaque contre M. Khadga. Les instituteurs sont tous à Rajbiraj, car c'est jour d'élection du comité de direction de l'Association des instituteurs du District de Saptari. Evidemment, l'école est fermée, les enfants sont en vacances...
Vers 11h15, on vient m'avertir que dès cet après-midi, il a été décidé par quelques villageois, le Head Master et le club des canards, que le temps de Ganesh serait le lieu de 28h de musique et de prières en l'honneur de Ram, Krishna, Hariram, Harikrishna ! On emballe le temple, on le décore, de puissants haut-parleurs sont installés tant sur le bâtiment primaire que celui des classes secondaires où j'habite, et en avant la musique. Les décibels sont prohibitifs, et cela va durer sans une seconde d'arrêt pendant 28h. Imaginez : 28h de suite d'une répétition sans fin des seuls noms de ces dieux, noms mêlés, répétés à l'infini, pendant 28h... A 20h30, ce soir-là, je capitule et pars dormir chez le Président, qui m'a très gentiment offert le gîte pour la nuit. Ce n'est pas beaucoup plus tranquille, mais au moins les murs ne tremblent pas des vibrations provoquées par les haut-parleurs attachés à la structure du bâtiment scolaire... !
Astrid et Suresh ont annoncé leur présence pour ce soir, samedi 15 février, et resteront jusqu'à lundi ! Heureusement, les 28h de cérémonie vont se terminer, quelques heures après leur arrivée, si bien que nous aurons tout de même une nuit tranquille. Le temps est froid, pluvieux, nous allons passer une grande partie du dimanche dans l'appartement, travaillant avec Suresh qui est non seulement le responsable des « home visitors » (ces personnes qui visitent les familles dans lesquelles un enfant handicapé est né), mais aussi instituteur. Grâce à ses conseils, je vais pouvoir lire le règlement édité par le Ministère de l'Education et concernant toutes les questions relatives aux droits et devoirs des instituteurs. Très instructif et je me réjouis de ma prochaine rencontre avec le nouveau District Education Officer... Eh oui, eux, ils changent régulièrement, alors que je suis encore présente après 18 ans de patience !
L'après-midi, la pluie a cessé et nous rendons visite à une famille, au sein de laquelle un enfant de deux ans est handicapé. Il pourrait s'agir d'une suite de naissance mal dirigée par le médecin accoucheur. L'enfant est très petit, n'a aucune réaction, semble être de temps à autre secoué de mouvements incontrôlés du haut du corps et des bras, les jambes ne réagissant pas du tout. Il a la grandeur d'un bébé de 8 à 9 mois, ne boit que du lait auquel sont ajoutés quelques grains de riz, reçoit un médicament contre l'épilepsie depuis sa naissance et – selon le médecin charlatan – doit prendre ce médicament tous les jours pendant trois ans. Si la maman oublie un jour, elle devra lui donner ce médicament pendant 5 ans... ! Suresh, Astrid et moi sommes navrés d'entendre ces nouvelles... Cela décide Suresh a organiser un camp dans notre centre de santé, camp dédié aux familles de la région et dans laquelle vit un enfant handicapé, quelque soit son handicap. Laxmi Ram, la jeune femme engagée à la suite de notre recherche d'une « home visitor » pour notre région, actuellement en formation à Dhapakhel, se joindra aux professionnels afin de faire connaissance des familles qu'elle suivra par la suite. J'avertis Yamuna et Anita, nos employées du Centre et attendons toutes trois des nouvelles de Suresh concernant cette organisation.
Lundi matin, le temps a passé trop vite en leur compagnie et j'accompagne mes invités jusqu'à Biratnagar, car sur le chemin du retour, je vais faire quelques courses à Itahari. Les réserves ont diminué et il me faut du pain, des corn flakes, du lait en poudre, de la lessive... Il fait à nouveau beau et dans l'après-midi, 136 kilos de laine arrivent de Kathmandu après un détour par Rajbiraj ! Débarquement de 14 ballots et envahissement de mon appartement ! Le marché sera ouvert dès que j'aurai reçu toutes les factures, afin de pouvoir établir le prix de vente. Les boutons sont pratiquement tous achetés, il ne manque que quelques couleurs que je dois encore trouver et j'ai suffisamment d'aiguilles de diverses grandeurs... Vive le tricot !
Mardi 18 février, je passe ma journée à travailler à l'ordinateur, en divers contacts avec des ONG dont on m'a recommandé les adresses, en réponses à mes mails, et en une demande d'établissement d'un courrier à l'Ambassade Suisse pour l'obtention de mon visa de retraitée. David a rencontré une connaissance qui travaille au Ministère de l'Intérieur, où je dois déposer mes papiers pour l'obtention du visa de retraitée. Nous avons déjà réuni de nombreux documents que David – à Kathmandu – a fait traduire.
Petite histoire suisse : le Ministère de l'Intérieur népalais me demande que mon Ambassade écrive un courrier disant précisément que l'Ambassade n'a aucune objection à ce que j'obtienne le visa demandé. Eh bien, notre Ambassade refuse d'établir un tel courrier, mais écrit un courrier disant que l'Ambassade n'a aucune objection ni aucune recommandation à ce que j'obtienne ce visa ! Un courrier pour expliquer que l'on ne peut établir un courrier... ! Et le tout pour NR 4'400.- soit à peu près l'équivalent de SFr. 45.- !! Histoire véridique, de quoi pleurer !
Le 19 février est le « Democracy Day » au Népal, donc férié, donc pas d'école... Nous avions fixé le contrôle des comptes avec M. Khadga, mais avec quelques villageois, M. le Président pose les pilonnes électriques et ceux entourant notre future école Montessori. Nous renvoyons donc les comptes à vendredi prochain... attendant des nouvelles de Hariram, son épouse travaillant à donner naissance à son GARCON ! Enfin... Nous sommes tous particulièrement heureux de cette grande nouvelle ! Hariram va être absent – selon la coutume – pendant 6 jours, et va s'occuper de toute sa petite famille !
Le lendemain, la petite famille étant déjà rentrée à la maison, je leur rends visite avec Anita. La maman semble encore très fatiguée (on le serait à moins), bébé est minuscule, même s'il pèse tout de même trois kilos, ce qui est beaucoup d'une part pour la région et d'autre part pour ce couple de relatives petites tailles tous deux. Sur le chemin du retour, je trouve non seulement 5 cornes de vaches qui vont me servir pour la préparation du BD-500, une préparation nécessaire à la culture bio-dynamique, et qu'avec Sochiendra nous allons remplir de bouse fraîche et planter dans notre terrain. Dans six mois, nous verrons si notre préparation a bel et bien été transformée en un produit valant de l'or ! Je découvre encore que le marabout vu quelques mois plus tôt, a installé son nid sur un arbre, loin des villages environnants... Quelle magnifique hideuse bête que Madame Marabout... Y a-t-il des petits dans le nid ? Je reviendrai lui rendre visite dans quelques jours, afin de vérifier...
Vendredi, malgré notre rendez-vous, M. Khadga n'apparait pas, afin que nous puissions nous attaquer aux comptes... Leur contrôle est donc reporté au samedi ! J'apprends que Benju, à Kathmandu, a dû se rendre à l'hôpital, car elle a très mal aux reins. Elle avait déjà subi des contrôles à Biratnagar, le médecin découvrant qu'elle souffrait de pierres, mais n'avait pas trouvé bon de l'opérer, lui conseillant de boire beaucoup ! Les contrôles effectués à Kathmandu amènent la résolution de l'opérer et la délivrer de ces pierres. Elle attend son mari qui va l'entourer et s'occuper d'elle quelques jours, Biva Gurung, chez qui elle effectue son training de future institutrice Montessori ne souhaitant pas assumer une quelconque responsabilité en la matière.
Depuis ma terrasse, je vois notre institutrice Biwa Rani armée d'un bâton, taper sur la tête d'un élève : c'est la dernière méthode d'enseignement du népalais ! Lorsqu'elle m'aperçoit, le bâton disparait comme par miracle, et elle aussi ! Par contre, la cohabitation avec les élèves de la classe 10 se passe bien. Je suis déçue en bien comme dirait un bon vaudois ! Il y a très peu de désagréments, si ce n'est l'inconscience de certains enfants, qui se trouvent sur la terrasse, dans la partie non protégée par une barrière, au risque de se rompre le cou sur les barrières entourant le bâtiment, ou nos enfants – singes qui continuent de grimper aux arbres !
David me téléphone, ma présence est requise à Kathmandu, je dois aller me présenter à la Police en personne et un certificat médical doit être établi. Ces documents complèteront mon dossier de demande de visa de retraitée. Je réserve donc un aller à Kathmandu pour dimanche matin.
A 8h30, ce samedi matin, M. Khadga est au rendez-vous et nous travaillons au contrôle des comptes. Les justificatifs sont classés, les détails inscrits, afin que nous retrouvions le pourquoi de telle ou telle autre dépense, je pose mille questions, M. Khadga y répond à satisfaction. Qui a dit corruption ? Nous déjeunons chez M. le Président. Rentrant à l'école accompagnée de MM. le Président et M. Khadga, nous invitons le Head Master à boire un café. Juste pour le plaisir... nouvelle tactique. Puis il est temps que je prépare mes bagages, je pars demain matin à 7h.
Et me voilà à Kathmandu, installée à l'Hôtel Malla. David me rejoint pour courir établir ce fameux Police report... qui sera prêt dans une semaine. En effet, en qualité d'étrangère, il est nécessaire d'investiguer jusqu'à Interpol si je ne suis pas une dangereuse criminelle, trafiquante de drogues, voire pire ! Le certificat médical est établi, les photos passeport sont prêtes, nous avons pu manger au Dechenling entre temps, et après un bon café – chocolat chaud, nous nous quittons, chacun de nous ayant ses occupations ! En soirée, Benju m'apprend qu'elle doit se faire opérer demain, lundi. Je lui confirme que je suis à Kathmandu et que j'irai lui rendre visite. Elle me téléphonera après avoir été opérée et je lui rendrai visite, soit à l'hôpital, soit à l'hôtel où elle restera quelques jours avec son mari qui prendra soin d'elle.
J'apprends que Hein Stahl est de retour, et j'ai rendez-vous avec Anita, de l'Association des chulo, afin de voir sa petite fille ! La semaine commence bien...
C'est dans une enveloppe jaune, que Sochiendra m'a remis mon et vos invitations à son mariage, le mardi 4 février dernier.
Mais l'histoire a débuté il y a quelques jours déjà, lorsque le 16 janvier dernier, nous (le papa, David, l'oncle, notre chauffeur et moi) nous sommes rendus à Itahari, chez le papa de Sanjana, afin de faire sa connaissance. Sochiendra n'est pas de la partie, seuls les « juges » peuvent participer à cette première découverte... Après plus d'une heure d'attente, le papa de Sanjana propose de la faire entrer dans la salle froide et peu éclairée où nous nous trouvons ! Ben voyons, on est tout de même là pour elle... !
Quelle charmante jeune fille de 18 ans à peine ! Petit nez retroussé, elle est mignonne, sûre d'elle, intelligente, parle très bien l'anglais, a terminé ses classes (SLC et 10 + 2). Malheureusement, son certificat de fin d'études est arrivé trop tard et elle n'a pu s'inscrire, cet automne et alors même qu'elle avait brillamment réussi le concours d'entrée, au cursus des études d'ingénieur dont elle rêve ! Merci à l'Education District Office, qui a pris, mis tellement de temps à établir les documents nécessaires à se présenter ! Elle a donc bifurqué sur la voie de garage, l'éducation. Mais... il faut du temps pour préparer sa future nouvelle famille à l'idée de la laisser se représenter en 2014 ! Soyons patiente...
La parenté de Sanjana va rendre pareille visite à la famille de Sochiendra, le samedi 18 janvier, car nous sommes enchantés de cette jeune fille et la considérons déjà comme notre fille (enfin petite-fille pour moi !). Tout est parfait, les tapis posés dans les chambres, qui ont été nettoyées de toutes les grenouilles et autres insectes envahissants ! L'attente est également de mise avant de voir arriver Sochiendra, qui va « passer à la moulinette » lui également. Puis un lunch est servi, préparé par les femmes de la maison qui n'ont participé à aucune discussion ! Le destin de ce jeune couple, ma foi bien assorti et déjà heureux, est scellé. A part une fausse note, due aux méchantes rumeurs qui ont ici force de loi ! En effet, Sochiendra est né avec un défaut plantaire, qui lui donne une démarche quelque peu différente. Et notre club des canards de s'en donner à cœur joie : « il ne trouve pas d'épouse », « il doit faire l'impasse sur la dot », etc. Ragots, méchancetés, envers ce jeune homme tranquille, simple et que tant de critiques infondées ont rendu timide et effacé. Mais on le voit reprendre vie tous les jours grâce à Sanjana, sa promise, avec laquelle il « chatte » déjà à tout instant du jour... et de la nuit.
Me voilà repartie à Kathmandu, où le froid et le shopping sont en accord ! J'apprends le dimanche 26 janvier, qu'Anita Badal, la responsable au Népal de l'Association qui construit les chulo, a donné naissance à une petite fille ! Maman et Bébé se portent bien, bravo à toutes les deux... Le petit frère doit se réjouir !
Dès mon retour à Gorpar, l'attente commence : tout d'abord, aucune certitude que le mariage va bien avoir lieu le 9 février. Il faudrait marier en même temps que Sanjana sa cousine germaine, dont le papa est décédé. Mais voilà, même si elle est splendide, elle n'a pas terminé son cursus scolaire, et les prétendants font la fine bouche ! Nous préparons la liste du shopping à effectuer à Biratnagar...
Il fait 22° en ce samedi 8 février, veille de mariage... mais toujours aucune information relative à l'heure de la cérémonie. Sanjana va me téléphoner à 21h30, pour m'inviter demain à participer à ses noces ! Nous passons la journée à confectionner les paquets cadeaux, car tout est emballé de papier rouge et de ficelle qui casse à tout bout de champ ! David – du team des hommes – fait des allées et venues pour les derniers achats ! Le montage de la tente est en cours et le service de catering débarque avec ses casseroles énormes, puisque 700 personnes assisteront, lundi, à la « party » donnée par la famille de Sochiendra.
Dimanche, superbe journée, je commence par laver le pull blanc de Kudan qu'il n'a pas changé depuis 3 semaines... Quelques réparations plus tard, le voilà tout beau tout neuf !
Il est 16h, temps de s'habiller d'un sari de fête ! Rouge pour la jupe confectionnée dans un tissu de style treillis, incrusté de faux diamants, il est bleu roi pour la partie jetée sur l'épaule. Lourd comme pas possible... Souliers et bracelets accordés, petit sac rouge, Mina travaille conscien-cieusement à tresser mes cheveux. Touche de maquillage, mais pas trop s'en faut ! Me voilà prête... et j'attends ! Cinq heures, avant la cérémonie, autant vous dire que la paire de chaussettes que je suis en train de tricoter a pris de l'avance !
A 18h, je me rends chez le Président. Et nous attendons. Que tout le monde soit prêt ! Je suis étonnée, car la maman aide tout le monde, mais elle n'a pas encore revêtu son plus beau sari ! Eh bien non, la maman et les dames de son âge ne sont pas les bienvenues !! Elles vont rester à la maison... ! Nous prenons place dans les voitures... et attendons. Nous partons et nous arrêtons à Simra (3 km plus loin) et attendons. Nous repartons jusqu'à Rupni, nous nous arrêtons et attendons. Nous repartons, nous arrêtons pour payer la taxe routière (première fois que je vois çà à cet endroit...) et attendons, avant de doubler en vitesse la file des voitures ! Nous parcourons les derniers kilomètres et nous arrêtons. La fanfare doit se préparer, si bien que nous attendons... ! Enfin la fanfare se met en marche... dix mètres et arrêt ! On danse... dix mètres et arrêt, on danse, dix mètres... Il est 21h30 lorsque nous atteignons la salle réservée par le papa de Sanjana et où va se dérouler le mariage.
Nous sommes tout d'abord nourris, abreuvés et vers 23h, il est temps de commencer la cérémonie d'engagement qui précède le mariage à proprement parler. Sochiendra, qui est assis sur un trône rouge flambant neuf sur la scène, est invité à s'asseoir aux pieds de l'estrade, immédiatement entouré d'une foule d'hommes qui nous cache toute la cérémonie ! Malgré quelques tentatives, impossible de prendre une seule photo ! Mais voilà qu'il remonte sur scène, car c'est le moment où Sanjana apparait pour la première fois ce soir ! Elle effectue les tâches attendues d'une fiancée, et disparait à nouveau...
J'ai la chance de pouvoir la rencontrer dans la chambre où elle est confinée et de parler avec elle quelques minutes. Elle est heureuse... Tant mieux.
Voilà que nous attendons à nouveau ! Quoi ? Que le souper soit servi. Le mariage attend, il n'est pas prévu d'enchaîner avant une bonne heure ! Bien, nous attendons. Ah, enfin il faut monter à l'étage, le mariage se déroulera dans une autre salle que celle de l'engagement. Bien... mais nous débouchons sur la terrasse, où, après minuit, il fait un froid de canard ! Merci, mais très peu pour moi, je redescends, et demande à pouvoir rentrer. J'emmène avec moi tous les enfants de moins de 10 ans, un bus plein, et nous voilà à Gorpar. Il est deux heures trente ce lundi matin, crevés, refroidis, Hariram dort à la maison, David étant resté sur place.
Ce n'est qu'à 7h du matin que nous entendons les voitures rentrer de Rajbiraj... la cérémonie a duré toute la nuit, tout le monde est transi de froid, exténué, mais la journée ne fait que commencer ! C'est que la « party » donnée par la famille en l'honneur des jeunes époux va débuter dans quelques heures, et il faut encore préparer les légumes et toute la mise en place. Sanjana est enfermée dans sa chambre nuptiale, à l'abri des regards de chacun et chacune, et elle va rester assise sur le lit, pendant les trois prochains jours ! A ne rien faire, que changer de sari, se triturer les mains, se faire brosser les cheveux, être accompagnée aux toilettes, grignoter... Je passe une partie de la journée avec elle, mon tricot avance, puis rentre à la maison préparer le poulet, pièce maîtresse du souper.
Mardi matin, David est malade, il a pris froid la nuit précédente, ne portant qu'une petite chemise fine et une jaquette ouverte... Il ne veut rien entendre de mes médicaments maison ! Nous partons en vélo faire le tour de quelques villages, afin de compléter le rapport sur les chulos construits dans notre région. Pas brillant, et au vu de la fièvre de David, nous ne prolongeons pas notre recherche. Pour ma part, j'en sais assez sur les manigances d'Urmila.
Une brève visite chez notre Président, le temps de confirmer que mercredi, soit demain, les parents mâles de la famille de Sanjana vont venir lui rendre visite (la mère, la sœur et les femmes de son entourage sont proscrites... aux fourneaux, tient, cela plairait aux UDC de chez nous !). Attendus vers 9h, ils arriveront en fait à 13h... le temps pour nous d'attendre !
L'ameublement et les derniers cadeaux sont apportés, le lunch est servi, les photos emmagasinées, je rentre chez moi, David est reparti pour Kathmandu à midi. Rekka, cousine de Sochiendra, m'accompagne, nous bavardons, puis elle aussi s'en retourne à ses occupations, elle repart demain pour Biratnagar.
Bon vent aux jeunes époux,
Vers 17h, c'est Yamouna, l'une de nos jeunes nurses (ANM) du centre de santé, qui vient s'établir chez moi. Elle est enceinte, et le trajet – tous les jours – jusque chez elle, sur les chemins qui sont les nôtres, lui sont particulièrement pénibles. Elle va donc partager mon quotidien, jusqu'à son accouchement ! Et j'espère ainsi faire quelques progrès en Népalais, car de ce côté-là, ce n'est pas la gloire... !
Mercredi à Gorpar - édition n°17
Oui, vous avez pu croire que je vous abandonnais ! Il faut dire que durant ces deux dernières semaines, d'une part le temps a filé et d'autre part, nous tous ici avons été très occupés.
Après de longues journées de shopping à Kathmandu et des nuits froides, je me réjouissais de rentrer à la maison, le soleil me manquait déjà ! Eh bien, vous n'allez pas me croire, mais ce mercredi 29 janvier, j'attends à l'aéroport de Kathmandu, que celui de Biratnagar veuille bien ouvrir, nous permettant d'atterrir... Deux heures et demi, soit départ à midi seulement ! Hariram et Umesh Djim, notre chauffeur attendent, eux aussi... ! Le temps est au brouillard !
On m'avait avertie que le froid du Terai était « terrible » ! Je vais le découvrir pendant les dix jours qui suivent... La semaine de froid a commencé avec un mois de retard et c'est la valse des chaussettes, jogging, training, pulls à col roulé et autres jaquettes et châles, quand ce n'est pas couverture jetée sur les épaules pour avoir chaud !
Un vent à décorner les bœufs – enfin pour ceux qui en ont encore, car ici aussi la mode est aux bovins sans cornes – accompagne le brouillard, qui ne s'estompe que vers 9 – 10h, voire plus tard ! ou pas du tout, épaississant trop vite à mon goût ! Mais malgré tout, tous les jours le soleil est suffisamment puissant afin de pouvoir chauffer l'eau de la douche vespérale !
Toute la fin de la semaine va se dérouler – à l'école – au rythme de la préparation de Saraswoti Puja. Saraswoti est la déesse de l'éducation, de l'enseignement, de la musique, il est donc nécessaire de l'honorer et de la prier... dans le cadre d'une école. Il faut que les étudiants apprennent le texte de la pièce de théâtre jouée année après année, que le chœur des enfants de l'école répète les chants, que les danseuses et danseurs exercent leurs déhanchements et leurs sauts « bollywoodiens », pendant que d'autres grimpent aux arbres pour marauder les fruits, au risque de se rompre le cou ! Nous allons avoir la musique dans les oreilles de 7h le matin à 22h, des étudiants qui n'étudient plus pendant 7 jours, et l'électricité qui disparaît pendant 36 heures ! Elle devait être à la recherche de Dharmanath, l'un de nos instituteurs, qui fut absent pendant plus de 6 semaines... ! Puis, c'est de minuit à 6h du matin qu'elle réapparait ! Très utile aux divers villages qui fêtent qui Hariram (le dieu, pas mon Hariram), Hanuman, Ram et autres... Ainsi, nous profitons toutes les nuits des onomatopées des prêtres et des musiques les accompagnants.
En même temps, les discussions sur les préparatifs du mariage de Sochiendra vont bon train. En fait, ce sont surtout des discussions sur l'argent qui manque, et sur combien chacun peut prêter, offrir, donner... Il faut environ 6 lacks (NR 600'000.-, soit SFr. 6'000.-) pour que le mariage puisse se dérouler ! Fixé au 9 février (nous sommes le 31 janvier...) il faut faire vite, car tout doit être organisé en parallèle à cette recherche de fonds !
Kudan, notre veuf nouveau, avait lui aussi disparu ! Une vraie épidémie... Pour effectuer le check up que je lui avais recommandé d'effectuer après le décès de Somani. De retour, il nous informe que tout va bien, sauf sa pression. Il faut mettre la pédale douce sur les joins et la cigarette ! Ce qu'il promet avoir arrêté depuis son veuvage.
Vous vous souvenez sans doute de Kagendra, le charpentier, Monsieur Bolli (demain), car il affirme toujours venir « bolli ». Eh bien, en ce 1er février, il n'est pas venu... Pas plus que l'électricité, qui vraiment joue avec nos nerfs et ne me permet pas d'avancer à mon rapport. Rien ne fonctionne, Internet encore moins ! Enfer et damnation !!
Par contre, aujourd'hui j'ai vu un magnifique vol de perroquets verts (d'environ 25-30 cm), ils volaient en grappe, comme les moineaux chez nous l'automne, se rassemblant pour leur migration. Fantastique ! Comme quoi, tout n'est pas perdu !
Les pilonnes qui amèneront (peut-être, il est permis de rêver) l'électricité jusqu'au système d'arrosage de notre terrain sont déplacés par une dizaine de villageois, et deux bœufs. Un peu archaïque, il faut 10 heures pour déplacer 5 pilonnes. Heureusement, Kudan et sa force herculéenne viennent à bout de divers obstacles tels que le chargement ou le déchargement des pilonnes de 9 mètres sur une charrette brinquebalante ! Onze jours après, le dernier pilonne est toujours sur la charrette !
Et maintenant, que vais-je faire ? Voilà que je n'ai plus de gaz... Le mauvais sort s'acharne, n'est-t-il pas ?
Le temps est au froid en cette fin de semaine, par d'électricité, pas d'Internet, pas de gaz, et évidemment pas de téléphone... Le mieux, c'est encore sous la couette avec un bon bouquin !
Ce matin de lundi 3 février, je découvre que pour confectionner le temple dédié à Saraswoti, les instituteurs ont tout simplement pris les cartons dans lesquels mon déménagement était empaqueté ! Sans rien demander, évidemment... Le temps est au froid toujours, un gros vent d'ouest soulève la poussière qui s'étale partout et s'incruste dans tous les recoins !
Demain c'est Saraswoti puja, alors débarquent les tentes qui couvriront notre scène extérieure, les musiciens qui vont essayer leur matériel jusqu'au milieu de la nuit, les étudiants qui vont dormir dans le temple... ! Si au moins cela pouvait ressembler au Cirque du Soleil ! un vrai capharnaüm, et des déchets partout ! J'adore...
Saraswoti puja... début de journée aux aurores, dans une purée de petits pois à couper au couteau, je ne vois pas le jardin depuis ma terrasse ! Mais j'entends... musique à fond et cela va encore durer jusqu'à l'extinction des feux, ce soir à passé 20h ! Savez-vous que par grand froid, le bois grince ? je le remarque chez moi, il est vrai que dans l'appartement, il fait 7° !
Et zut de rezut, c'est maintenant le générateur qui est en panne ! Au secours, je vais piquer une crise !
Mais la décoration du temple et la statue de Saraswoti sont magnifiques de couleurs, de papiers et de guirlandes diverses, les offrandes affluent autant que les villageois, le Head Master est parti en enfermant la nourriture, si bien que les villageois repartent bredouilles, après avoir tout de même emplis leurs oreilles de 6 heures d'une musique aussi assourdissante que répétitive !
A nouveau grand bonheur au milieu de la dépression qui me gagne (LOL) : Asha Yadav, notre première boursière, a terminé ses 5 ans de formation, dont trois ans d'études médicales. Elle vient de recevoir les résultats de ses examens, réussis avec une moyenne de 81 %, soit première division ! Grand bravo à elle, que je fais venir sur scène afin qu'elle soit ovationnée ! En plus, grâce à ses résultats, elle a trouvé immédiatement un emploi à Biratnagar, au Model Hospital ! Double félicitation !
Puis pleurs de Sobita, qui dans la foule de la journée a perdu son mobile. Pleurs de Manosh Das, instituteur instigateur de la fête, car son générateur aussi à des ratés ! Félicie est passée nous dire bonjour !
La fête se poursuit ce mercredi, les étudiants amenant la statue de la déesse jusqu'à la gouille d'eau qui borde le chemin menant au Josiane's Village, et l'y jettent, avec tout le « chenit » de la fête... Sauf la « maison », le temple, qui reste en place 6 jours encore. Je n'ai pas découvert la raison de cette attente, et Greenpeace n'a jamais entendu parler de ces déchetteries à ciel ouvert...
Mais Rekka – cousine de Sochiendra – et moi, sommes dans la voiture qui nous amène pour deux jours à Biratnagar, où nous allons à nouveau nous adonner au shopping forcé ! Il faut des saris pour la mariée, sa mère, sa grand-mère, ses sœurs, cousines... Des kurta surwal pour toutes, des bijoux de pacotille, des bijoux en or, un diamant pour le nez, des chaussures, des sous-vêtements, tout un « beauty bag », innombrables produits de beauté qui doivent être offerts. Sans compter la nourriture sèche (quantité de noix diverses, de dattes, de raisins secs, d'épices et autres... ), ceinture, chaussettes, t-shirt, souliers, mascara, tikka, tout s'emmêle, tant pour Sochiendra que pour Sanjana, et les hommes et les femmes et une liste de trois pages recto verso au bout de laquelle nous arrivons, fourbues !
Nous passons la nuit à Biratnagar, moi à l'Hôtel Ratna, dont le restaurant sert des plats toujours très frais. Les rouleaux de printemps, sans chilly, sans piro, sans spices, sans ginger, sans pepper sont tout simplement MERVEILLEUX et à mon goût !
Jeudi, nous pensions rentrer à Gorpar avec David, qui devait venir de Kathmandu pour participer au mariage. Eh bien non, le temps à Biratnagar est vraiment au brouillard, et tous les vols sont annulés. Pour atterrir, un avion a besoin de 1,5 km de vision claire, et là, on ne voit pas à deux cents mètres ! Nous avons fini notre shopping par l'achat d'un dictionnaire anglais – népali pour Anita du Centre de santé, et nous rentrons, fatiguées, mais heureuses de tous nos achats. Pas d'électricité, tant pis ! Eau chaude, tant mieux et au lit à 20h.30, demain est un autre jour !
Youppie, Monsieur Bolli est enfin présent ! Par contre, les élèves qui ont droit à des cours de rattrapage sont seuls dans les classes, les instituteurs ne viennent pas ce matin !
La journée se passe à attendre, car aucune information concernant le mariage ne filtre ! A quelle heure, où, quand, restent des secrets bien gardés ! David arrive ce vendredi 7 février, à 21h15, après heureusement quelques heures d'attente à Kathmandu, mais tout de même la possibilité de se déplacer et arriver pour participer au mariage prévu dimanche et lundi.
Mais c'est une autre histoire, que je vous raconterai en détails dans mes prochaines news, car imaginez... l'électricité, après nous avoir abreuvé pendant 3 (TROIS) heures, ô miracle, vient de se faire la belle !
Mardi à Kathmandu - édition n°16
J'ai terminé mon dernier message avant de me rendre au Centre de Santé et de travailler avec Anita à la clôture des comptes de l'année 2014. En fin de journée, après avoir rendu visite à Kudan et sa famille qui célébraient la cérémonie du 7ème jour de deuil, nous étions invités à manger chez M. Yadav, Président du comité de l'école. Nous y avons tous attendu avec impatience le téléphone du papa de Sanjana, confirmant que le mariage aurait bien lieu.
Cette quatrième semaine de l'année s'est déroulée en deux temps : tout d'abord à Gorpar, où nos activités quotidiennes sont mises en veilleuse, dans l'attente de la décision de la Commission de corruption. L'un de nos instituteurs, Darmanath Yadav, ne vient plus à l'école depuis 6 semaines, sans aucune autre raison que « ses affaires, ses business » ! Malgré les demandes des autres membres du staff d'enseignement et des élèves, notre Head Master ne réagit pas... ! M. Krishna Yadav, instituteur d'anglais, est à Kathmandu, car semble-t-il il est malade. Quant à Manosh Das Yadav, il est en examen pour un emploi gouvernemental. Trois instituteurs sur six absents. De quoi fermer l'école, alors que nous sommes en période de préparation des examens SLC !
Mardi 21 janvier, nous avons accueilli trois jeunes femmes, « field managers » envoyées pour contrôler la construction des chulos dans notre région. L'une d'entre elles est une volontaire allemande, qui découvre ainsi le Népal, en visitant pendant un mois et demi les différentes régions dans lesquelles sont construites ces cheminées-cuisinières dont je vous ai déjà parlé.
Le lendemain, nous avions organisé une momo – party, afin de fêter le départ de David, qui – probablement – ne reviendra sur place pas avant longtemps, puisqu'il devrait se rendre pour études au Danemark. La party s'est bel et bien déroulée, mais malheureusement, je n'ai pu y prendre part, mon estomac n'ayant pas digéré la salade du dîner précédent. Ces ennuis gastriques sont probablement également dus au stress lié au décès de Somani et à l'action injuste menée contre M. Khadga, notre directeur.
Jeudi matin, départ pour Biratnagar, puis Kathmandu, où je loge chez KP, notre fournisseur de châles pashmina. N'étant pas très en forme, je m'octroie une fin de journée calme, sous couvertures car il fait terriblement froid à Kathmandu !
Benju, notre future institutrice Montessori arrivant samedi, nous consacrons la journée précédente à procéder à de multiples achats pour son installation : couverture d'hiver, taie de duvet, oreiller, linge de lit... Dans un magasin spécialisé, je me laisse tenter par un sari de mariage... l'espoir fait vivre, car nous n'avons encore aucune décision définitive de la part de la famille de la jeune fille. En fin d'après-midi, je fais la connaissance de M. Sunil Thapa, nouvellement élu au Parlement népalais. Son père a été cinq fois Premier Ministre sous l'ère royale, et devient le plus ancien membre du Parlement et son Président, dont la tâche première va être d'écrire la Constitution.
Mon estomac ne veut rien entendre encore, je me contente de riz blanc, tout blanc et sans sel. Non, n'essayez pas, ce n'est vraiment pas bon !
Benju et son mari arrivent à 04h00 samedi matin à Kathmandu. David les emmène chez un ami possédant une Guest House au sein de Thamel, la Yéti Guest House. Adresse que je vous recommande, si vous aimez vivre dans le bruit et au sein des touristes... En fin de matinée, je retrouve notre jeune couple et les conduits dans un restaurant typique népalais, pour qu'ils puissent manger un dhal-bhat-tarkari. Ensuite, direction Pashupatinath, le lieu saint des lieux saints hindouistes. Ils peuvent visiter les temples qui me sont interdits et nous nous retrouvons pour nous rendre à pied jusqu'à Bouddhanath. Ici, c'est le lieu saint des lieux saints bouddhistes. Nous parcourrons la stuppa, et dégustons une collation en face des « yeux » si célèbres. Je les accompagne jusqu'à la Guest House. Ils veulent visiter Thamel en soirée... mais vont se perdre dans les ruelles, comme beaucoup de touristes lors de leur premier voyage (et moi encore, malgré mes 38 débarquements à Kathmandu !!).
Dimanche matin, nous partons découvrir la petite ville de Bhaktapur, où nous rendons visite à Tanka Lama. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Patan et pendant que je retrouve mon amie Urmila, je les laisse flâner dans Durbar Markt. Nous avons rendez-vous chez Bina, où Benju va passer les 3-4 prochains mois en formation Montessori. Les classes débutent demain, une trentaine de petits loups suivent l'école Bina's Ketta Ketti Bari, et ainsi Benju aura l'occasion d'associer théorie et pratique aux côtés de cette femme soixantenaire, qui consacre sa vie aux enfants en âge pré - scolaire. C'est pour elle une première expérience que d'avoir une séminariste à plein temps, vivant jour et nuit sous son toit ! Le challenge est des deux côtés et nous sommes toutes les trois très excitées de vivre cette expérience, bien qu'à des niveaux différents !
Hier, accompagnée de Saraswoti, la maîtresse de maison chez qui David loge et de sa fille SamShraddha, je me suis rendue chez le couturier, afin d'y déposer mon sari. La blouse et le petty – coat doivent être cousus. Ensuite, course pour trouver des bracelets. Il y a tout une « tenue » à revêtir avec un sari, et c'est encore plus compliqué lors d'un mariage, car les couleurs sont particulièrement importantes ! Auparavant, David et moi avions choisi une nouvelle qualité de laine et une quinzaine de couleurs. Nous faisons envoyer notre chargement à Gorpar, après avoir récupérer des boutons et des aiguilles à tricoter. Aujourd'hui, fin de shopping, je suis un peu fatiguée de courir les boutiques. Mais Saraswoti doit assister à un mariage dans quelques semaines (c'est la saison des mariages, selon les astres... ), alors nous effectuons le même parcours que pour moi !
Demain, retour à la maison, au chaud, du moins je l'espère ! la journée, au soleil... cela me manque !
Dimanche à Gorpar - édition n°15
Dès le 1er janvier, la valse des rendez-vous se poursuit ! Un thé avec mes soeurs, un repas chez Betty en compagnie d'amis, un week-end chez mes enfants, et encore le plaisir de revoir Bhavna, une soeur de coeur, rencontrée au long d'un chemin de vie qui m'a amené au Népal ! Une de ces femmes qui « apporte la lumière d'une bougie au lieu de maudire les ténèbres » (Gandhi).
Le mercredi 8 janvier, dernière soirée de mon séjour en Suisse, les membres du comité de gestion de l'Association me rejoignent afin de participer à notre première séance de l'année. Les dernières nouvelles reçues du Népal lors de mes entretiens « Skype » avec David sont transmises, le travail, jusqu'en juin prochain, est planifié, les membres ayant oublié de verser leurs cotisations sont rappelés à l'ordre ! et Betty prend les rênes du dossier PR, à notre grande satisfaction et plaisir.
05h00, jeudi 9 janvier, je suis debout, l'avion n'attendra pas !
A cheval, au Népal ! En effet, dans les 54kg de bagages m'accompagnent, sans compter mon sac à dos dans lequel ont pris place mon ordinateur, ma tablette, mes cahiers d'exercice, un bouquin et mes habits de rechange, car je vais loger une partie de la nuit à Doha, ne figure pas le cheval de bois que j'emmène pour nos petits. Dix heures d'attente, en hiver, c'est long dans un aéroport, même si, comme pour ce trajet, je vole en business grâce aux miles accumulés. L'accueil au champagne n'est pas le seul avantage au départ de Genève ! Il y a aussi le « pyjama d'intérieur » qui est offert et qui permet un voyage bien agréable. Le repas est d'une autre qualité qu'en Economy... Et l'hôtel * * * * dans lequel une chambre m'était réservée offre des linges de bains XXL ! J'adore...
Il fait froid à Kathmandu ce 10 janvier ! Je retrouve David à l'aéroport et après avoir déposé les bagages à l'hôtel Malla, direction shopping. Je vais chercher les kurta surwal qui sont prêts, l'été peut pointer le bout de son nez ! Puis razzia chez le fournisseur de laine : trois sacs supplémentaires sont à ajouter aux autres bagages... Yeti Airline ne va pas être content ! Le dîner se déroule en compagnie de David, avec qui j'organise le planning des quelques jours que je vais passer à Kathmandu. Demain, c'est Bhaktapur et visite à Tanka Lama, puis Patan, je dois y réserver une chambre au Newa Chen pour la fin mars, à l'arrivée de Betty et passer dire bonjour à la famille Shrestha. Il me faut aussi téléphoner à Anita Badal, pour avoir les derniers détails de ma participation au séminaire de construction de « chulo », séminaire qui doit se dérouler du 18 au 23 janvier à Gulmi.
Dès ce 11 janvier, les vacances d'hiver sont décrétées à l'école, pour une semaine. Ici, dans la capitale, je profite du beau temps et à Bhaktapur fais établir un passeport visiteur qui va durer le temps de la validité de mon visa. Le prix d'entrée dans la ville a grimpé à 15$, quatre dollars de plus qu'en décembre... Avec ce passeport, je vais pouvoir entrer dans la ville autant de fois que je le souhaite, sans avoir bourse à délier dorénavant. Avant mon départ, je passe la dernière journée à travailler à l'hôtel, en courriels nombreux, téléphones, attentes diverses. David me rejoint pour un momo – lunch et, finalement, puisque la télévision est HS, les livres terminés, les bagages fermés, c'est une belle nuit qui s'annonce !
Mardi 14 janvier, notre avion est annoncé avec deux heures de retard. Le brouillard joue en notre défaveur à Biratnagar, nous ne pouvons décoller... café, téléphones. David m'annonce que notre chère Somani est décédée cette nuit ! Le choc, comment est – ce possible ? Bien sûr, je l'avais trouvée amaigrie en septembre. Evidemment, elle toussait – mais comme nous tous – dès la fin octobre. Tous les matins, elle se réchauffait sur un banc au soleil. Puis son état de santé s'est aggravé à fin décembre et sur le chemin de l'hôpital, dans la nuit, elle s'est éteinte, emportée par une embolie pulmonaire. Somani était employée de l'Association Ganesha depuis le début de notre aventure commune, en qualité de talentueuse cuisinière, préparant des repas pour deux ou vingt personnes avec toujours le même allant. Le matin tôt, elle venait chercher notre linge et oeuvrait comme lavandière, aidée quelques fois de Bhutti, lorsque des visites s'installaient au Centre de santé. En fin d'après-midi, après avoir aidé Kudan au jardin potager de l'école, elle nettoyait les classes enfantines. Et le soir, nous passions enfin du bon temps, sur la terrasse, au soleil couchant. Sans rien dire, car elle ne parlait que le maiteli et moi que l'anglais. Quelques fois, le coeur suffit au dialogue.
A notre arrivée sur place, les funérailles étaient déjà consommées. Nous n'avons pu lui dire au revoir, et il nous faudra du temps pour ne plus la voir parcourir le préau de l'école ! Treize jours sont consacrés par sa famille au deuil. Son fils aîné assume les diverses cérémonies, habillé de blanc et assis au soleil, respectant les phases diverses de cette séparation. Kudan erre comme une âme en peine et nous ne savons comment lui venir en aide !
La vie continue pourtant, et les souris qui ont « bâfré » une partie des couvertures d'hiver, les bouilloires et tenté de s'accaparer d'un duvet nous le rappellent, elles qui ont ainsi préparé des nids douillets pour leur progéniture ! Et nos moustiques qui eux exagèrent ! Par ce froid (bon, d'accord, il fait en journée jusqu'à 22° !) ils auraient dû disparaître... mais non, cette nuit, ils se sont probablement régalés, tant sur David que sur moi !
Ce matin, le soleil brille, la terrasse nous accueille, tout d'abord Benju, David et moi. Nous lui exposons les détails de son séjour à Kathmandu, chez Bina, pendant la phase des trois mois de training qu'elle suivra. Son mari va l'accompagner à Kathmandu, où nous les réceptionnerons et leur ferons visiter la ville.
Nous enchaînons avec M. Khadga, président de l'Association Ganesha Népal (AGN), qui a été mis en accusation pour « corruption » par l'instituteur d'anglais, Krishna Yadav et le Head Master. Ces deux personnages ont envoyé un courrier au District Education Officer, dénonçant le fait que M. Khadga, instituteur engagé par le Gouvernement, s'occupe également de l'AGN, ce qu'ils pensaient être « illégal ».
Trois membres de la Commission de Corruption (!!) sont donc venus à l'école et ont mis M. Khadga sur le gril, le questionnant pendant plus de 6 heures sur ses activités à l'école, et en qualité de président de l'AGN. Nos deux canards en chef se sont froidement fait ramasser : en effet, M. Khadga a fourni toutes les preuves que tous les instituteurs au sein de l'école sont au courant des activités de l'AGN. Le Head Master lui-même a signé les p.-v. des séances d'information (teachers' meetings) que nous avons organisées régulièrement, dans le but d'éviter tout « secret » sur dites activités ! Nous attendons les suites du rapport que le responsable de la Commission doit établir et espérons que le calme puisse ainsi revenir au sein du team scolaire.
Pourtant, une autre question se pose : pourquoi notre instituteur Dharmanath ne vient-il plus à l'école depuis plus d'un mois ?
Et les rumeurs du départ de Sobita et de Manosh sont-elles l'annonce que ces instituteurs vont nous quitter? Le club des canards se dissoudrait-il à notre grande joie ?
Notre jeune instituteur Sochiendra souhaite, depuis longtemps, se marier. A 28 ans, il est en âge de fonder un foyer, ce que ses parents désirent vivement. C'est pourquoi en ce 16 janvier, nous voilà embarqués, son papa qui est aussi le Président du comité de l'école, l'un de ses oncles, David, M. Khadga et moi, avec notre chauffeur Umesh Dji, pour Itahari. Nous rendons visite aux parents d'une jeune fille à marier, Sanjana Yadav. Mariage arrangé, celui-ci, le mariage d'amour de Sochiendra, il y a quelques années, ayant tourné court et donné des cheveux gris à toute sa famille !
Nous arrivons sur place, sommes introduits dans une chambre froide et sombre, l'électricité brillant par son absence ! Nous recevons tous une assiette sur laquelle des fruits sont disposés, ainsi que des gâteaux trempant dans du lait. Une tasse de thé chaud bienvenue est servie, la discussion marque un peu le pas... Une heure après notre arrivée, le papa de Sanjana demande s'il doit faire venir sa fille ! Je connais des humoristes français qui diraient « Non, nous sommes venus patiner... » ! Qu'elle est jolie, cette gamine de 18 ans, avec ses rondeurs d'enfant ! Elle répond à maintes questions sur ses études, et après quelques instants, je lui demande de me montrer ses livres de classe. Elle est B. Ed. première année. Nous nous éclipsons dans sa chambre et je lui demande quels sont ses sentiments profonds face à ce mariage. Elle répond que c'est le voeu de son père, qu'elle-même désire poursuivre ses études. Elle souhaitait devenir ingénieur, ses notes et résultats le lui permettaient, mais elle a reçu ses papiers trop tard en automne 2013 et n'a pas pu s'inscrire à temps à l'université !
Un repas nous est servi, que nous dégustons au soleil, la chambre dans laquelle nous étions parqués était vraiment trop froide !
Après un saut à Dharan afin d'acheter les médicaments que David a oublié à Kathmandu, nous rentrons à la maison afin de raconter à Sochiendra et sa maman nos aventures du jour et leur montrer les photos prises ! Non, Sochiendra ne verra sa promise que dans quelques jours... après que l'invitation reçue soit rendue, et au cas où les deux familles seraient tombées d'accord pour que le mariage soit célébré.
La journée se termine par une visite à la famille de Somani, aujourd'hui, 4ème jour après son décès, ayant lieu la première cérémonie des 5 prévues et devant se dérouler dans les 13 jours de deuil. Nous sommes ensuite invités à manger chez le Président, tristesse et joie, souvenirs et projets d'avenir se mêlant dans nos discussions.
Aujourd'hui, 17 janvier, Eunice fête son anniversaire ! A 9h ce matin, il fait déjà 15° et en fin d'après-midi, le soleil nous gratifiera d'un bon 22°, signifiant que l'air de l'appartement a été réchauffé, qu'une bonne douche pourra être prise ce soir et que la nuit sera moins froide... !
Le Président ayant reçu un téléphone du papa de Sanjana que l'affaire peut aller de l'avant, nous nous empressons d'établir la liste des courses, afin de les recevoir dignement demain déjà. Six membres de la famille de la future mariée (nous l'espérons), viendront à leur tour rendre visite à Sochiendra... L'excitation est à son comble, il faut nettoyer la maison, poser le tapis dans la chambre à manger, débarrasser les tonnes de riz qui encombrent la cour de la maison, monter la tente, courir à Kanchanpur, se raser (Sochiendra... ), passer en revue les vêtements à porter demain... Une journée chaude, mais notre occupation nous sort quelque peu de notre tristesse.
J'ai – au vu des circonstances – annulé ma participation au séminaire sur la construction des chulo. Je participerai une prochaine fois... Car aujourd'hui, c'est un grand jour pour la famille de notre Président : le mariage de son fils aîné pourrait se conclure. Pourrait, car le même cérémonial va se dérouler : arrivée des Messieurs (uniquement, vous remarquerez que le destin de Sanjana est déterminé par des hommes – Oui, je sais, mon féminisme refait surface !), apéritif constitué de fruits divers et d'un plateau de dattes, de morceaux de noix de coco, de graines d'anis, de noix de cajou et de noix de muscade. M. le Président invite nos visiteurs à se rendre à l'école, laissant ainsi le temps au team des dames (!!) de préparer le repas qui sera servi ultérieurement. De retour chez lui, notre Président appelle son fils, et c'est à son tour de répondre à la petite dizaine de questions de ces messieurs.
Les petits plats ont été mis dans les grands ! Il fallait recevoir mieux que nous ne l'avions été ! Le dhal était épais, le bhat particulier (et dont je ne me souviens pas du nom), les légumes nombreux et préparé de 5 manières différentes. Les papad, puis les desserts, puis les fruits, puis la crème chocolat et les quartiers de chocolat accompagnés de boissons diverses ont totalement satisfaits les invités.
Fausse note et insulte : Sochiendra souffre, depuis sa naissance, de pieds plats particulièrement plats, déformation congénitale. Ce qui lui donne d'une part une démarche traînante et d'autre part un gros complexe. Imaginez, en fin de repas (auquel par ailleurs Sochiendra n'assistait pas, tradition oblige), les six visiteurs se sont rendus dans sa chambre et lui ont demandé de se déchausser ! Il y a des moments où, de honte, je souhaiterais être une souris !
Ce dimanche, l'école a ouvert ses portes aux enfants pour une petite cérémonie en souvenir de Somani. Une photo est exposée sur notre scène, au vu de tous, pour la journée. Chacun est venu se recueillir et bénir son souvenir. La journée a été décrétée libre, les enfants reviendront demain.
Après la pluie de la nuit, un soleil radieux nous réchauffe. Anita et les comptes du HCC m'attendent. Ce soir, nous serons aux côtés de Kudan, pour la cérémonie du 7ème jour. Et nous attendons avec impatience le téléphone du papa de Sanjana, confirmant – ou non – que le mariage aura bien lieu et à quelle date !
Jeudi en Suisse - édition n°14
Voici 16 jours que je suis de retour en Suisse, arrivée le 18 décembre dernier sous la pluie, par une température de -1° !
Mais avant, il y a déjà un mois (est-ce vraiment possible ? pourquoi le temps file – t – il si vite ?), David quittait Gorpar, accompagné à Biratnagar par M. Khadga, notre directeur. J'attendais alors les ouvriers qui devaient – enfin – terminer les réparations du toit qui fut arraché lors d'une tempête, en juin dernier. Très fatiguée, je restais à la maison, ce fut donc une journée calme, mais bien ensoleillée et chaude encore, puisque la température, frisait encore les 25 à 28 degrés. Je me suis laissé dire que cette température n'est pas vraiment « normale », et dès la fin de cette semaine là, le brouillard devait étaler son manteau et la fraîcheur, bien que toute relative, nous rappeller que l'hiver approchait ! Mais depuis longtemps déjà, les bonnets de laine, les écharpes et châles, les gants et les souliers fermés avaient fait leur apparition ! Il est vrai que passer de 46° à 22° impose une adaptation vestimentaire, qui me semble tout de même exagérée... Que vont donc porter les villageois, lorsque pendant près d'un mois, le brouillard froid et humide (de fin décembre à fin janvier semble-t-il) ne laissera pas la place au soleil de la journée, et que les murs de branchages ne seront pas de grande utilité afin de se réchauffer ?
Ce mardi 10 décembre, le commerce de la laine bat son plein ! David nous a apporté une cinquantaine d'écheveaux nouveaux. Toutes ces dames intéressées, ainsi que certains messieurs, sont là, désireuses d'être servies en priorité et de pouvoir, pendant mon absence, poursuivre leurs tricots. Je ne pensais pas avoir un tel succès, lorsque j'ai lancé l'idée de créer un groupe de tricot. Restreint pour l'instant, mais peut-être que cela pourrait devenir un commerce prometteur, de nombreuses villageoises souhaitant rejoindre le groupe de base.
J'attends toujours les ouvriers qui doivent terminer les réparations du toit, et qui – finalement - ne viendront que demain ! Ce jour-là, j'ai rendez-vous sur Skype avec Chris, notre vidéaste cameraman, qui doit me faire parvenir le « draft » de notre futur CD. Je me réjouis de voir enfin à quoi ressemble son travail de douze jours à nos côtés, et qu'ensuite, vous aurez le grand plaisir de visionner. Vous pourrez ainsi suivre nos aventures de manière plus vivante qu'en ne les lisant.
Mercredi : Les examens de Benju ont débuté hier. Le toit sera terminé ce jour, mais pour l'instant, c'est le meeting au Centre de santé qui m'occupe. Un jeudi matin amusant, car les swamsebikas aiment leur travail et sont toujours très actives au sein de leurs communautés respectives. Nous leur donnons des nouvelles des camps de santé qui ont été organisés cet automne, et des prochains camps que nous espérons organiser, en particulier le camp gynécologique. La note finale viendra de leur demande d'obtenir un uniforme. Je leur propose de leur offrir le premier kurta – surwal (grande « chemise » et pantalon, avec un châle porté sur la poitrine). Les anciennes s'offusquent, les plus jeunes sont conquises, et les dames dans la quarantaine sont encore dans le doute : la mentalité de certains villages ne les autorise pas à s'imaginer – mariées – portant le kurta-surwal, mais l'envie de modernité pointe, certaines étant mères de jeunes filles... !
Ce vendredi 13 décembre, Benju me rejoint pour une dernière mise au point de son activité avant mon départ. Ses examens se poursuivront encore jusqu'au 22 décembre, puis dès le 23, elle aidera Punam, l'institutrice de la classe nursery actuelle. Pour moi, la journée va se terminer, après avoir fermé mes bagages, en tricotages et bavardages ; je pars demain pour Kathmandu. Hariram et M. le Président vont m'accompagner jusqu'à Biratnagar. J'ai reçu des nouvelles de notre ingénieur, M. Y. Khadga, qui prépare les plans de notre future classe Montessori, et vais le rencontrer à son bureau, dimanche, avant de prendre une tasse de café avec Reka Yadav, la nièce de notre Président, nouvellement mariée. Elle me présente son mari, jeune médecin, sur lequel j'aurai sans doute des vues à l'avenir, afin d'animer l'un de nos camps !
J'ai amené les tissus achetés cet automne, afin que l'amie de David me confectionne les kurta – surwal que je porterai l'été prochain ! Les épices et les thés sont achetés, et aujourd'hui, lundi 16 décembre, j'ai rendez-vous avec Armand, au Shechen Guest House Café, pour un petit déjeuner de « travail » ! Nous allons parler de toilettes, à eau, sèches, publiques et familiales ! En effet, Armand a construit des toilettes sèches dans des cabanes de montagne en Suisse et ces dernières années au Népal. C'est mon petit mot sur le chemin des caqueurs qui nous a mis en relation, et c'est avec plaisir que je fais sa connaissance, ainsi que celle de son successeur, Nicolas. Ils sont accompagnés de Lakpa, chez qui Armand séjourne. Le projet de construction de WC pour les « joints families » sera activé au plus vite en 2014, il est en effet impératif de s'attaquer à ce fléau qu'est le manque d'hygiène lié au manque de lieux d'aisance.
Après avoir dégusté un Shechen special, un chocolat chaud et une tasse de café, je me rends chez Anita, responsable de l'Association spécialisée dans la construction des chulo, ces cheminées qui remplacent les feux ouverts sur lesquels les femmes cuisinent. Il est souhaitable en effet que nous construisions plus de ces chulo qui évitent de graves accidents d'une part et qui permettent d'autre part d'économiser du bois et d'éviter que la fumée ne provoque de graves maladies pulmonaires. Nous allons rechercher une seconde personne capable, après formation, de sillonner les villages afin de construire entre 15 et 20 chulos supplémentaires par mois, Urmila n'arrivant pas à développer suffisamment son activité. Je vais également – en janvier, à mon retour au Népal – participer à l'un des séminaires de formation, afin de pouvoir, à terme, visiter les familles au sein desquelles seront construites les cheminées et récolter leurs expériences, leurs remarques et leurs impressions.
Aujourd'hui, je rencontre Ayush, jeune Népalais qui gère la fondation P. N. Pant et qui se déclare prêt à nous aider financièrement. Un projet lui sera soumis, dans le domaine de l'éducation ou de la santé. Mes vacances d'hiver me permettront de préparer une collaboration dans ce sens. Puis, David et moi nous nous rendons chez Bina, propriétaire d'une école Montessori depuis 30 ans, qui se déclare prête à prendre Benju chez elle et à la former ! Cette décision me parait être la meilleure, afin que Benju soit entre de bonnes mains et qu'elle trouve à la fois une formation et une famille accueillante, puisqu'elle pourra vivre dans la maison – école pendant tout le temps qu'elle sera à Kathmandu. La journée se termine à l'hôtel Malla, où je mange un sandwich vite avant de me rendre à l'aéroport, je m'envole ce soir pour la Suisse!
Après un voyage sans encombre ni grande surprise, j'atterris à Genève, à 7h10 et par moins un degré ! Je suis particulièrement contente, car voici mon sac rouge qui arrive dans les premiers bagages délivrés ! Je pars en direction de la gare, achète mon abonnement demi tarife, et monte dans le train. Un appel téléphonique... c'est l'aéroport, zut, flûte, crotte, je me suis trompée de sac !! Retour en quatrième vitesse chez Dnata, où la propriétaire du sac embarqué par mes soins m'attend. Compréhensive, cette aventure lui était arrivée, nous nous quittons après un échange de sourires et mille excuses de ma part ! Je prends le train suivant, ma fille et mon petit-fils m'attendent à la gare de Lausanne et direction VLV. Dès le lendemain matin, c'est avec grand plaisir que je rencontre Astrid, afin de lui raconter mes dernières aventures népalaises. Je déjeune ensuite avec Fiorella et Roberto. Fiorella est la Présidente de l'association Namasté Mara Mosca, association qui est le principal sponsor du Centre de santé, depuis son ouverture en décembre 2005.
Cet après-midi, j'ai le grand plaisir de revoir Michèle, qui est venue en octobre dernier, visiter notre projet à Gorpar. Michèle est à l'origine de la Fondation IrisAsia, et promeut les camps de santé ophtalmique en Asie, et particulièrement au Népal. Mon périple du jour m'amène enfin « chez les Italiens » un petit restaurant sympathique, près de mon ancien bureau, à Genève. J'ai rendez-vous avec quelques unes de mes collègues, et nous partageons l'apéritif qui, avant ma retraite, était devenu une rencontre hebdomadaire. Je passe la soirée et la nuit dans mon Bed & Breakfast favori !
Vendredi matin, c'est un petit-déjeuner qui nous accueille chez Gérofinance, société au sein de laquelle j'ai terminé ma carrière professionnelle! Je dois me rendre à l'Ambassade du Népal, afin d'obtenir mon visa pour mon retour au Népal en janvier prochain. Je n'ai pas encore reçu mon visa de volontaire, malgré plus de 9 mois bataille, tant auprès du Ministère de l'Education à Kathmandu qu'auprès du District Education Office de Rajbiraj. Ce document est indispensable, afin de me permettre de m'installer dans la région de Gorpar. J'ai le plaisir de partager l'apéritif de fin d'année avec mes anciens collègues. Mais qu'il est déjà loin, le monde du travail « obligatoire », et ce, bien que je ne cesse d'imaginer, de prévoir, de gérer sur place ce projet qui me tient à cœur.
Noël approchant, il faut courir les magasins pour trouver les cadeaux qui enchanteront les petits-enfants ! Une commande de châle me permet de revoir Betty, mon amie avec laquelle je partage souvent mes voyages au Népal, et en avril prochain, la découverte du Bhoutan !
Mais c'est une autre histoire, et il nous reste encore quelques aventures à vivre ensemble, avant que de plonger dans ce pays assez mystérieux, mais dont tous ceux qui l'ont visité en reviennent enchantés !
La semaine qui s'annonce va nous emmener au sein des fééries de Noël. Dès le 23 décembre, je loge chez ma fille Eunice, accessoirement trésorière de l'Association Ganesha. Un premier Noël autour d'une belle table, d'un chapon et d'une multitude de cadeaux, puis une journée de rangements. Savigny va passer aux sacs à ordures blancs... alors il faut débarrasser cartons, papiers, et tout ce qui n'est plus – pas des plus utiles !
Notre Noël familial se déroule traditionnellement le 26 décembre, autour d'une fondue chinoise. L'échange des cadeaux est l'occasion d'offrir à mes filles et belle-fille un châle pashmina. Encore un direz-vous... Oui, mais ceux que j'ai découverts à Kathmandu, dans une toute petite boutique de Thamel, sont absolument fantastiques. Ils sont confectionnés avec les poils de la gorge de chèvres vivant dans les montagnes proches du Zanskar et sont d'une douceur extraordinaire. Echarpes et châles sont offerts dans les couleurs naturelles des poils des chèvres. Les essayer, c'est les adopter... Passez commande, je vous les apporterai à mon retour en juin prochain !
Les jours défilent, sont occupés à répondre aux emails, à lire Jo Nesbo, à courir les magasins afin de pouvoir tracer les commandes qui figurent sur la liste des vœux exprimés par mes amis népalais, et à rencontrer nos partenaires et sponsors, dont le Professeur André Mermoud, Président de la Fondation Vision for all, qui finance nos camps ophtalmiques !
Mardi à Gorpar - édition n°13
Voilà, dans 5 jours je vais quitter Gorpar pour Kathmandu, une petite halte avant de rejoindre la Suisse, afin d'y retrouver ma famille et pouvoir y fêter Noël... et vous revoir !
Ces huit derniers jours ont vu à nouveau quelques événements se préciser, à commencer par la signature de l'achat du terrain des frères Parsuram Yadav, le dimanche 1er décembre. Nous nous sommes rendus à Rajbiraj, deux des frères concernés, M. le Président qui, pour faciliter la transaction, cède au prix fort deux khotas de son terrain dans le Josiane's Village, M. Khadga en sa qualité de Président de l'Association Ganesha Népal, association qui devient propriétaire du terrain acheté et moi, baileuse de fonds !
Nous nous rendons tout d'abord au Land Office. Les employés sont installés à l'extérieur du bâtiment principal, nous devons tout d'abord remplir 2 formulaires en 2 exemplaires. L'un pour l'achat du terrain des frères Yadav et l'autre pour la cession du terrain du Président aux dits frères. Ces papiers certifient qu'il y a bien vente et/ou cession. Cela prend bien deux heures. Un employé qui n'a pas suivi notre affaire arrive, fait signer (pose des empreintes des deux pouces) Parsuram sur le document de cession du terrain. Oui, mais ce n'est pas le bon frère qui doit signer... ! Re – belotte, on recommence à écrire le document en deux exemplaires (sans carbone svp) ! Allers et venues à l'intérieur, il faut payer pour ceci, pour cela (je n'ai pas tout compris... ) et puis il faut laisser l'employé principal aller manger !
Une fois cette première partie du travail effectuée, nous nous rendons au Measurment Office. Situé à trois kilomètres de là, pour que l'échange et la vente soient « computérisées » et les nouvelles dimensions des terrains enregistrées. On repasse par les bureaux 9, 3, 5, 8 et re – 9 pour le bakshich et re – montée à l'étage pour rendre les livres et plans... Au bout d'un moment, j'informe tout le monde que je vais faire quelques achats avec notre chauffeur, Umesh Dji, tout content lui aussi de sortir de ces bureaux.
Mais ce n'est pas fini... Retour au Land Office pour enregistrer la vente et l'échange ! J'attends à l'extérieur, une demi heure, une heure, je visite le marché des poissons et des volailles (beuuuuuuuuuuuuurk, il y a de quoi devenir végétarien), j'enchaîne avec le marché des fruits et légumes. Soeur Anne ne voit rien venir... Il est 15h45 lorsque l'équipe se pointe : le travail n'est pas terminé, car il y a panne d'électricité et les computers ne fonctionnent plus ! Il faudra revenir demain... !
Et ils sont retournés le lendemain ! Personnellement, j'étais à Biratnagar, avec Benju et notre chauffeur, afin d'y effectuer quelques achats et surtout y chercher David, qui arrivait pour une semaine de travail à l'école ! Son avion ayant 2 heures de retard, nous nous offrons un bon repas au Ratna Hôtel et rentrons ensuite tous, sans nous arrêter au Koshi Barrage, l'étalage des poissons me rappelant un mauvais souvenir...
Ce mardi matin 3 décembre, leçon de népalais à 7h. Voilà bien longtemps que je n'avais revu Laxmi Khant. Vacances, grèves, festivals obligent... ! A dix heures, après un bon petit déj', nous enfourchons nos vélos et nous rendons visite à l'école privée dans laquelle Benju a enseigné pendant deux ans. Je suis intéressée à obtenir quelques renseignements qui serviront lors de l'ouverture de notre école à nous ! Je descends du vélo, pose bêtement le pied sur une pierre qui n'a pas amassé mousse, et me retrouve les 4 fers en l'air ! Evidemment, Archimède m'aurait soufflé de me rappeler que le centre de gravité... Ah, c'est pas lui ?
De retour à la maison, le dos et son bas un peu endoloris, David commande le solde du matériel nécessaire à la finition du toit qui s'était envolé ce printemps. Cela fait 3 mois que je demandais à M. Khadga d'effectuer cette démarche... De Kathmandu, les tôles, le silicone et les boulons arriveront vendredi et les ouvriers sont convoqués pour lundi prochain ! Nous enchaînons avec les pilonnes électriques à commander afin de pouvoir amener l'électricité sur notre second terrain, et ainsi permettre au Water Boring System de fonctionner ! La commande des pilonnes qui entoureront le terrain de la nouvelle école est également passée. M. Khadga se rend le lendemain matin à la fabrique, passe l'ordre et la livraison sera effectuée le jeudi après-midi ! Comme quoi, quand on veut...
Mercredi matin nous voit nous rendre à Kanchanpur, afin d'y visiter la Bhal Both Secondary School, celle – là même qui oeuvre à ce que je puisse obtenir mon visa de volontaire (9 mois que cela dure... !!!). Imaginez, le Ministère de l'Education à Kathmandu à écrit un courrier au District Education Officer (DEO) de Rajbiraj ce que ce dernier doit écrire afin que ma demande soit acceptée ! Manipulé par notre club des canards, le DEO demande à ce que j'écrive une lettre comme quoi c'est bien moi qui demande un visa... ! A devenir fou, pour qui les méandres de la jalousie humaine ne sont pas communs, mais ici, on apprend vite !
Mon travail avec Benju se poursuit, nous inventorons aujourd'hui les livres qui sont enfermés dans la bibliothèque de l'école. Enfermés à double tour, il ne faudrait surtout pas les abîmer ! Seules les souris semble-t-il ont le droit de grignoter quelques paragraphes d'Harry Potter et autre Ile Mystérieuse... !
Encore une histoire de faune, mais qui ne fait plus rire du tout : ce jeudi, Kudan plante et plante et plante encore, des oignons, des carottes, des tomates, des concombres, de l'ail, des courges, des choux... Son jardin devient magnifique... ! Tient, la terre bouge... il plante son sarcloir et un cobra saute hors de sa cachette, plus effrayé encore que Kudan, et s'enfuit dans les broussailles, laissant derrière lui sa peau de mue ! Un cobra, de la famille des porteurs de lunettes... Nous en avons tous une peur rétroactive terrible, la chair de poule, les films défilent, et si... et si... ! Heureusement, plus de peur que de mal, mais il est temps d'obtenir un anti – venin, au moins pour se rassurer, car avec une morsure d'un tel serpent, il reste peu de temps pour voir sa vie défiler en accéléré ! En fin d'après-midi, nous allons mesurer les terrains, en compagnie des frères Parsuram et de Rupesh. Les bornes sont posées... encore une bonne chose de faite !
La préparation de notre « Christmas tea party » va nous occuper vendredi avec les achats de dernière minute et la préparation des crèmes, panna cota et autres salade de fruits, et la matinée de samedi, en installation du salon, rangements divers, nettoyages, etc. Sortant relativement tôt sur le balcon samedi matin, je m'extasie littéralement devant la nuée de papillons qui virevolte autour de l'appartement ! De toutes les couleurs, formes et grandeurs, ils nous offrent un ballet léger et gracieux !
Nos invités arrivent, qui accompagné d'enfants, d'autres envoyées par leurs époux... Tous se ruent sur les amuse-bouche préparés, les fruits, les desserts, les bonbons... Tournée de cafés, le thé va cuire plus que de raison, je l'ai oublié dans l'euphorie du moment ! Séance photos, chacun, chacune veut poser et pour une fois, je me prête de bonne grâce à figer ces heureux moments sur papier glacé... ! David est heureux, au milieu de tous ces amis fidèles, un grand sourire illumine son visage, on fête son Dieu. Il aime cette ambiance de Noël et cette fête que nous avons préparée depuis son arrivée... Les décorations vont rester en place jusqu'à mon départ, pour prolonger un peu la féérie du moment.
Remise au travail dès le lendemain matin. Un projet, nouveau, une demande de sponsoring pour la bourse de Dipesh, l'habituel recherche de fonds... mais aussi une invitation à aller prendre le thé dans la famille du bébé né il y 14 jours ! Nous nous y rendons après avoir discuté avec notre professeur de musique, qui n'enseigne la musique depuis une année que dans la classe nursery, et la même chanson, répétée cent mille fois. Il est employé à d'autres enseignements par notre Head Master ! Cela ne saurait durer...
Entre un serveur Web non fonctionnel et les pannes (en fait, des coupures intentionnelles !) d'électricité, il n'a pas été possible de dialoguer avec mes enfants le week-end dernier! La prochaine tentative se fera depuis Kathmandu, en fin de semaine. Hier, David nous a quittés, son travail à la capitale reprend dès aujourd'hui ! Ces prochains jours seront consacré pour ma part à mettre de l'ordre dans les contacts pris, archiver les réussites, programmer les relances et planifier les contacts à régler, rencontrer encore les employées du Centre de santé, en terminer le rapport de l'année... Quelques journées qui ne manqueront pas d'être bien remplies.
Je me réjouis de revenir en Suisse et y retrouver mes proches...
Pourtant, ce pays du bout du monde me manque déjà !
Samedi à Gorpar - édition n°12
Ces dix derniers jours ont été, comme d'habitude, parsemés de grands bonheurs et de grosses frustrations... !
Comme le fait que – élections terminées – l'électricité soit interrompue à 7h.30 le mercredi 20 novembre, après tout de même plus de 36 heures pendant lesquelles nous avions pu en bénéficier. Retour au XIXème siècle, et vite fait ! Ici, les villageois ne disposent que de peu de TV (d'où probablement le nombre d'enfants...), mais par contre les haut-parleurs alimentés par des générateurs à Diesel fleurissent et c'est donc toutes les nuits que de l'un ou l'autre des villages l'animation des DJ nous parvient. J'aimerai beaucoup savoir ce à quoi ces G.O. passent leurs journées... Car en ce qui me concerne, je suis crevée la journée...
Ou bien encore comme le fait que le jour même de la reprise de l'école (pour mémoire, après plus de 6 semaines de vacances, festivals, grèves et élections...), Kabita, l'une de nos institutrices primaires, vienne me voir et me dise qu'elle souhaitait prendre congé l'après-midi, afin d'accompagner son fils au bus en partance pour Kathmandu ! Evidemment, il n'était pas possible de prévoir de le renvoyer le lendemain après-midi (le vendredi est congé dans la région), ni le samedi (journée libre). Non, il fallait le renvoyer le jeudi après-midi, alors que l'école était en pleine reprise !
Le vendredi 22 novembre, mon téléphone sonne : c'est Mukesh. Mukesh ? Ah oui, le jeune handicapé... Il demande à me voir. Eh bien, viens ! Surprise, ce n'est pas le Mukesh auquel je pense et celui-ci vient avec Ram. Pour me présenter une liste de dix revendications concernant les bourses d'études octroyées... revendications qui – si je ne les remplis ou ne les solutionne pas – ce sera un très dangereux problème pour l'association ! Il y a des « tireurs de ficelles » bien cachés dans leur marre aux canards !!
Nous poursuivons notre travail dans la nursery class, en assistant aux cours qui y sont délivrés. C'est une vraie catastrophe, sur plusieurs plans : tout d'abord celui de la fréquentation par les enfants. Mais comment motiver ces petits bout de chou lorsque pendant les deux premières heures de la matinée, l'institutrice les fait répéter « A – A ; B – B ; Ka ; Kha, Ga, Gha », en anglais ou en népalais indifféremment, 5, 10, 15 fois de suite ? Sans oublier les chiffres de 0 à 35 (mazette, quel progrès) ! Ou qu'en 3ème période, le maître de musique répète pour la cent cinquante troisième fois le même chant, en népalais tout de même, mais que les enfants ne maîtrisent pas encore, car on a oublié de leur dire à quoi correspondent les paroles de ce chant ? Bon, après mon intervention lui posant la question : « Mais, Mr Mandal, après 4 ans d'enseignement de la musique dans la nursery class, vous n'avez pas encore appris vous-même un 2ème chant ??? ». Oui, je sais, j'ai quelques fois des questions bêtes... et méchantes, j'en suis parfaitement consciente. Effet kiss cool ? Deux jours après, il m'informait avoir trouvé 5 nouveaux chants pour les petits... ! C'est ma belle-mère qui disait que même une poule aveugle trouve quelque fois un grain !
Il n'y a que la 4ème période de 45 minutes qui est agréable pour les enfants : ils peuvent enfin s'ébattre dehors, jouer, courir, crier, se détendre... après avoir passé 2h.15 assis derrière leurs bancs...
Samedi 23 novembre, 7h.30, il fait 24° : une petite brume sournoise, les bonnets de laine sur les têtes et les châles enroulés sur les épaules nous indiquent pourtant bien que l'automne est arrivé ! Mais nous entreprenons tout de même de grands travaux : ceux de l'amélioration de la route près de l'étang ! Plusieurs vieux paysans (donc deux rachitiques), apparaissent petit à petit et nous nous mettons à l'ouvrage. Dieux merci ! rejoints bientôt par des forces plus jeunes et ce sont trois heures de travail acharné (mais dont je n'ai pas encore compris le but...) que nous allons abattre. Le chemin est élargi (il faut construire un mur en contre - bas, amener de gros cailloux pour consolider la route ; oui, oui Didi, la semaine prochaine...), déterrer deux tuyaux qui ne font pas leur office pendant la saison des pluies et qu'il faudra changer bientôt (la semaine prochaine aussi ? oui, oui Didi, combler les trous... Mais l'heure du dhal – bhat – tarkari a sonné, alors on se reverra la semaine prochaine ? Oui, oui Didi, namaskar !
L'excellent nouvelle de la semaine a été reçue hier soir par téléphone de notre Président : le 4ème frère de notre paysan Parsuram est également d'accord de nous vendre le bout de terrain qui jouxte l'école et sur lequel nous prévoyons la construction de notre classe de créativité et de développement. Nous avions déjà l'accord de la famille de Punam pour le bout de terrain derrière le Centre de santé ! Il ne s'agit donc plus que de rechercher les fonds qui nous manquent pour cette construction – environ SFr. 30'000.-, afin de réaliser une petite école pouvant recevoir quelques 75 enfants en âge pré - scolaire.
Aujourd'hui dimanche 24 novembre, l'école reprend – en fait, au Népal, le week-end n'est composé que du samedi. Souvent, écoles, administrations et autres bureaux officiels sont déjà fermés le vendredi après-midi. Seuls les magasins, et encore pas tous, restent ouverts. Benju et moi passons notre matinée avec les enfants de la nursery – et leur institutrice Punam, ainsi que l'une des mamans engagées, la seconde assistant Mina dans la classe 1. Après le lunch, je suis étonnée d'entendre – à mon étage – les étudiants de la classe 10 parlant bruyamment. Je vais guigner dans leur classe et demande où est leur instituteur, M. Darmanath, qui devrait être là depuis 20 minutes. Réponse : au bureau, en bas. Je descends, pour constater que M. Krishna est assis dans l'herbe avec autour de lui une dizaine d'étudiants de la classe 10, et que M. Darmanath est en effet, lui, assis au bureau... attendant que M. Krishna ait terminé de parler de coaching classes avec la dizaine d'étudiants, pour lui, rejoindre les 37 autres qui attendent ! Je pense que le ton de ma voix a suffit ! M. Darmanath s'est levé – péniblement, il a engraissé comme un porc – et les élèves se sont éparpillés comme une bande d'oiseaux effarouchés ! La semaine qui s'annonce va être chaude... et elle le fut ! Car tous les jours il faut aller répéter aux instituteurs que leur place est en classe et non pas au bureau... Fatigant tout de même que ce manque de conscience professionnelle. Les examens qui arrivent ? Cela sent nettement la triche... et c'est bien là-dessus que les instituteurs et les élèves comptent ! J'espère que les premiers ne seront pas autorisés dans les classes d'examens de nos élèves, afin que ceux – ci prennent vraiment conscience qu'il est impossible de tabler sur l'aide des instituteurs, qui ne seront pas toujours derrière eux pour répondre à leur place, voire leur dicter ce qu'ils doivent penser...
Lundi, pose de barrières autour des arbres fruitiers du côté de ma chambre à coucher. Non pas pour que les enfants – singes (race nouvelle dans notre école !) ne puissent plus chaparder les fruits verts du goyavier, mais juste pour éviter que les plus téméraires ne tombent d'environ cinq mètres de haut et ne se fracassent le crâne sur le rebord du chemin bétonné entourant le bâtiment. Cinq mètres, voire plus, c'est la hauteur des fines branches sur lesquelles poussent encore des fruits, les autres branches du bas étant déjà cassées depuis longtemps, suite aux assauts de plusieurs générations de ce nouvel embranchement zoologique !
M. le Président m'informe mardi que notre paysan Parsuram 2 (qui a par ailleurs décidé de ne plus travailler pour nous) a récolté quelques 60 kilos de riz et que les deux sacs sont à ma disposition. Nous allons étendre le riz sur le toit de l'école, pour le sécher, et demain, nous l'apporterons au meunier afin que ce dernier le décortique ! Cette année, le terrain nous aura donc rapporté NR 1'620.-, un peu plus de SFr. 16.-. Non, non, aucune note de découragement... au contraire, les plantations vont bon train, et Kudan a enfin compris qu'il doit prendre soin du jardin de l'école ! Nous avons acheté les semis au marché et procédons aux plantations ! Tout le monde s'y met...
L'après-midi, nous nous rendons, M. Khadga et moi, chez Hariram, car nous devons re – monter le lit bleu que nous avions essayé dans un premier temps d'assembler, mais qui n'avait pas vraiment tenu la route. Avec la notice Ikea, quel plaisir... en deux temps trois mouvements le tour était joué et le lit consolidé ! Les deux plus jeunes filles de Hariram vont pouvoir dormir sur leurs deux oreilles dorénavant.
La journée du mercredi 27 novembre est une journée bénie des dieux, tant bénéfiques que maléfiques ! Elle débute par un petit message de bon anniversaire à mon beau-fils ! Nos activités habituelles en relation avec la classe de créativité et de développement se déroulent elles sans problème majeur, mais par contre, en début d'après-midi, je me rends au Centre de santé. Anita n'est pas là et je m'entends dire qu'elle est en congé, car la famille a organisé une cérémonie de bénédiction en faveur de son beau-frère, qui part travailler à l'étranger ! En congé... ! Et si je regardais le registre des présences... Je constate que nos trois employées, bien qu'arrivant à 10h et repartant à 16h, inscrivent – toutes les trois – l'heure d'arrivée à 9h et celle de départ à 17h. ! Mon sang ne fait qu'un tour, celui qui coule pour rechercher les fonds permettant de faire vivre le Centre de santé ! Je demande la copie des contrats de travail : « On ne les a pas ici, ils sont à la maison ». Pas les vôtres, celles qui doivent être au Centre, dans le classeur « Administration » ! « On a dû les prendre pour en faire une copie car on a perdu les nôtres » ! Deuxième coup de sang... Du pas de guerrière que vous connaissez, je monte à mon appartement, m'installe derrière mon ordinateur et prépare un planning des présences que j'envoie, en copie et par mail, à la Présidente de l'Association Namasté Mara Mosca, principal sponsor du HCC. Qui me répond le lendemain, vendredi, que mon planning est accepté, ainsi que ma recommandation de ne pas augmenter les salaires 2014. En calculs vite faits, nous avons payé 4 semaines de travail par mois, alors qu'elles n'en ont effectué que trois (proportionnellement compté pour les puristes...) et ce, depuis des années ! Mais ma chère Fiorella, çà, c'est le Népal ! Je ne suis même pas certaine qu'elles se soient rendu compte de la tricherie... !
Dans l'après-midi, regardant négligemment par la fenêtre de la salle de bain les enfants qui rentrent chez eux, je découvre – dans le champ, là, juste à côté – un magnifique marabout ! Un spécimen hideux, mais si magnifique ! Il y a bien des années que je n'en avais plus vu, pensant qu'ils avaient disparu... quel bonheur que de constater que quelques exemplaires de cette race d'oiseaux vivent encore parmi nous ! J'en suis toute émue et ris comme une petite fille de ce cadeau du ciel ! Une fois de plus, je pense à la diversité de la faune dans ce district et me réjouis encore une fois d'y avoir installé mes cartons (rassurés vous, ils sont pratiquement tous vides !).
Mais ce n'est pas tout... à 18h20, un dixième enfant nait au Centre de santé. Un garçon de 2,5 kilos, qu'il faut ranimer sérieusement, il n'a pas tellement envie de respirer ! Kanchen lui souffle 2 ou 3 fois dans les poumons que l'en entend se détendre et voilà que cette petite crevette se met à crier ! La maman se porte bien, le bébé aussi, les grands-parents sont très contents et le père se tient en retrait... en fait, je ne le verrai que deux jours plus tard, lorsque j'irai rendre visite à mon petit bijou. Je trouve la maman enfermée dans un espace de rangement du fumier, un morceau de paille brûlant à l'entrée et enfumant les lieux... que de croyances et traditions malheureuses, en particulier pour ce petit bébé dont la venue au monde a été difficile et qui devrait pouvoir respirer maintenant l'air frais (pas tant que cela, il fait 28° !!) et être réchauffé au soleil...
Tiens, jeudi 28 novembre, Djunge Dji m'apporte une enveloppe, de l'Administration communale de Lausanne ! Bizarre ! Grand éclat de rires, elle contient les papiers nécessaires à la votation du 24 novembre dernier... Trop tard ! Dommage...
Je prépare un gratin de pâtes pour ce prochain lunch et poursuit avec les activités de la classe de créativité et de développement. Il faut trouver maintenant une école pour Benju. Le Népal Montessori Training de Kathmandu ne peut pas encore me confirmer la date du début de leur formation de trois mois, mais ce sera en janvier 2014. J'envoie donc un message à Bina Gurung, que j'ai rencontrée à Kathmandu grâce à Astrid, afin de lui demander si elle pourrait prendre Benju comme stagiaire pour la pratique qui doit être associée aux trois mois de formation qu'elle poursuivra dès janvier. J'espère une réponse favorable, car je crois que cette personne pourra vraiment faire comprendre à Benju ce qu'est la philosophie Montessori.
Hier vendredi, mes leçons de népalais ont repris avec Laxmi Khant. Fournie en cahier d'exercices, je lui demande de m'enseigner les différentes écritures du langage, car je n'arrive pas toujours à déchiffrer les enseignes que je m'amuse à lire. Evidemment, il m'apprend que l'écriture ancienne et l'écriture moderne ne sont pas tout à fait – et c'est un euphémisme – identiques, mais qu'il y a encore l'écriture utilisée pour les dites enseignes, les journaux, etc. Un vrai pensum... mais bon, je m'y attelle avec passion !
Nous voilà sur le terrain que nous mesurons ! Il est 15h10 et je suis en train d'arpenter le lieu de la future classe de créativité et de développement (oui, promis, on l'appellera la classe Montessori dès que notre institutrice sera titulaire du Junior Certificate !). Disposé en L, il fait 33,70m sur 43.50m et un passage de 4,50m sur 23m nous permettra, si nous ne pouvons y accéder depuis l'école, de contourner le Centre de santé qui sera ainsi une enclave dans le terrain. Au total, 1'146,72m2, soit 3,37 khotas népalais. Les plans sont prêts à être signés dès dimanche auprès du Land Office de Rajbiraj. Je croise les doigts...
Et j'enfourche mon vélo, je dois aller au marché de Simra, le frigo est vide ! Six kilomètres plus tard, j'attaque la préparation d'une soupe de légumes, avec ceux dont je ne connais pas le nom, accompagnés de pommes-de-terre same same (comprenez de légumes semblables à des patates mais qui n'en sont pas, mais qui sont tout comme...), d'un chou – fleur (c'est la saison !), d'un chou, d'aubergines, de vraies pommes-de-terre et d'épinards same same... (comprenez d'épinards semblables...).
Elle est délicieuse, je l'ai goûtée pour mon lunch ce midi. Aujourd'hui, journée repos, je devais en avoir besoin, je ne me suis réveillé qu'à 9h ce matin. Je pense beaucoup à vous qui devez sans nul doute être chez Betty, en train de faire vos achats de Noël ou de boire un thé népalais !
Mardi à Gorpar - édition n°11
Quatrième semaine avant mon retour en Suisse, Noël s'annonce en avance cette année !
Sur le chemin du retour de Lahan, après avoir appris la bonne nouvelle de l'attente d'un garçon par notre Hariram et sa femme, enceinte de leur cinquième enfant, je m'arrête pour chaparder quelques graines de ces lys que je veux planter tout autour du Bouddha's way à l'école. L'après-midi, M. Khadga se rend à la banque avec Hariram, afin de lui ouvrir un compte. Futur père de famille nombreuses, il faut d'ores et déjà penser aux dotes qu'il faudra offrir aux futurs mariées.
La semaine commence, ce lundi 11 novembre, par l'annonce d'une grève totale d'au moins 10 jours ! Ce n'est donc pas demain que l'école va ouvrir ses portes ! Nous fêtons l'événement, Hariram et moi, en dégustant une fondue excellente ! J'ai découvert que la bière remplace très avantageusement le vin blanc, merci à Michèle d'avoir rempli ses bagages de toutes sortes de fromages ! Pendant que le groupe des tricoteuses est à son ouvrage, M. Khadga est à ses comptes.
Le lendemain et pendant les trois jours qui suivront, Benju – notre nouvelle institutrice – débute son travail chez nous. Ensemble, avec Nutan et Sapana et quelques fois rejointes par Punam, nous établissons l'inventaire des jeux, livres et du matériel que nous avons déjà apporté de Suisse et reçu de nos amies. Je suis étonnée, de jours en jours, de constater que certains jeux ne sont pas sortis de leurs emballages d'origine ! Ce sera le « travail » de la semaine prochaine, nous jouerons toutes ensemble et je demanderai également à ce que ces dames lisent les livres qui sont à leur disposition, afin de savoir de quoi ils parlent et que je puisse répondre à leurs questions, s'il y en a ! Après plus d'un mois de vacances, Nutan demande pourquoi nous travaillons 5 heures par jour, alors qu'en principe, ce ne sont que trois heures de présence qui sont requises ! Je suis fort étonnée de sa remarque, puisque l'horaire de la classe Montessori s'étalera de 10h à 15h en hiver, avec une heure consacrée au programme de nutrition et sieste des enfants !
En début d'après-midi, M. Khadga me conduit chez Hariram : nous allons remonter le lit bleu pour les petites... mais le système Ikea m'échappe. Il me faut l'aide de mon beau-fils, car j'ai dans les mains une série de vis et d'écrous qui doivent bien aller quelque part ! Nous fêtons ce soir, autour du repas préparé par Hariram, la future venue de son fils !
Depuis quelques jours, je suis en extase – et toute la journée – devant les montagnes qui se découpent sur le ciel bleu : depuis les fenêtres de ma salle de bains ou de la cuisine, c'est un spectacle grandiose qui s'offre. Dépassant les « collines » (qui grimpent tout de même jusqu'à 4'500-5'000m), les sommets de la chaîne himalayenne se détachent parfaitement, blancs immaculés le matin et rosissant au fil des heures, lorsque le soleil disparait.
Ce 14 novembre est jour anniversaire de mon fils. Je lui envoie un petit message et poursuit la journée avec « ces dames » de la nursery class. En fin d'après-midi, Rupesh – frère de notre institutrice Punam – m'apporte un médicament afin que je soigne les restes de ma bronchite. Demain soir, après une visite à la famille qui est d'accord de nous vendre le bout de terrain jouxtant le Centre de santé, je vais cuire mon premier canard (un vrai, mais si petit et si sec que je ne vais pouvoir que sucer ses os... il n'avait pas grand-chose d'autre à offrir) !
Depuis ce samedi 16 novembre, c'est le camping à l'école ! En vue des élections, les forces de police, l'armée, la gendarmerie et les préposés aux différents contrôles d'identité investissent le préau. Il faut libérer 4 classes afin que chacun/e puisse y dormir, hommes et femmes séparés et forces différentes également. Les tables, chaises et bancs sont installés à l'extérieur, et voilà que débarquent les villageois, venus retirer leur carte d'identité pour les votations. Pour ma part, après quelques photos, je m'installe sur mon sofa, un coup d'oeil aux montagnes, Mozart dans les oreilles, et Pearl Buck et son Impératrice de Chine en mains !
Dès aujourd'hui, alors que le ciel est moutonneux et après avoir admiré une fois encore ces montagnes majestueuses en attendant les « dames », je joue avec elles aux jeux de la nursery class, en particulier au Domino, au Memory, au Mikado et autre Labyrinthe (je n'y ai rien compris, tentative avortée !), puis je leur demande de prendre un livre et de lire l'histoire. Notre discussion dévie sur les élections qui se préparent, et chacune donne son avis. Je leur demande innocemment – bien entendu – quels sont les programmes des personnes pour lesquelles elles vont voter... elles n'en savent rien !
M. le Président vient – chaque jour – m'informer pratiquement d'heure en heure de ce qui se passe dans le préau. Je lui suis reconnaissante de ses visites, je suis ainsi le déroulement en « live » de ce très important moment de l'histoire du Népal, puisque l'on vote pour élire ceux et celles qui seront chargés d'écrire la constitution. Ce matin, toutefois, deux sujets animent notre conversation : le premier concerne un groupe de 9 éléphants venus la nuit dernière de la Koshi Tappu Reserve semer la peur dans les villages environnants et je suis retenue une bonne partie de la journée par un problème plus terre-à-terre de tuyauterie de ma douche ! L'eau ne s'écoule pas... et le plombier mettra un jour à régler la question.
Hier lundi, visite en vélo au marché de Simra. Il me fallait des légumes, des oeufs et j'en ai profité pour acheter un poisson mis au congélateur et un poulet que j'ai commencé à déguster ce midi. Je l'ai choisi bien en chair... l'expérience du canard m'ayant suffit !
Ce mardi 19 novembre, jour de congé au vu des événements prochains, au lever, les pieds des montagnes étaient encore tout enrobés des fumées des paysans. Tous les matins, dès 5h, ils font du feu près du bétail, afin d'éloigner les moustiques et autres insectes. Les champs verts il y a quelques semaines sont maintenant d'un beau doré foncé, près à être fauchés.
L'animation dans le préau a débuté dès ce moment-là. C'est jour d'élections ! Tout est installé, en plein air : les couloirs d'accès, les tables de contrôle d'identité, puis celles de distribution des fiches de vote. Quarante – trois partis présentent des candidats... Les habitants sont convoqués dès 7h et pourront voter jusqu'à 16h – 16h30. En fait, on ne sait pas encore très bien, car le chef en chef des Maoïstes, à Kathmandu, a décidé de retarder l'heure d'ouverture des élections à midi ! Oui, mais chez nous, on a commencé à 7h ! Les urnes se remplissent déjà, les habitants des villages avoisinants arrivant par grappes. Mais ici tout se déroule pour le mieux. Il y a bien des voix qui s'élèvent, mais au Népal, il s'agit de « discussions ». Tout le monde parlant en même temps, si vous voulez vous faire entendre, il faut parler plus fort que le voisin. Qui alors élève la voix pour lui aussi, se faire entendre !
Les nouvelles que me rapporte téléphoniquement David depuis Kathmandu ne sont pas les mêmes. Des manifestations ont lieu, des bombes explosent, tout véhicule est interdit, ainsi que les rassemblements. Situation très tendue et qui débouche sur des attaques personnelles, telle celle subie par son cousin, qui – pris dans une bande de Maoïstes – a été roué de coups. Il s'en sort avec une épaule et un bras cassé, des contusions diverses, en particulier au visage. Il ne fait pas bon être un leader de parti au Népal, car ce ne sont pas des verres d'eau que les candidats se jettent à la figure.
Il faudrait des élections tous les jours, voilà 36 heures que l'électricité fonctionne sans interruption... Vaines promesses ? Le retour des enfants à l'école ? Prévu pour après-demain !
Dimanche à Gorpar - édition n°10
Soixante-neuvième jour de mon installation au Népal, fin de la 10ème semaine de mes aventures.
La journée de dimanche dernier 3 novembre avait commencé avec l'annonce de Blanca de vouloir rentrer en Suisse ; en discutant un peu, elle m'apprend qu'elle était partie trois ans de suite en Afrique, pour trois mois à chaque voyage, mais qu'elle est repartie au bout d'un mois, ne supportant pas la chaleur, les continuelles récriminations des gens et la pauvreté ! Ici, en plus, elle ne comprennait pas la langue et n'arrivait pas non plus à se faire comprendre. Elle me demanda comment je fais. Je lui répondis que c'est simple : je me promène avec mon dictionnaire et mes conversations prennent du temps, mais j'arrive à me faire entendre ! Blanca est donc repartie pour Kathmandu vendredi, et s'envolera ce soir pour la Suisse. J'espère qu'au pays, elle se sentira mieux et entourée de ses ami/es.
Toujours dimanche dernier, en soirée, dégustant une panachée sur le balcon, j'aperçois le premier phasme (insecte dont le corps allongé ressemble à une branche morte) sur la rambarde de ma galerie ! Il est assez grand, une 15aine de centimètres, et tout vert, au contraire de ceux que mes enfants élevaient et qui étaient tout brun ! Un second exemplaire de sa race se promène sur la porte de l'armoire du hall ; de bien plus petite taille, mais ailé ! Etonnant... !
La fête de Tihar – Diwali – Dipawali (appellations employées par les uns ou par les autres) se poursuit. Aujourd'hui lundi, nettoyage de notre petit temple de fonds en combles. Kudan fait sa toilette des grands jours à notre vénéré Ganesh, Parsuram, notre prêtre, lave à grandes eaux le piédestal sur lequel repose la statue de Ganesh, aidé par notre Président. Je me charge de rhabiller la photo de Bashudev (précédant prêtre, décédé bien malheureusement) et avant que nous ayons pu tout remettre en place... une horde de dames, des plus jeunes aux plus âgées, arrivent des villages environnants, afin de déposer leurs offrandes aux pieds de Bacchus... euh aux pieds de Ganesh – mais il me fait irrémédiablement penser à notre Bacchus, avec son gros ventre de jouisseur de la vie, son air débonnaire et coquin !
Mardi matin très tôt, encore à moitié endormie, j'entends des pas sur ma terrasse ! Je me retourne dans mon lit et que vois-je sur le bord de ma fenêtre ? Deux petits singes en train de grignoter un biscuit. Je demande à Blanca si elle avait terminé, hier soir, le gâteau apporté par M. le Président. Elle me répond que non... Ah les voleurs ! Pris sur le fait... ils se sont comportés en Petit Poucet, car je retrouve des miettes dans le hall et dans ma chambre des grains de riz ! Je ne sais qui, d'eux ou de moi, ont été les plus étonnés de cette visite ! Depuis, je ferme les fenêtres avant d'aller coucher !
La journée se poursuit par une discussion avec les oiseaux : toujours très tôt le matin, ils sont quelques uns, fidèles, sur les mêmes branches et nous sifflons en alternance ! C'est très amusant et particulièrement rafraîchissant !
Puis, M. le Président nous invite à la cérémonie du « baï-tikka », bénédiction des frères par les soeurs ! Après dite cérémonie, un repas est servi et nous avons la chance, Blanca et moi, de voir enfin les photos du mariage de Manisha !
Le soir, c'est en compagnie de Kudan, Somani et Rupesh que nous dînons, à la lueur des bougies. Repas de fête, puisqu'au dhal – bhat – tarkari sont venus s'ajouter 3 poulets !
La journée de mercredi va se dérouler au fil des visites, une fois le billet d'avion de Blanca imprimé ! Ce n'est pas une mince affaire, rien ne fonctionne, malgré que nous profitions de quelques moments d'électricité. Rupesh vient à la rescousse et – mais je vous l'avoue bien honteusement – branche l'imprimante ! Et çà marche !!! On ne se moque pas...
MM. le Président et Khadga font une apparition, ainsi qu'Ashok. Le père de Darmanath notre instituteur, vient leur demander de voter pour son fils (l'autre, prétendant représenter la région à Kathmandu...). Ils promettent, doigts croisés dans le dos... Blanca est partie dans sa chambre, emportant un pamplemousse pour son repas du soir. Somani, seule, me rejoint sur la terrasse et nous admirons notre paysage en silence. Qu'il fait bon se détendre au seul son des oiseaux, grillons et grenouilles... Tiens, encore des chauves-souris ! Elles « déboulent » des arbres à toute vitesse, nous passent sous le nez et décrivent de grands cercles avant de revenir au nid. Demain matin, des restes de grenouilles ou autres gueco nous parleront de leurs festins !
Je passe une bonne partie de la journée de jeudi à travailler sur l'ordinateur, il me faut terminer les rapports des camps dentaires et ophtalmiques, et en établir les décomptes. Le pain pour la fondue de ce soir est en train de cuire... Il finira en sandwiches, Blanca ne souhaitant pas manger ce soir !
Ce vendredi matin, le réveil sonne, nous amenons Blanca à Biratnagar ! Mais qu'est-ce qu'il a ce satané réveil – matin, qui sonne TOUJOURS une heure en avant !?! Me voilà comme un zombie, sur ma terrasse, à m'extasier sous un magnifique ciel étoilé... Une merveille ! Et quel calme ! Là, il faut que je vous raconte le chemin des caqueurs, car après la Route de la Soie, la Route des Singes, il y a au Népal le Chemin des Caqueurs... Dès environ 5h30, le chemin qui mène de la maison d'Ashok à l'école se remplit de villageois qui viennent se soulager... Je ne sais pas s'ils discutent politique ou se transmettent les news de la nuit lorsqu'ils sont plusieurs dans le même coin ! en tous cas, si un médecin passait quelques minutes après, il pourrait sans nul doute détecter toutes sortes de maladies, rien qu'en étudiant les étrons parsemant les lieux ! Je pense à la chanson « le zizi » de Pierre Perret, car il y en a... de toutes les couleurs et toutes les consistances ! Pour les odeurs, je suis trop éloignée afin d'en juger personnellement !
Les bonheurs de la vie... !
Mais voilà qu'il est temps de partir pour Biratnagar, où nous déposons Blanca à l'aéroport. Son avion a environ 30 minutes de retard, nous avertissons David qui sera à l'aéroport à Kathmandu afin de l'assister, la conduire chez Qatar pour changer son billet international de retour et l'amener à son hôtel. Nous poursuivons avec les achats habituels, un lunch au Ratna Park Hotel, puis retour à la maison.
Je passe au Centre de santé, et j'apprends que Yamuna est enceinte de deux petits mois ! Magnifique nouvelle... en espérant que son mari a fini de la frapper et de la tromper ! Je file ensuite en vitesse jusqu'au bord de l'étang à l'orée du Josiane's village, car s'y déroule la cérémonie dédiée au dieu du soleil couchant ! Demain matin à 5h30 ce sera la cérémonie dédiée au dieu du soleil levant... je déclare forfait !
Ce soir, fatiguée à l'extrême, je déguste mon PREMIER REPAS TELE TOUTE SEULE ! Bon sans télé, mais quel plaisir... Même les moustiques me fichent une paix royale. Il fait 27°, la lune croît, le pain, le Gruyère, la saucisse de Sybille et le pamplemousse sont délicieux ! Je me régale.
A nouveau, ce matin, je jouis de la tranquillité et de la paix dégagées par l'environnement de l'école ; de tous côtés, des champs, quelques maisonnettes de branchages, et cette faune qui s'éveille ! Et si on supprimait les enfants de l'école ? ? Ce serait idéal, non ?
Ben non, je plaisante ! De toutes façons, tout est fermé jusqu'au 12 novembre... futures élections obligent ! Si elles ont lieu !
Aujourd'hui, Hariram a congé, je m'assieds devant l'ordinateur, et me mets aux comptes. Rejointe par MM. le Président, Khadga et Muneshwar, nous comptons et re – calculons les dépenses effectuées au cours du voyage de la classe 10. Les NR 300'000.- sont dépensés, mais comme promis, j'offrirai la dernière nuit à l'hôtel Royal Century. Ainsi, nous rentrerons dans nos frais, c'est-à-dire dans le budget de SFr. 2'500.- prévu ! Pour 47 étudiants (d'accord, nourris à l'eau chaude... ) et 19 adultes, pour 5 jours de découvertes, nous nous en sortons bien ! Ce soir, je me couche avec les poules, mais vais rester éveillée une bonne partie de la nuit. Des villageois ont pris l'initiative d'une « nuit des contes », et donc jusqu'à ce dimanche matin, les mêmes rengaines parlées accompagnées d'un harmonium sournois vont me casser les oreilles !
Et me voilà de retour de Lahan, où j'ai emmené ce matin Hariram et sa femme, enceinte de leur cinquième enfant. Après 4 filles, l'attente est trop pesante, Hariram veut savoir ! Eh bien, d'après le gynécologue, qui a vu Phul Maya pendant 5 toutes petites minutes et qui déclare que tout va bien... Ce sera un GARCON !
Entre nous et en tout petit, j'espère que ce médecin est certain à 110% de son annonce !
Le départ de Blanca pour la Suisse est prévu ce soir, à 23h45. Je lui souhaite de tout coeur un bon voyage et bonne chance.
Dimanche à Gorpar - édition n°9
Bon, par quoi commencer cette 9ème édition de mes aventures au Népal ? Car les journées en sont parsemées, n'en doutez plus !
Il y a le mal de gorge, qui depuis s'est transformé en une bronchite que je soigne, bien évidemment ! J'avais prévu le coup et avais mis dans la valise quelques médicaments habituels et qui vont tranquillement faire leur effet. Sinon, j'aurais recours aux bons soins des collègues du Centre de santé.
Mais je ne vous fais pas languir plus, j'attaque le récit des cinq jours du voyage de la classe 10. Gardez svp à l'esprit que nous convoyons 47 adolescents et 18 adultes... et moi, et moi, émois disait la chanson !
Rendez-vous à 05h15 pour la distribution des T-shirts aux retardataires... qui arrivent à l'école à 05h40, alors que je ferme la porte à clef. Bon, re - ouverture des portes, remise du matériel et départ. Le bus est attendu pour un départ à 06h, nous devons nous dépêcher. M. Khadga me transporte en moto, ainsi que son sac, la valise de Blanca et un sac contenant la couverture d'un élève, jusque devant la maison d'Ashok, lieu de réunion. Le bus n'est pas là. Blanca, Somani, quelques élèves et M. le Président viennent à pieds. Kudan et Hariman ont chargé le matériel que nous emportons pour la cuisine et la nourriture sur une carriole et débarquent le tout également devant la maison d'Ashok. Son père a sorti deux chaises, mais je lui dis ne pas en avoir besoin. Le bus n'est pas là. Quelques élèves arrivent, mais ne portant pas leur T-shirts, je les envoie se changer, leur expliquant que nous allons visiter le temple à Janakpur et qu'il est ainsi plus facile de les repérer dans la foule. Intuition ? Ils / elles le sortent tous de leur sac et obtempèrent, certains en maugréant tout de même. Le bus n'est pas là.
Je commence à photographier les élèves présents, une vingtaine. Les bannières sont là, mais pas le bus... Une élève, accompagnée de son oncle, arrive et dit vouloir se joindre au groupe, elle a enfin reçu le OK de ses parents... Alors, enfile ton T-shirt, ma fille !
Arrive Nira, la maîtresse de couture, sur la moto que conduit son beau-frère et sa fille de 3 ans dans les bras ! Le temps de réaliser qu'elle va emmener son bébé, je cours vers M. Khadga en lui demandant d'intervenir : c'est un voyage de la classe 10 et non pas un déplacement de nursery ! Elle doit choisir, soit elle vient seule, soit elle renonce à ce voyage, mais pas question d'avoir une petite fille avec nous ! Intuition encore ?
En fait, est-ce qu'on a bien réservé un bus ? Les accompagnants de nos élèves, nombreux venus entre 05h45 et 6h45 rentrent maintenant tranquillement chez eux. Il faut dire qu'il ne fait pas très chaud, le brouillard tarde à se lever.
Il est 7h50 lorsque le bus arrive, suivi du mini bus loué par le Head Master pour le club des canards, et 08h20 lorsqu'enfin, tous les élèves (tous ? non, bien entendu), instituteurs présents et matériel chargé, nous partons pour Simra (à 3 km), pour charger le solde des étudiants ! Re - belotte, Sobita veut monter dans le bus avec sa fillette de 2 ans ! Une fois encore, je demande à ce que ce cirque cesse et que nous puissions partir en voyage... ! Il est 8h40.
9h30 : première pause pipi... et il va y en avoir ainsi pendant 5 jours, environ toutes les heures et demies... Les garçons et instituteurs régulièrement, les filles une fois sur deux... Mon dieu, il y a des médecins qui doivent faire des fortunes avec les opérations de la prostate nécessaire à certains !!!
11h30, nous sommes à Janakpur et visitons le fameux Janaki temple, son annexe dédiée au mariage de Ram et Sita, les jardins et « lunchons » dans l'un des restaurants bordant la rue empruntée. Certains lunchent... les autres se perdent, il faut courir après les élèves et ce sera ainsi pendant 5 jours... Discipline ? ce mot n'existe pas en népalais, pas plus d'ailleurs que sens des responsabilités, que cela concerne le chauffeur qui est complètement fou et prend des risques insensés, ou les maîtres...
Vers 14h30, soit deux bonnes heures en retard sur le programme, nous nous mettons en route pour Chitwan. Musique assourdissante (également pendant 5 jours !!) et arrêts pipi, que les élèves et instituteurs mettent à profit pour remplir leurs bouteilles d'eau !
Débarquement vers 20h sans autre grande surprise au Park View Hotel, où nous avions déjà séjourné en 2010. Le parc a été séparé en deux par un mur, chacun des frères gérant une partie du tout. De l'autre côté de la rue se trouve le restaurant, où les enfants et les instituteurs trouvent un dhal – bath – tarkari qui les attend et les restaure. Blanca mange avec les institutrices, je commande pour ma part un oeuf, des frites et du poulet grillé. Le programme culturel demandé étant pratiquement fini à notre arrivée, peu d'entre nous en verrons la fin ! Pour ma part, j'attends mon repas commandé, rejointe par MM. Khadga, le Président et Hariram, qui dégusteront aussi ce fabuleux poulet frit que le cuisinier met du temps à préparer ! Mais le résultat en vaut la peine, nous en demandons une seconde ration !
Il est déjà 22h30 et temps d'aller se coucher, la douche (malgré la présence d'une grosse, mais alors grosse araignée que je ne lâche pas des yeux, des fois qu'elle me sauterait dessus !) fait son effet...
Petit déjeuner à la Suisse, Blanca et moi avions fait des réserves de pain, fromage et saucisse. Le responsable de l'hôtel me dit être navré, mais qu'il ne sait plus à quels saints se vouer, car tout le monde lui donne des ordres différents : certains qu'il doit préparer le petit-déjeuner des élèves, d'autres que non, d'autres encore que la visite de la jungle à dos d'éléphant doit avoir lieu à 7h, ou que c'est repoussé à 9h... Le pauvre ne sait plus où donner de la tête. Je lui explique que je ne peux pas l'aider, que le management est décidé par le Head Master. Moi-même, je ne suis pas tenue informée de ce qui se passe ou devrait se passer ! J'apprends de M. Muneshwar que finalement, les éléphants c'est pour 8h45 départ du bus pour le point de ralliement. A 8h35, je vois les enfants arriver près du bus, et les instituteurs d'ouvrir les paquets de riz soufflé et autre marchandise qu'il était prévu de leur distribuer à 7h ! Les éléphants ne nous ont pas attendus, c'est donc une « fournée » plus tard que nous partons pour découvrir la jungle. Habitat d'animaux sauvages, il est de mise de ne pas dire un mot pendant le trajet... Utopie ! 16 éléphants, avec cornacs et étudiants sur le dos... Nous avons bien dû réveiller et effrayer pour longtemps tous les habitants de la forêt ! Mais nous avons vu une horde de daims, deux crocodiles, deux singes, des poulets sauvages et entendu bien des oiseaux se plaindre de nos gazouillis envahissants !
Départ pour Pokhara... Ah non ! Préparation du lunch !! On reste sur place et les casseroles, le riz, les légumes, les bonbonnes de gaz, les assiettes en cartons, l'eau, etc., etc. est mis en route pour que – deux heures plus tard – tous puissent manger le dhal – bhat – tarkari bi – quotidien.
Pour rattraper le retard (enfin, personne ne semble par ailleurs très pressé !), notre chauffeur met la 5ème et nous conduit jusqu'à Pokhara encore plus dangereusement que le jour précédent. Le Diamond Guest House nous ouvre ses portes. Une douche chaude plus tard, je quitte l'hôtel en compagnie de Blanca, Hariram, M. le Président et M. Khadga, rejoints par Kabita et nous partons manger au restaurant Om Family. Ils mangent une pizza – excellente aux dernières nouvelles – et moi un poisson du Phewa Lake. Nous rentrons tranquillement à passé 22h30, pour nous coucher. Ce soir, je partage ma chambre avec Mina, qui – pour des raisons religieuses – jeûnait ce soir. Demain, départ pour Sarangkot à 5h00, afin d'assister au lever du soleil. Je déclare forfait, ainsi que Blanca, qui a mal supporté le déplacement à dos d'éléphant !
Il est 4h00 ce jeudi 31 octobre. Remue-ménage au Diamond Guest House... le bus part à 6h45, soit une heure trois quart après le départ prévu ! Blanca et moi partons jusqu'au Fishtail et nous y offrons un bon café, ainsi qu'une connexion Internet, jusqu'à ce que nous soyons mises à la porte du restaurant ! Bon, ben nous allons faire du shopping ! En arrivant au Diamond Guest House, nous constatons que les enfants préparent le lunch, dirigés par le club des canards, mains derrière le dos et ventre en avant... Avec les lunettes de soleil sur le crâne, ils ont fière allure ! Je suis à peu près persuadée qu'ils comprennent que nos rires sont très moqueurs et leur sont adressés !
L'après-midi est consacré à la visite du Musée de la Montagne, visite expédiée... pourtant que de belles choses à découvrir, en particulier tout un pan de l'histoire touristique du Népal ! Tient, une quantité de photos de montagnards japonais a remplacé celles des autres citoyens du monde ayant gravi les plus de 8'000 mètres ! Sponsorat oblige sans doute...
Somani et Hariram désirant s'adonner au shopping, nous arrêtons le bus sur le retour du chemin et commençons à progresser devant les boutiques alignées les unes à côté des autres. Les premières gouttes tombent, vite, allons prendre le thé, le café, accompagnés de frites. Un banana split plus tard, il pleut des cordes et pas le moindre taxi en vue ! Nous appelons le mini bus à la rescousse, eh bien non, il ne viendra pas, propriété privée du club des canards ! Après une bonne demi-heure d'attente (il commence à faire froid), nous grimpons dans un taxi et rentrons par nos propres moyens. La pluie semble vouloir cesser. L'équipe de la veille, accompagnée cette fois de Mina, s'en va manger a l'extérieur, tandis que les élèves et instituteurs préparent leur repas (dhal – bhat – tarkari, juste au cas où vous auriez oublié le menu !).
De retour au Diamond Guest House, nous assistons à une très vive dispute entre les instituteurs du club des canards et MM. Khadga et Muneshwar, les premiers reprochant aux seconds le manque de management ! Grand éclat de rire ! Je les avais avertis que s'ils étaient capables de changer les plans prévus 12h avant le départ, ils devraient assumer eux-mêmes la gestion du voyage, étant entendu d'une part que les hôtels étaient réservés, ainsi que les repas et activités. Personnellement satisfaite de mon travail pendant l'absence du Head Master je m'en fus me coucher la conscience tranquille... ! Demain matin, départ à 5h d'après M. Khadga, à qui je répondis que je serai sans faute dans le bus à 7h.
Vendredi 1er novembre : Halloween... Happy Halloween !!
En fait, Blanca et moi nous nous retrouvons à 6h40 dans le bus, qui – finalement – ne va partir qu'à 7h30... et pas pour Manakamana, mais pour les Devi's Falls et la visite de la Grotte « Gupteshwar Mahadev ». J'avertis M. Muneshwar que je vais rendre visite à une amie tibétaine, réfugiée et qui vit dans le camp situé à quelques mètres. Je promets d'être de retour dans une heure.
Mais comme les lieux ont changé ! Je ne reconnais plus rien... il y avait des champs et ce ne sont que maisons, boutiques... Le monastère a changé, évolué, grandi... On me renseigne : le camp existe, il est un peu plus loin, après le stupa. Ah oui, je retrouve les tables de vente des multiples articles destinés aux touristes. Mais toutes ces routes, et ces maisons, comment reconnaître celle de Wangmo Choedup ? Je demande à la première vendeuse qui, très gentiment, me conduit à la porte de sa « soeur » !! Wangmo Choedup, que je n'ai pas revue depuis plus de dix ans, et qui, dès qu'elle ouvre la porte, me reconnaît et se met à pleurer ! Sa maman est toujours là, maintenant complètement édentée et Wangmo a deux enfants : une fillette de 9 ans et un garçon de 3 ans. Pas de mari, plus de mari... buveur et fumeur, il s'en est allé voir plus loin si l'herbe est meilleure !
Wangmo me raccompagne au bus, fait la connaissance de Blanca et quelques un/es des instituteurs, mais il est déjà l'heure de partir. Elle sait que j'habite maintenant au Népal et que nous nous reverrons, dans cette vie ou la suivante. Elle adore sa culture tibétaine et suit les principes du Dalaï Lama à la lettre. Coeur pur que cette jeune femme qui sourit à une vie de misères. Et quelle différence avec nos instituteurs, jamais contents de rien.
Nous arrivons à Manakamana trop tard pour monter au temple, le téléphérique ferme entre midi et deux heures. Je pensais que nous nous arrêterions à Mugling (à 7km avant Manakamana) pour que les élèves puissent manger un lunch, car avant de partir ils n'avaient reçu ce matin qu'un verre d'eau chaude ! Oui, vous avez bien lu... Mais voilà, rien n'est prévu, ils restent donc le ventre vide. A 13h30, enfin, ils peuvent monter au temple. A leur retour, j'entends dire par Krishna que le lunch est réservé et qu'ils vont manger. Bon... Il est 17h lorsque nous nous mettons en route, mais nous arrêtons à Mugling où une partie des enfants achète des biscuits, des mandarines, etc. J'apprends qu'aucun des enfants n'a encore mangé ! Par contre, le groupe des canards est attablé et lunche ! Les étudiants se goinfrent de paquets de chips et autres aliments secs ou préparés sur la rue, mangeaille qu'ils paient de leur poche ! A pleurer...
Je demande ce qui se passe à M. Khadga, car cela devient dramatique : laisser des jeunes de 15 à 18 ans toute la journée sans manger et ne pas savoir où nous allons dormir ce soir, cela suffit ! D'autre part, je refuse de continuer avec ce chauffeur fou !
Deux messages suivants à David, MM. Khadga et Muneshwar me font signe que nous nous arrêtons à Narayangath, mais nous n'avons toujours pas d'hôtel. Tant pis, j'y vais de ma poche ! Nous logerons au Royal Century, sous conditions :
Que les participants au voyage soient disciplinés, ne fassent pas de bruit et de cochonneries dans l'établissement
Qu'ils soient prêts à 7h pour le petit déjeuner le lendemain matin, car le bus partira à 8h, sans délai
Que le club des canards cesse de continuellement dénigrer le voyage... qui est de leur ressort !
Et çà marche ! Les élèves, filles en premier, entrent dans l'hôtel en file indienne et vont se retrouver, comme les garçons qui les suivent de près, à 4 dans chaque chambre. Les instituteurs partagent une chambre double et Blanca et moi bénéficions chacune d'une chambre single. Ce soir, le Head Master dans ses petits souliers, partage notre repas, mais s'en va prétextant être fatigué ! Ce que, par ailleurs, nous sommes tous. Pas un bruit, sauf lorsque Krishna rentre de son expédition nocturne et qu'il partage avec son colocataire, l'histoire de ses ébats (porte ouverte, évidemment et qu'il va fermer bien bruyamment !).
A 6h40, Blanca, M. le Président et moi nous nous retrouvons au restaurant et partageons notre petit déjeuner. Les enfants et instituteurs se retrouvent sous un couvert, table mise pour manger des chapatis et des légumes, accompagnés de thé népalais. A 7h55, le chauffeur du bus met en route sa machine et à 8h, nous voilà partis !
Ne vous moquez pas, c'est juste l'organisation comme je l'aime !!
Tient, ce matin, tous les instituteurs et tous les élèves m'ont saluée... !
Arrivés – après arrêts pipi obligés – dans une clairière, nous préparons tous le lunch que nous allons partager. Les élèves dansent sur une musique de fous et après un repas bien sympathique, nous reprenons la route. Le chauffeur a changé, qui roule plus tranquillement, mais n'arrête pas de klaxonner... au point que Blanca et moi nous bouchons les oreilles avec du papier de toilette ! Nous empruntons la route des singes, et non seulement celle des vrais singes, dont nous allons en voir des troupes, en bord de route, voire sur la route, à chercher quelque nourriture, à de nombreuses reprises. Il y a aussi ceux qui vont nous arrêter et vérifier les papiers du chauffeur ; ou ceux qui sont réunis afin de manifester pour (ou est-ce contre ?) les élections qui approchent ? et puis, il y a les nôtres, qui n'arrêtent pas d'arroser les plantes au bord de la route...
Mais à 19h tapantes, les portes du bus s'ouvrent devant la maison d'Ashok ! Nous avons survécu à 5 jours de folie et vécu malgré tout de belles aventures. Suis pas sûre de faire partie du prochain convoi !!
Aujourd'hui dimanche est le second jour de Tihar ou Dipawali, la fête des lumières. Je dispose les lampions du 1er août que j'avais apporté à ce propos autour de la maison, alors que Blanca vient m'annoncer qu'elle veut partir, rentrer à la maison. Elle ne comprend pas la langue, n'arrive pas à se faire comprendre, se sent seule et inutile. Elle n'arrive pas à communiquer, ni avec les népalais ni avec moi. Après 10 jours ici elle avait déjà décidé de repartir, sentant qu'elle n'était pas à sa place. Elle se reproche de ne pas avoir appris le népalais pendant l'année dernière, et à moi mon indisponibilité, car je suis toujours derrière l'ordinateur et j'ai mes « trucs » à faire. David est mis à contribution afin de trouver une place libre chez Qatar – agence fermée jusqu'à mercredi puisque c'est festival time !
Lundi à Gorpar - édition n°8
Après la mise en place des instruments servant au Dr Sybille Keller à ses contrôles et traitements dentaires; les enfants qui arrivent tranquillement en classe vont passer l'un après l'autre auprès du dentiste. Cette année, Sybille va leur appliquer à chacun un traitement spécial, protégeant leurs dents des caries. Elle va, avec son assistante Rukmani, y passer 4 jours, en extrayant également ici ou là quelque dent supplémentaire ou de sagesse, voire totalement cariée.
Dès les traitements des enfants terminés, les villageois affluent.
Michèle, sponsor de notre futur DVD, annonce son arrivée pour ce lundi après-midi, les camps organisés par sa Fondation IrisAsia ayant lieu dans d'autres directions du Sud Népal. Il n'est pas possible, au vu des distances, de joindre les deux visites, mais ainsi, nous avons le plaisir de l'accueillir, en compagnie de son amie Marie-Lou et des Dr Roger Biggs, Andrew Richards and Bal KC l'accompagnent, ainsi qu'Anil Gorkhaly, executive manager de la Fondation Eye Care.
Un lunch rapide, la visite de nos installations, et une réception musicale donnée en leur honneur nous réunit sous notre « arbre de la sagesse », dont plusieurs branches ont d'ailleurs été coupées ! Nos invités repartent enchantés et nous nous réjouissons de les revoir, bientôt, ici ou ailleurs dans le monde, tant celui-ci est petit aux gens de coeur !
Après une nuit pluvieuse, des grillons en folie et le réveil du muezzin, nous poursuivons nos activités diverses : camp dentaire, programme de nutrition (98 élèves sont en situation de sous nutrition), film des élèves dans les classes ou de leurs activités, préparation du voyage de la classe 10 qui va se dérouler du 29 octobre au 2 novembre prochains.
Ce mercredi matin, notre future nouvelle institutrice, Madame Benju Thapa, vient signer son contrat de travail. Nous passons quelques moments agréables ensemble, à regarder les jeux et autre matériel qui seront disponibles dans la classe de développement et de créativité, dès que sa formation sera terminée.
Le lendemain matin, branle-bas de combat... pratiquement ! Un détachement militaire fait son apparition dans le préau de l'école. Ces messieurs viennent visiter les lieux, car l'école va servir de point de ralliement pour les prochaines élections ! Cela ne me plait pas du tout, bien entendu, mais que faire ? Le problème est que ces élections sont « dangereuses », les tensions sont palpables, l'agressivité quotidienne. L'école sera fermée aux enfants pendant au moins 3 jours, mais des frictions entre factions « ennemies », voire de la part des fondamentalistes, pourraient déboucher sur des confrontations physiques. La police, la gendarmerie et l'armée seront présentes, mais cela ne rassure qu'à moitié !
25 octobre, Monsieur Madan Rana Magar de la société Deep Wells Drilling Co. visite notre terrain, afin de nous conseiller au mieux dans notre projet de Water Boring System (système de pompage d'eau à grande distance - il va falloir creuser à environ 150 mètres !!). Il est en route pour Jhapa, du côté de Darjeeling, où il va construire une piscine - juste ce qui nous manque !
L'après-midi, les dames du groupe de tricot sont là, assises chacune avec un écheveau de laine sur les genoux, à confectionner les pelotes. Mais voilà qu'un très violent orage nous rabat toutes à la cuisine, autour d'un thé népalais et de quelques biscuits bienvenus. Une accalmie permet à ces dames de repart, mais en vitesse, la pluie va se prolonger en soirée. Le dîner est prévu chez Kudan, au menu dhal, bhat, tarkari et poulet.
Nous avions prévu de passer notre journée du samedi à la Koshi Tappu Reserve, mais la pluie de la fin de journée et de la nuit nous offre une journée calme. Dr Sybille et Rukmani vont poursuivre leurs traitements, nos autres invités rassemblent leurs affaires, il est temps de fermer les valises ! Invités pour le repas du soir chez Hariram, nous nous mettons en chemin à travers champs, détrempés... ! De retour, la soirée se déroule autour d'un dernier verre, de plaisanteries, de rires, puis chacune et chacun regagne ses quartiers.
Je règle mon réveil à 04h30, histoire que le petit-déjeuner soit prêt à 5heures pour les partants ! La nuit, je la vis d'heure en heure, inquiète sans doute de ne pas me réveiller à temps. Trois heures... chic encore une heure et demie à dormir... lorsque le réveille sonne ! Eh bien, le temps passe très rapidement lorsque Morphée daigne vous tendre les bras ! Passage en vitesse à la salle de bains, mettre l'eau à chauffer pour le café, chic il y a de l'électricité, j'enclenche la machine à café, le pain, ne pas l'oublier, vite je monte sur le toit réveiller David, il est 4h45, je redescends pour mettre la table, David arrive les yeux dans les chaussettes, son bardas sous le bras, je regarde par la fenêtre : tient, personne ne bouge au centre de santé, bizarre ! Je vais sonner la cloche du rassemblement... coup d'oeil à ma montre, 3h45. J'attrape mon téléphone-réveil : 4h45... Bon on se calme... 3h45 ou 4h45 ? J'appelle David... et lui conseille d'aller se recoucher, mon téléphone est à l'heure GMT quelque chose, soit une heure en avance... !
Nous attendons tous deux le réveil de Chris, pour terminer notre mise en place du petit déjeuner et à 5h pile, notre dentiste et son assistante sont au rendez-vous. Rires et moqueries, évidemment, sont de la partie...
La voiture est un peu en avance. Il fait encore nuit, à 5h20, les malas de Bhutti, Somani et Kudan se retrouvent autour des cous et « Bon vent » !
Je vais me recoucher... Un message de David m'apprend que leur vol aura une heure de retard, mais que les T-shirts pour les étudiants qui partent en voyage de la classe 10 sont arrivés.
MM. Yadav, Président et Khadga, Directeur, s'en vont à Rajbiraj, au Bureau régional de l'Electricité, afin de s'enquérir de la possibilité éventuelle d'électrifier notre 2ème plus précisément d'amener la ligne électrique jusqu'au terrain, afin que nous puissions faire fonctionner notre pompe à eau). Ils s'en reviennent bredouille, le Bureau est ouvert en matinée seulement... Ce sera pour demain matin 7h.00 !
Aujourd'hui, c'est jour de paie et veille de départ en voyage.
Ce que j'aime, au Népal, c'est l'imprévu... ! Je me rends dans la classe N° 10, afin d'avertir les élèves que nous avons rendez-vous à 5h.45 devant la maison d'Ashok, et qu'ils doivent passer chez moi chercher leurs fameux T-shirts. M. Krishna, instituteur d'anglais, soupire à chacune de mes explications, si bien que je lui demande, si je l'ennuie, de bien vouloir quitter la classe... ! Ce qu'il fait, merci Ganesh.
Je reviens à mes News, il me faut vous les envoyer avant ce soir, car le voyage sera certainement plein d'aventures à vous conter à mon retour.
Voilà que le Head Master et M. Muneshwar sonnent à ma porte (oui, oui, une clochette - ganesh qui fonctionne super bien !). Le Head Master revient de 15 jours d'absence et m'informe que tous les instituteurs, institutrices, membres de la « famille » de l'école veulent venir en voyage ! Tient donc, et ce canard, qui a dit au dernier meeting qu'il ne viendrait jamais, jamais en voyage avec cette école ? Et cet autre canard, qui ne me salue pas ? Des membres de la famille ?? Dieu qu'ils sont alors mal élevés... sans compter le troisième Pieds Nicklés, qui rezipète tout ce qui se passe (et surtout ne se passe pas !!) à l'école ! Par contre, si le dit club des canards est de la partie, alors il faut aussi que les autres membres de la « famille » (Somani, Kudan, Nutan, Sapana, les couturières, etc.) enfin tout le monde.
Bien, je recalcule en vitesse le budget complémentaire, complément de budget que le Head Master devra trouver, car notre AGS ne mettra pas un florin (d'accord, pas une roupie népalaise) de plus que ce que nous avions prévu ! Etonnant, lui qui ne trouvait que NR 21'000.- avant que les instituteurs ne décident de participer, va devoir trouver NR 145'000.-, afin que la « famille » soit réunie... !
Je distribue les T-shirts à Somani, et lui donne un de mes pantalons : elle en aura besoin pour monter sur l'éléphant !
Vite, elle file vers la maîtresse de couture : en deux coups de machine à coudre la voilà transformée !
La trousse « premiers secours » est prête, j'espère que les achats de nourriture sont faits ou en train de se faire, car tous les instituteurs ont disparu comme par enchantement ! Les élèves ont été renvoyés dans leurs foyers, les classes sont fermées...
Depuis deux jours, un mal de gorge sournois (merci à Chris et à David de leurs microbes) me donne en plus un mal de tête carabiné. M'en voulez-vous si je vous quitte ici, pour me reposer la moindre ? Demain matin, les derniers étudiants à « habiller » devront se présenter à 5h15 ici et je suis... crevée !
Au plaisir de vous retrouver toutes et tous en bonne santé j'espère, car les nouvelles du temps ne sont pas particulièrement fameuses à entendre quelles que unes d'entre vous !
Lundi à Gorpar - édition n°7
Depuis une semaine, le temps est plus que maussade ! Le ciel, souvent couvert, nous arrose régulièrement et lorsque le soleil brille, c'est avec intensité et nous ne sommes pas loin d'étouffer !
Comme relaté dans mes dernières « news », Betty et Blanca sont allées assister à l'abatage des boeufs, dimanche 13 octobre. Parties emmitouflées dans des pèlerines car une pluie drue s'est invitée à la fête, elles ont l'occasion de participer au plus grand rassemblement sur tout le territoire népalais, dédié à ce carnage. Trois cent nonante-cinq boeufs seront décapités : la déesse a soif !
Pour d'autres - les népalaises en particulier - ce dimanche est jour de jeûne. Nous sommes invitées toutes trois à manger le soir chez le Président, c'est son fils Ragendra qui officie en cuisine !
Aujourd'hui devrait être le « main tikka day » - le jour principal des bénédictions, à savoir que les Anciens bénissent les plus jeunes en déposant sur leur front une pâte rouge mélangée à du riz, le tikka, glissent derrière l'oreille quelques brins d'une herbe qui - en vue de cette cérémonie - a poussé dans chaque foyer ces dernières semaines, et les cadeaux sont échangés. Rien de tout cela pour nous, ce lundi matin, une forte pluie continue de tomber, empêchant toute cérémonie hors des foyers. Dommage, car personne ne nous rend visite... ! Nous lisons, nous nous reposons, une attaque soudaine de flémingite aigüe fait son apparition... ! Il fait froid - la température est descendue à 21°, nous ne disposons plus d'eau chaude... eh oui, pas de soleil, pas d'eau chaude !
Il est temps de penser aux vacances, et j'accepte avec plaisir de partir découvrir le Bhoutan avec Betty. Les dates sont fixées, ce sera dès le 32 mars 2014 et pour une douzaine de jours ! Comment ? le 32 n'existe pas ?... !
La pluie ne cesse, jour et nuit, et ce mardi matin, nous nous réveillons avec cette mauvaise surprise : en fin de journée, Chris et David arrivent et il n'y a plus d'eau chaude, voire tiède ! Les casseroles valsent, le linge doit malgré tout être lavé, changement de draps, de taies d'oreillers, les sous-vêtements balancent au gré des coups de vent ! Il fait froid... non, on ne voit pas encore la neige ! Le Health Care Centre (HCC) est prêt à recevoir nos invités, le ventilateur portable est installé dans la petite chambre qui sera occupée par David, les bouteilles d'eau sont au frigo. Ils arrivent à près de 20 heures et nous enchaînons de suite avec rafraichissement, repas, puis dodo, Chris semble être totalement « out of order » !
Les deux prochains jours vont être consacrés tout d'abord à la randonnée sur nos champs et la visite chez notre Président, puis au Josiane's Village ! Les chemins sont glissants, mais le soleil est enfin de retour. Nous discutons la préparation du film, son déroulement, les interventions de chacun. Dès jeudi, Chris est au travail. Il film au HCC, puis nous rejoint, car nous avons convoqué les 7 candidates retenues pour le poste d'institutrice de notre classe de développement et de créativité. Le choix est difficile : deux candidates sortent du lot et nous décidons de laisser la nuit nous porter conseil.
Vendredi 18 octobre, le camp ophtalmique prévu se déroule très tranquillement ! Nous attendons les villageois, le team médical arrive à pieds, le bus ne passant pas sur la route défoncée par les orages ! Nous n'avons pas été informés qu'un camp semblable a eu lieu à Simra Village il y a quelques semaines, et ce n'est donc qu'une centaine de villageois qui vient se faire examiner. Une vingtaine d'entre eux seront emmenés à Lahan afin d'y être opérés dès le lendemain.
Blanca voit ses voeux enfin exaucés, nous partons à Kanchanpur afin d'acheter du tissu et pouvoir lui confectionner des « kurta - surwal » (casaque et pantalons). Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Simra et Chris peut filmer le marché aux légumes... !
Samedi 19 octobre, les enfants sont eux présents heureusement ! 17 élèves sont convoqués, le 21 octobre prochain, pour un examen ophtalmique plus approfondi.
En fin d'après-midi, nous avons convoqué Pinkee et Benju, les deux candidates sélectionnées pour le poste d'institutrice spécialisée pour notre classe de développement. La nuit ne nous avait pas vraiment porté conseil, nous hésitons... Pinkee nous semble adéquate, mais Benju aussi... A la fin d'un second entretien qui a duré 2heures, nous tombons tous d'accord : ce sera Benju. A notre avis, elle est capable à s'adapter à une nouvelle manière d'enseigner, elle semble plus vive que Pinkee que nous serions prêts à engager si nous avions un poste d'enseignante népalaise « normale » à repourvoir !
Hier, départ de Betty qui rentre en Suisse dans deux jours et va tout d'abord pouvoir effectuer son shopping. La vente de Noël approche, les rayons doivent être achalandés. De l'avion qui l'emmène à Kathmandu débarquent Sybille et Rukmani. Le camp dentaire commence demain ! Sur le chemin du retour, nous achetons le poisson qui servira de repas ce soir, les légumes sont déjà dans la voiture et les perra embarqués !
Sybille, Dr Sybille Keller, est notre dentiste attitrée. Pour la 4ème l'école afin de contrôler et soigner nos enfants, ainsi que les villageois qui se présenteront. Travaillant de 8h à 18h, elle arrive, en 6 jours, à traiter plus de 700 personnes !
Ce matin, mise en place des instruments au HCC ; les enfants arrivent tranquillement en classe, leur dentition sera vérifiée en premier lieu, les traitements débuteront demain.
Week-end à Gorpar - édition n°6
Cette sixième semaine de ma nouvelle vie débute par une magnifique journée qui va se dérouler en trois temps : le matin, pose des rideaux « newari » (noirs à bords rouges, à l'identique des saris que portent les femmes de la caste Newar). Quelques uns vont devoir être raccourcis, car des meubles ont pris place en divers endroits. L'après-midi est consacré à l'interview des 13 jeunes femmes qui ont répondu à notre annonce de place vacante pour une « home visitor ». Cet emploi est souhaité par le Self-Help Group for Cerebral Palsy / Nepal, une ONG active auprès des enfants handicapés* (IMC). Le travail d'une « home visitor » consiste, en priorité, à parcourir les villages, rechercher les familles dans lesquelles vit un/e enfant handicapé, analyser la situation, proposer des solutions améliorant la vie de l'handicapé/e et des membres de la famille s'occupant directement de l'handicapé/e et/ou de ses frères et soeurs.
Deux jeunes femmes ne sont pas venues au rendez-vous, et 4 candidates ont été recalées après l'interview. Celui-ci s'est déroulé en trois temps : tout d'abord chacun s'est présenté, les 4 membres du comité de sélection et les 11 candidates, puis nous leur avons demandé d'écrire une lettre de motivation ; enfin, nous avons reçu chacune des 7 candidates restantes, pour ne retenir finalement que les 5 meilleures. Notre choix s'est porté sur une jeune femme de 23 ans, mariée à un handicapé physique de naissance et qui vit déjà au sein d'associations réunissant des handicapés. Le choix définitif appartenant à l'ONG citée plus haut, les dossiers sont envoyés à Suresh, le responsable des « home visitors », Dhapakhel, lieu situé à quelques kilomètres de Kathmandu. La personne sélectionnée sera contactée directement par les gestionnaires de l'ONG concernée et se rendra 6 mois sur place pour y être formée.
*Merci de lire et comprendre « enfants / adultes en situation de handicap », chaque fois que je cite le mot « handicapé/e ».
En soirée, David et moi nous nous installons sur le sofa, calés au milieu des coussins, et regardons un film. Betty et Blanca sont attendues demain, nous ne prolongeons pas plus la soirée à la fin du film quelque peu ennuyeux et allons nous coucher. Le taxi est prévu pour demain matin tôt, car nous irons faire des courses avant d'aller chercher nos amies à l'aéroport.
Mardi 8 octobre, 3h30 du matin... Satianash ! Mon mobile suisse sonne... Fait nuit, qui c'est qui... Zut, je trouve pas la table, trop loin... Aïe, me tape le pied au coin du lit... Pas vrai, mais « y » savent pas que c'est la pleine nuit... Re - zut, j'arrive trop tard... Me recouche... Eh voilà, bien sûr un message...
« Avons raté l'avion à Doha. Avons dû faire escale à Dubaï pour changer de pilote. Prendrons la correspondance demain matin, départ de Doha à 8h10, arrivée à 16h45 à Kathmandu » !
Alors, bien que l'heure soit encore un peu trop nocturne pour moi, me voilà à taper sur mon mobile népalais, pour avertir Prabin qu'il faut trouver des billets d'avion de remplacement, en toute fin de journée, voire pour demain. Et avertir le taxi réservé. Et trouver une chambre au Newa Chen, au cas où les avions sont complets, ce qui ne serait pas étonnant, Dashain a débuté et tout le monde se presse de rentrer à la maison, au village pour les fêtes à venir ! C'est ce qui va se passer, l'arrivée de Betty et Blanca (non pas de Bernard), nos deux souris... est repoussée à demain ! Ah oui, faudrait pas que j'oublie d'avertir le Head Master qui a préparé la réception !
Le muezzin enchaînant dès 4h du matin, me voici sous la douche pour me réveiller ! What else ? Un bon café Nespresso, bien sûr... ! Nous partons tout de même jusqu'à Itahari, faire nos achats. Nous devons passer à la banque pour que David puisse régler une partie de ses dettes, et comme il nous faut offrir quelques babioles à tous ceux qui nous entourent, je parcoure le Gorkana sur ses 6 étages, à la recherche de cadeaux. M. Khadga poursuit sa route jusqu'à Dharan : il va chercher Bibeck son fils, qui bénéficie d'un mois de vacances. Il va nous rejoindre, avec non pas un, non pas deux, mais trois enfants du coin que nous rapatrions ! Bien entendu, nous faisons halte au Koshi Barrage pour acheter des poissons et à Bahrdaha pour nous fournir en « perra », sorte de gâteau fait de lait et sucre cuit pendant plus de trois heures. Dans la région, c'est un régal, nous en offrirons une boîte à tous nos proches... !
Le charpentier a travaillé à la réfection des portes d'entrée, fortement abimées par la dernière mousson et surtout du fait que notre toit avait pris la poudre d'escampette. Bonté divine, je lui avais pourtant dit de ne pas peindre la porte « Ganesh » en rouge... Tant pis, il aura à la décaper et à la remettre en état. Je HAIS cette couleur rouge appliquée sur le bois, alors que je lui répète que je veux du bois NATUREL !
Ce mercredi matin, debout aux aurores car la voiture qui m'emmène à Biratnagar avec David, va arriver ! Le temps de prendre un bon petit déjeuner tout de même et en route ! A notre arrivée à l'aéroport, je reçois un message de Betty, le départ de leur avion de Kathmandu est retardé de trois quarts d'heure... des oiseaux trop nombreux encombrent la piste... ! On aura tout vu, et quelle profusion que cette faune népalaise !
David doit acquérir des drivers pour notre nouvelle imprimante (celle que j'ai apportée de Suisse), si bien que nous allons l'attendre au Ratna Hôtel, et y mangeons avec plaisir des « momos » (raviolis chinois, en l'occurrence à la sauce népalaise), ainsi que des rouleaux de printemps. Notre chauffeur en reste à son dhal - bhat - tarkari, agrémenté de viande de boeuf.
Courses terminées, drivers in the pocket, estomacs pleins... nous embarquons dans la voiture où ont pris place les 5 bagages apportés par nos amies ! Re - belote au Koshi Barrage et à Bahrdaha pour les derniers achats : nous mangerons ce soir du poisson chez Kudan et terminerons notre repas par la dégustation de « perra ». Tout le monde est fatigué, et après le déballage des bagages et une bonne douche froide (si, si, on a de l'eau chaude, mais il fait tellement chaud - la température est remontée autour des 34 - 36° - que la douche froide est nécessaire !) nous nous souhaitons une bonne nuit, les bâillements nous décrochent la mâchoire !
Cette première journée en compagnie de Betty et Blanca va être destinée à l'installation des lits superposés que Betty a offerts au Centre de santé et que nous n'avons pas encore réussi à monter ! La notice manquant, nous nous y étions attelés par deux fois, sans succès... ! Par contre, et grâce aux informations de leur propriétaire, ils sont cette fois pico bello... prêts à recevoir Blanca qui s'installe dans la chambre. Chris trouvera refuge ailleurs... on avisera à son arrivée.
A l'appartement, c'est l'électricien qui s'affaire. Il pose les 7 lampadaires que David et moi avons achetés à Kathmandu et que nous avions oubliés chez KP le 3 octobre ! Magnifique, pratiquement tout est maintenant fixé, pendu, rangé... Je commence à me sentir vraiment chez moi !
L'une de nos boursières, Asha Yadav, vient nous rendre visite. Elle a passé ses examens finaux de staff nurse et attend les résultats. C'est notre première boursière à terminer un cycle complet de formation, nous en sommes très fières ! Une seconde jeune femme, ayant elle aussi suivi la même formation médicale, terminera ces prochaines semaines également. Parmanand, qui lui suit la filière « instituteur », terminera lui au printemps 2014.
M. Khadga nous invite à partager le repas du soir préparé par Kudan et Hariram. Notre Président et M. Muneshwar, instituteur, seront de la partie. Nous partageons un poulet rôti à la façon népalaise, agrémenté de dhal - bhat - tarkari... Eh oui, un repas népalais se doit d'offrir le dhal (soupe de lentilles), le bhat (riz) et les légumes !
Ce vendredi 11 octobre, le sacrifice des animaux commence dans les temples et sur tout le territoire népalais. Dashain bat son plein. Kudan nous invite à partager, ce soir, le repas constitué de... dhal - bhat - tarkari et de viande de chèvre. Mais ce matin, c'est Debraj qui nous rend visite. Boursier, il suit des études afin de devenir radiologue. Tout se passe bien avec lui, il donne régulièrement des nouvelles, est très appliqué et réussit bien. Il attend les résultats de sa première année d'études et commencera la seconde après Tihar (fête des lumières, festival dédié à la déesse Laxmi). Lors de notre voyage d'avril, nous lui avions promis un portable. Dès que le contrat sera rédigé, il repartira avec son nouveau matériel qui lui facilitera la vie.
Une incursion sur Internet et un message de la Fondation Eagle : nos demandes de financement des camps de santé sont acceptées ! Magnifique... je suis particulièrement heureuse car nos camps touchent et permettent de soigner des centaines de personnes souffrant de maladies diverses et parfois handicapantes. Youppie... quelques femmes pourront être opérées et retrouver une vie normale après avoir recouvré la santé (certaines souffrent de problèmes gynécologiques graves, pour certaines à des stades très avancés).
Autre excellente nouvelle, celle de l'accord reçu de Punam, l'une de nos institutrices, de nous vendre la partie du terrain qui jouxte le Centre de santé, afin que nous puissions y construire notre salle de créativité et de développement. L'accord porte sur le fait qu'en contre - partie, nous financerons les études de Deepack, fils de notre ancien prêtre décédé. Après Dashain, les papiers officiels seront établis. Nous tenons à ce que l'Association Ganesha Népal - qui sera la propriétaire du terrain - paie le prix de cet achat, alors même que Punam nous l'offre. Nous nous sentirons mieux si une transaction qui contente toutes les parties peut être signée.
Cet après-midi, David nous quitte pour quelques jours, il doit se rendre à Nepalgunj, à l'Ouest du Népal, afin de participer à un rassemblement chrétien. Et pour nous, en route pour le marché ! Notre petit coq Hariram (je lui ai donné l'argent et c'est lui qui nous conseille dans l'achat des légumes) est à nos côtés. Nous devons nous nourrir ces trois prochains jours, alors poulet, ail, tomates, locca (sorte de long concombre jaune et délicieux), épinards, cherymoy, aubergines sont empaquetés. Ce n'est pas demain que nous mourrons de faim et les étals qui sont magnifiquement bien garnis attirent nos regards et nos envies! Nous rentrons en vitesse, douche froide et départ pour le Josiane's Village, Kudan nous attend pour le repas et la « goat party » !
Samedi 12 octobre, David et Hariram partis ou en congé, nous nous retrouvons en harem... ! Le poulet acheté hier est au four. Nous appelons Kudan à la rescousse, il semble que nous ne disposons plus de gaz. Fausse alerte ! Tout va bien, le riz cuit, les épinards aussi. Un repas de fête nous attend. Il fait une chaleur étouffante, la sieste nous tend les bras et nous ne résistons pas à Morphée ! Une journée à ne rien faire, qu'est-ce que cela fait du bien ! Et heureusement que nous avons pris de l'avance, car la nuit va être musicale au possible. Eh oui, Dashain, toujours et encore...
Ce matin, le ciel est bas et une pluie fine se met à tomber. Bien partie pour nous arroser toute la journée ! Cet après-midi, Betty et Blanca vont aller assister à la décapitation des 385 boeufs généralement offerts en sacrifice à la déesse Kali. J'ai déjà vu cet abattage et resterai pour ma part à la maison. J'ai du travail de préparation - les invitations pour Noël à rédiger et la liste des envois à revoir - si bien que je serai occupée. Ce soir, nous mangeons chez le Président.
Je vous retrouve en fin de semaine prochaine, afin de vous raconter la journée de demain lundi, consacrée à la distribution des tikka, et l'arrivée de Chris, le vidéaste canadien qui va nous préparer un beau CD racontant cette fois en images notre quotidien.
Lundi à Gorpar - édition n°5
Ah oui, je vous dois le nom de l'arbre séculaire que Kudan a planté ! Il s'agit d'un syzygium cumini ou Jhamun (nom local). Je risque de ne jamais le voir dans sa pleine maturité, puisqu'il vit plus de 150 ans...
Je vous ai quittés lundi dernier, à mon retour à Kathmandu après deux jours de « vacances » à Nagarkot. J'avoue, sous la torture bien évidemment, que l''inconfort des lieux doublé de la pluie constante et du froid a rendu ce petit séjour quelque peu pénible ! Tout est humide, impossible de se laver, la source étant tarie ! Etonnant, non ?
Ce mois d'octobre débute au Ministère de l'Immigration, où je vais faire prolonger mon visa jusqu'au 17 décembre. Je saute dans le taxi de David, et nous voilà embarqués pour une demi-journée style rallye. Nous arrivons à l'entrée du Ministère, et première chose, devons remplir un formulaire, auquel il faut attacher une photo passeport et une copie de ce dernier. Bien, nous nous rendons au buibui en face, on dirait que ce Monsieur s'est installé là exprès ! Vous croyez ? Une photo et une copie après, nous nous adressons aux « entremetteurs » assis dans le hall d'entrée.
« Vous pouvez revenir vers 15h! ». Tu parles ! Mais qu'est-ce qu'ils croient, que je n'ai que cela à faire ?
«Bon, si vous payez... ah ah ah... NR 4'900.- (équivalent à Fr. 49.-) au lieu de $2.-/jour d'extension du visa, vous pouvez avoir votre visa dans une demi heure ! ». Ainsi soit-il ! Ainsi fut fait, et j'ai même exigé mes NR 100.- en retour ! Ah oui, il avait « oublié » de me les rendre.
Nous nous rendons chez la couturière qui a préparé mes trois kurta surwal (est-ce qu'il y a un « s » en népalais ?). J'arrive à peine à entrer dans les blouses... Nous reviendrons demain, car il faut élargir tout cela, je ne vais pas mourir étouffée tout de même !
Une petite faim, vite, « Chez Caroline » ! Wouaff... les prix ont triplé ! Il faut dire que tout a augmenté d'au moins 50% depuis le mois d'avril, c'est inimaginable ! Enfin, côtelettes d'agneau pour David, spaghettis au saumon pour moi, sans salade, merci, mais DU PAIN, DU PAIN comme chez nous, DU VRAI PAIN... Nous nous régalons !
Je quitte David pour Patan, et je me rends chez mes amis les Shrestha ; leur fille Bibba est revenue des USA pour un mois et demi et nous avons prévu une « momo party ». Mais je n'arrive pas à les joindre par téléphone. En chemin, je dois acheter des aiguilles à tricoter, que je trouve au Mangel Bazar. La momo party aura lieu demain. Je rentre à Kathmandu sous la pluie. Ganu, le jeune homme attaché à la maison de KP depuis des lustres rentre rond comme une queue de pelle et fait un théâtre devant mes fenêtres ! Tout le quartier doit l'avoir entendu sans doute.
Mercredi 2 octobre, la journée débute par un petit déjeuner au Shechen Guest House & Rabsel Garden Café, attaché au monastère bouddhiste du même nom (enfin, excepté café !), pris en compagnie d'Astrid et de son fils Marc. Petite marche digestive jusqu'à Trinchuli, où est située l'école d'Astrid. Deux nonnes bouddhistes s'occupent de 8 à 9 petits bouts d'chou ! Leur matinée est réglée comme du papier à musique: arrivée à 9h et jeux/accueil jusqu'à 9h30, puis passage aux toilettes avant de monter à l'étage pour un apprentissage tout en jeux du temps, des jours, des nombres, etc., pour une demi-heure encore et nouvelle demi-heure au dernier étage de la maison, moment pendant lequel les enfants jouent à ce qu'ils désirent, ensemble ou séparément ! Il y a ce choupinet qui tous les matins, enfourche son cheval de bois et ne le quitte plus ! Ou ces deux coquinettes qui jouent avec le « tunnel », dansent, et se renversent ! Tout au fond, il y a le constructeur qui s'amuse avec les plots et les lego.
Retour au rez-de-chaussée pour le snack de 10h30. Chacun se lave tout d'abord les mains, puis se rend dans la salle à manger jouxtant la cuisine. Les jeux et apprentissages se poursuivront ensuite... Méthode Montessori !
Nous partons pour le Shechen clinic & hospice et y rencontrons Sanjeev Pradhan. Astrid désire vivement créer des liens entre le centre pour handicapés de Dhapakel, l'hôpital de Dhulikel, cette clinique, afin de traiter au mieux ses enfants handicapés. La collaboration semble toujours un peu difficile, mais M. Pradhan, Indien du Sikkim, me promet de s'arrêter le 16 ou le 17 octobre prochain, car il visite des écoles gouvernementales dans la région de Rajbiraj (à env. 26 km de notre école). J'aimerais qu'il nous tende la main, en particulier pour la construction d'une salle nous permettant d'installer notre classe d'éveil et de créativité pour nos petits élèves. Il a les contacts nécessaires avec Uttam Sanjel, l'homme des Bamboo schools, style de construction qui m'intéresse au premier plan !
Retour à Trinchuli pour la visite d'une école Montessori, créée par Bina Gurung, une femme énergique et totalement dédiée à l'enseignement ! Une magnifique découverte, et la mesure de ce qui reste à faire ! Un premier pas : nous avons reçu 21 candidatures pour le poste d'institutrice spécialisée !
Nous rencontrons encore Marie-Josée, amie de Michèle, qui vient elle aussi depuis des années au Népal et qui prépare ses bagages pour le tour du Mt Kailash (cette fois c'est vrai) et qui ensuite va passer quelques trois semaines au Tibet. Personnage amusant, elle a des liens très étroits avec le Tibet et ses ressortissants. Après avoir construit une clinique aux pieds de Swayambunath, elle désire bâtir un foyer pour handicapés physique à Sakhu, non loin du Shushma Koirala Memorial Hospital.
La momo party prévue m'appelle, je quitte Astrid que je ne reverrai qu'en Suisse en fin d'année, car demain c'est retour chez moi. David me rejoint à Patan avec Deepesh, fils de notre défunt prêtre, qui sera sponsorisé pour ses études d'ingénieur. Une momo party, c'est toujours un moment de plaisanteries, de rires et d'amitié... Mais nous laissons nos amis pour regagner nos foyers respectifs, non sans nous être assurés de nous revoir bientôt !
Aujourd'hui a débuté le séminaire de cultures bio - dynamiques, auquel nous n'aurons pu assister.
Zut... J'ai comme des doutes sur la volonté de Krishna de vouloir collaborer... Je me méfie de ce Monsieur comme de la... lèpre !
Le camp se poursuit ce jeudi, mais nous n'arrivons à Gorpar qu'en fin d'après-midi, après un voyage sans problème. A l'aéroport de Biratnagar, nous sommes informés qu'une grève décidée par les ressortissants de la caste des Limbus va nous empêcher d'accéder au Gorkhana Super Market ! Il va falloir faire un détour et probablement transporter nos achats par rickshaw. En fait, à l'approche de Dashain, les achats pour tous sont plus importants que les revendications sociales, si bien que nous pourrons tout de même nous parquer devant l'entrée du magasin, sans problème ! Nous repartons direction Gorpar, pour nous trouver quelques kilomètres plus tard face à une horde de Madesi surexcités qui viennent à notre rencontre. Quelques milliers d'hommes (et je n'exagère pas, croyez - moi !), les uns assis à trois sur des motos, d'autres à cheval, qui encore en voiture ou sur des camions loués pour l'occasion, armés de drapeaux et de haine (il faut voir leurs yeux... ) foncent sur nous. Notre jeune chauffeur semble ne pas comprendre qu'il faut ranger la voiture sur le côté et ne plus bouger avant que tous aient défilé. Impressionnant... Les Madesi sont les habitants du Terai qui revendiquent leurs origines Indoues. Ce sont des fondamentalistes, qui veulent imposer leur loi (soit aucune, si ce n'est celle du plus fort). Ils sont plus terroristes qu'autre chose et les deux assassinats qui vont être perpétrés ces prochains jours en sont la preuve : il faut liquider les leaders des autres partis avant les élections !
Arrivés sans plus d'encombres à Gorpar, je me rends compte que j'ai oublié les plafonniers chez KP ! Re - zut ! Je l'appelle, afin qu'il les envoie lundi prochain par cargo. Je les récupérerai à Biratnagar le 8 octobre, à l'arrivée de Betty et de Blanca. Pour l'instant, il faut déballer les bagages et préparer le repas. Tâche dont s'occupe Somani, pendant que je m'occupe de Hans van Florenstein Mulder, le spécialiste en cultures bio. Il va passer la soirée avec nous, dans le confort du Centre de santé et non pas dans une hutte telles que celles du village de Mahuli où s'est déroulé le séminaire.
Vendredi matin, après une nuit pluvieuse et plus fraîche, un petit déjeuner agréable, rejoints par notre Président, nous visitons nos terrains. Hans admire notre champ de manguiers et d'aouls, mais il ne nous conseillera en rien pour notre second terrain qui doit être cultivé, si ce n'est de cultiver... des produits locaux ! Bon, on va se débrouiller, si ce n'est qu'il faut impérativement prévoir un système d'arrosage pour nos légumes si nous ne voulons pas nous retrouver avec rien, mais tout sec ! David est chargé de contacter le spécialiste et de déterminer avec lui quelle va être la meilleure installation à prévoir pour la surface de notre terrain.
Une réunion des instituteurs est convoquée par le Head Master. Après avoir passé en revue les revendications, séminaires pour instituteurs, salaires des instituteurs, uniformes des instituteurs, achat d'un projecteur et de matériel d'enseignement pour les instituteurs, nouvelles instructions du gouvernement aux instituteurs, voyage de la classe 10 et accompagnement des 52 élèves, est abordé le sujet du rapport que les instituteurs devaient faire à la suite des examens qui se sont déroulés au mois d'août dernier. Aucun des instituteurs n'a - à ce jour - délivré les résultats de sa classe ! De même pour le nouveau formulaire que les instituteurs doivent remplir sous le titre « Tips and need »... aucun de nos instituteurs, et ils ont pourtant tous suivi le séminaire donné à ce sujet il y a 4 mois, ne s'est donné la peine de le remplir.
En fin de discussion, je demande innocemment : « And what about children ? » question qui se perd dans les limbes, la période de Dashain commence et chacun est pressé de partir faire ses derniers achats liés aux futures festivités !
Ce samedi 5 octobre, après un tout premier café Nespresso (un peu fourmillant... une horde de minuscules fourmis ayant élu domicile dans le système chauffe eau de la machine), dégusté sous la pluie, nous dédions la matinée à l'analyse des 21 candidatures pour le poste d'institutrice spécialisée que nous avons mis au concours. Jeunes ou moins jeunes, toutes ces dames sont sans expérience professionnelle. Nous attendrons que Betty arrive afin qu'elle nous conseille et nous aide à trouver la meilleure candidate. Voire à décider de passer une seconde fois l'annonce !
Les instituteurs engagés par l'Association viennent discuter salaire... Le Gouvernement a augmenté les salaires de 18% en août, et les prix ont flambés depuis avril dernier. Un rapide calcul me fait prendre conscience que nos salaires sont maintenant de 26% inférieurs à ceux offerts par le Gouvernement. Je sens que le budget 2013-2014 va exploser ! Mais je n'ai pris aucun engagement, j'ai seulement répété que notre budget annuel est bouclé en avril et que nous ne pouvons pas augmenter les salaires sans en référer aux membres de l'Association, ou du moins aux membres du Comité.
Rajendra, fils de notre Président expatrié en Australie, me rend visite ! C'est avec plaisir que je le revois après bien des années... Il a changé, est devenu plus Australien que Népalais... Il est pour quelques jours de vacances au Népal, son ami se marie.
Une soirée cinéma nous amène tranquillement au dodo...
Dès le matin, dimanche, nous attaquons les derniers rangements du bureau, retrouvons les imprimante couleur, l'écran 19'', les haut-parleurs et autres câbles de connexion. Kagendra, le charpentier, arrive avec les supports à rideaux. Les rideaux confectionnés par Nira sont placés, certains trop grands car les meubles ont été montés. Cela sent les retouches... Kagendra a mal calculé son « coup » ! Il manque un support... il reviendra un autre jour, pour terminer son travail !
Le magnifique poisson acheté au Koshi Barrage à notre retour de Kathmandu fini de décongeler. Entre les mains de Kudan et Hariram, il va servir de plat de résistance pour notre souper, accompagné d'épinards, de riz et de légumes. Il est déjà 22h15, la température est descendue à 22° dans la maison, idéale pour une bonne nuit fraîche...
Petite incursion sur Skype, je dialogue avec mes enfants et leurs petits (qui sont aussi les miens !).
Une pensée pleine de compassion pour la famille de Daniel... bien trop tôt disparu. Repose en paix l'Ami.
Il est prévu ce lundi de recevoir les candidates au poste de « home visitor ». Emploi fourni par le Self-help Group for Cerebral Palsy, Népal, NGO dont je vous ai déjà parlé. Le rôle de cette employée consistera à visiter les familles au sein desquelles, dans la région, se trouve un enfant handicapé. La Fondation Audrey Jacobs, présidée par Astrid, soutient ce projet financièrement. Nous allons également prendre contact avec Handicap International qui pourrait connaître quelqu'un déjà formé que nous pourrions engager pour ce poste.
La journée s'annonce magnifique, le soleil brille, dommage, je n'ai pas installé l'électricité solaire ! Le générateur est donc en fonction pour l'instant...
Lundi à Kathmandu - édition n°4
Après ma journée repos du 24 septembre dernier, avec prolongation au Newa Chen, Guest House à Patan, j'ai rendez-vous ce mercredi matin avec Astrid, afin de partir pour l'hôpital de Dhulikel. J'emporte tout mon barda, car ce soir je loge à l'hôtel Nirvana, au centre de Thamel, quartier très touristique de Kathmandu. Je déteste... Mais bon, l'une des membres de notre Association va y séjourner jusqu'à samedi, après un trek au Mustang et non pas au Mont Kailash comme indiqué précédemment. Nous aurons donc certainement le plaisir de nous rencontrer, voire de manger ensemble.
Je m'embarque dans un taxi qui doit m'amener sur la route de Bhaktapur, et suis rejointe par Astrid, son fils et ses deux jeunes volontaires qui vont travailler pendant quelques semaines dans l'école sponsorisée par la Fondation d'Astrid. Quatre jeunes étudiants sont également de la partie, ainsi que Suresh, du Self-help Group for Cerebral Palsy Nepal que nous avons visité lundi à Dhapakhel, et le médecin de cette même organisation. Nous avons rendez-vous à 13h.30 précises avec le Dr Rajendra Kozu, auquel Astrid souhaite présenter Suresh et le médecin de la SGCP, et étudier dans quelle mesure il est possible d'établir une collaboration entre cette association et l'hôpital.
Nous arrivons bien avant le rendez-vous fixé et les « jeunes » sont pris en charge afin de visiter l'hôpital et déjeuner avec un membre du staff hospitalier. Nous attendons le Dr Kozu, qui nous fait patienter... pour finalement n'avoir avec lui que quelques instants partagés pendant le lunch. La collaboration semble difficile à établir... elle est « on process »... !!! Par contre, j'ai fait la connaissance de Rossein, le responsable des camps de santé dans les districts, originaire du Terai, et qui se montre intéressé à organiser de tels camps dans notre région. Contact précieux... s'il veut bien me faire parvenir la documentation relative à de telles organisations.
N'ayant pu trouver un hôtel où loger à Dhulikel, nous repartons sur Kathmandu. Je m'installe au Nirvana hôtel, qui a bien vieilli et qui ne reluit pas de propreté... Le diner se déroule dans un restaurant tibétain, David nous a rejoints ainsi que Nicole, amie chez qui Astrid loge, et c'est donc en très grande et bonne compagnie que nous dégustons une nourriture magnifique, accompagnée, pour David et moi, d'une panachée ! Bon sang ne saurait mentir. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin : nous partons pour Melanchi, afin d'assister à un camp médical organisé par l'hôpital de Dhulikel. Nous devons prendre un taxi... que nous attendons toujours... eh oui, à l'heure convenue de mon rendez-vous avec Astrid, un SMS de sa part m'informe que le taxi qui devait prendre mes compagnes et compagnons du jour à 6h00 n'est pas là ! Je vais donc tranquillement jusqu'au restaurant 1905 - j'avais avalé un petit déjeuner en vitesse, afin de ne pas être en retard, ce que je déteste par-dessus tout - et peu de temps après, nous annulons la sortie « camp médical » pour cause de non arrivée du taxi réservé la veille !
Hier soir, un Email de Krishna Gurung m'apprenait que le séminaire de cultures bio - dynamiques a été avancé aux 2 et 3 octobre, alors qu'il devait se dérouler du 5 au 7 ! Satianash, c'est pas croyable ! Tout est organisé, y compris les billets d'avion, afin que David et moi soyons sur place le 3, un jour avant le programme établi,... et nous n'allons évidemment pas pouvoir assister à ce camp. Je suis très fâchée, car il était très important de pouvoir suivre cet enseignement, alors que nous devrons, durant le mois d'octobre, commencer nos plantations d'hiver. Bon, Hans et Inneke viendront loger du 3 au 4 octobre au HCC, et nous aurons juste le temps de discuter un peu, puis avant leur départ, visiter les lieux et recueillir les conseils de Hans.
Du coup, j'appelle David, et nous nous rendons au Royal Penguin afin d'y prendre notre petit déjeuner. Nous nous installons à une table et le serveur nous informe que nous pouvons déjeuner avec l'animal en peluche que nous voulons ! Nous choisissons une maman léopard et son petit. En plus, nous avons le droit de choisir le drapeau du pays que nous désirons, ainsi que des jeux ! Nous allons nous amuser comme des petits fous, avec le jeu de l'échelle ! Après avoir bien ri et dégusté notre sandwich, je pars avec David pour faire établir ma carte d'identité en qualité de Volonteer Management Activist (... cela sonne un peu comme un parti maoïste, non ?), puis nous nous rendons chez une couturière, j'ai trois « kurta surwal » à confectionner avec des tissus que j'ai retrouvé dans mes armoires, lors de mon grand débarras !
David m'abandonne en fin de matinée pour vaquer à ses occupations privées et je me rends à Bhaktapur, pour y commander la vingtaine de poignées de portes « éléphants » qu'il manque sur les portes des armoires nouvellement installées et du secrétaire que notre charpentier, Kagendra, est en train de peaufiner !
Vendredi 27 septembre, nouveau petit déjeuner au Royal Penguin... c'est trop amusant et nous déjeuner cette fois en compagnie du dragon de Commodores ! Hier soir, seule, j'y ai mangé en face de Monsieur Panda ! Je vous promets, c'est extrêmement amusant, j'en riais toute seule... La compagnie d'un animal en peluche est une mise en bouche des plus joyeuses ! Je vous recommande l'astuce si vous avez des enfants... ils vont adorer ! Je passe la journée avec David, en achats de divers livres pour enfants (petites histoires en népalais pour la nursery classe), courses à droite, déjeuner à gauche, Bath Batheni pour y acheter les plaques électriques que Sochiendra veut offrir à sa maman pour Dashain, laines pour le groupe des tricotteuses... Il est déjà 17h et David part pour rencontrer ses amis, alors que je rentre au Nirvana. Soirée fruits et CNN News... J'adore l'Ambassadeur de Syrie qui, à l'ONU nous décrit un régime... bananier, pour le moins ! C'est pas moi, c'est les autres, ben... évidemment ! Nouveau tremblement de terre, crimes, assassinats, malheurs en tous genres : à votre bon coeur M'sieur Dames... Il est 21h30, j'éteins, il est temps de faire dodo.
Samedi, j'attends Aparna, mon amie infirmière népalaise et nous partons pour deux jours à Nagarkot. Quitter Kathmandu quel plaisir, cette ville est ma foi trop polluée et trop bruyante pour moi ! Nous arrivons sous une pluie battante, qui ne va pas nous lâcher jusqu'à lundi matin. Et il fait froid... Brouillard même ! Après une bonne sieste, je visite le jardin potager et nous allons - Aparna et moi - chercher du lait. Occasion de rencontrer toute la misère du monde, de cette dame de 60 ans qui - depuis plus de 30 ans - est atteinte d'une tumeur au ventre, qui doit bien peser dans les 30 kilos et peut exploser à n'importe quel moment. L'opérer ? oui... il faut de l'argent, beaucoup trop et que ces montagnards n'ont pas. Puis on s'arrête chez les voisins. Il y a trois mois, le monsieur qui gît - là était encore en pleins travaux des champs ; lundi, juste avant mon départ, il quittera cette terre pour des cieux meilleurs (enfin... ) rongé par un cancer foudroyant. Et cet autre, qui a failli perdre un oeil, attaqué par un chien qui l'a sauvagement mordu. Pour ma part, je fais pour la première fois de ma vie connaissance avec les sangsues ! Deux de ces bestioles se sont attachées à mon pied... vite, des herbes du jardin et du sel et les voilà qui elles aussi passent de vie à trépas !
Impossible de se connecter à Internet, l'électricité joue avec nos nerfs... alors dodo ! Il faut dire que j'habite dans une petite chambre, qui jouxte la cuisine vétuste d'un petit « cottage » sans aucun confort. Toilettes indiennes (mais toilettes tout de même), pas d'eau... bizarre, la source est tarie, et l'électricité quelques heures en journée. Camping amélioré, si ce n'est que sur le plafond de la chambre a élu domicile une grande famille de souris... qui ne vont pas arrêter de courir, de se courir après, de se disputer, et qui vont bien entendu animer fortement mes nuits ! Je vais passer la journée de dimanche à lire, il pleut. En fin d'après-midi, départ pour le Om Manla Resort, où Santa, Aparna et moi allons nous rassasier d'un excellent repas.
Ce lundi 30 septembre, je reviens à Kathmandu, chez KP, notre fournisseur en châles pashmina. La pluie cesse dès notre arrivée à Bhaktapur. Chez KP, j'ai le plaisir de renouer avec une bonne douche : qu'il est agréable de se sentir propre ! David me téléphone afin de m'informer que le collaborateur en charge de mon dossier au Ministère de l'Education a enfin écrit la lettre tant attendue, afin que nous puissions aller au Home Ministry demain... Mais il nous faut encore un courrier de la part de M. Khadga. Ce dernier invoque le fait qu'il est 16h, et qu'il s'en occupera demain ! Je lui téléphone, afin de lui signaler que depuis 9 mois nous attendons le visa tant espéré et qu'il est indispensable qu'il écrive cette lettre à l'instant, la scanne et l'envoie encore aujourd'hui à David ! Patience étant mère des vertus... je ne dois pas être des plus vertueuses !
Le mois d'octobre qui arrive va nous apporter de très nombreux visiteurs et de belles nouvelles expériences. Jeudi, je rentre chez moi. A bientôt !
Samedi à Gorpar - édition n°3
Est devenu le mardi de Kathmandu...
Toutes et tous vous avez lu l'histoire du « Petit Prince » et de son Renard... Eh bien les Nouvelles de Gorpar du samedi, c'est la même chose... Il faut les apprivoiser ! Si elles n'arrivent pas toujours au même moment, surtout lorsque les journées sont bien remplies !
Je reprends donc mes petites anecdotes au 15 septembre dernier, dimanche, qui, après un petit message envoyé à ma maman pour lui souhaiter un bon anniversaire, nous vit travailler à la fin des pendaisons : le miroir dans le hall d'entrée, afin d'être bien certaine (et certain pour d'autre...) que coiffure, rasage (pour d'autre, je vous rassure), et tenues vestimentaires sont adéquates ! La crémaillère attendra que le charpentier finisse son oeuvre...
Ensuite, nous avons procédé à la pose des rideaux dans la salle de bain ! Ce sont des rideaux retrouvés, qui étaient pendus dans la villa du Mont, et qui finiront leur vie entre ma chambre à coucher et dit lieu d'aisance. Il faut dire que la conception de l'appartement est en fait exclusivement égoïste... il n'y a pas de porte entre ma chambre et les sanitaires, si bien qu'en cas de partage des lieux, il ne subsistait que cette solution des rideaux. Je reste souvent coite devant le manque de logique des messieurs... Mais tout fini bien et il ne reste plus que les nettoyages à entreprendre, car le percement des murs a provoqué une poussière que nous déplaçons d'un coin à l'autre de la maison !
Lundi matin, au petit déjeuner, Monsieur Yadav, notre Président, arrive tout excité et quelque peu paniqué ! Hier soir, le meurtre d'un paysan s'est déroulé dans le village de Gorpar. Une mère et sa fille s'en sont prises à ce monsieur car son bétail paissait sur leur champ. Elles l'ont froidement poignardé...
Puis j'ai enfin pu rencontrer le Head Master, tout fringant sous sa nouvelle teinture de cheveux. J'avais à lui demander l'autorisation ( !) de relancer le programme de nutrition. Il s'est déclaré être d'accord et comme tout était prêt, les dames du HCC ont immédiatement commencé leurs investigations (peser et mesurer chaque enfant) afin de découvrir qui et combien d'enfants sont en sous - ou sur - poids dans notre école. Un régime spécial leur sera appliqué dès après les vacances de Dashain, qui débutent le 5 octobre prochain. Un second rendez-vous est pris pour le lendemain, afin de pouvoir lui exposer tous mes projets. Il offre son aide, jour et nuit si nécessaire... je lui rétorque qu'au vu des aventures et des rumeurs concernant nos instituteurs, infirmières et élèves, je préfère me passer de rendez-vous nocturnes !
Ah oui, une « journée type » ? Eh bien c'est réveil à 04h grâce au muezzin d'à côté. Il fait encore nuit, les oiseaux ne jacassent pas encore. Rotation dans le lit et essai de dormir encore un peu... 05h, non, vraiment, c'est trop tôt... j'attends 05h20 pour me lever. Ablutions, puis vers 06h, préparation du petit déjeuner. Hariram va arriver vers 07h - 07h15, David et moi aurons, certains jours, fini notre repas, car trois fois par semaine, mon cours de népalais commence à 07h.
Ensuite, et jusqu'à notre départ samedi dernier, c'était visite aux champs, rangements, nettoyages, contacts avec différentes institutions, mise à jour des informations car lorsque je suis en Suisse, aucune - pratiquement - nouvelle ne me parvient, meetings, visites des classes, discussions avec les élèves (le thème actuel est le voyage de la classe 10), etc.
Le repas est pris vers 12h, puis lecture et sieste sous le ventilateur ou sous les arbres pour David, la température est trop élevée (plus de 35°) et nous ruisselons. La fin d'après-midi est consacrée à mes devoirs pour mon cours du lendemain, à la préparation du repas, voire aux courses à faire au marché de Simra !
Après notre repas du soir, c'est douche froide (si nous avons eu le courage d'attendre jusqu'à 19h !). Autrement, nous nous douchons avant l'apéro et préparons le repas dès que l'électricité est de retour, vers les 20h. Soirée cinéma quelques fois, souvent dodo vers 21h, la fatigue nous faisant bailler à nous décrocher la mâchoire !
La journée de mardi commence donc par le rendez-vous pris avec le Head Master. David - en fidèle interprète - lui annonce nos différentes visites. Pris d'un accès de générosité, notre HM m'annonce qu'il veut désormais préparer lui-même les réceptions de nos hôtes « internationaux » ! Mais pourquoi donc me méfie-je ? Mon Jiminy Cricket n'a pas fini de frétiller des ailes... Puis, je lui expose mon souci de savoir qu'aucun Comité d'école n'a été réélu et que chacun (en particulier les instituteurs secondaires) fait ce qu'il veut dans l'école ! Les absences sont quotidiennes, les retards pas moins, et les pauses interminables ! Il me promet d'en parler au District Education Officer, celui - là même qui ne veut pas me rencontrer, et de procéder au plus vite à de nouvelles élections et constitution d'un Comité. Je lui demande de faire circuler l'information que les personnes souhaitant participer à ce Comité sont les bienvenues, dans la mesure où elles savent au moins lire et écrire et sont en possession de leur SLC !
Je lui demande également pourquoi le terrain situé entre l'école et la maison du Président n'est pas cultivé. C'était un moyen de récolter quelques sous pour aider à financer le voyage de la classe 10 ! Il n'a pas eu le temps de s'en occuper. Bien, nous tombons alors d'accord afin que j'en reprenne la culture (oignons et aux - de ail au pluriel), et que je lui fournirai des comptes exacts (investissements et bénéfices). Let's shake hands !
Après avoir encore abordé la demande des élèves de la classe 10 d'organiser leur voyage, la matinée se poursuit par le rangement du bureau, c'est-à-dire et vu que le charpentier n'est pas encore passé, le déballage des cartons restants et la recherche d'un petit coin pour chaque article... malheureusement et par manque de place, il reste encore deux cartons non ouverts...
Monsieur le Président nous invite à nouveau à partager son repas du soir. Aujourd'hui fut dédié à un nouveau dieu, celui des machines et tout ce qui est « machine » - de la moto au générateur, du tracteur au moulin, etc. - tout a été béni, avant première utilisation. Ce soir, tout le monde part au Koshi barrage, car demain est à nouveau jour férié dédié à Shiva (sous l'une de ses innombrables formes). L'école sera fermée, bien entendu... vous avez dit « Chic d'être instituteur/trice au Népal » ? Pas seulement... tout le monde à congé ! Cette journée est placée sous une température extrême, nous n'en pouvons plus et essayons de nous déplacer à droite et à gauche, sous les ventilateurs (zut, l'électricité vient d'être coupée... !), rien n'y fait. Même l'eau froide nous semble tiède...
Pendant notre « apéro-time » quotidien (qui a dit belle vie ? mais c'est une vie de retraitée, je vous le rappelle !) Kudan arrache le papaye-tree planté au bout du Bouddha's way. Il va en replanter un autre (promis, je vous dis son nom dans mon prochain courrier) qui devrait devenir aussi imposant que celui qui ombre notre scène de théâtre en plein air ! Ne suis pas sûr de le voir dans sa pleine maturité, il vit facilement 2 à 300 ans...
Jeudi, jour de Jupiter, qui se déchaîne... c'est le combat des dieux ! Jupiter d'un côté - Zeus de l'autre ! Je sais, c'est le même, mais comme il a le don d'ubiquité... Les éclairs fusent à droite et à gauche, l'atmosphère s'emplit de leur puissance, le tonnerre roule comme les tambours de Kathmandu (livre à lire pour tous les fans du Népal !), les fenêtres claquent, la pluie nous inonde, et cela dure... Aujourd'hui, nous avons organisé un meeting avec les membres du comité du centre de santé et les swamsebikas. Celles-ci devaient venir à vélo, dit vélo pourvu de sa pancarte spécial don ! Bon, évidemment les trois quarts des vélos ne portent plus cette pancarte, deux swamsebikas sont même arrivées pedibus cum jambis, vélo volé ou utilisé par leur parenté !
Les membres du comité sont présentes, sauf deux dames non excusées par ailleurs. David et moi leur présentons les camps de santé qui vont se dérouler au HCC et leur demandons leur aide afin de publier les dates de leur déroulement. Ayant reçu de magnifiques sacs et après leur demande express que nous leur en fournissions, nous leur distribuons à chacune l'un de ces porte-documents, agrémenté de deux stylos et d'un calepin. Elles pourront y fourrer leurs méthodes (livres et images fournis par le Gouvernement), lors de leurs déplacements dans les villages.
Ce vendredi matin, Hariram est tout chamboulé ! Cela se lit sur son visage, il est en souci. Et il y a de quoi ! Cette nuit, il s'est réveillé, alors qu'un cobra se trouvait suspendu au-dessus du lit où dormaient trois de ses filles ! Il les a ramassées comme une botte de foin, enlevées les trois ensemble et est sorti de sa hutte en hurlant, afin d'ameuter voisins et parents. Depuis, il a décidé de construire une maison en dur... !
Et puis, bonne nouvelle : dix-huit jours après mon arrivée, voici celle - trompettes résonnez ! - du charpentier ! Oh, il vient juste finir le travail à l'école, rien n'est encore définitif... ce n'est que vers les 17h30 qu'il amènera les différentes parties du meuble dans l'appartement, afin de les assembler vite fait, juste de manière à ce que je puisse visuellement constater qu'il faut y apporter quelques modifications. Mais à son habitude, le travail est bien fait, je dois lui reconnaître ce talent s'il n'a pas celui de la ponctualité !
Tout comme hier soir, David et moi nous nous décidons pour une soirée film. Il me propose - satianash ! - de visionner « The Last King of Scotland », l'histoire de Idi Amin Dada, fameux dictateur Ougandais et de son médecin. Mais diable pourquoi ai-je accepté ? J'en ai des cauchemars toutes les nuits, tant de souvenirs lus dans les journaux et magazines me reviennent en tête, me remémorent les atrocités commises par ce fou sur plus de 300'000 Ougandais...
Ce samedi matin marque notre retour à Kathmandu. De bon matin, Monsieur Khadga et Sochiendra, fils du Président et instituteur dans notre école, David et moi partons jusqu'à Biratnagar, trajet effectué en moto ! Oui, je sais je fais des jalouses... je suis la passagère de M. Khadga. Le voyage motorisé se déroule sans encombre, celui en avion de même. Nous avons eu le temps à l'aéroport de remplir notre carte Yéti Diamonds... peut-être en retirerons-nous un jour un avantage !
L'arrivée à Kathmandu nous voit nous séparer. David a « des choses à faire » et moi je me rends à Patan, au Newa Chen Guest House, pour y déposer armes et bagages pendant quelques jours. En fin d'après-midi, je me rends chez mes amis les Shrestha, dont la maison est bien lugubre. Notre peintre rencontre quelques problèmes familiaux, et mon amie Urmila ne se remet pas de sa paralysie faciale. Elle ne peut parler que très difficilement et je ne la comprends pratiquement pas. Nous décidons ensemble que « fi au destin », nous avons tant de choses à nous raconter qu'elle va écrire et moi parler... ! Très vite nous retrouvons notre complicité et rions à gorges déployées ! Puis nous décidons que nous sortons manger (même si elle a de la peine à avaler). Son fils, son mari et moi réussissons à la convaincre que tant pis pour les autres, nous avons envie de mordre la vie à pleines dents... profitons tant que nous en avons ! Un superbe repas après, nous rentrons nous coucher, nourris autant par les succulents plats que par nos souvenirs et nos projets communs.
Dimanche, je passe la journée avec Vishnu Chhetri, la première petite fille que j'ai sponsorisée à son arrivée à la Happy House, il y a bien 16 ans. Aujourd'hui, c'est une très jolie jeune fille de 20 ans, qui poursuit des études (bachelor en sciences de l'éducation, dernière année) et à l'ambition de poursuivre par un Master. Elle travaille en part-time-job dans une école proche de son lycée, ce qui lui permet de survivre. Son histoire de vie est elle aussi dramatique, puisque rescapée d'un clan de dévots à je ne sais plus quel dieu, dévots qui parvenaient à leur extase grâce à de petites filles comme elle... Avant de regagner nos foyers, nous procédons à quelques achats : il faudra gâter les employés de l'école lors des fêtes de Dashain prochain, alors nous nous mettons en route afin de trouver saris, dhotti, habits pour les filles de Hariram... Je rends ma visite quotidienne à mes amis Shrestha, puis c'est dodo... oui, oui, après la douche, bien entendu !
Hier lundi 23 septembre, date mémorable, je me suis rendue à la première heure (c'est-à-dire 10h, heure d'ouverture) à l'Ambassade Suisse, afin d'y déposer mes papiers et demander l'établissement d'un courrier, requis et à adresser au Ministère de l'Education - Kathmandu (ceci dans le but d'obtenir mon visa de volontaire), selon lequel la Suisse ne fait aucune objection à mon établissement au Népal. Non du préposé, qui écrit cependant un courrier à l'adresse du Ministère, expliquant que mon Ambassade ne peut pas émettre d'objection à ma demande privée de m'établir au Népal. Il précise encore que mon Ambassade est reconnaissante au Ministère de m'aider par tous les moyens à obtenir un visa de volontaire ! Quel beau métier que fonctionnaire...
Heureusement, j'ai ensuite rendez-vous avec Astrid et nous partons visiter le Self-help Group for Cerebral Palsy à Dhapakhel. Magnifique... Installations dernier cri, et quelques dizaines d'enfants handicapés bénéficiant des soins et enseignements prodigués dans ce centre de jour. Astrid y présente également quelques enfants soutenus par sa Fondation. Nous visitons la maison toute proche, louée afin qu'enfant handicapé et son parent puissent y vivre le temps qu'ils passent ensemble au Centre. Pendant le mois de leur présence, les éducateurs, physiothérapeutes et tout le staff enseignent au parent accompagnateur les bons gestes, les bonne techniques afin d'améliorer la vie de leurs enfants.
Dès après avoir quitté le Centre, nous rencontrons Suzy, une Suissesse, établie au Népal avec son époux, et qui est elle-même très proche du centre et y enseigne également toutes formes de thérapies. Elle y représente l'association bâloise Saraswoti qui finance en partie le Centre.
Enfin, nous partons pour Kathmandu, afin de rendre visite à Nhyoo Bajracharya, musicien et producteur très connu en Asie, et qui travaille très régulièrement avec Ani Chöying Drolma, nonne tibétaine très connue et reconnue à travers le monde (voir son site http://www.choying.com/). Il est le fondateur et propriétaire de l'école de musique DO RE MI à Jamal. Il a reçu de nombreux awards. Nous avons rencontré dans ses locaux les futures chanteuses pop népalaises, mais aussi le compositeur-musicien A. R. Rahman, qui - pour la musique du film « Slumdog millionaire », à reçu un Oscar au USA !
Aujourd'hui, et sachant que vous attendez mes news avec impatience (whouaaaaaaaaaaaa la modeste !), je m'accorde un jour de repos. Je suis donc derrière l'écran de mon ordinateur, courant après les prises électriques qui fonctionnent dès que l'électricité revient ! David me rend visite afin de m'informer qu'il a passé hier la journée au Ministère de l'Education, de bureaux en bureaux, et qu'il y retourne demain. Il profite également de rencontrer quelques uns de ses amis et de travailler pour chacun d'entre nous !
Demain, je pars avec Astrid pour Dhulikel où nous passerons la nuit et dès jeudi soir, après avoir participé à un camp de médecins, je logerai au Nirvana Hotel pour deux nuits. Cet hôtel appartenant à la belle-soeur de K.P. Maskey notre producteur de châles pashmina, je vais y loger pour $10.- la nuit, taxes et petit déjeuner compris ! J'y rejoins Isabelle, membre de notre Association Ganesha, qui est en treck du côté du Mont Kailash.
Dès samedi, je me rends chez Aparna, mon amie infirmière et nous partirons pour deux jours à Nagarkot. Je me réjouis et de la retrouver, et de partir de Kathmandu, ma foi trop pollué et trop bruyant pour moi !
Mon prochain message mettra peut-être une dizaine de jours à vous parvenir... je ne sais comment je vais pouvoir disposer et d'électricité et d'Internet.
Samedi à Gorpar - édition n°2
Il y a juste... l'histoire... Bon, je vous la raconte, comme elle m'a été racontée ! Je n'étais malheureusement pas présente, dommage, car je pense qu'elle aurait pu donner un magnifique reportage photographique !
Il était une fois une région, entre la Koshi Tappu Reserve et Gorpar, alimentée par la Koshi River, sur laquelle se trouve le Koshi Barrage, région située à environ 35km (une heure de voiture) de l'école. Cette réserve regorge de divers animaux sauvages. Je vous ai déjà conté la visite de l'éléphant mâle, sauvage de surcroît, et ses méfaits (il avait, sur son passage, dévoré trois de nos manguiers, enfoncé la maison de l'un de nos paysans et détruit complètement la hutte-cuisine de notre Head Master) ! Cette réserve est également très connue pour toutes les espèces d'oiseaux qu'elle abrite, et dont je vous fais grâce des noms... car je ne connais pas !
En 2006, alors que nous plantions les arbres qui ornent aujourd'hui magnifiquement le pourtour de l'école et en délimitent l'étendue, nous avions trouvé par hasard des oeufs de crocodile. Il y a quelques jours, admirant le développement de nos plantations d'alors depuis ma terrasse, tout en sirotant l'apéritif, je me remémore le bon vieux temps et repense aux oeufs de crocodile. Innocemment, je pose la question à David « Pourrions-nous encore trouver de tels oeufs aujourd'hui en plantant par exemple demain nos eucalyptus ? ». Somani et Kudan, présents à ce moment-là sont interrogés sur le sujet et... roulé de tambours...
Cet été il a beaucoup plu et nombre de rivières ont transporté nombre de déchets de toutes sortes. Un après-midi, Kudan et Somani entendent un cri de frayeur... Sunita, l'une de nos trois maîtresses de couture, crie au secours ! Tout le monde se précipite... Une salamandre tigrée d'un mètre environ se promène sur la terrasse du premier étage de l'école ! Sans doute charriée par les eaux de la Koshi River qui donne naissance à des cours d'eau serpentant à travers nos champs, cette dangereuse espèce de salamandre (jaune avec des rayures horizontales noires, d'où mon appellation de « tigrée ») a trouvé refuge à l'étage ! Branle-bas de combat, tous tentent de l'attraper, mais le chameau - enfin la salamandre tigrée - prend ses jambes à son cou et court tout autour de la terrasse. A son troisième passage, la tactique mise en place fonctionne : Kudan et Djungué Dji l'attendent à la porte Sud de l'appartement et les instituteurs la rabattent vers nos deux embusqués ! Arrivée à hauteur de la porte, la salamandre tigrée trouve une échappatoire : elle saute de la terrasse... et atterri sur les pierres du Bouddha's way. Elle y reste étendue quelques instants, groggy, les quatre pattes en l'air. Tous se précipitent dans les escaliers, mais arrivent juste trop tard au rez-de-chaussée, voilà que l'animal se remet en marche, direction le Centre de santé (HCC). Elle y est attendue par de valeureux paysans armés de bâtons, qui vont réussir à l'attraper et vont l'occire... Je ne puis ici retranscrire les rires de Kudan et de Somani, ainsi que les nôtres... à l'évocation de la peur, des cris, de l'excitation qu'à suscité cette visite inattendue et la chasse qui s'en suivit !
Le danger rôde...
Et c'est notre Président (du Comité de l'école), Monsieur Yadav, qui ose nous parler du cobra... celui qui a élu domicile dans le remblai entre le HCC et l'école. Impossible à ce jour de découvrir où se situe son terrier, mais il a été vu par quelques uns de nos instituteurs et élèves. Notre Président a pu constater en croisant son chemin, qu'il mesure un peu plus d'un mètre et son capuchon, une fois ouvert, doit bien avoir une envergure d'une vingtaine de centimètres. Cette histoire ne nous fait plus du tout rire... Connu dans la région comme étant le serpent à lunettes, il est extrêmement venimeux. J'ai donc demandé à ce que le HCC soit pourvu d'un anti - venin... Ce vaccin est fourni gratuitement par le Gouvernement dans la région de Saptari, car le cobra y vit et y fait régulièrement des victimes. Problème : il n'y a pas de vaccin... !
Evidemment, après de telles histoires à ne pas raconter aux âmes sensibles, j'ai honte de dire que nous sommes également agressés... par des moustiques ! A la tombée de la nuit, entre chacal et chauve-souris (non, des chiens et des loups nous n'en voyons pas...) ils nous harcèlent et nous laissent, souffrant le martyre - j'exagère, mais c'est tout de même très désagréable - vider nos bombes anti ou après moustiques ! C'est très souvent - sont-ils de mèche ? - lorsque nous admirons le ballet des milliers de lucioles qui illuminent nos arbres que la horde des lilliputiens attaque.
Samedi 7 septembre, David et Sochiendra se sont rendus à l'Eglise de Rupnagar. Petite communauté chrétienne de la région, comptant une trentaine de membres, les cultes ont lieu en fin de matinée dans une hutte de terre battue, au toit de chaume (eh non non ! ce serait trop romantique ! le toit est en tôle ondulée ! et il fait une chaleur d'enfer ( !) dans le bâtiment ! Pendant ce temps-là, je vous envoyais mon premier message depuis Kanchanpur, la connexion Internet n'étant toujours pas installée à l'école. Ce qui devrait être fait depuis hier, David et Hariram se sont déplacés exprès jusqu'à Dharan, afin d'y trouver - enfin ? - LA solution.
Dimanche dernier, nous étions invités chez le Président pour le souper. Coïncidant avec le festival teej, la soirée était destinée à la cérémonie en faveur de la lune. Madame Yadav avait - à notre arrivée - préparé le lieu d'adoration, nettoyé selon la coutume, et sur lequel gisaient 7 feuilles de palmier. Sur chacune d'entre elle, Mme Yadav déposa des fruits, des fleurs, des pauroti (pains spéciaux fourrés aux lentilles jaunes), du riz au lait, divers légumes frits, etc. Les bougies étaient allumées, le panier contenant noix de coco et bananes bien garni, le tout constituant les offrandes à la lune. Quelques sticks d'encens vinrent encore garnir le décor. A la première apparition de la lune croissante, un très mince filet de lumière, la cérémonie débuta, pour durer quelques minutes, chaque membre de la famille, l'un après l'autre, ayant à procéder aux offrandes. Puis, chacun s'accroupit devant l'une des feuilles disposée sur le sol et se mit à manger les offrandes ! David et moi reçurent également pléthore de nourriture et dès la nuit tombée, nous rentrâmes à la maison, ayant en chemin fort à faire afin d'éviter de marcher sur les grenouilles (dont celle à la grande bouche) !
Lundi, les rangements se poursuivent. L'armoire fermée sous la bibliothèque est nettoyée, les affaires que j'avais collationnées dans les bacs transparents sont triées et rangées. David et M. Khadga - directeur de l'école - sont à Dharan, où ils accompagnent Bibek, le fils bien-aimé de M. Khadga. Sur le chemin du retour, ils sont chargés de quelques courses, c'est donc en compagnie de Hariram que tout est réorganisé, après nettoyage, bien entendu ! En fin d'après-midi, Lilam et Niva nous rendent visite, mais toujours pas de charpentier... celui-là semble n'être qu'un pur esprit... ! Après une nuit au cours de laquelle David dort comme un bébé, nous procédons le mardi matin au tri des habits destinés aux enfants de l'école et aux adultes des villages environnants.
Mardi matin, notre élève Mukesh Jha, est venu m'exposer sa situation actuelle. Je connais cet étudiant depuis plus de 12 ans, car - à l'époque, alors qu'il était tout bébé - son père est venu me demander de le faire opérer. Il est en effet handicapé de naissance : son bras gauche n'est qu'un moignon inutilisable, ainsi que sa jambe gauche, très courte et ne comportant pratiquement pas de pied. Il est le seul handicapé de la famille, son petit frère (ils ont un an de différence) est tout à fait normal physiquement. Mukesh est un jeune homme maintenant, très calme et sérieux en classe. Il suit la même année que son frère, ce dernier l'accompagnant partout. Ils sont très liés. Mukesh a toutes ses capacités intellectuelles, mais voilà : il est né au sein d'une famille de Dalit (caste des intouchables), caste de pauvres parmi les pauvres, et son père ne peut subvenir financièrement aux futures études de ses deux fils.
Pour le père, le choix donc s'impose... et ce sera le fils non handicapé qui pourra suivre des études. Ce fils sera « mieux vu » dans la société, pourra trouver une femme, fonder une famille, alors que Mukesh, dont le handicap est non seulement très sérieux, mais carrément repoussant à l'aune du jugement social dans la région, se voit délaissé partout et sur de nombreux plans.
Mukesh exprime le désir de se former en qualité d'instituteur. Dès le printemps prochain, il pourrait suivre les classes 11 et 12 (classes que nous ne gérons pas dans notre école) à Rajbiraj, ville située à 26 km de notre école, et où son frère étudiera également. Ensuite, il souhaiterait pouvoir poursuivre avec un bac en éducation (B.A. in education sciences), puis un master.
Après le repas, la chaleur étouffante nous oblige à une sieste, puis nous partons pour Kanchanpur, car Internet nous manque ! Le soir, repas en tête - à - tête avec David, discussions plus ou moins sérieuses, il se confie et je comprends mieux ses insomnies...
Mercredi matin, avant la reprise des cours à l'école, visite auprès de nos paysans. Si la situation du second terrain est insatisfaisante, seuls quelques arbres fruitiers y ont été plantés de manière disparate et les eucalyptus n'ont pas été arrachés et replantés à bonne distance, par contre notre champ de manguiers est magnifique et la récolte des aouls prometteuse. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au HCC, afin d'annoncer à Anita et Kanchen les prochaines visites attendues au mois d'octobre, et organiser les différents camps de santé qui se dérouleront pendant le mois d'octobre. L'après-midi, une discussion avec Kanchen au sujet de sa relation houleuse avec l'un de nos instituteurs, le « beau gosse » du coin, nous amène à la conclusion qu'il vaut mieux pour elle trouver un autre emploi et s'éloigner du milieu social de Gorpar, devenu très malsain pour elle.
Jeudi, c'est M. Mandal qui est convoqué pour une discussion privée, son épouse ayant crée des problèmes à l'école, l'accusant d'entretenir une relation intime avec l'une de nos anciennes élèves. Tous deux ont nié les faits, et il se pourrait bien que le « gang des canards » (formé de 3 de nos instituteurs et du Head Master, ne trouvant généralement rien de mieux à faire qu'essaimer des rumeurs aussi sordides que possible) ait à nouveau frappé ! Après un entretien avec les institutrices de primaire (toutes sous contrat avec notre Association), entretien au cours duquel nous apprenons qu'elles n'ont plus l'autorisation de signer le registre des présences, décision du Head Master, David et moi allons nous amuser avec les enfants de la nursery classe et jouons au memory des petits animaux.
En fin d'après-midi, par une chaleur indescriptible (il fait 34° dans la maison) nous commençons la pendaison des tableaux. Les ventilateurs dansent, David mesure, Kudan perce, Hariram tient l'échelle, M. Khadga et le Président observent et moi je cours d'un endroit à l'autre, afin de bien contrôler que tout se passe au mieux !
Hier, David et Hariram, tout joyeux d'échapper aux tâches quotidiennes de rangement et nettoyage, sont partis dès 06h30 à Dharan, en bus local, afin de trouver une solution Internet. En chemin, ils devaient s'arrêter à Itahari pour acheter de nouvelles mèches pour la perceuse de Kudan, celle utilisée le jour d'avant ayant rendu l'âme après de bons et loyaux services ! Mais le miroir demande que des vis extra - fortes soient utilisées... et mes petites gravures ne requièrent que de fins petits clous, il nous faut des mèches de grandeurs différentes!
Mais qu'est-ce qu'ils ont à aboyer, ces chiens ?
Le vendredi, l'école se termine pour tous à 13h30. Mon professeur particulier de népali, Laxmi Khant, monte m'enseigner la déclinaison des verbes au présent... Avec une température de 34°, j'ai le cerveau qui bout et Laxmi ne manifeste aucune pitié... j'ai droit à une heure trente de cours... Bon, l'électricité étant revenue, c'est sous le ventilateur que « ma nepali sickchhu »...
Aujourd'hui samedi : REPOS... car les nuits sont pénibles, il n'y a pas un souffle de vent et il semble que la mousson, avec ses pluies rafraîchissantes, soit arrivée à son terme ! Je vais m'essayer à Internet, LA solution « all around Nepal » a été trouvée... Alors, si vous recevez ce message, c'est que cela fonctionne !
Pas encore pour Skype - en tous cas pas à Gorpar - mais probablement à Kathmandu. Je vous en dirai plus samedi prochain, car David et moi serons pour quelques jours de retour dans la capitale.
Un gros bisou à vous toutes et tous, en particulier à la génération montante !
Cinq jours dans la vie d'une retraitée - édition n°1
Rendez-vous fixé lundi 2 septembre à 11h.30. Betty passe me prendre afin de me conduire à Genève. Un peu stressée par son arrivée en avance, j'en oublie mon fromage... ! Le beurre et les saucisses sont empaquetées, mais « Adieu, veau, vache,... fromages »... je vous reverrai en décembre !
Les trois sacs - je voyage léger, vous avez déjà dû vous en rendre compte - sont embarqués et nous roulons vers l'aéroport. Moments privilégiés d'amitié et de rires, passés à refaire le monde et tout critiquer, bien entendu !
L'arrivée à Genève est un véritable dédale de travaux et de nouvelles directions à emprunter, mais finalement, nous nous retrouvons au parking -1, zone rouge 17, impair et manque... Trouver le chariot fut facile. Par contre, un amuseur de foire s'était amusé à le coincer avec un chariot « M » (Migros s'entend), si bien qu'un quart d'heure après - et j'exagère à peine - je peux enfin y déposer les deux sacs qui voyagent avec moi. Betty se chargera du troisième lors de son voyage en octobre.
Ascenseur, sortie du parking en face de la porte N° 4, chic juste celle qui permet l'accès direct à la compagnie Qatar. Mais bon, le parking est libre, des policiers interdisent l'accès à dite porte, il faut remonter la gare d'enregistrement jusqu'à la porte N° 2, les voitures ne peuvent plus circuler... Qu'à cela ne tienne, j'entre dans l'aérogare et me dirige vers la porte N° 4... Accès bloqué. Personne ne passe.
« Ya une bombe » !
Eh oui, il y a une bombe, et cela peu prendre une plombe avant qu'elle ne soit désamorcée (en fait, c'est un bagage abandonné, mais traité comme une bombe). Bon, je dois déposer mon billet de train qui de toute façon arrive à échéance. Betty reste en poste avec les bagages et je fonce vers la gare CFF, pour me retrouver en fin de queue d'attente... 30 minutes...
Abonnement déposé, je re-fonce en direction de Betty, je traverse - pardon, pardon, excusez-moi, pardon - l'agglutinement de voyageurs en mal d'enregistrement de leurs bagages et arrive à deux pas d'elle lorsque « boum » ! Eh oui, le bagage a explosé ! Le bibendum s'en retourne à ses travaux moins dangereux ! et nous pouvons avoir accès - sécurisé - aux guichets d'enregistrement.
39,8 kilos. Ca va, j'ai vu pire ! Siège 14C, Exit door ! Super, je vais pouvoir étendre mes jambes ! Après dégustation d'une salade - bière panachée en compagnie de Betty à « l'Olivier », direction embarquement. L'avion en provenance de... je n'en sais rien car aucune annonce n'est faite... arrive avec une heure de retard. Nous y grimpons vite fait, mais le départ est évidemment retardé d'autant ! Ben oui, mais il y a transit à Doha, et à Doha, il y a 20 minutes minimum jusqu'au terminal « one way » ! Va falloir courir... en fait pas tant que cela. A la descente de l'avion - le voyage s'est bien déroulé, j'ai visionné 3 films - et bien qu'une foule envahisse le hall de transit, je me dirige vers une « sécurité » et lui montre que l'heure d'embarquement notée sur mon billet est déjà dépassée. Elle m'ouvre le couloir rapide et me voilà au contrôle, passé en urgence, montée des escaliers - mais diable où est cette porte N° 17, il n'y a que des N° pairs, ah non, si je tourne la tête à droite... ouf - boarding en cours, je ne suis pas en retard, mais hors d'haleine et j'ai soif !
Mardi matin 3 septembre, 01.30. Je joue une bonne partie du voyage à ce jeu qui consiste à envoyer une boule rouge éclater d'autres boules rouges, ou vertes, ou bleues, ou jaunes. Elles serpentent le long d'un tracé, toujours plus difficile au fur et à mesure de la progression du jeu. Mes scores sont bons, je laisse Alzheimer de côté pour un moment... Rassurant !
Welcome to Kathmandu International Airport ! Enfin... ! Attente des bagages, ils ont suivi à Doha, no stress. Green channel et me voilà dans les bras de David, direction le Dwarika's (pas dans ses bras, en taxi). Nous allons y savourer un petit déjeuner de rois (en tous cas en ce qui concerne son pris !!), mais sans omelette, scramble eggs ou oeuf dur... la NH1532 ( ??) est en pleine expansion, il n'y a plus une seule poule au Népal, du moins pour les gens sensés. Dommage, il pleut, vente... cela secoue un peu dans le petit avion qui nous emmène à Biratnagar. La surface de l'aéroport a été doublée, la porte de l'arrivée est maintenant séparée de celle du départ, on n'arrête pas le progrès ! En chemin, la pluie se met à tomber dru. A redoubler. Quelques gouttes réussissent à me mouiller, il faut laisser la fenêtre du taxi entre-ouverte, la buée obstruant les fenêtres. La route menant à l'école étant une vraie catastrophe, les bagages sont débarqués chez Ashok. Les instituteurs, MM. Khadga, Yadav, Kudan et Hariram nous rejoignent, et c'est en porteurs que nous finissons notre chemin.
Discours de bienvenue de M. Krishna, instituteur d'anglais. Encore une fois, j'avoue n'avoir rien compris de ce qu'il souhaitait exprimer (bien qu'il parlât en anglais). Ne voulant rien écrire à l'avance, il s'embrouille dans ses idées. Bon j'en déduis que l'intention est là, et me réjouis à mon tour d'être présente, et d'avoir du temps afin de mieux faire connaissance avec chacun/e.
A mon arrivée, j'avais fermé les yeux... je suis bien obligée de les ouvrir afin de découvrir les 125 cartons ou 1'500kg de matériel qui ont voyagé pour atterrir dans ce coin perdu ! Good gracious !
Après avoir débarrassés mes deux sacs, je suis la piste de Mes livres... précieux trésors ! Les seuls trois cartons de livres rescapés du débarrassage suisse ont droit aux honneurs : ils sont ouverts et la bibliothèque a enfin rendezvous avec son destin. Sur la lancée, les tableaux sont déballés ! L'incinérateur ne va pas chômer ces prochains jours ! Hariram dort exceptionnellement à la maison, il est près de 23h.
Ce mercredi matin, David et moi nous rendons au Centre de santé. La petite chambre de l'étage est remplie de cartons. Nous commençons notre travail d'installation. Sortir tous les cartons afin de pouvoir installer le lit qui se trouve dans la chambre ouest, dans laquelle vont se retrouver les lits gigognes ! Les armoires sont nettoyées, rangées et n'attendent plus que les affaires de nos futurs visiteurs. La table du hall est placée sur le mur sud et la table à manger de mon appartement est déménagée. Au rez-de-chaussée, les meubles médicaux sont placés dans la salle d'examens. Les tabourets, les instruments, les médicaments, tout est mis en place, afin que le HCC soit opérationnel. Les visages de ces dames - nos infirmières - rayonnent. Et les nettoyages vont bon train également !
Après un bon repas composé par Somani, nous attaquons le montage du banc d'angle qui va garnir la salle à manger. Kudan nettoie son armoire, et c'est l'occasion de jeter tout ce qui ne sert plus... Cet endroit devient un vrai paradis, une fois le tout mis en place ! Même un pot de fleurs trouve un petit coin libre afin d'y faire tout son effet !
Attaque du déballage des cartons ! La cuisine ressemble à un champ de foire ! Mais... oh zut, seul un plat est cassé, évidemment le seul qui ne devait pas l'être... Coup du sort, mais voilà, il faut de temps à autre fermer la porte du passé ! Symbole marquant tout de même. Allez Fille (comme disait ma grand-mère) regarde de l'avant... ! Elle n'avait pas tort.
Il est 04h.00, ce jeudi 5 septembre et le ciel se déchaîne. L'orage va se calmer quelque peu d'ici 3/4 d'heure, pour reprendre de plus belle. Mais s'il fait (dans la maison) quelques 32 degrés, au moins l'électricité est de la partie. Je me lève à 05h.30, aujourd'hui première leçon de Nepali et j'aimerai avancer un peu aux rangements avant d'attaquer ce challenge ! L'école est fermée pour 7 jours, festival oblige, les enfants ne vont venir que pour les coaching classes, de 07h à 09h.00. Puis ce sera mon tour, je vais apprendre cette langue avec Laxmi Khant, professeur de népalais.
10h.15 : Génial ! super, je suis enchantée ! j'ai compris qu'il y a 12 voyelles, « traduites » pour 11 d'entre elles par un symbole la « résumant » lorsqu'elle est associée à l'une des 36 consonnes de l'alphabet devanagari. Je sais déjà lire 2 mots ! A moi les « home works »... Prochaine leçon dimanche, demain relâche et samedi CONGÉ !
Nous poursuivons le déballage et l'installation de la cuisine et d'une partie de l'appartement. Je suis furieuse : le charpentier ne viendra pas avant une dizaine de jours installer le bureau, alors même qu'il a eu 5 mois pour le faire ! Les rideaux ne peuvent pas non plus être pendus, grrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! Tant pis, les cartons valsent, nous suons à grosses gouttes, nettoyages, rangement, il faut trouver une place pour chaque chose... il y a un « fourbi » pas possible... moi qui ADOOOOOOOOOOOOORE l'ordre, je sens mes nerfs craquer... LOL !
Mais à part çà, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien !
Il y a juste... l'histoire... Bon, je vous la raconterai une autre fois, car là, il faut que je me remette au travail, l'électricité ayant pris la poudre d'escampette (et non pas le piment d'espelette... ! Pardonnez-moi, il est vendredi 6 septembre, je suis debout depuis 5h.30 - me suis trompée d'une heure... et le café a refroidi !).